Rejeter la civilisation ou en vouloir une nouvelle?

Sur le livre d’or, une personne nous a formulé une très intéressante critique, concernant l’article « Les primitivistes contre la mégamachine. » La voici:

pas trouvé sur votre site d’explications sur l’origine du mot « vegan » !
Pourquoi dîtes-vous à propos de certains de vos reproches aux primitivistes qu’on a besoin du progrès et de la technologie pour être vegan, et qu’il aurait été difficile d’être vegan au 19e siècle ?
Il me semble que si on est pour la défense des animaux, on est ausi pour la défense du milieu naturel sauvage qui permet aux animaux de vivre libre.Or la société industrielle détruit les milieux naturels. Donc je trouve logique que les primitivistes soient des anarchistes anti société industrielle, et en remontant à la cause de la cause, anti-civilisation, car la « civis » (cité, civilisation) est contre la vie sauvage.
Si vous êtes pour la religion du progrès, vous êtes pour la civilisation, et donc vous êtes un danger pour les animaux, ce qui est paradoxal car je vous sais honnêtement défenseurs farouches des animaux ! Personnellement je suis pour la sylvilisation, car « sylva » est étymologiquement à l’origine à la fois de « forêt » (sylve) et de « sauvage »Je suis contre la ville, la vie civilisée, et tout travail à l’usine, et je ne vois pas pourquoi vouc êtes pour certaines productions du monde industriel.Car alors vous défendez le mode de vie qui va avec ces usines qui produisent ces objets dont vous ne voulez pas vous passer, donc vous défendez le monde industriel qui détruit Gaia, fait reculer chaque jour la vie sauvage, et donc met en danger des espèces animales.
Votre critique du primitivisme me semble pleine de contradictions.
Pourriez-vous être plus précis. Merci

En ce qui concerne le premier point, le terme de « vegan » a été trouvé en 1944 par Donald Watson, le fondateur de la Vegan Society en Angleterre. Le mot « Vegan » est en fait le début et la fin du mot « vegetarian ». Si l’on est un vrai végétarien, alors on est vegan!

Pour le reste des points abordés, sans doute faut-il de nombreux documents et articles, mais nous tenons à remercier pour cette critique, très ferme et pourtant très « polie. » Ceci dit du moment qu’il s’agit d’une critique constructive, il n’y pas lieu de se formaliser devant des mots ou une formulation.

Mais il est déjà possible de souligner quelques points. La grande question est la suivante: la civilisation est-elle forcément opposée à Gaïa?

Nous ne le pensons pas, pour deux raisons suivantes: tout d’abord, sur le plan théorique, si les humains sont issus de Gaïa, alors pourquoi seraient-ils plus mauvais qu’une autre vie animale ou végétale? Ne pourrait-on pas penser que les humains ont un rôle positif à jouer, au service de Gaïa?

Ensuite, il y a de nombreux exemples de civilisation où celle-ci n’était pas en conflit avec Gaïa. Le bouddhisme et le jaïnisme historiques, par exemple, montrent qu’une autre voie est possible, si l’humanité assume un choix correct.

Mais surtout, il serait absurde de critiquer la « civilisation » alors que notre point de vue en est issu. Les primitivistes n’ont commencé à exister qu’à la fin du 20ème siècle, ils sont eux-mêmes un produit de la civilisation.

D’ailleurs, et ce n’est pas une critique mais un constat: la critique nous est faite sur un livre d’or sur internet, elle a été écrite sur un ordinateur, la réponse sera visible sur le net, etc.

Est-ce une bonne chose? Oui cela peut l’être, car le monde industriel n’est uniquement ce que nous en faisons. Ce qui est vrai c’est que la technique doit être catégoriquement subordonnée aux valeurs.

Et justement, nous mettons en valeur, comme projet de civilisation nouvelle, la libération animale et la libération de la Terre. Nous sommes le produit de la société actuelle, alors assumons le futur, plutôt que d’avoir une nostalgie pour un passé cruel et conflictuel.

Il faut être progressiste. La question de dépasser l’opposition entre les villes et les campagnes datent déjà de la fin du 19ème siècle; Marx et Engels en parlaient déjà, et rappelons-nous du chef d’oeuvre qu’est News from Nowhere, de William Morris, qui décrit justement une civilisation en symbiose avec la nature, notamment les forêts. Nous en reparlerons.

Mais avant la civilisation, c’était la barbarie, et d’ailleurs nous en sommes en train d’y retourner… Alors justement assumons un nouveau projet, de nouvelles valeurs, une nouvelle civilisation!