Le 11 octobre 2017, Gucci a expliqué arrêter l’utilisation de fourrures pour ses défilés. Victoire ! disaient de nombreuses associations comme PETA. Mais si l’on va sur le site de Gucci et qu’on tape fourrure, on trouve 147 réponses.
Dont par exemple des pantoufles, comme ici mises en avant par un joueur de football du club de Manchester United. On devine ici tout le degré d’inculture, de nullité intellectuelle, de libéralisme moral, bref de décadence… A l’indécence s’ajoute l’ignoble.
Et on en déduit aussi que l’annonce de Gucci ne concernait que les défilés… et que par conséquent, toutes les associations qui criaient victoire se moquent bien du monde. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.
La marque The Kooples est ainsi à la mode dans les couches supérieures de la société, comme sorte de terrain d’entrée du haut de gamme. Un « pantalon en cuir d’agneau » coûte 700 euros, énorme pour nous, peu cher pour d’autres.
Rien d’étonnant donc à ce que cette marque ne fasse pas de fourrure, car celle-ci relève des marques justement un plus chères pour le coup. Et quoi de plus intéressant pour The Kooples de faire passer cela pour quelque chose de résolument engagé ?
C’est là évidemment qu’une association aussi insipide que PETA entre en jeu, avec un « collab » – le nec plus ultra des marques en ce moment – avec The Kooples, annoncé hier.
Conçue dans le style glamour et rock de la marque, la pochette est en imprimé léopard, fabriquée en similicuir façon poulain et dotée d’un lien en similicuir noir pour être à portée de main. Elle est certifiée du logo « PETA-Approved Vegan » de l’association – qui certifie que l’article ne contient aucune matière d’origine animale. Quoi de plus romantique que la compassion ?
Et ainsi :
« Nous sommes heureux de nous associer à The Kooples pour cette création sans matière animale », déclare Isabelle Goetz, porte-parole de PETA France. « Cette superbe pochette 100 % végane prouve que la compassion est en train de devenir LA tendance. »
Un produit… « similicuir façon poulain » pour prétendre combattre la fourrure ou le cuir, quelle absurdité. C’est comme lorsque l’ex-dirigeant de l’association Droit des animaux, ayant profité de son élan pour ouvrir uns magasin et faire 3,3 millions de chiffre d’affaires, expliquait récemment :
« Personnellement, j’aime le goût de la viande. Si elle poussait dans les arbres, j’en mangerais ! »
Le goût de la viande, l’aspect de la fourrure ou du cuir… quelle horreur. Quelle aberration.
Pour en revenir à la « collab » The Kooples X Peta, l’entreprise donne son avis sur son site, en présentant la pochette (qui coûte 45 euros, à titre indicatif).
L’AVIS DU CRÉATEUR
The Kooples affirme son engagement auprès de PETA en faveur de la cause animale et réconcilie mode et éthique. Cette pochette en cuir synthétique, dont les bénéfices seront entièrement reversés à l’association, est un accessoire au caractère unique. Réalisée en façon poulain à imprimé léopard pour ne rien perdre du style glamour et rock de notre Maison elle est dotée d’un lien en similicuir noir pour être à portée de main. Cette pochette alliant les signatures PETA et The Kooples dispose d’une étiquette « Vegan Approved », un label certifié, illustre la volonté de promouvoir des pratiques et produits plus respectueux pour une allure tendance ultra-féminine garantie sans culpabilité.
The Kooples, éthique ? The Kooples, en faveur de la cause animale ? Une pochette vegan « en façon poulain à imprimé léopard » ? On est ici dans l’ignominie la plus grande.
Surtout quand on voit le réel arrière-plan historique. Même si The Kooples a arrêté la fourrure à la grande joie de PETA, la production de fourrure est, bien évidemment, en croissance exponentielle. Si l’exploitation animale en général connaît une telle croissance, il n’y aucune raison que la fourrure ne connaisse pas la même chose.
Entre 2010 et 2015, le chiffre d’affaires du marché de la fourrure a été multipliée par trois, passant à plus de 40 milliards de dollars.
Cela va à l’encontre, bien entendu, des thèses de ceux et celles qui se cachent derrière des petits progrès particuliers pour prétendre que tout changerait, alors que tout empire. Ces gens sont, en pratique, les aides de l’exploitation animale, en masquant la gravité de la réalité.
Il est vrai aussi qu’il est important de suivre à la trace l’évolution de la production, qui change selon les périodes. Par exemple, en 1939 la Norvège était le principal producteur de fourrure, avec 20 000 fermes. Maintenant, elle va fermer ses dernières fermes d’ici 2025, car ses quelques pour cents du marché mondial ne tiennent plus la route face aux autres pays.
Ceux-ci, en Europe, sont la Finlande, le Danemark, les pays baltes, la Pologne. Avec une inévitable modernisation : si un renard argenté fait normalement 3,5 kilos, dans les fermes finlandaises il en fait 20. Une folie criminelle.
Et chaque année, il y a 10 % d’animaux en plus dans les fermes. La Chine, qui produit cette fourrure pour autour de 75 %, le fait dans des conditions atroces.
Il y a la France aussi, avec 13 fermes, où 100 000 visons sont tués chaque année. Il y a aussi les entreprises qui utilisent la fourrure. Si l’entreprise canadienne Canada Goose, connue pour ses doudounes, a un chiffre d’affaires d’à peu près 300 millions d’euros, l’entreprise française Moncler qui est dans le même créneau a dépassé le milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Il est très chic de porter des éléments avec de la fourrure. De toutes façons, si chacun fait ce qu’il veut, alors personne ne peut juger. Récemment, le chanteur Keen’V, à l’occasion d’une vidéo en Laponie pour une de ses chansons de variété, se faisait critiquer pour son manteau de fourrure, et une des réponses disant que chacun fait ce qu’il veut (ou ce qu’il peut) en dit long.
On pourrait aimer les animaux et porter de la fourrure : tout est une question de choix !
Le chanteur a répondu de son côté :
J’espère que vu l’amour que je porte aux animaux tu sais que c’est une fausse :)
Mais dans la vidéo, on dirait une vraie et de toutes façons, avoir une fausse qui ressemble à une vraie, c’est promouvoir la vraie.
Cela montre l’irrationalisme de tout cela, la quête de l’ego qui prend comme prétexte une cause restreinte au lieu d’assumer réellement l’ensemble de la question. Entre infantilisme et ego, l’exploitation animale se renforce…
Le décalage entre l’humanité et l’époque qu’elle vit est immense. Il faut le combler!