Télérama prend partie pour la légalisation du cannabis

Télérama est un hebdomadaire culturel qui est par définition même l’organe de presse des intellectuels en France. C’est-à-dire, en gros, des bourgeois « éclairés », des professions intellectuelles liées à la presse, l’édition, le monde de la culture en général, des fonctionnaires ayant un certain niveau de diplôme, etc.

Quand on cherche un poste comme conservateur de musée, ou bien comme dans le dernier numéro, dans l’excellentissime lycée parisien École Jeannine Manuel, le lycée de Phnom-Penh ou de Nairobi, c’est dans Télérama qu’on regarde.

Tout cela pour dire que cet hebdomadaire est d’une grande importance, surtout qu’il est diffusé à plus de 600 000 exemplaires. Ce qu’il dit est très clairement une ligne de conduite.

Or, ce qui nous intéresse ici, c’est que l’éditorial du dernier numéro (du 31 janvier 2018), s’intitule pas moins que « chanvre avec vue ».

Ecrit par Emmanuel Tellier, musicien et journaliste musical, il a ses premières lignes écrites en gras, où on lit :

« Enfin ! Enfin le sujet de la consommation du cannabis dans notre pays semble s’imposer au cœur du débat public de manière dépassionnée. »

On retrouve ici un argument traditionnel des partisans de la légalisation du cannabis. Ceux prétendent deux choses :

– il y aurait une prohibition ;

– il y aurait un non-dit sur le cannabis.

Or, en réalité, il est très facile de s’en procurer, tout comme il est extrêmement facile de le faire pousser chez soi en se procurant du matériel. Dans une grande ville on tombe aisément sur des gens qui en fument et de toutes manières les « fours » où l’on s’en procure sont connus de tous.

On peut pareillement acheter sans souci plein d’objets faisant l’éloge du cannabis, du t-shirt au mug, des chaussettes à la casquette. Et la plupart des médias abordent la question du cannabis.

Si vraiment il y avait prohibition, on interdirait comme avant les objets avec la fameuse feuille et on fermerait les fours. Ce n’est bien entendu pas au programme, car les drogues sont tout à fait conformes à l’esprit libéral et à son autodestruction égocentrique individualisée.

L’éditorial de Télérama, donc, après avoir souligné que le « président de l’Assemblée nationale, quatrième personnage de l’Etat », était lui-même pour la dépénalisation (il s’agit de François de Rugy), affirme qu’il est très bien que l’État décide que désormais le cannabis serait la cible de simples contraventions.

Pourquoi ? Car il faudrait « poser les enjeux de manière pragmatique ». Beaucoup de monde fument… il faudrait donc légaliser ! On lit ainsi, dans la seconde partie de l’éditorial :

« 11 % des Français consomment du cannabis de manière régulière, un record en Europe. Deux cent mille personnes font pousser de l’herbe chez elles.

Bien davantage se fournissent auprès de dealers subordonnés à l’un des sept cent réseaux opérant sur le territoire, lesquels « emploient » près de cent mille individus.

Il n’y aura sans doute pas, en France, de solution facile, de recette miracle, pour passer – comme au Colorado, Etat pionnier – d’une consommation sous le manteau, avec tous les trafics que cela engendre (et préserve), à un « mode de vie » collectivement assumé.

Mais dans un pays où un citoyen sur quatre consomme des psychotropes sur ordonnance, où le stress et les souffrances liés aux différentes formes de précarité empoisonnent le quotidien de millions de personnes, il est heureux que l’âge de l’hypocrisie et de la culpabilisation primaire s’efface devant une approche plus lucide de la réalité. »

Ce discours, quand on voit la base sociale du lectorat de Télérama, signifie que les gens « éclairés » de la société n’ont aucune utopie à proposer, qu’ils ne comptent pas proposer une révolution, qu’ils n’entendent d’ailleurs rien remettre fondamentalement en cause, qu’il ne faut pas compter sur eux pour une critique radicale de la société au nom de la Nature.

Par contre, on peut les avoir comme appui pour le repli individuel, la mise en valeur de l’individualisme à travers l’éloge des « choix individuels », tout comme l’acceptation des paradis artificiels comme ayant une signification.

On retrouve cette approche au sein de toute la gauche libérale, depuis L’Obs jusqu’aux Inrockuptibles, etc., Jean-Luc Mélenchon y compris.

Au lieu de dire que cette société est folle et que le cannabis est une plaie, il est appelé à « gérer », comme lorsque Jean-Luc Mélenchon dit qu’il est contre le cannabis, donc qu’il appelle à la légalisation.

C’est de la capitulation et en arrière-plan l’individualisme comme programme, le relativisme comme philosophie, la décadence comme mode de vie.

Télérama, en apportant son appui, contribue donc à cette tendance qui veut que le cannabis soit à moyen terme légalisé. C’est la conséquence inéluctable du libéralisme où chacun peut faire comme il veut, en-dehors de toute valeur universelle.

Et quant on voit l’approche juridique, il est à craindre qu’il n’y ait pas de référendum. Cela sera au programme d’Emmanuel Macron pour les prochaines élections, les autres partis iront plus ou moins dans le même sens pour suivre et l’affaire sera dans le sac dans tous les cas.

Comme quoi c’est aux gens conscients de mener toujours davantage le combat contre le cannabis !