Le fantasme morbide et meurtrier de l’invasion de Paris par les rats

[Les photos de l’article montrent des rats à adopter ; il suffit de cliquer sur la photo pour avoir l’information à ce sujet.]

Comme on est loin de la belle combinaison Paris & rats du film Ratatouille ! La vidéo révélée par le Parisien il y a un peu plus de deux semaine a malheureusement eu un très grand écho sur internet.

Et elle est extrêmement problématique, car elle a un énorme problème de crédibilité. Impossible de ne pas considérer qu’il s’agit d’une mise en scène.

On voit en effet sur la vidéo que les rats essaient de sortir. Il se pose alors la question : comment sont-ils rentrés ? Et pourquoi seraient-ils tous rentrés d’un coup ? Et pourquoi la porte de la benne aurait été refermé derrière eux ?

Cela ne tient pas debout. Mais pas un journaliste se pose la question bien entendu. Parce que ce qui compte, c’est la peur, les préjugés, le rejet de la Nature.

Ce qui tient par contre debout, ce sont les propos sociaux-darwinistes exterminateurs de la personne sur la vidéo, tout fier d’annoncer que les rats ont été broyés vivants dans la benne. Nous sommes en 2018, mais la sensibilité au vivant ne s’impose toujours pas et la dynamique exterminatrice du nazisme est culturellement solidement ancrée…

On nous parlait d’une loi qui reconnaît que les animaux sont des êtres sensibles! La belle affaire!  On a ici la preuve que la mentalité génocidaire est toujours là, bien ancrée, que les associations avec leur droit, leur négation du rapport de force, du besoin de révolution, de libération animale intransigeante, vivent d’illusions et diffusent ces illusions.

Ce qui tient également debout, c’est l’énorme propagande développée depuis que Le Parisien a mis cette vidéo en ligne.

France info pose la question : « Les rats sont-ils en train de grignoter peu à peu Paris ? » « Le rat, “une machine de guerre” qui menace Paris ? » demande Euronews.
En Belgique, Le Soir affirme : « Sortis des égouts, les rats ont envahi Paris ».

Tout cela est pathétique et montre le degré de régression toujours plus grand qu’on connaît dans la société, dans les villes, dans la grande ville.

Les rats et les pigeons, de par leur visibilité, sont le lieu de projection de fantasmes aberrants de la part d’adultes ayant perdu toute faculté de compréhension rationnelle. Et qui réagissent d’une manière simple, méthodique : par la volonté de l’extermination.

Paris, une ville sale, où se côtoient toujours plus une population bourgeoise et branchée et un lumpenproletariat vivant sur le tas, s’imagine au-dessus de la réalité, au-delà de la Nature.

Tout est censé être lisse, sans accrocs, purement humain c’est-à-dire purement inhumain, car anti-naturel. Les mœurs sont censées être d’une grande clarté et il n’y a pas de place pour la « sauvagerie » naturelle.

Le vol de l’oiseau, le rat qui grignote un morceau de pain dans un parc, tout cela est traumatisant pour le parisien enfermé dans une bulle coupée de tout rapport avec les cinq sens, avec la sensibilité, avec le vivant.

Toute expression flagrante de la Nature est considérée comme une ennemie, à exterminer. Cela n’a rien voir avec une « phobie », c’est une idéologie : celle de l’anthropocentrisme. C’est le prolongement inévitable d’une insensibilité façonnée par un certain rapport à la Nature.

Rien que le mouvement du rat ou bien sa queue est un véritable traumatisme pour beaucoup de gens, tellement ils sont déconnectés de la vie, de la Nature, habitués à des formes géométriques « rassurantes ».

D’où la benne et le broyeur pour les rats, qui affirment la Nature, qui affirment la vie, l’impossibilité d’une vie humaine qui serait géométrique, « décidée », « choisie », « voulue ».

La folie exterminatrice sert ici de « preuve » non seulement à la supériorité, mais en plus à la force du « choix ». Par la destruction, je prouve que je « choisis ». Alors qu’en réalité, on est ici dans la décadence, dans la dégénérescence.

Dans l’incapacité à reconnaître la complexité de la vie. Les trous dans les jardins sont la preuve que la vie est plus complexe que Netflix, Emmanuel Macron, une robe de mariée, un pavillon, un voyage dans un pays exotique.

L’incapacité à faire face à la vie – c’est-à-dire à l’accepter, à la vivre – culmine dans une peur panique, exterminatrice. La mentalité nazie de l’extermination ressort directement de là : de la peur face à la vie.

Cette vidéo du Parisien révèle ce qu’il y a au fond de la société : non pas des rats, mais l’angoisse exterminatrice, l’incompréhension de la vie, le mépris pour la Nature et sa richesse.