Brigitte Gothière et Aymeric Caron appellent à négocier avec les chasseurs

Libération a publié hier une tribune prenant comme prétexte la baisse du prix du permis de chasse national de moitié, décidée par Emmanuel Macron. Une tribune rassemblant tout ce qui est insupportable, signée entre autres par Brigitte Gothière (L214), Aymeric Caron et des cadres d’Europe Ecologie Les Verts.

Pourquoi ? Parce que la tribune tente de faire un hold up sur la lutte contre la chasse à courre, qui est le produit d’une activité à la base, démocratique, populaire, et cela dans l’optique de l’intégrer aux institutions.

Les signataires de la tribune disent : les chasseurs ont leurs entrées au gouvernement, nous en voulons aussi. Ils disent : la chasse, oui, mais négocions. Il faudrait un « véritable dialogue respectueux de toutes les parties ».

Cela, alors que le mouvement contre la chasse à courre a un succès formidable, que les chasseurs la défendent au nom de la défense de la chasse au général, que donc la grille de lecture est claire, qu’une lutte vaste et populaire est possible !

Quelle honte ! S’il faut résumer cette tribune dans sa substance, il faut dire qu’il s’agit de l’esprit de collusion avec les institutions, de la capitulation devant la force des chasseurs, de l’absence de confiance en le peuple.

Les signataires de cette tribune sont pratiquement ouvertement des renégats. Ils tentent de saboter la lutte, tout cela pour qu’il y ait un « dimanche sans chasse »…

Ils feraient bien mieux de signer la pétition appelant à la démission du préfet de l’Oise, qui a déjà plus de 30 000 signataires et reflète un véritable mouvement populaire à la base !

Et de participer aux activités à la base, en croyant en la force populaire !

Chasse, pas de réduction pour le permis de tuer

L’abaissement du permis national de chasse de 400 euros à 200 euros par an devrait être inscrit dans la prochaine loi de finance à l’automne 2018.

Cette mesure soutenue par le président de la Fédération nationale de la chasse (FNC), Willy Schraen, est la première d’un grand projet de réforme du permis de chasse voulue par le Président Macron, dans le but de «démocratiser la chasse».

Nous y voyons surtout une opération de communication et d’instrumentalisation de la cause animale pour casser une image de «Président des villes».

C’est lors de sa réunion de travail du 15 février, avec Willy Schraen, Thierry Coste, conseiller politique de la FNC, et François Patriat, sénateur LREM de la Côte-d’Or, que le président Macron a donné son feu vert pour réformer la chasse.

Mi-décembre, le Président avait déjà encensé cette pratique cruelle lors d’une fête privée organisée au château de Chambord dans un discours improvisé aux chasseurs présents en faisant l’éloge de la chasse.

Il qualifiait cette dernière de «formidable atout pour la biodiversité» et déclarait: «Je serai le président qui développera la chasse, vous pourrez toujours compter sur moi.»

Thierry Coste, qui se présente lui-même comme le «Machiavel de la ruralité»,et proche du président de la République, avait déjà encouragé le candidat Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle à annoncer son souhait de rouvrir les chasses présidentielles et d’en faire un outil d’influence au service de la France.

Nous sommes consternés de voir que la Fédération nationale des chasseurs ait ses entrées à l’Elysée, alors que les principales associations animalistes y sont ignorées.

Pourtant, seuls 1,7% des Français chassent alors que 80% des personnes interrogées lors du sondage Ifop pour le collectif AnimalPolitique considèrent que la protection des animaux est une cause très importante.

D’ailleurs, il y a un an, 72% des électeurs déclaraient souhaiter un engagement des candidats à la présidentielle sur des mesures concrètes en matière de protection animale.

Cette semaine, à l’annonce de la baisse du permis de chasse, une pétition sur le site MesOpinions.com a atteint en quelques jours le nombre record de plus 60 000 signataires contre cette mesure.

La chasse accapare des espaces naturels au détriment de toutes les autres activités (promenades en famille, randonnées pédestres, activités sportives et de détente, vélo) dont les usagers ne peuvent profiter pleinement par sentiment d’insécurité.

Et ce dernier est justifié: le nombre d’accidents de chasse selon l’ONCFS est de 143 pour la saison 2016-2017 dont 18 mortels. On déplore plus de 350 morts (humaines) depuis 2000 dont 10% à 20% de non-chasseurs et plus de 1 000 accidents.

Ces chiffres impressionnants appellent à la nécessité d’encadrer et de surveiller attentivement cette pratique, et non au choix étonnant de tenter de favoriser l’augmentation du nombre de chasseurs, notamment parmi les plus jeunes.

Nous sommes d’accord sur un point: il faut réformer la chasse et pour cela il faut engager un véritable dialogue respectueux de toutes les parties. La FNC ne peut être la seule organisation à avoir l’écoute du gouvernement.

Cette réforme doit avant tout avoir pour but de protéger la faune sauvage, d’abandonner les pratiques cruelles et d’un autre temps, de sécuriser la pratique de la chasse, et de permettre un meilleur partage des espaces naturels avec les autres usagers de loisirs et de sports de plein air.

A ce titre, nous demandons l’instauration des dimanches sans chasse afin de respecter la sécurité des promeneurs et des familles; l’abolition de la chasse à courre; l’interdiction du piégeage et du déterrage; le développement de zones de tranquillité (sans chasse ni présence humaine) dans les espaces forestiers des domaines publics.

Signataires : Laurence Abeille, ex-députée EE-LV du Val-de-Marne (2012-2017) ; Isabelle Attard, ex-députée écologiste du Calvados (2012-2017); Laurent Baheux, photographe animalier; Jacques Boutault, maire EE-LV du IIe arrondissement de Paris; Aymeric Caron, journaliste et porte-parole du REV; Emilien Cousin, militant animaliste et porte-parole Collectif Stop Cirque Animaux 37; Pauline Couvent et Romain Zavallone, pour la commission Condition animale EE-LV; Yolaine de la Bigne, journaliste et fondatrice de l’Animal et l’Homme ; Mylène Demongeot, comédienne; Pascal Durand, eurodéputé écologiste Ile-de-France et hors de France; Professeur Feuillage, vidéaste; Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 ; Catherine Helayel, pour l’association Animal justice et droit; Annie Lahmer, conseillère régionale EE-LV IDF; Luce Lapin, journaliste, chroniqueuse à Charlie HebdoPierre Lucot, référent commission nature du Mouvement Utopia; le bureau national du Parti animaliste; Corine Pelluchon, philosophe et professeure à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée; Philippe Reigné, professeur de droit au Conservatoire nationale des arts et métiers; Henry-Jean Servat, écrivain, journaliste et chroniqueur.