Être straight edge, c’est refuser tout rapport sexuel hors du cadre du couple construit. C’est le troisième « X » qui est absolument indiscutable. Et c’est une valeur de plus en plus révolutionnaire.
Pourquoi ? Parce si on a les fachos et les cathos d’un côté, de l’autre on a les dégénérés qui remettent tout en cause au nom de la « liberté », c’est-à-dire de l’esprit de consommation et de l’ultra-individualisme.
Comme on le sait, ces deux phénomènes se nourrissent l’un l’autre. Plus les uns disent qu’une femme doit être soumise, plus les autres disent qu’un fœtus ne vaut pas plus qu’un déchet ; plus les uns disent que le couple est un préjugé du passé, plus les autres disent qu’il faut avoir une conception patriarcale du couple.
On est mal barré !
Pour avoir un aperçu de plus de cette logique de la déliquescence se mariant avec la progression des ultras-réacs, voici ce que raconte dans Le Monde Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale du Monde ».
C’est un excellent exemple, en effet, de propagande délirante que son article Hétéro, cisgenre et monogame : qui rêve encore d’être « normal » ?. En voici le début :
Qui veut encore être « normal » ? Pas les jeunes. Selon une étude américaine, 20 % des millennials (18-34 ans) se définissent comme LGBTQ (GLAAD, 2017).
Même son de cloche en Angleterre, où 43 % des 18-24 ans se voient comme non strictement hétérosexuels (Yougov, 2015).
Rangeons notre scepticisme : cette évolution ne provient pas d’un sursaut hormonal ou d’une mode (combien de temps allons-nous utiliser l’argument « mode » dès qu’un changement sociétal nous déplaît ?). Il ne s’agit même pas forcément d’une contestation solide des normes. Objectivement, le label hétéro cisgenre monogame ne fait plus rêver.
Il va de soi que c’est totalement n’importe quoi. Il faut vivre dans une sorte de bunker universitaire, de forteresse bobo ou grand bourgeois d’une grande ville pour tenir des propos pareils.
Les gens aspirent à la normalité. Malheureusement d’ailleurs, c’est cela qui les amène à tomber dans le piège du conformisme : la normalité dans la société de consommation, c’est la perte des sentiments…
Et cela ne veut pas dire que dans « l’arrière-pays », il n’y ait pas n’importe quoi, pas de prostitution ou de perversités. L’isolement ne produit jamais rien de bon…
Mais heureusement il reste la nature humaine et heureusement il reste des personnes romantiques, refusant le sexe comme performance, rejetant le principe d’identité comme moyen d’avancer dans la vie, croyant en la force des sentiments.
C’est même la majorité des gens qui sont ainsi, encore est-il qu’il faut lever cette bannière, ne pas la laisser aux religieux.
Sans pour autant céder le terrain aux dépressifs de la société de consommation qui ne trouvent de solution que dans la destruction de toutes les valeurs, jusqu’au délire caricatural d’une guerre à l’existence naturelle majoritaire de l’hétérosexualité, d’une guerre contre le couple, d’une guerre contre la simplicité.
Les propos tenus par la suite dans l’article sont explicites à ce sujet.
Vous me direz : et pourquoi pas, si ça rend les gens heureux de passer une vie entière à mettre des pénis dans des vagins ? Je suis absolument d’accord.
Mais ça ne rend pas les gens heureux, du moins pas à long terme… or la monogamie rêve de long terme. Si ce système fonctionnait réellement, les sexologues, psys, vendeurs de lingerie à moumoute, experts en relations extraconjugales et avocats millionnaires spécialisés en divorce seraient au chômage. Leurs clients ne sont pas des imbéciles, ni des perdants.
Ils sont simplement coincés dans une sexualité format timbre-poste, immobile, identique du premier rapport au dernier, à deux-trois détails près. Exactement comme si on était condamnés à manger les mêmes frites à la cantine tous les jours, avec pour Noël de la mayonnaise plutôt que du ketchup.
L’hétérosexualité serait insuffisante en soi. Le couple une impasse. La fidélité une impossibilité. Le couple ne pourrait être que temporaire. L’amour est une illusion, ou bien un sentiment passager.
Car on le remarquera, la question des sentiments n’est pas prise en compte. Tout est réduit à une sorte de mécanique des corps. C’est l’individu qui se considère comme sa propre entreprise, et qui accumule.
Qui accumule de l’expérience, des gens, des sentiments, des émotions, sauf que cela ne marche pas comme cela dans la vie.
Et comme cela ne marche pas, il faut aller toujours plus loin pour avoir l’illusion d’avancer quand même. La journaliste propose quand même par exemple qu’un couple hétéro pratique la pénétration du pénis…
Enfin bref, c’est toute la philosophie existentialiste du « aller plus loin », « vivre sa propre vie », « faire ce qu’on veut » et se définir par cette pseudo-liberté…
C’est le reflet le plus direct, le plus pur, du capitalisme triomphant tellement qu’il généralise l’individualisme.
Et les partisans de ce mode de vie détraqué se prétendent progressistes, masquent leur propagande derrière la conquête des droits, prétendent changer le monde…
Et malheureusement, nombre de jeunes voulant se rebeller tombe dans ce piège. Ils s’imaginent avoir des problèmes d’identité au lieu de vouloir de combattre ce que nous appellerons, par commodité, Babylone.
Ils veulent se changer eux – ce qu’il faut faire, mais en tant que personne, pas en tant qu’individu – au lieu de changer le monde.
Ils passent du rejet de la réalité… telle qu’elle est, au nom de ce qu’elle pourrait être, au rejet du réel.