Dégradations, incendie et « front commun » des éleveurs

La situation a encore gagné en intensité ces derniers jours. Pas du côté de la chasse à courre, car là il y a un vrai travail de masse et les partisans de la chasse à courre n’ont pas pu chercher à écraser violemment l’opposition. Ils savent que maintenant la lutte est solidement implantée en différents endroits, qu’elle va durer plusieurs années, que l’écho est grand et que donc il s’agit à tout prix d’éviter d’être poussé à la faute.

En un sens, la bataille est devenue à la fois politique et culturelle. Il en va différemment du côté des éleveurs, qui sont en panique et ont réalisé un document assez particulier, puisque rassemblant l’ensemble de leurs syndicats. Voir la Confédération paysanne ou le MODEF, qui se prétendent engagés à gauche, signer avec la FNSEA, qui représente pour eux le monstre agro-industriel, est quelque chose d’assez unique…

Le prétexte est la destruction, dans la nuit de jeudi 27 à vendredi 28 septembre 2018, par six départs de feu, de 2000 m2 des 4000 m2 d’un abattoir à Haut-Valromey dans l’Ain, mais on sent bien que le document était déjà prévu.

D’autres actions récentes ont également lieu:

– dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 septembre 2018, une boucherie et une fromagerie ont également connu des dégradation à Saint-Arnoult-en-Yvelines ;

– dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 septembre 218, une boucherie parisienne, dans le 13e arrondissement a été recouverte de peinture rouge, alors qu’au sol une affiche montrait un boucher avec écrit : « Je suis boucher, j’adore découper des cadavres d’innocents pour votre bon plaisir ».

Voici le communiqué du « front commun » des éleveurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris, le 28 septembre 2018

COMMUNIQUE DE PRESSE

Front commun pour le respect des éleveuses et des éleveurs

Les tentatives de culpabilisation des consommateurs et de stigmatisation des éleveurs s’intensifient et un pas supplémentaire a été franchi la nuit dernière.

Un abattoir de l’Ain a en effet été victime d’un incendie manifestement criminel, occasionnant des dégâts majeurs. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer et les animaux présents sur le site ont pu être évacués à temps.

Cet événement intervient dans un contexte de mobilisation très violent de certaines associations vegan contre les bouchers et les abattoirs, où les mots utilisés atteignent l’indécence et l’injure quand ils font référence au drame de l’holocauste.

Alors qu’ils font déjà face à une situation économique fragile, les éleveurs n’en peuvent plus de ces attaques répétées contre leur métier.

Nous rappelons que nous ne dénonçons pas le véganisme en tant que tel : chacun est libre de choisir le régime alimentaire qu’il souhaite pour lui-même. Mais le prosélytisme qui est orchestré autour n’est pas acceptable. La majorité des Français mangent de la viande, l’apprécient et entendent continuer à le faire. Les éleveurs travaillent au quotidien avec leurs animaux, et les respectent en appliquant scrupuleusement les normes européennes et françaises.

Des abus existent dans certains abattoirs et nous les dénonçons. Mais ces abus ne représentent pas l’ensemble des situations ni l’ensemble de la production. Les associations qui prônent l’arrêt complet de l’élevage se trompent de combat.

L’élevage participe au dynamisme économique et culturel des territoires, façonne nos paysages, ne l’oublions pas ! Son bilan environnemental est positif avec la valorisation des 13 millions d’hectares de prairies, joyaux de biodiversité et puits de carbones irremplaçables.

C’est la diversité de notre agriculture qui fait sa richesse et sa renommée et qui doit continuer à se retrouver dans nos assiettes. Les protéines animales ont toute leur place dans notre équilibre alimentaire d’omnivore, comme l’affirment de très nombreux médecins et nutritionnistes.

Pour toutes ces raisons, nous n’acceptons ni les insultes proférées en direction des éleveuses et des éleveurs, ni les agressions contre les acteurs de nos filières. D’autant qu’elles sont menées par une minorité de provocateurs qui recherchent et obtiennent un écho médiatique démesuré et causent un tort réel aux Hommes et aux filières.

Nous, syndicats agricoles, demandons ensemble le respect de nos métiers et demandons aux pouvoirs publics de faire cesser cette violence inacceptable.

L’appel à la répression de l’État ne sert à rien contre des gens agissant hors de la légalité de manière clandestine. Cependant, ce n’est pas vraiment cela qui est visé, car l’ALF qui a cette démarche existe en France depuis plusieurs décennies. Les éleveurs savent bien que dès qu’est posé un affrontement ouvert, opposant frontalement deux camps extérieurs l’un à l’autre, de toutes façons la question est réglée et c’est la bataille.

Non, il s’agit surtout en fait ici de viser les « antispécistes » qui mènent des actions ouvertes et veulent transformer cette société de l’intérieur. On est là dans une lutte au sein de la société elle-même, sur la base de cette société, surtout contre « 269 Libération Animale » qui appelle à l’action directe minoritaire, une chose absurde. Le préfet local a ainsi interdit 48 heures avant une « Nuit Debout devant les abattoirs » que l’association « 269 Libération Animale » comptait organiser dans les Yvelines. Pas besoin d’être devin pour comprendre que c’est le prélude à  un étouffement progressif.

On notera également que le mercredi 26 septembre avait eu lieu un rassemblement devant l’abattoir de Houdan, rassemblant des centaines d’agriculteurs, bouchers et charcutiers. Le tout dans une ambiance significative…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il va de soi que, dans un tel contexte, les personnes ayant davantage d’expérience, une solide conscience en faveur des animaux mais également un haut niveau de conscience sociale, doivent penser à la suite. Car l’antispécisme va se faire balayer, jamais il ne tiendra le choc.

Il est porté par des gens idéalistes, sans expérience, sans aucune connaissance historique, n’ayant par exemple même pas entendu parler de Barry Horne, reliés d’une manière ou d’une autre aux couches sociales petites-bourgeoises, vite hystériques dans un sens comme dans l’autre…

Il en va de la défense du véganisme – et de l’offensive contre l’exploitation animale, et de la formation d’une base populaire – alors que bientôt toute une étape va se clore.