108 : weapon, solitary, opposition, holyname

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine

Quelle horreur que cette course aux identités à laquelle on assiste depuis quelques années et qui démolit même le véganisme à travers « l’antispécisme ». Alors que le véritable but, cela doit être la suppression des egos et la dévotion pour la vie. Qu’est-ce que l’amour authentique d’ailleurs si ce n’est la dévotion?

Le groupe 108, qui vient de faire deux concerts aux Etats-Unis à l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de l’album Songs of separation, a écrit à ce sujet de merveilleuses chansons, qui sont une incroyable source d’inspiration. Ceci est l’arme de la réelle révolution, de la rébellion finale…

108 est un groupe majeur du Krishnacore, avec Shelter ; l’album dénonce le job qui paralyse la journée, l’esprit, démolit l’existence et la réduit à un vide. Il puise dans la « séparation de Krishna » une manière de dénoncer la réalité.

« Chaque moment sans toi je meurs, oh Krishna ! »

Qui s’arrête toutefois à la dimension religieuse passe tout à fait à côté de la portée culturelle de la démarche, qui vise une remise en cause de soi complète et non pas superficielle : c’est un appel à une vie naturelle dans une soumission au tout (« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple« ).

Condemned cell incarcerates me
No walls, no bars on this cage
It’s just “me”
The penitentiary is my “identity”
In this solitary
I learn what it’s like to be so
Alone

Une cellule condamnée m’incarcère
Pas de murs, pas de barreaux pour cette cage
C’est juste « moi »
Ce pénitencier est mon « identité »
Dans cet isolement
J’apprends ce que c’est d’être tellement
Seul

Crouched in a lonesome corner I shiver
Head faced to the wall my eyes
Glued to the mirror
Masculinity beats the living hell out of me
Vanity is only my reality
My only cold companion
Alone

Accroupi dans un coin solitaire je frissonne
La tête face au mur mes yeux
Collés au miroir
La masculinité fait ressortir l’enfer en moi
La vanité est ma seule réalité
Mon seul froid compagnon

Seul

Each moment without you I die
Each moment without you I die
Each moment without you I die
O, Krishna

Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Oh, Krishna

This is the weapon of the real revolution
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon of the real revolutionary
This is the fire…

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme du réel révolutionnaire
Ceci est le feu…

Politics, that ain’t gonna solve this
Sociologist, your plan is useless
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon…

La politique, cela ne résoudra pas cela
Sociologue, ton plan est inutile

Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme

Without the heart being changed
You won’t do nothing but re-arrange
The deranged situation
Of human exploitation
And that is why I imply
That is why…

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine
Et c’est pourquoi je dis que cela implique

C’est pourquoi...

This is the weapon of the real revolution
Unlock the coils the clamped around you
Around your spiritual frame
By crying out the holyname

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Brise les chaînes les fers autour de toi
Autour de ton cadre spirituel
En criant le nom sacré
[Krishna]

Your hypocrisy
Suave brutality
Your empty religion
Your proud hollow philosophy

Ton hypocrisie
Brutalité suave
Ta religion vide
Ta fière philosophie creuse

Consumerism
Thrice daily, cannibalism
Your tv
Your constant sexuality

Consumérisme
Trois fois par jour, cannibalisme
Ta télévision
Ta sexualité constante

I oppose
Vehemently, I vow

Je m’oppose
Avec véhémence, je fais serment

Ces trois chansons sont sur l’album Songs of separation, mais il serait injuste de ne pas conclure sur l’incroyable Holyname, de l’album éponyme sorti un an après, en 1994. Une chanson qui il y a plus d’un quart de siècle dénonçait avec justesse l’absence d’empathie, un mouvement général de notions abstraites vers la promotion de l’ego.

La chanson fait d’ailleirs partie de la brochure Songs of separation fait par 108, avec les textes de l’album et leurs explications, avec des photos

I have no emotion
I have no devotion
It’s empty motion
Oceans of notions
Intent on ego promotion

Je n’ai aucune émotion
Je n’ai aucune dévotion
C’est un mouvement vide
Des océans de notions
Avec l’intention de la promotion de l’ego

No elation
Just devastation
Supplication seems a foreign creation

Pas d’allégresse
Seulement la dévastation
La supplication semble une création étrangère

Battered and beaten and broken and bruised
Is the briar-ridden thorn-land of my heart
My cries are lies from conceitful eyes

Battue et battue et brisée et meurtrie
Est la terre épineuse pleine de bruyères de mon coeur
Mes pleurs sont des mensonges de la part de yeux vaniteux

I’ll cry it out:
The Holyname

Je le crierai :
Le nom sacré [Krishna]

[Reprise des couplets]

I won’t simmer in this complacency
I won’t settle for this false me

Je ne m’apaiserai pas dans cette complaisance
Je ne m’installerai pas dans ce faux moi

108 en 1993  (Photo: Kate Tucker Reddy)