La COP 25, un échec dans le silence

L’avantage d’étudier les COP depuis plusieurs années, c’est qu’on voit la vanité des choses, puisque tout se répète, sans résultats pour autant.

On est dans une situation toujours plus tendue, entre une humanité qui sait, mais qui n’agit pas, et quand elle veut agir, se contente de symbolisme et d’engouement pour une adolescente médiatisée. On est au niveau zéro.

Les Français sont sans doute les pires ici. L’année dernière la COP 24 s’était tenue alors que les gilets jaunes connaissaient leur succès médiatique en France. Le résultat, tout est passé à la trappe.

Cette année, la COP25 s’est tenue alors que la France connaît un mouvement social contre la réforme prévue des retraites. Résultat, tout est passé à la trappe.

Mais on aurait tort de penser qu’une contre-actualité vient entièrement parasiter l’information. S’il y avait des réseaux structurés, des gens s’impliquant réellement, la COP25 aurait été une actualité pour tout le pays.

Ce n’est pas le cas toutefois, en réalité, de par un dédain fondamental pour l’écologie, pour un engagement approfondi, prolongé, développé, complexe en ce domaine.

Cela se voit très bien tant chez les gilets jaunes que dans le mouvement social actuel. Ce qui compte, c’est son petit horizon personnel, son goût pour la propriété, la promotion de son ego.

Les gens ne sont pas capables de dire qu’une chose est bien, ils refusent de se considérer comme plus petits que des choses plus grandes. Leur empathie est faible, leur compassion tout autant.

Le monde pourrait s’effondrer, ils ne le remarqueraient pas, ils ont d’autres préoccupations! D’ailleurs, il s’effondre…. A la base, la COP25 devait être au Brésil. Mais avec l’élection comme président de Jair Bolsonaro, un ultra anti-écologiste, cela a été annulé un an auparavant.

Hors de question pour le Brésil de soutenir une telle initiative. C’est alors le Chili qui a dû prendre le relais.

Seulement comme il y a une révolte populaire immense là-bas, avec une répression d’ailleurs au moyen de tortures, de viols et de meurtres en masse, c’est finalement en catastrophe que l’Espagne a récupéré la COP25 un mois avant. C’est dire l’ambiance tout de même !

La COP 25 a donc été présidée par le Chili… A Madrid. Rien qu’avec ça, on s’aperçoit qu’on marche sur la tête. Ce sont les apparences qui comptent, et elles seules.

Du côté français, cela a d’ailleurs été le service minimum, tout comme l’année dernière à la COP24. Voire pire en fait, car les figures importantes sont restées encore moins longtemps que l’année dernière, où c’était déjà risible. Mais comme tout le monde s’en moque…

Le premier ministre, Édouard Philippe s’est simplement chargé de passer pour un discours à l’ouverture, alors qu’Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, est restée… une journée, et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, quelques heures seulement.

Emmanuel Macron, qui n’était pas allé à la COP24, avait prévu officiellement de venir à la COP25, les 1 et 2 décembre. En plus, cela se tenait donc à Madrid, dans un pays frontalier. Mais il n’y est pas allé. Avec la réforme des retraites, il y avait autre chose à faire ! Par contre, les 3 et 4 il était à Londres, autre pays voisin. Pour le sommet de l’OTAN.

C’est qu’il ne faut pas se leurrer, chaque pays se bat pour ses intérêts seulement. Derrière l’unité de façade, il y a des intérêts divergents et aucune opinion publique pour une humanité unifiée. Partant de là…

Plusieurs pays ont carrément été des freins assumés : le Brésil en tête, mais également bien entendu les États-Unis, l’Australie, l’Arabie Saoudite.

Voici comment Étienne Leblanc, envoyé spécial de Radio-Canada à la COP25, résume leur comportement :

« Ils sont arrivés samedi, ces pays-là, comme s’il n’y avait pas eu deux semaines de discussions. C’est comme s’ils avaient fait table rase de toutes leurs demandes et on est presque repartis de zéro. »

Il y a aussi le groupe BASIC, avec justement le Brésil, mais aussi la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud. Ils disent : on est en développement, on a fait des efforts, à vous de payer si vous voulez qu’on fasse quelque chose.

Le fond du problème est effectivement là : à problème mondial, solution mondiale. Seulement il n’y a pas de gouvernement mondial… donc chaque pays fait comme ça l’arrange. Rien ne l’oblige à agir. Il peut négocier autant qu’il veut.

L’établissement d’un « marché du carbone » à l’échelle mondiale, « oublié » des accords de Paris, attend donc éternellement sa mise en place.

Qui n’aura évidemment jamais lieu, à moins d’un changement radical à l’échelle mondiale. Qu’on ne voit pas venir, car l’humanité ne veut pas reconnaître Gaïa : aveuglée par son auto-célébration, elle est déconnectée du réel.

D’où le fantasme anthropocentriste d’une hypothétique volonté à venir. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a ainsi appelé à faire mieux.. la prochaine fois.

« La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement face à la crise climatique. Nous ne devons pas abandonner. »

Greta Thunberg s’est contenté du message suivant, dans le même esprit :

« Il semble que la COP25 soit en train de tomber en morceaux. La science est claire, mais la science est ignorée. Quoi qu’il arrive, nous n’abandonnerons pas. Nous ne faisons que commencer. »

La COP25 a même officiellement de son côté appeler à faire mieux… à la COP26. Il faut que chaque pays rehausse ses ambitions, etc.

Tout est ainsi fait, le silence du dédain comme le bruit des COP, pour nier le seul choix possible : la soumission à Gaïa.