Les cafards comptent parmi les animaux interagissant avec les êtres humains qui sont les plus méprisés par ces derniers. Il existe une incompréhension largement partagée pour ces insectes censés représenter la saleté, quelque chose de visqueux, etc.
En réalité, ils se nourrissent d’un peu n’importe quoi qui traîne à leur échelle, et forcément si l’occasion se présente…
Voici une petite contribution pour aller dans le bon sens et comprendre ces animaux dénommés blattes du côté scientifique. Comme tous les animaux, les blattes méritent notre fascination et notre respect le plus grand.
Il en existe 4 400 variantes connues et leur apparence est impressionnante, car très différente naturellement de la nôtre.
Moins de 1 % interagissent avec les humains, notamment la blatte germanique (ici en a et sur la photo ci-dessus), la blatte américaine (b), la blatte australienne (c) et la blatte orientale (c et d), à quoi il faut ajouter la blatte à bande brune.
Comme on le voit les différences de tailles sont assez marquées. Cela se voit aussi avec les oeufs.
Ceux-ci sont déposés par dizaines dans des poches dénommés oothèques. En voici des exemples, avec gauche à droite, puis de haut en bas, celles des blattes orientales, des blattes germaniques, des blattes américaines, des blattes à bandes brunes.
Voici un exemple.
Cela se devine sur les photos précédentes, mais en voici une autre où c’est plus marquant : les antennes ne sont pas sur la tête, mais au niveau du nez. Car les antennes servent justement de capteurs d’odeurs. Les blattes les nettoient donc régulièrement.
Les plus vieux fossiles de blattes ont 320 millions d’années. Mais on sait en fait peu de choses sur cet animal socialement extrêmement bien organisé, qui est le cousin des termites. En tout cas, les blattes vivent en groupes intergénérationnels et une blatte toute seule dépérit.
Ce qui est bien connu, en tout cas, c’est leur démarche. Voici une vidéo montrant ce que cela donne de près, puisque d’habitude on les voit de loin et de nuit, et souvent de manière brève.
Leur vitesse est étonnante : 1,3 mètre par seconde ! Leur temps de réaction est d’entre 20 à 50 millisecondes, alors que celui des humains est de 200 millisecondes. Une fois qu’on l’a vue, la blatte est déjà loin, très loin…
Voici un exemple de course, à partir de la 40e seconde. La vidéo n’est pas de bonne qualité, mais hors de question de valider des vidéos de laboratoires.
Les blattes peuvent parfois également voler. Seulement certaines le font, d’autres planent en fait surtout et encore rarement. De leurs deux paires d’ailes, une seule est employée, l’autre servant de protection.
Leur capacité d’adaptation étonne souvent. Les entreprises cherchant à les détruire – ce qui est condamnable – constatent souvent des résistances au poison d’une génération à une autre.
C’est cela qui amène la théorie qu’en cas de catastrophe nucléaire, les blattes survivraient. En fait, les blattes résistent aux radiations atomiques de 6 à 15 fois plus que les humains, mais moins que d’autres insectes.
Le généticien Hiram Bentley Glass parlait d’ailleurs des insectes en général pour parler d’une ère post-guerre atomique, dans les années 1950, mais prenant l’exemple de la blatte, c’est cette référence qui est restée.
On aura compris que la clef, c’est leur squelette. Au fur et à mesure qu’elle grandit, la blatte se débarrasse de l’ancien squelette, un nouveau s’étant formé en-dessous et se durcissant progressivement en prenant la place de l’ancien.
Cela ne veut pas dire pour autant que ce squelette bloque l’activité de la blatte… Bien au contraire ! En pratique, la blatte a un corps mou d’un côté et dispose d’un squelette externe de l’autre. Et cet exosquelette dispose d’articulations pour permettre le mouvement et s’adapte.
Le corps d’une blatte peut en effet être compressé de 40-60 % sans dommages, la résistance étant de 900 fois son propre poids. Au maximum, une blatte qui a 12 mm de hauteur peut se faufiler dans un espace de 4 mm de haut. Autant dire qu’elle passe partout.
Et dans un espace confiné, une blatte se meut de manière particulière en rampant, avec un équivalent de 20 fois sa longueur par seconde !
Cette capacité incroyable des blattes a été l’un des prétextes au dessin animé Oggy et les cafards. Les chats sont censés être des repoussoirs pour les blattes et on a ici un affrontement entre Oggy, un chat assez ahuri, et des cafards plus que malins, sans jamais de gagnant, avec un humour assez délirant, très travaillé.
Certaines espèces de blattes peuvent endurer jusqu’à une température de -122° et on trouve effectivement des blattes jusqu’en arctique. Il y a des espèces pouvant tenir un mois sans manger (on se demande malheureusement comment on sait cela). Elles peuvent tenir une quarantaine de minutes sans respirer.
Une blatte décapitée peut encore s’enfuir et éviter les obstacles, continuer à vivre une semaine, alors que sa tête continue à vivre indépendamment pendant quelques temps. La blatte meurt en fait tout simplement car elle ne peut plus s’alimenter.
Il y a en fait énormément de choses à dire sur les blattes, de choses positives bien entendu. Elles sont une composante de la planète, tout comme les humains. Et celles qui les côtoient le font comme conséquence des activités humaines, tout simplement.