Les animaux victimes de la crise du capitalisme

En Europe ou aux États-Unis, les organismes de défense des animaux s’alarment de la multiplication des abandons de chiens.

En France, un vieil homme a récemment contacté le refuge de la Fondation Brigitte Bardot: expulsé de son pavillon de Normandie, il cherchait un point de chute pour ses seize chiens. «Depuis environ un mois, on reçoit de plus en plus d’appels de ce type», assure Constance Cluset, porte-parole de la Fondation. «Des gens qui disent: "je n’y arrive plus, je n’ai plus d’argent"».

«En période de crise, on freine sur toutes les dépenses. Mais c’est surtout quand les gens se retrouvent à la rue qu’ils sont coincés», constate-t-elle.

«Avant on craignait surtout les abandons l’été, mais depuis un an, avec tous ces panneaux "À vendre" devant les pavillons, c’est toute l’année», confirme Nicole Jabin, directrice d’un refuge à Combs-la-Ville en banlieue parisienne, qui soupçonne cependant «les salopards de profiter de la crise pour se débarrasser de leurs animaux».

La France, championne d’Europe avec 65 millions d’animaux domestiques (pour 63 millions d’habitants) n’est pas un cas isolé.

«Partout où les gens perdent leur foyer, c’est la crise pour leurs animaux familiers», indique Kate Atema-Natrass, directrice des programmes de l’IFAW (International Fund for Animal Welfare) jointe aux États-Unis.

La crise américaine des «subprimes» jette depuis plus d’un an les familles hors de leur maison dont elles n’arrivent plus à payer les traites. Or 63% des foyers américains abritent un animal domestique, selon l’Association des industriels spécialisés (APPMA).

La presse américaine a rapporté récemment le cas d’une femme au Texas réfugiée dans sa voiture avec ses 22 chiens.

La Société américaine pour la prévention de la cruauté aux animaux (ASCPA), fondée en 1866, estime sur son site web qu’aujourd’hui «500 000 à un million de chats et chiens risquent de devenir des sans-abris»: l’un de ses centres en Californie a accueilli «en un samedi 33 chiens. Les abandons y ont doublé en quatre mois», affirme-t-elle.

«La plupart du temps, les maîtres arrivent dans les refuges après avoir épuisé tout autre recours, amis, familles. Les refuges sont débordés et les candidats à l’adoption de plus en plus rares, les gens ne souhaitent pas s’infliger une charge financière supplémentaire», poursuit Kate Atema-Natrass.

À Barcelone (Espagne), où les abandons se sont multipliés depuis l’été dernier, la direction de la protection des animaux et des plantes a dû faire de la place dans ses bureaux, son refuge étant saturé.

À Londres, le Battersea Dogs and Cats home a fait savoir fin décembre que sa capacité d’accueil était dépassée pour la première fois de son histoire.

En France, pour aider les plus démunis, surtout les personnes âgées, à garder leur compagnon, certains refuges de la Société de protection des animaux (SPA) organisent des distributions de croquettes, comme en Lorraine depuis un an. Le réseau IFAW fait de même en Allemagne, indique Kate Atema-Natrass.

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