Brigitte Bardot et l’association Sea Shepherd: la schizophrénie du pacifisme guerrier

Voici une information reçue suite à l’article sur l’éperonnage d’un Bateau de l’association Sea Shepherd: le communiqué de la Fondation Brigitte Bardot.

Le voici, avec à la suite trois critiques dont une sur le jeu très pervers du « pacifisme guerrier » – jeu très pervers et très révélateur.

Après l’éperonnage, en Antarctique, du catamaran de l’organisation Sea Shepherd par un baleinier japonais, la Fondation Brigitte Bardot renouvelle son soutien au « berger des mers »

La réaction de Brigitte Bardot après cette nouvelle agression :

Nous ne devons plus tolérer ces attaques permanentes des navires japonais au cœur même d’un sanctuaire baleinier censé protéger les espèces menacées. Des sanctions doivent être prises à l’encontre de ces tyrans des mers qui ne respectent rien ni personne.

Le gouvernement français est à l’initiative du sanctuaire en Antarctique alors il doit réagir et dénoncer fermement cette intolérable violation. Je trouve invraisemblable que les règles internationales soient bafouées dans l’indifférence de tous et suis très admirative de l’action menée par Paul Watson qui pallie aux manquements coupables des gouvernements.

Il m’a accueillie, il y a 33 ans, sur la banquise canadienne pour dénoncer le massacre des phoques alors il me revient aujourd’hui de lancer un appel à la générosité publique en faveur de ce type formidable et de son équipe courageuse.

Dans l’urgence, ma Fondation vient de débloquer 20 000 € pour aider Sea Shepherd mais cette somme reste bien insuffisante devant les dégâts occasionnés par l’attaque du baleinier japonais. Nous devons former une chaîne internationale pour soutenir cette organisation et lui permettre de poursuivre sa mission pacifiste car si le bon sens ne l’emporte pas, alors nous n’aurons pas d’autres choix que de nous battre à armes égales face aux navires de guerre qui répandent la mort dans les mers et océans du globe.

Brigitte Bardot

Présidente

Absolument tous les défauts se retrouvent dans ce communiqué. Énumérons les pour bien être le plus clair possible.

1.Le communiqué attaque les « navires japonais » et en appelle au « gouvernement français. » Cette démarche est fausse: le gouvernement français est (notamment) au service de l’industrie de l’exploitation animale.

Il n’y a pas lieu de le valoriser sous prétexte qu’il « défendrait » les baleines. Il faut bien être naïf, ou de mauvaise foi, pour accorder de la valeur à l’Etat français en ce qui concerne les animaux.

En fait l’explication est que Bardot n’est pas végane et ne fait pas la promotion de la libération animale. Bardot est une institution et ne cherchera pas le clash avec l’industrie de l’exploitation animale, avec l’idéologie dominante.

2.Le communiqué est fondé sur la personnalisation autour de Brigitte Bardot. On passe du communiqué de la fondation à… Brigitte Bardot elle-même, qui en profite pour se mettre en avant en disant qu’elle a connu le dirigeant de la Sea Shepherd il y a 33 ans.

Les animaux passent à l’arrière-plan, au profit de la personnalisation de Brigitte Bardot et de Paul Watson et leur mise en avant.

Ce n’est pas notre point de vue sur ce qu’est une démarche correcte.

Nous sommes contre toute personnalisation, et pour la mise en avant de la libération animale et de la libération de la Terre. Bien entendu on peut parler de gens ayant mené des actions ou émis des idées, des conceptions, mais alors ce sont les actions et les idées qui priment; la vie privée ne doit jamais être mise en avant, les individus doivent s’effacer le plus possible.

Nous sommes là au au service de Gaïa et de ses habitantEs!

3.Le pacifisme et la mythomanie l’emportent. Bardot dit qu’il faut:

« soutenir cette organisation et lui permettre de poursuivre sa mission pacifiste car si le bon sens ne l’emporte pas, alors nous n’aurons pas d’autres choix que de nous battre à armes égales face aux navires de guerre qui répandent la mort dans les mers et océans du globe. »

C’est de la pure mythomanie et des « menaces » ridicules pour se donner un côté « radical. »

C’est même très pervers: d’un côté le pacifisme est totalement mis en avant, et de l’autre la violence est valorisée mais uniquement comme symbole d’une possibilité vague d’assumer ses idées.

En psychologie, cette technique s’appelle la « double contrainte. » Le principe théorique est le suivant: « Une double contrainte désigne deux obligations qui se contrarient en s’interdisant mutuellement, augmentées d’une troisième qui empêche l’individu de sortir de cette situation. »

L’individu prisonnier de cette double contrainte pète alors les plombs, et c’est la schizophrénie.

En clair pour le communiqué de Bardot:

a)d’un côté le pacifisme est la règle absolue (c’est la première obligation),

b)mais de l’autre on donne comme consigne d’être prêt à la guerre totale (c’est la seconde obligation),

c)il faut savoir si le « bon sens » l’emporte ou pas pour savoir si on en reste à a) ou bien si on passe à b).

Le point c) est justement cette troisième contrainte qui empêche l’individu de sortir de cette situation! Cela forme une information contradictoire, insoluble: Bardot pratique très exactement la technique de la double contrainte.

Tout cela pour avoir une image « radicale » et en même temps bloquer toute radicalité possible sur le plan concret.

La compréhension de ce caractère absurde de la position « pacifiste guerrière » de Bardot permet de répondre à un mail très positif et constructif que nous avons reçu, qui pose entre autres la question suivante, très pertinente:

Ne faut-il pas mieux ne pas être irréprochables sur le plan de la démocratie ou de l’alimentation et sauver les espèces qui peuvent encore l’être que d’attendre une hypothétique organisation de masse « vegan » et risquer de ne plus avoir d’espèces à sauver?

La réponse est claire quand on voit le jeu de Bardot avec la « double contrainte. »

Le pragmatisme est sans principes, sans valeurs, il sombre dans la personnalisation, la manipulation, la mise en avant des spécialistes, puis logiquement le mépris pour les gens, la misanthropie.

Les animaux ne sont plus mis en avant comme des sujets, mais se transforment en des objets d’une sorte de vision du monde pessimiste.

On retrouve parfois ce type de démarche chez des personnes véganes: dans ce cas de figure, d’un côté il y a le véganisme, mais de l’autre un mépris complet pour les animaux en tant que réalité.

Les seuls animaux que ces gens trouvent intéressants sont les animaux qui subissent la vivisection ou bien se font tuer dans les abattoirs. Ces gens ne s’intéressent pas aux animaux en général, ils ne s’intéressent qu’à un aspect de la vie animale sur notre planète, pour cultiver une sorte d’isolement, d’élitisme, de sensibilité mi-éthique mi-morbide.

La vie animale ne les intéresse en rien, parce qu’elle ne leur « apporte » rien, leur but étant de se « distinguer. »

Nous sommes il va de soi extrêmement critique par rapport à ce genre d’attitudes, et nous pensons justement que la libération de la Terre est un bon moyen de faire le tri: les personnes aimant vraiment les animaux en général savent qu’il faut lutter pour leurs habitats!

Il n’y a pas de libération animale sans libération de la Terre! Être vegan c’est aimer les animaux!

Il faut s’ouvrir à tous les animaux, reconnaître leur existence, reconnaître l’existence de leurs habitats, reconnaître que l’humanité n’est qu’une composante de notre planète. L’humanité a comme tâche de comprendre sa place et de se mettre au service de Gaïa au lieu de continuer à l’assassiner!