On sait l’énorme difficulté qu’il y a à lutter contre le réchauffement climatique, quand on voit comment le capitalisme veut pouvoir tourner sans cesse et sans cesse et sans cesse.
A cette difficulté, il faut en rajouter une autre: la propagande visant à nier le réchauffement climatique.
Cette négation ne tombe pas du ciel: plus une pensée est rabougrie, restreinte, repliée sur des fétiches locaux ou nationaux, plus le réchauffement climatique est nié.
Ce qui est logique, car admettre Gaïa c’est avoir immédiatement un point de vue mondial, un point de vue universel. Gaïa n’a pas de frontières.
L’extrême-droite, elle, en a des frontières, elle en a plein la tête, tout comme les frontières nationales sont sa raison d’être. Elle ne peut donc tout simplement pas accepter de problématique mondiale comme le réchauffement climatique.
Donc, elle nie le réchauffement climatique. Tout simplement.
Tout doit être vu par le prisme « national », donc tout ce qui vient contredire cette idéologie est niée, purement et simplement.
Telle est la démarche (entre autres) du Conseil Scientifique du Front National, qui a tenu un colloque le 30 janvier à Nanterre, au titre très parlant: « Réchauffement climatique : Mythe ou réalité ? ».
On peut voir ici une vidéo de 20 minutes consistant en la conclusion de ce colloque, par Jean-Marie Le Pen.
Rien que le titre de ce colloque laissait deviner ce qui devait s’y dire. Et cela n’a pas raté. Il y a été expliqué que « L’écologisme est la nouvelle religion des populations urbaines aisées « bobos gogos » de l’Occident. »
Bien entendu, les bobos sont à critiquer, mais sont-ils écolos, en fait? Pas du tout. Il faut critiquer les faux écolos parce qu’ils sont faux écolos, pas parce qu’ils sont écolos!
Mais l’écologie n’a pas de place à l’extrême-droite, sauf comme défense du « terroir ». A ce colloque « scientifique », la réalité du réchauffement climatique a ainsi été niée; le réchauffement climatique a été considéré comme une « manipulation », dont le but est « d’imposer un pouvoir mondial destructeur de nos libertés nationales. »
Ce « catastrophisme donne à nos dirigeants politiques le beau rôle de protecteurs de l’avenir de notre planète et de nos enfants. »
On a la théorie du complot, et l’affirmation de la nécessité de se replier sur la « nation. » Ce qui est le but de l’extrême-droite.
L’écologie n’est pas pour l’extrême-droite une question concernant la nature et les animaux: c’est selon elle une fausse question, car seule compte la « nation. »
La nature et les animaux sont quelque chose d’universel, l’extrême-droite ne peut accepter qu’une nature « française » (d’où le délire ethnique version Astérix le gaulois), et des animaux « français » (version sandwich jambon beurre et « dans le cochon tout est bon »).
Une telle pensée est totalement rétrograde et un retour à la pensée tribale.
On notera d’ailleurs le parcours des deux organisateurs de ce colloque: Hugues Petit est… historien du droit, enseignant l’histoire des idées politiques à la Faculté de droit de Grenoble.
Quant à Thibaut de Bougrenet de La Tocnaye, il s’est engagé dans les Phalanges libanaises pendant la guerre au Liban, puis dans les rangs des Contras pendant la guerre au Nicaragua, puis dans les forces croates pendant la guerres de Yougoslavie…
Ce qui en fait deux experts en écologie… mais pour partir en guerre contre elle. Pour l’extrême-droite, la guerre contre l’écologie est une chose sérieuse; d’ailleurs, les documents du colloque seront imprimés, diffusés, etc.
Mais nous n’avons pas besoin d’un pays bunkérisé. Nous avons besoin d’une humanité reconnaissant sa place dans Gaïa, et donc partant d’un point de vue mondial, planétaire.
Gaïa n’a pas de frontières!