Chasseurs casseurs

Un un jeune chasseur alcoolisé vociférant qu’il «  est révolté contre tout », accompagné de plusieurs milliers d’acolytes (entre 6 et 10.000) jouant aux casseurs: voilà la "révolte" du type patriarcal et réactionnaire à Valenciennes.

Ici un compte rendu journalistique.

14 h 10, place Poterne.

La journée avait commencé sous la menace. Sur les autoroutes du grand nord, des chasseurs ont été contrôlés (lire en page 11). Sur eux, des projectiles de toute espèce. Pourtant, place Poterne, l’ambiance est festive. Les trompes de chasse sonnent. Au café, la pression coule à flot. Panneaux anti-Sarko, anti-Borloo, parfois très drôles. L’un de très mauvais goût : «  Ici, gazage d’écolos ». Les organisateurs, eux, jubilent. Sûr, ils seront plus de cinq mille.

> 14 h 45, même endroit. C’est un peu moins jovial. Les organisateurs sont furax. Marine Le Pen est arrivée avec une délégation du FN. Eux ne veulent pas de récupération. Trois manifestants, ivres, jettent des oeufs sur les CRS. Un officier, diplomate, plaisante, fait baisser la tension.

> 15 h 15. La manif a trois quarts d’heure de retard. Des bus bloqués sur l’autoroute… Du coup, sur la place, la pression monte façon cocotte-minute. Des chasseurs font exploser d’énormes pétards. Discours. Les fédérations multiplient les appels au calme. «  Ne permettons pas à Borloo de botter en touche. Nous ne sommes pas des voyous. » > 15 h 21. C’est trop tard. les bus sont arrivés. De la Manche. Du Calvados. Les plus énervés qui en sont descendus veulent en découdre, font tomber les barrières, s’avancent vers les CRS, à bien cinquante mètres derrière, rue de Mons. Deux ou trois membres du service d’ordre des chasseurs s’interposent. Les meneurs appellent la meute, derrière, qui s’enfonce dans l’artère. Les CRS chargent. Grenades lacrymogènes.

La guérilla a commencé. Avant même le défilé.

> 15 h 45, boulevard Watteau. Elle ne s’arrêtera plus. À chaque artère menant au centre, le cordon hermétique des CRS est bombardé. Devant le collège, un manifestant descelle de gros pavés pour les envoyer sur eux. Une voiture garée derrière les CRS prend un gros silex. À la Dodenne, les barrières ont été jetées dans la Rhonelle. Derrière la banderole des chasseurs picards, de braves grands-pères qui manifestent sont scandalisés. « «  Du mal-être qui sort », dit l’un.

> 16 h 30, boulevard Froissart. Un passant dont la fille a été frôlée par un pétard en vient aux mains avec des manifestants. Les CRS l’extraient de la cohue. Un gros malabar en treillis casse consciencieusement chaque panneau de signalisation.

> 17 h 20, place Poterne. C’est la guérilla à grande échelle dans un nuage de lacrymo. La manif part en quenouille. Les bus se sauvent un à un. Affrontements. Début d’incendie dans une maison. Un fumigène. Les CRS ont repéré le gros malabar, qui se prend une volée. Plus loin, un manifestant est couché au sol. Blessé sérieusement à la tête. Raoul Bary, l’organisateur de la manif, est écoeuré. «  Ils ne sont pas venus défendre la chasse. Ils sont venus casser. Qu’ils ne comptent pas sur nous pour les défendre. » Un chasseur passe, dégoûté. «  Si c’est ça la chasse, je préfère mettre mon fusil au râtelier. » •

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