A partir du moment où Dieu est considéré comme ayant autorisé l’emploi des animaux (entre autres) comme nourriture, alors il n’est pas possible de remettre cela en cause.
Les choses sont donc très claires: le judaïsme, le christianisme et l’Islam considèrent que le véganisme ne peut pas remettre en cause la hiérarchie décidée par Dieu. Surtout que les différents rites et traditions comportent parfois l’utilisation des animaux!
En fait, les religions sont nées avec la domestication des animaux et le remplacement du matriarcat par le patriarcat. L’humanité part à la conquête de la nature et la religion justifie l’asservissement, que ce soit le judaïsme, le christianisme ou bien l’Islam.
Ces trois religions ont les mêmes fondements et on retrouve les mêmes principes principaux: tout d’abord que les animaux sont là pour servir les humains, et ensuite qu’en aucun cas le style de vie vegan ne peut être mis en avant comme mode de vie supérieur sur le plan éthique.
Bien entendu ces trois religions entretiennent un certain flottement par rapport à ce sentiment important qu’est la compassion, de par leur nature de religion.
Certains au sein de ces religions ont tenté de remettre en cause le rapport aux animaux, mais leur remise en cause a été catégoriquement rejetée, et est considérée comme contraire à l’esprit de la religion, ainsi qu’à ses lois.
La raison en est que la réalisation immédiate du « paradis » sur Terre est formellement rejetée (comme hérésie religieuse et surtout sociale).
Pour le judaïsme, le christianisme et l’Islam, il est bien souligné que le monde « idéal » appartient au passé (le jardin d’Eden) ou bien au futur (la fin des temps), et en aucun cas au présent.
La Bible, dans le texte appelé la Genèse (partie 1:29) et situé tout au début, explique ainsi que la nourriture n’est pas d’origine animale, tout en considérant que l’humanité doit dominer:
« Dieu créa l’homme à son image,
il le créa à l’image de Dieu,
il créa l’homme et la femme.
Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi. »
Mais un peu plus tard dans la Genèse toujours, suite à la sortie du jardin d’Eden puis du déluge, la situation a changé (de 9:2 à 9:5): la domination reste, mais le rapport aux animaux est désormais lié à la mise à mort.
« Vous serez un sujet de crainte et d’effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer: ils sont livrés entre vos mains.
Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l’herbe verte.
Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang.
Sachez-le aussi, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à tout animal ; et je redemanderai l’âme de l’homme à l’homme, à l’homme qui est son frère. »
La Bible explique que « tout ce qui se meut et qui a vie » doit servir de nourriture.
Et les religions juive et musulmane ont sur ce principe fondé une sorte de division entre ce qui est valable (cacher, halal) et ce qui ne l’est pas. Dans le judaïsme, ce sont les rabbins qui ont défini les règles, tandis que dans l’Islam ces règles se rapportent au Coran et aux dires du prophète Mahomet.
Le christianisme, quant à lui, ne s’embarrassera pas de cela et considère que tous les animaux peuvent être mangés.
Jésus lui-même est présenté comme ayant mangé des animaux. Luc (24:42 et 24:43) raconte ainsi:
« Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux. »
Il y a dans le nouveau testament de nombreuses références positives à la consommation d’animaux (Jésus et l’agneau de Pâques, dans les Actes il est dit à Pierre qu’il a le droit de tuer car ce n’est pas « impur », etc.).
La consommation de viande est d’ailleurs totalement intégrée dans le mode de vie chrétien, au point qu’il y a le vendredi où l’on doit manger… du poisson, et le mardi-gras où l’on a le droit de nouveau de manger de la viande après le carême (d’où le terme de carnaval – venant de carne vale) qui est une période « maigre. »
Dans le judaïsme, dans le christianisme et dans l’Islam, la séparation n’est donc pas entre vegan et non-vegan, mais entre pur (casher, halal) et impur, ou bien il n’y a pas de séparation du tout (comme dans le christianisme).
Et ces trois religions soulignent le fait qu’il est interdit de remettre cela en question, et donc de faire une séparation entre vegan et non-vegan.
Dans le nouveau testament, dans les Romains, il est expressément affirmé qu’il n’y a pas le droit de revendiquer la non utilisation des animaux:
« Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas sur les opinions.
Tel croit pouvoir manger de tout: tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes.
Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli. »
Le judaïsme fait de même. Les téfilines, réceptacles, que les hommes doivent porter autour du bras pour la prière du matin durant la semaine, sont en cuir. Les parchemins qu’ils contiennent sont en peaux d’animaux.
Tout autre matière que la peau d’animal est considérée comme non casher. Les personnes religieuses juives sont ici devant une contradiction insoluble par rapport au véganisme. La seule « solution » qu’elles ont trouvé sont des téfilines faites par le Rabbi Rosenberg, faites à partir de peaux de bébés animaux morts lors de fausses couches.
On notera que les rouleaux de la Torah (les commandements religieux établis par les rabbins) dans la synagogue sont également écrits sur des peaux d’animaux comme les parchemins, tout comme les parchemins de la mezouzah qu’on met à côté des portes. Le chofar, instrument de musique utilisé lors des prières pour les grandes fêtes, est lui à fait à partir d’une corne de bélier (et n’a pas le droit d’être fait autrement).
L’Islam suit le même principe avec le festival du sacrifice, l’Eid, où un animal doit être égorgé. Cette fête est incontournable.
Tout comme le christianisme, l’Islam considère qu’il n’y a pas lieu d’opposer une alimentation fondée sur l’utilisation des animaux et une alimentation végane; l’une vaut l’autre et aucune ne peut être considérée comme « supérieure. »