Dans quelle mesure les animaux pourront ils retourner à la vie sauvage ?

Cette question qui nous a été posée est en rapport avec un débat sur un forum (voir ici).

Nous avons voulu avoir un peu de temps pour bien réfléchir avant de répondre, car c’est une question à la fois importante et difficile.

Néanmoins, il est une chose que nous voulons tout de suite souligner: l’adoption fait partie intégrante de la culture végane; on ne devient pas végan pour soi-même, mais pour les animaux.

Les végans ne peuvent pas fermer les yeux devant le nombre toujours plus grand d’animaux abandonnés, devant cette souffrance et cet appel à la compassion.

Il faut également être conscientE que les animaux sont abandonnés parce que tourne à plein régime le commerce des animaux, du petit commerce aux animaleries.

A côté de l’adoption se pose la question de savoir quelle attitude avoir par rapport aux animaux adoptés.

Nous pensons que la stérilisation est malheureusement nécessaire. Malheureusement, car cela les dénature et les fait souffrir, mais c’est une question de responsabilité.

Les êtres humains par le commerce ont généralisé la souffrance, et il faut stopper ce processus: en combattant ce commerce et l’exploitation animale, mais également en n’ajoutant pas de la souffrance à la souffrance.

Nous pensons également qu’il faut que l’adoption soit organisée de telle manière que les animaux adoptés disposent du maximum de confort. Faire en sorte qu’un hamster ou un cochon d’Inde etc. disposent de cages très spacieuses, de jouets, d’alimentation de bonne qualité, de soins vétérinaires, de moments de liberté hors de la cage etc. tout cela ne relève pas du « luxe » mais d’un devoir moral.

Il y a également la question du « retour à la nature. » C’est là la question la plus difficile, en fait. C’est une question très importante dans l’idée d’un « programme » de société fondée sur le véganisme.

Il est évident que certains animaux ont été tellement dénaturés que l’humanité a une responsabilité par rapport à eux. Les cochons d’Inde sont par exemple désormais deux fois plus petit que les cuys; ils ne savent plus sauter (ou quasiment plus) et leur parcours en Europe depuis de multiples générations les a éloigné au possible de leur ancien habitat dans les Andes.

Mais même pour des espèces moins dénaturées, cela va ensuite dépendre des individus.

De plus, comment permettre un « retour à la nature » alors que la nature perd chaque jour du terrain, entre le bétonnage et la « gestion » de tout ce qui est naturel par de multiples offices ou l’industrie elle-même?

C’est ici toute la question d’un bouleversement du rapport à la ville et à la campagne qui se pose, qui est nécessaire, si l’on veut arriver à quelque chose.

Et en attendant, il n’y a pas lieu de se dégonfler en attendant; l’adoption est absolument, catégoriquement nécessaire.

Ce qui veut dire être strict et rejeter les pratiques irresponsables de reproduction des animaux domestiques sous des prétextes tout à fait libéraux de « c’est leur droit », « c’est la nature » et autres justifications totalement irresponsables et mensongères.

Toute reproduction d’animaux domestiques peut être considérée comme parfaitement contestable alors que des centaines de milliers d’animaux sont dans les refuges, et que chaque année des centaines de milliers d’animaux sont assassinés (« euthanasiés » sans aucune autre raison que le manque de place).

Organiser des reproductions d’animaux domestiques, ce n’est pas aider à donner la vie, c’est participer à la mort des animaux dans les refuges.

Et c’est culturellement faire le jeu de la reproduction « organisée » des animaux domestiques en général, avec sa part énorme d’animaux abandonnés.

Soulignons d’ailleurs que la crise économique, et les choses ne s’amélioreront pas, ne peut que renforcer ces tendances:

-à plus de reproduction organisée afin de procéder à des ventes;
-à davantage d’abandons, par souci financier ou par simple fait de se « lasser » de ce qui est considéré une marchandise « comme une autre. »

Il s’agit donc de rappeler que les solutions ne peuvent être que globales et collectives. Et sur le plan individuel, à côté de l’ouverture de perspectives concrètes et culturelles, il faut être strict et parfaitement responsable par rapport aux animaux dans leur ensemble.

Ce qui n’est pas sans rappeler l’affreux dilemme qu’on peut avoir dans une animalerie lorsqu’on voit un animal malade: on pense d’abord qu’il faut l’acheter pour le sauver, mais si on le fait on contribue au système des animaleries où les animaux sont vendus et les animaux malades ou invendus assassinés…