Trafic de poils d’éléphant

Une quinzaine de bijoutiers des quartiers chics de l’ouest parisien comparaissent – depuis le 7 avril 2009 devant le tribunal correctionnel de Paris – pour avoir entre 1998 et 2008 commercialisé sans autorisation des bracelets en poils d’éléphants, une des 16 000 espèces protégées par la Convention de Washington.

« Transformés en bracelet, ça donne un truc très bling-bling. Sarkozy en portait un avec sa Rolex, jusqu’à ce qu’en 2007, un magistrat l’informe que c’était interdit », raconte un gendarme, en marge du procès, au quotidien 20 Minutes (7/4/09).

C’est tendance : Alain Delon, Michael Schumacher ou encore Thierry Ardisson en ont porté ou en porte encore. Ces bijoux confèreraient puissance, argent et réussite à celui qui les porte. Reste que ce commerce est interdit par la loi. Les gendarmes ont été alertés par des ventes de bracelets en poils d’éléphants sur le site d’enchères en ligne eBay.

Ils sont remontés vers une quinzaine de bijoutiers et un grossiste français d’origine turque qui se fournissait auprès de marchands africains. Au cours de leur recherche, les enquêteurs ont saisi plus de 700 bracelets et une centaine de bagues en poils d’éléphants, certains pouvant être vendus jusqu’à 1.500 euros.

Or la vente de produits issus de l’éléphant est interdite dans la plupart des pays signataires de la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore Sauvages menacées d’extinction), dont la France. Cette vente n’est d’ailleurs plus autorisée qu’en Namibie ou en Tanzanie.

Ce que la justice reproche aux prévenus, c’est donc de ne pas s’être inquiétés de la traçabilité des poils d’éléphants. Aucun d’entre eux n’a pu fournir de certificats attestant de l’origine de la marchandise.

Pour Maître Xavier Bacquet, avocat de la Fondation 30 Millions d’Amis, « C’est un marché très lucratif. Mais au Sénégal, il ne reste plus que 10 éléphants en vie ! ». Lors de leurs réquisitions, les avocats de la partie civile ont demandé entre 18 mois et 2 ans de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende, mise à l’épreuve et interdiction d’exercer le métier de bijoutier contre le grossiste.

Les bijoutiers encourent chacun 20 000 euros d’amende à titre moral et 10 000 euros d’amende à titre physique. Maître Xavier Bacquet a requis 50 000 euros de dommages conjoints et solidaires pour la Fondation 30 Millions d’Amis constituée partie civile.

D’autres procès de ce type ont déjà eu lieu ces derniers mois. Ainsi, le tribunal correctionnel de Paris a déjà condamné il y a quelques semaines un autre bijoutier parisien à trois mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende pour avoir vendu ces mêmes bijoux. En février 2009, c’est le tribunal correctionnel de Créteil (94) qui a condamné un particulier à une amende de 1.500 euros avec sursis pour des chefs d’accusation similaires.

Le jugement a été mis en délibéré au 10 juin 2009

Source : 30 Millions d’Amis