La répression du FBI contre le site « Voice of the Voiceless » (la voix des sans voix) a comme but d’intimider… de comprimer la réflexion, la compréhension de ce qu’est la libération animale…
A ce titre, en mai, nous avions annoncé la publication aux Etats-Unis d’une liste des actions de l’ALF dans ce pays, par le site Voice of the voiceless.
Voici une interview à ce sujet.
1. La version finale de « A.L.F. Complete Diary of Actions » a été republiée. De quoi s’agit-il?
« Animal Liberation Front: Complete U.S. Diary of Actions » est le produit de nombreux mois de recherche dans l’histoire de l’ALF. Ce livre consiste en une chronologie de chaque action de l’ALF rapportée durant les 30 premières années de l’histoire de l’ALF aux Etats-Unis, de 1979 à 2008.
Il y a une grande histoire de l’action directe aux USA qui a été ignorée, oubliée, ou enlevée des livres d’histoire. Je voulais créer un document inaltérable qui répertorie cette histoire, qui est quelque chose dont les générations présente et future d’activistes pourront apprendre et qui pourra les inspirer.
J’ai essayé d’inclure autant de détail au sujet des actions que possible tout en conservant le format d’une chronologie, plutôt que de faire un historique avec un style narratif. Peut-être qu’un historique plus exhaustif sera le prochain ouvrage.
2. Est-ce que cela a été beaucoup de travail que de compiler toutes ces informations?
Le gros de la recherche a pris place durant deux intenses semaines lors d’un séjour à la campagne chez un ami dans l’Utah. Beaucoup plus de semaines ont été passés à vérifier les faits, et à organiser la chronologie alors que venaient toujours plus d’informations de différentes sources.
Quand cela a été fini, mon esprit était plein de peut-être le plus grand nombre de détails sur l’ALF qui aient jamais été rassemblés. Une année après avoir complétée ma recherche initiale, je peux probablement toujours réciter l’année et la ville de chaque action menée par l’ALF aux USA.
C’était un projet difficile. L’information a plusieurs sources, essentiellement de vieilles publications pour la libération animale. J’ai aussi tiré des informations de publications informatives de l’industrie maltraitant les animaux (qui souvent rapportent quant à des actions non rapportées sinon), des reportages de news grand public, et ailleurs pour les nombreuses actions non revendiquées, qui ont été incluses.
Il n’y a pas de doute que beaucoup d’actions ne sont jamais rapportées ou revendiquées par l’ALF, et si le livre rassemble toutes les actions rapportées au mouvement au sens large, il y a certainement beaucoup plus d’actions qui n’ont jamais été rapportées, et qui ne sont donc pas incluses.
3. Comment vois-tu l’évolution de l’ALF entre 1979 et 2008 ?
Comme la chronologie le montre, l’ALF a commencé aux USA par des raids dans les laboratoires, des raids à grande échelle et très bien exécutés. Cela inclut généralement la libération vivante des animaux, l’endommagement de l’équipement et / ou la confiscation de documents compromettants, et une forte composante tournée vers les médias (vidéo, communiqués de presse par des groupes légaux, etc.).
Les raids dans les laboratoires ont progressivement cessé à la fin de la décennie, avec actions de l’ALF à grande échelle visant à mettre un terme à l’industrie de la fourrure (après que celle-ci ait été presque détruire par le mouvement légal dans les années 1980).
Cela s’est refleté par l’Operation Bite Back, une campagne de l’ALF visant à paralyser l’industrie de la fourrure par des attaques à l’incendie contre des cibles cruciales à l’industrie de la fourrure, comme les fournisseurs d’aliments et les laboratoires de recherche. Au début des années 1990, il y avait également des incendies dans des magasins vendant de la fourrure, et des incendies contre beaucoup de cibles liées à l’industrie de la viande.
A partir de 1993, la tendance est allée descendante, et surtout contre des cibles de l’industrie de la viande, au niveau des distributeurs et des restaurants.
En 1995, les USA ont connu leur premier raid contre une ferme à fourure. Cela va donner la tendance pour le reste des années 1990, avec à peu près 60 raids de ce type menés à la fin du siècle. La plus grande a eu lieu en 2000, avec 14 000 visons libérés d’une ferme de l’Iowa.
Le raid contre le laboratoire est revenu en 1999, avec le premier raid majeur en dix ans, mené à l’université du Minnesota. Plus de 100 animaux ont été libérés et au moins 4 millions de dollars de dégâts ont été causés, sans utilisation de l’incendie. Il y a eu plusieurs autres raids contre des laboratoires l’année d’après.
Au début des années 2000, la campagne d’actions de SHAC a dominé. Cette campagne a été probablement largement ou totalement responsable du désinvestissement et / ou de l’arrêt des liens de beaucoup d’entreprises avec HLS.
Aujourd’hui, nous voyons globalement moins d’actions, mais un pourcentage bien plus grand d’actions à grande échelle qui visent le maximum de dégâts.
L’incendie d’un fournisseur de primates pour les laboratoires non loin de Reno, en 2009, est un excellent exemple. Les campagnes clandestines reflétant généralement celles qui sont légales, nous voyons moins de focalisation sur les actions de l’ALF ces dernières années comme le mouvement légal a églement lutté pour trouver ses priorités.
Pour le futur, j’espérerais que l’ALF focalise son petit nombre sur des industries et des cibles petites et pouvant subir des défaites, qui peuvent être paralysées par un petit nombre d’actions de grand impact.
4. Durant toutes ces années, qu’est-ce qui a changé dans la perception de l’ALF pour l’opinion publique et la presse grand public?
En lisant les rapports des médias quant aux raids contre les laboratoires des années 1980, j’ai été surpris de voir à quel degré les médias soutenaient les raids de l’ALF. Les reportages étaient souvent glorificateurs, montrant l’ALF (et de manière juste) comme un groupe dans le style de Robin des bois, des commandos plein de compassion.
Il est difficile de diaboliser des raids contre des laboratoires quand les images diffusées par l’ALF sont celles d’animaux clairement torturés, et qui maintenant se voient secourus d’un destin horrible.
On pourrait argumenter (de manière sans doute correcte) que les médias ont cessé leur soutien à l’ALF avec l’introduction de la tactique de l’incendie, en 1987. A ce niveau, les enquêtes quant aux actions de l’ALF ont commencé à être menées par le FBI plutôt que par les agences locales.
L’utilisation du mot « terrorisme » (ou « éco-terrorisme ») a commencé à être appliquée de manière bien plus libérale après le 11 septembre. De manière intéressante, ces dernières années j’ai remarqué une diminution de l’utilisation de ce mot dans la couverture médiatique d’actions ne consistant pas en des incendies.
Pour la première fois en de nombreuses années, plus articles récents ont utilisé des termes comme « sabotage » au lieu de « terrorisme. » « Terrorisme » peut avoir perdu sa signification par un trop grand usage, ou bien les journalistes ont peut-êre découverts que vendre l’ouverture de cages comme du « terrorisme » au public en général est trop difficile.
5. Et qu’est-ce qui a changé dans la perception de l’ALF par les gens pour les droits des animaux, et dans l’opinion des gens progressistes ?
Nous avons vu une diminution d’une véritable compréhension du travail de l’ALF parallèlement à la diminution de la couverture médiatique des actions de l’ALF. Cela fait quelque temps maintenant qu’une action de l’ALF n’a pas reçu une attention au niveau national.
Cela serait un autre argument pour que l’ALF incorpore des vidéos et des photos avec les communiqués, afin d’amener un élément éducateur à chaque action, que ce soit un incendie ou une libération d’animaux.
6. Finalement, au bout de trente ans, quelle réponse devrait-être donné à quelqu’un affirmant que l’ALF est une organisation terroriste ?
L’ALF est un mouvement contre-terroriste, comme en témoigne le regard dans les yeux de tout animal torturé sauvé par l’ALF.