Les combats de reines en Valais

Ci-dessous un lamentable article (suisse) valorisant l’exploitation animale (où les animaux sont encore et toujours rabaissés au rang de « bêtes » soumisent à leurs « propriétaires ») via des combats de vaches pratiqués et dirigés par des « spécialistes ». Ces duels seraient « naturels »…

Le Valais possède une race bovine unique au monde: la race d’Hérens. Cette vache robuste a la particularité de combattre pour établir une hiérarchie dans le troupeau. Ces combats se déroulent de manière naturelle. Lors de la sortie de l’étable, au printemps, lors de la montée à l’alpage, elles s’affrontent à coups de cornes.

Pour combattre, les vaches se poussent simplement, front contre front. Elles utilisent aussi leur cornes selon différentes techniques. Elles peuvent piquer leur adversaire avec la pointe d’une corne. Elles peuvent imprimer une mouvement de torsion sur le cou de leur adversaire, une technique que les spécialistes appellent le « maillage ».
L’animal qui se sent la plus faible abandonne le combat. Il arrive aussi très souvent qu’une bête se soumette sans combattre, admettant la supériorité de son adversaire. Ces combats, qui opposent des animaux femelles, ne causent que de rares blessures superficielles.

On peut voir les vaches de la race d’Hérens combattre dans différentes circonstances. Après avoir passé l’hiver dans leur étable, elles sont sorties au printemps. Les propriétaires « mélangent » les bêtes de leurs exploitations. Bien qu’elles se soient côtoyées durant de longs mois, les lutteuses se livrent alors à de violents combats pour déterminer la reine du troupeau. Puis, à la fin du printemps, les bêtes sont conduites à l’alpage. Le premier jour a lieu l’inalpe. Les bêtes de différents troupeaux sont mélangés. Des combats intenses ont lieu.

Ces inalpes sont des instants très prisés par les amateurs de combats de reines ainsi que par les hôtes du Valais. Une véritable fête sur l’alpe est souvent organisée en même temps que l’inalpe. Il y a autant d’inalpes que d’alpages possédant de vaches de la race d’Hérens dans le canton. Ces montées à l’alpage se déroulent entre la fin mai et durent tous le mois de juin.

A l’automne, les bêtes sont descendues en plaine. C’est la désalpe. De nombreuses manifestations sont également organisées à ce moment-là. La reine de chaque alpage est décorée pour la circonstance.
Les hommes ont mis à profit la particularité combative de la race d’Hérens pour organiser des joutes sportives: les combats de reines. Ils ont lieu depuis 1922 en Valais. D’autres ont lieu dans le Val d’Aoste et en Haute-Savoie. D’autres petits combats ont également été mis sur pied dans d’autres régions, comme dans le canton de Vaud.
En Valais, il y a une douzaine de combats par année en plus d’une grande finale. Il y a en une vingtaine dans la vallée d’Aoste et deux en Haute-Savoie.Au fil des années, ces combats ont été organisés de manière stricte. Par souci d’équité, les bêtes sont réparties en plusieurs catégories. En principe, il y en a cinq.
La 5e catégorie est la catégorie réservée aux génisses. Elle regroupe les animaux de 2 ans et demi qui n’ont pas encore mis bas. La catégorie des premiers veaux (la 4e) concerne ce que les scientifiques appellent les primipares, soit les bêtes qui ont mis bas leur premier veau. Les vaches qui ont eu deux veaux au moins sont réparties dans les trois premières catégories en fonction de leur poids. Toutes ces vaches sont pesées.
Le tiers des bêtes les plus lourdes, pesant en général plus de 600 kilos, forment la première catégorie. Les bêtes les plus légères constituent la troisième catégorie et le tiers médian la deuxième.
Toutes les vaches qui se présentent dans l’arène doivent être portantes. Pendant plusieurs années, des contrôles antidopages ont été effectués lors des combats. Aucune lutteuse n’a été contrôlée positive. Depuis, ces contrôles ont été abandonnés.

Pour déterminer les classements, un jury observe et compte les affrontements. Une bête qui a perdu à trois reprises est éliminée. Est considérée comme perdante, la bête qui fuit face à une rivale.
La journée d’un combat de reines commence par les éliminatoires. Les bêtes inscrites dans chaque catégorie sont réparties en plusieurs groupes comprenant entre 12 et 20 bêtes (en fonction du nombre de bêtes inscrites). Les meilleures de chaque groupe sont qualifiées pour la finale qui a lieu en principe l’après-midi.
Les bêtes qui combattent en finale sont éliminées au fur et à mesure, jusqu’à ce qu’il ne reste que six bêtes dans l’arène. A ce moment-là, chaque bête lutte contre chacune de ses rivales. Le jury établit un classement pour ces six bêtes. Celle qui a gagné face à chacune de ses rivales est sacrée reine de sa catégorie.
Dans l’arène, seules des personnes autorisées sont admises. Il s’agit des rabatteurs. Leur rôle consiste à faire en sorte que les combats se déroulent de manière loyale. Par leurs interventions, ils évitent qu’une troisième intervenante dérange le combat de deux lutteuses. Ils mettent également face à face les bêtes qui n’ont pas eu l’occasion de s’affronter.

Plusieurs combats éliminatoires ont lieu tout au long de l’année. Les six premières de chaque catégorie sont qualifiées pour la grande finale, appelée finale cantonale, qui a lieu au mois de mai à Aproz, près de Sion. Pour la finale, le même processus que lors des combats éliminatoires reprend. A la fin de la journée, les reines des catégories 1, 2, 3 et 4 sont remises dans l’arène pour la finale des finales. La bête qui a vaincu toutes ses rivales est sacrée reine cantonale. Les combats qui ont lieu en été ne donnent pas la possibilité de se qualifier pour la finale cantonale.
La dizaine de combats qui se déroulent tout au long de l’année en Valais attirent des foules considérables. On peut estimer à près de 50’000 le total des spectateurs qui assistent à ces joutes toutes pacifiques dont une dizaine de milliers pour la finale cantonale. L’engouement pour ces combats est tel qu’un journal mensuel a été créé pour les relater, « Gazette des reines » ainsi qu’une émission hebdomadaire sur la radio locale valaisanne, Rhône FM.