Etudes en sciences naturelles et refus de la vivisection

Ce qu’on comprend dans l’explication de Walter Bond sur son expérience d’ouvrier, c’est que finalement tout est rapport de force et que la demi-mesure amène la défaite.

En cette rentrée qui est aussi étudiante, voici justement un article de la Nouvelle république, un quotidien basé à Tours. Cet article date de début août mais il parlera justement à toutes les personnes concernées par les études dans le domaine des sciences naturelles.

Il s’agit d’une personne étudiant en IUT, mais refusant de disséquer un animal. Seulement voilà, cette personne n’a pas eu une attitude claire et combattive, elle a essayé de louvoyer avec l’administration, du genre on lui met zéro ce n’est pas grave, ou bien essayer de disséquer un rat pour finalement ne pas pouvoir, etc.

Or, dans un pays comme la France où l’idéologie de la vivisection est totalement intégrée aux institutions, une telle stratégie ne pouvait amener qu’à se faire broyer par l’administration.

Cela souligne à quel point on a besoin de structures activistes, capables de mener des mini campagnes rapidement montées, passant le mot et mobilisant, ne serait-ce qu’un minimum.

Quand une injustice est faite, il est possible de mobiliser, même des gens non vegans, c’est même le point de départ d’une intervention sociale qui justement change les choses.

Voici l’article en question :

Elle refuse de disséquer les rats, l’IUT la sanctionne

Axelle L., étudiante en génie de l’environnement à Tours, n’a jamais pu disséquer un animal. L’IUT l’a mal pris. La justice s’en mêle.

C’est injuste, j’ai adoré tout ce que j’ai fait cette année à l’IUT et j’étais très motivée pour continuer dans les métiers de l’environnement. Aujourd’hui je n’ai aucune perspective et je ne sais pas comment rebondir, je ne peux même pas redoubler. »

Après un bac S et une licence en SVT (géologie), Axelle L., originaire de Saint-Nazaire, entre en génie de l’environnement à l’IUT de Tours. Le programme lui plaît mais un détail attire son attention : la dissection d’animaux. Dans l’année, son programme prévoit trois TP de quatre heures. Elle informe ses professeurs, par écrit, qu’elle ne touchera pas aux animaux, pour des raisons éthiques et morales.

Pour des raisons physiologiques aussi. Elle répugne à triturer la moindre blatte. En revanche, elle accepte tout à fait l’idée de s’informer à travers des CD-Roms, vidéos… Le chef du département lui aurait alors proposé d’assister seulement aux séances et de lui mettre zéro en travaux pratiques. Une proposition équitable, selon Axelle L., bien décidée à se rattraper sur les autres matières.

Victime d’une crise d’angoisse réactionnelle

Hélas ! les choses se compliquent avec son professeur de biologie qui n’accepte pas la posture de l’étudiante et lui demande de quitter son cours. Déstabilisée mais bien décidée à poursuivre son cursus, Axelle L. accepte de rencontrer, seule, la directrice de l’IUT et deux responsables de son département.

« Ils ont tout tenté pour me convaincre de procéder à des dissections sans vraiment m’écouter. J’ai donc essayé sur un rat blanc qu’ils avaient emmené avec eux. Mais c’était impossible. »

Des certificats médicaux sont avancés. « La requérante a été victime d’une crise d’angoisse réactionnelle à une situation émotionnelle, il y a une heure environ, ce qui impose un repos à son domicile » constate un médecin tourangeau vu juste après la séance.

Rien n’y fait. L’administration est intransigeante. Elle déclare l’étudiante « défaillante » au premier semestre malgré une moyenne de 10,07 et « ajournée » au second malgré une moyenne à 11, ce qui équivaut à ne pas valider l’année, sans l’autoriser à redoubler.

Choquée par ce qu’elle considère être une grave injustice, sa mère prend une avocate tandis que la Fondation Brigitte Bardot écrit à la ministre Valérie Pecresse pour dénoncer des méthodes « archaïques ».

« Pour qu’une élève soit déclarée défaillante » explique son avocate parisienne, Caroline Lanty « il faut des absences inexpliquées ou qu’elle refuse de rendre des travaux. Axelle ne se trouve ni dans un cas, ni dans l’autre. Au contraire, c’est une élève enthousiaste qui adorait ses cours. »

Un référé en suspension a donc été introduit auprès du tribunal administratif d’Orléans qui a rejeté la demande. La plaignante s’est alors pourvue devant le Conseil d’État en espérant qu’une décision sera vite prise. Et qu’elle pourra, enfin, reprendre le cours de ses études.

Contactés par téléphone, les responsables de l’Université François Rabelais qui sont actuellement en vacances n’ont pas donné suite à nos appels.

réaction

70.000 animaux sacrifiés

La Fondation Brigitte Bardot prend fait et cause pour Axelle L.. Après avoir rappelé que « 70.000 animaux étaient sacrifiés dans l’enseignement, avec une augmentation de 108 % en cinq ans », la Fondation milite pour une reconnaissance au « droit à l’objection de conscience qui ne pénaliserait plus les étudiants ».

« Il existe des logiciels de simulation, des documents vidéo, des programmes de formation qui reposent sur l’utilisation d’un animal artificiel comme le rat en PVC qui permet aux scientifiques de s’entraîner à 25 techniques opératoires » poursuit l’ex-comédienne.

Et de citer des pays comme l’Italie ou les Pays-Bas où existe le droit à l’objection de conscience. « Cette étudiante n’a pas refusé de participer aux travaux pratiques mais a simplement demandé à recourir à des méthodes alternatives. Je trouve cela absolument scandaleux et totalement imbécile car on refuse de donner la possibilité aux étudiants d’être formés à de nouvelles techniques et on s’acharne à leur enseigner des méthodes archaïques, cruelles et totalement inutiles. »

Le fait de refuser la dissection, mais d’avoir tout de même essayer pour trouver un terrain d’entente avec l’administration, est ici la clef de voûte du problème stratégique.

Face à l’administration et à l’idéologie de la vivisection, seul le rapport de force collectif peut permettre de gagner quelque chose sur le plan individuel. Au lieu de discuter avec l’administration, il aurait fallu :

-contacter toutes les associations mettant en avant la « cause animale » au sens large;

-contacter les syndicats étudiants locaux et nationaux et les associations progressistes de la région;

-monter un groupe d’information et d’agitation.

Au lieu de cela, on a la Fondation Brigitte Bardot et une pétition qui n’est qu’une posture de plus. La ligne de la protection animale est non seulement inefficace, mais elle est surtout anti-démocratique, car elle prétend mener un travail de « spécialiste » comme là avec l’avocat.

Alors qu’il est évident qu’une campagne activiste aurait arraché la victoire à l’administration… et que de telles campagnes on en a besoin et elles feraient boule de neige!