2011 année internationale des forêts pour l’ONU

L’ONU a lancé hier sa campagne « 2011 année internationale des forêts. » Il est évident que la question des forêts, victimes d’une agression sans frein totalement folle, est une d’une importance cruciale dans les 20, 30 prochaines années. L’ONU ne peut que souligner cela, même si évidemment elle n’a pas les moyens ni matériels ni culturels de réellement se battre pour les forêts.

Le problème central est bien évidemment que l’ONU ne considère les forêts qu’à partir d’un seul angle: celui de l’utilité pour les humains. Le thème central: « les forêts au service des populations. » Gaïa reste incomprise, et donc les forêts également; l’humanité reste considérée comme étant à part, au-dessus de Gaïa.

Pour comprendre le point de vue de l’ONU, plusieurs documents sont disponibles:

Et nous reproduisons ici quelques déclarations faites. Elles sont en effet plus vaines qu’autres choses, en particulier celle de Yann Arthus-Bertrand qui vante le fait que 20 « posters » de forêts seront téléchargeables par internet… Ou encore celle d’un écolier de 13 ans, mis en avant de manière démagogique, et où les singes sont présentés de manière totalement ridicule et honteuse.

Longues et fastidieuses, ces déclarations sont très parlantes: la nature est aux mains d’administrateurs sans esprit, sans sensibilité, incapable de parler autrement que de manière « technocratique » et de voir les choses autrement que de manière administrative.

M. JOSEPH DEISS, Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale de l’ONU, a observé que « les forêts occupent une place importante dans notre existence et pour notre survie et subsistance ».  « Nous dépendons de la forêt autant que la forêt dépend de nous », a-t-il dit.  Nous y trouvons les racines de nos traditions et de nos cultures, ainsi qu’abri, nourriture, énergie et bien d’autres services écologiques, a dit M. Deiss.  Il a aussi rappelé que des centaines de millions de personnes, vivant pour la plupart dans des pays en développement, dépendent de la forêt pour leur survie quotidienne.  Mais, chaque minute, ce sont environ 25 hectares de forêts qui disparaissent, car ils sont convertis à d’autres usages, a déploré M. Deiss.  Dénonçant l’exploitation excessive des forêts et la mauvaise gestion des ressources forestières, qui entravent la lutte contre la pauvreté et contre les changements climatiques, il a souligné, à l’instar de l’Assemblée générale en 2006, le besoin de promouvoir une gestion durable des forêts.  L’objectif de l’Année internationale des forêts est de braquer les projecteurs sur cette gestion durable, et sur la conservation et le développement de tous les types de forêts au service des générations présentes et futures, a expliqué M. Deiss.

« Éradiquons la pauvreté, mais surtout pas les forêts! », a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  Il a souligné que cette Année des forêts succédait fort à propos à l’Année internationale de la biodiversité, célébrée en 2010, qui s’est conclue sur un succès avec l’adoption, à Nagoya, d’un nouveau plan stratégique pour la conservation de la biodiversité.  En outre, il a mentionné la Réunion de haut niveau à l’Assemblée générale qui se tiendra en septembre prochain sur le thème de la désertification, de la dégradation des sols et de la sécheresse dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté.  Ce sont des défis qui requièrent une coordination internationale des politiques et des actions à mener, a-t-il observé.  M. Deiss a souhaité que l’Année internationale des forêts renforce la prise de conscience de l’imbrication étroite des problèmes de la perte de la biodiversité, des changements climatiques et de la désertification.  Il faut aussi que cette Année engendre des activités qui conduisent à une meilleure gestion des différents défis et qui contribuent à la réussite de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui se tiendra l’an prochain à Rio de Janeiro, a souligné Joseph Deiss.

Avec cette cérémonie officielle de lancement de l’Année internationale des forêts, qui a pour thème « des forêts pour les populations », nous inaugurons tout un programme d’évènements consacrés aux différents défis qui touchent les forêts, a relevé le Président de l’Assemblée.  M. Deiss a ensuite accueilli les personnalités du monde politique, de la société civile et des milieux académiques présentes à cette cérémonie, saluant leur engagement sans faille en faveur des forêts et de la gestion durable des ressources forestières.  Il a remercié en particulier le professeur Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la paix en 2004 pour sa contribution remarquable à la cause des forêts.  Concluant son intervention, M. Deiss a appelé chaque État Membre à faire en sorte que l’action lancée s’inscrive dans la durée.

S’adressant aux délégations par vidéoconférence, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que l’Assemblée générale, en lançant l’Année internationale des forêts, 2011, a créé une plate-forme importante pour éduquer les populations du monde sur les grandes valeurs des forêts et sur les substantiels coûts économiques et sociaux qu’entraîne leur perte.  Le Secrétaire général a rappelé que les forêts, qui abritent 80% de la biodiversité terrestre, stockent également un milliard de tonnes de carbone qui autrement serait laissé libre dans l’atmosphère.  Il a précisé que les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation semblent être plus importantes que celles liées aux transports routiers.  Il a estimé que la décision d’aller de l’avant grâce à l’application du programme « REDD-Plus » fournira des résultats tangibles au 1,6 milliard de personnes dont les vies dépendent directement ou indirectement de l’exploitation des ressources qu’offrent les forêts.  Alors que nous nous tournons vers la Conférence de Rio+20, qui aura lieu en 2012, a-t-il dit, nous avons l’occasion de nous pencher sur les potentiels qu’ont les forêts en faveur de la promotion du développement durable, de la durabilité économique, de la lutte contre la pauvreté et d’une prospérité pour tous, a souligné Ban Ki-moon.

M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui aura lieu en 2012 à Rio de Janeiro au Brésil (Conférence Rio+20), a espéré que l’Année internationale des forêts contribuerait aux efforts menés pour atteindre l’objectif de gestion durable des forêts à travers le monde.  Rappelant que le thème de cette Année est « les forêts au service des populations », il a souligné combien la détérioration des forêts et le déboisement présentent des dangers pour les personnes et les populations, tels que la diminution des ressources en eaux et celles des superficies de terres arables.  Les forêts sont en outre des puits de carbone, ce que le public commence à réaliser, a relevé M. Sha.  Les forêts offrent des emplois et des moyens de subsistance aux pauvres, et ce sont souvent des « emplois verts », a-t-il aussi observé.  M. Sha Zukang a également rappelé que les forêts fournissent du bois d’œuvre, du bois de chauffe et de nombreux autres produits, notamment pour la fabrication de médicaments.  En outre, a-t-il ajouté, n’oublions pas la valeur spirituelle et culturelle des forêts, qui sont liées à de nombreuses traditions.

En ce qui concerne le financement de la gestion durable des forêts, il faut s’assurer que les milliards de dollars promis soient bien déboursés et convenablement utilisés, a-t-il préconisé.  Il a engagé les gouvernements à organiser des événements et des activités qui impliqueront la société civile, les jeunes et les universités au cours de la célébration de cette Année internationale.  Il a aussi appelé la communauté internationale à se mobiliser pour préparer la Conférence Rio+20, rappelant les deux thèmes principaux que sont l’économie verte dans le cadre de l’élimination de la pauvreté et de la promotion du développement durable; et la définition du cadre institutionnel pour la promotion du développement durable.  « En ma qualité de Secrétaire général de la Conférence Rio+20, je vous invite à collaborer pour qu’elle serve à faire progresser la gestion durable des forêts », a déclaré M. Sha Zukang.

M. TOM ROSSER, Vice-Ministre adjoint chargé du Service canadien des forêts au sein de Ressources naturelles Canada, a expliqué que le Canada a participé à l’initiative de rétablissement des paysages forestiers lancée par le Rwanda.  En 1992, le Canada a lancé le concept des « forêts modèles » et, depuis lors, nous sommes passés de quelques sites protégés au Canada à un véritable réseau de forêts modèles créé dans de nombreux pays, a-t-il indiqué.  Il a expliqué que le Canada voulait travailler avec le Gouvernement rwandais, le Forum des Nations Unies sur les forêts et l’Union internationale pour la conservation de la nature afin de promouvoir l’approche des forêts modèles au Rwanda.  Nous espérons accompagner le Rwanda tout au long de l’élaboration et de la mise sur pied de sa première forêt modèle, a dit M. Rosser.  Nous sommes heureux de travailler avec nos partenaires et la communauté internationale pour élever les normes de protection des forêts et contribuer à l’avancement social et économique des habitants de ces écosystèmes, a-t-il expliqué.  Il a espéré que l’initiative de la promotion de forêts modèles africaines permettra de mettre au point un véritable réseau de « forêts panafricaines » et renforcera la collaboration entre États et autres organisations en Afrique et ailleurs.  Le Gouvernement du Canada apportera aussi son appui à un partenariat sur les forêts dans le bassin du Congo, région qui offre un grand potentiel de génération de recettes tirées des produits forestiers, à condition que les bonnes politiques soient en place, a annoncé M. Rosser.  Il a expliqué comment, depuis 1992, le Canada s’est engagé à partager ses connaissances sur les forêts avec d’autres pays, notamment par le biais de projets et de partenariats en Afrique.  Nous ne devons pas oublier nos responsabilités vis-à-vis de nos enfants et des générations futures, a-t-il dit en concluant son intervention.

Mme WANGARI MAATHAI, lauréate du prix Nobel de la paix 2004 pour sa contribution au développement durable et à la paix, a mis l’accent sur les risques de conflits liés à l’insuffisance de bonne gouvernance et à l’absence de mesures qui permettraient une répartition équitable des ressources naturelles, comme les produits tirés de l’exploitation des forêts et de l’eau.  Wangari Maathai a dit que les gouvernements et les communautés savent parfaitement qu’il est impossible d’améliorer la qualité de vie des personnes et des groupes humains sans assurer une gestion durable des ressources naturelles.  Elle a regretté qu’il soit si difficile de mobiliser et de galvaniser les volontés des gouvernements pour lancer des programmes pertinents et indispensables en matière de gestion des forêts.  Mme Maathai a estimé qu’il était fondamentalement injuste que beaucoup de communautés qui vivent dans les forêts soient pauvres alors que ces forêts regorgent de richesses qui sont exploitées au bénéfice d’acteurs extérieurs.  Pourquoi nos dirigeants sont-ils tellement lents à adopter des mesures qui permettraient pourtant de résoudre des inégalités criardes? a demandé Wangari Maathai?  Elle a salué les pays qui ont mis en place le Fonds des forêts du bassin du Congo et a remercié à cet égard le Président de la République du Congo, M. Sassou Nguesso, d’avoir accepté que son pays accueille une conférence qui examinera la situation des forêts dans les trois bassins fluviaux du Congo, du 31 mai au 3 juin 2011.  Se basant sur l’expérience de son organisation, « Green Belt », qui a planté 30 millions d’arbres en Afrique depuis 1977, Wangari Maathai a estimé qu’il était virtuellement impossible d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sans d’abord réaliser l’OMD nº7, consacré à la promotion du développement durable.  Nous devons cesser de sous-évaluer ou minimiser les services que nous rendent les forêts, a-t-elle dit en jugeant essentiel de considérer les valeurs des écosystème forestiers et de trouver les moyens financiers nécessaires à leur gestion durable.

Mme JAN McALPINE, Directrice du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a insisté sur la reconnaissance et la prise en compte du lien qui existe entre les forêts et l’histoire de la vie sur Terre.  L’Année internationale des forêts est une première historique, a-t-elle aussi souligné, car jamais auparavant les forêts n’ont occupé une place aussi visible dans l’activité mondiale.  « Le bien-être physique, économique et spirituel de chacun d’entre nous est lié à la santé du système forestier », a souligné Mme McAlpine.  En 2011, nous allons célébrer le rôle que jouent les forêts dans nos vies et dans le développement durable.  Nous sommes conscients des multiples fonctions que remplissent les forêts, a poursuivi Jan McAlpine, tout en soulignant que les forêts ont plus de signification que leur seule valeur économique.  Elle a parlé de leur valeur écologique, représentée non seulement par la biodiversité des forêts mais aussi par leur impact sur le climat, la fertilité des sols, l’eau et les pluies, ainsi que sur leur capacité à ralentir l’érosion des sols.  Ce qui nous manque le plus, c’est une perspective transversale sur la question des forêts, qui permettrait de mieux appréhender les relations diverses qui existent entre les forêts et les personnes; et les forêts et la préservation de la vie, a souligné Mme McAlpine.  Elle a aussi noté que plus d’un quart des médicaments fabriqués aujourd’hui à travers le monde proviennent des plantes des forêts tropicales.  Mme McAlpine a ensuite félicité le Président du Rwanda d’avoir pris une initiative historique pour intégrer les forêts dans l’économie du pays.   Enfin, elle a invité la communauté internationale à faire en sorte que cette Année internationale des forêts soit une occasion historique d’assurer que les générations futures pourront bénéficier des fruits de la forêt, grâce à la prise de conscience d’aujourd’hui.

M. YANN ARTHUS-BERTRAND, Photographe, cinéaste et environnementaliste, a présenté aux délégations les efforts qu’il déploie pour sensibiliser le grand public sur les problèmes de gestion durable des forêts, ceci, par le biais de ses photos et documentaires.  Il a indiqué que sa fondation, « Good planete » préparait quatre événements importants dans le cadre de la célébration de l’Année internationale des forêts 2011, en collaboration avec la fondation Yves Rocher et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).  M. Yann Arthus-Bertrand a précisé que, pour la première fois, toutes les écoles du monde pourront télécharger gratuitement 20 posters sur les forêts mis en ligne sur Internet.

Mme MONIQUE BARBUT, Présidente du Fond pour l’environnement mondial (FEM), a rappelé que la contribution du FEM à l’Année internationale de la biodiversité a eu comme résultat de mieux faire connaître l’importance et la valeur qu’a la biodiversité pour la sauvegarde de l’humanité.  Elle a précisé que les décisions clefs prises à Nagoya (Japon) permettront de créer les conditions nécessaires pour changer la donne en ce qui concerne la préservation de la biodiversité dans les 10 prochaines années.  En tant que mécanisme financier des trois Conventions de Rio, le FEM occupe une place unique en matière de mobilisation des financements, a-t-elle dit en précisant que le FEM rendait compte aux États parties à ces Convention de l’utilisation des fonds mobilisés dans les pays développement.  Elle a indiqué que le FEM fournissait un tiers de tous les financements multilatéraux dans le domaine de la gestion et de la sauvegarde des forêts et que sa contribution annuelle à ces tâches se chiffrait à 2 milliards de dollars.  Le FEM reste la première source de dons aux pays en développement pour la conservation et la gestion durable des forêts, a souligné Mme Barbut.

Elle a dit indiqué que le programme REDD-Plus représentait à ce jour la meilleure opportunité qui s’offre afin de générer de nouvelles ressources financières en faveur des forêts.  Elle a précisé que 5 milliards de dollars de contribution ont été annoncés dans le cadre de REDD-Plus, dont les deux tiers devraient être mobilisés sous forme de contributions bilatérales sur la période 2010-2012.  Mme Barbut a présenté aux délégations des projets dont la mise en œuvre s’appuiera sur l’utilisation de solides cadres de surveillance et d’évaluation, dans le souci de générer des effets positifs sur la conservation de la biodiversité et la gestion durable des sols.  Elle a précisé que le FEM soutenait les trois étapes de l’application du programme REDD-Plus: à savoir, la préparation, l’exécution et la mise en application de programmes basés sur la recherche d’un maximum de performance.  Par ailleurs, elle a noté que les deux tiers des montants de l’APD consacrés aux forêts ont été dirigés vers seulement 10 pays.  Quinze bailleurs de fonds sont présents en Indonésie, 14 au Brésil, et 13 au Viet Nam, mais nous n’en voyons aucun dans 25 petits États insulaires en développement (PEID), a-t-elle dit en soulignant la volonté du FEM de corriger ces disparités.

M. STEWART MAGINNIS, de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN), a salué l’initiative visant à assurer le rétablissement des paysages forestiers au Rwanda, qui vise aussi à préserver les forêts du pays.  Il a expliqué que le Gouvernement rwandais avait maintenant besoin de la compétence d’experts et d’assistance en matière de gouvernance locale, afin de traduire les politiques décidées en actions concrètes et rapides.  L’UICN apporte ainsi des connaissances d’experts et un appui à ce projet, a-t-il souligné.  Il a aussi indiqué que tous les acteurs présents dans le pays doivent participer au processus mis en place, ceci afin d’éviter les conflits et les doubles emplois.  M. Maginnis a ajouté que l’UICN travaille en coopération avec des organisations, comme le Réseau des forêts modèles, en vue de mettre en place des activités de restauration des forêts et des projets pilotes dans ce domaine.  D’après nos recherches, a-t-il indiqué, 1,5 milliard d’hectares de paysages forestiers, qui sont perdus ou dégradés à travers le monde, pourraient être restaurés.  Ces efforts sont importants pour lutter contre la pauvreté, la faim et les changements climatiques, a ajouté M. Maginnis.

FELIX FINKBEINER, écolier allemand d’à peine 13 ans et représentant de groupes d’étudiants et d’amis de la forêt, a dit qu’il était possible d’atteindre l’objectif de planter 1 000 milliards d’arbres à travers le monde, ce qui en fait ne représente que 150 arbres par habitant de la planète.  Il a rappelé que plus de 100 000 écoliers dans 91 pays ont planté plusieurs millions d’arbres dans le cadre de « l’Initiative des enfants – planter-pour-la-planète ».  Il a estimé qu’une des raisons des difficultés qu’ont les adultes à répondre à leurs obligations en matière de gestion des forêts est « qu’ils ressemblent à des singes dans leur manière de consommer, c’est à dire qu’ils préfèrent avoir une banane tout de suite plutôt que d’en avoir six dans l’avenir ».  Rappelant que les forêts représentent aussi l’avenir des enfants du monde, Felix Finkbeiner a exhorté les délégations à « arrêter de faire de grands discours et à commencer à planter des arbres dans l’intérêt de toute l’humanité ».