La pollution nucléaire massive de la mer et Fukushima

On savait déjà que l’océan subissait de graves attaques avec les usines de retraitement des déchets de La Hague (France) et de Sellafield (Royaume-Uni), à l’origine d’une contamination radioactive dans une large zone.

On connaissait également, dans la région de Mourmansk en Russie, un grand dépotoir de bateaux soviétiques, au nombre de 71, avec propulseurs et résidus de combustible nucléaire, 30 fois ce qu’il y avait à Tchernobyl. On y trouve 21 067 m3 de déchets radioactifs solides, 7 523 m3 de déchets radioactifs liquides, 29 095 éléments combustibles usés.

On trouve également des sous-marins dans l’océan pacifique, ainsi que vingt réacteurs de sous-marins nucléaires et le réacteur de brise-glace qui auraient été immergés depuis 1965 dans l’océan Arctique. L’association Bellona s’occupe de cette question russe, avec également une actualité sur ce qui se passe au Japon.

A cela s’ajoute les essais nucléaires et les déchets radioactifs placés dans des fûts métalliques (avec une « robe » de béton ou de bitume) et littéralement balancés au fond des mers.

Il existe au moins 50 sites dans le monde où des déchets nucléaires sont jetés au fond de la mer, la première ayant eu lieu en 1946, à 80 km des côtes californiennes, et la dernière (tout au moins de manière officielle) dans l’Atlantique, en 1982.

L’arrêt de ces immersions a été motivé par… la volonté de ne pas nuire aux « ressources marines » ! On reconnaît bien là l’esprit de l’exploitation animale et du mépris de Gaïa.

D’ailleurs, quand on pense à la pollution nucléaire de l’océan, il faut avoir en tête le rejet d’effluents liquides faiblement radioactifs en provenance des centrales nucléaires, des installations de retraitement, de l’industrie, des hôpitaux, des centres de recherche, des installations d’armements nucléaires… (Les centrales nucléaires utilisant de l’eau de mer ont des filtres mais leur aspiration de l’eau de mer tue tout de même des centaines de milliers d’êtres chaque année).

Pensons aussi aux accidents de navires fonctionnant au nucléaire ou en transportant, d’avions transportant des armes nucléaires, des générateurs isotopiques produisant de l’électricité pour les aides à la navigation…

Au moins quatre sous-marins à propulsion nucléaire sont perdus dans l’océan ! Ainsi qu’au moins trois engins spatiaux à propulsion nucléaire!

N’oublions pas les satellites rentrant dans l’atmosphère alors qu’ils contiennent des matières radioactives, ou encore les stations météorologiques automatiques…

Mais aussi, et c’est d’importance, les sources radioactives scellées employées pour les études, la construction, la prospection et l’extraction du pétrole et du gaz…

Ce qui se passe au Japon ajoute à ces contaminations massives de l’océan.

Nous l’avons dit et nous le répétons : aucun média ne parle de cette contamination.

Les animaux et les végétaux de l’océan sont passés par pertes et profits. Difficile de dresser un petit panorama des conséquences. Essayer, car il y a à ce sujet très peu de documents, quasiment pas d’informations, et en fait même pratiquement pas d’études.

Quand il y en a, elles sont de toutes manières liées à l’exploitation (soit de la part de l’industrie nucléaire, soit de la pêche, les deux rentrant parfois en conflit, comme les pêcheurs norvégiens avec l’usine britannique de Sellafield).

Ainsi, la question commerciale actuelle est que le Japon pêche 4,5 millions de tonnes de poissons et que des questions se posent pour la sécurité des importations de ces animaux tués. En gros, les consommateurs paniquent pour « leurs » sushis !

Du côté pro-nucléaire, on se veut rassurant, bien entendu : on peut continuer à exploiter et tuer. Voici maintenant un exemple, typique de la mentalité dominante. Il s’agit de la réponse faite par François Bochud, physicien, directeur de l’Institut de radiophysique du CHUV de Lausanne en Suisse.

– Faut-il arrêter de consommer des produits importés du Japon?
– Non, il n’y a aucune raison d’arrêter de consommer ces produits. Au Japon, les courants partent en direction de l’est, entraînant avec eux le nuage radioactif. Exception faite de la zone immédiate de la centrale de Fukushima, il n’y a pas eu de dépôt radioactif sur le sol japonais.

– Quid des poissons?
– Je ne me fais aucun souci pour les poissons! L’eau est mille fois plus dense que l’air: on est donc bien mieux protégé sous l’eau qu’à l’air libre. Les particules radioactives sont extrêmement diluées. De toute façon, des contrôles vont avoir lieu, en Suisse comme ailleurs. Nous collaborons déjà avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Pourtant, cela est bien entendu faux. Voici un schéma montrant comment les poissons sont irradiés ou contaminés.

Voici maintenant deux schémas montrant comment la contamination se développe dans l’écosystème.

 

Voici maintenant un exposé succinct mais exemplaire par ce que constate l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest en 2008 :

Le transfert de la substance radioactive en milieu aquatique pourrait en effet avoir de lourdes retombées sur l’ensemble de l’écosystème, estiment les scientifiques. S’intéressant au phénomène de la « bio accumulation », ils ont démontré que l’incorporation du tritium à la matière organique lui permettait de s’introduire à chacune des étapes de la chaîne alimentaire. Il pénètre ainsi dans l’organisme des cétacés, des mollusques et des poissons.

Plus préoccupant, ce processus de transmission s’intensifie lors de l’assimilation du tritium par les molécules organiques. Une enquête menée par l’ACRO dans la baie de Cardiff, située au Sud du Pays de Galles, a révélé que les teneurs en tritium prélevées sur les poissons plats étaient 1 000 à 10 000 fois supérieures à celles contenues dans l’eau de mer du même site !

En fait, les pro-nucléaires partent du principe suivant : la mer est vaste et les sels marins contiennent du potassium et du calcium.

Or, le cesium 137 ressemble au potassium (assimilé par les muscles) et le strontium 90 au calcium (assimilé par les os). Donc, en raison de la richesse des sels marins, il y a moins de risques d’intégration de ces éléments, et de plus le tout sera dispersé rapidement.

En clair, on part du principe que la mer est un dépotoir, et les effets sur les êtres marins, très différents des humains, ne présentent pas d’intérêt en soi. Faire des études n’a pas d’intérêt en soi pour des animaux n’ayant pas d’intérêt en soi, sans compter qu’il faut des moyens et des investissements (il est en effet difficile d’analyser la présence de contamination nucléaire dans l’océan, il faut par exemple dix tonnes d’eau et deux semaines d’analyses pour étudier la présence de neptunium 237).

Tout cela fait que l’humanité, préoccupée par totalement autre chose que sa propre planète, ne se soucie en rien de l’océan, qu’elle ne respecte pas, dans une vision dénaturée totalement suicidaire, comme en témoignent les événements actuels.