Fukushima: une situation toujours hors contrôle

Après avoir donc d’un côté pratiqué le black out et de l’autre expliqué que la situation s’améliorait notamment avec la réinstallation de l’électricité à la centrale de Fukushima, les médias sont coincés, car on peut malheureusement facilement constater que la situation s’est aggravée.

Déjà, l’électricité ce n’est pas pour tout de suite. Cela devait être opérationnel en début de semaine, et en fait il y en a de nouveau pour plusieurs jours d’attente de nouvelles pièces. En attendant donc, les ingénieurs fonctionnent… à la lampe de poche.

Entre les lampes de poche et les hélicoptères jetant de l’eau à l’arrache, sans parler de l’utilisation de l’eau de mer, on voit bien que les autorités japonaises sont totalement débordées.

D’ailleurs, hier il n’y a pas eu d’actions de refroidissement, en raison d’une fumée noire s’échappant de la centrale. Une fumée noire elle aussi « mystérieuse » (on pense à… la graisse des mécaniques!) qui a amené l’évacuation du personnel des blocs 1 à 4. Les températures montent d’ailleurs dans les réacteurs 1 et 3, en plus du 2 !

On a également appris que n’avaient pas été contrôlé 33 éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi, les données ayant été faussées comme une valve de contrôle de température de réacteur pas inspectée pendant… onze années !

En 2002 déjà, 17 réacteurs nucléaires à eau bouillante (BWR) (dont les centrales de Fukushima) avaient dû être stoppés suite à une inspection en raison d’une magouille sur les rapports de la société Tepco.

Ce qui n’empêche pas que là, Tepco va recevoir 17,4 milliards d’euros pour gérer les réparations de ses centrales endommagées et fermer Fukushima.

Fermer Fukushima, cela nécessitera dans le meilleur des cas plusieurs semaines, s’étalant dans un processus allant jusqu’à deux ans. Le démantèlement demandera lui dix ans, voire plus. Le projet consistera certainement en la construction, très difficile, d’un vaste sarcophage.

Ici il faut se souvenir de Tchernobyl, et savoir qu’est en construction une « arche » de 110 mètres de haut, 150 mètres de large et pour 270 mètres de long.

Elle est en train d’être construite à l’écart, en raison des radiations, et sera amenée par rail. D’un coût de 840 millions d’euros, elle devait être terminée l’année prochaine, mais en fait il y a beaucoup de retard. Voici une photo du sarcophage actuel.

Drôle de cadeau aux générations futures, que ces deux pyramides en version moderne et cauchemardesque !

En attendant, les radiations se diffusent. On sait déjà que rien qu’entre le 12 et le 14 mars, les radiations diffusées ont été le cinquième de celles de Tchernobyl.

L’eau de Tokyo – Tokyo est situé à 250 kilomètres de Fukushima – est contaminé. Elle est déconseillée pour les bébés (la concentration d’iode est de 210 becquerels, la limite japonaise pour les bébés est de 100 becquerels pour les bébés).

Bien entendu, on ne parle jamais des doses concernant les animaux. Mais il est évident que les petits animaux vont payer un prix terrible.

En fait, on n’entendra jamais parler réellement des doses. Voici ce que constate hier la CRII-RAD. On peut lire le communiqué complet ici.

La réponse nous parvenait le lendemain en milieu de journée : aucune donnée ne nous sera communiquée.

Le réseau international de mesure obéit à des règles de confidentialité définies strictement par les Etats membres du traité d’Interdiction Complète des Essais. « Les données sont donc uniquement transmises à des points de contact nationaux nommés par les Etats qui en font une analyse dans l’objectif du Traité, à savoir détecter tout essai nucléaire qui aurait été mené en contradiction avec l’engagement des États ayant ratifié le TICE. ».

Pour la France, il s’agit du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), organisme en charge du développement des activités nucléaires militaires et civiles.

La réponse indiquait en outre que « Suite à l’accident de Fukushima, à la demande des États signataires du TICE, les données sur l’activité des radionucléides sont transmises à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les équipes de ces deux organisations en charge des aspects sûreté et radioprotection peuvent ainsi les utiliser en complément de l’ensemble des données fournies par les États, pour établir les évaluations nécessaires à la protection des personnes susceptibles d’être concernées par les retombées de l’accident. ».

Or, ni l’AIEA, ni l’OMS n’ont rendu publics ces résultats. Il faut dire que l’AIEA a en charge la promotion des activités nucléaires civiles (voir statuts)5 et que l’OMS qui est normalement en charge de la santé publique a signé avec l’AIEA, dès 1959, un accord qui dispose que les deux agences « agiront en coopération étroite et se consulteront régulièrement ».

BILAN : depuis plus de 10 jours, la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI rejette des produits radioactifs dans l’atmosphère : ces rejets ne sont ni maîtrisés ni quantifiés.

Dans le même temps des stations de mesures réparties sur l’ensemble de notre planète enregistrent les niveaux de radioactivité de l’air et suivent pas à pas l’évolution de la radioactivité dans l’espace et dans le temps… mais veillent jalousement à ce que ces données restent secrètes.

Voilà la sinistre réalité. Finissons sur une note positive, en tout cas pleine d’espoir dans une prise de conscience de ce que le futur pourrait être si l’on reconnaissait Gaïa. Un marsouin a été retrouvé au milieu d’une rizière près de Sendaï ; sans doute le tsunami l’avait-il emporté jusque-là.

Il a été sauvé et remis dans l’océan. Un acte qui devrait être normal, valorisé, et qui devrait aller avec une rage de voir l’océan nucléarisé.

Gaïa pourrait être un paradis, mais nous sommes en train d’en faire un enfer!