Nouveau dépôt de plainte et lettre ouverte relatifs aux blessures des militants par les forces de l’ordre

Depuis les événements de Fukushima, l’État français a affirmé que dans notre pays les centrales étaient plus « sûres », et a lancé un « audit » des centrales nucléaires françaises, dont on devine aisément quel sera le résultat !

D’ailleurs il y a deux jours (soit le 23 mars 2010), au cours d’une réunion des agences de sécurité nucléaire européennes à Helsinki en Finlande, André-Claude Lacoste qui est le Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a déclaré :

« Il n’y a aucune raison de fermer quelque centrale que ce soit en France. »

On reconnaît bien là l’esprit de l’industrie du nucléaire, qui alterne propagande et répression. Voici justement pour illustrer cela une lettre ouverte datant du mois dernier, et qui montre parfaitement que l’industrie du nucléaire n’existe en France que par la violence et le mensonge.

Nouveau dépôt de plainte et lettre ouverte relatifs aux blessures des militants par les forces de l’ordre

Lettre ouverte d’un militant du Groupe d’Action Non-Violentes Antinucléaires (GANVA) blessé par les forces de l’ordre lors de l’action de blocage du train de déchets radioactifs La Hague-Gorleben, le 5 novembre 2010 à Caen.

A l’heure où les violences policières exercées contre les manifestants se multiplient il est intéressant de revenir sur le cas des militants du GANVA blessés par les CRS lors de l’action de blocage du dernier convoi de déchets nucléaires à destination de l’Allemagne.

Nous avions stoppé le train en nous entravant sur la voie à l’aide de tubes en acier dans lesquels nous nous étions menottés. Procédé classique et non-violent utilisé depuis bien longtemps par les militants antinucléaires.

Lors de notre désincarcération, 5 militants ont été blessés dont 3 grièvement aux mains, ce qui est une première. Parmi ces trois personnes, deux ont subi des brûlures au 3ème degré entrainant des ruptures de tendons, le dernier ayant eu deux tendons directement sectionnés par la lame de la disqueuse thermique utilisée par les CRS.

Nous avons déposé plainte pour « violences aggravées par personne dépositaire de l’autorité publique » auprès de la procureure de Caen, qui a rapidement classé cette plainte sans suite…

La procureure se fourvoie en justifications plus aberrantes les unes que les autres : elle met notamment en avant le « refroidissement permanent des tubes »…

Les tubes métalliques, chauffés à blanc par le contact de la disqueuse, ont en effet été refroidis à l’aide… de bouteilles d’eau minérale ! Elle parlera également de la haute technologie des tubes, de la grande dévotion des CRS…

On ne reviendra pas ici sur la haine et le mépris des forces de l’ordre : insultes, menaces, crachat au visage. Cette dimension essentielle du maintien de l’ordre n’a même pas été évoquée dans le classement sans suite. De même en ce qui concerne les coups de disqueuse sur la main de l’un des nôtres…

Conclusion de la procureure : « L’action de police […] avait eu pour but de préserver la vie et l’intégrité physique des manifestants. »
Action de la police dont voici le résultat :

Ces photos ont été prises après des soins. Pour les deux premières, le lendemain de l’action une fois admis à l’hôpital après la garde à vue, pour la troisième : après une seconde opération (une troisième sera nécessaire).

Le tribunal qui nous a jugé pour nos actes avait lui aussi fait preuve d’une grande perspicacité en qualifiant nos brûlures, ayant pénétré la chair jusqu’à ce que les tendons rompent, de «brûlures superficielles».

Trois mois plus tard deux des blessés sont toujours dans l’incapacité d’exercer leur activité professionnelle.

Nous déposons une nouvelle plainte ce jour, avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Caen.

Le nucléaire est une industrie guerrière, dangereuse, polluante, nocive pour l’humanité et son environnement. Elle produit des déchets hautement toxiques pour des centaines de milliers d’années, mettant en péril non seulement notre avenir mais aussi celui des générations futures.

Voilà pourquoi, malgré tous ses efforts, l’État nucléaire toujours plus sécuritaire et violent, ne nous fera pas taire tant que notre leitmotiv ne sera pas réalité :

« Nucléaire : Plus jamais ! »