Le végétarisme « à la mode » et le végétalisme « criminel »

Hier a commencé, dans le nord de la France, un procès présenté par les médias comme étant celui d’un « couple de végétaliens. »

« Un couple de végétaliens devant les assises » titre « Elle », alors que l’AFP diffuse un bulletin intitulé « Des parents végétaliens jugés aux assises après la mort de leur fillette. » France 3 annonce « Ouverture mardi du procès des parents végétaliens » alors que Le Figaro explique : « Un couple de végétaliens aux assises. »

Nous avions déjà parlé de ce procès, lors d’une précédente session l’année dernière, en mai 2010 (Le véganisme passe en procès, jugé par l’Etat français).

On retrouve évidemment dans les médias la même propagande qu’à l’époque. Le matraquage est total. Le caractère « végétalien » du procès est la ligne de conduite médiatique.

Il est expliqué que la fillette de 11 mois est morte d’une bronchite due à sa faiblesse corporelle, elle-même due au végétalisme et donc les parents sont en procès pour « privation de soins ou d’aliments suivie de mort. » Il ne s’agit pas du procès de la maltraitance et de la malnutrition, de l’absence de soins, mais bien du végétalisme qui aurait été la source de carences (en vitamines A et B12).

On retrouve le schéma classique comme quoi le végétalien est un marginal, plein de carences en raison de son « mode de vie », ce qui ne peut conduire qu’à du malheur, etc.

Le point de l’avocat du couple est quant à lui le suivant: « Lors de la visite médicale du neuvième mois, ils n’ont pas suivi l’avis du médecin qui leur conseillait d’hospitaliser le bébé atteint d’une bronchite et qui perdait du poids », « Ils préféraient des recettes à base de cataplasme d’argile ou de choux puisées dans leurs lectures. Ce sont des gens qui ont eu de mauvaises lectures au mauvais moment, »

Si l’avocat tente de dédouaner le couple (toujours végétalien), le côté « secte » prédomine bien entendu encore. Tout ce qu’on retient est que le végétalisme est une démarche marginale motivée par cette marginalité même : en gros les végétaliens sont végétaliens parce qu’ils sont végétaliens et forment une secte parmi tant d’autres.

Si tout cela n’est pas très clair ni facile à expliquer, c’est que justement la confusion la plus complète prime ici. Pour rendre tout cela plus parlant, prenons le cas inverse, avec ce qu’expliquait le magazine gratuit dans le métro parisien « A nous Paris », de la semaine du 21 mars 2011.

On y trouve donc en couverture, avec un article au début du journal, le thème suivant :

Végétarien

Végétalien

Flexitarien

Choisis ton menu

On y apprend que :

Sur fond de scandales alimentaires, de préoccupations sanitaires et de réchauffement climatique, le végétarisme sort de l’ombre et intéresse de plus en plus de curieux qui réfléchissent à ce qu’il y a dans leurs assiettes (…).

Si de plus en plus de gens choisissent l’option du bio, l’idée de ne plus consommer de viande commence aussi à faire doucement son chemin dans les esprits. Que ce soit pour préserver sa santé ou soigner une maladie, par conscience écologique, humanitaire, ou par refus de la souffrance animale, ils sont de plus en plus nombreux à réduire leur consommation de viande ou à choisir carrément le végétarisme.

Suit une présentation du végétarisme, puis celle du végétalisme (encore et toujours considéré comme une sorte de variété plus ou moins radicale), et on a même le mot « vegan » qui est expliqué et qualifié de « mode de vie global. »

Voici ce qui y est dit:

Le végétalien ne consomme, quant à lui, ni chair, ni sous-produits animaux. Enfin, le terme anglais “vegan” désigne un végétalien qui proscrit tout produit issu des animaux (cuir, laine…) ou testé sur des animaux. Etre “vegan” ne se limite donc pas à l’alimentation, mais relève d’un mode de vie global.

Comme évidemment un « mode de vie global » n’est pas acceptable pour ce journal « bobo », les points reviennent vite sur les i :

Et si vous réussissez le plus souvent à ne pas manger de viande mais que vous craquez occasionnellement pour un bon burger ou une entrecôte, peut-être faites-vous partie de cette nouvelle “tribu” que les anglophones appellent les “flexitarians”, des végétariens à temps partiel, pas tout à fait végétariens mais plus vraiment carnivores. Un groupe qui va sans doute compter de plus en plus de “membres” dans les années qui viennent…

On a finalement le même fond que pour les médias exerçant leur matraquage avec le procès du « couple végétalien. »

Le végétarisme est considéré comme « acceptable » s’il reste souple. Le végétalisme par contre est considéré comme une forme « extrême. » Preuve en est quand des « célébrités » végétaliennes sont citées, on les assimile à des « végétariennes. » Quant au véganisme, c’est un « mode de vie », un « lifestyle » et c’est donc encore une catégorie à part.

Mais le végétalisme lui-même, de par son refus de l’alimentation « dominante » est clairement inacceptable pour un esprit libéral qui y voit une menace obscure, et le véganisme est lui très clairement compris comme une déclaration de guerre ouverte.

Il y a en effet une réalité, des normes, des valeurs, des « traditions », etc. Donc tout doit rester ici de l’alimentation, et seulement de l’alimentation. On peut à la rigueur avoir des « états d’âmes » et être plutôt végétarien, mais cela doit s’arrêter là!

Conséquence de ces valeurs dominantes, le thème des animaux peut ainsi à la rigueur être présenté par rapport à la question des fermes industrielles, mais absolument jamais n’est abordée, ne serait-ce que de loin, la question de la libération animale, et ne parlons pas de celle de la Terre.

Libération animale et libération de la Terre sont des principes, et la société ne veut pas de principes, que du libéralisme; ce sont des concepts, et la société ne veut que du commercial.

Le maximum que les médias peuvent ainsi comprendre comme conception, c’est une sorte de refus moraliste de l’abattage industriel. Mais la frontière est là, plus loin rien n’existe, à part des démarches de « secte » ou bien, ce qui est pire, un acte « subversif. »

Cela montre bien que les personnes parlant de « végéta*isme », comme pour les « veggie pride », sont totalement à côté de la plaque. Non seulement le végétarisme et le véganisme sont des démarches complètement différentes, mais en plus leurs perceptions par la société sont, de manière fort logique, totalement différentes.

Et cette différence, c’est celle de la culture positive et du refus purement négatif. Le végétarisme en arrive au mieux là où commence le véganisme. Le végétarisme arrive au maximum au refus de consommer des cadavres d’animaux, alors que le véganisme part de là pour refuser toute exploitation animale, et de là saisir ce que signifie la libération animale pour notre planète.

Le végétarien découvre la mort de l’animal, là où la personne végane redécouvre sa vie, la reconnaissant et l’affirmant sur la planète, assumant par là l’écologie.

Ecologie radicale et libération animale dynamitent toute l’hypocrisie de l’exploitation animale et le caractère mensonger du végétarisme. Le véganisme n’est pas la fin d’un processus, mais bien le commencement d’une compréhension que la planète doit redevenir bleue et verte !