Vers une criminalisation massive de la libération animale en France

Nous l’évoquons de plus en plus souvent, la répression contre les activistes et militants pour l’écologie ou les animaux se fait de plus en plus forte. Comme en témoigne l’année de prison pour l’homme qui a détruit un cabanon de chasse.

Cela va évidemment en s’intensifiant, avec la chasse qui est en passe d’être modernisée, avec également un appel à la criminalisation massive de la libération animale.

Quand nous disons « criminalisation » ce n’est pas une figure de style : les auteurs d’actes illégaux au nom de la libération animale sont censés être considérés non pas comme ayant commis des « délits », mais des « crimes » (l’auteur d’un crime est jugé en cour d’assises et est au moins condamné à dix ans de prison).

Voici ainsi ici une proposition de loi de modernisation du droit de chasse, daté du 15 mars 2011, afin que les chasseurs puissent tranquillement mettre en oeuvre leur « mission d’intérêt général » !

Cette proposition de loi a été faite par un sénateur, Pierre Martin qui est sénateur UMP de la Somme et président du « groupe chasse et pêche » au Sénat. On reconnaît ici la dimension faussement populaire de la culture du « terroir », très forte dans la Somme justement.

Et dans cette logique, les assassins deviennent des « éducateurs au développement durable »!

La proposition de modernisation commence ainsi par un :

Mesdames, Messieurs,

Cette proposition de loi de modernisation du droit de la chasse a pour fil conducteur une gestion plus efficace de la biodiversité.

Là est le coup de propagande : présenter le développement des droits des chasseurs comme de l’écologie ! Mais avant de présenter cette « modernisation » de la chasse, parlons tout de suite d’un article qui n’a rien à voir en fait avec la chasse ni avec la proposition de loi, mais constitue un appel à la criminalisation de la libération animale.

Il s’agit en effet d’un appel à ce que les structures anti-déliquance à étudier au plus près les actions illégales et à les réprimer de la manière la plus ferme qui soit.

Voici l’article en question.

Article 8 – Observatoire national de la délinquance et défense de la « cause animale »

Depuis quelques années, on constate un accroissement du nombre d’exactions commises par des ultras de la « cause animale ». Ces exactions sont fort diverses (dégradation de magasins de fourrure, de cirque, « libération » de visons d’élevage, vandalisme contre des boucheries hippophagiques ou des élevages…).

Une des actions les plus fréquentes dans ce registre consiste à perturber le déroulement des chasses à courre : entre janvier 2007 et mars 2009, 18 opérations de sabotage ont été recensées.

Une solution a été trouvée pour qualifier juridiquement cette forme d’obstruction.

Celle du décret visant à sanctionner « les actes délibérés et concertés d’obstruction à une activité en relation avec la chasse ». Un projet de décret a donc été soumis par le Gouvernement au Conseil d’État qui lui a réservé un avis favorable en juillet 2009.

Depuis cette date et malgré des engagements répétés du Gouvernement depuis le vote de la loi du 31 décembre 2008, le texte tarde à être publié. Selon le sénateur Ladislas PONIATOWSKI, dans une question écrite posée à M. le Premier ministre (J.O. Sénat, 10 décembre 2009, Question écrite n° 11255) : « Ce projet de décret a été soumis au Conseil d’État et il n’y manque plus que la signature du ministre compétent sans cesse reportée. Ce retard est inexplicable et constitue un sujet d’inquiétude non seulement pour le monde de la chasse tout entier, au-delà de la vénerie, mais également pour toutes les autres activités victimes des exactions des extrémistes de la cause animale. Certains estiment que ce retard revient, pour partie, à cautionner cette violence, ce qui ne serait guère admissible dans un État de droit. Il lui demande donc de faire respecter la parole du Gouvernement en publiant le décret créant une contravention pour obstruction à un acte de chasse. »

La question des exactions commises par les activistes de la cause animale est devenue d’une importance justifiant que l’Observatoire national de la délinquance (O.N.D.) s’y intéresse et les repère statistiquement.

Cet observatoire, qui constitue un service de l’I.N.H.E.S. (Institut national des hautes études de sécurité), est un remarquable outil de mesure et d’analyse de toutes les formes de délinquance en France.

Dans son dernier rapport, il a notamment publié une première étude sur les « éléments de connaissance des infractions au droit de l’environnement » qui apporte des informations particulièrement pertinentes en matière de chasse.

L’I.N.H.E.S. étant un établissement public, il ne peut recevoir d’injonction du Parlement par voie législative. L’objet de cet article est donc de demander au Gouvernement de faire rapport au Parlement sur la possibilité pour l’O.N.D. de suivre spécifiquement les crimes et délits commis par les activistes de la cause animale et revendiqués comme tels, en collationnant de manière régulière les statistiques et les études sur ce phénomène inquiétant.

Nous avons souligné en gras les passages importants, qui signifient en fait que si légalement le gouvernement ne peut pas intervenir dans la justice (tout au moins officiellement et en raison de la séparation des trois pouvoirs)… Il faut mettre la pression au maximum afin que les actes illégaux menés au nom de la libération animale soient criminalisés le plus possible, c’est-à-dire que les activistes soient considérés non pas comme ayant commis des « délits », mais bien des « crimes. »

C’est ici une évolution véritablement impressionnante, et bien la preuve de la terreur que suscitent chez tous ces gens la libération animale et la libération de la Terre.

Car en pratique, cet appel à la criminalisation se trouve dans une proposition de « modernisation » de la chasse, qui est censée être désormais considérée comme… écologiste.

Le sénateur rappelle justement que :

La loi confère aux fédérations départementales de chasseurs (F.D.C.) des missions étendues mais précises. Elles « participent à la mise en valeur du patrimoine cynégétique départemental, à la protection et à la gestion de la faune sauvage ainsi que de ses habitat. »

Les chasseurs seraient donc les « sauveurs » de la nature sauvage, qui sans eux seraient détruite. On nage en plein délire, en pleine construction idéologique.

Cette construction idéologique a un fondement simple : aux yeux des chasseurs, Gaïa n’existe pas. Ici finalement, les chasseurs sont en accord même avec des personnes favorables aux animaux mais rejetant l’existence de Gaïa.

Dans la vision anthropocentriste en effet, la planète est déréglée, et nécessite l’intervention humaine. Sans l’être humain, les animaux pulluleraient, tout se déréglerait, etc. etc. C’est bien entendu totalement faux. Par définition, Gaïa est un véritable système maintenant de nombreux équilibres, afin de favoriser la vie.

Les chasseurs devant se rendre « indispensables », ils nient cela. Voici ce que dit le projet de loi :

Article 3 – Reconnaissance du rôle de la chasse comme instrument efficace de gestion de la biodiversité

Le code de l’environnement dispose que : « Par leurs actions de gestion et de régulation des espèces dont la chasse est autorisée ainsi que par leurs réalisations en faveur des biotopes, les chasseurs contribuent à la gestion équilibrée des écosystèmes ».

Cette rédaction est datée et incomplète ; plutôt que de gestion équilibrée des écosystèmes », il convient aujourd’hui d’écrire dans la loi que la chasse est un instrument efficace de gestion de la biodiversité, pour les espèces chassables comme pour les autres.

Qu’il s’agisse de platières pour les bécassines, de mares de huttes pour l’avifaune, des jachères faunistiques pour la petite faune sauvage ou encore de la plantation de haies, les chasseurs apportent une contribution éminente à la préservation de la biodiversité en France. En cette année 2010, « année de la biodiversité », il convient de le reconnaître dans la loi. Ce sera une incitation pour tous les chasseurs à faire plus et mieux encore.

Déjà, selon une étude du CSA commanditée par la F.N.C. (Fédération nationale des chasseurs), un chasseur sur deux en France participe à des actions bénévoles sur le terrain pour aménager, restaurer et préserver les habitats, à raison de 4 jours par chasseur et par an. Au total, cela représente 2,3 millions de jours de travail en faveur des habitats, l’équivalent de 11 000 emplois.

Ici donc, les chasseurs sont de gentils hommes, utiles et serviables.

Par conséquent, il faudrait les « chouchouter. » Le coût du permis de chasse est censé être réduit fin d’inciter les jeunes chasseurs à aller tuer plus vite car « On constate en effet une certaine « évaporation » de personnes qui réussissent l’examen et ne valident pas leur permis »…

Et bien évidemment, seraient à saluer les interventions dans les écoles afin d’éduquer les jeunes hommes « dans le bon sens » :

Près des deux tiers des fédérations [fédérations départementales de chasseurs] interviennent également auprès d’établissements scolaires à la demande des chefs d’établissement ou en application d’une convention avec l’inspecteur d’académie départementale pour présenter les caractéristiques de la faune sauvage et de ses habitats.

Cette intervention en matière d’éducation au développement durable concerne près d’un tiers des salariés des fédérations et mobilise de nombreux bénévoles.

Près des deux tiers des fédérations interviennent également auprès d’établissements scolaires à la demande des chefs d’établissement ou en application d’une convention avec l’inspecteur d’académie départementale pour présenter les caractéristiques de la faune sauvage et de ses habitats.

Cette intervention en matière d’éducation au développement durable concerne près d’un tiers des salariés des fédérations et mobilise de nombreux bénévoles.

C’est donc une entreprise très subtile qu’on a ici, et qui montre qu’écologie radicale et libération animale vont bien ensemble… et que les exploiteurs des animaux et les assassins de la planète le savent très bien !