Hulot, l’anti-corrida électoral

Hier a eu lieu un rassemblement à Paris, devant le ministère de la culture, pour dénoncer le soutien de celui-ci à la reconnaissance de la corrida comme « patrimoine » français dans les instances internationales.

Entre 400 personnes (selon la police) et un millier (selon les organisateurs) se sont déplacées, pour évidemment rien puisque le gouvernement ne changera pas d’avis à moins d’une pression réelle. Rien de moins populaire cependant qu’un rassemblement de « l’union sacrée » se faisant sur le plus petit dénominateur commun, à savoir forcément le discours de Bardot…

Permettant d’ailleurs à Nicolas Hulot d’apparaître comme par enchantement, par l’intermédiaire d’un message au rassemblement…

Voici donc le communiqué de Hulot, admirable de démagogie électoraliste pour la forme et de fumisterie à la Bardot pour le contenu :

« J’ai signé le manifeste du CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida pour la protection de l’enfance) pour l’abolition de la corrida. Je suis également membre du comité d’honneur de l’Alliance anticorrida.

Je soutiens la proposition de loi visant à punir, sans exception, les sévices graves envers les animaux domestiques, apprivoisés, ou tenus en captivité, qui a été proposée à la cosignature des sénateurs le 5 mai 2011 par Roland Povinelli, sénateur-maire d’Allauch (Bouches-du-Rhône).

Dans cet esprit, je demande au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, le retrait immédiat du classement de la corrida sur la liste du patrimoine culturel immatériel français.

L’inscription de la corrida sur la liste du patrimoine culturel immatériel français est une mauvaise décision. Face au chômage, à la précarisation, aux crises climatiques et écologiques, à l’épuisement des ressources naturelles, à l’augmentation inexorable du prix de l’énergie ou encore aux ravages du sida ou du paludisme dans le monde, cette question pourrait sembler accessoire.

C’est pourtant un symbole négatif, contradictoire avec le rapport à la nature que les écologistes souhaitent instaurer.

Dans le monde apaisé entre les hommes auquel nous aspirons, respectueux des ressources et du vivant sous toutes ses formes, il faut changer notre regard et nos comportements sur les espèces qui nous entourent. La protection de la biodiversité animale et végétale est nécessaire à la survie de l’espèce humaine. C’est aussi une marque de progrès de la civilisation.

Non, il n’est plus acceptable de tuer pour se divertir. Non, il n’est plus acceptable de donner en spectacle la souffrance animale. Non, il n’est plus acceptable d’élever nos enfants en leur laissant voir la cruauté envers les animaux comme une tradition à préserver.

L’humanité s’est construite peu à peu au fil des millénaires. Ses valeurs ont évolué, ses traditions aussi. Ce qui était populaire il y a quelques siècles peut paraître inacceptable maintenant. Qui souhaiterait revoir les jeux du cirque de Rome et ses mises à mort brutales ? Sur la question de la souffrance animale qu’illustrent les corridas ou les désastreuses conditions d’élevage industriel, il s’agit d’accepter et d’accompagner l’évolution collective de nos aspirations.

90% des personnes fréquentant les ferias n’assistent pas aux corridas. L’arrêt de celles-ci ne signifierait donc pas la fin des fêtes traditionnelles régionales. Bien au contraire, elles pourraient attirer un public plus large en mettant à l’honneur une nouvelle cohabitation entre l’humain et l’animal, un lien plus harmonieux, prémices d’un futur soutenable et apaisé. »

Nicolas Hulot

http://www.2012hulot.fr/

L’hypocrisie de ce discours est vraiment totale. Hulot passe de la corrida au chômage, histoire de rappeler son projet électoral, et ose prétendre qu’il veut que l’on soit « respectueux des ressources et du vivant sous toutes ses formes », alors qu’il n’assume ni la libération animale ni la libération de la Terre.

Hulot est un omnivore qui roule en 4×4 quand il habite dans sa villa, alors qu’il ne prétende pas parler de « paix » avec notre planète, car s’il était sincère il commencerait immédiatement dans sa vie quotidienne.

Parce que un « il faut changer notre regard et nos comportements sur les espèces qui nous entourent », vu d’un 4×4 ou d’un yacht comme en possède Hulot, cela n’a rien à voir avec l’écologie…

Il est vrai ceci dit qu’il maintient une ambiguïté complète, ambiguïté permise par des rassemblements généralistes comme celui contre la corrida, ainsi que la « veggiepride » (rassemblement de la « fierté végéta*ienne »), etc.

Hulot parle en effet des « désastreuses conditions d’élevage industriel » et que donc il n’est pas contre les élevages en général.

Pareillement, ce qui est « une marque de progrès de la civilisation » ce n’est pas le véganisme et l’écologie radicale, mais la « protection de la biodiversité animale et végétale » parce qu’elle est… « nécessaire à la survie de l’espèce humaine. »

Voilà là le hic, voilà l’hypocrisie de Hulot, qui ose parler d’un « monde apaisé » comme objectif « radical », pour mieux faire passer sa camelote qui est grosso modo la publicité des magasins bios.

Le seul moyen de faire avancer la cause animale en France, c’est d’assumer une écologie radicale et donc de vouloir une rupture complète avec les valeurs de la société : il faut prendre les choses comme elles sont : en bloc, la société est un tout.

Le soutien de Hulot à la manif anti-corrida est une démonstration de l’électoralisme, de la vanité et des illusions que proposent les associations prônant les « réformes », le « progrès », etc.

Soit nous oeuvrons à un changement complet à l’échelle mondiale, et nous préparons le terrain en ce sens, soit les sociétés humaines vont à leur effondrement complet, de par leur incompatibilité avec Gaïa !