« L’âge de cristal » est un film de 1976, qui a de plus très mal vieilli. Mais son scénario est vraiment très intéressant, et qui plus est il y aura d’ici quelques temps un remake. Ce qui est exactement le cas d’un autre film du même genre dont nous avons parlé, le film Soylent Green (Soleil vert). (aucun remake n’est par contre prévu pour l’incroyable Silent Running).
A l’époque, le film a coûté une fortune (autant que « la guerre des étoiles ») et a été un énorme succès. Il y a d’ailleurs eu une série, au sujet relativement différent et davantage proche du roman original, « Logan’s run » de William F. Nolan and George Clayton Johnson (le titre est également celui du film en anglais). Il est également un film relativement « culte » (ici on peut voir des scènes du film refaites en lego!).
Le monde de « L’âge de cristal » est un monde horrible. Les humains vivent dans de grandes villes totalement hermétiques. Il n’y a que des jeunes de 30 ans et aucun vieux. On comprend alors qu’on est en 2274 et que la société est entièrement contrôlée par des ordinateurs, qui gèrent « au mieux » les ressources, dans un univers complètement artificiel.
Jusqu’à 30 ans, les humains vivent dans une sorte de léthargie infantile, où tout le monde couche avec n’importe qui pour « passer le temps. » Et à 30 ans les individus doivent donc se sacrifier, dans une sorte de cérémonie religieuse appelée « le carrousel » où leur corps est désintégré, sous prétexte officiellement de « renaissance. »
L’âge des jeunes est indiqué par un cristal dans la paume d’une main, d’où le nom du film en français. L’écrasante majorité, infantilisée et purement passive, accepte son sort, ne connaissant rien d’autre.
Or, un « éliminateur » de fuyards, dans un scénario rocambolesque qui a certainement fait échouer les multiples tentatives de remake qui ont eu lieu jusqu’à présent, devient alors un fuyard lui-même.
Il découvre alors que ces dits fuyards tombaient dans une embuscade tendue par un robot congelant la nourriture. Ce dernier fait l’apologie d’une « nourriture marine » : « Poisson et plancton et algues. » Mais il explique qu’il n’y en a plus et qu’il doit donc congeler les humains qui arrivent, pour stocker de la nourriture…
C’est évidemment une manière de présenter la catastrophe planétaire ayant aboutie à la formation de ces villes totalement artificielles.
Le film a donc vraiment mal vieilli, il a une dimension infantile évidente (ainsi que sexiste), et un scénario ne tenant pas vraiment la route sans compter les incohérences, le tout a pris un coup de vieux évident, malgré de belles scènes parfois, etc.
Cependant, il pose un problème déjà clair dans les années 1970 : nous épuisons les ressources planétaires et courons à la catastrophe. Le film culmine d’ailleurs dans une fuite hors des villes hermétiques, dans un paysage idyllique : la nature qui a repris ses droits, y compris dans l’ancienne ville de Washington. Une vision très réussie et qui a alors beaucoup marqué.
Redevenu naturel, quittant l’artificiel, le couple nouvellement formé comprend qu’il doit rester uni et non plus « passer le temps » à coucher avec n’importe qui. Il s’agit de continuer heureux ensemble, quitte à devenir vieux, le tout naturellement. Et évidemment à la fin les ordinateurs contrôlant les villes explosent et les humains découvrent qu’on peut vieillir et que la nature est belle, en dehors des villes artificielles.
S’il y a un petit côté « réac » inhérent à la nature hollywoodienne (peur du collectif, peur des machines, etc.), il y a dans « L’âge de cristal » une véritable utopie que l’on devine à la fin du film. C’est un témoignage historique du questionnement que l’on peut et doit avoir.