L’un des problèmes du bio, c’est que sa démarche ne signifie pas que le contenu soit forcément bon pour une attitude positive avec la planète.
Outre le fait que l’agriculture biologique préserve l’environnement de par son absence d’utilisation de produits toxiques comme les pesticides, le bio reste un business, destiné avant tout à ceux qui le peuvent.
Il n’y a pas de morale particulière, juste un esprit très « bobo. »
La dernière idée farfelue de cette industrie est d’ailleurs… la cigarette bio. Ou encore le cannabis bio, comme l’a proposé hier en France l’ex-ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant!
Il y a évidemment peu de chance qu’il y ait à court terme une filière d’État du haschisch bio. Mais le principe de la cigarette bio est relativement proche et prenons le comme exemple.
Si l’on peut se dire qu’après tout cultiver du tabac bio est bon pour la planète (au lieu de la pollution par les pesticides), l’idée de faire une cigarette bio est totalement insensée de par ce que représente le tabac (drogue, pollution) et surréaliste de par le contenu hautement nocif des cigarettes !
On pense souvent ici aux filtres. Sachant qu’il y a près de 800 composants toxiques dans une cigarette, dont une cinquantaine au moins provoquent le cancer, l’évolution vers une cigarette bio était malheureusement logique. A défaut de changer le monde, les bobos veulent juste en profiter au maximum et jusqu’au bout.
Mais l’idée de base est pourrie. Ainsi, la marque la plus connue, les cigarettes américaines « Natural American Spirit », contient une forte proportion de nicotine « free base » bien plus nocive que la nicotine traditionnelle. La nicotine « free-base » est de la nicotine à laquelle on a ajouté de l’ammoniac, afin de faciliter son absorption par l’organisme. Les cigarettes deviennent alors de vraies « seringues à nicotine. »
Ces cigarettes bio « Natural American Spirit » contiennent 36% de nicotine « free-base », contre 9,6% pour Marlboro, 6,2% pour Winston et 2,7% pour Camel. C’est évidemment une manière de provoquer l’accoutumance…
D’un côté donc, les cigarettes bios c’est bien dans la mesure où les mégots polluent les trottoirs, la campagne, la mer, la montagne… et contiennent bien évidemment des substances toxiques.
Les mégots mettent douze ans avant de se dissoudre, un seul peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau… Alors que dire quand on sait que chaque année il y a 5457 milliards cigarettes de fumées !
Pour donner un exemple, pour la Suisse en une année les mégots mis ensemble, cela donne… 954 millions de kilos ! On imagine pour la France.
Mais de l’autre côté, les cigarettes bios ne changent rien au problème de la dépendance, même si cela est maquillé en « bio » voire en « positif. » Car la marque « Natural American Spirit » affirme se fonder sur le tabac tel qu’il a été fumé par les Amérindiens.
Voici l’explication, très démagogique :
La tradition indienne :
Un modèle pour Natural American Spirit®.
Depuis des siècles déjà, la culture indienne et le tabac sont indissociables. L’emploi du tabac fait partie de nombreuses cérémonies traditionnelles de ces premiers habitants, mais il s’agit toujours de tabac dans sa forme pure. Depuis l’introduction de Natural American Spirit®, nous nous sentons tenus de respecter cette tradition authentique.
Depuis le tout premier jour, Natural American Spirit® se fabrique de manière traditionnelle : à partir de feuilles entières de tabac. Cette qualité confère à Natural American Spirit® son goût. Notre concept tient dans la formule « retour aux sources ». La Santa Fe Natural Tobacco Company a tenu dès le début à produire uniquement des cigarettes de haute qualité.
La tête du chef de tribu indien qui orne chaque paquet symbolise notre respect de l’utilisation traditionnelle indienne de tabac et notre philosophie.
Avec Natural American Spirit®, nous voulons faire revivre et se développer cette tradition de fumer presque disparue. Voilà pourquoi nous offrons aux fumeurs adultes un vrai choix – un produit offrant un goût supérieur, confectionné à partir de tabac ne contenant aucun additif.
L’entreprise fait des dons à des initiatives éducatives et entrepreneuriales amérindiennes, se veut responsable et engagée en cherchant à être au maximum neutre dans la production de CO2, il n’y a aucun test sur les animaux etc.
C’est très bien… et très hypocrite et très conforme à l’idée de former un nouveau business « à la marge »… Car chaque année le marché de la cigarette bio double, grosso modo !
Pas encore en France, où le bio est lui-même relativement faible. Sur 1800 planteurs de tabac en France, 5 font du tabac bio.
Pas difficile de voir qu’une entreprise comme Santa Fe Natural Tobacco Company, qui produit les Natural American Spirit a comme fonction d’ouvrir un marché, sans rien changer à l’état d’esprit dominant. Tout comme les marques de fringues de skate, il y a de la créativité et du positif, tout cela pour revendre la boîte après.
Ce qui est même déjà fait : elle est « indépendante » mais appartient à Reynolds American, à l’origine du tiers des cigarettes aux États-Unis…