Kalaweit contre la déforestation et pour les gibbons en Indonésie

Mercredi soir sur France 3, on a pu voir un documentaire (encore visible quelques jours) sur un français qui agit en Indonésie contre la déforestation, ainsi que pour aider les gibbons. Il a organisé son combat au sein d’une association qu’il a fondé, Kalaweit (qui suit précisément la déforestation en cours).

Il a pris la nationalité indonésienne justement, afin d’acheter des terres et les préserver. C’est une initiative personnelle qui ne peut pas changer l’ensemble des choses, mais c’est un engagement qui mérite d’être connu et soutenu.

Le journal Libération lui donne la parole dans une longue interview, dont voici ici quelques extraits. Le titre de l’interview est d’ailleurs « Partout, au restaurant ou dans votre magasin, demandez des produits sans huile de palme », ce qui est très clair et tout à fait juste!

Le refus catégorique de l’huile de palme est absolument nécessaire!

Comment se portent les gibbons, aujourd’hui ?

Il y a 17 espèces de gibbons dans le sud-est asiatique, dont 7 en Indonésie. Beaucoup sont au bord de l’extinction. On les perd beaucoup plus vite que les orangs-outangs, puisqu’ils ne peuvent absolument pas s’adapter à une forêt dégradée.

Les nasiques, endémiques de Bornéo, sont aussi bien plus menacés que les orangs-outangs.

Je ne dis pas que ces derniers vont bien, loin de là, mais comme ce sont de grands singes lents, ils sont plus victimes des flammes parce qu’ils ne peuvent pas s’enfuir.

Le gibbon, très vif, part de branche en branche, mais ça ne veut pas dire qu’il survit. Il ne meurt pas devant les caméras lors des incendies mais va se faire tuer par les autres gibbons parce qu’il sera entré sur leur territoire.

Le rythme d’extinction s’accélère-t-il ?

Oui. Depuis la fièvre de l’huile de palme au début des années 2000, la déforestation s’accélère, donc la pression sur les animaux aussi. Il n’y a jamais eu autant d’animaux capturés. Pas parce qu’il y a plus de braconniers.

Le braconnier type qui va chercher le gibbon dans la forêt a quasiment disparu. Aujourd’hui, celui qui attrape un gibbon, c’est l’ouvrier qui rentre en contact avec les animaux quand il déforeste.

C’est vraiment l’industrie de l’huile de palme qui est en cause, donc ?

Oui, sans ambiguïté. Si une compagnie forestière obtient une concession, aujourd’hui, c’est une très bonne nouvelle. Parce qu’elle fera un abattage sélectif sur 25 ans : il va rester de la forêt, certes abîmée, mais il va en rester.

Si une compagnie d’huile de palme obtient la même concession, il ne restera plus un arbre, c’est fini. Tout sera déforesté en 2 à 3 ans.

L’huile de palme, c’est une sorte de rouleau compresseur ?

Oui. A tous points de vue. Les politiques ne voient qu’elle. Je l’ai vécu. A Bornéo, j’avais créé une réserve de 700 hectares avec les autorités, officielle.

Mais au bout de cinq ans, le statut de cette zone a changé suite à des élections au parlement provincial. C’est devenu de l’huile de palme, tout a été déforesté.

La pression de l’industrie de l’huile de palme est énorme. Attention, je parle bien d’industrie et pas des compagnies. Si on regarde le cadastre stricto sensu, on voit les concessions attribuées au charbon, à l’huile de palme, aux mines…

Les autorités de Djakarta ne vont parler que de celui-ci. Mais cela ne reflète pas du tout la réalité du terrain, bien plus grave.

Les autres zones, destinées aux villageois et considérées sur le papier comme de la «forêt», sont rachetées à tour de bras par de grands propriétaires terriens qui y font de l’huile de palme à titre privé et vendent leurs récoltes à la compagnie d’à côté.

Même les compagnies labellisées RSPO (Table ronde pour l’huile de palme durable) achètent cette production, il n’y a pas de traçabilité sur le terrain.

L’automne 2015, la situation est devenue catastrophique…

Les incendies ont lieu tous les ans depuis 17-18 ans et l’arrivée de l’industrie de l’huile de palme dans les zones de tourbières à Sumatra et à Bornéo.

Le but, c’est de défricher au plus vite et le moins cher possible. Donc de brûler. Mais comme c’est de la tourbe, l’incendie peut devenir incontrôlable.

Le phénomène météo El Nino, en 1997-1998, a fait perdre plus de 2 millions d’hectares de forêt en Indonésie, à cause de ces incendies criminels devenus ingérables. Cela s’est répété en 2015. On n’a pas eu de pluie pendant trois mois et l’intensité des incendies est devenue apocalyptique.

Dans la province centrale de Kalimantan, où je vis, on ne voyait pas à 50 mètres. Les vendeurs à la sauvette, aux feux rouges, ne tenaient pas plus d’une heure avant de vomir. Enfants et personnes âgées étaient malades.

C’était très violent. Une vingtaine de décès ont été attribués aux incendies, sans compter tous les autres non répertoriés comme tels. C’était ahurissant. J’ai du mal à trouver les mots pour faire comprendre à quel point.

Vous avez les yeux rouges, la trachée qui vous fait mal en permanence, tout ça pendant trois mois ! Les autorités disent de porter des masques, mais comment le faire faire à un gamin du matin au soir, par 30 degrés?

La population était assez passive, très à l’indonésienne. Les 32 ans de dictature de Suharto ont laissé des traces.

Les gens en avaient ras le bol, mais personne ne se révoltait ouvertement. Mais dès que je l’ai fait avec ma vidéo, tout le monde l’a utilisée pour dire «nous aussi on est en colère».

J’ai reçu des centaines de messages de soutien, les gens me disaient «merci de parler pour nous». Le succès de cette vidéo m’a dépassé. Je l’avais faite spontanément parce que j’étais en colère de voir mes gamins cracher du sang, impuissant.

Top Gear et l’éloge de la « ringardise » anti-COP21

Top Gear est une émission sur les automobiles qui a commencé à la fin des années 1970. Elle a été reprise par la chaîne RMC découverte, sur la TNT, en mars dernier.

Philippe Lellouche, acteur et présentateur de Top Gear France, a tenu des propos à BFM tv qui ont le mérite d’être une clarté absolue :

Interrogé sur l’absence des voitures électriques dans l’émission, Philippe Lellouche l’a reconnu en souriant : « Ce n’est pas ce qu’on préfère. La COP 21 ce n’est pas vraiment notre souci. Les moteurs atmosphériques, même si ça pollue c’est un grand kiff. Pour l’instant elles sont dégueulasses les voitures électriques ».

Une position pas vraiment dans l’air (pollué) du temps, alors que l’automobile est de plus en plus pointée du doigt et rejetée des centre-villes.

« Je sais que c’est ringard, mais je revendique ma ringardise », dit avec fierté le présentateur de Top Gear, qui assure se moquer d’être taxé de pollueur.

« Je crois que cette histoire de pollution est une immense histoire de faux-culs. Je ne pense pas que ce soit les voitures qui polluent le plus sur cette planète. Donc il faut arrêter cette chasse anti-bagnoles qui est un peu ridicule ».

Ce qui est dégueulasse, ce serait le style et l’apparence des voitures électriques, les voitures normales sont elles prétexte à un « grand kiff ». En termes classiques, c’est ce qu’on appelle beauf, du genre que Cabu assassiné il y a un an se plaisait à croquer, avec le ton moqueur qu’on lui connaissait.

Car le principe du beauf, c’est qu’il assume, justement. Il est ringard, il le revendique, pour lui c’est bien, c’est être vrai, authentique, etc. Que faire face à un tel conservatisme ?

Pense-t-on réellement qu’on peut convaincre de telles personnes ? On ne le peut pas : c’est toute une culture, avec des industries derrières qui en profitent et valorisent cette culture.

Le chasseur qui veut au fond se balader dans la nature, surtout, on peut tenter de le raisonner, mais celui qui porte en lui l’idéologie de la chasse et tout ce qui va avec, c’est impossible. C’est simplement un réac.

La société contourne ce problème, évidemment. Pourtant, si l’on voulait être sérieux dans la lutte contre le réchauffement climatique, on devrait supprimer au moins la formule 1 et les courses de moto, qui en admettant qu’elles relèvent du sport, polluent.

On dira que plein de choses autres polluent. Sauf que là c’est inutile, que ce sont des valeurs individualistes, liées à l’industrie, que cela n’a pas de sens de tourner en rond. Qu’on peut vivre sans.

Les beaufs alors arrivent en disant qu’on ne peut plus rien faire, qu’on supprime des libertés, etc. En réalité c’est leur idéologie du passé qu’ils espèrent maintenir.

Il en va de même pour la voiture. Le principe du beauf, c’est justement le conservatisme, le culte de l’apparence « macho », la mise en valeur des choses chères, le besoin d’avoir l’impression de contrôler quelque chose de puissant, etc.

L’homme au volant est une figure parfaitement critiquable, d’une niveau terriblement primitif.

Rien de nouveau, sauf qu’on a l’impression que la société française est d’une telle pesanteur que la culture beauf a triomphé de manière complète. Il y a l’adulte beauf conducteur de sa voiture à laquelle il ne faut surtout pas toucher, mais il y a aussi le jeune qui va au Mc Donald’s après avoir regardé Star Wars.

Le véganisme est ici un élément fondamental pour savoir qui est beauf et qui ne l’est pas. Être vegan ne suffit pas pour ne pas être beauf… mais le fait de ne pas être vegan témoigne qu’on est encore lié au passé.

Reconnaître la dignité de chaque existence

Voici une vidéo très émouvante, montrant un chien qui a été battu et qui se fait caresser pour la première fois, dans un refuge.

Cela se passait en Roumanie, il y a quelques jours, mais ce qui compte c’est l’universalité de ce besoin de vivre. Spinoza résumait cela en disant que chaque être vivant compte justement le rester, vivant, et vivre de manière conforme à son existence. Voici comment il formulait cela :

« Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être. »

« L’effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n’est rien de plus que l’essence actuelle de cette chose. »

Pour Spinoza, c’est vrai de toute chose, et a fortiori encore plus des êtres vivants. Voilà pourquoi le véganisme ne peut être qu’universaliste. Il ne peut pas connaître de limites.

On dira que le véganisme ne s’étend pas aux végétaux ; c’est vrai aujourd’hui et pour longtemps encore, mais à terme il est évident que l’humanité choisira de s’abstenir également de supprimer la moindre vie végétale.

C’est une question d’époque et de moyens. On ne peut qu’être admiratif des premiers jaïns et bouddhistes en Inde qui ont choisi cette morale (et l’époque explique aussi pourquoi cela a raté).

Le roi Ashoka qui avait créé des centres hospitaliers pour les humains avait fondé en même temps la même chose pour les animaux : on ne peut pas faire les choses à moitié.

Le grand problème de ceux et celles qui raisonnent par étapes et prétendent qu’il ne faut pas promouvoir le véganisme et la libération animale est le manque de réalisme : déjà l’industrie ne se réforme pas, elle se révolutionne, ensuite le fait de relativiser la morale tue la morale.

Prenons l’exemple d’Aymeric Caron, qui jamais n’aborde la question du véganisme. A-t-il moralement le droit de parler pour les animaux ? On arguera que c’est toujours mieux que rien. Mais qui a dit qu’il n’y avait rien ?

Pourquoi ne pas penser, comme Gary Francione, le fait qu’une petite minorité de vegans aux idées claires aurait un impact bien plus important ?

Pourquoi, de manière bien plus réaliste, ne pas penser que le réformisme même « révolutionnaire » à la Francione ne saurait aboutir et que la libération animale va de pair avec tous les idéaux progressistes de révolution sociale, de changement de société ?

Ce qui ne veut nullement dire qu’il faille faire un « antispécisme » qui ferait partie d’une accumulation sans fin avec l’anti-racisme, l’anti-sexisme, etc.

Le véganisme doit être une valeur positive, celle d’aimer les animaux, de les défendre, de les protéger, de s’interposer pour affronter ceux qui les attaquent.

Cela n’est pas négociable, ni dans l’espace, ni dans le temps : la rupture est nécessaire et on doit faire autant que possible.

Il en va de la dignité de ce chien qui a été battu et qui est submergé par des émotions contradictoires alors qu’on va à sa rencontre, qu’on reconnaît la dignité de son existence.

Aymeric Caron et la troisième voie

La réponse est non, non et encore non. Et la question, c’est : la libération animale et la libération de la Terre sont-elles à vendre, intégrables pour une démarche de réformiste, de hippie, voire de facho?

Il y a six mois, nous avions critiqué le groupe Vegan Pays Basque pour pratiquer le pillage des mots sans en assumer le sens. Ils ont promis une explication de leur concept d’écocentrisme, nous avions dit qu’ils ne le feraient jamais, et pour cause, le faire les amènerait à dire la même chose que l’extrême-droite des années 1930.

Cette fois, c’est Aymeric Caron qui s’y met. On sait qu’il y a exactement un an il a expliqué qu’il allait devenir vegan, l’est-il nous ne le savons pas, il ne le dit jamais (et en tout cas il ne peut pas l’être en acceptant d’aller à Fort Boyard comme en septembre 2015).

En tout cas, le facebook des Cahiers Antispécistes – groupe lyonnais à la base de la Veggie Pride, de L214  – a publié l’information comme quoi il allait sortir un livre intitulé « antispécisme ».

On a droit encore une fois à la même approche du type « troisième voie » : rejet du capitalisme et du communisme, prétention « révolutionnaire », négation des classes sociales, affirmation d’une modernisation de la pensée « occidentale »…

De la même manière qu’on a « la terre, elle, ne ment pas » chez Pétain, ici on a l’appel à une « symbiose » avec son entourage, bref ce vieux discours faisant la promotion d’une société « organique ».

Cahiers antispécistes

La parution le 17 mars prochain du livre d’Aymeric Caron « Antispéciste » est annoncée. Nous n’en savons pas plus que le descriptif de l’éditeur reproduit ci-dessous:

Un jour, les animaux auront tous des droits. L animalisme figure le prochain projet idéologique révolutionnaire, qui réconcilie les hommes avec eux-mêmes et avec leur avenir.

Certains en possèdent déjà : les animaux de compagnie, les espèces protégées et les animaux d élevage. Mais les droits que nous leur avons consentis sont minimaux et incohérents. Nous traitons différemment les chiens, que nous considérons comme des membres de la famille, des cochons, réduits au rang d objets produits en masse et abattus dans d indignes conditions. Pourtant cochons et chiens possèdent une sensibilité et une intelligence similaires. Comment en sommes-nous venus à les classer dans des catégories si différentes ? C est que nous sommes spécistes.

Le terme, peu connu en France, fera bientôt partie de notre vocabulaire. À l instar du racisme et du sexisme, dont il poursuit la logique. Le spécisme consiste à traiter différemment, et sans la moindre raison valable, deux espèces qui présentent les mêmes caractéristiques.

Tout comme nous avons longtemps dénié aux femmes les mêmes droits que les hommes. L affirmation de l antispécisme sera celle de l animalisme, un mouvement philosophique qui promeut la nécessité d accorder des droits à tous les animaux, en raison de leur capacité à souffrir. Loin d être anecdotique, l animalisme incarne le mouvement idéologique le plus révolutionnaire ; pour la première fois depuis deux mille ans, il entend sortir nos systèmes de pensée occidentaux de leur logique anthropocentriste et reconnaître que nous, qui sommes des animaux, avons des obligations morales à l égard de nos cousins.

Surtout, l animalisme s inscrit dans une logique d écologie politique éloignée de celle incarnée par les élections. Non plus une écologie superficielle, qui se soucie seulement de préserver les écosystèmes, les ressources et quelques espèces en péril, mais une écologie profonde, qui repense complètement la place de l homme dans le monde. Pour que ce dernier ne vive plus en parasite mais en symbiose avec toutes les formes du vivant.

Cela oblige à une refonte de nos institutions et à briser la vision à court terme du temps politique. Cela nous oblige aussi à une réforme intellectuelle qui remette en question la notion de « profit ». Le capitalisme, le socialisme, le communisme, le néolibéralisme sont aujourd hui discrédités, si ce n est dépassés.

Sale époque où pullulent ces discours sur une troisième voie, dans la négation de l’opposition gauche/droite. Sale époque où l’on doit supporter ces bourgeois passant à la télévision et prétendant changer le monde. Sale époque où un tel personnage peut se prétendre révolutionnaire…

Raison de plus d’écouter des gens non vegans, mais qui au moins vont, eux, dans le bon sens, comme le groupe Luke : « Il est ou le signal d’alarme il n’y a même plus de colère génération MTV génération somnifère », « ici c’était triste putain où est passé la gauche! »

On ne laissera pas les valeurs de gauche, de révolution, de véganisme, se faire galvauder par des gens comme Caron !

Michel Delpech : « Le chasseur »

Le chanteur Michel Delpech, qui vient de décéder, a écrit une chanson très intéressante sur la chasse, dans les années 1970 : « Le chasseur ».

Au-delà de la critique de la chasse, il y a un point de vue extrêmement utile, car les paroles tentent de reconstruire la psychologie du chasseur. Impossible de ne pas comprendre, en effet, que la chasse populaire consiste également en une tentative de se lier à la Nature.

L’approche est totalement erronée, mais on ne peut pas réussir à convaincre les gens d’arrêter la chasse si justement on ne propose pas quelque chose de positif dans le rapport à la Nature…

Il était cinq heures du matin
On avançait dans les marais
Couverts de brume
J’avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l’altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux

(Refrain)
Par dessus l’étang
Soudain j’ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s’en allaient
Vers le midi
La Méditerranée

Un vol de perdreaux
Par dessus les champs
Montait dans les nuages
La foret chantait
Le soleil brillait
Au bout des marécages

Avec mon fusil dans les mains
Au fond de moi je me sentais
Un peu coupable
Alors je suis parti tout seul
J’ai emmené mon épagneul
En promenade
Je regardais
Le bleu du ciel
Et j’étais bien

(refrain)
Par dessus l’étang
Soudain j’ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s’en allaient
Vers le midi
La Méditerranée

Un vol de perdreaux
Par dessus les champs
Montait dans les nuages
La foret chantait
Le soleil brillait
Au bout des marécages

Et tous ces oiseaux
Qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages
J’aurais bien aimer les accompagner
Au bout de leur voyage
Oui tous ces oiseaux
Qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages
J’aurais bien aimer les accompagner
Au bout de leur voyage

Les calanques, les boues rouges et l’anthropocentrisme

Voici de nouveaux documents au sujet de la pollution des Calanques. On peut espérer que cela soit le début d’une vaste prise de conscience ; une pétition à ce sujet en 2012 avait obtenu en ligne 222 signatures, dont beaucoup de récentes, faites par des gens ayant entendu parler de la question.

Il est vrai qu’il y a eu de multiples autres initiatives, mais elles ne font pas boule de neige. EELV pourrait faire en sorte que cette question soit connue, mais l’écologie n’est pas dans sa culture, qui est en fait « sociétale » – « développement durable ».

Voici d’ailleurs le communiqué fait par EELV, qui se préoccupe peu de la vie marine, mais souligne bien qu’elle s’intéresse aux consommateurs…

Boues rouges dans les Calanques, ou comment donner un permis de polluer impunément dans le silence des fêtes

Depuis des décennies, plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été déversées sur les fonds marins du Parc national des Calanques par l’entreprise Alteo.

En 1996, un arrêté avait donné 20 ans à l’entreprise pour s’adapter et cesser de rejeter des produits toxiques en mer. Or ces 20 ans n’ont pas du tout été mis à profit pour protéger l’environnement. Le chantage à l’emploi réalisé aujourd’hui est donc malhonnête de la part de cette entreprise au comportement irresponsable.

Pour les écologistes ce permis de polluer accordé par le premier représentant du gouvernement est un scandale environnemental et sanitaire. La toxicité de ces boues atteint les poissons et menace les consommateurs.

Le chantage à l’emploi se fait au mépris d’autres activités menacées, notamment les milliers d’emplois de la pêche et du tourisme local qui vivent grâce à la préservation de la qualité des eaux et de l’environnement.

La France se montre encore une fois bien trop sensible aux arguments des entreprises et incapable de privilégier l’intérêt général.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux.

Voici, de manière plus approfondie, le point de vue de Collectifs Littoral, qui dans le fond ne se distingue pas d’EELV dans l’anthropocentrisme.

POUR L’ARRÊT DES REJETS DES EFFLUENTS LIQUIDES CHIMIQUES, TOXIQUES ET RADIOACTIFS DE L’USINE ALTEO DANS LES EAUX DU PARC NATIONAL DES CALANQUES

Nous, citoyens français, responsables, engagés dans la protection de l’environnement, dans la qualité de notre cadre de vie, dans la préservation de notre santé publique, n’accepterons pas la décision que pourrait prendre notre Gouvernement en faveur d’intérêts financiers parcellaires,

sans tenir compte de l’avis de la population largement exprimé lors de l’enquête publique, et en portant de graves préjudices au pouvoir de la vie, de la biodiversité et à notre futur.

À l’heure de la COP21, il n’est plus temps de privilégier les intérêts des Industries polluantes quand ces derniers mettent en danger non seulement l’environnement mais aussi notre santé, notre réservoir alimentaire marin, ainsi que l’économie touristique et résidentielle liée à la qualité de nos eaux et de nos ressources marines.

La France ne doit pas manquer le rendez-vous de l’exemplarité en s’engageant sans concessions pour la protection des Mers , des Océans et de la chaîne alimentaire marine.

En 1993, Péchiney (ALTÉO) s’était engagé à régler le problème des rejets de boues rouges en mer dans les 5 ans. Aujourd’hui non seulement le problème n’est pas résolu mais la France va renouveler à l’industriel le permis de polluer en déversant des effluents toxiques, chimiques et radioactifs, au sein du Parc National des Calanques.

considérant le droit pour le citoyen de demander un positionnement clair des élus de la République Française sur l’engagement de leur responsabilité, aujourd’hui et dans les années à venir,

considérant les objectifs de la Présidence de la République et de la grande conférence environnementale de la COP21 qui doivent adresser aux acteurs économiques et financiers les signaux nécessaires à la réorientation de leurs investissements, afin d’engager la transition vers des économies bas carbone et respectueuses de l’environnement,

considérant que l’industriel ALTÉO doit se conformer à la législation internationale, à la convention de Barcelone et au protocole d’Athènes-Syracuse qui interdisent le rejet en mer de polluants ne respectant pas les normes adoptées, à la charte du Parc National des Calanques, dont l’objectif est de préserver les écosystèmes et la biodiversité marine, ainsi qu’aux exigences des Directives Cadre sur l’Eau (DCE, transcrite dans le SDAGE Rhône Méditerranée) et sur la stratégie pour le milieu marin,

considérant le Droit Public Maritime bafoué et l’opportunité pour la Ministre de l’Environnement du Développement Durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, d’une saisine du Conseil d’État,

considérant une augmentation prévisible des effets nocifs, liée au passage des effluents de l’état solide à un état liquide chargé de métaux lourds et métalloïde (mercure, plomb, arsenic, aluminium, uranium etc…) non biodégradables, qui se cumulent au fil du temps. L’eau polluée plus légère que l’eau de mer remontera vers la surface et le phénomène naturel d’«upwelling» accentuera cette remontée, lorsque le mistral souffle, confinant la pollution vers le littoral et les plages,

considérant l’impact désastreux sur la faune et la flore marines de cette pollution invisible sans frontières se dispersant en Méditerranée et les problèmes liés aux questions de santé publique, avec la pollution des plages par les métaux lourds et la concentration des polluants le long de la chaine alimentaire jusqu’à l’humain,

considérant la dangerosité de la vétusté de la canalisation qui déverse les rejets en mer, et le risque écologique et sanitaire majeur lié à une rupture probable de la canalisation ou/et d’un effondrement du plateau continental en zone sismique,

considérant l’immense perte économique que subira la région PACA du fait de l’impact important de la pollution à métaux lourds sur les métiers de la pêche, la consommation des produits de la mer et sur l’économie touristique et résidentielle des villes du littoral, qui repose sur la qualité de leur environnement,

considérant la mauvaise utilisation de l’aide publique attribuée depuis plus de 20 ans à l’industriel, sa volonté de manipuler les études d’impact et de désinformer l’opinion publique en se servant du chantage à l’emploi,

considérant que les solutions pour dépolluer ces rejets existent, lesquelles permettent la récupération des métaux lourds et le recyclage de l’eau actuellement gaspillée avec un débit gigantesque de 270m3 par heure ,

Nous demandons au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie

la saisine du Conseil d’État
l’ouverture d’une table de négociation ministère, associations, ALTEO
afin de contraindre l’industriel au respect des réglementations en vigueur,
avec la mise en place de techniques d’épuration totale et le recyclage effectif des eaux rejetées,
l’apport de compensations financières aux acteurs victimes de préjudices importants
la surveillance des fonds pollués
une approche sociale et humaine vis-à-vis des salariés de l’entreprise.

N’ACCEPTONS PAS L’INACCEPTABLE

C’est terrible : ces points de vue sont entièrement anthropocentristes ; dans leur fond, leur démarche fait de l’océan des ressources, tout comme le font les grandes entreprises. Comment alors critiquer celles-ci?

Une critique écologiste authentique ne peut que rompre avec une telle approche et reconnaître à l’océan une valeur en soi.

Le Préfet de PACA accorde à ALTEO « un véritable permis de polluer et de tuer la vie marine »

Encore une fois au sujet du parc national des Calanques et de l’autorisation à polluer massivement, voici le point de vue de Sea Sheperd Marseille.

#‎BouesRouges‬ : Le Préfet de PACA accorde à ALTEO « un véritable permis de polluer et de tuer la vie marine »

Le préfet de PACA, Monsieur Stéphane BOUILLON, a signé le lundi 28 décembre 2015 un arrêté autorisant la société ALTEO à « continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires ».

Depuis plus de cinquante ans, l’usine d’alumine ALTEO de Gardanne rejette des « boues rouges » dans la Méditerranée.

Ce ne sont pas moins de 20 millions de tonnes chargées en métaux lourds toxiques pour l’environnement qui sont ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.

En dépit des différentes règlementations en vigueur, certains continuer à nier les conséquences tragiques de ces rejets sur l’environnement.

Pourtant, les dégâts causés par ALTEO par le dépôt de boues rouges sont catastrophiques. Les experts estiment qu’il faudra plus de 50 ans à la faune marine pour espérer un retour à la normal.

Le dépôt chargé d’Aluminium, Arsenic, Cadmium, Cuivre, Mercure, Plomb ou autre Vanamium se retrouve à 2 300 mètres de profondeur et s’étend jusqu’à 65 Km des côtes.

L’épaisseur du dépôt polluant est de 50 cm à 25 Km du point de rejet, et 10 cm à 60 Km. Dans sa partie épaisse, le dépôt recouvrirait 2 400 Km.

Le fait pour une usine de déverser des effluents toxiques (boues rouges ou effluents liquides) sur une parcelle de domaine public maritime naturel devrait être considéré en vertu de la loi littoral de 1986 comme illégal.

En outre, le classement Natura 2000 avec 140 espèces terrestres animales et végétales protégées, 60 espèces marines patrimoniales et 14 habitats d’intérêt communautaire considérés comme rares et fragiles par l’Europe et la création récente du Parc National des Calanques n’ont à notre sens fait qu’amplifier cette illégalité.

Ainsi, le caractère particulier de la zone où se situent les rejets (Natura2000 et Parc national), l’absence de mission de service public, le caractère non temporaire de l’occupation du domaine maritime naturel et surtout les résultats de l’enquête scientifique auraient dû conduire à une non renouvellement de l’autorisation de polluer la méditerranée !

Autoriser ALTEO à poursuite ses rejets en mer constitue « un véritable permis de polluer et de tuer la vie marine », comme l’a justement souligné le Pr Henri AUGIER, président d’Union Calanques Littoral et porte-parole des associations et collectif unis, appuyé par Gérard CARRODANO, premier prud’homme de La Ciotat et porte-parole des pêcheurs locaux.

Les dégâts causés par ALTEO par le dépôt de boues rouges et à présent d’effluents liquides sont catastrophiques !

Les effluents toxiques dans les eaux du Parc national des calanques

Hier nous parlions du possible changement de mentalité suite à la COP 21 chez les gens conscients (100 tonnes de neige « de production » par hélicoptère à Sainte-Foy-Tarentaise). On ne peut plus faire comme avant et désormais ce qui est non écologiste apparaît comme anti-écologiste.

En voici un nouvel exemple, avec le « coup de gueule » de la chanteuse Nolwenn Leroy, qui reprend précisément ce mode d’argumentation.

Voici un extrait de l’article du Nouvel Observateur, mis en lien par la chanteuse.

A partir du 1er janvier, l’usine d’alumine de Gardane va pouvoir continuer à rejeter ses effluents toxiques dans les eaux du Parc national des calanques. 270 mètres cube déversés chaque heure, au grand dam de protecteurs de la Méditerranée comme le pêcheur Gérard Carrodano.

Propriété depuis 2012 du fonds d’investissement américain HIG, l’ancien site Péchiney de l’usine Alteo avait, contre toute attente, obtenu l’aval du Parc national pour poursuivre ses rejets.

Un choix qualifié d' »équilibré » par Didier Réault, président du conseil d’administration du Parc qui a précisé que l’avis favorable est assorti de réserves et qu’il pourra faire pression afin de contraindre l’industriel à une pratique plus vertueuse.

L’industriel assure de son côté qu’il se conforme déjà au respect des normes environnementales et ne rejette les fameuses boues rouges tant décriée mais de l’eau filtrée grâce à un dispositif en partie financé par l’Agence de l’eau.

Seulement voilà, pour les associations environnementales impliquées dans ce long combat, l’eau déversée est chargée de métaux lourds, du mercure, de l’arsenic, du plomb…

Y a-t-il donc un changement d’attitude qui serait en cours? L’échec de la COP 21 ne change rien au fait que, pour de nombreuses personnes, la situation est considérée comme grave. Le plus grand problème est malheureusement que la jeunesse est totalement passive à ce niveau.

Mais un glissement de terrain culturel est possible et après tout absolument logique. Les choses ne peuvent pas rester en l’état. L’argument comme quoi après la COP 21, il y a des choses inacceptables, est sans doute le reflet d’une vraie lame de fond.

Tout un travail reste par contre à faire avec l’écologie, il faut que celle-ci se synthétise, se structure, saisisse le véganisme…