Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière…

L’automne

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques

Hiérarchie, spécisme, exploitation animale

Voici un petit dessin intelligemment fait, et permettant de se poser des questions importantes quand on veut aider les animaux.

Le voici, et on comprendra aisément que c’est un dessin britannique.

Ce dessin suscite deux questions essentielles. La première, c’est de savoir dans quelle mesure il y a une hiérarchie dans la société, qui s’avère hostile aux animaux.

La seconde, c’est de savoir si c’est uniquement de cette hiérarchie que provient la situation des animaux aujourd’hui. Et la manière avec laquelle on interprète le dessin permet de se fixer sa propre opinion.

Évidemment, aucune personne végane, ou même non végane d’ailleurs, ne peut nier la réalité relative de ce dessin. Les violences se répercutent toujours en cascade, et il est bien connu que les personnes basculant dans la « folie criminelle » ont souvent un passé plein de souffrance. De la même manière, les serials killers américains s’en sont souvent pris aux animaux alors qu’ils étaient jeunes.

Pour autant, faut-il généraliser cette conception ? Faut-il considérer que la société connaît de multiples oppressions, se chevauchant, et que les animaux sont tout en bas de l’échelle ?

C’est la conception traditionnellement appelée « anti-spéciste », qui considère que le spécisme est une idéologie et une réalité à part entière, entièrement autonome. Les anti-spécistes progressistes combattent donc le spécisme, à côté de luttes contre le sexisme, le capitalisme, l’homophobie, etc.

Cependant, il est évident que cette conception est fausse. Le spécisme existe, mais il n’est pas une réalité autonome et découpable du reste. Son moteur n’est pas la méchanceté ou la stupidité humaine.

Inévitablement d’ailleurs, l’antispécisme dérive vers une certaine forme de misanthropie ou au moins de mépris des gens qui resteraient « prisonniers » de formes idéologiques d’oppression.

Car le véritable problème, c’est l’exploitation animale. Il est tout à fait juste bien sûr de constater qu’il y a un « spécisme », un mépris des animaux en général.

Et d’ailleurs, plus particulièrement, des rats, des cafards, des pigeons, des « porcs », et il est étonnant justement que l’antispécisme ne se penche pas plus particulièrement sur cet aspect, même si en fait, c’est logique.

Logique parce que l’antispécisme ne fait qu’élargir la liberté et la démocratie aux animaux. Or, nous à LTD, nous partons de la Nature, dont font partie tant les animaux que les humains, qui ne sont finalement que des animaux engagés dans une voie particulière.

Les humains ne sont pas « méchants », mais ils ont développé leur réalité sociale au moyen du travail, et ce faisant ils se sont précipités, « important » des cafards avec le bois ramené d’Amérique latine, « attirant » les pigeons dans leurs villes en raison de la hauteur des bâtiments et de l’empiétement sur la Nature sauvage, méprisant les animaux destinés au massacre de la boucherie.

Les humains ne sont pas des êtres pervers et oppresseurs, spécistes parce que cela les arrange. Le spécisme existe parce que l’humanité a établi avec la Nature des rapports très particuliers.

Des rapports illogiques et précipités de pillage des ressources, de confrontation, dont l’idéologie est d’ailleurs un Dieu omnipotent ayant fait « l’Homme » à son image et lui donnant soi-disant la Terre pour qu’il y fasse ce qu’il veut.

Là où le dessin a tort, c’est qu’il s’imagine que la société est défini par des hiérarchies diverses et variées ; à côté du dessin il y a normalement un slogan disant que la division en « boss » et en personnes soumises au « boss » est le fondement des problèmes sociaux.

Mais si les animaux sont utilisés, ce n’est pas pour le « plaisir » de l’oppression. C’est pour les utiliser. Des partenariats ont d’abord été fait avec les chiens et les chats, des animaux ont été utilisés pour le trait, des élevages ont été organisés pour avoir des sources d’alimentation de manière organisée.

Lorsque des bateaux amenaient avec eux des grandes tortues, comme nous en parlions récemment, c’était pour manger les tortues : comme elles étaient vivantes, elles conservaient leur fraîcheur, à une époque où les bateaux n’avaient pas de réfrigérateurs.

C’est immonde, bien entendu. Mais à l’époque, l’humanité n’avait pas les moyens de faire autrement pour faire ce qu’elle faisait. Aujourd’hui, nous pouvons par contre faire autrement, pour faire différemment aussi !

C’est l’exploitation animale le véritable fond du problème, ce n’est pas le « spécisme », car le spécisme n’est qu’une idéologie directement dérivée de l’exploitation animale en tant que réalité sociale et économique.

Et c’est cela qui fait que les « antispécistes », bien souvent, oublient les animaux, ne portant qu’un regard abstrait sur eux. Ils ne saisissent pas que se tourner vers les animaux, c’est aussi se retourner au caractère naturel de l’être humain. Et c’est là qu’il y a la véritable révolution !

Cmentarz zwierząt – Le cimetière pour animaux, à Varsovie

Voici, encore une fois au sujet de la religion catholique, une information concernant la fête de la Toussaint… version animale. Cela se passe en Pologne, dans la banlieue Varsovie, et l’Église ne peut bien entendu pas accepter une telle subversion de sa fête, comme le montre d’ailleurs le point de vue cohérent, par rapport sa religion, du responsable religieux interviewé dans la vidéo ci-dessous.

Il y a ainsi 8000 tombes, très colorées et avec de nombreux objets, comme c’est souvent le cas dans certains pays d’Europe de l’Est pour les tombes d’enfants.

Notons que si le cimetière est présenté comme un business florissant, c’est surtout pour se moquer finalement des gens respectant les animaux, présentés comme des sortes de « gogos » ultrasensibles manipulés par un filou.

Il est pourtant dans l’ordre de la vie de se souvenir et de conserver la mémoire de ceux et celles qui ont pu partagé notre vie. Il faut d’ailleurs noter qu’en France, il est relativement difficile de trouver des crématoriums ou des cimetières pour animaux. C’est encore considéré comme relevant de la « lubie » de « mémère » pleine d’argent et n’ayant rien d’autre à faire de sa vie.

C’est dire la triste vision dominante, opposée à toute « faiblesse », c’est-à-dire à toute expression de la sensibilité. On notera d’ailleurs que le cimetière de Varsovie – il en existe dans d’autres villes également – propose même une petite visite virtuelle.

Il peut bien entendu y avoir des aspects négatifs. Mais ce qui compte, c’est la volonté de ne pas laisser tomber une partie de sa propre vie, de son environnement. Les animaux dits « de compagnie » sont effectivement des membres de la famille au sens élargi, et pas des objets qu’on pourrait « oublier » une fois qu’ils seraient « inutilisables », « usés » ou « cassés. »

La fête de la Toussaint au cimetière pour animaux de Varsovie exprime cette contradiction, où les gens présents tentent de donner une solution en exprimant le souvenir et le respect.

C’est un sentiment digne et fort !

8 octobre 2012 – Procès de Valognes : quand le lobby nucléaire cherche à étouffer la contestation

C’est une victoire: les trois militants qui passaient en procès le 9 octobre pour avoir parlé aux médias lors du camp de Valognes ont été relaxés ! La raison de cette victoire tient au caractère décidé de la lutte, mais aussi toute la culture qui va avec et qui rassemble du monde, produisant encore plus de lutte!

Voici le communiqué du Réseau Sortir du Nucléaire.

8 octobre 2012 – Procès de Valognes : quand le lobby nucléaire cherche à étouffer la contestation

Bonne nouvelle ! Alors que les trois inculpés faisaient face à de très lourds chefs d’accusation, la justice n’a rien pu retenir contre eux et ils ont été relaxés. L’industrie nucléaire a échoué à casser la résistance.

Du mercredi 19 novembre au lundi 28 novembre 2011, un convoi de déchets vitrifiés allemands hautement radioactifs a traversé la France et l’Allemagne. Son parcours, du terminal ferroviaire de Valognes (Manche) à Gorleben (Allemagne), maintes fois interrompu, a duré 126 heures : tout au long du trajet, des milliers de citoyens français et allemands se sont mobilisés pour protester contre ce transport à haut risque, parfois en s’interposant physiquement.

Près de Valognes, 800 personnes se sont rassemblées pour alerter sur les dangers du nucléaire en entravant son départ. Aujourd’hui, trois militants qui s’étaient exprimés devant les médias se retrouvent au banc des accusés. Ou quand le lobby nucléaire cherche à se fabriquer des coupables…

Le nucléaire n’est pas une fatalité, ces luttes sont légitimes !

L’esprit du camp de Valognes et de l’appel à mobilisation lancé à l’époque illustrait la volonté de bon nombre de personnes, de s’opposer au fonctionnement routinier du nucléaire. Après Fukushima, pouvait-on laisser ce système suivre impunément son cours ?

Face à un État qui a imposé le nucléaire par la force et qui a mis en place un système et des réseaux d’influence pour asseoir sa politique, ceux de Valognes ont voulu montrer qu’il était possible de s’opposer et de s’organiser collectivement.

Qu’il était possible de venir déstabiliser la pieuvre atomique dans son fonctionnement opaque. Que le nucléaire n’est pas une fatalité et qu’il est légitime de s’y opposer, car nous sommes toutes et tous directement concernés par le nucléaire et toutes et tous des victimes potentielles d’un nouveau Fukushima.

Cette mobilisation faisait écho au puissant mouvement qui s’exprimait outre-Rhin, là où devait arriver le convoi. En Allemagne, la mise en marche de milliers de personnes pour s’interposer à l’arrivée d’un train de déchet n’est pas vue, comme en France, comme le fait de contestataires isolés : elle est au contraire considérée comme l’expression légitime de citoyens qui refusent une technologie qui va contre le simple bon sens.

Lors de la grande manifestation de Dannenberg, près de Gorleben, qui a rassemblé 20 000 personnes, l’évocation des violences policières et la criminalisation des militants français avaient suscité l’indignation générale.

Une inadmissible criminalisation de militants

Le jour de l’action, l’État n’est pas parvenu à mettre en lumière des responsabilités individuelles, puisqu’il n’y en avait pas. La force de cette action résidait bel et bien en ce qu’elle était collective. Aujourd’hui, le système grâce auquel le nucléaire perdure depuis tant d’année cherche à fabriquer des coupables : ceux qui à l’époque se sont exprimés publiquement pour porter une parole collective, pour rendre audibles les raisons et la légitimité de s’opposer au nucléaire.

Les chefs d’inculpation et sommes demandées (163.000 euros de dommages et intérêts pour la seule SNCF) sont insensés. Une criminalisation pure et simple de la militance… Pourtant, qui est le vrai délinquant, celui qui s’exprime pour expliquer le sens d’une action et dénoncer les risques, ou l’industrie qui expose les citoyens à la menace nucléaire et impose aux générations futures le fardeau de la gestion des déchets mortifères ?

Le Réseau « Sortir du nucléaire » et le syndicat SUD-Rail apportent leur soutien aux inculpés comme ils ont apporté leur soutien à ce camp et à cette lutte.

Des transports radioactifs et totalement inutiles sillonnent régulièrement la France ; criminaliser ceux qui les dénoncent ne les rendra pas moins dangereux ! Seule une sortie du nucléaire permettra enfin d’y mettre fin.

L’encyclique « Humani generis »

Hier nous parlions  de l’Eglise catholique par rapport au véganisme, voici un petit élément de plus. Humani generis est une encyclique du pape Pie XII, c’est-à-dire un document officiel de l’Eglise catholique, écrit en latin et rappelant les « grands principes » et donnant des directives.

Datant de 1950, elle nous intéresse particulièrement puisque la « nature humaine » y est définie. Les religions accordent toutes un statut particulier aux humains, ce qui est logique puisqu’en fait les religions ne sont que le miroir des humains pour se voir eux-mêmes, à un certain moment de l’histoire.

Or, pour le succès de la libération animale, il faut se débarrasser de l’anthropocentrisme, ce qui n’est possible que si on assume Gaïa. Ce qui n’a rien de religieux, mais est au contraire dans la droite ligne de la science, de la compréhension de la Nature en mouvement, de l’évolution…

La religion catholique refusant cela refuse logiquement l’évolution : l’être humain serait « pur » et aurait toujours existé sous la même forme. S’il évolue, et que tout évolue, comment justifier sa « supériorité » ?

Voici donc un extrait de l’encyclique, avec les aspects les plus importants. On notera au passage que dans l’encyclique, il est expliqué que :

« les théologiens et les philosophes catholiques, auxquels incombe la lourde charge de défendre la vérité divine et humaine et de l’inculquer à toutes les âmes, n’ont pas le droit d’ignorer ni de négliger les systèmes qui s’écartent plus ou moins de la droite voie. Bien plus, il leur faut les connaître à fond »

Il ne faut pas croire que la question animale n’est pas étudiée au Vatican, qui dispose même d’un observatoire de haut niveau et d’un préposé – José Gabriel Funes – à christianiser les extra-terrestres si on en rencontre, en leur apportant le message du Christ (ce qui est surtout une manière offensive d’éviter une remise en cause de la religion si la vie est découverte ailleurs que sur Terre).

L’anthropocentrisme a cela de particulier qu’il est dominant, mais aussi diffus et mutant. Il sait s’adapter, comme on le voit très bien avec l’idéologie des magasins bios (hypocrisie de la viande biologique) ou encore le « welfarisme » qui entend « améliorer » les conditions de l’exploitation animale.

« Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants.

En effet, c’est bien eux qui prétendent que le système dit de l’évolution s’applique à l’origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles.

Ils l’admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d’un unique tout fatalement soumis à l’évolution continue.

Or, très précisément, c’est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d’arracher des âmes toute idée de Dieu.

La fiction de cette fameuse évolution, faisant rejeter tout ce qui est absolu, constant et immuable, a ouvert la voie à une philosophie nouvelle aberrante, qui, dépassant l’idéalisme, l’immanentisme et le pragmatisme, s’est nommé existentialisme, parce que, négligeant les essences immuables des choses, elle n’a souci que de l’existence de chacun (…).

Car Dieu a donné à son Eglise, en même temps que les sources sacrées, un magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l’a confié pour en assurer l’interprétation authentique, mais au seul magistère de l’Eglise (…).

On sait combien l’Eglise estime la raison humaine dans le pouvoir qu’elle a de démontrer avec certitude l’existence d’un Dieu personnel, de prouver victorieusement par les signes divins les fondements de la foi chrétienne elle-même, d’exprimer exactement la loi que le Créateur a inscrite dans l’âme humaine et enfin de parvenir à une certaine intelligence des mystères, qui nous est très fructueuse.

La raison cependant ne pourra remplir tout son office avec aisance et en pleine sécurité que si elle reçoit une formation qui lui est due : c’est-à-dire quand elle est imprégnée de cette philosophie saine qui est pour nous un vrai patrimoine transmis par les siècles du passé chrétien et qui jouit encore d’une autorité d’un ordre supérieur, puisque le magistère de l’Eglise a soumis à la balance de la révélation divine, pour les apprécier, ses principes et ses thèses essentielles qu’avaient peu à peu mis en lumière et définis des hommes de génie (…).

Tout ce que l’esprit humain, adonne à la recherche sincère, peut découvrir de vrai ne peut absolument pas s’opposer à une vérité déjà acquise; Dieu, Souveraine Vérité a créé l’intelligence humaine et la dirige, il faut le dire, non point pour qu’elle puisse opposer chaque jour des nouveautés à ce qui est solidement acquis, mais pour que, ayant rejeté les erreurs qui se seraient insinuées en elle, elle élève progressivement le vrai sur le vrai selon l’ordre et la complexion même que nous discernons dans la nature des choses d’où nous tirons la vérité (…).

C’est pourquoi le magistère de l’Eglise n’interdit pas que la doctrine de l’  » évolution « , dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante – car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu – soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie d’enquêtes et de débats entre les savants de l’un et de l’autre partis : il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celle des adversaires, soient pesées et jugées avec le sérieux, la modération et la retenue qui s’imposent; à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Eglise à qui le mandat a été confié par le Christ d’interpréter avec autorité les Saintes Ecritures et de protéger les dogmes de la foi.

Cette liberté de discussion, certains cependant la violent trop témérairement : ne se comportent-ils pas comme si l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée par les indices jusqu’ici découverts et par ce que le raisonnement en a déduit; et comme si rien dans les sources de la révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération. »

C’est évidemment particulièrement rébarbatif. Mais il y a deux idées essentielles : celle comme quoi les humains auraient la capacité de « comprendre » un prétendu message de Dieu, ce qui leur confère un statut particulier.

Et l’idée essentielle à toute religion comme quoi tout est statique, comme quoi la Nature est purement passive, comme quoi finalement… Gaïa n’existe pas.

L’Eglise catholique et le véganisme

Toutes les religions partent du principe de l’exploitation animale ; même le jaïnisme, la religion la plus favorable aux animaux et de grande valeur, ou encore les fabuleux Bishnoïs, se servent du lait.

En France, en raison du climat délétère et populiste qui prédomine, on entend très souvent parler de l’Islam par rapport aux animaux, c’est l’obsession de Brigitte Bardot par exemple.

Cependant, le catholicisme s’appuie sur les mêmes fondements que l’Islam ou les autres religions. Voici ce que dit l’actuel catéchisme de l’Eglise catholique, qui est explicite dans son affirmation de l’exploitation animale :

Le respect de l’intégrité de la création

2415 Le septième commandement demande le respect de l’intégrité de la création. Les animaux, comme les plantes et les êtres inanimés, sont naturellement destinés au bien commun de l’humanité passée, présente et future (cf. Gn 1, 28-31).

L’usage des ressources minérales, végétales et animales de l’univers, ne peut être détaché du respect des exigences morales. La domination accordée par le Créateur à l’homme sur les êtres inanimés et les autres vivants n’est pas absolue ; elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y compris des générations à venir ; elle exige un respect religieux de l’intégrité de la création (cf. CA 37-38).

2416 Les animaux sont des créatures de Dieu. Celui-ci les entoure de sa sollicitude providentielle (cf. Mt 6, 26). Par leur simple existence, ils le bénissent et lui rendent gloire (cf. Dn 3, 57-58). Aussi les hommes leur doivent-ils bienveillance. On se rappellera avec quelle délicatesse les saints, comme S. François d’Assise ou S. Philippe Neri, traitaient les animaux.

2417 Dieu a confiés les animaux à la gérance de celui qu’Il a créé à son image (cf. Gn 2, 19-20 ; 9, 1-4). Il est donc légitime de se servir des animaux pour la nourriture et la confection des vêtements.

On peut les domestiquer pour qu’ils assistent l’homme dans ses travaux et dans ses loisirs. Les expérimentations médicales et scientifiques sur les animaux sont des pratiques moralement acceptables, pourvu qu’elles restent dans des limites raisonnables et contribuent a soigner ou sauver des vies humaines.

2418 Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. Il est également indigne de dépenser pour eux des sommes qui devraient en priorité soulager la misère des hommes. On peut aimer les animaux ; on ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes.

« Loisir », utilisation pour le travail, meurtre, expérimentations médicales : tous les différents aspects de l’exploitation sont assumés sans aucun problème.

Ce qui n’empêche pas l’hypocrisie – une tradition religieuse – d’exister le cas échéant. Sur le site de la radio Alpes – 1, on découvre ainsi comment un religieux prend les animaux en otage afin de diffuser sa religion.

Cela se passait donc il y a quelques jours :

Alpes de Haute-Provence – Saint-François d’Assise est surtout reconnu car il est le fondateur de l’ordre des Franciscains (XIIIe siècle) mais ce saint catholique, fêté le 4 octobre, est également le saint-patron des animaux. Depuis 2006, le curé de Barcelonnette, le Père François, bénit en plein air les animaux de compagnie ou de travail dans le plus vieux village de la vallée de l’Ubaye à Faucon-de-Barcelonnette, près de la commune de Jausiers.

« L’idée est venue d’un responsable de la SPA, qui m’a demandé ce que l’on pourrait faire dans un cadre religieux », explique le Père François. Une trentaine de personnes était réunie dimanche dernier, devant le couvent Saint-Jean de Matha.

« Nous avons invité les gens à venir se rassembler afin de bénir les animaux comme, cette année, les chiens de recherche de la gendarmerie du PGHM mais également les chiens guides d’aveugles », explique au micro d’Alpes 1, le Père François, de l’ordre des Franciscains. « Je crois qu’il existe une vérité profonde dans l’attachement de François d’Assise aux animaux. Il louait le Seigneur pour la création », précise-t-il.

« L’idée nous a plu, tout simplement. C’est une façon de faire parler et cette bénédiction religieuse apporte un certains symbole », réagit, le sourire aux lèvres, Jacques Leuci, président fondateur de l’association des Chiens-Guides d’Aveugles du Midi, basée à Aix-en-Provence. Jadis, le curé de campagne ou de montagne était sollicité afin de bénir les fermes et les troupeaux à l’occasion de la transhumance.

« Cette tradition s’est en effet perdue. Je ne me souviens pas avoir était invité une seule fois… Alors grâce à mon Saint-Patron, cette bénédiction rassemble les gens qui ne sont pas forcement des Chrétiens pratiquants », précise le Père François, prêtre depuis 35 ans.

Ce ne sont pas ici les animaux qui sont « bénis »… C’est l’exploitation animale qui est bénie !

Lettre ouverte au sujet du projet de Center Parcs aux Chambarans

Voici une information très intéressante au sujet de la bataille contre Center Parcs, alors que les opposants au projet aux Chambarans sont accusés d’avoir une approche biaisée. On est confronté en fait, dès qu’on met en avant l’écologie, au pragmatisme du profit, qui prétend aménager et améliorer, alors qu’il ne produit qu’une société dénaturée, bétonnée, pleine de misère.

Bonjour,

La revue « Isère magazine« , éditée par le Conseil général de l’Isère, tirée à 490 000 exemplaires, rapporte dans son dernier numéro du mois d’octobre les propos honteux et très insidieux de Pascal Doom, président de l’association  » Vivre en Chambaran « . Ce dernier affirme sans aucune retenue que les opposants au Center Parcs sont « des gens qui, pour beaucoup, ne sont même pas du pays ou qui sont contre par principe idéologique ». Serions-nous devenus les nouveaux « indésirables » aux yeux de Pascal Doom et aux yeux du Conseil général qui a laissé passer cette citation ?

Cette stigmatisation des opposants en « étrangers » qui n’auraient pas à disserter sur cette question, est malencontreusement inadaptée à la situation réelle, car il s’agit bien davantage de faire taire les opposants à Center Parcs à cause de leur critique qui dérangerait certaines affaires ; monsieur Brémond, président de Pierre & Vacances, et certains investisseurs qui « ne sont même pas du pays » non plus, pourront à leur guise se prononcer sur la question.

Nous vous transmettons, ci-dessous et en pièce jointe, une lettre ouverte de Michelle Pistone, habitante de Roybon, adressée à Yannick Neuder, président de la Communauté de communes de Bièvre-Chambaran.

Merci de faire suivre,

Quelques opposants à Center Parcs

Lettre ouverte à Yannick Neuder et aux délégués

de la Communauté de communes Bièvre-Chambaran

Une nouvelle structure administrative

Une nouvelle structure administrative est née il y a quelques mois : la communauté de communes de Bièvre Chambaran qui regroupe les anciens cantons de Roybon et Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs. Le premier numéro : Les actus de Bièvre-Chambaran est arrivé dans les chaumières. Intéressant. Dans son éditorial, Yannick Neuder, président de la communauté de communes et maire de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, chante les atouts de ce territoire « tant au niveau environnemental avec ses beaux paysages, son air pur, son eau » que « sur le plan économique avec ses pôles d’activité ».

Et d’enchaîner sur un futur Center Parcs qui s’installerait dans cet « espace où il fait particulièrement bon vivre ». L’enthousiasme, au fil des lignes, gagnant notre responsable, il pronostique : « les vacanciers qui recherchent la tranquillité à pied ou en vélo dans un cadre de verdure apprécieront ce bon vivre et ils seront les bienvenus. ».

Une population roybonnaise accueillante…

Et bien, non, Monsieur Neuder, ils ne seront pas les bienvenus ! Les Roybonnais ne sont pas xénophobes toute leur histoire en atteste. Ils ont accueilli les protestants au milieu du 16ème siècle ; les prêtres réfractaires après 1789 ; les « indésirables » parqués dans l’ancienne usine de soierie début 1940 et à qui ils essayaient de témoigner leur amitié ; les réfractaires au STO et autres résistants qui, cachés dans les bois – en particulier celui des Avenières ! – étaient soutenus par la population. Plus récemment, ce sont les « harkis » qui, abandonnés par le gouvernement français qu’ils avaient servi, sont arrivés à Roybon par un froid hiver de 1963, et ont trouvé un peu de réconfort auprès de la population. Beaucoup ont d’ailleurs fait souche dans la commune.

…qui n’aime pas les envahisseurs …

Si les Roybonnais ont toujours accueilli avec compassion des minorités opprimées, leur attitude, pendant la guerre de 1939-1945, atteste que les « envahisseurs » n’étaient pas les bienvenus. Et là, ce sont cinq mille personnes qui débarqueraient chaque semaine au Center Parcs.

Ils recherchent, dites-vous, la tranquillité à pied ou en vélo, alors chiche ! Installez leur des « vélo-lib » à la sortie des autoroutes, sur les parkings de l’aérodrome et des différentes gares pour qu’ils puissent apprécier pleinement la beauté des Chambarans, le charme de ses petites routes. Peut-être auraient-ils la surprise de débusquer un chevreuil, effrayé mais point sauvage. Les acteurs économiques – comme on dit ! – pourraient reprendre les bâtiments de l’ancienne usine de Saint-Siméon-de-Bressieux et y faire construire des vélos, des tandems … et même quelques Vespas qui ne doivent point trop polluer.

C’est au printemps 2009 que Schaeffler, propriétaire de l’usine de Saint-Siméon-de-Bressieux où l’on fabriquait des chaînes, programme la fermeture du site. Hélas pour les travailleurs, 2009 n’était pas une année d’élection présidentielle. Saint-Siméon-de-Bressieux ne s’est pas retrouvé comme Yssingeaux, au centre de l’arène médiatico-politique qui a permis à cette petite ville de Haute-Loire de reconvertir les 250 emplois de confection textile en emplois de maroquinerie. Et en mai 2009, les 92 travailleurs de Saint-Siméon-de-Bressieux se sont retrouvés au chômage.

Gageons que si « les responsables politiques », si les Roybonnais pro-Center Parcs, qui débarquent aujourd’hui en commando dans les réunions organisées par l’association « PCSCP » pour les perturber, si tous avaient fait preuve pour sauver le site menacé, de la même détermination que celle qu’ils affichent pour implanter ce parc touristique, la face, sinon du monde, du moins de Bièvre-Chambaran eût pu en être changée. On ne les a guère vus participer aux manifestations ou apporter leur soutien aux grévistes qui occupaient le site.

…abusés par une nature artificiellement recréée

Un conseiller municipal de Roybon, a coutume, dans ses interventions, de préciser qu’au tourisme genre « Center Parcs » il privilégie le cheval, le vélo, la marche. Je crois que c’est vrai. En responsable consciencieux il est même allé voir ce qui se passait dans ces fameux parcs de loisir si décriés par certains et n’y a vu que du bien. C’est propre, bien entretenu, on s’y déplace à pied, on voit même des arbres. D’accord, on en coupe quelques uns sur le site pour en planter d’autres plus photogéniques. C’est la nature quoi ! Un peu comme le zoo de Vincennes pourrait faire croire que nous sommes au cœur de la savane africaine.

Dans un cas comme dans l’autre on ajoute à cet environnement quelques accessoires ludiques permettant aux singes du zoo de faire de l’escalade et aux touristes émerveillés de dévaler des cascades dans l’Aquamundo. Quand la société Pierre & Vacances est venue, à Roybon, faire l’apologie de son parc de loisirs, des photos ont été projetées. Toutes montraient ce monde idyllique qu’on ne voit que dans les films et sur les cartes postales mais qui n’est pas la nature !

L’eau

L’eau, nous dit le président de l’inter-communalité est un des atouts de notre région. Raison peut-être de la protéger !

Dans son rapport, qui était consultable en mairie, La société Pierre & Vacances écrit « L’hydrogéologie du plateau est mal connue ». Bel aveu de méconnaissance, donc d’impuissance !

On en sait un peu plus en consultant l’enquête de la Direction Régionale de l’environnement du 16 mars 2010.

Le plateau de Chambaran, château d’eau :

« L’emprise du projet recouvre partiellement un aquifère de plusieurs centaines de km2. Le plateau de Chambaran est une zone d’alimentation majeure de l’aquifère… Cette zone est reconnue comme le « château d’eau » de la nappe de la molasse (et des cours d’eau liés), à protéger prioritairement ».

Peut-on croire que des communes de la vallée de la Galaure, et les deux sociétés de pêche de la Drôme et de l’Isère se seraient mobilisées contre le Center Parcs, s’il n’y avait pas danger pour les rivières ? Les pêcheurs ne sont quand même pas de dangereux révolutionnaires !

Une zone humide à protéger :

« Le site est par ailleurs identifié à 85% comme zone humide par l’inventaire départemental des zones humides de l’Isère. Les zones humides participent au maintien de la qualité de l’eau par auto-épuration. Elles jouent également un rôle hydraulique en terme de secteurs naturels d’expansion des crues, de ralentissement du ruissellement, de soutien naturel des étiages » …

Chaque hectare de zone humide détruit serait « compensé » par la restauration ou la création de deux hectares. Cette notion de « compensation » est scandaleuse. Que penseriez-vous de la proposition qui serait faite, aux parents d’un enfant décédé, de le « compenser » en adoptant deux autres enfants ?

Un inquiétant prélèvement d’eau potable supplémentaire sur le bassin de Bièvre-Liers-Valloire :

« Dans un bassin versant où la question de la ressource en eau est sensible, le prélèvement lié directement au Center Parcs fait augmenter la demande en eau potable sur le bassin de Bièvre-Liers-Valloire de 15/100… Remarquons par ailleurs que le Center Parcs est un parc de loisir en grande partie lié à l’eau ».

Chaque année, en période estivale, des mesures sont prises pour limiter la consommation d’eau, dans les vallées de Bièvre, Liers, Valloire mais aussi dans les Chambarans. Quant à la consommation des touristes de Center Park elle est – si l’on peut dire – à géométrie variable ! De « 240 litres par personne et par jour » (Vivre à Roybon N° 85 d’octobre 2010) on passe à « une consommation journalière de 176 litres par « centerparcsien » et par jour. » (Vivre à Roybon N° 88). Encore un petit effort et le parc de loisirs ne consommera plus rien du tout.

Un transfert d’eaux usées particulièrement aberrant : « Du ralliement des eaux usées à Saint-Marcellin, découle un transfert d’eau entre deux bassins versants, avec de nombreux kilomètres de canalisation ( 27 km ) Le traitement des eaux avec rejet dans un versant différent, celui de l’Isère, constitue une réelle atteinte au principe du respect du cycle de l’eau ».

Les canalisations se promèneront pas monts et par vaux, avec quelques pompages bien sûr. Par ailleurs, n’oublions pas que les collines de notre région, argileuses, sont particulièrement sensibles aux fortes pluies d’orage et qu’il n’est pas rare qu’elles « coulent », entraînant d’ailleurs les routes avec elles. Elles entraîneront quelques canalisations et les eaux usées qu’elles transportent. Ainsi, les champs traversés seront fertilisés !

Dans un des argumentaires des pro-Center Parcs, l’auteur fait remarquer que, de toute façon, l’eau retournera bien au Rhône. Elle ne fera qu’un petit détour de quelques dizaines de kilomètres !

L’air pur

Une circulation accrue : Tout est fait pour dissuader les habitants des campagnes de se déplacer en voiture pour leur travail ou leur loisir. Protection de l’air oblige. Mais les promoteurs du Center Parcs considèrent comme quantité négligeable les quelques milliers de véhicules qui se croiseraient sur la petite route qui conduit aux Avenières deux fois par semaine au moins, aucun transport en commun n’étant prévu. Ce sont cinq mille personnes qui arrivent et quittent le centre de loisirs deux fois par semaine, les séjours ayant une durée moyenne de deux à trois jours.

N’oublions pas non plus le déplacement, chaque jour, des véhicules des travailleurs qui seraient employés sur place et ceux des fournisseurs. Il faudrait bien aussi transporter sur le site le bois déchiqueté censé chauffer les cottages, et le gaz, amenant la température de l’eau et de l’air à 29 degrés dans l’aquamundo. Des cocotiers et des palmiers, comme « dans l’espace aquatique unique en Europe » du Center Parc de Lorraine, ça ne pousse pas avec des températures de moins vingt comme on peut en connaître dans les Chambarans ! On apprend, mercredi 13 juin 2012, que les véhicules diésel seraient responsables de cancers du poumon et de la vessie. Les Roybonnais auront une maison médicale pour se faire soigner !

Une déviation au cœur du village :

Une déviation est envisagée dans la commune de Roybon pour délester la route principale où les camions ont de plus en plus de mal à se croiser et où chacun s’étonne qu’il n’y ait pas encore eu d’accidents. Très bien. Mais faire passer une déviation, dans le village, sur la route du sud où est construit l’hôpital, il faut oser ! L’entrée de l’EHPAD est sur la déviation, ainsi que les parkings.

Les garages des quelques maisons de cette section du village ouvrent également sur la déviation. Un petit immeuble collectif la borde. Mieux : depuis que la déviation est prévue, le village « se déplace ». Le magasin de marque « Casino », jusque là au centre de Roybon, a déménagé. Où ? Sur la déviation ! Au dessus du magasin ont été aménagés quelques appartements. L’office de tourisme est à proximité ainsi que deux petits immeubles à vocation locative et un magasin d’objets en bois.

D’importantes nuisances sonores : « L’augmentation du trafic sur la RD 20, dans la traversée de Roybon, entre le pont du Chaffard et la RD 71-sud, n’a pas été analysée alors qu’elle sera aggravée du fait de la mise en place de la déviation de la RD 71. Les nuisances sonores pour les riverains de cette portion de voirie et en particulier pour les résidents de l’établissement hospitalier (EHPAD) devraient s’en trouver très fortement augmentées. »

D’accord les « Vieux » sont sourds, mais quand même !

Les problèmes de la déviation seront encore accrus par un rétrécissement. Un arbre, sinon centenaire du moins très ancien, a été conservé imposant un sens unique qui risque d’aggraver les embouteillages.

Les emplois

Il faut bien en parler puisque ce serait le principal justificatif de ce parc de loisirs. Difficile de savoir exactement combien de personnes seraient concernées et bien malin qui s’y retrouve : emplois pendant les travaux, contrats à durée indéterminée, contrats à durée déterminée, temps plein, temps partiel, les chiffres sont donnés à l’unité près mais aucun n’est pareil ! 468 emplois « équivalent temps plein » sont promis dans le protocole signé au dernier trimestre 2009 entre le Conseil général et Pierre & Vacances, 498 dit Marcel Bachasson, maire de Roybon dans son interview à FR3 le 29 juin pour le rassemblement des « pro-center ». Sont aussi évoqués « 697 emplois directs permanents » et « 120 emplois indirects permanents ». Joli flou, qui n’a rien d’artistique !

Faut-il croire que Roybon, et son canton, auraient besoin de centaines d’emplois ? Et nous aimerions savoir – ce que personne ne nous dit ! – le nombre de personnes au chômage sur Roybon : chômeurs à temps plein, à temps partiel, en fin de droits, au RSA ? Combien de « jeunes », de vieux ?

Par ailleurs combien d’emplois sont proposés sur la commune ? Plusieurs personnes, dont je n’ai aucune raison de mettre en doute la bonne foi, disent que des retraités sont sollicités pour assurer des emplois de service : ménage, transport, distribution de publicité…. Il n’y aurait pas de Roybonnais candidats. Si Center Parcs se faisait qui accepterait d’aller travailler quelques heures par semaine dans le parc de loisirs, avec des horaires éclatés, un salaire de quelque trois cents euros par mois et des contraintes fortes ? Il faut lire l’ouvrage de Florence Aubenas : « le quai de Ouistreham » pour avoir une idée de l’aliénation qui pèse sur ces employés, femmes pour la plupart.

Elle a vécu « pendant six mois dans la France de tout en bas. Embauchée d’abord comme femme de ménage dans une ville de province, cumulant les contrats précaires, elle plonge dans un autre monde. Un monde où le travail est rare et les nuits brèves, l’exploitation maximale et la solidarité active. Où les lieux de rencontre sont le Pôle emploi et l’hypermarché local. Entre colère et résignation, chacun lutte pour sa survie » (présentation du livre sur Internet ). ), et, si le 16 juillet 2012, des salariés du Center Parc de l’Aisne ont fait grève ce n’est sûrement pas par plaisir. C’est ce que l’on veut offrir aux Roybonnais et autres Dauphinois qui feraient des kilomètres de trajet pour se faire exploiter ?

Des emplois non délocalisables

On nous explique que, cerise sur le gâteau, ce sont des emplois non délocalisables. Certes mais quelle garantie avons-nous qu’ils ne seront pas supprimés ? L’économie du tourisme repose sur la prospérité. Pierre & Vacances est une société qui gère parcs de loisirs mais aussi résidences de vacances ou de centre ville. Son essor – même tout simplement son existence – est fondé sur l’augmentation du niveau de vie des classes moyennes françaises ou européennes.

Vous y croyez vous au retour des années lumières des « trente glorieuses » ? Si le « sang et les larmes » de la rigueur qu’on nous annonce sont au rendez-vous, trouverez-vous des acquéreurs pour des « cottages » dont le moins cher coûte quand même plus de 250 000 euros ? Combien de vacanciers pourront payer 500 euros le week-end pour jouir des jeux d’eau dans « l’aquamondo », au milieu des palmiers et autres plantes tropicales ?

L’exemple de l’Espagne, dont le boom immobilier de la croissance touristique a fait rêver bon nombre de Français et qui se retrouve aujourd’hui avec des sites touristiques en ruines, devrait pourtant faire réfléchir. Si par malheur se construisaient les « cottages », que leur gestion ne soit plus rentable et que les propriétaires doivent les abandonner, combien de temps faudrait-il pour qu’ils redeviennent des cabanes de luxe ? Combien d’années pour que la forêt retrouve ses droits ? Les sommes engagées par les conseils général et régional seraient récupérées en 13 ans environ si l’on en croit le site internet des pro-center… oui, s’il n’y a pas d’effondrement général ! Même sans être expert de la Bourse, en cherchant sur Internet, on voit que les résultats de Pierre & Vacances sont en baisse.

Un juteux montage financier

« A aucun moment on n’a une fiscalité qui nous vient de nos propres habitants » dit Marcel Bachasson dans son interview France 3. Le premier magistrat de la commune peut-il ignorer le montage financier de ce projet ? Rappelons d’abord que le canton de Roybon est en « zone de revitalisation rurale ». Il n’y en a que cinq dans l’Isère : Clelles, Corps, Mens, Roybon, Valbonnais, ainsi que la commune de Saint-Pierre-d’Entremont.

Ceux qui pourraient penser que c’est la beauté de nos Chambarans qui a séduit Pierre & Vacances doivent être détrompés. Ce sont les avantages fiscaux, juteux, qui accompagnent un tel projet qui nous ont permis d’être sélectionnés. « Vous choisissez le régime fiscal le plus intéressant au regard de votre situation patrimoniale », conseille un site boursier de Pierre & Vacances.

Outre la récupération de la TVA sur le bien acheté, les « investisseurs et propriétaires » de cottage seront en partie exonérés, pendant un certain nombre d’années, de l’impôt sur les bénéfices locatifs. L’argent qui n’entre pas dans les caisses de l’Etat grâce à ces « niches fiscales » doit bien être pris quelque part. Par ailleurs, le Conseil général de l’Isère attribue 7000 euros – je dis bien sept mille euros ! – aux acheteurs de cottage assimilés aux habitants qui créent un gite ou une chambre d’hôtes. Ces cadeaux c’est vous, c’est moi, c’est nous qui les payons. Ce qui justifie d’ailleurs tout à fait que, ceux que certains partisans du Center Parcs appellent « les étrangers », – quel mépris ! – disent tout le mal qu’ils pensent de ce montage financier et refusent cette opération immobilière.

Bièvre Chambaran : désert économique ?

C’est ce que pourrait laisser penser le maire de Roybon quand dans son interview il parle de « territoire qui manque énormément d’activité ». Yannick Neuder, lui, se félicite parmi les « nombreux atouts » de la communauté de communes dont fait partie Roybon du « plan économique avec ses pôles d’activités : ses artisans et commerçants et son agriculture ». Qui croire ?

L’équipe municipale est en place depuis plus de neuf ans. Certains des conseillers avaient déjà fait un ou plusieurs mandats auparavant. Se posent-ils des questions sur la gestion de la commune pendant tout ce temps ?

Plusieurs projets portés par l’équipe municipale de Roybon :

« Cité-cyné »

Il y a toujours eu promesses dans les programmes électoraux. Parmi les projets les plus ambitieux envisagés il y eut d’abord « Cité-Cyné ». Non, rien à voir avec le cinéma mais avec la chasse. Les volcans d’Auvergne, et Mickey – Dysney Land- en Seine et Marne, pouvaient s’inquiéter de la concurrence que leur ferait ce parc d’attractions. On avait bien un peu sollicité l’histoire des Chambarans et du Dauphiné en prétendant que les paysans roybonnais avaient été les premiers à obtenir le droit de chasse ce qui n’est pas tout à fait prouvé, mais il faut faire feu de tout bois quand la cause est bonne.

On voyait déjà : hôtels, restaurants, lieux d’accueil qui allaient enfin apporter célébrité et richesse dans notre petite vallée. Las ! Il ne manquait que le financement. Mais gardons espoir …. Dans un compte rendu de conseil municipal on peut lire qu’un conseiller a été mandaté pour reprendre l’initiative sur cet ambitieux projet !

Un « Centre de Stockage de Classe 2 »

A peine le projet de « Cité-Cyné » était-il abandonné qu’à l’automne 2006, une opportunité encore plus alléchante se faisait jour.

Le conseil général était en mal de terrain pour entreposer quelques déchets de toute la région, déchets que l’opiniâtreté des habitants d’Izeaux avait chassés de leur territoire. Le conseil général donc, et son président Vallini en tête, trouva une oreille complaisante à Roybon.

Ces déchets « ni dangereux ni toxiques », seraient entreposés dans « un Centre de Stockage de Classe 2 ». Toutes les précautions concernant la protection de l’environnement et des eaux souterraines seraient prises. « Il y aurait vigilance pour le contrôle des déchets entrants » et « contrôle pour vérifier le fonctionnement de l’installation ». Il est bon de préciser que « l’implantation d’un tel centre représenterait pour la commune une rentrée supplémentaire de taxes et des aides diverses substantielles pour la réalisation de nos projets ». Bref, après « débat au sein du conseil » chacun ayant adopté une « attitude responsable », il y eut unanimité « pour accueillir ce projet par une attitude d’ouverture tout en restant très vigilant à l’évolution du dossier ».

Quelques bémols étaient cependant ajoutés : que des assurances soient apportées sur l’exemplarité du site sur le plan environnemental et que « des contreparties financières soient données, permettant à la commune de faire face à son développement ». Ce ne sont pas moins de dix « réalisations nécessaires » qui étaient énumérées. Le conseil municipal attendait en outre, en récompense de sa bonne volonté, « l’inscription de projets départementaux ou nationaux d’établissement sanitaires ».

Mais les habitants des communes environnantes, récoltant les nuisances sans la manne financière, ne l’entendaient pas de cette oreille. Et, après la constitution par des opposants au projet, de l’association MARRE, les signatures de quelques milliers de riverains, la pose de nombreuses banderoles, l’intervention d’habitants de Brion perturbant une élection, et même la protestation des élus du canton de Saint Etienne de Saint Geoirs qui, faisant fi de la solidarité politique, montèrent au créneau, il fallut bien se résoudre à constater que, non, vraiment non, les habitants des Chambarans ne voulaient pas de déchets sur leur plateau.

Le conseil municipal de Roybon, avec la même unanimité qu’il s’était déclaré « ouvert » à l’accueil de ce projet, et après que le maire lui ait proposé de « se prononcer et de délibérer défavorablement sur l’implantation » de ce centre de déchets, le refusa. On était le 24 janvier 2007.

Il sera cependant question du centre de déchets dans pratiquement toutes les réunions de conseil municipal qui vont suivre. Ainsi apprend-on, en janvier 2008, que le maire a participé « à la manifestation d’opposition réunissant sur le terrain, des maires et des habitants des communes proches du site ». Un an avant, au cours de la cérémonie des vœux d’un village du canton, il se déclarait pour le centre de déchets !

A l’unanimité, ce même jour, le conseil déclare poursuivre l’opposition au « centre de déchets (qui) constitue un non sens total au regard de ces points : transport de déchets, eau, altitude, etc. » Il était temps de s’en apercevoir ! D’accord, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas et les nouveaux convertis sont généralement les plus virulents, mais quand même !

Remplacé par un mirifique centre de vacances « Center Parcs »

C’est en octobre 2007 que le groupe « Pierre et Vacances » envisage d’implanter un nouveau parc de tourisme dans la région. Drôme ou Isère ? Les avantages offerts par le conseil général de l’Isère étant substantiels, c’est finalement notre département qui sera choisi. Pourquoi Roybon ? J’expliquais plus haut l’importance des avantages financiers qui s’attachent aux zones de rénovation rurale. Il y avait peu de chances pour que les « parpaillots » du Trièves qui ont eu l’habitude depuis plus de quatre siècles de lire les textes plutôt que de se les laisser commenter, se laissent conter fleurette.

En plus ils ne croient peut-être même pas au paradis, et surtout pas à celui que peut offrir la société Pierre et Vacances ! En décembre 2007 le projet « est perçu comme motivant, dynamique, enthousiasmant ». A tel point que, en février 2008, le maire n’hésitant pas à prendre modèle sur Ségolène Royal qui aime innover en matière de vocabulaire, qualifie le projet d’« éconolomique »

L’équipe municipale, éblouie, n’a pas résisté au mirage que lui ont fait miroiter Vallini et Pierre et Vacances. Et, devant une telle opportunité, tous les projets, évoqués en 2006, quand la manne financière de la décharge excitait les convoitises, disparaissent. Du gymnase du collège au déversoir du lac, de l’aménagement de l’hôpital à la blanchisserie, des établissements pour personnes âgées, ou dépendantes, à la revitalisation du village, il n’est plus question.

Le lac s’est progressivement enlisé, le collège – qui avait quand même perduré plus de cinquante ans malgré les difficultés de recrutement – a fermé presque clandestinement, entraînant la suppression d’une classe à l’école primaire. L’établissement hospitalier vivote et les maisons du village, peu à peu vidées de leurs habitants, se couvrent de pancartes « à vendre » ou « à louer ».

Le bonheur n’est que différé. Il serait long et fastidieux de détailler les avantages et la prospérité qui attendent les Roybonnais si ce projet voit le jour. Ils sont exposés au fil des bulletins municipaux et vont permettre à la commune d’augmenter son standing comme il est évoqué dans une discussion du conseil municipal de juin 2009. Le village de Roybon, comme la grenouille de la fable, va-t’il enfler pour devenir plus gros que les villes qui l’entourent avant de finalement éclater ?

Mais tout n’est pas perdu : nous sommes au centre d’une vaste région concernée par les gaz de schistes. Actuellement la fracturation hydraulique pour exploiter cette nouvelle resource, est rejetée par tous. Mais on cherche, on cherche ! Et, ce ne serait plus des centaines d’emplois, qui feraient le bonheur de la région, mais des milliers.

Que nous ne voulons vraiment pas !

Les illusions du bonheur par la destruction de la nature et la création d’un monde artificiel vont-elles perdurer longtemps ? Apparemment non : les Roybonnais, et autres habitants de la région proche, invités – pour ne pas dire sommés ! – de venir manifester leur soutien, fin juin, au projet de Center Parc, n’ont pas rempli, loin de là, le stade, comme il était prévu. Nombreux sont celles et ceux qui pensent que

les Avenières, doivent rester ce qu’elles ont toujours été :

une forêt libre.

Michelle Pistone, à Roybon, le 29 septembre 2012

Le film « Into the wild »

Into the Wild est un film sorti en 2007, par le réalisateur « engagé » Sean Penn. C’est un film très intéressant, fondé sur un ouvrage racontant la démarche (authentique) d’un jeune américain du nom de Christopher McCandless.

Étudiant « brillant » venant d’une famille traditionnelle et aisée, celui-ci a tout plaqué, pour vivre en voyageur, rompant avec l’intégralité de son passé (plus de carte d’identité, de carte bancaire, faisant un don de 25000 dollars à une association, etc.).

Son périple l’amène à rencontrer des gens alternatifs et sympathiques, à travers l’Arizona, le Grand Canyon, la Californie, le Dakota, le Colorado… Tout en vivant d’expédients et de petits boulots.

Incapable toutefois d’accrocher affectivement avec quelqu’un, malgré les multiples opportunités, il est finalement emporté par son obsession d’aller en Alaska.

Il y meurt au bout de quelques mois, dans un bus abandonné, théoriquement suite à un empoisonnement due à une confusion entre deux plantes mais a priori plutôt de malnutrition, en raison d’un empoisonnement du à la consommation immodérée de « viande faisandée. »

Christopher McCandless avait eu une démarche totalement idéaliste, il ne connaissait ni la culture alternative en faveur de la Nature, ni les méthodes traditionnelles et meurtrières pour survivre dans un tel environnement.

Il a tenté de survivre comme chasseur cueilleur, mais sans en connaître les méthodes (contrairement par exemple à Pete Fromm comme il le raconte dans Indian Creek).

Christopher McCandless avait également essayé de quitter la zone où il était, mais le fleuve était trop fort, et il a mal lu la carte où était pourtant indiqué un passage à quelques centaines de mètres, consistant en un petit téléphérique manuel. Voici une image montrant en quoi consiste un tel dispositif.

La démarche de Christopher McCandless était donc seulement une fuite en avant, totalement individualiste et sans démarche en faveur de la Nature. Son retour au « Wild », à la vie sauvage, a été celui de l’individualiste maniant le fusil.

Il a souvent été mentionné le rapport à Henry David Thoreau (1817 – 1862), mais Thoreau allait quant à lui dans le sens de l’ouverture à la Nature et du végétarisme, et il était également très philosophe et cultivé.

Christopher McCandless fait partie, si l’on regarde bien, d’une tendance historique allant du film Koyaanisqatsi (1983) à l’Earth Liberation Front (dont les actions commencent au milieu des années 1990)… tout en ne connaissant pas cela, en raison d’une orientation purement individualiste.

C’est pourquoi 15 années après sa mort, son périple a pu être compris dans un sens que Christopher McCandless n’a pas assumé.

Si le film « Into the wild » a eu un énorme succès d’estime, c’est par sa dimension sauvage et son affirmation du besoin de Nature, de par sa dimension critique de la société américaine ; la BO est d’ailleurs chantée par Eddie Vedder du groupe Pearl Jam (et possédant un tatouage « Earth First! »).

Mais Christopher McCandless était un aventurier individualiste vivant un périple fou par rapport à ses propres critères, comme l’ont pu faire bien d’autres, comme déjà Everett Ruess (1914  – 1934?) au début du 20ème siècle.

C’est le problème du film, qui est interprétable dans de très nombreux sens, et qui s’il pose une problématique allant dans le bon sens, est extrêmement faible dans sa compréhension de la dimension de la question.

Le titre québécois du film est d’ailleurs « Vers l’inconnu », ce qui est logique si l’on comprend la démarche comme une sorte d’aventure et non pas comme une tentative de retourner à la vie sauvage, de la rejoindre comme Rimbaud dans son fameux poème « Aube » (« J’ai embrassé l’aube d’été… »).

Le roman biographique à l’origine du film s’intitule également « Voyage au bout de la solitude » dans sa version française, et le petit article à la base du roman avait comme titre « Death of an Innocent: How Christopher McCandless lost his way in the wilds », c’est-à-dire « Mort d’un innocent: Comment Christopher McCandless a perdu son chemin dans la nature sauvage ».

La Nature, finalement reste d’une certaine manière hostile dans cette perspective, même si prétexte à une sorte d’aventure initiatique.

La science et la technique au cœur de l’utopie végane ?

Dans quel monde voulons-nous vivre ? A quoi devrait-il ressembler ? C’est une question qu’on nous a posé suite aux petites remarques d’hier.

Nous avons déjà défini notre « utopie », par ces mots : « Pour que la planète redevienne bleue et verte. »

La conséquence d’un tel mot d’ordre est facile à comprendre : la civilisation doit reculer et respecter la Nature. En gros, tous les humains doivent devenir vegans, il faut une société fondée sur le respect de la vie.

Finie l’exploitation, les humains seront biologistes ou vétérinaires, médecins ou poètes, chanteurs ou peintres, tous vivants dans des bâtiments à la fois jolis et qui plus est totalement efficaces quant à la pollution et l’énergie, etc.

Et il va en falloir de la science et de la technique pour réparer les conneries faites ! Une société végane future disposera forcément de savants avec des grands moyens techniques pour enlever la pollution de l’océan…

Évidemment, pour savoir à quoi cela ressemblera, il faudra la participation de millions de personnes, de milliards d’ailleurs en fait, et tant qu’une infime minorité portera cette alternative, on ne pourra qu’entrevoir cela.

Mais pour répondre à la question actuelle et « politique », à la question qu’on nous pose en définitive : notre utopie n’est pas dans le passé, mais dans le futur.

Nous n’éprouvons qu’un intérêt très relatif au passé, bien sûr la culture nous intéresse, mais nous ne voyons aucun modèle dans les périodes de l’histoire où le véganisme n’était pas possible.

D’ailleurs, il n’existe aucune utopie du ralentissement, des écovillages ou de communautarismes qui prônent le véganisme. Ce n’est pas pour rien, cela n’est tout simplement pas possible, parce que le véganisme demande forcément une planification à grande échelle, alors que le localisme va toujours de pair avec l’exploitation animale (du type les poules sur le balcon, etc.).

Nous ne pratiquons donc pas le culte des villages, pas plus d’ailleurs que nous n’apprécions les villes. Nous voulons… autre chose, qui ne soit ni des villages ni des villes, mais quelque chose entre les deux, en harmonie avec la Nature.

C’est un projet qui ne peut qu’exister qu’à grande échelle, donc forcément nous croyons en la science et la technique, qui nous permettrons de profiter de l’énergie solaire, inépuisable et énorme.

Nous sommes des gens alternatifs, nous vivons sans l’inutile (dernier iphone, etc.) pour autant nous sommes très contents de profiter d’internet ou encore d’hôpitaux plus modernes et nous trouvons que c’est un grand progrès.

Nous ne voulons pas perdre cela. Nous n’avons rien à faire du rêve petit-bourgeois du pavillon autosuffisant avec son petit champ et sa petite ferme. Nous voulons une humanité moderne sur le plan éthique, parce que le plan matériel elle est moderne et a les moyens de vivre en harmonie avec Gaïa.

Nous ne sommes pas pour que les avancés techniques ralentissent, mais pour qu’elles soient cohérentes et rationnelles, en harmonie avec les valeurs qui sont les nôtres.

Nous n’avons donc rien à voir avec la décroissance, qui d’ailleurs se moque des animaux, tout comme finalement de la Nature. Le discours de la décroissance est simplement de dire que l’humanité s’est trompée dans son évolution en raison du triomphe de la technique.

C’est une thèse qui vient d’abord d’une partie du romantisme du début du 19ème siècle, puis de l’extrême-droite de la seconde moitié du 19ème siècle (Barrès par exemple), pour devenir une philosophie avec Heidegger.

Parmi les grandes figures de cette tendance on a également le milliardaire conservateur Goldsmith, à l’origine de la revue l’écologiste, ou bien encore le religieux Jacques Ellul.

Rien de plaisant : ce sont des gens tournés vers le passé, qui veulent bloquer l’histoire ; ils n’en ont rien à faire de la Nature. Ils veulent simplement vivre comme avant.

Mais nous, nous sommes végans : nous ne pouvons pas vivre comme « avant », car avant il n’y a avait rien de végan !

Nous avons donc au contraire besoin d’une société plus moderne, qui organise la production d’une alimentation végane à l’échelle mondiale, qui coordonne de manière ultra-moderne la sanctuarisation de la vie sauvage !

Nous avons besoin des satellites les plus perfectionnées pour admirer notre merveilleuse planète bleue et mieux la connaître, pour mieux la protéger.

Nous avons besoin de davantage de connaissances vétérinaires, pour mieux aider nos amis, de davantage de connaissances sur les feux de forêts, pour les empêcher !

La décroissance s’oppose totalement à un tel projet, car elle est anthropocentriste. Nous, nous plaçons Gaïa au centre, et nous voulons une humanité tournée vers elle, ayant abandonné tout principe d’exploitation.

Nous ne voulons pas une humanité revenue au moyen-âge, repliée sur elle-même, « parasitant » Gaïa. Nous voulons une humanité ultra-moderne, servant de protecteur de Gaïa et de toute la vie qu’elle héberge.

L’humanité a les moyens de faire cela, elle doit donc le faire. Cela, c’est la plus belle des utopies, qui porte les plus belles valeurs : l’abnégation pour une grande cause planétaire, au service de la vie elle-même, au moyen de l’intelligence et de la sensibilité.

Nous ne savons pas si nous sommes à la hauteur d’un tel projet. Mais nous sommes certains et certaines que le monde de demain regardera LTD en disant : ces gens-là avaient compris les exigences de Gaïa à notre égard, et le bonheur qui va avec l’harmonie au sein de notre planète bleue !

Qu’est-ce que la politique?

On nous a envoyé un email pour nous poser deux questions pertinentes et nous nous permettons de citer :

« Est-ce que vous ne croyez pas à la politique? Pourquoi cette méfiance (voire plus) vis-à-vis de la décroissance ? (alors qu’à l’évidence vous vous rejoignez sur beaucoup de constats et que les deux visions pourraient gagner à s’enrichir l’une l’autre).

Est-ce que vous avez déjà lu des auteurs ou avez déjà débattu avec des personnes s’en réclamant? Qu’est-ce que vous gêne? Y a-t-il de gros points de désaccord?

Enfin, vous n’évoquez que trop rarement le type de société vers laquelle vous aimeriez tendre : qu’est-ce que vous pensez par exemple de la permaculture, quelle opinion vis-à-vis du travail salarié, comment est-ce qu’on peut chacun orienter sa vie dans le bon sens, etc… ? »

Ce sont deux questions pertinentes, parce que, effectivement, l’actualité est exigeante et que le changement est nécessaire. Mais par où passera-t-il ? C’est une question brûlante.

A ce titre, nous pouvons déjà répondre une chose simple. LTD n’est pas une organisation, c’est un média, un journal, qui à côté de la production d’articles est un petit vecteur d’agitation militante.

Nous n’avons pas vocation à devenir une organisation, parce que nous mettons en avant deux thèmes principaux, la libération animale et la libération de la Terre, qui peuvent être assumés par des gens venant de spectres politiques différents, même si évidemment uniquement progressistes ou, pour dire le fameux mot, d’extrême-gauche.

Nous entendons en rester dans une démarche démocratique, où ce sont ces valeurs qui primeront et où dans cette bataille, il y a de la place pour toutes les personnes progressistes. Cela ne nous empêche pas d’avoir notre avis, ou plutôt un critère très net : l’amour pour les animaux.

A ce titre, nous ne nous disons pas « antispéciste » et nous apprécions d’un œil extrêmement critique des gens parlant du véganisme, mais absolument jamais des animaux.

Les critiques qui peuvent être faites à la Fondation Brigitte Bardot, par exemple, passent complètement à côté du problème si elles se résument à une dénonciation de cette « fondation » comme totalement facho, parce que Bardot le serait. C’est bien plus compliqué que cela.

Il est vrai, ici, que beaucoup en France ont un mal fou avec la Nature. Ils ont trop appris leurs leçons de philosophie en terminale où on leur a enseigné que la culture s’oppose à la Nature, que l’humanité serait « sortie » de la Nature et autres balivernes.

En ce qui nous concerne, nous assumons totalement la position en faveur de la Nature, c’est-à-dire la libération de la Terre, et quand nous voyons des gens dire que LTD ne dit pas la même chose à ce sujet qu’Earth first ! aux États-Unis, nous nous demandons franchement si ces gens en connaissent les positions.

Tout cela pour dire qu’il appartient à chacun et chacune de se prendre en main, de fonder des groupes mettant en avant la libération animale et la libération de la Terre, et que de manière démocratique, nous nous rencontrerons tous et toutes, échangeant et apprenant les unEs des autres, lançant un grand mouvement.

Cela ne veut pas dire que les choses seront politiques uniquement à ce moment-là. Car il y a de très nombreuses manières de définir la politique.

Mais nous pensons, à LTD, qu’un article comme « Une nouvelle drogue particulièrement meurtrière: « crocodile » », qui a été lu par un nombre très important de personnes, est absolument politique, et est même davantage politique que beaucoup de gesticulations.

En fait, si l’on pense que la politique c’est débattre de la manière de vivre dans la société, alors mettre en avant la culture vegan straight edge est totalement politique.

Comprendre la réalité de la Nature, ne pas prendre des drogues… Ce sont des choix fondamentaux, des bons choix, qu’il faut diffuser.

Ce ne sont pas du tout les choix de la Décroissance et de sa mouvance, par contre. Nous en avons déjà parlé : les gens de la Décroissance ne s’intéressent en rien aux animaux, ils n’en parlent absolument jamais (voir par exemple Des décroissants toujours plus fachos, « La décroissance » n’aime pas les animaux ni les « cobayes »…).

Leur modèle de société se situe plus ou moins dans le passé, d’ailleurs, alors que nous diffusons une culture qui inévitablement sera au cœur de l’utopie de demain.

Ou plutôt d’après-demain, car la société française est plus intéressée par les différentes religions et la formation d’un État policier que par la reconnaissance de la Nature et une vie collective se fondant sur cette reconnaissance.

Il ne faut pas se voiler la face, telle est la réalité, avec d’ailleurs la complaisance ou la complicité de plein de gens pour les « droits des animaux » ou de la Fondation Bardot.

A ce titre, LTD est menacée par l’extrême-droite, cela n’a rien de nouveau, et c’est ce qui fait aussi… que nous sommes déjà « politique. »

Stress tests européens des réacteurs : la France épinglée

L’une des grandes particularités de la France, c’est que dès qu’on regarde ailleurs, on voit à quel point en France tout est archaïque en comparaison. La France est un pays où les jeunes assument d’être conservateurs et où la protection animale, c’est Brigitte Bardot, où le rock c’est Johnny Hallyday…

On se souvient pareillement du nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté aux frontières: c’est passé comme lettre à la poste. Pour ne pas changer dans le genre, la Commission Européenne a fait des « stress tests » aux centrales nucléaires françaises, et évidemment les résultats sont édifiants et contraires à ce que prétendait EDF…

Voici la présentation par Sortir du Nucléaire.

En 2011, EDF avait mené sur toutes ses installations nucléaires des « stress tests » censés repérés d’éventuelles failles de sûreté. Basés sur l’autoévaluation des exploitants des centrales, ils avaient surtout permis à la France de se poser en champion de la sûreté tout en noyant le poisson. Or la Commission Européenne vient de dévoiler les résultats d’évaluations menées sur les 136 centrales européennes… où la France se distingue par ses très mauvais résultats ! Combien de temps nos réacteurs soit-disant si sûrs menaceront-ils nos voisins européens, qui eux ont choisi de sortir du nucléaire ? Face à des coûts de remise aux normes très élevés, la France choisira-t-elle entre l’économie et la sûreté ? Ou fera-t-elle enfin le choix de fermer directement les centrales les plus âgées pour économiser des centaines de millions d’euros ?

La France, cancre de la sûreté nucléaire européenne

Communiqué de presse – 3 octobre 2012

Les principaux éléments du rapport de la Commission Européenne sur les évaluations de sûretés menés sur toutes les centrales nucléaires européennes sont maintenant connus. La France, si prompte à se donner en exemple, se distingue comme le cancre de la classe. Ce rapport promet également des coûts exorbitants pour la mise aux normes de sûreté des centrales. Plutôt que de gaspiller des dizaines de milliards d’euros pour de vaines réparations sur des réacteurs vieillissants, commençons à fermer dès maintenant les plus anciennes !

Nos centrales nucléaires mettent en danger toute l’Europe

En dépit des grands cocoricos de l’industrie nucléaire hexagonale, cette évaluation met en évidence des failles de sûreté dans toutes les centrales françaises : absence d’instruments de mesures sismiques adaptés aux exigences post-Fukushima, équipements de secours inadéquats en cas d’accident…

Le décalage entre le message rassurant envoyé par EDF au moment des « stress tests » français en 2011 et les résultats de ce rapport n’a rien d’étonnant : à l’époque, l’exploitant s’était auto-évalué !

Cette évaluation européenne ne peut encore prétendre à l’exhaustivité : le risque terroriste n’y figure pas, pas plus que la capacité d’évacuer les populations en cas d’accident. Toutefois, elle fait clairement apparaître les déficiences de l’approche française de la sûreté. Dans un discret rapport publié en février 2012, Dieter Majer [1], expert mandaté par le Luxembourg et la Sarre pour une inspection de Cattenom, estimait d’ailleurs déjà que « les nombreuses lacunes constatées et leur importance en matière de sûreté laissent supposer que l’exploitant de la centrale n’est pas grandement sensibilisé à la sécurité des installations. » Un constat à étendre à l’ensemble de nos centrales ?

En se penchant en particulier sur le cas de centrales situées près de la frontière, ce rapport vient confirmer que l’irresponsabilité des exploitants et des autorités françaises menace toute l’Europe. Y compris des pays frontaliers qui, comme la Belgique, l’Allemagne et l’Italie, ont confirmé leur choix de se passer du nucléaire.

Pour les travaux, et si on choisissait la sûreté et les économies ?

Selon ce rapport, la remise aux normes de sûreté post-Fukushima des réacteurs coûterait de 30 à 200 millions d’euros par réacteur… soit, dans la fourchette haute, près du double des 5,6 milliards d’euros prévus par la Cour des Comptes pour l’ensemble du parc nucléaire français !

L’État et les exploitants choisiront-ils de conserver une sûreté dégradée ? Ou gaspilleront-ils des dizaines de milliards d’euros pour prolonger inutilement une technologie du siècle dernier qui restera toujours dangereuse ?

La France se devrait plutôt de choisir la sûreté et les économies, en fermant dès maintenant les réacteurs les plus vieux et les plus dangereux, et en investissant dans les alternatives énergétiques. L’Espagne a bien donné l’exemple en annulant la trop coûteuse prolongation de la centrale de Garona. Le futur « débat sur l’énergie » se doit de prendre en compte ces coûts et ces risques.

N’attendons pas de voir la sûreté se dégrader toujours plus et les coûts du nucléaire atteindre les sommets : il faut arrêter dès maintenant de nombreux réacteurs, sans se restreindre à Fessenheim !

Note :

[1] Dieter Majer, Rapport final sur le test de résistance de la centrale de Cattenom, p.10, février 2012

 La sûreté des centrales françaises fait rire jaune nos voisins européens.
Caricature parue dans Der Spiegel en novembre 2011 :

Traduction : « Mais oui, nos centrales nucléaires sont parfaitement sûres ! On a tout testé : attaques terroristes, chutes d’avion, tremblement de terre… Pas de problème ! »

Une conférence environnementale pleine de surprise, d’émotion, historique et infiniment émouvante

Nous avons constaté l’ouverture de la « conférence environnementale », mais nous avons en vain attendu qu’elle se termine officiellement et qu’il y ait des points de vue d’exprimés, et puis bien sûr des décisions prises, pour les comprendre.

Eh bien c’est raté puisque si les médias ont parlé de l’ouverture, rien n’a filtré sur la conférence elle-même, et nous avons donc attendu en vain.

En fait, la conférence n’a duré que deux jours, les 14 et 15 septembre, ce fut surtout une opération de communication. Il y avait 300 participants, mais il faut voir qui : des députés et des sénateurs, des ministres, des syndicats et des représentants des patrons, des « personnes morales » (qui ? pourquoi?), des associations… d’élus, et des ONG concernant l’environnement (donc des « machins » à la Greenpeace).

Mais donc une liste, il n’y en a pas, et encore moins une explication du processus de choix… On est là dans un manque de transparence absolument complet.

A cela s’ajoute le fait que quand nous disons que la conférence a duré deux jours, en fait… c’est inexact. Elle a duré bien moins longtemps que cela. Voici le programme, au contenu édifiant tellement c’est vide par ailleurs :

Vendredi 14 septembre

10h30 : Discours d’ouverture du Président de la République

13h30 : Ouverture des tables rondes.

  • Préparer le débat sur la transition énergétique.
  • Faire de la France un pays exemplaire en matière de reconquête de la biodiversité.
  • Prévenir les risques sanitaires environnementaux.
  • Financement de la transition et fiscalité écologique.
  • Améliorer la gouvernance environnementale.

18h30 : Suspension des tables rondes

Samedi 15 septembre

9h00  : Reprise des tables rondes

12h00 : Fin des tables rondes

13h30  : Restitution en séance plénière des cinq tables rondes par les cinq facilitateurs

14h30 : Discours de clôture du Premier ministre

A l’issue : Fin de la conférence

Les « tables rondes » des 300 participants ont donc duré… huit heures. Il n’est pas difficile de comprendre que tout cela n’était qu’un outil de promotion et qu’absolument aucun travail concret n’a été effectué…

Et comme toujours, la palme de l’hypocrisie revient à Duflot, qui a donc décidé de faire en sorte de liquider l’écologie à coups d’opportunisme et de ridicule.

De manière absolument incroyable, voici ce qu’elle a expliqué quant au discours de François Hollande :

« J’ai été extrêmement à la fois surprise et émue par le discours du président de la République »

« Je pèse mes mots: ce discours du Président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste »

Surprise, émue, historique, infiniment émouvant. On croit rêver et pourtant.

D’ailleurs, qu’est-ce que Hollande a donc déclaré pour émouvoir Duflot ? Voici une explication, car c’est important à comprendre.

Commençons par le début, avec un extrait très parlant, car Hollande se veut lyrique, mais même pas pour la Nature : uniquement pour les générations futures pour qui il faut en quelque sorte limiter la casse.

Voici ce qu’il e expliqué :

« L’enjeu, celui qui nous rassemble, c’est de faire de la France la Nation de l’excellence environnementale. C’est un impératif pour la planète. Comment admettre la dégradation continue des ressources et du patrimoine naturel du monde, comment ne pas voir les effets du réchauffement climatique qui n’est pas une opinion ou une hypothèse, mais un fait scientifique ?

Comment ne pas comprendre que le creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres constitue à l’échelle du monde un risque majeur ? Comment rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité ? Comment laisser croître notre dette écologique envers les autres ? La question se résume finalement ainsi : serons-nous solidaires des générations à venir ou trop cupides, trop avides pour laisser à nos enfants un fardeau encore alourdi du poids de nos égoïsmes ?

Cette prise de conscience nous oblige au plus haut sommet de l’Etat, et la France va construire durant les cinq prochaines années une diplomatie environnementale car il y a urgence. Il y a urgence parce qu’il y a eu recul.

Des engagements de réduction des émissions de CO2 avaient été pris à Rio il y a vingt ans ; le protocole de Kyoto pour la période 2008-2012 avait marqué une avancée majeure. Mais depuis, aucun accord international n’est venu prendre le relai de Kyoto. Ni Copenhague en 2009, ni Cancun en 2010, pas davantage Durban en 2011 n’ont permis d’avancées décisives susceptibles de limiter l’augmentation de la température à deux degrés à la fin du siècle.  »

En fait, on l’aura compris, ce dont il s’agit, c’est de défendre la possibilité de faire du business :

« Le nouvel ordre commercial que nous devons construire doit être aussi un nouvel ordre écologique. Mais c’est en France que nous devons être exemplaires. D’abord en insufflant un nouvel état d’esprit. Accepter le constat de la fragilité de notre planète, de ses éco systèmes, de sa biodiversité, c’est admettre l’idée que le progrès de l’humanité, à l’heure de la mondialisation, ne peut se concevoir sur les schémas nés de l’ère industrielle du siècle dernier. L’avenir, l’avenir économique, l’avenir productif appartient aux Nations qui l’auront compris. »

Et par conséquent, une exploitation animale modernisée. François Hollande le dit de manière explicite :

« Préserver la biodiversité, c’est protéger les milieux et les habitants ; plus de 30% des 60 000 espèces vivantes sur notre terre sont aujourd’hui menacées. 13% des oiseaux, 35% des mammifères.

Nous devons créer de nouvelles réserves naturelles et faire appliquer la loi.

Préserver la biodiversité, c’est lutter contre la consommation rapide des terres agricoles. Les terres agricoles, c’est un patrimoine commun, pas simplement pour les agriculteurs, pour la capacité que nous devons avoir d’avoir des territoires équilibrés entre les productions animales et végétales. »

Et c’est cela qui émeut Duflot ? On voit bien qu’elle n’est pas écologiste : au lieu de défendre la Nature, elle s’émerveille devant Hollande parlant de protéger « la diversité de nos paysages. »

Le « paysage » est un terme utilisé par les ennemis de la Nature, par ceux qui veulent agencer la vie sauvage comme un décor domestiqué.

Évidemment, on peut s’extasier, si on veut, devant la délirante conclusion de Hollande, délirante car d’une hypocrisie sans limites :

« Je vous remercie donc par votre présence ici, par votre participation, en toute indépendance et par-delà vos sensibilités d’avoir compris que l’enjeu pouvait nous rassembler, nous, la Nation tout entière au service de la planète . »

On croit quand même rêver devant cela.

On notera également que dans son discours de clôture, le lendemain, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a également parlé du « paysage » ; pour le reste il a surtout lancé une nouvelle « chasse au gaspi », comme dans les années 1970, avec en pratique le même mot d’ordre, sauf que cette fois au lieu du « En France on a pas de pétrole, mais on a des idées », on a un le pétrole coûte cher trouvons autre chose.

Car il ne faut pas se voiler la face : la « transition écologique » prôné par Hollande et la « sobriété » prônée par Ayrault, ce sont juste des raccomodages : les vieux logements seront mis à de nouvelles normes, il y aura un peu de solaire par-ci, de la chasse au gaspi par-là, une promotion du « développement durable » dans les écoles et des lois protectionnistes au niveau européen à moyen terme.

Est-ce là quelque chose d’émouvant ? Rien pour la Nature. Les animaux ne sont même pas pris en considération. On a systématiquement de l’anthropocentrisme à tous bouts de champs (« notre biodiversité », etc.).

Rien face à l’urgence. C’est cela le problème.

Les « Naturfreunde », Amis de la Nature

Les « Naturfreunde » sont un mouvement vraiment très intéressant et gagnant à être connu par les personnes qui aiment la Nature. C’est un mouvement qui existe d’ailleurs encore aujourd’hui et est même très grand, puisqu’il compte pas moins de 600 000 membres.

En France, on le connaît sous le nom des « amis de la nature », ce que signifie le nom en allemand, mais pour des raisons historiques évidentes, ce qu’il porte en lui n’a rien à voir avec le mouvement originel.

Le mouvement des « Naturfreunde » est en effet historiquement issu du mouvement ouvrier, dont il est une composante revendiquée et assumée en Allemagne et en Autriche, jusqu’à aujourd’hui. Voici le logo actuel, avec le slogan: « Nous vivons Nature. »

Le mouvement se lance à partir d’une petite annonce publiée les 22, 23 et 24 mars 1895 dans le « Arbeiter Zeitung » (journal ouvrier), où il est expliqué que des amis de la Nature vont fonder un groupe touristique.

C’est le pédagogue socialiste et inspecteur d’écoles Georg Schmiedl qui l’avait écrite, et il recevra 30 réponses, dont celle d’un étudiant qui sera par la suite président de la république autrichienne ; il a également dessiné le logo et écrit les premiers statuts des « Naturfreunde » (l’actuel président est lui-même un ancien des « Naturfreunde »).

La première réunion rassemble une quarantaine de personnes le 28 mars 1895, trois sociaux-démocrates en devenant les représentants.

La première promenade eut lieu le 14 avril 1895, avec un rendez-vous dans une gare avec comme signe de reconnaissance justement un exemplaire du « Arbeiter Zeitung », avec comme guide le « camarade Rohrauer. » Les 62 personnes qui participèrent étaient des ouvriers, des étudiants et des professeurs.

L’organisation des promenades dans la nature était une lutte très difficile pour les travailleurs, pour deux raisons. La première est que le samedi la journée de travail se finissait le plus souvent à 16 heures, la seconde était que les passages à la Nature sauvage étaient fermés par les propriétaires de terres, qui refusaient que l’on passe.

Pour cette raison, la devise du mouvement devint « Hand in Hand durch Berg und Land! » (Main dans la main à travers la montagne et le pays!), comme expression de la solidarité ouvrière. Et le slogan lorsqu’on atteint le sommet fut (et est encore) « Berg frei ! », c’est-à-dire « Montagne libre », expression de la conquête du droit du passage sur les propriétaires de terres.

De manière parlante ce slogan s’oppose au slogan (encore utilisé) des clubs alpins marqués historiquement par une idéologie ultra-conservatrice, « Berg Heil ! » (Montagne – Santé!).

En juillet 1897, le mouvement avait une revue tirant à 400 exemplaires avec les différents programmes de promenades. En septembre 1898 un acte « officiel » de fondation fut effectué, avec 185 personnes.

Le nom officiel était « Touristenverein Naturfreunde Österreichs » (Association Touristique des Amis de la Nature d’Autriche), et le mouvement disposa au fur et à mesure d’une section de sports d’hiver, avec la première école de ski en Autriche, ainsi qu’une section d’alpinisme.

En 1933, le mouvement comptait déjà 200 000 personnes, réparties dans 22 pays. Par leurs activités, les « Naturfreunde » permettaient d’accéder à la Nature, chose impossible auparavant en raison de l’opposition des propriétaires. C’était un mouvement de reconnexion à la Nature, loin des villes étouffantes où la condition ouvrière était misérable et aliénée.

Les « Naturfreunde » permettaient de faire des promenades, soit individuellement soit en groupes, mais toujours dans un esprit de défense de la Nature et de solidarité collective. Les « Naturfreunde » fournissaient les moyens matériels des promenades, en obtenant des passages, en construisant des maisons pour faire des haltes, en organisant des ballades, en prônant un tourisme respectant la Nature et ne l’agressant jamais.

Sur la photo ci-dessous, on voit un camp des Naturfreunde avec le symbole des jeunesses socialistes (toujours plus marquées à gauche que le Parti lui-même) et derrière des paroles d’une chanson communiste: « Nous sommes le peuple bâtisseur du monde à venir. »

L’éducation de la jeunesse dans le respect de la Nature a en effet toujours tenu une place essentielle chez les « Naturfreunde. »

Cependant, en 1934 eut lieu un coup d’État fasciste en Autriche et le mouvement fut écrasé, toutes ses possessions étant également données aux organisations d’extrême-droite. Le nazisme avait pareillement écrasé le mouvement en Allemagne, tout comme l’Italie fasciste lors des premières tentatives d’organisation.

Le mouvement se relança par la suite, dans l’après-guerre, avec encore surtout une base en Autriche et en Allemagne, toujours de manière symbiotique avec la social-démocratie dans sa tradition historique, et proposant donc des promenades, des activités sportives, etc.

Les « Naturfreunde » disposent également de bâtiments – 400 en Allemagne par exemple – accessibles aux personnes les plus pauvres et situées le plus souvent en pleine Nature (voir ici pour celles en France, notamment en Alsace-Lorraine).

On peut y passer la nuit, comme organiser des camps de vacances. C’est pourquoi l’utilisation du terme « tourisme » ne doit donc pas étonner : les « Naturfreunde » militent pour un tourisme « doux », en accord avec la Nature et sont ouvertement écologistes, de manière totalement assumée.

Dès 1972, les « Naturfreunde » ont intégré dans leur statut que « Les impératifs économiques doivent passer après les impératifs écologiques. »

Il n’est pas difficile de voir qu’il y a un problème avec la France : le mouvement ouvrier est passé complètement à côté de cette démarche, avec un Parti Communiste et un Parti Socialiste pro-nucléaires et sans aucune préoccupation écologiste ou pour les animaux.

Si on ajoute à cela des « Verts » carriéristes et opportunistes, cela complète un triste tableau. Cependant et inversement, on peut voir avec les « Naturfreunde » que l’écologie n’est pas du tout une préoccupation de bobos.

Le fait de vouloir vivre en symbiose avec la Nature, de vivre pacifiquement avec elle, de la reconnaître, ce n’est pas quelque chose qui est étranger aux gens, bien au contraire ! Il n’y a que les habitants des quartiers bourgeois des centre-villes qui n’en ont rien à faire de la Nature, à part pour la chasse, la maison de campagne et le ski !

Ouvrière du groupe Doux et dignité animale

Il y avait hier à Paris une manifestation contre l’austérité et les règles de l’Union Européenne sur ce plan, ce qui est toujours étrange, car évidemment il ne suffit pas de marcher dans la rue et d’expliquer qu’on est pas content pour obtenir ce que l’on veut.

D’ailleurs, les gens commencent à le comprendre, et une femme a littéralement porté cette question, sans le savoir en fait. Cette femme a voulu exprimer la quête de dignité, elle a voulu donc faire plus que marcher.

Cette femme, a priori une travailleuse du groupe « Doux » (ou soutenant les travailleurs de cette entreprise), s’est ainsi déguisée. En poulet, bien entendu, puisque le groupe « Doux » est « expert de la volaille depuis toujours » (sic).

Sans s’apercevoir qu’en enlevant toute dignité aux coqs et aux poules, c’est sa propre tentative de dignité qu’elle assassine.

Il serait, en effet, peut-être temps que les travailleurs comprennent que leur dignité passe effectivement par le travail, mais pas forcément par le travail qu’on leur impose.

L’exploitation animale rapporte et est un capitalisme comme les autres. Il y a donc des salaires toujours plus bas, une productivité toujours en hausse, et des licenciements pour faire des économies.

En se promenant déguisée en poulet, avec en plus un poulet en plastique au bout d’une sorte de canne à pêche, cette femme a tenté d’exprimer sa volonté de maintenir son emploi.

Mais cet emploi appartient à une réalité, à une société, à une économie. On peut comprendre bien sûr la détresse de perdre son emploi, mais se moquer des poulets, c’est se moquer de tout et de tout le monde, et peut-on obtenir sa dignité en se moquant soi-même ?

Qui plus est, se moquer d’un poulet c’est soutenir l’industrie de l’exploitation animale, une industrie toujours plus forte, toujours plus rentable, toujours plus puissante au niveau mondial.

D’ailleurs, la faillite récente du Groupe Doux – qui n’empêche pas la famille Doux d’être classée 146ème fortune de France avec plus de 300 millions d’euros – est directement liée à des investissements au Brésil, plaque tournante de l’exploitation animale cette dernière décennie.

Quel sort attend donc les travailleurs au sein d’une telle industrie ? Cela ne peut qu’être toujours plus catastrophique, tant moralement qu’économiquement !

Ce n’est donc pas une anecdote, et il ne s’agit pas de se moquer d’un individu, en l’occurrence d’une femme tentant de lutter pour revendiquer des droits. Il s’agit simplement de voir que l’affirmation de droits doit forcément porter en elle le droit en général, et donc pour nos amis les poulets aussi !

Il suffit de voir le site ouvert par le groupe Doux – http://www.toutsurlavolaille.com – pour comprendre à quel point l’exploitation animale ment, masquant de manière ignominieuse les conditions d’élevage.

La croissance des poulets serait « harmonieuse », l’élevage n’est pas en batterie car il n’y a pas de cages (ça c’est de l’explication!), etc. etc.

Il est évident que si les personnes qui travaillaient dans les usines de l’exploitation animale n’étaient pas désensibilisées, elles comprendraient les mensonges au sujet du « bien-être animal » et elles reconnaîtraient la dignité des animaux.

Tant que les travailleurs de l’exploitation animale ne reconnaîtront pas la Nature, ils seront exploités et sans dignité parce qu’ils travaillent dans des lieux d’exploitation et de négation de la dignité.

McDonald’s, Quick, élevages, boucheries… Le futur n’a pas de place pour ce genre de lieu enlevant toute dignité et niant l’existence du bonheur naturel !