Réflexions sur les bois

Voici une nouvelle lettre de Roybon, toujours au sujet de la lutte pour protéger une forêt de Center Parcs. De manière très juste, il est constaté que « Les Avenières, bien sûr, ce n’est pas l’Amazonie ni même Notre Dame des Landes »… mais que c’est important quand même. En fait, l’écologie concerne absolument tous les endroits, c’est toute la planète qui est concernée!

Dans la lettre, on en est pas encore à reconnaître la Nature comme ayant une valeur en soi, on trouve encore la question de l’utilité pour les humains. Mais on y arrive, c’est toute la signification d’une époque!

Quelques réflexions après le refus d’un article en tribune libre dans le journal municipal de Roybon

Ce sont des extraits des délibérations du conseil municipal de Roybon, pendant la dernière guerre.

Le 2/8/1942,
Il y avait déjà la canicule !

Le conseil municipal “ Demande … l’autorisation pour les habitants de la Commune, en raison de la sécheresse persistante et de la pénurie de litière et de fourrage, de faire pâturer et couper les bruyères dans les forêts des Avenières et de la Marquise.

Le 23/8/1942,
Messieurs Sterling et Germain entrepreneurs, vendeurs de bois et charbon, sont en compétition. Ils veulent l’un et l’autre l’autorisation pour couper le bois des Avenières. Le conseil municipal devra choisir entre les deux concurrents.

«  attendu que Mr Sterling et Mr Germain sont des commerçants agréés par le Ravitaillement général et avantageusement connus dans la localité, attendu que la Commune de Roybon est considérée par l’administration préfectorale comme une commune forestière, attendu que par ce motif aucun de ses habitants ne perçoit une attribution de charbon, attendu que depuis la période de guerre, pour le chauffage de sa population pendant les hivers 39/40, 40/41, 41/42, les propriétaires de taillis ont dû hâter les coupes de leurs bois et que les exploitations forestières deviennent peu nombreuses, attendu que Mr Germain a toujours fourni à l’hôpital et aux écoles le bois à feu qui leur est nécessaire, le Conseil, à l’unanimité, autorise l’administration des Eaux et Forêts à céder à l’amiable à Mr Marcel Germain la coupe de bois dont il s’agit, au prix de soixante mille francs ( 60 000 frs ). »

En 1944, Marcel Germain conduira des armes du camp de Chambaran au maquis du Vercors.

Cet article, envoyé le premier septembre a été refusé le 29 octobre 2012. Voilà la réponse qui en donne l’explication :

«  Après réflexion et considérant que votre article n’apportait pas d’élément nouveau au débat en cours, nous avons décidé de ne pas le publier dans le Vivre à Roybon en cours de fabrication »

Débat, vous avez dit débat ?

Les personnes qui depuis le début suivent ce dossier, savent qu’il n’y a jamais eu débat. Un conseiller municipal, alors que je m’inquiétais de cette absence de concertation, me répondit que ce projet était mentionné dans le programme des candidats aux dernières élections municipales. Si l’équipe à laquelle il appartient avait été élue c’est donc que la population était d’accord. Un peu court comme argument !

Les Roybonnais ont été informés de ce projet alors que les négociations étaient déjà très avancées. Au cours d’une réunion, le conseiller général adjoint au tourisme pouvait nous annoncer les sept mille euros offerts aux éventuels investisseurs par l’assemblée départementale.

Malgré la demande exprimée par l’association « PCSCP », Pour les Chambarans Sans Center Parc, il n’y eut jamais aucune rencontre avec les responsables politiques. Quant aux quelques interventions de personnes favorables au Center Parc, venant, en commando, perturber les réunions de l’association, on ne peut les considérer comme une amorce de débat.

Une forêt libre depuis sept siècles…

C’est en 1295 que le dauphin, voulant attirer la population sur ses terres, accorde à ceux qui s’implanteront dans les Chambarans, une charte de franchise. Un paragraphe précise que les nouveaux venus bénéficieront des bois et pâquerages dont ils pourront jouir librement et paisiblement.

Pendant plus de sept siècles les paysans ont profité de cet avantage dont on mesure mal l’importance aujourd’hui. Tout autour des bois – et Les Avenières en sont un symbole – une vie économique s’est développée.

…autour de laquelle toute une économie s’est développée :

Il y a deux ans, dans une enquête de l’université de Lyon, quelques vieux paysans roybonnais nous le rappelaient. On pense bien sûr au bois d’œuvre pour construire les maisons qui si longtemps furent à ossature bois et aux charpentes, planchers et meubles. Combien de scieries, il n’y a pas si longtemps, tournaient encore dans la région ? Les bois tendres servaient pour la pâte à papier ou …les allumettes !

Les fagots, portés à Romans, allumaient le four des boulangers et les cantonniers des villes nettoyaient les caniveaux avec les balais en branches de bouleau que fabriquait Albert Vicat, mort il y a peu. Combien de piquets de vignes, de palissades, de manches d’outils sont sortis des petits ateliers roybonnais ? On ne se chauffait qu’au bois et personne n’avait froid. Un des agriculteurs interrogés me rappelait qu’il abattait, tronçonnait et livrait la coupe de bois que mon père avait pris en affouage.

Les paysans, au mois d’août, « faisaient la feuille » : ils ramassaient les feuilles qui avaient séché sur l’arbre pour les faire manger aux chèvres en hiver. Les châtaignes nourrissaient les porcs et … les gens ! Les tommes de chèvre séchaient sur un lit de « brune », utilisée aussi pour faire les ruches, quant aux « bauches » elles servaient à empailler les chaises. On faisait les paniers en lattes de châtaignier ou de noisetier, on en fait encore !

Une forêt qu’il a fallu âprement défendre…

Le bétail, les chèvres surtout, s’égaraient bien un peu au-delà des limites des champs ! Et, comme dans la fable « Les animaux malades de la peste » où l’on crie haro sur le baudet qui a tondu du pré la largeur de sa langue, les paysans, accusés d’entraîner le déboisement par les coupes et les défrichages étaient régulièrement poursuivis par les agents des Eaux et Forêts.

…contre les seigneurs

Les seigneurs pendant ce temps, impunément, louaient les bois aux verriers – alors qu’ils n’en avaient pas le droit ! – Les dommages n’étant évidemment pas les mêmes. La propriété même des bois, propriété régulièrement confirmée par différents rois, propriéte multi-centenaire, leur était contestée. C’est l’avocat Saint Romme qui, au début du 19ème siècle, prendra leur défense. Depuis, les bois des Chambarans sont restés propriété publique.

Les Avenières aujourd’hui…

Ne rêvons pas, nous ne reviendrons pas à ce monde d’avant la guerre de 39-45 qui n’avait, d’ailleurs, rien d’idyllique. Mais aujourd’hui, quand tout et tous nous alertent sur les différents problèmes qui menacent la planète, pouvons-nous accepter que d’un trait de plume on raie quelques deux cents hectares de forêts ? Le déficit en eau et en terres cultivables est déjà source de conflit dans le monde. On connaît à peine le rôle capital des zones humides qu’une alarme mondiale est lancée devant leur disparition.

La déforestation, dans les pays tropicaux mais aussi dans nos régions tempérées, accroit la pollution de l’air, entraîne une inquiétante augmentation du CO2. Par l’imperméabilisation des sols, elle déstabilise dangereusement la pluviométrie. Des espèces animales et végétales disparaissent chaque jour. En France même, les terres arables nourricières sont grignotées inexorablement par les lotissements, les autoroutes et les grandes surfaces commerciales, nouveaux temples de la mise en spectacle de la marchandise reine.

Les Avenières, bien sûr, ce n’est pas l’Amazonie ni même Notre Dame des Landes ; ce n’est pas le TGV Lyon Turin ou l’autoroute du Trièves. Cependant, sa destruction relève de la même politique : sous prétexte de développement économique et d’emplois pour les chômeurs on détruit l’environnement pour que les sociétés capitalistes continuent d’engranger les avantages dont elles bénéficient depuis des lustres et que quelques responsables politiques, en mal de célébrité, puissent laisser une misérable mais médiatique trace dans l’histoire.

Nous ne voulons pas de ce monde artificiel coincé entre Aquamundo et moutons bien propres, symboles d’une nature tristement réinventée, adaptée et asservie. Les Avenières doivent rester lieu de promenade, de cueillette, de rêverie, de farniente, et si un jour il faut les défricher pour y cultiver du blé, on trouvera bien quelques néo-ruraux pour le faire !

…doivent rester ce qu’elles sont depuis des siècles : une forêt libre !

A Roybon le 10 janvier 2013, Michelle Pistone.

PMA, décroissance et cathos fachos

C’est peut-être surprenant, mais il fallait bien que la question de la Nature se pose en France. C’est donc aussi par la question du mariage homosexuel qu’elle se pose.

Hier nous critiquions le catholicisme avec sa conception magique de la vie, alors voici justement un article publié dans « La vie. » C’est un hebdomadaire de type catho de gauche, en l’occurrence il est d’ailleurs ouvertement chrétien, contrairement aux autres organes de presse du même groupe qui le masquent bien, mais pas tant que cela si on cherche bien: Le Monde, Télérama, Courrier International, Le Monde Diplomatique, etc.

Comme on peut le voir de manière évidente, on retrouve… exactement les arguments que nous avons critiqué: ceux de la décroissance, ceux de la critique de la « technique », ceux qu’on peut retrouver fréquemment sur la ZAD (voir La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours)… avec notamment le penseur chrétien Jacques Ellul (voir Ellul et la critique chrétienne conservatrice et romantique de la technique), ou encore la revue « L’écologiste » fondé par Goldsmuth (voir Teddy Goldsmith: le Tao du milliardaire), etc. etc. L’alliance des cathos de gauche trippant sur la vie comme magique et celle des gens critiquant la technique: on se croirait dans les années 1930!

Si officiellement, la plupart des leaders d’Europe Ecologie/ Les Verts (Cécile Duflot, Noël Mamère, etc.) soutiennent le projet de loi sur « le mariage pour tous » et surtout la proposition du groupe socialiste d’y adjoindre le droit à la Procréation médicale assistée (PMA) – reportée depuis au débat sur la famille en mars, d’autres voix écologistes dissidentes se font entendre depuis le week-end dernier. Si elles s’accordent pour reconnaître les avancées du mariage pour les homosexuels, elle s’inquiètent des questions posées par la PMA (filiation, primauté de la technique, aliénation de la technologie, hyperindividualisation…). Un débat d’autant plus sensible que l’argument « écologique » est de plus en plus employé par les organisateurs de la mobilisation contre le mariage pour tous.

C’est d’abord Hervé Kempf, journaliste et auteur de nombreux livres sur l’écologie (Comment les riches détruisent la planète, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, etc.), qui dans une chronique intitulée « Le mariage et l’écologie » , publiée par Le Monde (édition du 13 janvier), estime que « l’enjeu technique de cette évolution possible du droit doit être clairement posé ».

Pour lui, en effet, « un des piliers de la réflexion écologiste, dans le fil notamment des réflexions d’Ivan Illich et de Jacques Ellul, est le questionnement de la technique, la critique de son caractère autonome, le refus de son caractère illimité. Les effets en sont, selon les écologistes, à la fois néfastes pour l’environnement – parce qu’elle favorise une transformation de plus en plus nuisible de la biosphère – et aliénante – parce qu’elle conduit à rendre l’humain esclave de son outil ». Or, pour lui  « la PMA s’inscrit pleinement dans cette analyse (…) ».

Encore plus direct, Fabrice Nicolino, ancien journaliste à Terre Sauvage et aux Cahiers de Saint Lambert, aujourd’hui travaillant pour Charlie-Hebdo, auteur lui aussi de nombreux essais chocs (Pesticides, révélations sur un scandale français, La faim, le blé, la bagnole et nous, Qui a tué l’écologie ?, etc. ) met les pieds dans le plat sur son blog « Planète sans visa » : « UN, il est désolant que la question de la filiation, fondamentale, fasse l’objet des habituelles éructations idéologiques » écrit-il. Et de refuser sur ce sujet le clivage entre « supposés progressistes » et « soi-disant réactionnaires ».

Très engagé par ailleurs contre le projet d’aéroport Notre-Dame-Des-Landes, Fabrice Nicolino avance surtout un deuxième argument : « L’écologie telle que je la comprends est une révolution de l’esprit. Elle contredit l’ hyperindividualisme qui est au fondement de notre société industrielle. L’individu aurait tous les droits. Celui de changer de machine toutes les vingt secondes, celui de tuer un cerf s’il en a le goût, celui de prendre l’avion plus souvent qu’il n’embrasse son fils, celui d’enfanter à 98 ans, celui de se voir greffer un deuxième cerveau et une huitième main, etc. L’écologie telle que je la pense est la découverte des limites. Y compris celles de sa satisfaction (…) ».

Et, Fabrice Nicolino de recommander la lecture d’un texte de Thierry Jaccaud, intitulé « La vérité pour tous ». C’est, en effet, Thierry Jaccaud, rédacteur en chef à l’Ecologiste, qui a écrit sur son blog le texte le plus long et le plus argumenté.

Avec une opposition très affirmée : « Si le projet de loi devait être adopté, ce serait une négation sidérante de la nature, l’aboutissement consternant de notre société industrielle qui détruit la nature non seulement dans la réalité mais aussi dans les esprits, écrit-il. L’homme se prend pour un démiurge : nucléaire, OGM, nanotechnologies… sans jamais mettre la moindre limite à son action. « No limits », tel est le slogan des ultralibéraux qui définissent le nouveau politiquement correct. Dans la vaste entreprise de marchandisation du monde ; toutes les règles sont ainsi progressivement éliminées. Que cette logique ultralibérale et ultra individualiste se retrouve dans le projet de loi d’un gouvernement de gauche est affligeant ».

En conclusion de son post de blog, Thierry Jaccaud note toutefois qu’il existe d’autres solutions juridiques. Et de préconiser pour les couples homosexuels « un régime particulier de mariage comme aux Pays-Bas » sans toucher à la filiation biologique, ou encore « une union civile avec statut de beau-parent ». Nul doute que ces prises de position « dissidentes » susciteront de nombreux débats dans la mouvance écologiste… et ailleurs.

Le catholicisme et sa conception magique et homophobe du « don » de la vie

« Les êtres humains sont dotés d’une âme immortelle et sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est pourquoi, il existe des dimensions de l’existence humaine qui vont au-delà des limites des compétences des sciences naturelles.

Si l’on dépasse ces limites, il existe un risque sérieux que la dignité et l’inviolabilité de la vie humaine deviennent subordonnées à des considérations purement utilitaristes. »

Tel est un extrait du message du pape Benoît XVI aux participants du congrès international « Adult Stem Cells, Science and the future of Man and Culture. »

Et cela n’a l’air de rien, mais il y a toute une idéologie qui est ici plaquée sur la Nature, et qui est au cœur de la manifestation anti-mariage homosexuel d’hier à Paris.

Pour les athées, dont nous par conséquent, la Nature est production, elle est tout un système et rien ne vient de rien, tout se transforme. La vie est un processus global, où tout s’appuie sur tout.

Bien entendu, dans la Nature il y a souvent de la violence, mais ce n’est qu’un aspect car la tendance est à l’entente et l’entraide, la vie appelant la vie et non pas la mort.

Évidemment, pour des gens bornés cela semble « mystique », mais ce qui est mystique, c’est de s’imaginer que l’humanité serait, pour on ne sait quelle raison, sortie de la Nature. D’ailleurs, les idéologies de Descartes ou de Freud ont besoin pour justifier cela d’inventer quelque chose : l’âme, l’inconscient, etc.

Et ils disent que ce petit quelque chose fait que l’humanité est totalement sortie ou différente de ce qu’ils appellent « l’animalité. »

L’Église catholique, qui a été hier en pointe du mouvement contre le mariage des gays et des lesbiennes, fait exactement de même. A la Nature qui se produit elle-même, à la vie qui se produit elle-même, elle oppose le principe de création.

L’idée est simple : Dieu est à l’origine de la création de l’humanité, donc l’humanité doit obéir à un « ordre naturel divin » et elle-même donne la vie par une « création. »

Rappelons que le principe de création s’oppose totalement à celui de production: la création se fait toujours « ex nihilo », à partir de rien, comme lorsqu’il est dit: Dieu dit: que la lumière soit!, et la lumière fut.

On est là vraiment dans le magique. Voici par exemple ce que dit l’un des documents les plus importants du catéchisme catholique :

« Tandis qu’ils se donnent l’un à l’autre, les époux donnent au-delà d’eux-mêmes un être réel, l’enfant. » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction « Donum vitae » sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation).

L’enfant est vivant et la vie est « magique », c’est un « don » de Dieu. Pour cette raison, le couple est censé reproduire ce « don. »

Voici ce que dit par exemple Jean-Paul II :

« L’acte par lequel les conjoints mettent en œuvre les conditions pour qu’une nouvelle personne existe est le seul et même acte par lequel ils se témoignent réciproquement de leur amour et de leur don. » (Jean-Paul II, Exhortation post synodale Familiaris consortio, 1981, n°14)

La conclusion de cela est que l’Eglise catholique refuse tout ce qui n’apparaît pas comme étant ce don, et par conséquent non seulement le mariage homosexuel, mais également la procréation médicale assistée.

L’Église catholique rejette, très logiquement vu son raisonnement, toutes formes d’inséminations et de fécondations artificielles concernant les êtres humains, car cela sort du « don. »

Naturellement, on voit très bien que de l’autre côté l’Eglise catholique accepte tout ce qui est artificiel pour ce qui touche à l’exploitation animale. Il y a bien quelques réticences ici et là sur les modifications génétiques, mais jamais l’Eglise ne critiquera la sélection faite par les éleveurs, le caractère non naturel au possible des élevages, etc.!

Seule l’humanité se verrait doté d’une vraie dignité et d’un pouvoir magique. On est dans l’anthropocentrisme le plus complet, avec le masque de Dieu.

Pour parler de manière magique comme Olivier Bonnewijn, prêtre du diocèse de Malines-Bruxelles et professeur d’éthique à l’Institut Théologique de Bruxelles :

« L’union conjugale possède une beauté, une lumière, une valeur et une signification infinies. Parmi ses fruits, il en est un de particulièrement prodigieux : la procréation d’une nouvelle personne. »

Tout cela pour dire qu’il est bien triste justement que l’homosexualité ne soit pas reconnue comme naturelle par des gens sans préjugés à l’encontre de l’homosexualité, mais réduite à une question « sociale. »

C’est non seulement abandonner le terrain de la Nature et basculer dans une mystique « sociale », mais c’est également laisser à l’Église la possibilité d’émettre des critiques ayant l’air justes en apparence.

Aucune personne sérieuse ne peut en effet accepter le principe des « mères porteuses », une réalité particulièrement glauque et odieuse. Or, c’est justement l’Eglise qui intervient le plus souvent pour critiquer ce principe, l’assimilant à tout le reste…

De la même manière, le droit à l’avortement est une conquête féministe, pour autant cela ne veut nullement dire qu’il faille considérer le corps humain comme une machine et réduire un bébé naissant à un simple déchet.

Il y a là une négation mécanique de la vie, tout à fait dans l’esprit d’un capitalisme victorieux, mais totalement éloigné du respect pour la vie. Et là encore l’Eglise a le champ large pour raconter tout et n’importe quoi et faire de l’avortement une question de « défense de la vie » fondée sur le chantage, la culpabilité, l’irrationalisme, l’anti-féminisme…

Des milliards d’êtres vivants meurent chaque année et l’Eglise prétend défendre la vie, chose « magique » et par contre respectable que si elle est humaine. N’y a-t-il pas là une contradiction ô combien facile à comprendre pour qui a compris le véganisme ?

Et le véganisme n’est-il pas alors un formidable appui pour la reconnaissance de l’homosexualité, réalité naturelle produite par Mère Nature ?

La volonté de protéger la vie, de la défendre, cette réalité au coeur du véganisme, n’est-elle pas le meilleur appui pour revendiquer le droit à l’adoption des personnes homosexuelles, le droit à la procréation médicale assistée pour les lesbiennes?

Le végétarisme français, cet anti-universalisme

Quand des gens ont une grande entreprise d’exploitation animale, ils sont très contents des réformes qui sont faites concernant les tailles des cages. Cela leur permet en effet de profiter de l’effondrement des petites entreprises qui ne peuvent pas suivre.

C’est ce qui s’est passé notamment avec la rentrée des pays de l’Est dans l’Union Européenne, et c’est le principe des réformes et autres améliorations : aider les gros à écraser les petits ne pouvant pas suivre le rythme.

De la même manière, les entreprises de l’exploitation animale ont tout intérêt à produire un contre-véganisme. Ce contre-véganisme, ce faux véganisme, c’est le « végétarisme. »

Et le dernier numéro de l’hebdomadaire « Le point » lui est totalement consacré, sous le titre racoleur de : « Viande : la nouvelle guerre de religion. »

Pour voir la nullité de tout cela, voici ce que dit par exemple Aymeric Caron, journaliste ayant déjà invité Brigitte Bardot à la radio, juste avant le Ramadan, en 2010 :

Ce type découvre le véganisme en 2013 ! C’est un sacré témoignage de l’arriération culturelle française : on a un hebdomadaire pour qui la « grande alternative » c’est le végétarisme, et le véganisme est mentionné de manière marginale.

Et encore ce véganisme se résume à des sportifs et des personnalités…

D’ailleurs, le grand designer à la mode Philipe Starck est mis en avant, pour « essayer » :

Monsieur Starck « essaie. » Voilà la grande radicalité proposée par l’hebdomadaire Le Point : il suffirait d’aller dans ce sens, d’essayer.

D’ailleurs, le grand problème, ce serait l’excès :

Et pour ceux et celles n’ayant pas compris, voilà le programme :

On a là une barbarie terrible, dont le végétarisme est le meilleur allié. Car le végétarisme n’attaque pas l’exploitation animale, alors que le véganisme le fait.

Le véganisme refuse impitoyablement toute exploitation animale, il ne permet pas à celle-ci de réapparaître sous d’autres formes. Le végétarisme, lui, est une conception élastique, manipulable, cautionnant une partie de l’exploitation animale et ainsi étant largement manipulable sur le plan théorique et pratique.

D’ailleurs, si le véganisme est un principe aisément compréhensible, la grande masse des gens en France ne discerne pas du tout les fondements et limites du végétarisme.

Dans un pays comme la France où les gens pensent qu’une personne végétarienne peut manger un poisson, de toutes manières, seul le véganisme est une position correcte indiquant la voie.

Et l’industrie de l’exploitation animale ne veut pas de cette voie, d’où son ouverture tactique au végétarisme, d’où son acceptation du « débat. »

La mise en valeur du végétarisme va de pair avec la tactique de remettre l’exploitation animale en avant, comme là avec « le steak tartare » comme « acte de résistance » !

On peut lire d’ailleurs que le boucher est content qu’une vache soit mère, car comme cela il peut la tuer, puisqu’elle aura meilleur goût…

Et comme il faut des chercheurs et autres intellectuels pour théoriser et empaqueter toute cette construction, on trouve des gens comme Marcela Iacub.

Elle est notamment connue pour sa défense de la prostitution, et voici ce qu’elle dit :

 

Ce qui est intéressant, c’est qu’ailleurs (dans Le Figaro Madame, qui la présente comme une « intello végétarienne »), elle dit exactement le contraire :

Ma philosophie de la viande : « C’est plutôt une utopie ! Je voudrais que l’on intègre les animaux à l’humanité. Tracer une frontière entre eux et nous n’a plus aucun sens. L’humanité se réconciliera avec elle-même si elle intègre les animaux en son sein. Si elle leur accorde le droit à la vie. »

Car c’est ce qui caractérise tous ces gens : le flou, la défense de certains animaux, mais pas d’autres.

Le végétarisme, c’est le refus de l’universalisme, c’est le refus du véganisme, le refus de reconnaître l’exploitation animale, le refus d’assumer des positions strictes et fermes.

Au lieu de cela, il y a le fameux « place au débat », l’esprit de discussion et de tergiversation, la mise en avant d’individus « intellos », etc.

Notons qu’évidemment, Le Point se permet également d’en rajouter une couche dans le halal, dans le prolongement de ses fameux dossiers ces derniers temps.

Là est également le caractère honteux du végétarisme : aider les fachos à utiliser la question animale pour leurs visées populistes.

Le végétarisme a tous les défauts en France : il va dans le sens du libéralisme à la française, il donne de l’espace aux bobos et à leur consommation « respectable », il brouille les exigences morales du véganisme.

Si un hebdomadaire conservateur comme Le Poinr fait l’apologie du végétarisme, cela veut tout dire !

Des produits « végétaux » qui ne le sont pas

Qu’il y ait des logos « vegan » ou « végétal » sur les emballages alimentaires est un progrès qui facilite la vie des personnes vegan.

Seulement il y a parfois des pièges, comme avec cette préparation à tartiner de la marque Tartex.

Comme le montre les photos ci-dessous, le tartinable affiche le logo de l’Union Végétarienne Européenne ainsi que la mention « végétal ».

 Toutefois, quand on regarde les ingrédients de plus près, on y trouve…. du miel !

Les produits de la ruche, tout comme les produits laitiers ou les œufs, sont des substances issues des animaux, produites par les animaux. L’abeille étant un animal, le miel est donc un produit d’origine animale et certainement pas végétal.

C’est une grosse erreur qu’il arrive de trouver dans « le milieu de la protection animale ». Et c’est une erreur terrible qui prête à confusion et qui aboutit à des mélanges de tout et n’importe quoi, comme les pesco-végétariens, à savoir des « végétariens » qui mangent des poissons ! Les Français et Françaises n’aiment les définitions, ni se ranger selon des définitions sérieuses et précises, on trouve souvent ce grand n’importe quoi, qui plaît tant aux personnes incapables de s’engager sérieusement et complètement pour les animaux.

On a également une très grande marque de produits biologiques, qui mélange ainsi sans aucune gêne les milieux végétaux et animaux, créant un perte totale des repères et des engagements les plus basiques.

La marque se trouve en magasins biologiques et commercialise des produits à base de soja. Soy se vante d’être un « créateur de recettes végétales » et tente de convaincre « de la richesse de l’alimentation végétale et de ses bienfaits pour le corps et l’environnement. »

« Alimentation végétale » est en gras dans la citation de Soy, seulement, dans des publicités trouvées dans une revue, on peut voir que les recettes de cette marque sont très loin d’être végétales !

Ainsi, la première recette contient du fromage de chèvre et du miel !

La seconde recette contient du saumon !

Et ce ne sont pas des erreurs car sur le site de Soy, catégorie « Nos recettes végétales », on trouve plusieurs recettes avec du poisson comme  » Bouchées de thon et concombre « , « Brochettes de lotte au tofu« ,  « Quiche au saumon« , « Terrine de saumon à la suédoise » qui comporte et du saumon et des oeufs, mais encore au rayon des gâteaux un « Cheese cake aux cerises » avec des oeufs, oeufs qui se trouvent encore et toujours dans l’autre préparation se prétendant « végétale » de Soy qu’est le « Cheese cake à la poire ».

Que du miel passe pour un produit végétal est déjà aberrant, mais trouver des recettes faites avec des œufs ou avec des poissons, sur un site vante les « bienfaits » d’une « alimentation végétale » est une honte incroyable.

Le poisson ne pousse pas dans les arbres, dans la terre, c’est un être vivant tout comme la poule ou le bœuf. Même un enfant à l’école primaire est en mesure de la savoir!

Nous ne parlons ici que de l’alimentation, et donc Soy n’est pas pour une alimentation végétalienne. C’est une marque qui prête à confusion et qui ne respecte pas les valeurs et le respect qu’il faut donner aux animaux : le miel est un produit animal, issu de l’exploitation animale, le poisson est un animal.

Ce n’est pas en mélangeant de la sorte tout et n’importe quoi, en faisant une grande soupe nappée de pseudo valeurs que le véganisme gagnera. Soy est une entreprise qui vise les bénéfices, pas à changer le monde, voilà tout.

Pour que la Terre redeviennent bleue et verte, il faut avoir des valeurs sérieuses et s’en tenir aux définitions. Le laxisme n’a pas sa place dans un monde où les animaux se font exploiter partout, chaque seconde.

Mandats sur l’anti-spécisme de la Fédération Anarchiste

Ce qui vient d’arriver est la fin d’une époque pour un certain antispécisme: l’antispécisme tel qu’il s’est lancé en France, au début des années 1990. A l’époque, il consistait en une scène squatt (Paris et surtout Lille) et une mouvance intellectuelle (les cahiers anti-spécistes). Les restes de cet antispécisme sont confrontés à leur mise à mort avec la suppression par la radio parisienne Radio libertaire de l’émission « vivre ensemble ».

Cette émission, qui existe depuis 5 ans, était tolérée, mais finalement la Fédération anarchiste, qui possède Radio libertaire, en a eu assez. Il faut savoir qu’historiquement la Fédération Anarchiste est liée à la franc-maçonnerie et est très strict sur le plan de la laïcité et de l’anthropocentrisme.

C’est une organisation anarchiste dite « synthésiste » c’est-à-dire acceptant tous les types d’anarchisme (individualiste, pacifiste, syndicaliste, collectiviste, etc.) mais en restant donc le terrain anthropocentriste, et ainsi la propagande anti-spéciste a été brutalement rejetée dans les années 1990, et là une vieille motion est ressortie pour rétablir l’ordre.

Voici donc cette motion. On trouvera ici l’explication de l’émission Vivre ensemble et là sa critique de la motion et de son exclusion de la radio. On retrouve parmi les auteurs, celui de l’opuscule que nous avons vigoureusement critiqué (En finir avec l’idée de Nature?!), parce qu’il faut bien voir que si l’émission a été tolérée, c’est parce que  l’anti-spécisme dont on parle ici est totalement anti-Nature et anti-écologie radicale, très violemment opposé à nos conceptions.
Son échec n’est que l’aboutissement de son incapacité à rompre avec l’anthropocentrisme et le refus de la Nature.

Mandats sur l’anti-spécisme, adopté lors du 52e Congrès à Rouen en 1995, ajouté à chaque mandat fédéral.

Préambule

Le congrès décide qu’aucune publicité favorable aux thèses anti-spécistes ne peut être faite par la FA, que ce soit par le biais des structures fédérales (ML, Publico, RL, EML) [journal le Monde Libertaire, Librairie Publico à Paris, Radio Libertaire, Éditions du Monde Libertaire] ou par le biais de la propagande particulière des groupes.

Ces conditions doivent donc être rajoutées pour chaque mandat fédéral, elles reposent sur cinq points composant le texte suivant :

Texte en cinq points :

1. L’anti-spécisme attribue une « valeur » identique à chaque « être vivant », animal ou être humain. Par conséquent, pour un ou une « antispéciste », la mort et la souffrance d’un être humain est à mettre sur le même plan que la mort ou la souffrance d’un animal. Cela explique pourquoi des antispécistes peuvent comparer « un train de déportés juifs » à un « train emmenant du bétail à l’abattoir ». Ce genre de propos n’est pas un « avatar » du discours anti-spéciste mais correspond à ses fondements moraux.

2. L’anti-spécisme revendique « la libération animale ». Cette notion est incompatible avec notre conception sociale de la liberté. Pour définir ce qu’est un individu, les anti-spécistes ne prennent en compte que de simples caractères biologiques primaires. Les anti-spécistes nient tout ce qui fait la spécificité de l’être humain : son imaginaire, sa capacité à innover et à transformer ses relations sociales, etc. Ainsi, l’anti-spécisme réduit la liberté jusqu’à vider cette notion de son sens.

3. L’anti-spécisme puise dans un fond philosophique et idéologique étranger aux références historiques et politiques de l’anarchisme. Par exemple : l’utilitarisme de Bentham, l’un des fondateurs de la pensée libérale : cela consiste à ne raisonner qu’en terme d’intérêts (de la recherche des intérêts particuliers résulteraient automatiquement un « bonheur général »). Ainsi, « l’intérêt de l’animal à vivre » suffit pour en faire « un individu à l’égal de l’humain ».

La notion d’égalité fondamentale : l’égalité ainsi conçue n’est pas une égalité sociale (entre des individus ayant des relations entre eux) mais une égalité philosophique, purement idéelle. Le simple fait d’être vivant confère « des droits » tous les êtres vivants devant donc « avoir les mêmes droits ». Ce raisonnement (si l’on peut encore parler de raison !) rejoint donc l’affirmation du caractère « sacré » de la vie. Ce trait de l’anti-spécisme explique pourquoi des militants-tes de ce mouvement peuvent se révéler pour le moins ambigus sur la question de l’avortement.

4. L’anti-spécisme s’inscrit dans une dérive mystique : refus de tout progrès technologique, de l’industrie, retour à la nature (« convivialité grégaire » et deep écologie). Dans cette démarche, la lutte de classe, toutes les luttes d’émancipation des individus deviennent secondaires voire totalement dénuées d’intérêts.

5. Enfin, nous considérons que l’anti-spécisme est différent du végétarisme. D’une part, le végétarisme n’implique pas les mêmes considérations idéologiques (on peut être végétarien sans se dire pour la « libération animale »). D’autre part, le végétarisme est une tendance historique du mouvement anarchiste.

« Les Roms sont des animaux »

En Hongrie, l’homme politique Zsolt Bayer, l’un des fondateurs du parti au pouvoir en hongrie (et une personnalité très proche du président de ce pays), a tenu des propos qui relèvent très précisément de ce que nous appelons le social-darwinisme.

Ses propos ont été tellement violents qu’ils n’ont pas été traduits de manière complète dans les médias français. Ce n’est pas étonnant : en France, de telles opinions existent dans une grande mesure dans la société.

Voici ce qu’a dit Zsolt Bayer, dans la Gazette hongroise (Magyar Hirlap) :

« Les Roms sont des animaux, et ils se comportent comme des animaux. Ils veulent tout de suite baiser ceux qu’ils voient à l’instant même. S’ils rencontrent de la résistance, ils tuent. Ils chient, quand et là ils en ont envie. S’ils se sentent empêcher de cela, ils assassinent. »

« Et c’est là qu’on a le plus grand péché de la partie idiote, politiquement correct du monde occidental : par pur calcul et par intérêt, il fait comme si l’on devait respecter ces animaux, comme si leur revenait de la dignité humaine. »

« Ils ne devraient pas exister, ces animaux. On doit se débarrasser d’eux, par tous les moyens » !

Ce qu’on a là, c’est l’appel à l’extermination des plus faibles, extermination allant systématiquement de pair avec l’assimilation aux animaux, comme si justement les animaux seraient des ennemis dans une grande bataille social-darwiniste pour la suprématie planétaire.

C’est l’idéologie des films Alien, Les dents de la mer, Les oiseaux, etc. C’est l’idéologie nazie, dont d’ailleurs Zsolt Bayer n’est pas loin puisqu’il est déjà connu pour ses diatribes antisémites (expliquant par exemple que les juifs hongrois « mouchaient leurs nez dans les piscines de la Hongrie », etc.).

La situation en Hongrie est connue pour être catastrophique. Des personnalités artistiques hongroises avaient déjà lancé un appel en 2011, intitulé « Aux artistes d’Europe et du monde », signé notamment par le pianiste Andras Schiff et le chef d’orchestre Ádám Fischer, où il est expliqué que « la vie quotidienne de la Hongrie est marquée d’une manière terrifiante par le racisme contre les Roms, l’homophobie et l’antisémitisme. »

La compréhension de ce phénomène est incontournable quand on est végan. Car lorsque apparaît une idéologie exterminatrice, entendant résumer le monde à un affrontement du fort contre les faibles qui seraient des « parasites », la question animale est aux premières loges.

Il n’y a pas 36 visions du monde possible, en effet. Soit on considère que la Nature est « méchante », hostile, qu’elle se résume au combat perpétuel du fort contre le faible, pour la survie et la suprématie. Soit on considère que la Nature est un système, en construction peut-être, une grande combinaison où la vie appelle la vie, où tout devient inter-relié de manière toujours plus complexe – ce qu’on appelle Gaïa.

Lorsque nous avons critiqué la scène punk française comme réactionnaire pour avoir laissé passé une chanson anti-vegan, une personne nous a reproché de ne pas connaître la Nature, nous demandant si nous avions déjà observé celle-ci, car y régnerait la pire cruauté, etc. Sans le savoir, cette personne tient le même discours que les fachos.

Car le social-darwinisme, c’est l’idéologie de la guerre de tous contre tous, de chacun contre chacun, avec le fort affirmant sa puissance, sa supériorité, son « droit à la vie. »

Dans les citations de l’homme politique hongrois, on reconnaît ce principe de « supériorité », cette conception exterminatrice, car le « faible » doit disparaître, pour permettre au fort de s’affirmer le plus largement possible.

Inévitablement, on a le mépris le plus complet pour les animaux qui va avec, car les animaux non-humains sont considérés comme ayant été en « concurrence » et ayant été vaincus.

Par conséquent, toute « race » vaincue rejoint le sort des animaux, et ne mérite que l’esclavage ou l’extermination.

Ce qui fait que sont tout autant réactionnaires les propos défendant les Roms en expliquant qu’ils ne seraient pas des animaux : cela défend les Roms mais cela maintient le principe social-darwiniste.

En fait, toute personne progressiste ne peut pas faire autrement qu’être végan, car c’est l’affirmation du refus du social-darwinisme, c’est une position absolument élémentaire pour qui refuse le fascisme et la guerre de tous contre tous !

Pet Expo, l’expo sans animaux comme objets d’exposition

Voici un très intéressant exemple, pratiquement un modèle : une expo d’animaux… sans animaux. Il s’agit de la « pet expo » qui se tiendra à Vienne en Autriche, organisée par une entreprise d’événémentiels et la ville de Vienne, en juin 2013.

Et il n’y aura pas d’animaux dits « de compagnie », seulement tout ce qui est disponible pour eux.

C’est même clairement marqué sur l’affiche :

L’expo sans stress ni barreaux !

Pas d’animaux comme objets d’exposition !

C’est véritablement très fort, et comme partenaires il y a également des associations, ainsi que l’équivalent de la SPA (dirigée par une ancienne responsable des Verts alternatifs).

Bien entendu, les animaux sont tout de même des « objets » de consommation, c’est vrai, mais ce n’est pas tout, l’arrière-plan est vraiment intéressant.

Il y a en effet un règlement très strict de ce que les exposants ont le droit de présenter ou pas.

Par exemple, pour les chats :

– les chaînes ne doivent pas avoir de cloches faisant du bruit dérangeant les chats ! Et elles doivent avoir un point de rupture, pour éviter tout étranglement.

– les cosmétiques à fonction purement décoratives sont interdits, ainsi que les produits dont le sucre fait partie des trois ingrédients principaux !

– les sacs de transport doivent avoir un sol dur, les chats doivent pouvoir se lever, s’asseoir, se retourner.

– les cannes avec une ficelle ne peuvent être vendues qu’à condition de préciser que trop l’utiliser peut stresser les chats !

Comme on le voit, c’est du sérieux. D’ailleurs pour tous les animaux, tout ce qui est vraiment sucré est interdit d’office.

Les matériels électroniques de dressage des chiens sont bien entendu interdits, d’ailleurs c’est la loi ! Interdit, les instruments de torture anti-aboiements, etc. !

Et les « boules d’exercice » pour hamsters sont interdites, ce qui est vraiment formidable, car c’est un cauchemar pour eux !

Et notons que les rongeurs en général doivent, c’est la loi en Autriche, disposer d’un abri. Nous soulignons cela, car en France les forums pullulent de gens ôtant les abris, afin de mieux « éduquer » celui qu’il considèrent comme « leur » animal ! (voir notre article à ce propos)

Notons également au passage que selon la loi un rat ne doit jamais être seul (pas plus que les chinchillas, les lapins…), et que la cage de deux rats doit au moins faire 80 x 40 x 50 cm ; pareillement un hamster doit avoir une litière d’au moins 5 cm de profondeur.

Les « laisses » pour rongeurs sont interdites également à l’expo : normal !

Pas la peine non plus d’espérer trouver à l’expo du foin odorisé, du déodorant pour cage ou des tuyaux pour hamsters : tout cela est in-ter-dit, car nocif pour nos amiEs !

Naturellement, les étages faits en barreaux sont interdits, car ils font mal aux pattes ; de la même manière, les roues pour hamsters ont une taille minimale demandée et ne doivent surtout pas être en barreaux.

Il doit également y avoir une explication écrite qu’il ne s’agit que de cages de secours si celles-ci font moins de 2m² pour les lapins, 1m² pour les hamsters, 0,5 m² pour les cochons d’Inde (bien entendu par lapin, par hamster, par cochon d’Inde!).

Pas question non plus, pour les oiseaux, d’avoir ne serait-ce que la représentation d’un perroquet avec une chaîne au pied ! Pas question non plus de vendre des ouvrages pour « dresser » les perroquets !

Quant aux associations, toutes celles qui ont un « programme » concernant les « animaux de compagnie » sont la bienvenue.

Naturellement, le département consacré aux animaux de la ville de Vienne sera là (nous avions parlé de leur site consacré aux animaux perdus et trouvés), ainsi que des gens du cimetière pour animaux et du crématorium.

Quand on voit cela, cela laisse rêveur, rêveuse. On est à des années-lumières des valeurs dominantes en France. On voit mal la mairie de Paris réaliser une telle chose !

Alors bien entendu, les animaux restent ici de « compagnie », cependant, réfuter une telle expo de manière unilatérale n’a pas de sens de par la nécessité de l’adoption, démarche qui est une composante incontournable du véganisme !

Rétropédalage maximum de Brigitte Bardot

Bardot est allée trop loin, comme nous le constations il y a trois jours (Bardot l’identitaire face à la France anti-animaux). Alors il lui a fallu – mais elle a été aidée, c’est évident – pratiquer un rétropédalage complet.

Il est évident que ce texte est le produit d’un long brainstorming dans un esprit marketing. La moindre ligne est soupesée afin de déminer. Poutine ? C’était pour défendre l’ours polaire ? Hollande ? Elle n’a rien contre lui, mais il serait trop mou ! La mise en avant du halal et du casher ? C’est pour que la société évolue !

Finalement, toute l’attitude de Bardot n’aurait été qu’un « coup de gueule », afin de frapper les esprits…. A d’autres ! Comme nous l’avions constaté, les positions de Bardot sont parfaitement cohérentes avec ses valeurs, qui ne sont pas celles de la libération animale.

Mais cette lettre, bien entendu, vise à rassurer, dans une vaste opération marketing, les véritables amiEs des animaux qui pouvaient avoir des illusions sur Bardot et qui ont été, forcément, choqué par ses dernières sorties.

Le message qu’elle fait passer : Bardot aurait juste poussé « un cri du coeur » ! Mais nous nous disons : en 2013, alors que le véganisme est une démarche pratiquable, ne pas en parler est de la part de Bardot hautement révélateur d’un discours populiste coupé de la réalité et ses exigences.

Bardot prétend vouloir des « résultats pour les animaux », mais le seul résultat que l’on peut et doit revendiquer en ce domaine, c’est la libération animale !

Voici donc le texte de ce rétropédalage complet, rendu public par le nouvel Observateur.

La protection animale est ma seule politique !

Le 7 janvier 2013, notre présidente Brigitte Bardot publie une tribune dans le Nouvel Obs.

Pour avoir menacé de quitter ce pays que je ne reconnais plus, on me traite de vieille folle, d’hystérique ou je ne sais quoi. Depuis plus de 60 ans je suis traînée dans la boue, on me crache dessus parce que je dérange la morale des bien-pensants, jusqu’à ce « con Bendit » qui souhaiterait m’envoyer dans un camp de concentration ou une prison de Sibérie… Mais qu’a-t-il fait cet imbécile d’écolo pour les animaux ? Rien. D’ailleurs il n’a rien d’un écolo, juste un opportuniste qui passe du rouge au vert en se foutant pas mal des valeurs qui devraient être défendues par le mouvement écologiste si mal représenté en France.

Alors oui, j’en ai ras-le-bol de ce pays où les « grands » se foutent comme de l’an 40 de la souffrance animale que je combats depuis si longtemps et que je combattrai jusqu’à mon dernier souffle, et au-delà même grâce à ma Fondation, reconnue d’utilité publique, qui me survivra et continuera à porter le flambeau de la protection animale.

En attendant je suis vivante, bien vivante, même si cela dérange, alors je n’ai pas l’intention de baisser les bras et de laisser ces deux éléphantes se faire abattre près de Lyon parce qu’elles sont potentiellement tuberculeuses. Je demande une contre-expertise, ce n’est quand même pas l’impossible, d’autant que ma Fondation est prête à participer au coût des soins à apporter aux animaux comme elle le fait souvent dans des cas similaires.

Ces pauvres bêtes ont été esclaves du cirque Pinder pour lequel je n’ai aucune sympathie, ce combat je le mène pour elles et uniquement pour elles, alors on a le devoir de leur épargner la mort et de leur offrir une fin de vie digne, ce n’est pas un cadeau c’est un dû.

Et si je suis en colère contre le gouvernement actuel et contre notre Président, là encore ce n’est pas par choix politique car si François Hollande faisait un geste pour améliorer le sort des animaux en France je serais la première en le remercier publiquement, je suis en colère car son équipe traite par le mépris toutes nos interventions, et elles sont nombreuses.

Face à la généralisation de l’égorgement des bêtes dans nos abattoirs, sans étourdissement préalable, j’ai saisi le Président de la République et son ministre de l’Agriculture. Hollande ne m’a pas raconté d’histoires comme l’a fait Sarkozy mais il n’a rien fait du tout ce qui n’est pas plus glorieux. En attendant, chaque jour, des millions d’animaux se font trancher la gorge dans des conditions ignobles, en France, pour répondre à la demande du halal et du casher mais surtout pour approvisionner tous les circuits sans aucun étiquetage.

C’est une horreur, une honte, et c’est d’autant plus insupportable que j’ai obtenu le soutien du recteur de la Mosquée de Paris, le Docteur Dalil Boubakeur, qui m’a reçue et m’a assurée que rien dans le Coran n’impose l’égorgement des bêtes à vif… Alors évoluons, sortons de la barbarie !

Je ne suis pas la seule, Sylvie Rocard qui est administrateur de ma Fondation a également écrit à Stéphane Le Foll, pourtant ami de Michel Rocard, mais là encore c’est le silence total, le mépris le plus complet, c’est inacceptable.

Voilà ce qu’est la France aujourd’hui, le pays de l’UE qui sacrifie le plus grand nombre d’animaux chaque année dans des laboratoires de recherche, où les chasseurs font la loi et où les opposants n’ont pas la liberté de s’opposer justement aux tueurs qui pillent la nature, la France est un immense cimetière animalier où la corrida est encensée par des ministres, cette torture immonde qui fait honte à l’Espagne et qu’on nous impose comme on nous impose aussi l’Aïd-el-Kebir, ce sacrifice rituel cruel qui fait de la France une terre de non droit où n’importe qui fait n’importe quoi en toute impunité, alors oui, ce pays me fait honte, me fait vomir !

Mais si j’ai tellement mal au cœur face à cette décadence, ce bordel généralisé, c’est d’abord parce que j’aime la France et que je ne supporte pas de voir ce je-m’en-foutisme s’imposer devant toutes les situations d’urgence que je dénonce et qui ne reçoivent aucune réponse en retour. Je demande à mon pays de soutenir les Etats-Unis, comme l’a fait la Russie, pour protéger l’ours polaire et le classer à l’Annexe 1 de la CITES*, mais rien, aucune réponse de la ministre de l’Ecologie qu’on entend d’ailleurs jamais intervenir sur quoi que ce soit…

Alors ce coup de gueule contre le gouvernement et notre Président c’est d’abord un cri du cœur et une supplique pour que mon combat en faveur des animaux soit entendu, soutenu, et non plus ridiculisé par des ministres comme l’a fait Benoît Hamon qui ne me connait pas mais qui se permet de sortir des imbécilités déplacées.

Peut-être que François Hollande va enfin sortir de son hibernation, que ses ministres vont se mettre au travail, je ne demande que cela et mon équipe est prête à travailler à leurs côtés, j’en ai ma claque des polémiques je veux obtenir des résultats pour les animaux, c’est mon seul combat, le seul sens que je veux donner à ma vie.

Brigitte Bardot

* Convention sur le Commerce International des espèces sauvages menacées d’extinction (la Fondation Brigitte Bardot participera, du 3 au 14 mars 2013 à Bangkok, à la seizième session de la Conférence des Parties).

Il faut aider Giuseppe !

Il y a quelques mois nous parlions de la situation terrible dans laquelle se trouvait Giuseppe, un SDF du 4ème arrondissement de Paris, qui nourrit, soigne et protège les pigeons. Quand Giuseppe trouve un pigeon malade ou blessé, il contacte la SPOV (Société Protectrice des Oiseaux des Villes, à Châtillon en banlieue parisienne), afin que cette association prenne en charge les oiseaux en danger.

Tout le monde pensera qu’une personne sans domicile aurait autre chose à faire que de nourrir des pigeons et d’être attentif à leur sort. Ce qui n’est heureusement pas le cas de cet homme au grand cœur passionné par les pigeons. Bien que Giuseppe fasse les poubelles et vive dans sa voiture, bien que Giuseppe soit détesté par certains et qu’il ait déjà été plusieurs fois agressé, son combat pour les pigeons ne s’arrête pas.

Notre combat pour soutenir Giuseppe ne doit pas s’arrêter non plus. Sa voiture a déjà plusieurs fois été ramassée par la fourrière. Mais l’année 2013 commence encore mal pour Giuseppe car la police va encore lui supprimer sa voiture – son seul abri.

On peut lire sur le site Facebook en soutien à cet homme, Les amis de Guiseppe, le dialogue retranscrit entre la police et Giuseppe. Il est très facile de comprendre que toutes les excuses, même les plus ridicules, sont bonnes à prendre pour que cet homme quitte le quartier du Marais (dont le maire, socialiste, est un ancien d’Yves-Saint-Laurent  et de LVMH). La méchanceté n’arrête pas de progresser, c’est le social-darwinisme.

Déjà chassé de son appartement, il est maintenant menacé d’être privé de sa voiture sous un prétexte totalement farfelu et infondé.

Comme la page Facebook le montre, Giuseppe a du soutien, mais bien trop peu de soutien. Il faut que le peu de personnes compatissant à la dureté de la vie de cet homme sans ressources se bouge et aille soutenir directement Giuseppe!

Pour apprendre à connaître Giuseppe ainsi que ce qu’il vit au quotidien, ainsi que sa passion pour nos amis pigeons, voici 2 vidéos (14 novembre) et (16 septembre) riches en émotions, qui devraient remplir chacun et chacune de compassion, que se soit envers Giuseppe ou envers les pigeons ! Les 2 étant intimement liés, détestés, maltraités et chassés de leur territoire.

Notons enfin, que sur la première vidéo, celle du mois de novembre, on assiste à une scène devenue banale, que l’on peut voir tous les jours dans la rue : des enfants s’amusant à courir après les pigeons.

C’est une terrible banalité qui amuse les enfants et les parents. Une banalisation de la violence qui échappe à tout le monde, vu que les pigeons sot des êtres haïs et considérés comme des « nuisibles » à « exterminer. »

Bardot l’identitaire face à la France anti-animaux

Cette histoire très médiatisée de Brigitte Bardot voulant faire comme Depardieu et avoir la nationalité russe est beaucoup plus compliquée qu’elle n’en a l’air.

En effet, de par les conditions en France du combat pour la libération animale, ou même pour la protection animale, Brigitte Bardot ne fait qu’exprimer un sentiment général d’abandon.

C’est cela qui lui fait dire à Nice-Matin :

« Je suis sérieuse. J’en ai plein le c… Ras-le-bol! Je ne supporte plus ce pays. Depuis Sarkozy et ses promesses non tenues, personne ne répond à mes requêtes. Cela me met dans une douleur et une rage folle de voir cette impuissance. Je ne demande rien d’extraordinaire: une RE-PON-SE pour sauver ces animaux! »

Nombre de végans de la première génération, celle des années 1990, se sont « enfuis » ailleurs, notamment en Angleterre, préférant vivre dans une culture squatt où le véganisme était considéré positivement, dans des pays où le soutien aux animaux n’est pas rejeté aussi massivement qu’en France.

Le sentiment catastrophé de Bardot, il n’y a pas en France une seule personne aimant les animaux qui ne l’ait. Cela il faut le dire, car c’est une réalité.

En cela, paradoxalement, Bardot a exprimé la seule chose qui ait véritablement un sens dans toute son attitude insupportable et raciste : le sentiment d’abandon face à une France totalement bloquée en ce qui concerne la question animale.

Bardot a ici exprimé une chose vraie, à travers un mélange d’horreurs, de stupidité raciste et de perspective non végane. C’est l’apogée de la démarche de Bardot. Après cela, elle ne peut plus rien dire qui ait ne serait-ce qu’un sens positif quelque part.

Est-ce positif, donc, ou bien LTD se serait-il assagi avec la nouvelle année qui vient de s’ouvrir ? Pas du tout : il faut toujours avoir les intérêts des animaux en tête et voir ce qui découle d’une situation.

Et naturellement, les états d’âme des végans, aussi importants qu’ils soient pour nous, ne comptent pas. Nous, végans, pouvons déprimer par rapport à la France, mais nous n’avons pas le choix et devons lutter, c’est notre devoir. Nos états d’âme ne comptent pas, même s’ils sont à prendre en compte car ils révèlent beaucoup de choses, mais ils ne doivent pas paralyser notre combat.

Il y a donc ce que la société retient surtout, malheureusement ici, à savoir que la sortie de Bardot a encore fait passer les personnes aimant les animaux pour des gens délirants, irrationnels, ayant une vision du monde totalement absurde.

Il ne faut d’ailleurs nullement basculer dans la naïveté, car Bardot sait très bien ce qu’elle dit. Elle n’est pas végane et elle peut donc largement mettre en avant la Russie non végane, surtout que ce qui compte pour elle, c’est l’instauration d’un régime « fort » et « identitaire. »

Bardot participe à la formation d’une opinion en attente d’un « recours » pratiquement fasciste, venant remettre l’ordre, sur une base « identitaire. »

Voici par exemple ce qu’a dit Bardot à Nice-Matin, au sujet de Poutine:

« Je lui trouve beaucoup d’humanité. A chaque fois que je lui demande quelque chose, en principe, il me l’accorde. Il a fait plus pour la protection animale que tous nos présidents successifs. Et puis là-bas, il n’ont pas l’Aïd-el-Kébir. »

C’est au moins la troisième fois qu’elle reprend l’antienne du président Poutine – qui – a – fait – plus – que – tous – les – présidents – français. Cela correspond à de nombreuses choses :

– le fait de résumer la question animale à des questions clefs, comme la corrida, le halal et le casher;

– son soutien à un régime « fort » (présenter Marine Le Pen comme quelqu’un qui « défend les animaux », expliquer justement qu’elle vote pour elle, confier la publicité de la fondation Bardot à une agence de communication issue de l’extrême-droite, souhaiter une bonne année 2012 aux « identitaires », remercier Poutine pour l’interdiction de vente de peaux de phoques, etc.);

– le fait d’affirmer la protection animale tout en expliquant son impossibilité pratique (voir par exemple le style de son soutien à Sea Shepherd);

– le fait de soutenir tout et n’importe quoi afin de faire du buzz (affirmer se présenter aux élections présidentielles, écrire une lettre à Carla Bruni pour la féliciter de ne pas porter de fourrure, soutenir Depardieu voulant quitter la France « …bien qu’il soit un amateur de corrida… », se prononcer pour le droit de fumer, de rouler trop vite et sans ceinture, etc.);

Brigitte Bardot a d’ailleurs utilisé à la fois sa fondation et une situation particulière, celle des éléphants tuberculeux à Lyon, Baby et Népal. Elle ne pose pas la question globale, elle utilise un événement suscitant l’émotion, comme la défense des deux éléphants de Lyon, pour faire dévier l’émotion vers la solution « identitaire » et « autoritaire. »

Voici le communiqué de Bardot, par l’intermédiaire de la Fondation Bardot :

Finalement, il y a une chose essentielle que l’on trouve ici en arrière-plan. Avec la crise, c’est le social-darwinisme qui se développe, et les animaux sont considérés comme des marchandises sans valeurs. La société est prête à accepter qu’ils souffrent, car la crise est considérée comme une préoccupation « bien plus sérieuse. »

Nombre de commentaires contre Bardot lui reprochent d’ailleurs de ne pas s’occuper des pauvres et d’ennuyer tout le monde avec les animaux.

Cela signifie que contre le populisme lié à la crise, les personnes amies des animaux doivent porter une utopie, proposer une véritable société alternative. Sans cela, toute revendication pour les animaux affrontera un mur toujours plus grand, toujours plus solide, toujours plus déprimant, toujours plus fondé sur la souffrance, la torture, le meurtre.

Transfusions sanguines pour chiens et chats

Voici une information intéressante et très prometteuse, tirée d’un site belge (la RTBF). Prometteuse car le domaine de la médecine et de la chirurgie vétérinaires ne cesse de progresser, même si bien entendu il reste grandement bloqué par le fait qu’il s’agit d’initiatives commerciales.

C’est d’autant plus important car à force de manipulations génétiques, à force de traumatismes à répétition (maltraitance, abandon etc), la santé de nos compagnons se dégrade et ils deviennent de plus en plus fragiles.

Donc, quant une avancée en médecine vétérinaire est pratiquée (comme réaliser un scanner, une prothèse, ou une voiturette pour les animaux handicapés) il faut en parler autour de soi. Qui peut s’imaginer qu’il est possible de faire un scanner à un rongeur? Qui peut s’imaginer que l’on faire faire une transfusion à un chat?

Transfusion sanguine pour animaux: la seule banque du sang est à Ath [en Belgique]

Peu de gens le savent mais les animaux aussi peuvent bénéficier de transfusions sanguines. Comme pour les humains, il existe une banque du sang, des dons de sang, des transfusions pour votre chien ou votre chat. Ces poches de plasma et de globules rouges permettent de sauver la vie d’animaux accidentés, malades ou empoisonnés. Le centre vétérinaire d’Ath est le seul à pouvoir stocker du sang de chiens et de chats. Il est unique en Wallonie.

Des transfusions sanguines chez des chiens ou des chats, cela fait pas mal de temps déjà que le vétérinaire Vincent Louvrier en pratique. Mais au départ, il fallait faire venir les poches de sang, parfois de loin. « Une fois, nous avons acheté du sang en Hollande, près d’Utrecht. Un taxi a pris la route, a mis trois heures pour venir jusqu’ici. Résultat : un coût énorme pour le client. »

Un client a ainsi déboursé 1500 euros pour permettre à son chien d’être transfusé. Aujourd’hui, le même acte coûte 10 fois moins cher, puisque les poches de sang sont stockées sur place dans des frigos et des congélateurs.

Quand la réserve diminue, les vétérinaires font appel à des chiens ou des chats donneurs. Comme Louna, une chienne Cane Corso, venue avec sa maîtresse Evelyne. « Je crois que le sang est assez rare pour les gros chiens. Je le fais dans le but de pouvoir sauver d’autres chiens. »

Il faut dire que, dans le passé, un autre chien d’Evelyne, qui avait avalé de la mort au rat, a pu être sauvé grâce à une transfusion. C’est donc sans hésiter qu’elle a fait venir Louna pour un don de sang.

Un acte indolore pour l’animal, souligne l’autre vétérinaire du centre, Marie-Aurélie Maton. « Cela ne leur fait pas très mal mais c’est quand même stressant. Ils ne comprennent pas ce qu’ils leur arrivent. Et comme on ne sait pas leur expliquer, il est important que tout se passe dans les meilleures conditions possibles. »

Les chiens reçoivent de la nourriture en récompense pour qu’ils reviennent sans crainte, quelques mois plus tard, lorsqu’on aura à nouveau besoin de leur sang.

Même si cette information paraît incroyable, la pratique de la transfusion pour chiens et chats se fait déjà depuis plusieurs années. Mais très peu de personne le savent, car transfuser un animal est un acte rare. Les cas pouvant nécessiter une transfusion sont, par exemple, les empoisonnements par produits destinés à tuer les rats ou un accident avec hémorragie.

Il faut savoir que pour donner son sang les animaux doivent être en très bonne santé et à jour de leurs vaccins. Les chiens doivent peser au minimum 25 kilos et les chats 5 kilos.

Pour que son ami poilu devienne donneur, il suffit de le préciser au vétérinaire et de s’inscrire sur le site sang canin qui regroupe le peu de donneurs en France. Sang canin a été crée en hommage au chien Boxy, qui avait besoin d’une transfusion sanguine.

Certaines personnes tatillonnes pourront penser et dire que l’animal transfuser ne donne pas son accord pour qu’on lui prenne son sang, qu’il ne le fait pas de sa propre volonté. Ce qui est juste. Cependant, les personnes qui nourrissent de manière véganes leurs amis et amies ne leur demande pas leur avis non plus.

Et ici aussi le but est de sauver des vies. Même si les besoins en sang sont rares, lorsque cela est possible il est indispensable de prévenir le médecin vétérinaire que le chien ou le chat est apte à donner son sang en cas de besoin.

Le ministère de l’écologie s’installera dans… une tour de la Défense!

Avec Europe Ecologie Les Verts, tout est possible et c’est toujours plus « formidable. » En effet, alors qu’EELV est au gouvernement, il a été décidé que le ministère de l’Écologie allait déménager.

La raison est que les bâtiments du ministère sont éparpillés sur cinq sites à… La Défense, la petite ville remplie de tours de bureaux, vitrine du capitalisme triomphant, abritant 3600 entreprises sur 3 millions de m², avec 150 000 personnes employées…

Les choses vont-elles changer ? Pas du tout, le symbole devient même encore pire dans le genre. Car où est-ce que le ministère de l’Ecologie va donc déménager ? Dans une tour de la Défense ! Quel beau symbole d’écologie…

On est vraiment là dans quelque chose d’incroyable, c’est tout de même une histoire de fou. Il faut vraiment vivre en France pour avoir un parti « écologiste » au gouvernement et une décision de placer le ministère de l’écologie dans une tour qui est le symbole même de la « domination » sur la Nature.

EELV ne peut pas ne pas être au courant, et le fait qu’une telle chose se déroule est encore à ajouter à leur passif. EELV a réussi le tour de passe-passe de se rétablir par l’intermédiaire de la lutte à Notre-Dame-des-Landes, mais on voit aisément que tout cela c’est du grand n’importe quoi, de la gestion « écologiste » de la catastrophe.

Un ministère de l’écologie dans une telle tour, symbole de refus de la Nature, symbole du travail aliéné, symbole des gestionnaires du capitalisme triomphant, dans l’endroit le plus urbanisé en version capitaliste moderne de France…

Qui plus est, l’État va même sans doute acheter la tour, qui pour l’instant est occupée par SFR. Mais pour l’instant, rien que le déménagement et la rénovation vont coûter 540 millions d’euros ! Et il y aura donc un loyer, bien entendu pas mentionné…

Et qui ira directement dans les poches des promoteurs immobiliers, qui pourront continuer leur œuvre de destruction !

Pour la petite histoire, la tour est certifiée « HQE d’exploitation », c’est-à-dire « Haute qualité environnementale », mais c’est une vaste blague : c’est une certification privée, qui consiste en de vagues « objectifs » et même pas des normes… C’est juste de la peinture « verte » mise sur les grands projets, pour donner le change…

Ce n’est pas tout, car cette tour de 1990, appelée « tour esplanade » et auparavant « tour séquoïa », est un centre apparemment trop important pour un « simple » ministère de l’Ecologie. Elle regroupe 53 600m², avec un restaurant de 670 places et un auditorium de 150 places, un centre sportif et 251 places de parking.

Il va de soi que si le ministère de l’écologie avait une valeur réelle, le restaurant serait vegan et l’auditorium serait rempli chaque semaine de colloque sur la situation de la Nature et sur les initiatives de protection… Mais là évidemment, ce serait « trop. »

Par conséquent, la tour va abriter, d’ici un an et demi, le ministère de l’Ecologie, mais également le ministère de l’Egalité des territoires et du Logement, celui du Développement durable et de l’Énergie, ainsi que le service de la direction générale des finances publiques, France Domaine.

Le ministère de l’Ecologie n’aura même pas donc son bâtiment à lui, symbole de l’écologie affirmée. Il occupera une tour de l’horrible quartier de la Défense, à côté d’autres administrations.

C’est une preuve de plus, s’il en fallait, qu’EELV n’en a rien à faire de l’écologie !

La légende chinoise des douze animaux du zodiaque

Les civilisations indienne et chinoise ont accordé une grande place aux animaux dans leur réflexion et leur représentation. C’est quelque chose d’une grande richesse, qu’il serait bien erroné de réduire à une pensée religieuse, comme en témoigne notamment l’esprit de compassion et la reconnaissance universelle de la sensibilité (comme on peut voir par exemple dans le bouddhisme avec le « Renoncement au corps pour nourrir les tigres »).

Voici ici la légende chinoise des douze animaux du zodiaque. On est pas obligé du tout de croire au principe du zodiaque et autres mysticismes allant avec, cependant la présence des animaux ne peut que nous interpeller et c’est culturellement très intéressant! Le texte de la légende est tiré de l’ouvrage de Zang Fang intitulé « Les douze animaux et leur place dans la culture chinoise. »

Une légende raconte qu’un jour, alors que l’Empereur de Jade présidait une séance d’audience dans le palais céleste, le tigre, le phénix et le dragon vinrent crier à l’injustice. L’Empereur leur dit: « Vous êtes considérés comme le roi de la montagne, le roi de l’eau et le roi de la forêt. Qui a donc l’audace de vous maltraiter? » Les trois plaignants répondirent: « C’est l’homme. Il essaie par tous les moyens de nous tuer. »

L’Empereur de Jade dit: « Et bien, rentrez chez vous et informez vos vassaux qu’ils doivent venir attendre devant la Porte sud du Palais céleste à la cinquième veille du matin. A mon signal le premier à se présenter, je le choisirai comme symbole désignant l’année de naissance de l’homme. Celui-là ne sera plus jamais persécuté par l’homme. Quant aux autres, je ne m’en occuperai pas. » Les trois animaux-rois se dépêchèrent d’aller informer leurs vassaux.

La nouvelle se répandit. Les animaux se préparèrent à la hâte. Le rat qui était en train de creuser un trou n’avait pas entendu la nouvelle. Quand il sortit du trou, il vit le chat qui se lavait le museau et l’interrogea: « Frère chat, vous faites votre toilette, est-ce que vous allez rendre visite à des parents ou bavarder avec des voisins? »

Le chat répondit: « Pas du tout. Demain matin, j’ai une affaire importante à régler. » Le rat s’empressa de se renseigner. Le chat lui révéla candidement le décret de l’Empereur de Jade. Le rat dit immédiatement: « J’y vais moi aussi. » Le chat dit: « Allons-y ensemble. Cependant j’ai l’habitude de faire la grasse matinée. Demain matin vous devrez me réveiller de bonne heure. » Le rat acquiesça.

Le lendemain, le rat se réveilla à la troisième veille du matin et pensa: « Le chat court plus vite que moi. Si je vais avec lui, je le payerai cher », il se leva doucement et se mit en route tout seul, sans aller réveiller le chat.

Devant la Porte sud du Ciel, des fauves et des oiseaux étaient déjà rassemblés. L’Empereur de Jade, assis dans la salle du palais, ordonna à son ministre, Étoile d’Or, de préparer pinceau et papier. À la cinquième veille, il cria « Entrez ». Les animaux accoururent, ils se serrèrent devant la porte du palais et personne ne put faire un pas de plus.

Le rat se dit: « Je n’ai pas de force, je n’arriverai pas à traverser la foule. Il me faut trouver un moyen. » Soudain, l’idée lui vint de passer entre les jambes des animaux. Alors d’un bond, il sauta le premier devant l’Empereur de Jade qui, en le voyant, dit: « Voilà! Le premier arrivé est le rat. » Étoile d’Or en prit note. C’est ainsi que le rat se classa premier des douze animaux.

Le bœuf, impatient, écarta grâce à sa force les autres animaux et courut en avant. L’Empereur de Jade dit: « Voilà maintenant le boeuf. » Étoile d’Or classa le boeuf en deuxième position.

Le tigre se dit: « Le bœuf a de la force, moi aussi. » Il sauta, d’un bond par-dessus les têtes des autres animaux et gagna la troisième place.

Voyant cela, le lapin réfléchit: « Je ne suis pas assez fort pour traverser la foule. Je vais suivre l’exemple du rat! » Il se fit tout petit et se faufila entre les jambes des autres animaux. Il se classa quatrième.

Le dragon se mit en colère, en voyant que les autres le précédaient. « Je suis le plus puissant, pourquoi ne pas utiliser mes pouvoirs magiques? » Il s’éleva dans les nuages et s’avança à travers le ciel et arriva le cinquième.

Le serpent ne supportait pas de se montrer faible. Habile, il se glissa à travers les jambes des animaux et se classa sixième.

Voyant qu’il n’avait pas le temps de traverser la foule, le cheval concentra ses forces et d’un bond s’élança devant, il fut classé septième.

Le mouton pensa: « Je suis moins fort que les autres. Je vais essayer de me servir de mes cornes. » Il baissa la tête et poussa les autres animaux de ses cornes pointues. Les autres s’empressèrent de le laisser passer. Le mouton put ainsi gagner la huitième place.

Le singe, lui aussi, utilisa ses capacités. S’agrippant tantôt aux cheveux des uns, tantôt aux oreilles des autres, il bondit promptement, par-dessus les têtes des animaux, et s’élança devant. Il fut classé neuvième.

Voyant qu’il y avait déjà neuf animaux devant lui, le coq craignit qu’il n’y ait plus de place pour lui. Battant des ailes, il traversa la foule en volant et prit la dixième place.

L’Empereur de Jade, pensant que le nombre des animaux était suffisant, dit: « Ça suffit! Ça suffit! » Étoile d’Or crut qu’il criait « le chien » et prit en note le chien (en chinois, le mot « chien gǒu » et le mot « suffit gòu » sont homophones). L’Empereur de Jade répéta: « C’est assez! C’est assez! » Étoile d’Or crut alors qu’il disait le « cochon » et écrivit « cochon » (en chinois, le mot « assez zú » et le mot « cochon zhú » sont homophones).

L’Empereur saisit alors brutalement le papier où étaient inscrits les noms des animaux, et dit: « N’écris plus rien » Il compta et s’aperçut qu’il y avait douze animaux pour désigner les années de naissance, au lieu de dix. Mais il dut donner son consentement. C’est ainsi que furent choisis les douze animaux et que fut fixée leur place respective.

Ayant gagné la première place, le rat rentra chez lui joyeux et trouva le chat en train de faire sa toilette. Le voyant arriver, le chat dit: « Il faut que nous partions. » Le rat lui dit: « Pourquoi partir. J’ai gagné la première place. » « Pourquoi ne m’avez-vous pas appelé? » « Si je vous avais réveillé, comment aurais-je gagné la première place? » A ces mots, le chat s’indigna et s’abattit sur le rat pour le dévorer. Le rat était si habile qu’il réussit à s’enfuir. C’est depuis lors que le chat et le rat sont ennemis.

Les contes de ce genre, transmis de génération en génération sont nombreux. La plupart d’entre eux s’inspirent de la physionomie particulière et du comportement des douze animaux et montrent combien la place de ces animaux est importante dans l’imagination et les sentiments des hommes.

Le faux biocentrisme de Gérard Charollois : un humanisme de la séparation d’avec la Nature

Puisque nous parlons de biocentrisme, il est nécessaire de préciser que l’utilisation que nous en faisons est la plus simple et la plus juste. Ce terme est en effet employé parfois à tort et à travers, de manière biaisée, comme par Gérard Charollois, de la « Convention vie et nature. »

Cet ancien juge utilise le terme de « biocentrisme » de manière erronée, puisqu’au lieu de ramener l’être humain à la Nature, il veut élever la Nature à ce qu’on peut appeler la culture, ce que lui appelle le « droit. »

Et il considère que l’humanité est « sortie » de la Nature, qu’elle est déjà coupée d’elle, qu’elle doit d’ailleurs rester extérieure à elle.

Cela peut être intéressant, bien entendu, c’est une thèse certainement discutable, mais ce n’est pas du biocentrisme. C’est de « l’abolitionnisme » élargi, pas du tout la reconnaissance de Mère Nature.

Expliquons cela, car c’est une problématique importante ; ce n’est pas du tout couper les cheveux en quatre, culturellement cela a des conséquences importantes.

C’est d’ailleurs simple à comprendre, dans ses fondements.

La tradition biocentriste est grosso modo historiquement portée par les groupes américains faisant partie du réseau « Earth first ! », qui utilisent régulièrement le slogan « For the wild ! », c’est-à-dire « pour le sauvage ! »

La démarche d’Earth First ! va de pair avec une critique très sévère du véritable « carcan » formé par le formalisme « civilisé », ce que les romantiques du 19ème siècle appelaient le style « bourgeois », et tout cela va avec un appel au retour à la vérité portée par la Nature.

C’est ce que nous voulons dire entre autres par « la Terre doit redevenir bleue et verte ! »

Gérard Charollois serait d’accord avec le principe d’une Nature sauvage reprenant une large place sur la planète, sauf que la valorisation qu’il est en fait n’est pas biocentriste, contrairement à ce qu’il affirme.

Car il y a en effet dans le message biocentriste quelque chose d’absolument insupportable pour les Français pétris de « tradition » et du terroir, c’est la mise en avant d’un ordre naturel. Le biocentrisme va forcément de pair avec l’ordre naturel.

C’est par exemple ce qui fait que nous ne limitons pas notre tradition au véganisme en particulier, et que nous nous intéressons en général au courant vegan straight edge, la libération animale et la libération de la Terre, Earth first !, le courant hardline (qui a tenté de célébrer l’ordre naturel mais en s’appuyant sur la religion), les insurrectionalistes anarchistes latino-américains, Spinoza, Lucrèce, etc.

S’il y a des différences entre ces courants, ces penseurs, etc, pour nous comme pour eux, la Nature est ordre en transformation, et on y coupe pas. L’humanité appartient à la Nature.

Elle peut prétendre le contraire, et elle le fait… Mais ce n’est qu’une illusion.

Bien entendu, les religions s’opposent à l’idée qu’il y ait un ordre naturel, mais c’est également le cas de ceux qui opposent Nature et culture, affirmant que les humains se sont arrachés à la Nature, qu’ils ont créé le droit, l’art, le langage, l’histoire, etc. etc. C’est ce que toute personne passée par la classe de terminale au lycée apprend en cours de philosophie.

Ainsi, Gérard Charollois pense qu’il est biocentriste, car il dit que la Nature a une valeur en soi. Ce n’est cependant pas être biocentriste, car le terme « centriste » désigne qu’on place la Nature au centre.

Or, Gérard Charollois place la Nature au centre de ses préoccupations, cela c’est vrai, mais il ne place pas la Nature au centre de sa conception du monde. Là est très exactement toute la différence.

Il en est d’ailleurs conscient puisqu’il explique dans « De l’écologie au biocentrisme » :

« Cette approche est le biocentrisme qui considère à la fois les espèces et les individus qui les composent.

Nous concilions deux courants de pensées contemporains : l’écologie qui pense les espèces et le courant animaliste qui pense l’être sensible. »

Or, la tradition biocentriste ne « concilie » rien du tout, elle considère que les deux sont la même chose, d’où par exemple la critique de certaines personnes véganes à LTD qui ne voient pas le rapport avec le straight edge, alors que pour nous accepter sa dimension naturelle implique d’être straight edge, parce que les drogues sont illusoires et forment un paradis artificiel, anti-naturel.

De la même manière, c’est vrai pour les courants insurrectionalistes anarchistes d’Amérique du Sud ou bien nombre de personnes partisanes de la libération animale aux Etats-Unis assument automatiquement la libération de la Terre.

Il ne s’agit pas d’un agrégat d’idées, mais d’une seule idée. Par exemple, et qu’on soit d’accord ou pas n’est pas la question, pour les insurrectionalistes anarchistes d’Amérique du Sud, être révolutionnaire c’est forcément et à la fois être anarchiste, vegan, pour la libération de la Terre, anti-civilisation. Tout cela va purement et simplement ensemble.

Pour en revenir à la question du biocentrisme, on pourra dire que cela ne change pas grand chose de savoir si on reconnaît un ordre naturel ou pas. En France, le pays des « jardins à la française », c’est pourtant d’une importance capitale.

Il est facile d’ailleurs de voir que le biocentrisme de Gérard Charollois n’assume pas du tout la libération animale et la libération de la Terre. Il se reconnaît – Gérard Charollois est un ancien juge – justement dans le courant welfariste, dans le courant juridique-réformateur (celui de « Droits des animaux » qu’il soutient donc).

Dans son article « Un statut pour la Nature », cette « élevation » juridique de la Nature est explicite :

« Pour nous, la nature doit être sauvée en toutes ses composantes et en tous lieux. Quand par mutation comportementale, l’homo capitalistus deviendra un homo ecologicus, un contrat liera l’humain enfin hominisé avec la Nature, contrat reconnaissant à la nature le droit d’être et de demeurer. »

Il y a un article équivalent intitulé « un statut pour l’animal » où forcément, comme dans le mouvement pour les droits des animaux, on a l’utilisation du concept de spécisme, avec le même discours moraliste :

« Un jour prochain viendra où le spécisme sera considéré à l’instar du racisme.

Reconnaître l’unité du vivant, refuser les frontières éthiques imposent d’élever la condition animale sans abaisser la condition humaine.

Bien au contraire, l’apprentissage du respect des êtres sensibles élève l’humain et le prépare à des relations apaisées, bienveillantes, altruistes. »

Et de là on retombe sur une définition misanthrope, forcément. Voici ce qu’il dit dans un article intitulé « Un statut pour l’humain », un article avec beaucoup d’allusions révélatrices de ses lectures (Bergson, Teilhard de Chardin…).

Pour faire court, disons que Gérard Charollois a une vision « technique » de l’être humain : les humains seraient violents et cupides « par nature » – thèse opposée au biocentrisme qui considère que Mère Nature fait bien les choses – qui auraient pris le chemin de la « technique » et qui vont se transformer par le biais de la technique.

Ce qu’explique Gérard Charollois, c’est que les humains doivent sortir de la Nature, qu’ils sont différents et ont pris un autre chemin.

Voici ce qu’il dit :

« Si la conscience s’élevait au niveau de la science, l’humanité se réconcilierait avec la biosphère.
Parce que l’homme a des droits, une puissance, une supériorité technique, il a des devoirs envers le vivant. Affirmons ces droits et ces devoirs et cessons d’esclavagiser l’animal non-humain et la nature pour que l’humain s’hominise enfin.

Pour beaucoup, l’homme actuel est le fruit d’une évolution darwinienne. Sans doute. Mais le fruit est un aboutissement.

Je préfère penser qu’il est la fleur dont sortira un jour le fruit non encore advenu. Rien ne permet d’affirmer que le processus d’évolution doive s’achever maintenant et il faut tout l’orgueil naïf de l’animal doué de raison pour s’imaginer être le but ultime.

Il se pourrait d’ailleurs que l’homme devienne, par sa maîtrise de la biologie, l’artisan de sa propre évolution mais nous touchons là aux limites de la spéculation philosophique et scientifique. Ce qui est certain, c’est que l’avenir est conditionné par la guérison de deux instincts caractérisant notre espèce : la violence et la cupidité.

Ces tares comportementales pourraient bien constituer une impasse évolutive à défaut d’une mutation culturelle urgente. »

En clair, pour Gérard Charollois l’humanité a pris un chemin particulier ; étant mauvaise elle mène une guerre à la Nature, mais s’étant développée elle peut « prendre conscience » et arrêter sa guerre, et qui plus est persévérer dans son éloignement de la Nature afin de se perfectionner.

Ce n’est pas du biocentrisme. Respecter la vie n’est pas du biocentrisme, placer la vie au centre est du biocentrisme, mais non pas simplement du « droit », mais de la philosophie elle-même à la base de ce droit.

Et c’est ce qui fait que par son aspect moraliste, Gérard Charollois ne fait que reprendre à son compte la conception du mystique chrétien Teilhard de Chardin. Nous en reparlerons.

Le biocentrisme est un humanisme

Le biocentrisme, c’est placer la vie au centre de la réflexion. C’est considérer que l’anthropocentrisme est erroné, que la vie en général a des droits, et pas simplement les êtres humains.

Le biocentrisme est donc une révolution intellectuelle, la négation absolue de toute religion. L’être humain n’est plus considéré comme le « meilleur » aboutissement de l’évolution de la Nature, mais comme une composante seulement de la Nature.

Le biocentrisme est ainsi un humanisme, le véritable humanisme même, parce qu’il définit l’être humain tel qu’il est vraiment. Il n’y a pas d’être humain sans Nature, les jardins à la française sont une aberration intellectuelle, car la pensée n’existe pas de manière abstraite, elle est une faculté sensible.

Le cerveau est une réalité sensible, il n’y a pas d’âme ou que ce soit du genre. Prétendre que l’humanité est supérieure, c’est prétendre que l’être humain serait d’une nature différente. La religion a prétendu cela en disant justement que les humains avaient une « âme. » Beaucoup d’autres idéologies font de même : la psychanalyse prétend qu’il y a un inconscient et que la « civilisation » permet de s’extirper de la Nature, le queer prétend qu’on peut choisir sa propre nature, sa propre identité (homme, femme, rien de cela…), etc.

On ne peut choisir rien du tout : on est ce que l’on est. L’humanité doit en terminer avec son problème d’ego, et saisir qu’elle n’est qu’une partie d’une planète vivante, en évolution. L’humanité se définit justement par sa compréhension de cette réalité, et selon nous son programme doit être la responsabilisation la plus grande.

Les opposants anthropocentristes au biocentrisme affirment que défendre la Nature, c’est nier l’humanité ; en réalité, seule l’affirmation de la Nature permet à l’être humain d’avoir un regard correct sur lui-même, car il est naturel.

Même un individu vivant dans une grande mégalopole, aliéné au point de rien aimer de naturel, vivant dans le béton et célébrant non pas la culture mais les objets de consommation, reste un être vivant, un être vivant forcément tourmenté de par un environnement aseptisé, neutralisé, statique.

La vie est mouvement, elle est rencontre, elle est formation de liens, de plus en plus constructifs. Les destructions provoquées par les humains sur la planète vont avoir comme conséquence directe un retournement de situation où l’être humain va devoir contre-intervenir contre ses propres interventions.

Cela va le façonner différemment ; après 10 000 années de guerre contre la Nature, l’être humain est arrivé au point où il doit saisir qu’il ne peut plus aller plus loin, d’ailleurs le réchauffement climatique est la crise qui le lui rappelle.

Évidemment, il y a des interprétations conservatrices du biocentrisme, qui expliquent que tout doit rester pareil, que rien ne doit changer, ou bien encore que les humains doivent se réconcilier avec la Nature… Sauf que les humains ont dès leur formation connu un rapport conflictuel avec la Nature.

En période de crise, la Nature est prise en otage par certains pour un discours romantique, qui regarde en arrière, qui veut en revenir, comme les gens de la ZAD d’ailleurs, à une sorte de monde idéalisé dans les films où l’on voit des petites communautés paysannes et artisanales, homogènes et où tout un chacun est à sa place, etc.

C’est de la fiction. De toutes manières, les humains ne peuvent pas trouver dans le passé une forme adéquate de rapport avec la Nature, même si la période avant la domestication et l’agriculture était marquée d’un rapport moins conflictuel.

D’ailleurs, les humains veulent conserver leur progrès, la culture et la capacité d’avoir celle-ci par un travail moins important, surtout alors qu’encore pour la grande majorité de l’humanité, vivre est quelque chose de très difficile.

Une société mondiale biocentriste ne pourra pas trouver un modèle dans le passé, elle ne pourra exister que comme société où l’humanité est organisée à l’échelle mondiale, organisant sa production de manière rationnelle, en accordant tout l’espace nécessaire pour que la Terre redevienne bleue et verte.

Et pour cette même raison, inévitablement l’humanité tentera la « terra-formation » d’autres planètes, pour que la vie se développe. L’humanité, comme composante d’une planète vivante, a inévitablement cette fonction de préserver et de diffuser la vie !