Érasme et Thomas More sur la chasse

Érasme est l’une des grandes figures de l’humanisme, au seizième siècle; l’oeuvre la plus connue de ce philosophe hollandais est Éloge de la Folie. Dans cette oeuvre, c’est la « folie » personnifiée qui parle, se moquant des êtres humains qui ne cessent, en fait, de lui obéir.

Voici un passage où il parle de la chasse, exprimant le même point de vue que son ami Thomas More, auteur de l’Utopie. Ce qu’il est très intéressant de noter, c’est comment la chasse peut exercer une fascination en tant que tradition du puissant, du grand propriétaire. C’est encore très présent avec toute une culture obséquieuse de la part de gens aidant à ce type de chasse décrite.

D’ailleurs, mon opinion à moi, la Folie, c’est que, pour tout un chacun, plus étendue est sa gamme de divagations, plus heureux il est, à condition toutefois de rester dans le type de démence qui est mon apanage, vaste domaine en vérité, à telle enseigne que je me demande s’il est possible, parmi tous les hommes, d’en trouver un seul qui soit sage à toute heure et ne soit pas sujet à quelque forme de démence.

A vrai dire, toute la différence se ramène à ceci : l’homme qui prend une citrouille pour une femme, on lui colle le nom de dément, parce que ce cas est rarissime ; en revanche, si un mari partage sa femme avec beaucoup d’autres, jure ses grands dieux qu’elle est une super-Pénélope et s’en félicite avec emphase, dans son égarement bienheureux, personne ne le traite de dément, pour la bonne raison que cette mésaventure est maintenant le lot de beaucoup de maris.

Dans cette catégorie se rangent aussi les gens qui méprisent tout, sauf la chasse aux bêtes sauvages et se flattent d’éprouver un plaisir incroyable dès qu’ils entendent l’abominable son du cor et les glapissements des chiens.

Ma parole ! Quand ils mettent le nez sur les crottes des chiens, pour eux, ça sent bon la cannelle ! Et puis quel doux plaisir, chaque fois qu’il y a une bête sauvage à dépecer !

On autorise la menuaille à débiter taureaux et moutons, mais une bête fauve, ce serait sacrilège, il faut, pour la découper, être un homme bien né.

Tête nue, à genoux, avec le coutelas ad hoc (tout autre est prohibé pour cet office), il découpe religieusement, avec certains gestes, certains membres, dans un certain ordre.

Pendant ce temps, autour de lui, la foule silencieuse admire bouche bée, comme une nouveauté, ce spectacle déjà vu plus de mille fois.

Mieux encore : le chanceux qui a pu goûter la moindre parcelle du fauve s’estime promu à un rang de noblesse non négligeable.

Ces gens-là, à force de poursuivre les bêtes fauves et de s’en repaître, en arrivent uniquement à régresser eux-mêmes vers un état presque sauvage, tout en demeurant convaincus qu’ils mènent une vie royale.

Et voici les très intéressants passages de l’Utopie de Thomas More, qui lui se placent du point de vue de la morale.

Hors de la ville, il y a des boucheries où l’on abat les animaux destinés à la consommation ; ces boucheries sont tenues propres au moyen de courants d’eau qui enlèvent le sang et les ordures.

C’est de là qu’on apporte au marché la viande nettoyée et dépecée par les mains des esclaves ; car la loi interdit aux citoyens le métier de boucher, de peur que l’habitude du massacre ne détruise peu à peu le sentiment d’humanité, la plus noble affection du cœur de l’homme. Ces boucheries extérieures ont aussi pour but d’éviter aux citoyens un spectacle hideux, et de débarrasser la ville des saletés, immondices, et matières animales dont la putréfaction pourrait engendrer des maladies (…).

Les Utopiens regardent aussi comme imaginaires les plaisirs de la chasse et des jeux de hasard, jeux dont ils ne connaissent la folie que de nom, ne les ayant jamais pratiqués. Quel amusement pouvez-vous trouver, disent-ils, à jeter un dé sur un tablier ? et, en supposant qu’il y ait là une volupté, vous vous en êtes rassasiés tant de fois qu’elle doit être devenue pour vous ennuyeuse et fade.

N’est-ce pas chose plus fatigante qu’agréable d’entendre japper et aboyer des chiens ?

Est-il plus réjouissant de voir courir un chien après un lièvre, que de le voir courir après un chien ?

Néanmoins, si c’est la course qui fait le plaisir, la course existe dans les deux cas. Mais n’est-ce pas plutôt l’espoir du meurtre, l’attente du carnage qui passionnent exclusivement pour la chasse ?

Et comment ne pas ouvrir plutôt son âme à la pitié, comment n’avoir pas horreur de cette boucherie, où le chien fort, cruel et hardi, déchire le lièvre faible, peureux et fugitif ?

C’est pourquoi nos insulaires défendent la chasse aux hommes libres, comme un exercice indigne d’eux ; ils ne la permettent qu’aux bouchers, qui sont tous esclaves.

Et même, dans leur opinion, la chasse est la partie la plus vile de l’art de tuer les bêtes ; les autres parties de ce métier sont beaucoup plus honorées, parce qu’elles rapportent plus de profit, et qu’on n’y tue les animaux que par nécessité, tandis que le chasseur cherche dans le sang et le meurtre une stérile jouissance.

Les Utopiens pensent en outre que cet amour de la mort, même de la mort des bêtes, est le penchant d’une âme déjà féroce, ou qui ne tardera pas à le devenir, à force de se repaître de ce plaisir barbare.

Les Utopiens méprisent toutes ces joies, et beaucoup d’autres semblables en nombre presque infini, que le vulgaire envisage comme des biens suprêmes, mais dont la suavité apparente n’est pas dans la nature.

Quand même ces plaisirs rempliraient les sens de la plus délicieuse ivresse (ce qui semble Être l’effet naturel de la volupté), ils affirment qu’ils n’ont rien de commun avec la volupté véritable ; car, disent-ils, ce plaisir sensuel ne vient pas de la nature même de l’objet, il est le fruit d’habitudes dépravées qui font trouver doux ce qui est amer.

On est à la fois près et loin du véganisme. Il y a la compréhension de la morale, pas encore des animaux, mais déjà la chasse était conçue comme barbare!

« Le vrai plaisir est celui procuré par la nature »

Il existe un grand renouveau du discours romantique sur la chasse. L’interview par le Figaro de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing est ici exemplaire. La chasse est présentée comme un refuge de l’homme viril et digne, éloigné des préoccupations futiles et commerciales du monde moderne. Au-delà de la mort, ce serait une solitude, une aventure spirituelle…

Valéry Giscard d’Estaing : « La chasse est souvent une solitude »

INTERVIEW – Poil ou plume, chasses présidentielles ou safaris privés, l’ancien président de la République a toujours revendiqué sa passion pour la chasse.

LE FIGARO. – Que signifie la chasse pour vous?

Valéry GISCARD D’ESTAING. – La chasse a été la première activité de l’homme. En France, c’était à l’origine un privilège féodal, qui a été aboli à la Révolution. Depuis, le nombre de chasseurs se compte par millions, c’est un sport national bien plus étendu que le foot. Une activité profondément ancrée dans l’humanité, un vaste monde.

Quelles sont vos chasses à vous?

Elles ont été diverses. J’ai d’abord eu le privilège de participer aux chasses présidentielles, à Rambouillet, à Chambord et à Marly. Le général de Gaulle ne chassait pas, mais, par tradition, il participait à la dernière battue, et j’en ai suivi quelques-unes avec lui.

J’ai aussi toujours chassé avec des amis, en France, pour le plaisir. Je continue d’ailleurs : je ne sais pas pourquoi on a écrit que je n’ai pas renouvelé mon permis de chasse, c’est inexact. Je traque des petits animaux, des perdreaux, des faisans.

Je regrette d’ailleurs que les perdreaux gris, qui étaient par excellence le gibier français, aient disparu, à cause des pesticides. Je chasse parfois le cerf, animal emblématique dans tous les pays d’Europe.

On doit pour cela attendre la saison du brame, sinon ils se terrent et on ne les voit pas. Si l’on veut rencontrer de grands cerfs, il faut se rendre dans les pays de l’Est, comme la Pologne, ce que j’ai fait régulièrement.

Pour les grands animaux comme le buffle, l’éléphant ou les grandes antilopes, je suis beaucoup allé en Afrique, au Cameroun, au Gabon, au Kenya, en Tanzanie, dans les anciennes colonies françaises et anglaises. Mais j’ai cessé un jour, car ma fille, lorsqu’elle était petite, me le reprochait.

Quel plaisir de poursuivre ainsi un animal?

Chasser est un sport, on peut marcher des dizaines de kilomètres en pistant un animal.

Mais le vrai plaisir est celui procuré par la nature. La chasse est souvent une solitude, et on se retrouve parfois seul face à la forêt.

En Afrique, j’ai vu la planète telle qu’elle devait être depuis les origines. C’est vrai que le chasseur est dans une relation étrange avec les animaux : on ne tue plus pour la nourriture, l’industrie s’en charge désormais.

Alors, quand un grand animal tombe, on éprouve une sensation de nostalgie, une émotion triste. Tous les chasseurs connaissent ce sentiment curieux.

Vous avez tous les «anti»contre vous, désormais…

L’espèce humaine s’urbanise de plus en plus, elle ne comprend plus la chasse. Nous sommes dans un monde où les «anti» font beaucoup de bruit, même s’ils ne représentent pas grand-chose. J’ai tout de même l’impression que les jeunes de la campagne continuent d’aimer et de pratiquer la chasse.

La pathétique et terrible histoire de « Serge le lama »

S’il fallait une preuve « populaire » du caractère erroné du « manifeste » sur le statut juridique des animaux, la voilà. La pathétique et terrible histoire de « Serge le lama » montre bien qu’il y a un problème culturel de fond et que la loi ne fait que refléter un rapport de forces existant.

Car donc la triste actualité quotidienne de la condition animale a entre autres, ces deux derniers jours, consisté en cette histoire d’un lama, prisonnier d’un cirque et « emprunté » par des jeunes alcoolisés, qui lui ont fait prendre le tramway, à Bordeaux.

Cet acte faussement rebelle a été salué un peu partout comme une sorte d’aventure urbaine, une action pleine de panache et d’humour, alors que, disons les choses telles qu’elles sont, cela révèle de la simple connerie.

Il est vrai d’ailleurs que si la mode est aux rebelles sans cause, il est toutefois bien pris garde à ne pas ouvrir la porte de la révolution. L’un des cinq jeunes ayant pris le lama pense ainsi nécessaire de préciser lors d’une interview donné à Sud Ouest qui relate les faits (voir tout à la fin):

Un cirque franco-italien est sur le chemin du retour. Les cinq amis d’enfance du Cap-Ferret sont curieux et espiègles. Ils pénètrent dans la partie zoo et se prennent en photo devant deux chameaux au sourire irrésistible.

Au milieu du foin, des chèvres et zèbres endormis, ils voient le lama. Placide mais intéressé par leur manège. Ils approchent, le caressent.

« On avait peur qu’il soit rêche comme des dreadlocks mais il était tout doux. On lui a tous fait de gros câlins », se souvient Mathieu, qui a toujours marqué au stylo le nom de « Kuzko » sur son avant-bras. Docile – « et pas cracheur » -, l’animal les suit sans difficulté.

Soulevant une bâche quelques pas plus loin, ils se retrouvent sous le chapiteau. « Là, on est retombés en enfance, en fait », confie Mathieu, 20 ans, qui a aussi mis la main sur un lion… en peluche et une petite trompette. « Pour le spectacle », jure-t-il.

Car ils font littéralement leur cirque. Commencent par des tours de piste en courant, effectuent des roulades approximatives. Ils veulent même poster sur les réseaux sociaux une photo de poiring – comprendre faire le poirier dans un lieu insolite. « Mais la photo était pourrie, trop floue », dit Mathieu, désolé. Le clou de leur spectacle : « On a trouvé de la musique de cirque sur nos smartphones, on l’a mise à fond et on a joué aux dompteurs de lama qui saute par-dessus les spectateurs », en rit encore Mathieu. Tout cela lui rappelle son défunt grand-père avec lequel il suivait les cirques en caravane. « C’est un peu un hommage, c’était aussi émouvant pour moi. »

À la fin de la « représentation » privée, il faut bien partir. Ils prêtent au lama des pensées de fugue et décident d’un commun accord alcoolisé de le prendre avec eux. « Il avait l’air content et fier », affirme Mathieu. « Ça le changeait. Ce n’était pas un acte militant pour libérer des animaux de cirque ni quelque chose de prémédité pour nuire. Ça s’est fait comme ça, dans l’instant », assure le barman.

C’est un sacré aveu de faux rebelle, et cela montre que, mine de rien, les enjeux ont bien été vu… Et pour se couvrir la même personne a d’ailleurs expliqué également que :

« Nous adorons les animaux, on l’a promené avec nous comme on aurait fait avec un bon chien. »

On reconnaît la sale mentalité considérant que, la Nature n’existant pas, l’être humain peut faire ce qu’il veut comme il veut, et que d’ailleurs, tous les êtres vivants n’attendent que lui!

Anthropocentrisme et égocentrisme règnent en maître…

En réalité, dans une cette culture dénaturée, tout est bon à prendre pour se sentir vivre et ne pas s’ennuyer. Les humains sont malheureux, pauvres et s’ennuient; cela produit des situations infernales pour eux, et pour toute la Nature. Aussi un tel « fait-divers » est-il considéré comme quelque chose sortant de l’ordinaire, et donc fabuleux, une fable moderne!

Il y a ainsi déjà une page facebook intitulée « Soutien aux 5 Bordelais qui ont promené « Serge » le lama dans un tramway », et qui a déjà plus de 600 000 « j’aime » en deux jours.

Une vidéo pitoyable d’une chanson lamentable a été mise hier : elle a directement eu plus de 300 000 personnes la visionnant ! D’autres personnes ont fait un twitter « Serge Le Lama », et des dessins « humoristiques », qu’on peut voir ici, pullulent, tous plus lamentables et mal fait les uns que les autres…

Que d’énergie de la part des gens dont la vie doit être sacrément vide pour n’avoir rien de mieux à faire, soit pour se divertir culturellement, soit pour lutter pour des causes justes…

Et comme contribution à ce vide intellectuel, on a en plus du pauvre lama que le cirque appelle Serge (en référence au chanteur Serge Lama) et des pathétiques jeunes « l’empruntant », la réaction de Serge Lama, qui raconte dans Le Parisien :

Quelle a été votre réaction à ce moment-là ?
S.L. Je me suis bien marré. On ne pourra plus me dire que je n’ai pas un public jeune (rires). Et en plus, l’histoire se passe à Bordeaux qui se trouve être ma ville natale. C’est un sacré clin d’œil. Et grâce à cette histoire, j’aurais au moins pris une fois le tramway à Bordeaux. C’est génial ! C’est une plaisanterie qui tourne bien. On a tellement l’habitude de voir des choses pas drôles que là, d’un coup, cela tranche avec la morosité ambiante.
(…)
Visiblement, le propriétaire du cirque ne partage pas votre enthousiasme…
S.L. Je peux comprendre sa réaction, il souhaite protéger ses animaux. Mais bon, je retiens l’aspect humoristique de la démarche, qui nous fait tous bien rire aujourd’hui, moi le premier. Et ça, c’est ce dont nous avons le plus besoin !

L’humour a bon dos, et ce qui est fou c’est que les réactions ont été unanimes. C’est dire à quel point on touche le fond sur le plan culturel. Voici des commentaires glanés sur le net, et il est intéressant de noter que si la nature oppressive du cirque est parfois remarquée, c’est comme prétexte pour justifier la « ballade » du lama…

Bonjour Bravo il y a encore un peut d’ humour dans ce monde bien triste.

Des gens s’ avent encore s’ amuser ça fais plaisir

Le tram n’a pas du le perturbé il vit dans un camion

Lama-jorité des gens trouve cela drôle et bon enfant ! En effet, c’est très marrant et j’aurais bien aimé voir ce passager insolite. (Sûr que « lama-delon » n’aurait pas réagi avec le même humour que le chanteur) et donc bravo aux 2 Serge qui nous ont bien fait rire malgré eux.

la page face book explose: c’est normal!! les gens ont besoin de rire… c’est un sas contre la morosité ambiante, et les difficultés quotidiennes
Alors là au moins j’ai rigolé un bon coup. Par les temps qui courent ça devient rare.

Vu les réactions outragées de certain(e)s bien pensant(e)s, ça m’amuse encore plus. :-D
mdr

AU MOINS UNE CHOSE ET SUR IL L ON pas TORTURÉ IL SON EN OCCUPE IL L ON PROMENER SANS LUI FAIRE DU MAL ET SA JE TROUVE QUE SAIS BIEN QUAND JE VOIS DE FOIS DES JEUNE QUI LEUR FOND DU MAL SAIS PA BIEN AU CE LAMA LA A ÉTAIT RENDU DANS L ETAT ET PUIS SAIS RARE DE VOIR UN LAMA DANS UN TRAMWAY POURQUOI PORTE PLAINTE IL LUI EN PA FAIT DE MAL FRANCHEMENT JE PENSE QU ILS AURAIT AUTRE CHOSE A FAIRE QUE DE POURSUIVRE SES JEUNE IL LEUR EN RENDU ALORS AIDONS LES MERCI POUR EUX

PTDR les mec sérieux fallais y pensé bravo faite vous connaitre car vous etes énorme fallais le faire. et bordeaux à bien ris :)

En ces temps très tristes, essayez de rire, si vous n’y arrivez pas,souriez.Ce ne sont pas des voyous, je pense même qu’ils doivent être très gais. En plus, le lama à fait le tour de Bordeaux ca le change de faire un tour de piste, à le regarder sur la photo, je pense que cela lui a plu.

Dommage que ce gentil lama ait dû repartir en prison….

Je suis conducteur de Tram et ce genre d’humour ne me fait plus rire du tout! Dans le tram, les soirs, les jeunes sont tous alcoolisés, il y a des bagarres, des dégradations, des cigarettes allumées, des pieds sur les sièges, des vomis parfois, des comas éthyliques, des inconscients et encore j’en passe…
Aucun respect des gens qui travaillent pour les rapporter chez eux. Continuer de rigoler sur ce genre de bêtises de ceux qui représentent l’avenir. Faire la fête est une chose mais encore faut-il la faire intelligemment!

bien d’accord et l’animal dans tout ça ? certainement appeuré et terrorisé , ça c’est de la maltraitance caractérisé et ces jeunes me dégoûtent au plus haut point ….. qu’ils prennent un objet interdit s’ils veulent faire le « buzz » mais pas un animal qui est tjrs le souffre-douleur de l’homme et de sa connerie !

Tout cela est lamentable, vide, et une insulte à la dignité de ce pauvre lama. Signe de l’individualisme régnant, il n’y aucune initiative pour l’arracher au cirque, lui qui est censé faire « plaisir » aux humains: c’est que tout ici est anthropocentré.

Des jeunes pathétiques, une situation terrible pour le lama, des émotions et des sentiments puériles et anthropocentrées, conformes aux valeurs d’une société en faillite morale et culturelle, par le refus de reconnaître la place de l’humanité au sein de la vie en général.

Tilly-Sabco est la preuve de la nécessité de dire les choses telles qu’elles sont !

Est-il possible de promouvoir la libération animale, ou bien faut-il procéder par paliers, car les gens ne sont pas « prêts » ?

C’est un débat fort du mouvement en général pour les animaux, où l’option réformiste des « étapes » est largement prédominant. Les arguments invoqués peuvent par exemple être trouvés dans le petit débat actuel sur le forum Rescue.

http://www.rescue-forum.com/vegetarisme-informations-discussions-149/dicte-votre-morale-101587/

Il est toutefois vraiment étrange de lire cela alors qu’aujourd’hui a lieu une grande manifestation à Quimper, car la situation de l’emploi est catastrophique et que les entreprises en profitent pour prôner la soumission aux patrons.

Les choses s’accélèrent à une vitesse impressionnante, voici par exemple une information qui n’a que deux jours et concerne le sort de 1000 personnes qui vont se retrouver au chômage :

L’agroalimentaire breton saigne une nouvelle fois. Après Doux, c’est le volailler Tilly-Sabco qui annonce un arrêt de sa production en 2014. Le deuxième exportateur de poulets français ne produira pas de poulets destinés à l’exportation à compter du 4 janvier en raison de la « détérioration des conditions de marché.

Et là il n’y aurait rien à proposer ? L’industrie de l’exploitation animale est en crise et il ne faudrait pas proposer un autre chemin, car le véganisme serait « choquant » ?

Les réactions des travailleurs sont émouvantes et terribles. Il n’y a plus de boulot, et il faudrait abandonner ces gens, sous prétexte de ne pas « choquer » ?

De la même manière, la majorité des adolescents ont déjà vu des films pornos, la violence sociale est extrêmement forte, y compris sexuelle, et revendiquer les droits des animaux serait culpabilisant et trop troublant ?

Cela ne tient pas debout. En réalité, la position par « paliers » montre surtout la composition de classe de ceux et celles qui la mettent en avant, à savoir la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie, qui ne conçoit pas de remise en cause.

En vérité, les gens n’attendent que cela : que l’on fasse vivre l’utopie, que l’on propose des solutions de changement radical. Cela veut dire le changement, cela veut dire la révolution, mais il y a des gens qui ne la veulent pas.

Déjà, ceux et celles qui profitent de l’exploitation animale et qui ne comptent pas remettre en cause cela. Ensuite, ceux et celles qui se voient bien végan et petit commerçant, restaurateur, professeur d’université et autres.

Et si jamais il faut se vendre au Front National pour disposer de cette petite zone faussement libérée, cela ne leur pose plus de problèmes moraux que cela, parce que c’est bien cela dont il s’agit en arrière-plan.
De notre point de vue, à grandes questions il faut des grandes réponses. La libération animale est une révolution intellectuelle, culturelle et morale, et c’est bien.

Seuls reculent les traîtres, les faux amis des animaux, les gens préférant finalement leur « confort. » Ces gens-là veulent nous faire rater le grand tournant que l’on connaît. Car Tilly-Sabco est la preuve de la nécessité de dire les choses telles qu’elles sont !

Au moment où le système de l’exploitation animale se casse la gueule, il faudrait reculer, il faudrait se cantonner aux réformes et à une critique de la corrida ? Au moment où plus que jamais la libération animale s’expose comme critique morale, mais également comme proposition d’un autre rapport à la Nature ?

Ce qui se passe est historique, et le véganisme ne réussira à exister à l’échelle de toute la société qu’en comprenant cela. Ceux qui disent qu’il faut plusieurs générations avant éventuellement que le véganisme soit concevable n’ont rien compris, ou bien ne veulent rien comprendre !

De par les tendances actuelles, soit c’est la fuite en avant de l’exploitation animale vers toujours plus de destructions, et la planète subira écocide sur écocide, jusqu’à l’effondrement de la civilisation du profit… Soit on réussit à renverser la tendance et faire en sorte que la planète redevienne bleue et verte !

« Le manifeste des 343 salauds »

La culture straight edge a trois principes : le refus de l’alcool, le refus des drogues, et le refus de la « baise. »

Ce dernier point, qui forme le troisième « X » du fameux « XXX », ne signifie pas simplement « respecter » ou « avoir des sentiments », il signifie que la sexualité va de pair avec une relation prolongée, avec le couple.

C’est important, parce qu’en France historiquement, le mouvement straight edge a savamment gommé cet aspect, avec même un éphémère et pathétique « anarcho-edge » qui considère qu’on peut coucher avec n’importe qui, du moment qu’il y a le « respect »…

Mais c’est surtout important, car il existe dans notre pays une idéologie de la « liberté » totalement délirante, dans un drôle de mélange apologie du pinard, exigence de pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut (rouler vite, prendre des drogues, etc.) et de baiser comme on l’entend, « sans entraves. »

En pratique, l’alcool est glauque, la « baise » un fantasme parce que règne en réalité une véritable misère sexuelle, les drogues un cauchemar…

Le discours sur la « liberté » n’est qu’une apologie du capitalisme, qui veut qu’on consomme vite, qu’on passe à autre chose. Et il n’est nullement étonnant de voir dans la revue ultra-conservatrice « Causeur » un manifeste immonde en faveur de la prostitution.

Comme il n’est nullement étonnant que les anarchistes antispécistes, les mêmes qui avaient fait la vidéo porno, aient exactement la même position… C’est le culte de l’individu, du refus des « valeurs », de « Gaïa » et ses exigences, etc.

Voici comment « Causeur » justifie le manifeste :

Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d’édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée.

Et voici le manifeste lui-même :

Touche pas à ma pute!

Le manifeste des 343 salauds

En matière de prostitution, nous sommes croyants, pratiquants ou agnostiques.

Certains d’entre nous sont allés, vont, ou iront aux « putes » – et n’en ont même pas honte.

D’autres, sans  avoir été personnellement clients (pour des raisons qui ne regardent qu’eux), n’ont jamais eu et n’auront jamais le réflexe citoyen de dénoncer ceux de leurs proches qui ont recours à l’amour tarifé.

Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe.

Qu’il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires.

Mais nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes – et même d’aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs.

Nous n’aimons ni  la violence, ni l’exploitation, ni le trafic des êtres humains. Et nous attendons de la puissance publique qu’elle mette tout en œuvre pour lutter contre les réseaux et sanctionner les maquereaux.

Nous aimons la liberté, la littérature et l’intimité. Et quand l’Etat s’occupe de nos fesses, elles sont toutes les trois en danger.

Aujourd’hui la prostitution, demain la pornographie : qu’interdira-t-on après-demain ?

Nous ne céderons pas aux ligues de vertu qui en veulent aux dames (et aux hommes) de petite vertu.

Contre le sexuellement correct, nous entendons vivre en adultes.

Tous ensemble, nous proclamons :

Touche pas à ma pute !

Premiers signataires: Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Philippe Caubère, Marc Cohen, Jean-Michel Delacomptée, David Di Nota, Claude Durand, Benoit Duteurtre, Jacques de Guillebon, Basile de Koch, Daniel Leconte, Jérôme Leroy, Richard Malka, Gil Mihaely, Ivan Rioufol, Luc Rosenzweig, François Taillandier, Eric Zemmour.

Il n’y a pas 36 positions possibles par rapport à cela. Soit on dit que l’être humain entend de manière naturelle s’épanouir, connaître une relation amoureuse, donner la vie, vivre de manière heureuse…

Soit on dit qu’il n’y a pas de Nature et que l’être humain décide, en son « âme et conscience », ce qu’il veut être, qu’il peut « choisir » de manière « libre », parce qu’il n’y a pas de nature humaine.

Et le caractère horrible de cette seconde position saute toujours plus aux yeux…