La théorie du genre comme relativisme anti-naturel

Le débat sur la théorie du genre n’en finit pas (nous en avons parlé par exemple dans La « théorie du genre » à l’école primaire ou encore Le débat aux USA sur le queer et la transsexualité).

Revenons ici brièvement dessus, car derrière cela il y a la question de la Nature, et de l’athéisme. Quand on est athée, on ne place pas Dieu au centre de tout, mais pas plus l’être humain qui serait une sorte de « surhomme » s’arrachant à la réalité.

Il n’existe pas 10 000 manières de voir les choses.

Soit on considère en effet qu’avec la technique, les humains sont rentrés en conflit avec la Nature et que cela doit cesser. Le primitivisme dit qu’il faut retourner en arrière, aux débuts de l’humanité avant l’agriculture, tandis que d’autres (comme nous à LTD) pensons que l’humanité doit se remettre en rapport positif avec la planète, de manière soumise (la planète doit redevenir bleue et verte) en gardant ses acquis.

Soit on rejette la Nature comme un obstacle. C’est ce que dit la religion qui veut atteindre « Dieu », et c’est justement le cas de la théorie dite du genre, qui veut atteindre une sorte de « liberté » absolue de l’individu, considéré comme une sorte de mini-Dieu individuel.

Voici pour illustrer justement cela ce que dit la pétition « Les études de genre, la recherche et l’éducation : la bonne rencontre. » Ce n’est pas une petite pétition, elle est signée par un nombre impressionnant d’universitaires.

C’est en fait un véritable manifeste en défense des études sur le « genre ». Voici une citation qui résume le relativisme de cette conception du monde.

« NON, la prétendue « théorie du genre » n’existe pas, mais, oui, les études de genre existent. Le genre est simplement un concept pour penser des réalités objectives.

On n’est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd’hui.

On n’est pas homme ou femme de la même manière en Afrique, en Asie, dans le monde arabe, en Suède, en France ou en Italie.

On n’est pas homme ou femme de la même manière selon qu’on est cadre ou ouvrier. Le genre est un outil que les scientifiques utilisent pour penser et analyser ces différences. »

Ces phrases sont du relativisme pur et simple. Il est facile de voir que dans le rapport aux animaux ou bien à la Nature, il n’y a pas de différence (à part de degrés de destruction) entre un Suédois et un Malien, entre quelqu’un du 20e siècle et quelqu’un du 12e siècle, ou même du 3e siècle !

Physiquement, les humains sont également les mêmes. Leur biologie est la même, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas constater des changements environnementaux (comme la pollution et ses maladies).

Il y a bien des différences culturelles, des différences d’approches, mais en aucun cas il ne s’agit de différences insurmontables. Le rapport à la Nature est fondamentalement le même, parce que l’anthropocentrisme est le même.

Le « genre » est ainsi un concept permettant non pas tant de critiquer le sexisme ou les stéréotypes (ce qui est bien), mais de rejeter la dimension naturelle des êtres humains. Ce qui ferait d’un humain un humain, ce n’est pas sa nature d’être vivant appartenant à un ensemble – la planète comme système, ce qu’on peut appeler Gaïa – mais son « choix », sa « volonté ».

Cela revient à parler d’âme, inévitablement, et en cela la théorie du genre est un sous-produit des religions monothéistes. C’est tout à fait traditionnel comme démarche.

D’ailleurs, la pétition est une révolution intellectuelle de par sa franchise, car jusqu’à présent, la théorie du genre se voulait alternative, rebelle, combative, pratiquement révolutionnaire. Toutefois là quand on voit la gigantesque liste de « chercheurs » sur le genre, on voit bien que tout est totalement institutionnel…

Et ce qui est institutionnel, par définition, n’est pas du tout révolutionnaire… Dans la pétition on lit ainsi :

« Les études de genre recouvrent un champ scientifique soutenu par le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le CNRS, et elles ont des utilités nombreuses dans l’éducation et la lutte contre les discriminations : ces études et ces travaux existent à l’université depuis longtemps.

Nombreuses sont les académies à organiser des journées de formation sur ces thèmes ; nombreuses sont les universités à offrir des cours intégrant le genre : en sociologie, en sciences de l’éducation, en anthropologie, en biologie, en sciences économiques, en philosophie, en histoire, en littérature, etc. Des séances de sensibilisation aux questions d’égalité entre les sexes font partie du parcours de formation des enseignants du primaire et du secondaire. »

Tout est dit ! Des formations totalement anthropocentristes, rejetant par définition la Nature, soutiennent la théorie du genre. On est là en fait dans une dynamique purement intellectuelle, peut-être même le summum de la tentative intellectuelle de se « libérer » de la Nature.

« Coup de force d’Animal Cross au refuge SPA du Béarn »

L’information suivante, tirée du journal Sud Ouest, est le produit d’un véritable problème de fond. Voici déjà l’article :

Morlaàs (64) : coup de force d’Animal Cross au refuge SPA du Béarn

Une dizaine de chats et de chiens sans vie, alignés. C’est l’image que voulaient montrer la poignée de militants d’Animal Cross, association de défense des animaux, ce mardi matin dans l’enceinte du refuge de la SPA du Béarn, à Morlaàs.

« On a appris qu’il y avait des euthanasies ce matin, on en a profité pour venir dénoncer la gestion du refuge », expliquait un des militants de cette association, qui se sont invités peu avant 9 heures dans le refuge. « On nous dit que ces animaux n’étaient pas adoptables, mais les euthanasies ne sont pas obligatoires. On sait qu’il y a des volontaires pour adopter les animaux. Mais la SPA ne fait pas son travail. D’ailleurs, il n’y a plus de président depuis 2008 », dénonçait par exemple une autre militante.

Des accusations rejetées aussitôt par le directeur du refuge, appuyé par la trésorière de l’association, Françoise Cantonnet. « Ces chiens étaient des chiens mordeurs, que nous ne pouvons pas faire adopter. Quant aux chats, ils étaient sauvages, et inadoptables », dit la trésorière, qui reconnaît que l’association, affiliée à la Confédération nationale de la SPA de Lyon a besoin de se restructurer au niveau du bureau. Laquelle promet une assemblée générale au mois de mars pour reconstituer le conseil d’administration.

Les défenseurs des animaux d’Animal Cross dénonçaient de leur côté l’opacité de la gestion de la SPA de Pau.

La candidate d’EELV s’interroge

Eurydice Bled réagit à l’action de l’association Animal Cross de ce mardi matin. Et s’interroge sur le nombre « pour le moins suspect » de chiens « mordeurs » euthanasiés.

La candidate EELV s’étonne par ailleurs du fait que le conseil d’administration de la SPA ne soit toujours pas rétabli depuis 2010. « De plus, cette société ne figure même pas sur le site national des refuges et dispensaires de France. »

Elle poursuit : « Les élus et collectivités, qui signent des conventions avec les associations pour soigner les chats errants, et avec les refuges pour financer la mise en adoption, sont en droit de se demander où va l’argent alloué à ces dernières structures d’accueil. »

Il y a ici trois problèmes, intimement liés et source d’un questionnement très important. Le premier, c’est l’effondrement historique de la SPA. Cette structure a littéralement implosé, il y a désormais de nombreuses SPA locales et une SPA « canal habituel » basée à Paris qui ne parvient pas à sortir de ses multiples problèmes de gestion ou, disons le franchement, de corruption.

Le second problème, qui n’en est pas nécessairement un, est que cela a fait appel d’air pour que d’autres structures se montent. Là où cela commence à poser problème, c’est que les structures de défense des animaux commencent à pulluler tout en prétendant toutes à l’hégémonie, même lorsqu’il s’agit de toutes petites structures.

Il y a en conséquence de cela une concurrence à la fois médiatique et juridique, et une frénésie « people » censée apporter la crédibilité : la Fondation Brigitte Bardot a donc Brigitte Bardot, l’association Stéphane Lamart a la chanteuse Stone, Animalter a l’écrivain Marc Lévy, etc. etc.

On est ici totalement en-dehors de la rationalité (et donc du véganisme). Enfin, et c’est le troisième problème, il n’y a toujours pas de réflexion de fond sur les refuges, ni sur le rapport entre les refuges et le véganisme, la libération animale ou l’écologie.

La cause de cela est d’abord la nécessité de parer à l’urgence, mais également malheureusement un dédain pour une réflexion globale sur la question. Tout cela amène des tensions, un esprit de concurrence, des jeux malsains pratiqués en arrière-plan, voire des frictions comme celles mentionnées dans l’article cité ici.

Cela ne veut pas dire qu’il faille nier les problèmes, mais au moins qu’il faut les reconnaître. Il y a dix mille problèmes sur la table, du type : quel type de refuge faut-il promouvoir ? Comment faciliter les adoptions notamment au moyen d’internet ? Comment mobiliser la jeunesse pour qu’elle soutienne les refuges ? Sur quelle base aider les refuges des autres pays ? Comment rationaliser les soutiens possibles ? Quel est le sens du caractère très largement voire exclusivement féminin des soutiens aux refuges ?

Des différences fondamentales existent et doivent être lisibles. L’initiative d’Animal Cross face à une SPA est ainsi peut-être juste d’un côté, mais peut de l’autre côté sembler comme idéaliste par rapport au terrain. Rien n’empêcherait les gens de cette SPA de dire : faites mieux que nous si vous pouvez.

De plus, la question des refuges repose malheureusement uniquement sur les sentiments et par conséquent, toute personne impliquée aura toujours l’impression d’agir de manière adéquate.

Dans un contexte atroce pour les animaux, la rancoeur et le ressentiment viennent vite.

Il faut donc une réflexion réelle, mais le problème est qu’au nom de la cause, toutes les structures affirment qu’il ne faut pas de débat, qu’il faut une unité fondée sur le dénominateur commun minimum et un apolitisme permettant (est-il prétendu) de taper large.

Le résultat est que tout le système des refuges ne tient qu’avec des bouts de ficelle et l’abnégation complète d’individus, à part pour les quelques structures médiatiques et financièrement à l’aise.

Et il n’existe pas de structure nationale rationalisant les soutiens et en mesure de centraliser les activités et les aides. C’est un manque évidemment terrible et un problème qui doit être résolu.  Reste à savoir si c’est possible dans une société comme la nôtre, célébrant l’individualisme et le profit.

La maison s’effondre, les animaux sont abandonnés

L’information suivante, publiée par le journal La dépêche, témoigne de quelque chose de fondamental: désorganisée et sans culture, l’humanité s’empresse de sombrer dans la barbarie.

Le rapport aux animaux est un critère très parlant pour cela, on comprend aisément que la détresse appelle la détresse, que l’inorganisation nuit toujours aux plus faibles.

Notons également que l’article est le fruit d’une vraie position journalistique, alliant investigation (en l’occurrence en Ariège, à 60 km de Toulouse) et point de vue. C’est du journalisme traditionnel, et c’est quelque chose dont il faut apprendre.

Idéalement, dans chaque région de France il devrait y avoir un média végan informant et analysant la situation, permettant l’émergence d’une réflexion, d’une prise de conscience, d’une action conséquente.

L’opinion publique doit être travaillée au corps, et elle ne peut l’être que dans la continuité, dans l’expression rationnelle des constats et les appels sensibles à transformer la réalité.

« Mazères. Ils désertent la maison effondrée et abandonnent leurs animaux sur place

À Mazères, des animaux domestiques ont été abandonnés par leurs propriétaires qui ont évacué leur maison effondrée par la pluie. Les voisins inquiets pour leur propre habitation, souhaitent qu’une autorité s’occupe de ces animaux.

Point n’est besoin de prendre l’avion pour trouver la frontière du quart-monde : c’est parfois la porte à côté. Comme dans le cas qui nous intéresse, à Mazères.

Au milieu des terres bien peignées, des bosquets, et des jolies fermettes, voilà Cachau : un corps de ferme tout en longueur : d’un côté Raymond Faural, dans sa partie, bien délimitée par un mur et un portail, de l’autre, un autre monde : une masure en ruine, au toit effondré devant lesquels s’ébattent des poules, trois chèvres, un bouc, des chiens.

Abandonnés, comme le chiot qui vient de crever en travers de la porte. Les occupants, un couple qui vivait là depuis de longues années s’en est allé après avoir reçu le toit sur la tête.

Mais il a laissé sur place les animaux aujourd’hui livrés à eux-mêmes.

C’est samedi 25 janvier que miné par la pluie, un des murs de la maison, construit en briques sèches, a littéralement fondu sous l’averse. Il s’est abattu, manquant d’ailleurs d’ensevelir les occupants.

Ce mur voilà longtemps qu’il était exposé, depuis que le toit s’en était parti, lui aussi. La pluie a fait le reste, en l’absence de protection.

«Vous comprenez les travaux n’ont pas été faits, quand le toit du hangar s’en est allé, tout ça s’est retrouvé à la pluie. Moi maintenant je suis inquiet car c’est le mur mitoyen qui est exposé !» explique Raymond Faural.

Il faut dire qu’après le mur, presque aussitôt, c’est le toit de l’habitation qui cette fois s’est écroulé lui aussi. Comme on peut le voir aujourd’hui l’ensemble est ouvert à tous les éléments.

Les occupants s’en sont allés, ils ont été relogés deux nuits par la mairie en urgence. Le maire Louis Marette, a pris aussitôt un arrêté de péril concernant le bâtiment.

Certes on peut de se demander comment on pouvait vivre dans une telle masure, dans un tel état d’abandon, privée de toute commodité.

Mais en attendant, les occupants partis, les animaux ont été livrés à eux-mêmes.

«Nous avons prévenu la SPA, personne n’a voulu s’en occuper !» déplore Raymond.

Les poules, qui vadrouillent dans le voisinage se débrouillent à peu près, mais les chèvres et le bouc sont déjà plus mal en point. Un des chiens est mort.

Les voisins demandent à la mairie de faire quelque chose. On ne sait pas vraiment qui doit faire quoi, mais assurément, quelque chose doit être fait… »

Oscar, le chat victime de torture à La Maurelette

C’est la très grande actualité de la question animale, bien entendu, avec beaucoup de questions, parfois des réponses. De très nombreuses réactions se sont en plus exprimées, en raison de différents aspects parfois compliqués, voire carrément étranges ou même absurdes.

Essayons donc d’y voir clair.

Tout commence avec la vidéo de « Farid de la Morlette », c’est-à-dire de La Maurelette, dans le 15ème arrondissement de Marseille.

Mise en ligne sur le net (sur Facebook) le 22 janvier 2014, on voit cet  homme de 24 ans jeter un chat dans les airs le plus haut possible, puis contre un mur, puis encore une fois. Trois jets dans une vidéo terriblement choquante.

Terriblement choquante, mais il faut le souligner, n’ayant malheureusement absolument rien d’exceptionnel. La situation des animaux de compagnie est tellement terrible que les actes de torture sont courants. Il n’y a ici aucunement une exception ou un fait exceptionnel, malheureusement.

Pour plus de précisions, voici comment le quotidien Le Figaro présente la vidéo :

« L’animal est d’abord projeté dans un jardin puis contre un immeuble en béton. On voit le chat percuter la surface et tomber lourdement sur le sol, incapable de prendre la fuite quand le jeune homme de 25 ans revient le chercher et s’apprête à le lancer dans un bosquet. »

Ensuite, il y a eu des gens repérant cette vidéo, tant en France qu’à l’étranger. Deux choses se passent alors : d’un côté des pétitions rassemblant 200 000 personnes et demandant que la personne soit poursuivie. Parallèlement à cela, de très nombreuses et inévitables menaces de mort ont été diffusées contre elle, au grand regret de la SPA locale par ailleurs.

De l’autre, des gens tentant d’identifier l’auteur et donnant les informations obtenus à la gendarmerie nationale, qui d’ailleurs remerciera par la suite sur son compte twitter.

L’enquête a en effet réussi de manière très rapide une fois que la campagne internet a pris, et l’auteur est arrêté : nous sommes alors le vendredi 31 janvier 2014.

C’est là que cela se corse. En effet, plusieurs versions ont été diffusées par les médias et sur le net, finissant par se combiner et par donner la chose suivante : une personne a vu l’acte de torture et a attendu que le Farid en question soit parti pour récupérer le chat (soit dans une poubelle, soit dans un buisson, selon les versions).

Il l’a alors gardé un certain temps, pour ensuite considérer qu’il avait besoin de soin, et aurait pu alors finalement enfin le remettre à son propriétaire, qui l’aurait remis alors à la SPA locale qui s’occupe des soins. On apprenait alors que le chat devait passer des radios hier.

Dans un article, on peut lire ce que dit quelqu’un de la SPA locale :

« Il semble avoir des factures au niveau d’une patte et présente un état de choc psychologique et refuse de s’alimenter. Son propriétaire nous l’a confié pour soins et probablement une chirurgie. »

Or, il y a naturellement quelque chose qui ne tourne pas rond dans toutes ces explications. Déjà la vidéo est extrêmement violente et on voit mal le chat s’en tirer vivant – c’est cependant possible et qu’il ait pu peut-être s’en sortir serait fantastique.

Seulement là où cela ne colle pas du tout, c’est qu’il est dit par exemple que le chat refuse de s’alimenter : si tout cela avait deux jours, cela serait possible, mais la vidéo date du 22 janvier.

Ce qu’il semble donc, c’est que le chat récupéré, s’il l’a été, serait resté dix jours sans vétérinaire, voire même sans manger ?!

De plus, pourquoi les radios ont-elles été faites le lundi seulement vue l’urgence de la situation ? Là c’est totalement impossible, la visite d’un cabinet ouvert en urgence était inévitable et surtout logique (même si c’est cher, on se doute qu’une mobilisation aurait amené beaucoup de gens à payer au cas où).

Attendre que le week-end passe pour faire des radios, alors que la vidéo est terrible, cela ne colle pas, surtout quand on sait que tout cela a dix jours déjà…

On comprend donc que très nombreuses ont été les réactions affirmant que le chat présenté par le SPA locale n’était pas le bon chat.

Celle-ci a été obligée de présenter des contre-arguments, par ailleurs sans intérêt quand on sait que ces marquages mis en avant se retrouvent souvent, ou bien encore qu’il peut y avoir des jumeaux dans les portées, etc.

Il y a donc beaucoup d’incohérences dans toute cette histoire. Surtout si on ajoute qu’il y a des vidéos du « propriétaire » du chat, qui n’a pas l’air si choqué que cela et qui raconte qu’il a eu des coups de fil du monde entier (comment les gens ont-ils eu son numéro?).

Regardons maintenant le volet judiciaire de l’affaire. Car la personne ayant torturé le chat et se montrant tout fier dans la vidéo a été jugée hier en comparution immédiate au tribunal correctionnel de la cité phocéenne.

Le fait d’avoir accepté cette comparution immédiate était purement suicidaire juridiquement pour elle, vue l’opinion publique. Elle a de ce fait été condamnée à un an de prison ferme, après avoir risqué sur le papier jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

C’est quelque chose de nouveau : normalement dans ces cas-là, cela se finit sur un non-lieu, ou une simple amende. Sur ce plan, c’est historiquement nouveau, et il est évident que l’arrière-plan médiatique a beaucoup joué.

Le procureur n’a d’ailleurs pas hésité à affirmer :

« Il a agi avec une perversité particulière et un sadisme marqué qui a révulsé la planète entière (…) avec une absence de toute barrière morale et d’un sadisme froid. »

Une accusation ici très hypocrite, bien sûr, quand on voit la situation des animaux dans le monde en général, et l’exploitation animale en France en particulier…

Pour le reste, la justice française interdit formellement de commenter ses décisions, et à vrai dire il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est que dans une autre société il y aurait bien plus d’exigence.

Ce qui ne veut pas dire faire comme l’extrême-droite, qui a littéralement surfé sur cette vidéo. Ainsi, le candidat du Front National à Marseille n’a pas hésité à y aller franco dans la démagogie, expliquant au passage même dans son message « « Farid de la Morlette » ou la cruauté d’une racaille » :

« Maire de Marseille, il supprimera toute allocation municipale aux individus reconnus coupables de tels actes et soutiendra les associations protectrices du monde animal. »

D’autres ont mis des photos de soldats nazis caressant un chat et l’opposant à l’exemple de « Farid la morlette », etc.

C’est assez pathétique (en plus d’être horrible), alors que justement l’universalité de la question animale exige une réponse complète, claire et nette.

Si au final le petit chat, qui s’appelle Oscar et qui par ailleurs était perdu!, est vraiment celui qui a été torturé, alors en quelque sorte tout est bien qui finit bien, et qui plus est il y a une avancée dans la conscience sociale.

Sans doute faut-il être toutefois sceptique ici, car on ne voit rien comme projet dans les positions des multiples associations qui se sont mises en avant à cette occasion (Animalter, Fondation Brigitte Bardot, SPA etc.), ou encore les personnalités interviewées ici et là (Burgat, etc.).

C’est à juger dans plusieurs mois, mais cela risque vite d’être réduit à un « fait divers » lié à la culture Facebook et impliquant une personne définie démagogiquement de manière raciste.

On peut penser le contraire et espérer que cela soit un marqueur historique pour avancer. Peut-être est-ce un point de départ d’une réflexion de la société.

Polypes, gorgones et corail

« S’il fallait élire la masse animale la plus impressionnante du monde, on voterait sans hésiter pour la seule qui soit visible depuis l’espace : la Grande Barrière de corail.

Située au nord-est de l’Australie, elle se déroule sur environ 2 400 kilomètres. Ce gigantesque monument naturel, vieux de quelques cinq cent millions d’années, est le squelette de millions de polypes.

Les polypes sont des animaux minuscules, semblables à de petites anémones de mer, qui construisent en calcaire « l’immeuble commun » qui les abrite : le corail. Au cours des années, le corail forme dans certains cas des récifs, qui eux-mêmes peuvent constituer de véritables îles, comme les atolls.

La répartition du corail n’est pas limitée aux régions tropicales. On en trouve au large des côtes européennes, y compris dans les régions nordiques et dans les profondeurs. Hélas, la pêche intensive saccage de vastes portions de ces massifs coralliens.

Ainsi, 30 % des massifs norvégiens, soit près de 2000 kilomètres carrés, ont déjà été dévastés. Les coraux sont menacés partout dans le monde, notamment à cause du réchauffement climatique.

Quand on évoque le corail, on pense généralement à la matière rouge dont sont faits certains bijoux. En fait, il s’agit d’une confusion historique, car ces bijoux sont faits avec des squelettes des gorgones, des animaux très proches du corail.

Appelée corail rouge, cette gorgone fut la première espèce à avoir été exploitée par les occidentaux, qui ont inventé pour elle le mot corail.

Dès l’Antiquité, elle fut considérée comme une pierre précieuse. Les Romains lui attribuaient de nombreuses vertus. Ils en mettaient au cou des bébés pour éloigner les maladies et la portaient comme amulette.

Les Gaulois en décoraient leurs boucliers et leurs casques, ou se soignaient en la buvant broyée avec de l’eau ou du vin. De l’autre côté de l’Atlantique, certains peuples amérindiens ont eux aussi utilisé le corail comme talisman ou comme bijou.

En Méditerranée, l’exploitation abusive du corail rouge a conduit à sa raréfaction, et il devient de plus en plus cher. Chaque année, des plongeurs perdent la vie dans leur quête, parfois illégale, de la matière précieuse.

Le corail ne grandit que de 2 à 3 millimètres par an, et l’on ne trouve plus aujourd’hui de colonies importantes de corail rouge (certaines atteignaient un mètre pour 30 kilos). Néanmoins, une prise de conscience des plongeurs dans certaines zones fait que le corail rouge croît à nouveau ça et là à faible profondeur.

Faute de mieux, le corail a longtemps été rangé parmi les zoophytes (les « animaux plantes »), classification qui n’existe plus. C’est le médecin naturaliste marseillais Jean-André Peyssonnel (1694-1759) qui a plaidé au XVIIIe siècle en faveur de la nature véritablement animale du corail rouge.

A l’époque, ses arguments ont été très mal accueillis par l’académie des sciences. Aujourd’hui encore, quand les polypes blancs du corail rouge s’ouvrent sur leur squelette écarlate, on dit qu’il fleurit… »

(Marc Giraud : Calme plat chez les soles – la vie intime des animaux de la mer, de la plage et des rochers)

Happening irrespectueux avec des têtes d’animaux morts

Nous avions déjà parlé de « 269 », un mouvement pour les animaux à l’idéologie aberrante, avec des gens se marquant au fer rouge. Un groupe existe en France et a organisé hier à Paris un happening absolument révoltant.

Il y avait déjà L214 qui manifestait avec des animaux morts, là on a de nouveau une démarche du même type, peut-être encore plus immonde puisqu’il s’agit de plusieurs têtes d’animaux morts.

Comment peut-on faire cela ? Mais comment peut-on ? Comment ose-t-on faire une mise en scène, avec du maquillage et une dimension théâtrale ?

Nous ne parlerons pas une nouvelle fois de la dimension religieuse mystique d’une telle initiative, nous l’avons déjà fait. Ce que nous voulons souligner ici, c’est que c’est une insulte fondamentale à la dignité animale.

Un être vivant mort mérite le respect de son « cadavre ». L’enterrement et l’incinération sont les seules voies dignes. Il n’y a pas à exhiber des morceaux de corps, serait-ce pour un « banquet troublant » qui relève du sinistre happening.

Il faut le respect de ce qu’on appelle les « cadavres ». C’est le b-a-ba de la civilisation. Nous ne demandons pas des cérémonies religieuses, qui n’ont aucun sens d’ailleurs à part justement historiquement une avancée de civilisation, comme expression du respect.

Mais il y a un respect minimum. On ne peut pas être vegan et ne pas prôner le respect absolu de la dignité animale.

De plus, dans la courte brève AFP qu’on ne retrouve que sur 2-3 sites, il est dit :

Quelques dizaines de militants de la cause animale, partisans d’une alimentation 100% végétale, ont dressé samedi la table d’un « banquet troublant » place de la Bastille alignant de véritables têtes de bétail devant l’Opéra.

Veau, mouton, porc, agneau, ces têtes sorties à grand peine des abattoirs et congelées par les militants de l’association « 269 Life France » visaient à attirer l’attention sur les conditions de l’élevage industriel ainsi que sur l’impact environnemental de la consommation de viande, ont-ils indiqué à l’AFP.

Comment peut-on être vegan et congeler une tête ? Comment peut-on avoir suffisamment de nerfs, de cynisme pour arriver à faire cela ?

Comment peut-on être vegan, ouvrir la porte d’un congélateur et y placer une partie d’un être assassiné ? Une personne végane, c’est quelqu’un qui refuse un réfrigérateur d’occasion en raison justement de qui a été dedans après l’assassinat…

Et encore, les personnes non véganes mettent le plus souvent des produits d’origine animale passés par l’industrie. Mettre des têtes en tant que tel, à part les bouchers et les tueurs en série, il n’y a pas grand monde pour avoir le « cran » ou l’envie de faire cela…

Et posons la question : que sont devenues ces têtes, justement ? Ont-elles été enterrées dignement ? Ou bien ont-elles jetées à la poubelle, tout simplement ?

Tout cela est glauque et sinistre. Et il suffit de chercher deux minutes parmi les sites facebook des participants de cette mise en scène pour tomber par exemple sur cela comme « amis » : « Égalité et réconciliation », « Jours de colère », les nazis de « Groupe Action Nature », le négationniste Faurisson…

On a donc une personne fan des nazis posant devant des têtes d’animaux morts lors d’une initiative d’un groupe dont l’origine est israélienne ? C’est aussi cinglé que les vegans queers faisant du porno ou tournant en identitaires basques et n’en ayant rien à faire des animaux…

Tout cela est complètement délirant. Et cela montre que la scène végane prise au sens large n’est nullement imperméable à la société qu’elle est censée critiquer pourtant.

On est là dans la culture facebook où l’on se croit révolutionnaire à coups de clics, on est dans l’idéologie de la télé spectacle où l’on se croit activiste lorsqu’on fait de la provocation. On est là pratiquement dans le Dieudonné, dans l’infantilisme le plus complet. Et soyons certains et certaines que ce n’est pas malheureusement pas fini !

« Sellafield »

Le nom de « Sellafield » est très largement inconnu. Il a pourtant une importance capitale : il s’agit d’un lieu tout au nord de l’Angleterre, abritant 400 bâtiments sur 10 km², entièrement consacrés au nucléaire.

On y trouve du traitement de déchets radioactifs ainsi que leur stockage, des activités militaires, quatre réacteurs qui ont été arrêtés en 2003, la production de MOX a stoppé suite à Fukushima et l’arrêt d’exportations vers le Japon, etc.

Le complexe de Sellafield est le grand projet nucléaire de la Grande-Bretagne ; au début même, les déchets radioactifs étaient amenés par pipe-line au large de la mer d’Irlande ! Il y a ainsi sans doute 200 kilogrammes de plutonium abandonnés au fond de l’océan de cette manière…

Hier, un « niveau élevé de radioactivité » a été détecté, mais attribué à une origine « naturelle ».

Ben voyons ! Doit-on faire confiance à cette information ? Pas quand on connaît l’histoire de Sellafield ! Les multiples falsifications de données – reconnues officiellement – parlent d’elles-mêmes, et entre 1950 et 2000, cela a donné 21 incidents importants….

Sellafield s’appelait même d’abord Windscale, mais depuis un incident très grave en 1957 (pas moins qu’un incendie!) le nom a été changé, pour tenter de gommer les effets désastreux dans l’opinion publique suite à la diffusion d’un nuage radioactif sur 500 km²…

Ce qui n’empêche pas d’autres catastrophes, notamment en 2005 où l’on a… découvert 83 000 litres de matière radioactive dans une pièce récupérant les éventuelles fuites… On s’est même aperçu que cela faisait huit mois que cela fuyait…

Sellafield pose un problème terrible, dans une région du monde par ailleurs très marquée en général par le nucléaire et ses déchets.

En 1992 a eu lieu un grand concert pour stopper Sellafield, à l’appel de Greenpeace. Parmi les groupes présents, on a pu voir U2 (Sellafield est une épine dans le pied de l’Irlande), Public Enemy ou encore Kraftwerk.

Le groupe de musique allemand Kraftwerk a été brillamment avant-gardiste dans le domaine de la musique électronique. Il a par la suite modifié sa chanson « radioactivity » pour en faire un appel anti-nucléaire.

Sous la forme « Sellafield 2 », la brève chanson explique ainsi que :

« Sellafield 2 will produce 7,5 tons of plutonium every year
1,5 kilogram of plutonium make the nuclear bomb
Sellafield 2 will release the same amount of radioactivity
Into the environment as the Tschernobyl every 4,5 years
One of these radioactive substances
Krypton 85, will cause death and skin cancer »

« Sellafield 2 produira 7,5 tonnes de plutonium chaque année
1,5 kilo de plutonium fait une bombe nucléaire
Sellafield 2 va libérer la même quantité de radioactivité
Dans l’environnement que Tchernobyl, toutes les 4,5 années
Une de ces substances radioactives,
Le Krypton 85, causera la mort et le cancer de la peau »

Voici ce que cela donne: tout d’abord, la chanson en live jouée lors des concerts.

Voici une présentation de 1992, à l’occasion du concert « Stop Sellafield ».

Enfin, le très grand classique, qu’est l’original de 1975.

Voici, pour finir, le texte de Radioactivity en 1975, et en-dessous celui de la nouvelle version.

Radioactivity,
Is in the air for you and me.
La radioactivité,
est dans l’air pour toi et moi.
Radioactivity,
Discovered by Madame Curie.
La radioactivité,
découverte par Madame Curie.
Radioactivity,
Tune into the melody.
La radioactivité,
Le ton dans la mélodie.
Radioactivity,
Is in the air for you and me.
La radioactivité,
est dans l’air pour toi et moi.
Radioaktivität,
Für dich und mich im All entsteht.
La radioactivité,
Créée dans l’espace pour toi et moi.
Radioaktivität,
Strahlt Wellen zum Empfangsgerät.
La radioactivité,
Propulse des ondes vers le récepteur.
Radioaktivität,
Wenn’s um unsere Zukunft geht.
La radioactivité,
quand il en va de notre avenir.

La nouvelle version:

Tschernobyl, Harrisburgh
Sellafield, Hiroshima
Tschernobyl, Harrisburgh
Sellafield, Hiroshima
Tchernobyl, Harrisburgh
Sellafield, Hiroshima
Tchernobyl, Harrisburgh
Sellafield, Hiroshima
Stop radioactivity
Is in the air for you and me
Stop radioactivity
Discovered by Madame Curie
Stopper la radioactivité
est dans l’air pour toi et moi.
Stopper la radioactivité
découverte par Madame Curie.
Chain reaction and mutation
Contaminated population
Stop radioactivity
Is in the air for you and me
Réaction en chaîne et mutation
Population contaminée
Stopper la radioactivité
est dans l’air pour toi et moi.
Radioactivity
Radioactivity
La radioactivité
La radioactivité