Campagne 2014 pour les « perles noires »

Comme chaque année, il y a la campagne pour les « perles noires » qui est lancée par le site seconde chance. Les animaux de couleur noire sont en effet bien moins adoptés que les autres, par préjugé et superstition. Comme quoi il y a des restes de la culture religieuse du moyen-âge!

Le site seconde chance, en partenariat toujours avec Wanimo (une entreprise de vente par correspondance de produits pour animaux, la plus connue avec Zooplus), propose une série de petits happenings, que l’on peut apprécier ou pas (humour pas forcément terrible et soumission aux réseaux sociaux), mais qui vise à valoriser ces animaux, afin de marquer l’opinion publique et de soutenir les adoptions.

On notera également ce site avec toute une série de photos de chiens noirs réalisées par le photographe Fred Levy,  dans l’esprit du soutien aux adoptions de chiens de couleur noire. Il fait également un blog consacré aux photos de chiens noirs qu’on lui envoie, avec une petite présentation de chacun.

#PerleNoire
Postez un Selfie pour une bonne cause !

Savez-vous que les chiens et chats noirs attendent en moyenne deux fois plus longtemps que les autres avant de trouver une famille d’adoption ?

A l’occasion de la 5ème édition de l’opération Adoptez une Perle Noire, Seconde Chance, l’animalerie en ligne Wanimo.com et biocanina vous invitent à succomber à la mode des Selfie, ou autoportrait, pour prouver au plus grand nombre que les animaux noirs sont aussi beaux que les autres.

Si vous ne possédez pas d’animal noir, vous pouvez quand même invitez tous vos amis à rencontrer les 900 chiens et 800 chats noirs mais aussi les rongeurs qui attendent une famille dans toute la France.

Vous possédez un animal noir ?
A vous de jouer !
Réalisez un Selfie de votre perle noire et diffusez la sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google +, Pinterest, Instagram… ) avec le hashtag #PerleNoire.

Amusez-vous…
Apprenez à votre animal à faire un Selfie !

Il existe plusieurs applications qui permettent de faire réaliser un autoportrait à votre animal. Ces applications permettent de déclencher la prise de vue en cliquant sur tout l’écran et pas seulement sur un petit bouton. Pour les chats, on fait bouger un point qui va l’inciter à toucher l’écran, pour les chiens suivez notre mode d’emploi :
SnapCat pour chat sur Android (gratuit)
Cat Snaps pour chat sur iTunes (gratuit)
Big Camera Button pour chien et chat (payant)
Photos for pets sur iTunes (payant)

Wanimo offre 3 tirages photo à tous les participants !
Du 1er au 31 mai, Wanimo.com offrira un tirage de 3 photos gratuites à tous ceux qui auront posté un Selfie #PerleNoire pendant la durée de l’opération.

Il y a plein de raisons humoristiques d’adopter un animal noir

Le noir est une couleur indémodable qui va avec tout !
Vous ne pourrez jamais vous lasser du noir.
Si vous-même vous vous habillez en noir, les poils noirs ne se verront pas sur vos habits
Et puis c’est beaucoup moins salissant qu’un chat ou qu’un chien blanc !

Le projet ALISTER pour le grand hamster d’Alsace

La région Alsace a lancé hier un programme afin de protéger le grand hamster d’Alsace,  il y en a entre 500 et 1000 et l’objectif est de faire remonter le chiffre à 1500.

Le programme a comme nom  Alister, signifiant « Alsace Life Hamster », en allusion au programme LIFE qui finance, aidé par la Commission Européenne, des causes environnementales. C’est d’ailleurs l’Union Européenne qui avait critiqué la France en 2012, considérant que la protection du grand hamster était insuffisante.

Voici les principaux points du programme.

Les 4 axes et 23 actions du projet
Améliorer l’habitat du grand hamster

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
A2 Synthèse des besoins biologiques et des références concernant l’habitat favorable au hamster
A3 Tests en conditions contrôlées de l’impact des cultures innovantes sur la biologie du hamster
A4 Identification des pratiques agronomiques à fort potentiel biologique
C1 Expérimenter en milieu ouvert les pratiques agricoles les plus prometteuses
D1 Évaluation biologique des pratiques agricoles innovantes
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E1 Échanges, partage et diffusion des résultats à destination des agriculteurs
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Reconnecter les zones de présence

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
C2 Limiter le risque de prédation au niveau des passages à faune des infrastructures de transport
D2 Suivi du franchissement des infrastructures routières par les hamsters au niveau des systèmes anti-prédation
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E2 Élaboration et diffusion de recommandations pour les passages à faune
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Créer de nouvelles opportunités de développement de l’espèce

A1 Élevage de hamsters pour les actions de conservation
A5 Étude préparatoire à l’introduction de hamsters en milieu périurbain ?
C3 Introduire des hamsters en milieu périurbain
D3 Suivi des populations de hamsters en milieu périurbain
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens

Améliorer l’image du grand hamster

C4 Sensibilisation du public alsacien à la problématique de préservation du Grand Hamster
C5 Améliorer l’image du Hamster dans l’opinion publique à travers la presse
D4 Évaluation de l’image du Hamster dans l’opinion publique
D5 Évaluation de l’impact social, économique et environnemental des actions concrètes testées dans le projet Alister
E4 Colloque européen sur les expérimentations menées en faveur de la préservation du hamster en zones urbaines
E5 Diffusion des résultats du projet Alister auprès des décideurs nationaux et européens
E6 Outils communs de communication et de diffusion des résultats du projet ALISTER

Un oeil avisé aura noté le point A1 – l’élevage – mais également le point A3, qui consistera en des expériences sur la biologie du grand hamster d’Alsace. La présentation plus approfondie de ce point nous dit:

Objectifs de l’action :

Cette action vise à tester précisément les effets de plantes identifiées comme potentiellement favorables en A2 sur :

– l’hibernation du hamster, sa condition corporelle à l’émergence et sa reproduction ;
– pendant la lactation des femelles ;
– pendant la croissance des jeunes. Cette action est réalisée en conditions contrôlées afin d’éviter l’effet de facteurs confondants. Elle participera au choix des cultures ensemencées en plein champ dans le cadre de l’action C1.

Élevage et expériences sont donc au programme, il n’est pas difficile de comprendre que cela ira jusqu’à la vivisection. Puisque des hamsters sont élevés et qu’il faut faire des tests, dans la logique des choses, il n’y aura pas de limites, c’est une évidence…

Il ne faut également pas du tout croire que le projet ALISTER est un projet en soi, en toute autonomie, reconnu tel quel. C’est un montage, une construction rassemblant différents organismes, avec un budget global (3 millions d’euros).

On a ainsi, comme le montrent les deux tableaux ci-dessous, la chambre régionale de l’Agriculture d’Alsace (CARA), le CNRS qui s’occupe de la recherche du côté de l’État, l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage,  mais également une association comme le Groupe d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace, ou encore une boîte de consultants spécialisé dans l’écologie, ACTeon

Tout cela est un bricolage: au lieu d’avoir un véritable organisme, avec des gens responsables devant rendre des comptes et ayant un pouvoir de décision, on a des contrats signés de-ci de-là et des exigences abstraites.

Jean-Paul Bastian, président de la Chambre de l’Agriculture d’Alsace (12000 exploitations), a affirmé que pour aider les grands hamsters à s’alimenter, une partie des champs serait consacrée à ce qu’ils mangent: « Sur une surface de 100 hectares (cultivés), l’objectif est d’atteindre 25 hectares de luzerne ou de blé sur cinq ans« .

Mais en même temps, fin 2013, il y a eu la reconnaissance par la préfecture du projet de rocade autoroutière de contournement de Strasbourg, appelé « Grand Contournement ouest ».

C’est inévitable: sans pouvoir de décision réel fondé sur une démarche authentiquement écologiste, on n’a que du bricolage pour compenser, avec une logique administrative coupée des valeurs qui devraient être mises en avant, avec le respect et la reconnaissance de la Nature comme un « tout ».

Le projet ALISTER c’est aussi, voire surtout, une sorte de construction administrative au milieu d’une logique globale d’urbanisation, une démarche d’apprenti-sorcier où des gens vont s’imaginer « élever » des grands hamsters pour « aider » la Nature…

Les « cochons tirelires »

Nous connaissons tous et toutes les tirelires en forme de cochons, bien souvent sympathiques et plutôt rigolos. Malheureusement, si on y pense, cette histoire de cochon-tirelire révèle une idéologie utilitariste très critiquable…

On peut lire ici et là que l’association entre cochon et tirelire viendrait de l’anglais, plus précisément du moyen-anglais, où le terme « pygg » signifie argile, matière de la tirelire. En pratique bien évidemment ce qui est en fait vrai, c’est que le cochon est associé à la richesse, dans la culture paysanne.

Le cochon est nourri de restes donc il ne coûte pas cher, il a de nombreux descendants et surtout, une fois « engraissé » suffisamment, on le tue et on le mange en hiver. La tirelire qui « grossit » en quelque sorte est l’équivalent direct de ce cochon qu’on assassine une fois qu’il est assez gros, et preuve en est que normalement, on est obligé de casser la tirelire, de la même manière qu’on tue le cochon.

Aujourd’hui pourtant les « cochons tirelires » ont une ouverture permettant de récupérer l’argent, on n’est plus obligé de le casser, et la tradition paysanne n’est devenue qu’une lointaine mythologie. Peut-on donc considérer qu’avoir ou offrir une tirelire en forme de cochon est acceptable ? On rejoint ici la question de la représentation d’animaux associée à quelque chose d’utile ; normalement, c’est fondamentalement critiquable.

Pour ajouter à la complexité, dans certains pays le cochon est un porte-bonheur, ainsi dans les pays germaniques on offre un petit cochon de quelque centimètres comme symbole de « richesse » pour la nouvelle année. Ici encore on retrouve l’idée du cochon symbole d’animal engraissé et source de richesse. En même temps, il y a l’idée du cochon sympa et mignon.

Difficile d’y voir clair, par conséquent (même si bien entendu il y en a beaucoup pour trouver très moche et inutile ces tirelires cochons, le problème étant alors réglé). En tout cas cela montre encore une fois que pour le véganisme avance, la question de la culture est fondamentale. On ne peut pas échapper au fait de se confronter à la question de la représentation des animaux.

Un cheval à bascule, par exemple, est absolument inacceptable, de par ce qu’il représente, ce qu’il sous-entend. Le cochon-tirelire qu’il faut casser est également inacceptable, car il se rapporte directement au cochon « engraissé » et tué. Mais qu’en est-il du cochon-tirelire « moderne » ? Est-il quelque chose d’intégré dans quelque chose de différent, ou bien une trace du passé à supprimer ?

Youth of today / Positive outlook

Voici les paroles de la chanson classique et éponyme de Youth of today, qui a profondément marqué une frange de la jeunesse dans la seconde moitié des années 1980. Il y a également les paroles de la chanson « Positive outlook », afin de bien préciser le sens de la démarche straight edge.

En effet, celle-ci se fonde sur le respect de soi-même et des autres, afin de rechercher des perspectives constructives et donc en rupture avec les « facilités » des fausses promesses des drogues, de l’alcool ou de la sexualité comme fin en soi.

La démarche propre au straight edge est donc essentiellement positive, son exigence est celle propre à une bataille sur soi-même pour vaincre ses mauvaises habitudes, et à une bataille culturelle pour ne pas céder au cynisme dans une société qui célèbre les comportements les plus individualistes.

Devenir straight edge a ainsi un sens pour soi, car cela marque le respect de soi-même et de sa personnalité, on ne veut pas que celle-ci soit déformée par les drogues, l’alcool, les mensonges notamment par rapport aux sentiments. Mais c’est aussi quelque chose qui a du sens comme acte militant dans la société : on montre l’importance des valeurs qui ne sont pas dominantes mais qui devraient. Cela n’a l’air de rien, mais ne pas boire de l’alcool dans une soirée est en soi déjà un acte militant, un appel à admettre sa propre personnalité et à ne pas accepter la démarche de fuir dans les paradis artificiels !

Youth of today (jeunesse d’aujourd’hui)

The kids will make it happen
we’re starting a new way
people
in the world today
Les jeunes vont y arriver
nous commençons une nouvelle façon
les gens
dans le monde d’aujourd’hui

physically strong
morally straight
positive youth
we’re the youth of today
fort physiquement
moralement droit
jeunesse positive
nous sommes la jeunesse d’aujourd’hui

never fight each other
use our heads before our fists
then we’ll kick down all the barriers
of hate and prejudice
ne vous bagarrez jamais
utilisons nos têtes avant nos poings
alors nous mettrons à bas toutes les barrières
de la haine et des préjugés

live fast die young was just a fad,
for a bunch of losers
who didn’t take care.
vivre vite mourir jeune était juste une mode,
pour un groupe de perdants
qui n’a pas pris soin.

i’m gonna live my life,
breath every breath,
look towards the future
and move straight ahead.
Je vais vivre ma vie,
respirer chaque souffle,
regarder vers l’avenir
et aller de l’avant.

Positive outlook (Vision positive)

Through the clouds i see the light
my conscience tells me
what’s wrong and right
A travers les nuages je vois la lumière
ma conscience me dit
ce qui est incorrect et correct

morals and goals deep inside
a bunch of feelings i can’t hide,
but that’s me
it’s the way i live
my outlook on life is positive!
la morale et des objectifs, profondément à l’intérieur
un paquet de sentiments que je ne peux pas cacher,
mais c’est moi
c’est la façon dont je vis
mon regard sur la vie est positif!

so what should i hide
or try to conceal
all of these feelings
that i feel
like to sit and talk about them
i want to stand and shout them!!
que devrais-je cacher
ou essayer de dissimuler
tous ces sentiments
que je ressens
J’aime m’asseoir et en parler
je veux me lever et les crier !

« Merci le peuplier »

Sous le mot d’ordre « Veut-on du camembert dans des boîtes en plastique ? », une campagne a été lancée la semaine dernière en faveur de la « production » de peupliers. Comme le disait hier le quotidien Le Figaro dans un article avec le titre racoleur « Le manque de peupliers menace les boîtes de camembert » :

Des boîtes de camembert, des bourriches d’huîtres ou des cageots de fruits… en plastique! Inimaginable au royaume de la gastronomie. C’est pourtant ce qui risque d’arriver en France si les propriétaires forestiers ou les agriculteurs ne plantent pas deux fois plus de peupliers.

«Avec 650 000 plants par an, nous risquons la pénurie en 2020. Seule la moitié des besoins de l’industrie seront couverts, prévient Éric Vandromme, pépiniériste à Bury, dans l’Oise, et président du Conseil national du peuplier. Nous serons obligés d’importer des peupliers, alors que nous en exportons, notamment en Italie, qui a délaissé ses plantations.»

Il y a ainsi la constitution d’une charte intitulée « merci le peuplier ! », qui entend promouvoir la production de peupliers, et cela financièrement.

Sur le site « Forêt privée française », qui est le « portail des forestiers privées », on lit la présentation suivante de l’initiative :

Cette charte détonne dans le paysage français : ce sont les entreprises elles-mêmes qui ont décidé d’agir pour l’avenir en créant la charte et en participant financièrement aux travaux de reboisement des propriétaires.

Concrètement, ils proposent aux propriétaires, au moment où ils achètent le bois, de signer une convention : le propriétaire s’engage à reboiser, et une fois la replantation réalisée l’acheteur du bois lui remettra 2.50 € par tige replantée. Cela représente près de 500 €/ha.

Pour Emmanuel Naudin, délégué national pour Merci le Peuplier, cette charte est une formidable opportunité :
« Face à l’importance du non-reboisement, seule une action cohérente et collective peut renverser cette tendance.

D’ailleurs la plupart des entreprises et professionnels que j’ai pu rencontrer comprennent l’intérêt de l’opération et en apprécient la simplicité. Même si cela représente une charge financière supplémentaire, nombreux ont hâte de pouvoir adhérer car c’est se donner une chance d’ouvrir les portes de l’avenir. C’est aussi ça la gestion durable : replanter pour disposer d’une ressource renouvelable locale. »

Il y a ici beaucoup de choses à dire, mais une surtout : ce qu’on voit ici, c’est que ce sont les entreprises qui décident de ce à quoi doit ressembler la Nature en France.

S’ils décident de faire en sorte que l’on passe de 650 000 à 1,5 million de peupliers, alors c’est ce qui se fera. Cela est en fait valable pour absolument toute la production agricole, pour toutes les forêts en général : ce sont les propriétaires qui décident, de manière individuelle, selon leurs intérêts.

Cela n’est évidemment nullement juste, c’est totalement intolérable. Il n’y a ici aucune démocratie, aucun respect de quelconque valeurs, à part celle du profit. Il n’y aucune prise en considération de l’environnement en général, des équilibres, des animaux qui sont liés aux végétaux, etc.

Il est important de voir qu’il y a bien des décisions prises, des choix effectués selon des critères très précis. Il ne faut pas se dire que les choses se font d’elles-mêmes, ou bien que l’État gère quelque chose, qu’il s’occupe d’arrondir les angles, etc. Non, dans les faits, la Nature subit totalement les assauts de gens décidant uniquement selon leurs intérêts.

Quand on regarde une forêt, en France, il faut toujours avoir en tête que, malheureusement, celle-ci est gérée comme une marchandise… Quand on regarde une forêt, il faut malheureusement toujours savoir que celle-ci est analysée sous toutes ses coutures par des gens qui entendent la gérer sans aucune reconnaissance de ce qu’elle est ou de qui elle abrite…

La forêt, les arbres, ne sont que des données statistiques pour des activités économiques visant le profit. Il n’y a ici aucun frein, d’ailleurs par principe impossible. Soit en effet on reconnaît à la Nature une valeur en soi, soit on bascule forcément dans l’utilitarisme qui, alors, justifie toutes les activités humaines quelles qu’elles soient.

Ce qui est nécessaire, c’est une reconnaissance de la Nature, l’acceptation de la vie comme réalité multiple ayant une base commune, formant un tout. Ce n’est qu’à ce prix – qui est celui de la liquidation de l’anthropocentrisme – qu’on pourra considérer l’arbre comme relevant d’un ensemble, comme la forêt étant lié aux êtres vivants qui y vivent…

« les larmes coulaient de mes yeux, c’étaient ses larmes »

« Ah ! ma petite Sonia, j’ai éprouvé ici une douleur aiguë. Dans la cour où je me promène arrivent tous les jours des véhicules militaires bondés de sacs, de vielles vareuses de soldats et de chemises souvent tachées de sang…

On les décharge ici avant de les répartir dans les cellules où les prisonnières les raccomodent, puis on les recharge sur la voiture pour les livrer à l’armée.

Il y a quelques jours arriva un de ces véhicules tiré non par des chevaux, mais par des buffles. C’était la première fois que je voyais ces animaux de près.

Leur carrure est plus puissante et plus large que celle de nos boeufs ; ils ont le crâne aplati et des cornes recourbées et basses ; ce qui fait ressembler leur tête toute noire avec deux grands yeux doux plutôt à celle des moutons de chez nous.

Il sont originaires de Roumanie et constituent un butin de guerre…

Les soldats qui conduisent l’attelage racontent qu’il a été très difficile de capturer ces animaux qui vivaient à l’état sauvage et plus difficile encore de les dresser à traîner des fardeaux.

Ces bêtes habituées à vivre en liberté, on les a terriblement maltraitées jusquà ce qu’elles comprennent qu’elles ont perdu la guerre : l’expression vae victis s’applique même à ces animaux… une centaine de ces bêtes se trouveraient en ce moment rien qu’à Breslau.

En plus des coups, eux qui étaient habitués aux grasses pâtures de Roumanie n’ont pour nourriture que du fourrage de mauvaise qualité et en quantité tout à fait insuffisante.

On les fait travailler sans répit, on leur fait traîner toutes sortes de chariots et à ce régime ils ne font pas long feu.

Il y a quelques jours, donc, un de ces véhicules chargés de sacs entra dans la cour. Le chargement était si lourd et il y avait tant de sacs empilés que les buffles n’arrivaient pas à franchir le seuil du porche.

Le soldat qui les accompagnait, un type brutal, se mit à les frapper si violemment du manche de son fouet que la gardienne de prison indignée lui demanda s’il n’avait pas pitié des bêtes.

« Et nous autres, qui donc a pitié de nous ? » répondit-il, un sourire mauvais aux lèvres, sur quoi il se remit à taper de plus belle…

Enfin les bêtes donnèrent un coup de collier et réussirent à franchir l’obstacle, mais l’une d’elle saignait…

Sonitchka, chez le buffle l’épaisseur du cuir est devenue proverbiale, et pourtant la peau avait éclaté. Pendant qu’on déchargeait la voiture, les bêtes restaient immobiles, totalement épuisées, et l’un des buffles, celui qui saignait, regardait droit devant lui avec, sur son visage sombre et ses yeux noirs et doux, un air d’enfant en pleurs.

C’était exactement l’expression d’un enfant qu’on vient de punir durement et qui ne sait pour quel motif et pourquoi, qui ne sait comment échapper à la souffrance et à cette force brutale…

J’étais devant lui, l’animal me regardait, les larmes coulaient de mes yeux, c’étaient ses larmes.

Il n’est pas possible, devant la douleur d’un frère chéri, d’être secouée de sanglots plus douloureux que je ne l’étais dans mon impuissance devant cette souffrance muette.

Qu’ils étaient loin les pâturages de Roumanie, ces pâturages verts, gras et libres, qu’ils étaient inaccessibles, perdus à jamais.

Comme là-bas tout – le soleil levant, les beaux cris des oiseaux ou l’appel mélodieux des pâtres – comme tout était différent.

Et ici cette ville étrangère, horrible, l’étable étouffante, le foin écœurant et moisi mélangé de paille pourrie, ces hommes inconnus et terribles et les coups, le sang ruisselant de la plaie ouverte…

Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous sommes là tous deux aussi impuissants, aussi hébétés l’un que l’autre, et notre peine, notre impuissance, notre nostalgie font de nous un seul être.

Pendant ce temps, les prisonniers s’affairaient autour du chariot, déchargeant de lourds ballots et les portant dans le bâtiment.

Quant au soldat, il enfonça les deux mains dans les poches de son pantalon, se mit à arpenter la cour à grandes enjambées, un sourire aux lèvres, en sifflotant une rengaine qui traîne les rues.

Et devant mes yeux je vis passer la guerre dans toute sa splendeur… »

(Rosa Luxembourg, « Écrits de prison »)

Ten yard fight: drug free nation

Le groupe de musique « Ten Yard Fight » a existé au milieu des années 1990 aux États-Unis, faisant partie du « renouveau » de la scène straight edge après la vague fondatrice de 1988.

Leur chanson « Drug free nation » est un classique du genre, la voici. Pour comprendre cependant comment le mouvement a alors été populaire aux Etats-Unis, et pour saisir ainsi le sens précis de la chanson, quelques précisions s’imposent.

Le nom du groupe fait allusion à la bataille pour les dix yard, c’est-à-dire les dix mètres que, au football américain, chaque équipe tente de parcourir en quatre tentatives (ensuite c’est au tour de l’autre en cas d’échec).

Le football américain est extrêmement populaire, mais peu pratiqué. C’est pour cela que les allusions au banc, à la balle, etc. ne sont pas tant des appels aux sportifs qu’aux gens appréciant ce sport en général, en utilisant des métaphores parlantes et compréhensibles.

We’ve…had…enough of your bullshit and your putting us down.
Our team is rising up and we’re going to surround.
Nous… en avons… assez des tes conneries et du fait d’être rabaissé.
Notre équipe grandit et nous allons tout encercler.

Your lies and deceit and discrimination,
it’s time to unite as one drug free nation!
Vos mensonges et tromperies et discrimination,
il est temps de s’unir comme une seule nation sans drogue!

Get a grip on yourself, or you’ll never leave the bench.
Use and abuse of drugs strips your common sense.
Aie une emprise sur toi-même, ou tu ne quitteras jamais le banc,
Utiliser et abuser de drogues te dépouille de ton bon sens.

In the game of life, it’s a must to be a starter,
if you get hit you gotta hit back harder.
Dans le jeu de la vie, c’est un must que d’être au départ,
si tu es frappé, tu dois riposter plus fortement.

There’s no need for all this senseless pain,
it’s easily avoided if you’re true to the game.
Il n’y a pas besoin de toute cette douleur insensée,
C’est facilement évité si tu es fidèle à la partie.

Leave behind your addictions, there’s nothing to fear.
Suit up, grab the ball, put down that beer.
Laissez derrière toi tes dépendances, il n’y a rien à craindre.
Habille-toi, attrape la balle, pose cette bière.