Guy Harlé d’Ophove est une personnalité importante dans le monde des gens qui sont en première ligne pour s’opposer à la libération animale.
Ses propos sont véritablement exemplaires dans leur agressivité, leur aspect dénonciateur.
Nous avions parlé par exemple il y a quelques jours de la faillite du centre de soins Picardie Nature, torpillé par les institutions localement.
Eh bien voici comment, en tant que conseiller régional, Guy Harlé d’Ophove s’était exprimé en avril au sujet des problèmes financiers de Picardie Nature. Il a été élu en étant le numéro trois de la liste de l’UMP Xavier Bertrand :
« Comme l’a dit et écrit Xavier Bertrand dans son projet de candidat à la présidence de la Région, nous allons défendre une écologie de bon sens.
On ne donnera plus de subventions aux projets qui ne mettent pas l’homme au cœur de leur action, ni aux projets qui bloquent les activités économiques, ni à ceux qui mettent la nature sous cloche (…).
Pour sauver un phoque, cela coûte 10 000 euros [en réalité, 2000].
Ne croyez-vous pas qu’il faudrait laisser faire la nature ? Quand l’homme se mêle de protéger une espèce en particulier, il la dérègle.
Parlez-en aux pêcheurs, qui se plaignent du fait que les phoques mangent les poissons. La mort fait partie de la vie. »
« La mort fait partie de la vie », c’est exact, mais quand c’est dit par un ancien élu du Front national au Conseil régional de Picardie qui est en même temps président de la Fédération des chasseurs de l’Oise… il y a de quoi s’inquiéter.
Notons d’ailleurs la description du personnage par le Nouvel Observateur :
« Un cor de chasse retentit dans sa poche. Pantalon de velours côtelé, veste en daim et lunettes Prada, Guy Harlé d’Ophove a une sonnerie de portable qui sied à sa fonction. »
Et voici ce qu’il a tenu comme propos, quelques mois après être élu :
« J’ai pu constater durant les trois premiers mois de mon mandat le manque d’enthousiasme de voir arriver un chasseur aux commandes de l’environnement, a-t-il souligné au micro ce samedi.
Ma première action a été de demander sur quel critère les 12 M€ étaient versés aux organisations écologiques.
Je puis vous assurer que tout cela va changer, et que plus jamais nous ne subventionnerons des associations qui veulent la disparition de la chasse et des chasseurs ».
Cela met l’ambiance et il faut bien voir l’impact de la Fédération des chasseurs de l’Oise, véritable force militante, véritable groupe de pression para-institutionnelle.
Cette « association agréée au titre de la protection de l’environnement de puis 1976 » (sic) regroupe 18 000 chasseurs en 2013, qui a même reçu en 2008 l’agrément de l’Education Nationale pour « former enseignants et scolaires à la nature » !
Guy Harlé d’Ophove possède également une boîte de communication, « Marketing Publicité 2000 », ce qui aide beaucoup pour soigner l’image des chasseurs…
Et si on voit que la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais fusionnent, on voit que cela donne désormais une fédération régionale de 120 000 chasseurs, avec 264 millions de chiffre d’affaires!
Et le nouveau président de la Fédération nationale des chasseurs, élu fin août, est le président de la Fédération du Pas-de-Calais…
On ne s’étonnera pas avec tout ça qu’ait lieu à Compiègne une « fête de la nature et de la chasse« , au Palais Impérial de Compiègne !
Avec même… une promotion de la chasse à courre ! Et malheur aux opposants, qui subissent alors la vindicte populiste et féodale.
Il y a en effet un « pique-nique végétarien » qui s’organise en opposition à cette « fête » ; elle a déjà eu lieu il y a deux ans et elle recommence cette année, (demain par ailleurs). Voici ce qu’en pense Guy Harlé d’Ophove dans le Courrier Picard :
« À chaque fois, ces détracteurs instrumentalisent notre fête de la chasse et de la nature.
On n’entend pas parler d’eux pendant deux ans et ils viennent ce jour-là, à 15, de Paris, de droite et de gauche, pour brouter leur salade.
De notre côté, ce sont des efforts énormes d’organisation, 200 stands proposés, 30 000 visiteurs accueillis… Ce sont des coucous !
Et ils bénéficient d’une même couverture médiatique. Je suis un peu dépité.
D’autant que les mots d’ordre de certains – qui invitent aux sabotages, sur le site picardiepopulaire.net – confinent à l’appel à la violence.
Le local de la fédération a déjà été saccagé, j’ai reçu des menaces de mort. »
Des gens – forcément pour lui extérieur à son fief – viennent « brouter de la salade » et le déranger : quelle infamie, c’est du terrorisme !
Il est vrai cependant que l’ALF a saccagé le siège des chasseurs de l’Oise, en février 2015. Mais on peut voir aisément qui est puissant et agressif, qui tente d’exercer une pression anti-démocratique en passant en force à tous les niveaux pour empêcher tout débat…
Il ne faut pas sous-estimer son coup de pression et d’intimidation face aux opposants, car l’ambiance est tellement électrique que l’organisateur du pique-nique végétarien, Bruno Guillemin d’EELV, capitule lui-même ouvertement. Voici ses propos, toujours dans le Courrier Picard :
« Notre manifestation n’est pas contre la chasse, mais se veut d’abord la promotion d’une alimentation responsable. Nous militons pour une meilleure réglementation des élevages, des conditions d’abattage… »
Voilà qui est absurde : face à l’appropriation de la Nature par la chasse, il faut être au contraire très clair : la chasse doit être interdite, en premier lieu la chasse à courre qui relève d’une barbarie sans nom.
C’est une question de vision du monde, de manière de voir la Nature. Il suffit de voir comment Guy Harlé d’Ophove, par exemple un de ses éditoriaux à destination des chasseurs de l’Oise :
« Dans la Nature ce qui est vrai aujourd’hui, ne le sera pas demain mais le redeviendra peut-être dans 10 ans, ainsi va la vraie vie.
D’où la nécessité de laisser faire ceux qui savent faire et de rendre à l’homme rural, qui possède cette qualité, hélas trop peu partagée, le bon sens, la maîtrise de cet ordre naturel.
La normalité n’existe pas dans la nature, ni chez l’homme, tout est unique et interactif, la responsabilité individuelle est la clef de la défense de la biodiversité. »
C’est indubitablement d’un très haut niveau intellectuel, c’est une vraie philosophie, solide, développée, construite. Ce n’en est que pire.
Quand des gens parlent de « l’homme rural » qui aurait « la maîtrise » de « l’ordre naturel », il faut être clair : c’est du pétainisme, c’est l’idéologie de la France de la première partie des années 1940, cela doit être combattu et écrasé.
Face aux gens comme Guy Harlé d’Ophove, dont on voit ici qu’il est le maître d’oeuvre d’une néo-féodalité, il faut une révolution afin de les balayer.
Ces gens ont des armes, s’appuient sur une tradition patriarcale d’une grande brutalité, diffusent une obséquiosité ignoble en faveur des élites locales, le tout dans une opacité anti-démocratique par ailleurs agressive juridiquement et médiatiquement…
Par exemple, en 2007, le maire d’Avilly-Saint-Léonard (non loin de Chantilly) avait racheté le marais d’Avilly, une zone naturelle de 8 hectares.
Les grands cervidés étaient protégés là-bas… jusqu’à ce que des agriculteurs « victimes » de « ravages » portent plainte contre les chasseurs (qui sont censés « réguler » la Nature!!!) et que ceux-ci portent portent plainte contre la commune et gagnent le procès, en 2011. »
« Avoir des animaux sur son territoire, ce n’est tout de même pas un crime! » s’est plaint alors le maire.
Quant à Guy Harlé d’Ophove, ses propos ont été, comme on le devine, sans équivoques :
« C’est un jugement de portée nationale, se réjouit Guy Harlé d’Ophove. Il fera jurisprudence. Nous attendions cette décision pour lancer d’autres actions en justice dans des cas identique. (…)
C’est aussi une victoire emblématique du monde rural face à la boboisation de la société. (…)
J’espère que les conclusions de ce procès feront prendre conscience à ceux qui veulent créer des Bambiland que les conséquences financières peuvent être désastreuses pour leur budget. »
On reconnaît ici l’esprit de l’intimidation. Le but de ces gens, ultra-réactionnaires, est de torpiller au moyen des institutions, en profitant des valeurs les plus rétrogrades.
D’exercer une telle pression, que personne ne puisse s’opposer…