Sylvia Pinel et la légalisation du cannabis comme « extension du champ des libertés individuelles »

Sylvia Pinel est la présidente du parti radical de gauche, qui va participer aux primaires organisées par le parti socialiste. Au début, elle comptait se présenter directement, mais les sondages lui accordaient 0 % donc elle a décidé d’accepter les primaires rejetées ouvertement auparavant.

Sa ligne est libérale-libertaire mais, naturellement, difficile encore de le dire tel quel. Aussi y a-t-il le thème de la sécurité qui a été saupoudré sur la justification de la légalisation du cannabis…

Voici à quel point c’est mal fait et révélateur d’une sacrée hypocrisie, au moyen de son « projet présidentiel ».

Cela commence donc de la manière suivante :

« Une République forte pour assurer la sécurité de tous.
Notre sécurité est un devoir. Je dégagerai tous les moyens pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation. J’engagerai par ailleurs un combat déterminé contre les réseaux mafieux liés à la drogue par la légalisation encadrée du cannabis. C’est aussi une exigence de santé publique. »

Quand on lit cela, on comprend donc que la légalisation du cannabis est motivée par la lutte contre les mafias.

Cependant, que lit-on un peu plus loin ?

Qu’en fait, la consommation du cannabis serait un « droit ». Pour bien le souligner, c’est mis côte à côte avec d’autres « droits » considérés comme « nouveaux » à obtenir…

« INSTITUER DE NOUVEAUX DROITS

Le droit de mourir dans la dignité
La possibilité pour toutes les femmes de recourir à la PMA sans conditions
Le droit de vote pour les étrangers résidents en situation régulière
La légalisation de l’usage du cannabis, sous contrôle de l’État »

La contradiction est ici totalement évidente. Et comme le « projet présidentiel » fait 54 pages, il a fallu bien aborder cela.

Voici comment Sylvia Pinel tente de s’en sortir, au prix de multiples contorsions :

« La légalisation du cannabis, que je propose, ne doit pas être seulement regardée comme un élément d’extension du champ des libertés individuelles. Elle doit également s’analyser comme un moyen efficace de lutte contre les réseaux de trafic et la délinquance organisée.

La légalisation du cannabis devra s’accompagner de mesures destinées à prévenir les usages nuisibles à la santé, comme à la sécurité : Les ventes seront contrôlées par l’État sur le modèle de la commercialisation d’alcool.

Le cannabis sera en accès libre dans les pharmacies. Le prix d’achat sera calibré. Il devra être suffisamment élevé pour ne pas encourager les ventes, mais suffisamment bas pour prévenir le développement de réseaux souterrains.

Les sanctions contre l’usage de cannabis au volant seront fortes et les contrôles plus fréquents. Les tests salivaires pourraient être systématiquement effectués lors des contrôles. Des contrôles stricts seront effectués sur la qualité de ces produits pour répondre à la problématique de santé publique que posent les substances actuelles. Les risques en seront atténués.

J’ajoute que l’intervention de l’Etat dans le dispositif de production, de commercialisation et de contrôle du cannabis génèrera de nouvelles recettes publiques, de l’ordre de 2 milliards d’euros. »

On l’aura compris : l’argument des recettes publiques est censé justifier le tout.

La lutte contre les mafias est bien ce qui est secondaire par rapport à ce qui est bien défini comme une « extension du champ des libertés individuelles ».

Un peu plus loin, on trouve toutefois ce petit rappel :

« Légaliser l’usage du cannabis Pour être pleinement comprise, cette mesure de libéralisation doit être mise en rapport avec la politique de sécurité intérieure (voir ci-dessus). »

C’est là que toute l’hypocrisie se révèle : l’argument anti-mafias est juste censé rassurer, donner un justificatif social positif à quelque chose qui doit être considéré pour ce que c’est, à savoir une véritable régression !

Légalisation du cannabis aux États-Unis et banalisation

C’est une information intéressante diffusée par La Dépêche :

« La consommation de cannabis des 13-14 ans et 15-16 ans aurait augmenté respectivement de 2% et 4% dans l’État de Washington depuis la loi de 2015 autorisant l’utilisation récréative de la substance, selon des chercheurs de l’université de Californie à Davis (UC Davis) et de l’université de Columbia.

D’après cette étude, menée auprès de 254.000 adolescents dans l’État de Washington et le Colorado, la perception négative du cannabis a chuté de 14% et de 16% depuis la légalisation auprès des mêmes catégories d’âge. »

Dans d’autres médias, on peut trouver des informations expliquant plus moins le contraire.

Cependant, dans tous les cas, on peut partir du principe suivant : un bien de consommation légalement disponible perd de facto toute perception négative.

Nous vivons en effet dans une société de consommation : si le marché le propose, c’est que c’est acceptable. C’est bien pour cela que les gens achètent de la viande. Ils ne sont pas « spécistes », mais simplement consommateurs.

Cela ne veut d’ailleurs pas dire qu’il faille les convaincre de « consommer » différemment, car on ne combat pas l’aliénation en tentant de la dévier. Culturellement, les gens mangeant du simili-carné, selon nous, reviendront au carné (ou bien romprons avec le simili-carné).

Il faut envisager les choses comme producteur, pour un monde entièrement différent. C’est une approche universelle.

Le cannabis, s’il était vraiment quelque chose de positif, serait d’ailleurs mis en avant comme universel, devant être assumé par l’État au service de la société.

Ce n’est pas du tout ce qui arrive : c’est sous la forme du libéralisme le plus mercantile que le cannabis est valorisé.

Et, par définition dans notre société, ce qui est valorisé économiquement est valorisé culturellement. Si le cannabis devient une marchandise, alors il a une valeur en tant que telle.

Il participe à l’ensemble de l’économie, il devient un bien comme un autre.

Donc il devient banal pour les jeunes générations n’ayant pas de recul et partant de là, cette drogue s’installe.

C’est une raison pour laquelle les personnes plus âgées doivent absolument assumer leur responsabilité envers la jeunesse et réfuter toute banalisation du cannabis.

Plus le cannabis aura l’air de pouvoir être légalisé, plus il se banalisera, plus il sera présent dans la vie quotidienne. Ce qui renforcera le mouvement en faveur de la légalisation, formant un cercle vicieux.

A quoi il faut opposer le cercle vertueux : respect de soi même – refus de la dépendance – opposition au cannabis – refus de toutes les drogues.

Refuser franchement le cannabis

« La légalisation du cannabis, enjeu inattendu de la primaire à gauche » dit l’Express : c’est faux et nos articles ont l’utilité de tracer le parcours de la grande opération qui a lieu depuis plusieurs mois en faveur de cette légalisation.

Car l’affaire est entendue : le cannabis va devenir l’un des grands thèmes « mobilisateurs » à gauche. C’est une catastrophe, parce que cela signifie qu’il ne s’agit plus du tout de changer le monde, mais au mieux de le gérer.

Et c’est vrai pour cinq des sept candidats à la primaire à gauche, à quoi s’ajoute Jean-Luc Mélenchon, ainsi qu’Emmanuel Macron si jamais on le classe à gauche.

On le savait déjà, toutefois, que la gauche était devenue une sorte de gestionnaire social du capitalisme, mais la question du cannabis fait que là les choses sont vraiment visibles : quand on capitule devant la drogue, alors cela veut dire qu’on est prêt à tout accepter, qu’on a plus aucun idéal.

Il appartient aux gens qui ont une conscience sociale de réagir, et de sortir d’un piège.

En effet, il ne s’agit plus ici d’être sympathique individuellement, tolérant ou libéral et de dire qu’une personne qui fume par-ci par-là, après tout cela n’est pas grave. La question va bien plus loin, elle concerne la définition même de ce que peut être une vie heureuse, une vie sans dépendance.

Car le cannabis signifie à la fois la dépendance et la fuite vers un paradis artificiel. Et l’enfer est pavé de bonnes intentions : sous prétexte de dire qu’après tout, fumer du cannabis ne cause pas de préjudice à autrui, que ce n’est pas si toxique, on rentre dans l’engrenage d’accepter le cannabis en tant que tel.

Pourtant, il est évident qu’il faut bien mettre une limite. Et au moins la question de la légalisation du cannabis a le mérité d’apporter de la clarté en ce domaine.

Il faut arrêter la tolérance et le fait d’imaginer qu’on serait un rabat-joie si on se dénonce le cannabis, au lieu de se contenter de se mettre à l’écart. Il faut de l’intervention ! Il faut de la dénonciation !

Cela ne veut pas dire qu’il faille faire cela n’importe comment, mais c’est impératif ! Sans cela, non seulement le cannabis va être légalisé, mais en plus la principale forme d’opposition à cela va consister en les religieux et les conservateurs.

Étant donné que le nombre de personnes qui consomme du cannabis en France est très important, on a ici un thème vraiment essentiel du débat public.

Les gens vont en parler, les gens vont en débattre, il va y avoir beaucoup de discussions et il faut que les gens conscients s’arment d’arguments et d’éléments culturels pour dire non au cannabis, pour refuser sa reconnaissance légale.

L’humanité a besoin d’avoir la tête claire, libre de drogues, en étant joyeuse en profitant de la vie, dans la reconnaissance de la Nature. Pourquoi fuir une réalité qui pourrait être tout à fait différente ?

Comme si d’ailleurs fuir était possible ! La drogue, toute drogue y compris le cannabis, ne signifie rien d’autre que l’auto-destruction, la mise en parenthèse de ses propres exigences.

L’ivresse du cannabis est un abrutissement, un écrasement de sa propre personnalité.

Alors qu’il faut épanouir sa personnalité, ce qui passe déjà par le respect de soi !

Et cela veut dire refuser franchement le cannabis.

Cannabis au Canada : les mesures pour « minimiser les dangers »

Le Canada a rendu public un « cadre pour la légalisation et la réglementation du cannabis au Canada », en tant que « rapport final du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis ».

C’est un document très long, dont voici un passage nous concernant, puisque de nombreuses personnalités politiques, dans notre pays, se sont prononcées en faveur de la légalisation.

Il s’agit des mesures de sécurité visant à encadrer un produit censé être inoffensif… Et on s’aperçoit ici qu’il va y avoir toute une réglementation permettant d’épauler la naissance de ce nouveau marché du cannabis.

On est ici dans un processus très complexe, mêlant drogues et capitalisme, avec un objectif très clair : bien encadrer dès le départ, pour empêcher par la suite tout recul concernant la légalisation…

Afin de minimiser les dangers, le Groupe de travail recommande au gouvernement fédéral ce qui suit :

Établir un âge minimum national à 18 ans pour l’achat, en reconnaissant le droit des provinces et des territoires de l’harmoniser avec leur âge minimum pour l’achat d’alcool
Appliquer des restrictions exhaustives à la publicité et la promotion du cannabis et de marchandises connexes par quelque moyen que ce soit, y compris par parrainage, par endossement et par valorisation de la marque, comme pour les restrictions sur la promotion des produits de tabac
Permettre une promotion limitée dans des endroits qui sont accessibles aux adultes, semblable aux restrictions sous la Loi sur le tabac
Exiger un emballage simple pour les produits de cannabis qui permet les renseignements suivants sur les emballages : le nom de la compagnie, le nom de la souche, le prix, les teneurs en delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et en cannabidiol (CBD), et les avertissements ainsi que d’autres exigences en matière d’étiquetage
Imposer des sanctions strictes sur les promotions fausses ou trompeuses, ainsi que les promotions qui encouragent la consommation excessive, lorsque la promotion est permise
Exiger que toutes les allégations thérapeutiques faites dans la publicité soient conformes à la loi applicable
Fournir des ressources et permettre la détection et l’application en cas de violations des restrictions en matière de publicité et de marketing, y compris par l’entremise de médias traditionnels et sociaux
Interdire tout produit jugé attrayant pour les enfants, y compris les produits qui ressemblent ou qui imitent des aliments familiers, dont l’emballage ressemble à celui de bonbons ou qui sont de couleur vive ou avec des personnages de dessins animés ou d’autres dessins ou images qui attireraient les enfants
Exiger un emballage opaque, refermable, à l’épreuve des enfants ou protège-enfants, en vue de limiter l’accès des enfants à tout produit à base de cannabis
De plus, en ce qui concerne les produits comestibles :Mettre en œuvre l’emballage avec une portion individuelle standardisée, avec un symbole universel de THC
Fixer une quantité maximale de THC par portion et par produit
Interdire les produits mélangés, par exemple les boissons alcoolisées infusées au cannabis ou les produits à base de cannabis avec du tabac, de la nicotine ou de la caféine
Exiger un étiquetage approprié sur les produits à base de cannabis, incluant ce qui suit :Étiquette avec un texte de mise en garde (p. ex. « TENIR HORS DE LA PORTÉE DES ENFANTS »)
Degrés de THC et de CBD
Pour les produits comestibles, les exigences en matière d’étiquetage qui s’appliquent aux produits alimentaires et aux boissons
Créer un cadre législatif souple qui pourrait être adapté à de nouvelles preuves sur des types de produits particuliers, sur l’utilisation d’additifs ou d’édulcorants ou sur la précision de limites de THC ou d’autres composantes
Assurer la surveillance réglementaire des concentrés de cannabis afin de réduire au minimum les risques associés à la production illicite
Élaborer des stratégies pour encourager la consommation de cannabis moins puissant, y compris un régime de prix et fiscal fondé sur la puissance pour décourager l’achat de produits très puissants
Exiger que tous les produits de cannabis comprennent des étiquettes identifiant les teneurs en THC et en CBD
Permettre un cadre législatif souple qui pourrait s’adapter aux nouveaux éléments de preuve afin de fixer des règles pour les limites de THC ou d’autres composants
Élaborer et mettre en œuvre des stratégies factuelles d’éducation du public pour informer les Canadiens sur les risques liés à la consommation problématique et pour fournir une orientation sur la consommation à risque plus faible
Effectuer l’analyse économique nécessaire en vue d’établir une approche fiscale et de prix qui établit un équilibre entre la protection de la santé et le but de réduire le marché illicite
Collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour déterminer un régime fiscal qui inclut la répartition équitable des recettes
Créer un système souple qui peut adapter les approches fiscales et de prix aux changements qui surviennent dans le marché
S’engager à utiliser certaines recettes provenant du cannabis comme source de financement pour l’administration, l’éducation, la recherche et l’application de la loi
Concevoir un régime fiscal fondé sur la puissance du THC pour décourager l’achat de produits très puissants
Mettre en œuvre dès que possible une campagne d’information du public fondée sur des données probantes, visant l’ensemble de la population, mais qui met l’accent sur les jeunes, les parents et les populations vulnérables
Coordonner les messages avec les partenaires provinciaux et territoriaux
Adapter les messages éducatifs en fonction de l’évolution des éléments de preuve et de la compréhension des risques pour la santé, en travaillant avec les partenaires provinciaux et territoriaux
Faciliter et surveiller les activités continues de recherche sur le cannabis et l’affaiblissement des facultés, en tenant compte des incidences sur les politiques en matière de santé et de sécurité au travail
Travailler avec les organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux existants pour mieux comprendre les problèmes potentiels de santé et de sécurité au travail liés à l’affaiblissement des facultés par le cannabis
Collaborer avec les provinces, les territoires, les employeurs et les représentants syndicaux pour faciliter l’élaboration de politiques sur facultés affaiblies au travail

« Le cannabis, ce nouveau fléau du bâtiment »

Les partisans du cannabis ont su faire en sorte que l’aspect récréatif soit le seul pris en compte. Le cannabis serait une sorte de passe-temps, l’équivalent d’une bière, d’une cigarette, etc.

Or, son inscription dans la vie quotidienne signifie également son intégration dans le temps de travail. Europe 1 a mené un vrai travail d’enquête, donnant comme titre à l’article : « Le cannabis, ce nouveau fléau du bâtiment ».

Ce sont les entreprises du bâtiment qui sont en panique :

La consommation de cannabis est un véritable casse-tête pour les chefs d’entreprises du bâtiment. Ils se disent démunis face à une consommation dont les conséquences peuvent être dramatiques.

Pendant des années le secteur du bâtiment s’est battu contre l’alcoolisme sur les chantiers. Aujourd’hui il lutte aussi contre le cannabis.

Le sujet reste très tabou, alors que s’ouvre la deuxième journée nationale de la prévention des conduites addictives en milieu professionnel.Pourtant les risques sont très importants.

Par exemple, après un accident et la mort d’un ouvrier sur un chantier de la région Rhône-Alpes, une enquête a révélé que deux ouvriers, un conducteur de grue et celui chargé d’accrocher une dalle de 300 kilos qui est tombée du haut de la grue, avaient fumé du cannabis.

Il y a en effet deux soucis : quelqu’un qui a fumé ne se repère pas forcément, comparé à quelqu’un de saoul. Ensuite, pour les métiers pénibles comportant des dangers soudains, c’est naturellement très problématique.

Et, comme on peut s’en douter, les gens qui font des métiers pénibles plongent d’autant plus facilement dans les drogues et l’alcool.

La dernière étude sur cannabis et bâtiment remonte à 2010. Selon cette enquête de l’institut national de la prévention, 13% des salariés du bâtiment consomment quotidiennement du cannabis.

C’est quasiment deux fois plus que le reste des actifs.

La fédération des travaux publics du Languedoc-Roussillon a également mené une enquête locale et les résultats sont « effarants ».

« On s’est rendu compte que quasiment deux salariés sur dix consomment des stupéfiants », constate Olivier Giorgiucci, le président de la fédération.

« C’est dramatique, car on a des chauffeurs de poids lourd, des chauffeurs de grosses pelles. Ce sont des gens qui manipulent des objets qui sont dangereux. »

En cas d’accident grave, retrait de permis, prison et perte d’emploi peuvent survenir. « L’employeur peut se retrouver totalement complice s’il n’a rien fait dans son entreprise pour mettre en place des systèmes de prévention », ajoute Olivier Giorgiucci.

Bon, évidemment, les patrons sont surtout inquiets pour leur mise en cause juridique, surtout que les dépistages passent par un prélèvement salivaire nécessitant un médecin ou une infirmière.

Reste qu’on se doute qu’en général, une personne ayant fumé du cannabis sera dans un état second et que la banalisation du cannabis, surtout qu’elle n’est pas forcément aisée à voir, va produire des situations de dangers très importants.

L’individualisme du libéralisme libertaire sépare l’individu du reste de la société : le fumeur du joint va avec l’image d’une personne « fumant son spliff » sur son canapé.

Sauf que justement, l’individu n’est pas séparé de la société et le cannabis est quelque chose d’anti-naturel, un moyen de fuir la réalité : il est donc présent tout au long du quotidien, comme l’alcool.

Le cannabis va donc inévitablement de pair avec des comportements anti-sociaux, mais aussi avec des actes du quotidien pouvant avoir des conséquences dramatiques pour soi… et pour les autres !

Jean-Luc Mélenchon est pour la légalisation du cannabis car il est contre

Nous le disions à la mi-octobre : Jean-Luc Mélenchon allait faire passer dans son programme la revendication, comme « tombée du ciel » de la légalisation du cannabis.

C’est chose faite, mais de quelle manière !

On savait que les hommes politiques étaient capables de couper les cheveux en quatre, de justifier tout et son contraire, mais là l’exemple est tout de même brutal.

Jean-Luc Mélenchon se prête désormais à des vidéos youtube et il répond aux questions posées par twitter, facebook et mail : une manière de se prétendre moderne et proche du peuple, alors que c’est de la mise en scène sans contenu.

Inévitablement, il y a la question sur le cannabis et Jean-Luc Mélenchon de se lancer dans une fausse colère comme il sait les faire : le cannabis, c’est mal, cela empoisonne le corps, je suis totalement contre, l’impact économique et social d’une légalisation ne l’intéresse pas mais seulement la santé, etc.

Tout cela pour finalement… appeler à la légalisation du cannabis, car on ne pourrait faire campagne contre le cannabis que lorsque celui-ci sera légalisé…

Le passage est à 20 min 20.

La position de Jean-Luc Mélenchon n’est pas nouvelle et c’est cela qui est intéressant justement. Il dit la même chose depuis 2012 et là fait semblant d’avoir « compris quelque chose ».

C’est tout à fait ridicule, mais cela a une fonction très précise : faire passer la pilule de la légalisation du cannabis, qu’aucune personne réellement progressiste ne peut accepter.

Jean-Luc Mélenchon a bien vu que la gauche française est libérale-libertaire, elle est dominée par une culture mélangeant bobos, hipsters et cégétistes, dans un croisement étrange de quinoa et de merguez.

Lui veut ratisser large pour l’élection présidentielle, il n’a pas spécialement de valeurs et encore moins de principes réels, donc selon lui au final autant y aller dans la légalisation…

Et après, Jean-Luc Mélenchon, qui explique qu’il est donc pour la légalisation du cannabis, car il est contre le cannabis, demande qu’on ne le traite pas d’hypocrite pour cela ?

Comment pourtant éviter qu’on ne l’accuse d’hypocrisie ? Les sophistes de l’antiquité grecque sont écrasés, les énarques dépassés ! On a ici un exemple même de schizophrénie et d’absurdité.

Et c’est d’autant plus frappant quand on voit ce que sont censées être les valeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Il prétend s’opposer à l’ultra-libéralisme et il soutient l’une des mesures les plus ultra-libérales qui soit.

Il prétend rétablir l’État, il assume la capitulation complète de celui-ci devant l’existence du cannabis.

Il prétend vouloir une « France insoumise », mais il part du principe que puisque tout le monde fume, on ne pourra rien y changer.

Il prétend ne pas être pareil que les autres hommes politiques, mais fait comme eux : il annonce par en haut des décisions choisies selon ses intérêts électoraux !

Comme quoi on peut imaginer comment François Fillon va triompher comme rouleau compresseur catholique – avec des valeurs, mais mauvaises – contre une « gauche américaine » sans valeurs…

Conférence pro-cannabis dans une université parisienne

Après une petite période de battement, la campagne pour la légalisation du cannabis reprend. Une conférence  intitulée « Comment régulerait-on une économie légale du cannabis en France ?  » va ainsi se tenir demain à l’Université Paris-Diderot.

On remarquera le conditionnel, qui masque le fait qu’en réalité, il s’agit bien entendu de propagande en faveur du cannabis.

La présentation est du même acabit :

En Europe, les Français sont les premiers consommateurs de cannabis malgré des politiques publiques extrêmement répressives. Coûteuse et inadaptée à la réalité des trafics et à la complexité des modes de consommation, la législation actuelle ne fait chuter ni l’offre ni la demande.

Tandis que le débat sur le cannabis a longtemps été centré autour de problématiques liées à la santé et à la sécurité, ce sont désormais ces questions économiques qui concentrent l’attention des chercheurs et des politiques.

Selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies), le marché illicite du cannabis se chiffre à plus de 830 millions d’euros par an, alors que certains pays (Etats-Unis, Uruguay, Portugal, Pays-Bas…) renflouent leurs caisses en taxant la vente de cannabis légal pour financer des politiques sanitaires de prévention, de contrôle de qualité.

Si on part de l’hypothèse selon laquelle la légalisation du cannabis en France (dans son usage aussi bien récréatif que médical) est effective, quelles seraient alors les questions qui se poseraient du point de vue des trafiquants, des institutions publiques et de la société ?

L’État devrait-il s’approprier le marché en monopole public ou bien soumettre ce commerce aux lois du marché ? Quelles seraient les mesures de régulation à mettre en place, notamment dans la qualité du produit devenu légal ?

Comment l’État gèrerait-il les recettes et les coûts engendrés par la légalisation du cannabis ? Comment ce commerce dépénalisé s’insèrerait-il dans la législation européenne ? Comment évolueraient, en France, les zones de marchés et les réseaux illégaux ? Quel impact un marché légal du cannabis aurait sur les trafics des autres drogues considérées comme « dures » ?

L’argent, la qualité, la sécurité, voilà tous les arguments de ces partisans du cannabis et du commerce débridé, de la toute-puissance du marché et de l’individualisme.

Voici d’ailleurs la liste des invités, censés justifier le côté « scientifique » de la conférence qui est un soutien ouvert à la légalisation, profitant du « prestige » universitaire :

– Christian Ben Lakdhar, Economiste de la santé et des addictions
– David Weinberger, Sociologue, Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice
– HYPE, Rappeur et ancien trafiquant
– Sébastien Beguerie, Entrepreneur, PDG de Alpha-CAT
– Stéphane Gatignon, Maire de Sevran
Animation par le journaliste Yérim Sar (VICE, Première)

C’est ici la faillite complète d’une certaine morale éducative. L’université elle-même bafoue le droit, puisque le cannabis et sa promotion sont encore interdits…

C’est l’agonie de toute une prétention à avoir certaines valeurs. Voici d’ailleurs également deux vidéos de Renaud Colson, maître de conférences en sciences criminelles à l’Université de Nantes.

Ces vidéos sont des productions officielles de l’université, et on peut voir le discours d’un professeur fervent partisan de la légalisation du cannabis, qu’il présente comme étant inéluctable, une avancée pour la santé, la sécurité, etc.

Là encore, c’est inégal. Mais l’Etat a décidé d’abdiquer devant l’individualisme. L’heure est au refus de l’universel et de la culture, la mode est aux Donald Trump, aux François Fillon et aux Emmanuel Macron.

La droite française se positionne sur la dépénalisation du cannabis

Prenant comme prétexte le rapport récent de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice sur l’argent de la drogue (nous en parlions ici), Le Figaro s’est lancé dans la question du cannabis.

Son choix est très clair et reflète la stratégie présidentielle de la droite.

Face à la gauche sociétale à l’américaine, le choix est celui d’apparaître comme le garant de l’ordre face au chaos.

C’est très exactement la ligne qui a amené le succès de Donald Trump, de l’extrême-droite en Europe, etc. La droite française voit une brèche, il s’y engouffre… Et on peut être certain que cela va marcher en bonne partie.

Pour les gens, même pour des gens tolérant la « fumette », légaliser le cannabis serait vraiment la démission complète de la culture…

Quand on voit d’ailleurs qu’Arte va diffuser une série en décembre intitulée Cannabis, sur le trafic entre la France et l’Espagne, on voit la décadence entretenue par les libéraux-libertaires…

Voilà comment la droite parvient, malheureusement, à être populaire et avoir à une bonne image.

Voici ce que cela donne sur la page internet du Figaro. Rappelons qu’elle est extrêmement lue, Le Figaro étant d’ailleurs pratiquement le quotidien le plus vendu.

Voici le début du premier article, qui présente un panorama affligeant :

Le trafic de drogue ne cesse de progresser en France, gangrenant de plus en plus de villes et empoisonnant la vie de leurs habitants.

En 2015, les saisies de cannabis ont augmenté de 65% (60,8 tonnes de résine et 16,8 tonnes d’herbe) mais le «marché» criminel reste immense, entretenu par une demande en hausse constante. «Deal» au vu et au su de tout le monde, vandalisme pour détruire les caméras de vidéosurveillance, règlements de compte en pleine agglomération…

Les maires sont aujourd’hui désarmés face à cette explosion de violence. D’autant plus désarmés que la riposte policière n’est pas toujours efficace et que la réponse judiciaire est jugée insuffisante par nombre d’édiles.

Désemparés, les élus sont aujourd’hui partagés. Certains, à gauche surtout mais aussi à droite, prônent la dépénalisation (réduction ou assouplissement des peines prévues par la loi), préférant une amende à une longue procédure. D’autres, plus rares, sont partisans de la fin de la prohibition en «légalisant» le cannabis.

Les derniers, une opinion majoritaire à droite, veulent une répression accrue et surtout une riposte judiciaire plus dure. Dans l’intervalle, le fléau continue ses ravages.

Le message est clair : le cannabis va être un thème de campagne. Puisque la gauche se la joue sociétale et se coupe des gens, et qu’il lui faut concurrencer l’extrême-droite sur le terrain de l’ordre, la droite va se la jouer « dure ».

En expliquant que les partisans d’une telle ligne sont majoritaires à droite, la tendance est officialisée.

Un petit billet de Yves Thréard vient en appui à cette ligne, le voici.

Cycle infernal

La récente attaque au cocktail Molotov de quatre policiers dans l’Essonne a une nouvelle fois braqué les projecteurs de l’actualité sur le trafic de cannabis.

Partout en France, de plus en plus de quartiers vivent au rythme de cette juteuse économie parallèle. Ils sont aux mains de mafias organisées qui imposent leur loi. Régulièrement, des maires, excédés et dépassés, tirent la sonnette d’alarme.

Ainsi, depuis des années, revient le débat sur la légalisation du cannabis ou la dépénalisation de son usage, présentées l’une et l’autre comme de possibles solutions. Et nul doute qu’il se trouvera des candidats à la présidentielle pour le relancer.

La prohibition, disent ses détracteurs, favorise la délinquance sans empêcher la hausse de la consommation. À les écouter, l’État aurait intérêt à mettre la main sur ce commerce. Le trafic diminuerait et la santé des clients serait mieux contrôlée.

Même les finances publiques y gagneraient. Les promoteurs de cette politique tentent d’étayer leur démonstration sur quelques exemples étrangers. Aucun de leurs arguments ne tient la route.

Pas plus que les expérimentations menées ici ou là ne sont convaincantes. Le marché noir du cannabis existera toujours et il serait intolérable que l’État devienne le partenaire commercial des caïds qui le développent…

Les choix sont faits : la gauche libérale-libertaire de François Hollande pense triompher aux présidentielles, au moins en partie, en se positionnant en faveur de la dépénalisation. La droite va se poser en tendance contraire.

Dans tous les cas, les partisans de l’utopie seront perdants, bloqués entre Charybde et Scylla, entre les conservateurs réactionnaires et les libéraux-libertaires.

Hubert-Félix Thiéfaine : « La fille du coupeur de joints »

« La fille du coupeur de joints » est la chanson qui en France a joué un rôle immense dans la valorisation du cannabis. Hubert-Félix Thiéfaine chantait alors une folk poétique délirante plutôt sombre, alternée de chansons décalées.

« La fille du coupeur de joints » appartient à ce dernier type, sur l’album « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir » de 1978.

Or, Hubert Felix Thiefaine n’était pas alors une figure commerciale comme aujourd’hui ; il restait entièrement à l’écart des circuits officiels, tout en ayant un succès très puissant dans la jeunesse « alternative ».

La conséquence en a été une influence massive et mauvaise sur celle-ci. Loin des grandes poses inacessibles  du dandy tourmenté fricotant avec le suicide et les drogues dures, « La fille du coupeur de joints » synthétise par son texte et son approche musicale la figure du gentil je m’en foutiste pseudo-alternatif.

Wikipedia présente la chanson ainsi :

L’une de ses chansons les plus connues, La Fille du coupeur de joints, figurant sur son premier album, traite, sous un aspect enjoué, de l’amour et de la consommation de cannabis. L’imagerie des « consommateurs de substances psychotropes » est un des thèmes récurrents de son œuvre, notamment dans Solexine et Ganja, Exil sur la planète fantôme, Narcisse 81, Cabaret Sainte-Lilith…

Public Ados la présente ainsi :

En 1978, Hubert Félix Thiéfaine en finit avec les maquettes : il sort « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir… ». Ce n’est pas le titre d’une chanson, mais celui de son premier album. Le disque, comme le titre, est difficilement abordable. Mais « La fille du coupeur de joints » qui aborde, de manière légère et festive, la consommation de cannabis, se fait une place sur les ondes.

En voici les paroles.

Elle descendait de la montagne
Sur un chariot chargé de paille
Sur un chariot chargé de foin

La fille du coupeur de joints
La fille du coupeur de joints

Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien

Et nous, on était cinq chômeurs
A s’lamenter sur notre malheur
En se disant qu’on se taperait bien

Elle descendait de la montagne
V’là qu’elle nous voit vers les murailles
Et qu’elle nous fait « Coucou les gens »

Ben, v’là qu’elle nous prend par la taille
Et qu’elle nous emmène sur sa paille
Elle nous fait le coup du zeppelin

Ben nous on était cinq chômeurs
À s’payer une tranche de bonheur
Un’ tranche de tagada tsoin-tsoin

Quand on eut passé la ferraille
Elle nous fit fumer de sa paille
Sacré bon Dieu que c’était bien

Plus question d’chercher du travail
On pédalait dans les nuages
Au milieu des petits lapins

Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien

La fille du coupeur de joints

Voici également une version live avec Tryo et Didier Wampas, Hubert-Félix Thiéfaine ayant décadé à ce niveau. Il a d’ailleurs même essayé d’écrire des chansons pour Johnny Hallyday !

« Les Américains en auront bien besoin »

Voici la carte des Etats-Unis, avec la situation juridique du cannabis dans les différents Etats.

En vert foncé sont indiqués les Etats où le cannabis était déjà légalisé, en vert clair où le cannabis vient d’être légalisé.

En vert sont indiqués les Etats où le cannabis médical est accepté, en gris là où le cannabis est intérieurement interdit. En rouge est indiqué l’Etat où le cannabis n’a pas été légalisé lors du référendum ayant eu lieu en même temps que les élections présidentielles.

Voici également la réaction surréaliste (et illégale) d’Esther Benbassa, grande partisane de tout ce qui est libéral-libertaire.

L’idée d’Esther Benbassa est très simple : le cannabis serait de gauche et cool, le refus du cannabis forcément un conservatisme.

D’où l’exemple de la Californie, bastion du libéralisme libertaire (avec l’industrie de la pornographie notamment).

Regardons les résultats électoraux pour voir si elle dit vrai.

Les quatre Etats ayant légalisé le cannabis sont la Californie, le Massachusetts, le Maine et le Nevada ; celui qui a refusé est l’Arizona.

Quels ont été les résultats dans ces Etats ?

Dans deux Etats, Clinton était largement devant : 61,5 % en Californie, 60,8 % dans le Massachusetts.

Quand on voit cela, la thèse d’Esther Benbassa pourrait apparaître comme correcte.

Mais dans le Maine, Clinton a eu 47,9 % et Trump 45,1.  Dans le Nevada, leurs résultats ont été respectivement de 47,9 % et 45,5 %.

Cela signifie qu’une partie des gens ayant voté Trump ont voté pour la légalisation du cannabis. En Alaska, le cannabis était déjà légalisé, Trump a pourtant gagné.

Dans la tradition de décentralisation libérale, Trump a d’ailleurs expliqué que chaque Etat devait avoir sa position sur le cannabis, que cela ne regardait pas l’Etat central.

Mais est-ce qu’Esther Benbassa n’a pas raison, au fond, d’une certaine manière ? Justement oui, mais pas dans le sens qu’elle pense.

L’Arizona a refusé le cannabis le même jour que les élections présidentielles, et justement là-bas Trump a fait 49,6 %, Clinton 45,3 %.

Ce qui fait qu’on peut renverser la proposition : les gens opposés au cannabis tombent dans les bras de la droite, alors qu’ils ne sont eux-mêmes pas forcément de droite.

La même chose va arriver en France, car seuls Juppé, Le Maire, Sarkozy, etc. c’est-à-dire la droite conservatrice s’oppose au Cannabis, alors que Mélenchon, Macron, Hollande etc. y sont favorables.

Cela ne veut pas dire que la droite conservatrice soit sincère, mais elle joue sur le thème afin de se présenter comme porteur d’une certaine morale, de certaines valeurs.

Il n’est pas bien difficile de voir que tout le succès de Marine Le Pen provient également de là…

La gauche n’a pas de contenus, seulement une tolérance finalement libérale-libertaire, la droite a des valeurs pourries mais, au moins, des valeurs, tout au moins c’est ainsi que les gens raisonnent.

Esther Benbassa a donc tort : le cannabis est tout à fait soluble dans le capitalisme, et la conception comme quoi le cannabis serait un progrès ne fait que servir à renforcer les conservateurs, qui ont beau jeu de dénoncer une décadence à laquelle eux-même participent…

Concluons sur un exemple de cela : on sait que la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France Valérie Pécresse est farouchement anti-cannabis. Elle a même voulu que les lycéens fassent des tests de dépistage.

Or, son fils a été arrêté avec du cannabis en septembre…

La droite conservatrice joue à avoir des valeurs, mais n’en a pas. La lutte contre le cannabis ne peut avoir comme base que la lutte pour une vie naturelle, collective, tournée vers un esprit positif !

La Commission nationale consultative des droits de l’homme et le cannabis comme « droit de l’homme »

Le processus de légalisation du cannabis continue en France. Cette fois, c’est la « Commission nationale consultative des droits de l’homme » qui s’y est mis.

C’est une structure institutionnelle, mais « indépendante », censée servir les pouvoirs publics. Elle vient de publier un document de 108 pages, intitulé « Usage de drogues et droits de l’homme« , appelant dans ce cadre à légaliser le cannabis !

Quelle plaisanterie… Mais bon, on sait comment le capitalisme sait inventer des « droits de l’homme » quand il s’agit d’élargir les possibilités du marché.

Voici ce que cela donne, niveau verbiage et vernis idéologique pour faire passer la légalisation du cannabis :

« Il est urgent de sortir de logiques binaires opposant usager-délinquant et usager-malade, répression et dépénalisation, qui ne fonctionnent pas, pour adopter résolument une approche de la régulation de l’usage de drogues en France fondée sur les droits de l’homme. »

Beau tour de passe-passe pour faire d’une drogue un « droit de l’homme ».

Et nous n’exagérons nullement : la posture libérale-libertaire est entièrement assumée. On lit ainsi page 38 :

« Pour la CNCDH, la liberté individuelle suppose la possibilité de pouvoir faire des choix sur son propre corps et sur son mode de vie, même si ceux-ci sont minoritaires.

Il en va de l’épanouissement de la personne et de son droit à l’autodétermination. « 

La drogue, quel « épanouissement », en effet… En réalité, voilà bien une capitulation entière devant l’individualisme le plus complet et le plus sordide, dans la négation complète de l’universalisme et de la possibilité d’une vie heureuse naturellement.

On est ici dans l’idéologie universitaire à la « queer » faisant l’éloge de n’importe quelle minorité qui, parce qu’elle est minorité, représenterait la subversion, le progrès, etc.

Ce délire fantasmatique touche même aux drogues… C’était bien entendu le cas déjà dans les années 1970, où les comportements marginaux pouvaient être stylisés en rébellion la plus authentique.

Mais, là, c’est un document institutionnel, c’est l’Etat qui parle !

Il est même parlé de la « stigmatisation sociale » des « usagers de drogue »… Comme si la société n’avait pas le droit et le devoir de dénoncer des comportements auto-destructeurs et potentiellement dangereux pour les autres !

Le triomphe du libéralisme libertaire est ici sans limites : interdiction de critiquer quoi que ce soit, car « chacun fait comme il l’entend »…

Et d’ailleurs, on lit même que :

« l’usage de stupéfiants est un délit sans victime »

Phrase d’une philosophie de haute volée…

Voici d’ailleurs une sorte de présentation graphique faite par la Commission nationale consultative des droits de l’homme. On peut difficilement faire pire dans la normalisation du cannabis… A ce niveau, c’est carrément de la propagande.

Naturellement, on retrouve le discours sur la « prévention » : c’est une constante de la propagande en faveur de la légalisation du cannabis.

L’individu aurait le droit de consommer du cannabis, d’être reconnu comme tel, c’est un droit de l’homme, il doit pouvoir être soigné et donc reconnu comme tel…

Une logique libérale implacable, qui conduit l’humanité droit dans le mur.

Le cannabis légalisé dans quatre États américains à coups de millions de dollars

Hier, on n’a pas seulement appris la victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines. Il y avait en effet de nombreuses autres questions juridiques posées dans certains États, dont également celle de la dépénalisation du cannabis.

Les Etats suivants ont ainsi approuvé la légalisation du cannabis :

– la Californie, à autour de 55%. On notera que le Nouvel Observateur donne l’information suivante, très intéressante :

« La campagne pour cette légalisation avait été portée par l’investisseur et fondateur de Napster, Sean Parker, et le milliardaire George Soros, qui avait investi près de 16 millions de dollars. »

C’est là en fait la clef des campagnes pro-cannabis : l’argent a coulé à flot.

Ce que cela donne est alors facile à comprendre : en 2016, la campagne en faveur de la légalisation du cannabis en Californie a reçu 19 821 000 dollars de dons, celle contre a reçu 2 480 015 dollars seulement…

On devine comment le capitalisme a poussé à fond pour la légalisation, précisément d’ailleurs dans cet Etat.

Barack Obama avait déjà annoncé en effet il y a peu que si la Californie supprime l’interdiction, la répression à l’échelle des États-Unis ne serait plus tenable.

La Californie a joué un rôle clef dans la mise en avant d’un capitalisme plus « moderne », libéral libertaire dans tous les domaines…

– le Massachusett, à environ 53%. Les partisans de la légalisation ont récolté 3 585 756 dollars, pratiquement entièrement de groupes pro-légalisation.

Les opposants n’ont récolté que 1 633 300 dollars, dont 75 000 dollars… de l’industrie locale de l’alcool.

– le Maine,  à entre 50,3% et 51%. Ici la différence dans la récolte des dons a été énorme.

Les partisans de la légalisation ont obtenu 1 286 770 dollars de dons, contre 79 050 dollars seulement pour les opposants. Dans les deux cas, l’argent a été récolté par des groupes partisans.

– le Nevada, à environ 53%.

Ici c’est très intéressant : les pour et les contre ont reçu chacun environ deux millions de dollars de dons en 2016. Les contre n’ont reçu quelque chose pratiquement que de dons individuels, tandis que les pour ont reçu la moitié des dons d’entreprises liées au cannabis, le quart de groupes pro-cannabis.

L’Arizona a par contre refusé la légalisation du cannabis, à 52,2%. C’est la seule bonne nouvelle et ici aussi la question des moyens pour faire campagne a été flagrante.

Dans ce cas particulier, les « pour » avaient reçu  2 562 888 dollars de dons, pour une très bonne part des entreprises liées au cannabis.

Les opposants ont eu par contre 4 569 319 dollars de dons, ce qui est clairement plus, et pour moitié d’entreprises, dont Insys Therapeutics qui fait des recherches sur du THC synthétique pour les thérapies.

La marijuana « thérapeutique » a par contre été acceptée en Floride, en Arkansas, au Montana, en Dakota du Nord.

Rappelons également que la marijuana « récréative » était déjà légale en Alaska, au Colorado, en Oregon, à Washington  et Washington D.C.

Au total, 20% des Américains pourront désormais profiter de celle-ci… On devine que ce n’est qu’un début, que le cannabis est en passe de devenir un bien de consommation comme un autre…

A moins qu’une opposition franche et nette parvienne à se développer !

L’argent de la drogue en France

L’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice vient de publier un rapport à la demande  de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Il concerne l’argent de la drogue et une petite synthèse est téléchargeable ici.

Il n’est pas bien difficile de deviner que le thème présenté d’une manière « brute » peut tout à fait servir les partisans de la dépénalisation du cannabis, qui n’hésiteront pas à dire qu’il faut « contrôler », « maîtriser » ce marché.

L’un des auteurs est d’ailleurs Christian Ben Lakhdar, maître de conférences en économie à l’Université de Lille 2 et partisan de la dépénalisation. Ce n’est pas le cas, pour ce que nous avons pu comprendre, d’au moins d’un des deux autres auteurs.

Dans tous les cas, un tel dossier fournissant des informations sans arrière-plan, comme des statistiques, c’est une pièce de plus dans le puzzle de l’interventionnisme étatique en faveur de l’ultra-libéralisme.

Sur le plan des informations qu’on trouve dans le rapport, voici déjà la quantité d’argent concerné, pour 2010 : entre 1,5 à 3,2 milliards d’euros, avec un peu moins de la moitié qui concerne le cannabis.

De manière intéressante, voici comment est présentée la pyramide de la vente de cannabis, rassemblant un nombre effarant de personnes…. Environ 236 000 personnes, en comptant toutes les personnes liées de près ou de loin!

On ne nous fera pas croire que l’Etat ne connaît pas les mille personnes qui,  à la tête d’un réseau, gagnent plus de 30 000 euros par mois… C’est là qu’on reconnaît comment le crime sait s’insérer dans la société, au moyen de l’argent.

Ces mille personnes reçoivent 421 millions d’euros par an, et cela passerait inaperçu? C’est tout simplement ridicule.

Pour la cocaïne, c’est encore pire : cela donne 33 têtes de réseaux recevant 500 millions d’euros…

Un milliard d’euros se baladerait comme cela en France, sans se faire remarquer?

C’est là qu’on voit que, finalement, tant que sur le plan de l’ordre public les choses gérables, tant que les pauvres s’entre-tuent et se défoncent, l’État ne compte aucunement intervenir. En fait, il y a une capitulation complète devant les mafias, considérés comme une soupape de sécurité, pratiquant la corruption de l’autre.

Quand on voit les sommes, on peut deviner à quel point il y a à certains niveaux des imbrications importantes entre l’État et les mafias. Cela ne manquera pas non plus si un capitalisme légal du cannabis émerge.

Dans tous les cas, la situation est très grave… et empire !

Quand Capital.fr appelle à devenir un « expert ès cannabis »

Voici un exemple très intéressant de ce qui passe actuellement en France au niveau du cannabis. Hier, nous parlions des « études » proposées au Canada pour apprendre à produire du cannabis.

Capital.fr – dont on imagine bien qu’il ne s’agit pas d’un média pour la révolution – a publié un article à ce sujet, dont le titre et le suivant :

Et si vous partiez au Canada pour devenir un expert ès cannabis?

Les deux premières phrases de l’article sont les suivantes :

Et si vous optiez pour une licence en marijuana afin de doper votre CV ? Au Canada, c’est possible !

Le très sérieux Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, université située dans l’Est du pays, proposera en 2017 un cursus pour former de futurs experts ès cannabis.

Or, c’est totalement illégal. La loi est formelle : présenter le cannabis sous un jour favorable est interdit. Ici, il y a un appel à connaître la production de cannabis, associé à une valorisation en liaison avec un collège (c’est-à-dire une université) « très sérieux ».

Normalement, ces propos ne peuvent pas être tenus en France. Voici les articles de loi concernant cette question :

Article L. 3421-4
1. La provocation au délit prévu par l’article L. 3421-1 ou à l’une des infractions prévues par les articles 222-34 à 222-39 du code pénal, alors même que cette provocation n’a pas été suivie d’effet, ou le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.
2. Est punie des mêmes peines la provocation, même non suivie d’effet, à l’usage de substances présentées comme ayant les effets de substances ou plantes classées comme stupéfiants.
3. Lorsque le délit prévu par le présent article est commis par voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.

Rien que l’expression « licence en marijuana » est, normalement, une telle provocation que la condamnation serait immédiate.

Seulement voilà, l’Etat a capitulé ! Et s’il devait condamner d’ailleurs toutes les infractions de ce type, il ne chômerait pas…

Après tout, c’est son devoir normalement, mais voici comment Capital.fr explique l’intérêt du cannabis, et pourquoi de notre point de vue l’Etat capitule :

Si ces établissements s’intéressent de si près au cannabis, c’est que les potentiels de business et d’emplois sont énormes au Canada. Ce pays permet la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques depuis un règlement de 2001. En 2013, le gouvernement fédéral misait sur des revenus annuels de 1,3 milliard de dollars en 2024 issus du cannabis médical. Actuellement, 40.000 à 50.000 Canadiens utilisent de la marijuana à usage thérapeutique.

Mieux : en devenant premier ministre du Canada à l’automne dernier, Justin Trudeau, a enclenché le processus de légalisation de la marijuana. Son gouvernement compte présenter un projet de loi au printemps 2017. Si cela se concrétise, l’industrie du cannabis au Canada pourrait peser, à terme, la somme totale de 22,6 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros), selon une étude du cabinet Deloitte. De quoi faire naitre des “vocations” !

Ce qui est intéressant, ce sont ces guillemets à « vocations », qui montre que la personne écrivant l’article sait très bien que les propos tenus ne sont pas légaux… et pourtant tenus, puisqu’ils présentent un stupéfiant de manière favorable.

Et ne parlons pas de l’image utilisée en présentation…

C’est un exemple riche d’enseignement, s’ajoutant à une liste toujours plus longue : le capitalisme accélère toujours plus la pression pour légaliser le cannabis.

Quand un historien voudra regarder les choses dans 20 ans, il lui suffira de nous lire pour y retrouver les différentes étapes de ce processus expliqué.

Sauf que nous espérons que c’est la défaite de la légalisation qui triomphera dans la bataille qui se profile !

Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick propose un cursus de production de cannabis

Le gouvernement canadien a décidé de légaliser entièrement le cannabis d’ici six moi. Il l’est déjà sur ordonnance médicale, il le sera désormais entièrement.

Au Nouveau-Brunswick, deux usines de production de « marijuana médicale » sont ainsi en construction, et pour profiter de cet élan capitaliste, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a également mis en place un nouveau cursus universitaire.

Il formera, de manière bilingue, les étudiants… dans la production de marijuana.Il n’y a encore aucun professeur mais l’université compte le faire rapidement, afin de proposer un cursus de haut niveau devant satisfaire des besoins industriels.

Le cursus ne sera donc pas uniquement commercial, comme c’est le cas dans l’autre cursus lié au cannabis qui est lancé en Colombie-Britannique. Il s’agira surtout de la formation d’experts, comme l’explique le président de l’université :

Il y a un réel potentiel en matière de création d’emplois.

On a donc cru bon travailler de concert avec l’industrie afin de concevoir un programme visant à former ces employés, principalement pour le secteur de la production.

On parle d’horticulture, de végétation, de contrôle de la qualité, etc. Donc d’employés de terrain.

C’est quelque chose dont il faut avoir absolument conscience quand on regarde la question du cannabis. On sait bien que, avide de profit, le capitalisme produit n’importe quoi qui se vend.

Il ne regarde pas si cela est bien, si cela est mal, etc. : il regarde s’il y a des clients.

Si l’on veut une société différente, c’est la morale qui doit primer dans les choix de production. Or, la question de la légalisation du cannabis est ici entièrement appropriée par la quête du profit.

Avec l’Etat qui dit – c’est bien entendu le cas au Canada – que pour lutter de manière efficace contre le cannabis, il faut l’accepter, l’encadrer.

Un raisonnement absurde qui vise en réalité à promouvoir le libéralisme le plus complet. Et on voit la décadence du principe universitaire, quand on constate l’entière soumission du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick à l’industrie.

Normalement, une université a une histoire, propose des parcours à prétention scientifique. Même lorsque c’est commercial, il y a tout une sorte de « masque » pour prétendre à quelque chose de sérieux, dans une tradition humaniste.

Même les pires écoles de commerce tiennent un discours prétendument humaniste.

Là, on est dans une froideur totalement technique. Des gens vont être formés en horticulture, afin de produire une drogue. On touche là le fond du fond.

Il est vrai qu’on est au Canada et que l’université en question parle dans son explication sur sa « philosophie » qu’elle forme « un capital humain » devenant « une main-d’oeuvre compétente et performante ».

Mais il faut voir les choses dans son ensemble : le cannabis, comme repli individuel, participe d’une tendance généralisée à individualisme général.

Il n’y a plus de place pour le respect de soi-même au nom de valeurs universelles : il faudrait pour chacun se concevoir comme une petite entreprise, cherchant à faire du profit (au lieu de profiter de la vie), à forcer le destin (plutôt qu’à accepter la Nature), tout se vendrait, tout s’achèterait.

En acceptant de mettre en place un cursus de formation de production de cannabis, pire en le mettant lui-même en place, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick insulte le principe même de l’université, principe même de culture, d’humanisme, avec toutes les exigences qui en sont sous-jacents.

Rabelais disait « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » : il faudrait que nos cousins d’outre-Atlantique se remettent à le lire…

Jean-Luc Mélenchon pour la légalisation du cannabis

Le programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon est censé être encore en débat, mais on sait déjà qu’il y aura la légalisation du cannabis.

C’est une information qu’on ne trouve pour l’instant qu’à un seul endroit, dans un article du quotidien Le Monde intitulé Nouvelle Constitution, sortie du nucléaire, UE : ce que contient le programme de Mélenchon.

Parmi la liste des points du programme, on a ça :

La légalisation du cannabis et le droit à la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes (mais refus de la gestation pour autrui) complètent l’ensemble.

Il n’est pas étonnant que les deux mesures soient mises en avant sur le même plan, puisqu’il s’agit de la même démarche sociétale. De la même manière qu’une femme a le droit de « faire un enfant toute seule », un individu aurait le droit de fumer « s’il le veut ».

C’est tout à fait conforme à l’idéologie libérale-libertaire qui gangrène toute la société.

Le fait que cela soit dans le programme de Jean-Luc Mélenchon peut étonner, puisque celui-ci se veut anti-libéral. Mais en France, la gauche est sociale en économie et libérale en termes sociaux, et la droite est libérale en économie et conservatrice en termes sociaux.

Dans les deux cas, rien à voir avec l’utopie nécessaire.

En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, sa position n’est pas tout à fait une nouveauté. En avril 2016, il avait écrit sur son blog un article intitulé « La loi du pétard contre celle des flingues » où il définissait sa position.

On y retrouvait déjà la ligne actuelle : pour être contre le cannabis, il faudrait le légaliser ! Voici les principaux passages de son article.

« Coïncidence : le jour de mon arrivée au Québec, le gouvernement canadien annonçait son intention de légaliser la consommation du cannabis à partir de 2017.

Une bonne occasion pour moi de m’intéresser de nouveau à ce sujet. Il revient régulièrement dans le débat en France. Et L’ONU vient de conclure à la défaite de la lutte par la prohibition.

La légalisation du cannabis est une promesse de campagne de Justin Trudeau, le chef du gouvernement de droite canadien. La légalisation, cela signifie l’autorisation. Ce n’est pas la seule dépénalisation qui tolère ou limite les sanctions à de petites amendes.

C’est donc bien un changement radical dans la manière d’aborder la question. Qu’on en juge. L’annonce n’a pas été faite par le ministre de l’Intérieur ou de la Justice. Mais par la ministre de la Santé.

C’est déjà tout un symbole dans l’ambition affichée. Et elle n’a pas fait cette annonce n’importe où. Elle l’a faite à la tribune de l’ONU. (…)

Le premier point que je retiens, c’est la volonté d’aborder la question du cannabis en partant des enjeux de santé publique. En 2012, j’avais déjà donné mon point de vue.

Je soutenais que le cannabis devait être appréhendé dans le cadre plus global de la lutte contre les addictions et en intégrant le taux très élevé de recours aux anxiolytiques et antidépresseurs dans notre pays. Les choses doivent être dites clairement.

Fumer du cannabis n’est pas souhaitable du point de vue de la santé. En annonçant la légalisation de la consommation de cannabis, la ministre n’a pas appelé à en fumer. Bien au contraire.

Elle a déclaré « nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels. (…) Nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique. » Donc la légalisation annoncée est loin d’être totale. (…)

Le deuxième argument de la ministre canadienne est que la légalisation va « renforcer la sécurité publique ». Comment ? C’est le point essentiel à mes yeux. En tarissant les trafics. (…)

Au Canada, environ 100 000 infractions en lien avec le cannabis sont recensées chaque année. Mais dans les deux tiers des cas, il s’agit seulement d’interpellations de personnes en possession d’une petite dose de cannabis.

On peut en dire autant chez nous en France ! Les forces de police sont-elles plus utiles à courir après un fumeur de joint où à démanteler des réseaux mafieux ?

Légaliser non seulement la consommation mais aussi la vente permettrait de « couper l’herbe sous le pied des trafiquants », comme le disent de nombreux spécialistes de sécurité publique.

Et l’argent public est-il mieux dépensé en patrouilles pour saisir quelques grammes de shit ou dans des campagnes de prévention et d’accompagnement de ceux qui veulent sortir de la consommation ?

Et au retournement rééducatif des trafiquants repentis qu’il faut organiser pour que l’assèchement du trafic puisse assécher toute la chaîne des agissements que la prohibition rend rentable ! »

Lorsqu’en décembre, la légalisation du cannabis sera officielle dans le programme de Jean-Luc Mélenchon, on comprendra alors qu’il ne s’agit pas d’une revendication issue de débats au sein de la gauche, mais des exigences du libéralisme libertaire…

Le passage en force du cannabis dans la société française révèle bien des choses sur le plan des valeurs !

Octobre 2016 : « cascade » de colloques au sujet du cannabis

Voici un article édifiant de l’association Chanvre et libertés, qui se félicite de la « cascade » d’initiatives ayant trait au cannabis en ce mois d’octobre…

Il est vrai que la liste est édifiante!

France & cannabis : cascade de colloques en octobre

Que de rendez-vous exceptionnels en ce mois d’octobre, où au Sénat le 10 octobre, à l’EHESS le 11 octobre, puis à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg le 21 octobre, trois colloques éclaireront sous un jour véridique le cannabis, et sans aucun doute sous un jour favorable à la réforme de son statut légal dans la société française du 21ème siècle.

10 Octobre : Rencontre Sénatoriale
Tout d’abord, le lundi 10 octobre 2016, de 9h à 19h30, au Sénat, salle Clémenceau, 15 rue de Vaugirard (Paris VI), Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne), auteure de la proposition de loi « Légalisation contrôlée du cannabis », Didier Jayle, professeur titulaire de la chaire d’addictologie du Conservatoire national des Arts et Métiers, et Henri Bergeron, professeur, chaire Santé de Sciences Po, en partenariat avec la Fédération Addiction organisent un colloque “Légalisation du cannabis: l’Europe est-elle condamnée à l’impasse ?”.

En point d’orgue de cet événement, le directeur de la Drug Policy Alliance à New York, Ethan Nadelmann viendra présenter le bilan des actions réformatrices aux Etats Unis et notamment comment le cannabis thérapeutique a ouvert la voie à sa légalisation sur le continent américain.

Bien que la liste des intervenants soit pléthorique, on ne peut que regretter l’absence des experts de la consommation du cannabis que sont les usager-e-s… qui garniront l’assistance pour l’audition publique.

Nota bene : L’inscription est gratuite mais obligatoire en adressant un courriel avant le 5 octobre. Pour trouver toutes les modalités d’inscription et le programme détaillé de cette rencontre, consultez le site de la sénatrice EELV Esther BenBassa.

11 octobre : Paris, Conférence à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Reprenant son cycle de séminaires réguliers “Consommations et prohibitions de drogues : approche transversale”, Alessandro Stella, directeur de recherche au CNRS (TH) (CRH-GEI) nous invite chaque deuxième jeudi du mois du 10 novembre 2016 au 8 juin 2017 de 17h à 20h (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris).

La première séance se tiendra au lendemain du colloque sénatorial, le mardi 11 octobre de 14 h à 17 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris) sur la thématique suivante : De la guerre à la drogue aux nouvelles pistes de régulation.

Ethan Nadelmann le Directeur Exécutif de la Drug Policy Alliance s’exprimera à Paris le 10 et 11 octobre.
Toujours avec Ethan Nadelmann (Drug Policy Alliance), « Quelles stratégies de sortie de la prohibition ? L’exemple du continent américain » et Marsha Rosenbaum (sociologue, directrice émérite de l’Office of the Drug Policy Alliance de San Francisco), « Just say Know. Apprendre à consommer », en présence d’Anne Coppel (sociologue) pour animer la discussion.

Comme le souligne l’introduction de ce séminaire disponible sur le site de l’EHESS, où l’on retrouvera l’ensemble du programme détaillé :

“Ce séminaire se veut avant tout un lieu de réflexion et de recherche collective,visant la synergie des sciences humaines et sociales avec le savoir accumulé par les usagers de drogues et les professionnels de la santé. Une approche transversale innovante, dans sa méthodologie et ses contenus, mixant à la fois les disciplines, les compétences théoriques et les savoirs pratiques. Nous souhaitons que cette mise en commun de connaissances et d’analyses d’expériences puisse servir à une meilleure appréciation tant de la phénoménologie des usages des drogues que des politiques publiques qui les encadrent.”

A noter que toutes les vidéos de chacune des séquences du séminaire 2015-2016 sont consultables sur la chaine de l’EHSS via le site de Canal U (la vidéothèque numérique de l’enseignement supérieur).

21 Octobre : Strasbourg, conférence internationale sur l’utilisation des cannabinoïdes en médecine
Pour la cinquième année consécutive, la conférence internationale UFCM I care se tiendra le vendredi 21 octobre 2016 de 9h00 à 17h00.

Cet événement se déroulera pour la première fois dans les locaux de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. Il est parrainé par son doyen le Professeur Jean-Pierre Gies Professeur des Universités, qui introduira ce symposium en compagnie deBertrand Rambaud, Président de l’association organisatrice UFCM-I care.

Dr Ethan Russo, neurologue et chercheur en psychopharmacologie fera partie des nombreux invités du colloque de cette année.
Le programme de cette journée extraordinaire rassemblant les professionnels, experts, spécialistes et chercheurs de la communauté internationale du cannabis médicinal réunira deux des plus grands scientifiques reconnus, le Dr Ethan Russo avec le Dr Franjo Grotenhermen.

Ces scientifiques sont auteurs de livres essentiels pour la reconnaissance et les applications du Cannabis et des cannabinoïdes en médecine. Par ailleurs, ils ont co-écrit le guide pratique du Cannabis thérapeutique (Handbook of Cannabis Therapeutics) et l’ouvrage phare «Cannabis and cannabinoids, pharmacology, toxicology, therapeutic potential », publié par « Hawroth Press » en 2005.

Pour s’inscrire à la conférence de Strasbourg :

L’inscription est gratuite ; la participation est réservée en priorité aux professionnels de la santé et de la recherche, et éventuellement aux patients concernés par le cannabis et l’utilisation des cannabinoïdes en médecine.

Consultez le programme et inscrivez vous avec le document PDF mis à disposition par l’UFCMed.

D’autres rendez-vous en ce mois d’octobre 2016 :
Par ailleurs, la Fédération Addiction organise plusieurs rendez-vous :

Comme par exemple, le 7 octobre une journée nationale pour les Consultations Jeunes Consommateurs, puis cette rencontre le samedi 8 octobre « Faire avec les addictions, quelles pratiques? », sans oublier le second séminaire portant sur le thème « du lien social à l’épreuve des consommations de produits ».

Enfin, les amateurs de dates inscriront également à leur agenda cette journée du 12 octobre qui correspond à la célébration du chanvre/cannabis/marijuana le 21 vendémiaire, dans le calendrier républicain français. En apprendre plus sur le 21 vendémiaire sur Wikipédia.

Esther Benbassa et son pseudo sondage pro-cannabis

Hier s’est tenue la Conférence au sénat pour la légalisation du cannabis, organisée par la députée EELV Esther Benbassa.

L’impact médiatique a été certain, y compris sur le site de la chaîne officielle du Sénat, Public, où on a pu lire notamment les propos du  pneumologue Bertrand Dautzenberg proposant sa drôle de philosophie :

« Depuis la loi Evin de 1991 : il y a moins 50% de consommation de tabac, moins 25% de consommation d’alcool et plus 60% de consommation de cannabis.

Ne pas avoir de cadre légal empêche la prévention, empêche le contrôle.

Ceux qui sont contre le cannabis doivent être pour la légalisation immédiate du cannabis. »

Quand on est contre le cannabis, on doit être pour ! Ben voyons !

Mais on aurait dû s’en douter : il n’y aurait pas que la proposition du think tank Terra Nova pour soutenir cette initiative (Cannabis : Terra Nova veut que soit repris le modèle des jeux d’argent).

Il y a eu également un sondage fait par Ipsos, à la demande du colloque lui-même. Au programme : questions savamment orientées pour faire croire que l’opinion publique modifie son point de vue.

Regardons ce qu’il en est avec deux graphiques, proposés dans le compte-rendu du sondage.

Le premier graphique s’appuie sur la question suivante :

 Personnellement, êtes-vous d’accord pour que l’on autorise la consommation de cannabis sous certaines conditions, en maintenant l’interdiction dans certains cas, par exemple avant de conduire, ou pour les mineurs ?

En apparence, on a ici deux blocs, montrant que la cause de la légalisation du cannabis est tout fait « jouable ». Sauf que tout est dans le « sous certaines conditions ».

Le bloc principal serait le « plutôt d’accord », qui pourrait l’emporter sur les « plutôt pas d’accord », isolant les « pas du tout d’accord ».

Mais comment faire pour les convaincre ? Le sondage est ici très technique et voici justement un second graphique.

Voilà la solution : jouer sur l’inefficacité de l’interdiction telle qu’elle existe, afin de prétendre qu’il faut être d’accord avec ce que dit le pneumologue Bertrand Dautzenberg cité plus haut, et qu’être contre le cannabis… signifie qu’on doit être pour ! Pour, officiellement, son encadrement…

Mais il en va de même ici que pour la Gestation par Autrui (les mères porteuses), Uber et tout ce qui relève de l’individualisme : d’abord, on laisse faire, ensuite on prétend qu’interdire est impossible ou ne marche pas, puis on prétend « encadrer » afin de l’emporter en ayant semé la division des gens qui sont contre…

Le sondage, pourtant, est obligé de reconnaître que 47% des personnes interrogées ne pensent pas que « la vente de cannabis sous le contrôle de l’Etat serait plus efficace que
l’interdiction pour lutter contre le trafic ».

Car les gens contre le cannabis ne sont pas des gens forcément réactionnaires, très loin de là : ils considèrent que c’est une question de culture et considèrent que la répression par en haut n’est pas démocratique, ne prend pas le problème à la base, etc.

Tout cela n’est pas pris en compte par le sondage, bien entendu, car le cannabis est toujours réduit à une question de santé publique ou de droit individuel, l’aspect de la question de société est toujours gommé.

Veut-on un pays où la fuite dans les paradis artificiels est non plus seulement tolérée, mais encouragée par un encadrement institutionnel ?

Veut-on que l’individualisme forcené se renforce ? Veut-on que la négation de la possibilité d’une vie heureuse, car naturelle, devienne la norme officielle (ce qu’elle est par ailleurs déjà, mais dans le non-dit) ?

Vers la légalisation du cannabis au Maroc

Tout le monde sait que le Maroc est un pays qui est étroitement lié à la France. On parle ici d’intérêts visibles, mais également invisibles : on sait à quel point dans le tiers-monde la corruption des élites a un rapport étroit avec les gouvernements des pays « riches ».

Or, le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis. Il faut donc jeter un oeil dessus, pour voir si la légalisation qui est plus que fortement poussée en France a un écho là-bas, ce qui confirmerait la tendance…

Et c’est justement bien le cas. Il existe un parti qui s’appelle, de manière fort étrange, le « Parti de l’authenticité et de la modernité ».

Ce nom contradictoire est en fait le reflet de la ligne de la monarchie, qui prétend à la fois être passéiste et moderne. La ligne est donc en quelque sorte celle du roi…

Et justement, le Parti de l’authenticité et de la modernité prône la légalisation du cannabis au Maroc. Il vient d’y avoir des élection et les résultats sont tombés : ce parti a eu 102 députés, juste derrière les islamistes du Parti de la justice et du développement, qui en ont eu 125.

Mais ce n’est pas tout : le Parti de l’Istiqlal a obtenu 46 sièges et lui aussi est pour la légalisation du cannabis au Maroc.

Il y a d’ailleurs eu un colloque international sur le cannabis et les drogues, organisé à Tanger, les 18 et 19 mars 2016… qui aurait dû s’intituler colloque « pour le cannabis » d’ailleurs.

Parmi les personnes invitées, justifiant la dimension internationale, on a ainsi Monika Brümmer, architecte, spécialiste dans la construction en chanvre, Kehrt Reyher directeur de « Hemp Today » un média au service de l’industrie du chanvre, Javier Gonzales Skaric qui est secrétaire technique du Forum Mondial de producteurs de plantes interdites…

Au moins c’est franc ! Surtout qu’en fait, une partie du Maroc produit du cannabis de manière publique, sans que cela soit illégal.

Il faut dire que plusieurs dizaines de milliers tonnes de cannabis produites par an – certains parlent de 700 000 tonnes – sur plus de 130 000 hectares, cela ne passe tout de même pas inaperçu…

Le Maroc ferme bien évidemment les yeux, prétextant que la  région de Ketama-Issaguen, dans les montagnes du Rif, a eu historiquement le droit de produire le cannabis sur ordre du roi et que la tentative de supprimer cela en 1956 a échoué.

L’ONU a ainsi constaté en 2009 que 96 000 familles du Rif sont impliquées dans la production de cannabis, soit environ 900 000 personnes… Donc les 2/3 des paysans de cette zone.

Ces derniers temps, la monarchie a réprimé des personnes liées à la production du cannabis.

Maintenant, on peut essayer de deviner pourquoi. Le processus de légalisation du cannabis en France ne passera sans doute pas par une production autochtone ; le fait que la production soit marocaine permettra de faire passer de manière plus certaine la légalisation…

Mais pour cela, il faut un cannabis officiellement légalisé au Maroc, encadré par la monarchie, pour garantir la légalité internationale des bénéfices…

Conférence au sénat pour la légalisation du cannabis

Esther Benbassa est une députée EELV qui a comme profil ce qu’on peut difficilement faire de pire dans le libéral-libertaire. Partisane acharnée évidemment de la légalisation du cannabis et profitant du relativisme général, elle organise le 10 octobre une conférence à ce sujet au sénat.

Quand on sait que le sénat est historiquement un bastion du conservatisme, on voit comment le cannabis est tout à fait acceptable en réalité, au-delà du masque « moderne ».

Car la conférence en question est en réalité un acte militant en faveur de la légalisation… Voici le programme.

Légalisation du cannabis:
l’Europe est-elle condamnée à l’impasse ?

le 10 octobre 2016, de 9h à 18h45, au Sénat, salle Clémenceau, 15 rue de Vaugirard (Paris VI).

Journée de débats organisée par Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne), auteure de la proposition de loi « Légalisation contrôlée du cannabis », Didier Jayle, professeur titulaire de la chaire d’addictologie du Conservatoire national des Arts et Métiers, et Henri Bergeron, professeur, chaire Santé de Sciences Po, et en partenariat avec Fédération Addiction

MATIN

9h Ouverture

Mots d’accueil Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne) (5 mn)

Présentation

Olivier Faron, Administrateur général du Cnam (5 mn)
Didier Jayle, professeur au Cnam (20 mn)
9h30  État des lieux

Henri Bergeron, professeur à Sciences Po, Paris (20 mn)
10h00  Que sait-on de l’opinion ?

François Beck, Directeur de l’OFDT (20 mn)
10h30 Table ronde 1 : Santé publique – Prévention

Présentation et modération : France Lert, directrice de recherche à l’INSERM (15 mn)

Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, Hôpital Pitié-Salpétrière, Paris (15 mn)
Jean-Pierre Couteron, addictologue, Président de la Fédération Addiction (15 mn)
Frank Zobel, Addiction Suisse, Lausanne (15 mn)
Pr Amine Benyamina, addictologue, Hôpital Paul-Brousse, Villejuif (15 mn)
12h Comment le cannabis thérapeutique a-t-il  ouvert la voie à la légalisation ?
Ethan Nadelmann, Executive Director, Drug Policy Alliance, New York (30 mn)

12h30 Pause déjeuner

APRÈS- MIDI

14h30   Table ronde 2 : Justice et Police

Présentation et modération : Christian Mouhanna, Directeur du CESDIP (15 mn)

Renaud Colson, maître de conférences à l’Université de Nantes (15 mn)
Olivier Guéniat, commissaire divisionnaire (Neuchâtel) (15 mn)
Jean-Pierre Havrin, contrôleur général honoraire (Toulouse) (15 mn)
Daniel Vaillant, député, ancien ministre de l’Intérieur (15 mn)
16h Et au Canada, il se passe quoi ?

Serge Brochu, professeur de criminologie, Université de Montréal (30 mn)
16h30 Pause

17h Table ronde 3 : Enjeux économiques

Présentation et modération : Pierre Kopp, professeur à l’Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne (15 mn)

Christian Ben Lakhdar, maître de conférences à l’Université de Lille 2 (15 mn)
David Weinberger, Canalex (Etats américains et Uruguay) (15 mn)
18h Conclusions

Dr William Lowenstein, addictologue, Président de SOS Addictions (15 mn)
Esther Benbassa (15 mn)

Cette conférence n’est pas un débat contradictoire, ni une conférence présentant les aspects multiples. C’est un acte partisan, au coeur des institutions. Celles-ci ont décidé de capituler et le libéralisme-libertaire joue le rôle de rouleau compresseur pour la marchandisation de la vie.

La fuite dans l’individualisme et les paradis artificiels est clairement soutenu par un système qui veut empêcher toute morale universelle, tout mouvement collectif en faveur d’une utopie. Le libre-choix individuel du cannabis est en train de passer de produit indirect du système à une véritable culture en faisant partie.

S’imaginer que la légalisation du cannabis n’aurait aucun impact est donc faux : cela serait un obstacle de plus pour arracher les gens à leur torpeur. Cela serait un renforcement de l’apologie de l’individualisme.

Alors que la bataille pour la Terre doit être la priorité des personnes conscientes de la Nature, le système fait la promotion du repli sur soi et du relativisme, du refus d’une vie naturelle !

Cannabis : Terra Nova veut que soit repris le modèle des jeux d’argent

Il était évident que la fondation Terra Nova intervienne en cette rentrée. Il s’agit en effet du principal think tank bobo, qui dit que la gauche doit abandonner les couches populaires pour se tourner justement vers ce qui est bobo.

Inévitablement, le cannabis est un thème très important, au coeur du processus de libéralisme-libertaire censé façonner la société. Et il faut pour ces gens accélérer la propagande en faveur de la légalisation du cannabis, en vue des présidentielles…

Terra nova avait déjà pris partie en décembre 2014, et recommence avec un nouveau rapport, dont le titre éloquent est pas moins que « Contrôler le marché légalisé du cannabis en France – L’EXEMPLE FONDATEUR DE L’ARJEL – ».

Il est intéressant de voir que rien que le titre aurait amené une répression policière il y a quelques années : c’est à ce genre de détails qu’on reconnaît aussi les avancées du libéralisme, de l’indifférence, du capitalisme partant à la conquête d’un nouveau marché.

Terra nova ne s’en cache d’ailleurs pas : son but est de contribuer à la possibilité de l’ouverture d’un nouveau marché. Son idée est que pour le cannabis, il faut suivre le modèle de l’ARJEL, c’est-à-dire l’Autorité de régulation des jeux en ligne.

La logique de ces décadents est implacable : les jeux d’argent étaient interdits, on les as légalisés, donc faisons pareil. Voici l’argumentaire :

« En effet, le marché des jeux d’argent et de hasard en ligne a été légalisé en France par la loi 2010-476 du 12 mai 2010.

Elle légalise l’offre d’un bien potentiellement addictif et dépénalise de fait une industrie autrefois considérée comme illégale. »

Quant au reste, tout y passe. La légalisation des jeux d’argent et de hasard aurait asséché le marché illégal (alors qu’en réalité il a décuplé cette addiction!), cela serait pareil pour le cannabis.

Cela rapporterait de l’argent qu’on pourrait mettre dans la santé, cela aiderait la santé publique en encadrant le phénomène, cela libérerait la police qui est débordée, etc.

Toute la démagogie de ces derniers temps est livrée dans une sorte de package qui, on le devine, va être répété à l’infini. Avec, toutefois, un côté toujours plus concret : les libéraux-libertaires vont toujours plus loin dans les propositions concrètes. Voici ce qu’on lit, qui est très instructif :

« La mise en production de cannabis pourrait soit se faire par des agriculteurs français autorisés par des licences du Ministère de l’agriculture, soit par des entreprises étrangères.

Dans le premier cas, rappelons que la France était le premier producteur européen de chanvre en 2005 (Commission européenne, 2005) et qu’elle a un historique relativement important dans la culture de cette plante (Dufour, 1961).

Evidemment, le chanvre industriel cultivé en France ne présente pas les caractéristiques toxicologiques du cannabis recherché par les actuels consommateurs : le niveau de THC et des CBD et CBN présentés par ces productions ne sont pas de nature à permettre l’ivresse cannabique.

Avec le savoir-faire et les connaissances scientifiques en toxicologie et avec l’appui de l’INRA, il serait cependant relativement aisé de développer en France une production de cannabis, d’autant plus qu’existe une Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre et que cela fournirait un nouveau débouché à l’agriculture française.

Cette proposition de faire participer le secteur agricole national à une légalisation du cannabis est déjà exploitée en Suisse (Wavre, 2016). (…)

La vente de cannabis serait confiée à des détaillants ayant demandé un agrément à l’ARCA. De la même manière que pour la production, la vente respecterait une charte établissant les modalités de vente, de prévention et de réduction des risques à engager auprès des acheteurs.

Traçabilité et contrôle du débit des ventes par système informatique (comme c’est le cas des jeux d’argent et de hasard en ligne) garantiraient le système de distribution.

Trois options potentiellement complémentaires sont ici à considérer : le réseau des débitants de tabac pourrait être sollicité, celui des officines pharmaceutiques également ou un nouveau réseau de magasins pourrait voir le jour. Toutes ces options présentent avantages et inconvénients.

Les débitants de tabac ont l’avantage de pouvoir être rapidement sollicités et équipés pour une vente contrôlée de cannabis mais les compétences préventives et sanitaires peuvent leur faire défaut.

Ceci n’est pas le cas des pharmacies mais voudront-elles vendre un produit pour un usage récréatif, c’est- à-dire sortir quelque peu de leur cœur de métier ?

Finalement, un nouveau type de magasin, spécialisé dans la vente de cannabis, pourrait demander agrément à l’ARCA. Il présenterait l’avantage d’un contrôle territorial de l’implantation de ces magasins, en plus de créer de l’emploi. En revanche, son contrôle serait certainement plus compliqué à mettre en œuvre par comparaison aux deux autres réseaux cités. »

Pourquoi ces gens pensent-ils, écrivant des choses qui auraient été illégales il y a ne serait-ce que dix ans ? Parce qu’ils savent que la légalisation du cannabis a été décidée par l’économie, que les gens sombrent dans l’indifférence, qu’il n’y a donc plus qu’à travailler l’opinion publique et faire tomber la barrière des réticences et du refus.

Un refus capital : la bataille contre le cannabis, contre sa légalisation, doit être au coeur de toutes les personnes refusant le relativisme social, l’acceptation des « paradis artificiels » en général, le repli individualiste dans le mépris des autres et d’une vie naturelle, heureuse.

Référendum sur la légalisation du cannabis : 5 arguments pour dire non

Il n’y a pas encore de référendum sur la légalisation du cannabis, mais en ce début septembre 2016, nous pensons que le mouvement pour cela est lancé. La campagne pour la victoire du non à la légalisation du cannabis sera ardue dans un pays pétri d’individualisme et de perte du sens de toute responsabilité sociale.

Il faut donc réfléchir à comment bien formuler les arguments, comprendre les enjeux dans ce qui est une bataille culturelle pour des valeurs ! Voici ce qui pourrait être mis en avant…

1. Le cannabis anéantit le tonus, supprime la volonté, amollit l’esprit de manière profonde, provoque la paranoïa, d’autant plus chez les jeunes dont le cerveau est encore plastique. Le cannabis est un danger pour la santé, qui rend dépendant.

« Mais le lendemain ! le terrible lendemain ! tous les organes relâchés, fatigués, les nerfs détendus, les titillantes envies de pleurer, l’impossibilité de s’appliquer à un travail suivi, vous enseignent cruellement que vous avez joué un jeu défendu. La hideuse nature, dépouillée de son illumination de la veille, ressemble aux mélancoliques débris d’une fête. La volonté surtout est attaquée, de toutes les facultés la plus précieuse. » (Baudelaire, Les paradis artificiels)

2. Le relativisme général se fonde sur une société qui ne serait plus composée que d’individus totalement isolés les uns des autres. Chacun pourrait faire ce qu’il veut, « du moment que cela ne dérange personne ». Le cannabis relève de cet esprit de refus de toute responsabilité sociale.

« Ajouterai-je que le haschisch, comme toutes les joies solitaires, rend l’individu inutile aux hommes et la société superflue pour l’individu, le poussant à s’admirer sans cesse lui-même et le précipitant jour à jour vers le gouffre lumineux où il admire sa face de Narcisse ? » (Baudelaire, Les paradis artificiels)

3. La quête d’un « paradis artificiel » est une fuite hors du monde réel. Cela amène à penser que la réalité ne suffit pas, que pour être heureux il faut quitter ce qui est vrai au profit d’une « joie » illusoire. Le cannabis participe à cette idéologie de la fuite vers ce qui apparaît comme meilleur mais ne l’est pas.

« Cette espérance est un cercle vicieux : admettons un instant que le haschisch donne, ou du moins augmente le génie, ils oublient qu’il est de la nature du haschisch de diminuer la volonté, et qu’ainsi il accorde d’un côté ce qu’il retire de l’autre, c’est-à-dire l’imagination sans la faculté d’en profiter. » (Baudelaire, Les paradis artificiels)

4. La légalisation du cannabis participe à la marchandisation du monde. Aux yeux du capitalisme, tout relève de la marchandise, y compris les animaux, les corps humains, les émotions.

L’élargissement du capitalisme au cannabis est l’expression d’une tendance générale à la commercialisation, à la fabrication de marchandises toujours plus diverses servant toujours à aliéner les esprits.

Le renforcement de cette tendance, à laquelle participe la légalisation du cannabis, ne peut donc qu’être combattue, puisqu’elle se nourrit d’elle-même : la légalisation renforcerait encore plus le mouvement à la marchandisation.

5. L’idéologie du cannabis prétend que celui-ci est naturel, que sa consommation relève d’un choix personnel, qu’il serait moins nocif que le tabac ou l’alcool. En réalité, le cannabis est un fait de société, c’est un produit hautement industrialisé (modifié génétiquement, produit dans des entreprises avec des investissements conséquents, etc.). Quant à la nocivité, ce n’est pas parce qu’elle serait moins nocive que d’autres choses qu’il faudrait l’accepter.

Ainsi, dire non au cannabis, c’est contribuer au combat contre les drogues et l’alcool, c’est ne pas accepter le relativisme, pour au contraire relancer la lutte contre ce qui est nocif.

La lutte contre le cannabis a ainsi une identité historique : celle de refuser le « moindre mal » (la légalisation vaudrait mieux que les mafias), celle de refuser la fuite individualiste dans les paradis artificiels, celle de vouloir une vie naturelle, ce qui amène forcément à reconnaître la Nature !

Emmanuel Macron s’ajoute à la liste des partisans de la légalisation du cannabis

Il y a deux jours nous parlions de Benoît Hamon dans la mesure où il est favorable à la légalisation du cannabis mais n’a pas osé l’inscrire dans son programme. Dans l’émission On n’est pas couché, il a pour la première fois abordé cette question, mais précisément en ce sens « masqué ».

Il a, en effet, tourné cela de telle manière que c’est présenté comme une lutte contre les trafics… Tout en prétendant uniquement ouvrir le débat et combattre « l’hypocrisie » : « je n’ai pas la solution miracle »…

« Il faut rentrer dans le débat de la légalisation » dit-il ainsi…

Pour la petite histoire, en cherchant des informations à ce sujet, on tombe sur une page diffusant cette position de Benoît Hamon, dans le cadre de ce qui est en fait une entreprise cherchant à attirer les consommateurs de cannabis…

Peut-on faire plus anti-social que ce produit, qui vise à aider des chauffards potentiels ? On sait à quel point le cannabis ralentit les réflexes, et il faudrait conduire drogué en se préservant d’une éventuelle répression ?

Une sale mentalité, d’esprit mercantile bien entendu…

« Kana Cleaner® est une combinaison d’agents naturels qui agit directement sur les métabolismes d’absorption et d’élimination du THC et de ses dérivés (Delta-9-THC, 11-OH-THC, THC-COOH…) Du fait de ses propriétés physico-chimiques, Kana Cleaner® fixe l’intégralité du THC pour permettre son élimination totale de la bouche et de la matrice salivaire. Kana Cleaner® est le résultat de plusieurs années de recherche au sein de la division biochimie de la prestigieuse Amsterdam University of Applied Science. »

Dans cette démarche ultra-libérale, on a également Emmanuel Macron. Nous avions parlé, en octobre 2015, de l’appel fait par Libération : « Et si Macron était aussi libéral avec le cannabis ? ».

On sait à quel point il prétend renouveler le personnel politique, apporter fraîcheur et franchise. Pourtant, bien malin qui peut lire aisément ce qu’il a expliqué dimanche à Questions Politiques (France Inter / France Info / Le Monde)…

« Aujourd’hui, le cannabis pose un problème de sécurité, de lien avec la délinquance dans les quartiers difficiles, de financement de réseaux occultes.

Et donc on voit bien que la légalisation du cannabis a des intérêts de ce point de vue et a une forme d’efficacité.

Et on voit bien que de ce point de vue, le sujet est ouvert et doit être considéré.

De l’autre côté, j’entends et je suis aujourd’hui pas en situation c’est un sujet que je veux travailler.

Je ne suis pas contre, si cette réponse provisoire peut être la mienne aujourd’hui.J’entends les préoccupations de santé publique qui sont émises par ailleurs. C’est pas un sujet léger.

Je souhaite qu’on puisse ouvrir ce sujet, qu’on puisse l’aborder de manière méthodique dans les semaines qui viennent. Je ne suis pas contre là aussi pour un principe d’efficacité et de justice, au fond. »

Exactement comme dit dans notre article sur Benoît Hamon, il y a deux jours, le « bal des faux-culs » commence : le processus politique de légalisation du cannabis s’enclenche.

Hamon et Macron mettent en branle la machine, qui va amener le vainqueur des primaires – sans doute François Hollande puisque tout est fait au PS pour cela – à intégrer cela dans la plate-forme d’union pour les présidentielles…

Benoît Hamon et la légalisation du cannabis

C’est donc par Benoît Hamon que le processus d’affirmation de la légalisation du cannabis va passer.

Nous annonçons depuis quelques temps maintenant l’inéluctable processus où l’ultra-libéralisme va réussir à faire sauter le verrou du cannabis, au nom de la « liberté », du « libre-choix de chacun », etc.

L’idée même de vie naturelle, d’universalisme, doit passer à la trappe au nom de l’individualisme le plus forcené. C’est dans l’air du temps et toutes les idéologies qui relativisent les valeurs ont le vent en poupe.

Les questions de société disparaissent, tout est vu par le prisme de l’individu et de ses choix uniquement personnels ; au sein du véganisme, l’antispécisme apparaît comme le reflet de cette tendance.

Pour le cannabis, ce n’est pas étonnant si cela passe par des gens prétendant être « de gauche », puisque forcément le capitalisme cannabistique, si l’on peut dire, doit se prétendre un progrès.

On doit s’attendre à ce que François Hollande propose un référendum sur la légalisation du cannabis au sein de son programme électoral en vue d’une réélection.

Benoît Hamon se montre ici son soutien précieux en amenant le thème. Le soutien à François Hollande par la suite n’en sera que plus simple, François Hollande « reprenant » le thème…

Voici comment Le Monde présente le point de vue de Benoît Hamon :

Alors qu’un récent rapport suggère de passer de la pénalisation à la contraventionnalisation du cannabis, Benoît Hamon dénonce l’« hypocrisie » des solutions de fermeté.

Le député des Yvelines, qui précise qu’il n’encourage pas la prise de drogues douces, propose donc de légaliser le cannabis, avec une distribution contrôlée par l’Etat, pour « tarir l’économie souterraine et les violences ».

C’est tout ce qu’on en sait pour l’instant, car si Benoît Hamon propose cela, il ne le fait pas encore ouvertement sur son site de campagne. Tout cela est un processus machiavélique, où les pions sont avancés…

En tout cas, Benoît Hamon parle donc de la distribution du cannabis par l’Etat. Or, cela veut dire que par conséquent, il y a production. Une production légalisée, mais non étatique, ce qui signifie renforcer le capitalisme…

Drôle de démarche de la part de quelqu’un « de gauche » ! Et encore n’abordons-nous pas ici la question culturelle, puisque normalement, quand on veut une société plus « humaniste » (au minimum), on ne va pas aider la fuite dans les paradis artificiels…

Le Nouvel Observateur et la légalisation du cannabis

On continue encore et encore à aller vers un référendum pour la légalisation du cannabis, au nom d’une morale libérale-libertaire.

Cette fois, c’est le Nouvel Observateur, une revue hebdomadaire de gauche libérale, qui s’y colle.

Le numéro prétend être un dossier pesant le pour et le contre, mais en pratique rien qu’à la couverture, on comprend l’idée, surtout avec le titre…

La présentation du dossier est également significative…

« Pourquoi pas chez nous? », tel est le leitmotiv général et cela au nom du libéralisme : chacun doit pouvoir faire comme il l’entend! Du moment qu’il n’y a pas préjudice pour autrui, pourquoi pas?

Afin de justifier ce relativisme, l’argument classique est que le relativisme a déjà triomphé. Après tout le monde fume, alors « pourquoi pas? ».

Là où l’hypocrisie saute aux yeux, c’est que la revue reconnaît que la reproduction du cannabis est interdite. Or, elle le fait sur sa couverture, assumant de contribuer à faire tomber un « tabou » dont elle prétend qu’il serait déjà tombé…

Est révélateur également quant aux couches sociales portant cette revendication ces propos sur les milieux chics, où le cannabis est bien entendu très présent…

Si les grands bourgeois fument aussi, alors « pourquoi pas? » : telle est la logique de ceux qui prônent les paradis artificiels, contribuant à enfermer l’humanité dans une aliénation dénaturée.

Emmanuelle Auriol et la légalisation du cannabis

Pour rebondir sur l’article d’hier avec le libéralisme en rapport avec le cannabis, on a depuis plusieurs jours une grande offensive médiatique menée au sujet d’un ouvrage d’Emmanuelle Auriol, intitulé « Pour en finir avec les mafias Sexe, drogue, clandestins : et si on légalisait ? ».

Comme dit hier, quand on est libéral, on l’est pour tout. C’est une question de cohérence. Nommée il y a plus de dix ans « Meilleur Jeune Économiste de France » par le journal Le Monde pour qui elle écrit désormais de manière régulière, elle est chercheuse en économie à l’Université Capitole de Toulouse. Ses travaux, comme on peut l’apprendre, « s’intéressent aux réformes structurelles optimales, telles que les privatisations, la (dé)régulation, ou les partenariats publics-privés ».

On a ici un exemple classique de capitulation devant l’infâme, maquillée en position « raisonnable », tout cela pour en réalité servir le business à travers un soutien de l’Etat.

Voici ce qu’elle dit par exemple dans La dépêche, de manière très subtile:

Vous prônez la légalisation du cannabis. Sous quelle forme, en vente libre ?

Surtout pas. Il n’est pas question de vendre du shit dans les supermarchés ! C’est l’Etat qui instaure un marché légal dans des endroits où l’on peut se procurer du cannabis sous certaines conditions, avec des restrictions, par exemple sur l’âge des consommateurs. Les prix sont fixés par l’Etat et le produit est taxé, comme le tabac. Les acheteurs sont sûrs qu’ils n’ont pas affaire à des trafiquants, ils peuvent consommer des produits contrôlés, sans risquer de se faire arrêter. (…)

Légaliser la prostitution, c’est rouvrir les maisons closes ?

Non. Tous les pays qui l’ont fait ont plutôt vu une augmentation de la prostitution légale et illégale. Je propose de créer un statut de profession libérale réglementée, avec la création d’un ordre des prostitués(e) s, qui s’occuperait des questions de consentement, de tarifs, de santé, de reconversion, de sécurité.

Cela permettrait aux prostituées d’avoir un statut décent, de recevoir des clients en toute liberté, et cela conduirait à limiter les abus de l’exploitation illégale, du crime organisé qui emploie des esclaves. Je propose aussi la criminalisation des clients des prostituées non encartées, comme en Suède.

Ce qu’elle masque à travers ce discours, c’est que l’Etat devra bien se procurer du cannabis, et à défaut de le produire lui-même, il faudra bien qu’il se le procure sur un marché concurrentiel… De la même manière la prostitution est tout à fait acceptée, il s’agit simplement d’en faire un métier légal, les prostituées étant même dans ce cas appelés (notamment par les anarchistes) des « travailleuses du sexe ».

Voici également une vidéo du Nouvel Observateur où elle présente sa thèse, où l’on voit facilement que rien ne tient dans son discours : comme si les recettes fiscales serviraient vraiment à la lutte contre le cannabis… De la pure poudre aux yeux.

On retrouve le même discours chez la députée socialiste Anne-Yvonne Le Dain, il y a deux jours dans la Gazette de Montpellier :

« Ma position est simple : ce n’est pas bien et ce n’est pas bon de fumer, mais je dis aussi qu’on n’arrive pas à l’enrayer. Et dans aucun pays occidental. Je suis pour la légalisation du cannabis sous contrôle de l’État. Je ne suis absolument pas pour une vente libre par n’importe qui. Ce n’est pas un produit banal.

La distribution sous contrôle de l’État se ferait non seulement pour fixer les prix et encaisser les taxes, mais aussi parce qu’il faut surveiller le taux de substance active. Aujourd’hui, dans le cannabis qui circule sous le manteau, on a des taux de substance active qui sont colossaux !

[Et où est-ce que l’on pourrait acheter du cannabis ? Dans les commerces ?] Je n’ai pas encore d’opinion fixe, le débat est sur la table. Mais je pense que cela pourrait être dans les pharmacies ou les bureaux de tabac, parce qu’ils sont assermentés. Mais certainement pas à la confiserie du coin. (…)

Le cannabis, tout le monde en fume. Dans les campagnes, dans les villages, dans les grandes villes, dans les banlieues… Y’en a partout… Face à quelque chose qui est partout, la police doit-elle continuer à courir derrière ? Il y a eu 130 000 interpel- lations l’année dernière ! On entretient tout un ensemble de petits dealers, alors qu’il faudrait que la police se concentre sur des trafics lourds et gros. »

Il faut être naïf pour y croire. Le capitalisme voit un marché et il utilise les positions relativistes pour faire accepter le cannabis, s’appuyant sur des gens prétendant servir la santé publique et être « réaliste »…

C’est une grande tendance de fond et on sent bien comment l’opinion publique est travaillée au corps.