L’IPBES et ses scénarios

Continuons avec le document de l’IPBES, avec cette fois les « scénarios » et les « outils ». Il n’y a à vrai dire pas grand chose à en dire, mais il faut en prendre connaissance.

En effet, il est flagrant que pour l’IPBES, il existerait de bonnes pratiques dans le cadre du système existant. Il n’y aurait rien à changer, et encore moins à bouleverser. Il y aurait simplement à mieux paramétrer.

L’IPBES n’est aucunement catastrophique, elle demande une réorientation et elle dit que celle-ci est tout à fait faisable dans l’état actuel des choses.

C’est très important, car totalement illusoire. Il faut en prendre conscience pour agir correctement à l’avenir ! Dans l’état actuel des choses, l’écologie est au point mort : quand elle va apparaître cependant, de manière totalement révolutionnaire et conflictuelle bientôt, elle doit avoir les éléments en main.

Et bien comprendre les illusions diffusées avant son émergence.

Les objectifs mondiaux et les scénarios politiques

Les déclins rapides passés et actuels de la biodiversité, des fonctions des écosystèmes et de nombreuses contributions de la nature à la population signifient que la plupart des objectifs sociaux et environnementaux internationaux, tels que ceux énoncés dans les objectifs d’Aichi pour la biodiversité et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ne seront pas atteints sur la base des trajectoires actuelles.

Les auteurs du rapport ont examiné six scénarios stratégiques – correspondant à plusieurs « paniers » très différents entre eux regroupant diverses options politiques et approches, dont la « concurrence régionale », le « maintien du statu quo » et la « durabilité globale» –  et ont évalué les impacts probables de ces modèles sur la biodiversité et les contributions apportées par la nature aux populations d’ici à 2050.

Ils en sont arrivés à la conclusion que, en dehors des scénarios comprenant un changement transformateur, les tendances négatives pour la nature, les fonctions des écosystèmes, et de nombreuses contributions de la nature aux populations continueront jusqu’en 2050 et au-delà en raison des effets anticipés de l’augmentation du changement d’usage des terres et de la mer, de l’exploitation de certains organismes et du changement climatique.

Outils politiques, options et pratiques exemplaires

Les actions politiques et les initiatives de la société contribuent à sensibiliser la population sur les répercussions de la consommation sur la nature, la protection des environnements locaux, la promotion des économies locales durables et la restauration des zones dégradées.

Avec des initiatives menées à différents niveaux, elles ont contribué à élargir et renforcer le réseau actuel des aires protégées écologiquement représentatives et connectées,  ainsi que d’autres mesures de conservation efficaces basées sur la protection de surfaces particulières, la protection des bassins hydrologiques, la prise de mesures incitatives et de sanctions visant à réduire la pollution.

Le rapport présente une liste indicative d’actions possibles, et de trajectoires pour les atteindre qui, dans différents lieux, systèmes et à différentes échelles, seront les plus aptes à soutenir le développement durable. En adoptant une approche intégrée :

Pour l’agriculture, le rapport met l’accent, notamment sur : la promotion de bonnes pratiques agricoles et agroécologiques, la planification paysagère multifonctionnelle (qui assure à la fois la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, le maintien des espèces et les fonctions écologiques) et la gestion intégrée intersectorielle.

Il pointe aussi l’importance d’un engagement plus fort de tous les acteurs du système alimentaire (y compris les producteurs, le secteur public, la société civile et les consommateurs) et une gestion plus intégrée des paysages et des bassins versants; la conservation de la diversité génétique, des variétés, des cultivars, des races, notamment locales et des espèces; ainsi que des approches qui responsabilisent les consommateurs et les producteurs grâce à la transparence des marchés, à l’amélioration de la distribution et de la localisation (qui revitalisent les économies locales), la réforme des chaînes d’approvisionnement et à la réduction du gaspillage alimentaire.

Pour les écosystèmes marins, le rapport souligne, parmi d’autres : des approches écosystémiques de la gestion des pêches; l’aménagement du territoire; des quotas efficaces ; des zones marines protégées ; la protection et la gestion des zones clés de la biodiversité marine; la réduction la pollution par ruissellement dans les océans et une étroite collaboration avec les producteurs et les consommateurs.

Pour les écosystèmes d’eau douce, les options politiques et les actions comprennent, entre autres : une gouvernance de l’eau plus inclusive pour une gestion collaborative et une plus grande équité ; une meilleure intégration de la gestion des ressources en eau et la planification du paysage à différentes échelles ; la promotion de pratiques visant à réduire l’érosion des sols, la sédimentation et le ruissellement de la pollution ; l’augmentation du stockage de l’eau ; la promotion des investissements dans des projets hydriques ayant des critères de durabilité clairs ; ainsi que la réponse à la fragmentation de nombreuses politiques en matière d’eau douce.

Pour les zones urbaines, le rapport souligne, parmi d’autres, les points suivants : la promotion de solutions basées sur la nature ; l’amélioration de l’accès aux services urbains et à un environnement sain pour les communautés à faible revenu ; l’amélioration de l’accès aux espaces verts ; la production et la consommation durable et les connectivités écologiques dans les espaces urbains, en favorisant notamment les espèces locales.

Dans tous les exemples, le rapport reconnaît l’importance d’inclure différents systèmes de valeurs, intérêts et visions du monde dans la formulation des politiques et des actions.

Cela inclut de veiller à ce que la participation des peuples autochtones et des communautés locales soit pleine et effective dans la gouvernance, la réforme et le développement des structures d’incitation et à ce que la prise en considération de la biodiversité soit prioritaire dans la planification de tous les secteurs clés.

« Nous avons déjà vu les premiers frémissements des actions et des initiatives pour le changement transformateur, comme par exemple les politiques innovantes menées par de nombreux pays, autorités locales et entreprises, mais surtout par les jeunes dans le monde entier », a déclaré Sir Robert Watson.

« Depuis les jeunes leaders d’opinion mondiaux du mouvement #VoiceforthePlanet jusqu’aux grèves des étudiants pour le climat, il y a une vague de fond qui montre que les jeunes comprennent qu’une action urgente est nécessaire si nous voulons assurer un semblant d’avenir durable.

Le rapport d’évaluation mondiale de l’IPBES offre les meilleures preuves disponibles venant d’experts pour aider à éclairer ces décisions, politiques et actions – et fournit la base scientifique pour le cadre de la biodiversité et les nouveaux objectifs décennaux pour la biodiversité qui seront décidés à la fin de 2020 en Chine, sous les auspices de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique ».

L’IPBES et « les peuples autochtones, les communautés locales »

La seconde « information complémentaire » de l’IPBES est quelque chose de très particulier, qui va faire particulièrement plaisir aux zadistes. On a en effet le même discours : avant, c’était mieux, la petite production résout tous les problèmes, les populations tribales ont un style de vie adéquat car durable. A cela s’ajoute un point très souligné : ce sont ces « autochtones », ces « communautés locales », qui vont être en première ligne pour affronter les conditions imposées par la modernité.

On pensait parler de biodiversité, eh bien non, on l’aura compris. Mais pourquoi l’IPBES parle-t-il de cela ? La raison en est simple. La pseudo « information complémentaire » précédente parlait du monde en termes de surface. Or, là, il est dit qu’il existe une surface fonctionnant selon des régulations datant du passé. Il ne faut donc pas y toucher !

En fait, c’est une tentative d’auto-limitation, d’auto-encadrement du système. C’est une sorte de miroir posé au système lui-même, avec une volonté d’imaginer que la seule alternative à lui-même, ce serait le passé. C’est un moyen de refuser l’avenir d’un point de vue utopique, vegan, avec une planète unifiée, une soumission aux intérêts de Gaïa.

Il n’y aurait que le système… et son prédécesseur primitif.

C’est un point important, car outre nos gilets jaunes et nos zadistes qui en France célèbrent le passé, l’écologie est largement utilisé comme vecteur par des « primitivistes » affirmant qu’il faut retourner à avant l’âge industriel, à un mode chasseur-cueilleur, etc.

Tous ces gens ne peuvent tout simplement pas concevoir autre chose… Ou, quand ils le conçoivent, ils en ont très peur. C’est l’angoisse, la terreur du consommateur face au devoir de négation de son ego pour reconnaître la planète comme un grand tout, et la seule chose qui compte vraiment…

Les peuples autochtones, les communautés locales et la nature

Au moins un quart de la superficie terrestre mondiale est détenu traditionnellement, géré, exploité et occupé par les peuples autochtones. Ces zones comprennent environ 35% des aires protégées, et environ 35% de ces terres n’ont jusqu’ici subi que très peu d’intervention humaine.

La nature gérée par les peuples autochtones et les communautés locales subit une pression croissante, mais se dégrade en général moins rapidement que dans les autres territoires (153-154) – toutefois 72 % des indicateurs locaux développés et utilisés par les peuples autochtones et les communautés locales font état de la détérioration de la nature et des contributions apportées par la nature aux populations qui sous-tendent les moyens de subsistances locaux.

Les régions du monde qui devraient subir des effets négatifs importants en matière de changement climatique, de perte biodiversité, des fonctions des écosystèmes et des contributions apportées par la nature aux populations sont également des zones dans lesquelles habitent de grandes concentrations de peuples autochtones et la plupart des communautés les plus pauvres du monde.

Des scénarios régionaux et mondiaux manquent actuellement et auraient beaucoup à gagner de la prise en compte explicite des points de vue, des perspectives et des droits des peuples autochtones et des communautés locales, ainsi que de leurs savoirs et compréhension de grandes régions et écosystèmes, ainsi que des moyens de développement futur qu’ils souhaitent. La reconnaissance des savoirs, des innovations et des pratiques, des institutions et des valeurs des peuples autochtones et des communautés locales et leur insertion et leur participation à la gouvernance environnementale améliorent souvent leur propre qualité de vie, ainsi que la conservation, la restauration  et l’utilisation durable de la nature.

Leur contributions positives au développement durable peuvent être facilitées par la reconnaissance publique des droits fonciers, des droits d’accès et des droits aux ressources conformément à la législation nationale; de l’application du principe de consentement libre, préalable et éclairé ; et par l’amélioration de la collaboration, du partage des avantages et par des accords de cogestion avec les communautés locales.

L’IPBES et l’ampleur de la destruction de la nature

Il existe cinq « informations complémentaires sur les sujets clés traités dans le rapport ». En voici la première, qui est courte, très ramassée. C’est une sorte de synthèse de l’évolution de ce qui se passe à la surface de la planète depuis cinquante ans, du point de vue de l’IPBES bien sûr.

De très nombreux aspects sont totalement oubliés, le principal étant, conceptuellement, ce qu’on peut appeler la vie sauvage (en plus du refus de reconnaître la Nature en général, la planète comme Gaïa). En effet, ce paragraphe de l’IPBES dit qu’il se déroule des phénomènes à la surface de la planète, et que cela a un impact sur l’environnement de des phénomènes.

Comme ces phénomènes ont pris une ampleur mondiale, l’environnement à l’échelle planétaire est modifié, bouleversé et là le déséquilibre aurait pris une telle proportion qu’il faudrait corriger le tir.

Chaque paragraphe raisonne pour cette raison en termes de surface, d’occupation de la surface. Quelques lignes entre crochets sont ajoutées pour cette raison ici à chaque paragraphe, pour bien montrer cet aspect de « l’information complémentaire » de l’IPBES.

Ampleur de la destruction de la nature

[L’ampleur est à considérer en termes de surface, de longitude, de latitude.]

Les gains obtenus grâce aux réponses sociétales et politiques, bien qu’importants, ne permettent pas d’enrayer les pertes massives.

[Ces pertes concernent la surface, les terrains planétaires.]

Depuis 1970, les tendances de la production agricole, de la pêche, de la production de bioénergie et de la récolte de matériaux ont augmenté en réponse à la croissance démographique, à la hausse de la demande et au développement technologique ; une augmentation qui s’est faite à un coût élevé, qui a été inégalement réparti à l’intérieur et entre les pays. Cependant, de nombreux autres indicateurs clés des contributions de la nature aux populations, tels que le carbone organique du sol et la diversité des pollinisateurs, ont diminué, ce qui indique que les gains en contributions matérielles ne sont souvent pas durables.

[Les activités humaines pour l’alimentation, l’énergie, les matières premières… occupent beaucoup plus de surface qu’auparavant. Certaines surfaces ont perdu en vigueur.]

Le rythme d’expansion de l’agriculture dans des écosystèmes intacts a varié d’un pays à l’autre. Les pertes d’écosystèmes intacts se sont produites principalement dans les tropiques, qui ont les plus hauts niveaux de biodiversité de la planète. Par exemple, 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus entre 1980 et 2000, en raison principalement de l’augmentation de l’élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d’hectares) et des plantations en Asie du Sud-Est (environ 7,5 millions d’hectares, dont 80 % destinés à l’huile de palme, utilisée surtout dans l’alimentation, les cosmétiques, les produits de nettoyage et les carburants) entre autres.

[L’expansion territoriale a concerné de vastes surfaces planétaires.]

Depuis 1970, la population mondiale a plus que doublé (passant de 3,7 à 7,6 milliards), augmentant de manière inégale selon les pays et les régions. Par habitant, le produit intérieur brut est quatre fois plus élevé qu’alors, avec des consommateurs toujours plus éloignés transférant la pression exercée sur l’environnement par la production et la consommation dans toutes les régions.

[La population humaine prend plus de surface, exerçant une pression qui plus est sur son environnement.]

Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a, en général, diminué d’au moins 20 %.

[Les espèces propres à une surface ont, en raison de la diminution de celle-ci, diminué.]

Le nombre d’espèces exotiques envahissantes par pays a augmenté d’environ 70 % depuis 1970, dans les 21 pays qui ont présenté des données détaillés.

[Les conquêtes en termes de surface ont amené le déplacement d’espèces d’une surface à une autre.]


La répartition de près de la moitié (47 %) des mammifères terrestres non volants et de près d’un quart des oiseaux menacés peut déjà avoir été affectée par le changement climatique.

[L’évolution globale des surface aboutit à une modification générale de la répartition des espèces.]

Critique de la première partie du communiqué de l’IPBES

La première partie du communiqué de l’IPBES se veut une présentation « maîtrisée » de la situation. D’un côté, il vise à présenter la gravité absolue de ce qui se passe, mais de l’autre, il doit prétendre que les événements peuvent encore être contrôlés. S’il y a ainsi accélération du taux d’extinction des espèces, et cela « sans précédent », la « réponse mondiale actuelle est insuffisante », ce qui signifie qu’elle peut être suffisante.

Cette opposition entre ce qui se passe et ce qu’il faut faire est le leitmotiv du discours de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). Cela fonde sur la lecture entièrement anthropocentriste qu’elle a de la situation. Elle ne reconnaît pas la Nature, ni la valeur en soi de la vie.

Les premières lignes du communiqué sont exemplaires d’une telle approche :

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le nouveau et historique rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dont le résumé a été approuvé lors de la 7ème session plénière de l’IPBES, qui s’est réunie la semaine dernière (du 29 Avril au 4 mai) à Paris. »

L’histoire humaine, des effets graves sur les populations humaines… on l’a compris, au-delà même de son approche anthropocentriste, l’IPBES part du principe qu’au mieux les gouvernements ne s’occuperont que de leurs populations. Les lignes qui suivent immédiatement les premières appuient donc l’idée qu’un rapport « objectif » de la situation a été réalisé et que les économies vont être touchées. Et là, forcément, si on touche l’économie… A cela s’ajoute le risque d’instabilité puisque vont être touchées la sécurité alimentaire, la santé, la qualité de vie, etc.

« Les preuves accablantes contenues dans l’évaluation globale publiée par l’IPBES et obtenues à partir d’un large éventail de domaines de connaissance, présentent un panorama inquiétant », a déclaré le président de l’IPBES, Sir Robert Watson. « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans lemonde entier ».

On lit régulièrement des arguments de ce type ; en voici un autre exemple :

« La perte de biodiversité est donc non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, la sécurité, la société et l’éthique. »

L’IPBES s’adresse uniquement aux gouvernements, aux institutions. Et uniquement à elles. C’est un point essentiel qui est frappant dès le début de sa déclaration. C’est un fait très grave, car la démocratie est littéralement expulsée de tout choix, de toute orientation. On est ici dans un programme de gestion qui va être mis en place, au-dessus des gens, et avec les mêmes systèmes, les mêmes gens qui sont responsables ou au moins ont accompagné la catastrophe en cours.

Les lignes qui suivent juste après les premières citées plus haut – on voit comment le document est savamment construit – soulignent donc qu’on peut gérer de manière correcte, qu’on peut rétablir la situation sans soucis, qu’il faut juste s’en donner les moyens. On a ici un vocabulaire technocratique, disant ouvertement que la « nature » est juste un paramètre de gestion. C’est moralement réducteur et totalement faux pour une analyse concrète de la réalité, qui relève totalement de la Nature.

« Le rapport nous dit aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial », a-t-il ajouté « Grâce au « changement transformateur », la nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable – ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux. Par «changement transformateur », on entend un changement fondamental à l’échelle d’un système, qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs.

A lire les lignes précédentes, on a tout de même l’impression qu’à l’IPBES on a trop lu ou regardé Harry Potter. Comment peut-on expliquer qu’il y a un phénomène d’extinction de masse d’un côté, qu’il faudra simplement y réponde par des mesures par en haut de l’autre ? Surtout que des chiffres sont donnés et ils montrent bien que la rupture est qualitative, pas quantitative. Mais ce n’est pas le point de vue de l’IPBES.

Le rapport constate pourtant lui-même de l’ampleur de ce qui se passe. Cela touche l’ensemble de la planète, dans des proportions énormes. Citons ici simplement quelques faits constatés par le rapport lui-même :

« Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. »

« Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. »

« Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage. »

« Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992. »

« La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980. »

Pour qu’on ait atteint une telle dimension, c’est évidemment que le processus est profondément ancré, déjà développé, en croissance exponentielle. Lorsqu’on voit que 75 % des ressources en eau douce sont pour l’agriculture et l’élevage, alors c’est dans la matrice même de l’agriculture et de l’élevage. Ces deux formes ont été structurées pour aller à ce degré-là d’utilisation. La seule réponse peut être la modification fondamentale de l’agriculture et la suppression de l’élevage.

Si on raisonne en termes quantitatifs, on peut reculer les chiffres donnés de quelques pourcents, c’est cela l’idée du rapport de l’IPBES. Mais c’est une perspective vaine car pour qu’on ait atteint de tels chiffres, il faut déjà qu’à la base même il y a un système déjà formé et qui n’est pas ajustable. L’IPBES, elle, considère cependant que le point de rupture n’est pas atteint.

Cela est dit de manière formelle :

« Les contributions apportées par la biodiversité et la nature aux populations sont notre patrimoine commun et forment le plus important ’filet de sécurité’ pour la survie de l’humanité. Mais ce filet de sécurité a été étiré jusqu’à son point de rupture », a déclaré la professeure Sandra Díaz (Argentine), qui a co-présidé l’évaluation avec les professeurs Josef Settele (Allemagne) et Eduardo S. Brondízio (Brésil et États-Unis).

« La diversité au sein des espèces, entre les espèces et celles des écosystèmes, ainsi que de nombreuses contributions fondamentales qui proviennent de la nature se dégradent rapidement, même si nous avons encore les moyens d’assurer un avenir durable aux êtres humains et à la planète.»

Ce refus de reconnaître que le point de rupture est passé montre que l’IPBES est totalement lié au monde qui le porte. Il est aveuglé par les institutions existant dans les différents pays, par les traditions, par la croyance que finalement, rien ne peut vraiment arriver, car au pire on se donnera les moyens de changer les choses.

Si le problème n’était que quantitatif, l’idée d’une gestion par en haut pourrait il est vrai grosso modo tenir, au moins en théorie. On va dans un sens, on décide d’aller dans un autre sens. Mais une dimension qualitative que les choses se sont déjà emballés, que c’est une tendance de fond qui est apparu à la surface. Dans ces cas-là, on ne peut pas tergiverser, car tout s’accélère dans tous les cas, quoi qu’on fasse… A moins d’un renversement total de l’approche, sans quoi cela ne peut que continuer.

L’IPBES est donc obligé de s’effondrer, à moyen terme, et même à court terme d’ailleurs. L’ampleur de ce qui se passe va la mettre en déroute totale, et ce rapidement. Surtout qu’elle assume paradoxalement un discours à terme, par ailleurs totalement flou, qui va d’autant plus la condamner. Que dire en effet quand on lit quelque chose comme :

« Les objectifs pour 2030 et au-delà ne pourront être atteints que par un changement transformateur dans les domaines de l’économie, de la société, de la politique et de la technologie. »

Ce qu’on lit à la fin montre d’ailleurs comment, de toutes façons, l’IPBES remet la patate chaude aux « décideurs », en axant bien sur le « bien-être humain » comme seule préoccupation véritable. Cela montre bien comment l’IPBES n’est pas un apport extérieur, « objectif », aux gouvernements, mais en fait simplement leur expression.

« L’IPBES présente aux décideurs une base scientifique fiable, les connaissances et les options stratégiques pour qu’ils les analysent », a déclaré la Docteure Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. « Nous remercions les centaines d’experts, issus du monde entier, qui ont donné de leur temps et partagé leurs connaissances pour aider à combattre la disparition des espèces, des écosystèmes et de la diversité génétique – une menace véritablement mondiale et générationnelle contre le bien-être humain. »

Normalement, face à ce point de vue de l’IPBES, il en faudrait un autre, mis en place par toute une série d’organisations cherchant à établir de solides ancrages dans la population. On en est extrêmement loin et même, ce n’est pas du tout à l’horizon. Il y a encore trop de confiance en le monde tel qu’il existe. La plupart des gens savent que tout doit changer, que tout va changer, mais ils ne pensent en même temps pas que ce soit possible. Cela leur coupe toute volonté d’engagement.

Le rapport de l’IPBES le sait très bien et c’est pour cela il ne fait même pas semblant d’avoir une perspective démocratique. Il s’adresse aux décideurs, et rien qu’à eux. En ce sens, au-delà de la critique aux décideurs, il faut bien voir qu’il y a une faillite démocratique en soi à la base. Le réveil ne va en être que d’autant plus difficile.

La première partie du communiqué de l’IPBES

Voici la première partie, la principale, du communiqué de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). Un commentaire, forcément, suivra.

Le dangereux déclin de la nature :
Un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère


La réponse mondiale actuelle est insuffisante ;

Des « changements transformateurs» sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature
Les intérêts particuliers doivent être dépassés pour le bien de tous

C’est l’évaluation la plus exhaustive de ce type ;
1.000.000 espèces menacées d’extinction


« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le nouveau et historique rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dont le résumé a été approuvé lors de la 7ème session plénière de l’IPBES, qui s’est réunie la semaine dernière (du 29 Avril au 4 mai) à Paris.

« Les preuves accablantes contenues dans l’évaluation globale publiée par l’IPBES et obtenues à partir d’un large éventail de domaines de connaissance, présentent un panorama inquiétant », a déclaré le président de l’IPBES, Sir Robert Watson. « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le
monde entier ».

« Le rapport nous dit aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial », a-t-il ajouté « Grâce au « changement transformateur », la nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable – ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux. Par «changement transformateur », on entend un changement fondamental à l’échelle d’un système, qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs.

Les États membres de la plénière de l’IPBES ont reconnu que, par sa nature même, un changement transformateur peut susciter une opposition de la part de ceux qui ont des intérêts attachés au statu quo, mais également que cette opposition peut être surmontée pour le bien de tous.

Le rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques est le document le plus exhaustif réalisé à ce jour. Il s’agit du premier rapport intergouvernemental de ce type. Il s’appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) de 2005 et introduit de nouveaux moyens pour d’évaluation des preuves.

Élaboré par 145 experts issus de 50 pays au cours des trois dernières années, avec des contributions additionnelles apportées par 310 autres experts, le rapport évalue les changements au cours des cinq dernières décennies et fournit un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature. Le document propose également un éventail de scénarios possibles pour les décennies à venir.

Basé sur une revue systématique d’environ 15 000 références scientifiques et sources gouvernementales, le rapport s’appuie aussi (et pour la première fois à une telle échelle) sur les savoirs autochtones et locaux, et aborde en particulier les questions concernant les peuples autochtones et les communautés locales.

« Les contributions apportées par la biodiversité et la nature aux populations sont notre patrimoine commun et forment le plus important ’filet de sécurité’ pour la survie de l’humanité. Mais ce filet de sécurité a été étiré jusqu’à son point de rupture », a déclaré la professeure Sandra Díaz (Argentine), qui a co-présidé l’évaluation avec les professeurs Josef Settele (Allemagne) et Eduardo S. Brondízio (Brésil et États-Unis). « La diversité au sein des espèces, entre les espèces et celles des écosystèmes, ainsi que de nombreuses contributions fondamentales qui proviennent de la nature se dégradent rapidement, même si nous avons encore les moyens d’assurer un avenir durable aux êtres humains et à la planète.»

Le rapport estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées.

« Les écosystèmes, les espèces, les populations sauvages, les variétés locales de plantes et les races locales d’animaux domestiques diminuent, se réduisent ou disparaissent. Le tissu vivant de la Terre, essentiel et interconnecté, se réduit et s’effiloche de plus en plus », a déclaré le professeur Settele. « Cette perte est la conséquence directe de l’activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde. »

Pour accroître la pertinence politique du rapport, les auteurs de l’évaluation ont classé, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les
plus forts impacts à l’échelle mondiale. Les facteurs responsables sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l’exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes.

Le rapport souligne que, depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d’au moins 0,7 degré Celsius. Le changement climatique a déjà un impact sur la nature, depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique – impact qui devrait augmenter au cours des décennies à venir et, dans certains cas, surpasser l’impact dû au changement d’usage des terres et de la mer et des autres facteurs de pression.

En dépit des progrès réalisés pour conserver la nature et mettre en œuvre des politiques en faveur de celle-ci, le rapport met aussi en évidence que les trajectoires actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs mondiaux visant à conserver et exploiter durablement la nature. Les objectifs pour 2030 et au-delà ne pourront être atteints que par un changement transformateur dans les domaines de l’économie, de la société, de la politique et de la technologie. Avec seulement quatre des vingt objectifs d’Aichi pour la biodiversité présentant des progrès réels dans leurs déclinaisons, il est probable que la plupart d’entre eux ne seront pas atteints d’ici l’échéance de 2020. Les tendances négatives actuelles concernant la biodiversité et les écosystèmes vont freiner les progrès en vue d’atteindre les objectifs de développement durable dans 80% (35 sur 44) des cas où les cibles ont été évaluées ; en particulier ceux liées à la pauvreté, la faim, la santé, l’eau, les villes, le climat, les océans et les sols (ODD 1, 2, 3, 6, 11, 13, 14 et 15). La perte de biodiversité est donc non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, la sécurité, la société et l’éthique.

« Pour mieux comprendre et, plus important encore, pour s’attaquer aux principales causes des dommages causés à la biodiversité et aux contributions apportées par la nature aux populations, nous devons comprendre l’histoire et les interconnections mondiales qui existent entre les facteurs indirects complexes de changement démographiques et économiques, ainsi que les valeurs sociales qui les sous-tendent », a déclaré le professeur Brondízio. « Les principaux facteurs indirects comprennent l’augmentation de la population et de la consommation par habitant ; l’innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres; et, de manière critique, les questions de gouvernance et de responsabilité. Une tendance qui émerge est celle dite de l’interconnectivité mondiale et du « telecoupling ». Dans ce cas, l’extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d’autres régions.»

D’autres résultats majeurs du rapport sont à prendre aussi en compte (Vous trouverez de plus amples informations sur un large éventail de résultats dans la section « Informations complémentaires » du présent communiqué) :

• Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à ou sont gérées par des peuples autochtones et des communautés locales.

• Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage. La valeur de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde – quantité qui a presque doublé depuis 1980.

• La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, d’une valeur marchande pouvant atteindre 577 milliards de dollars US, est confrontée au risque de disparition des pollinisateurs et de 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d’inondations et d’ouragans en raison de la perte d’habitats côtiers et de leur protection.

• En 2015, 33 % des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durable ; 60 % l’ont été au niveau maximum de pêche durable, et seulement 7 % à un niveau inférieur à celui estimé comme étant durable.

• Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.

• La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 ; environ 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversés chaque année dans les eaux du monde, et les engrais qui arrivent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 « zones mortes» dans les océans, ce qui représente environ 245.000 km2, soit une superficie totale plus grande que le Royaume-Uni.

• Les tendances négatives de la nature continueront jusqu’en 2050 et au-delà, dans tous les scénarios politiques explorés dans le rapport, sauf dans ceux qui proposent un changement transformateur – cela en raison de l’impact qu’aura l’augmentation du changement d’usage des terres, l’exploitation de certains organismes et le changement climatique, toutefois avec des différences significatives selon les régions.

Le rapport présente également un large éventail d’exemples d’actions en faveur du développement durable et les trajectoires pour les réaliser dans des secteurs tels que l’agriculture, la foresterie, les écosystèmes marins, les écosystèmes d’eau douce, les zones urbaines, l’énergie, les finances et bien d’autres. Le document souligne combien il est important, entre autres, d’adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles qui prennent en compte les compromis entre la production alimentaire et celle de l’énergie, les infrastructures, la gestion de l’eau douce et des zones côtières, ainsi que la conservation de la biodiversité.

En vue de créer une économie mondiale durable, l’évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux a également été identifiée comme un élément clé des politiques futures plus durables. Elle s’éloigne du paradigme actuel trop limité de la croissance économique.

« L’IPBES présente aux décideurs une base scientifique fiable, les connaissances et les options stratégiques pour qu’ils les analysent », a déclaré la Docteure Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. « Nous remercions les centaines d’experts, issus du monde entier, qui ont donné de leur temps et partagé leurs connaissances pour aider à combattre la disparition des espèces, des écosystèmes et de la diversité génétique – une menace véritablement mondiale et générationnelle contre le bien-être humain. »

Le rapport de l’IPBES : scénarisation et non-accès aux informations

Le fait que le rapport de l’IPBES sur la biodiversité n’ait pas été rendu public est très important. Il ne faut pas croire que l’idée est de faire un bilan de la biodiversité et d’en donner les résultats. L’objectif est de présenter ce bilan d’une certaine manière et de le fournir immédiatement avec la manière de l’interpréter. C’est une manière de contourner toute critique possible et d’immédiatement encadrer tout ce qui peut être dit.

Comment l’IPBES a-t-elle procédé ? Elle a fait en sorte d’ajouter quelque chose au petit communiqué sur l’accord au sujet d’un rapport commun faisant le bilan de la biodiversité. Cet ajout consiste en des « Informations complémentaires », formées des catégories suivantes :

  • Ampleur de la destruction de la nature
  • Peuples autochtones, communautés locales et nature
  • Objectifs mondiaux et scénarios politiques
  • Instruments politiques, options et bonnes pratiques
  • Quelques chiffres : statistiques clés et faits

Il faut voir chaque chose présentée plus en détail. Cependant, il est essentiel de comprendre ici que ces « informations » sont parfaitement structurées, dans un véritable petit scénario. Ce n’est pas comme si l’IPBES avait livré un rapport sur la situation, de manière « neutre », que chacun pourrait prendre en considération, puis proposer démocratiquement des solutions.

On pourrait d’ailleurs imaginer que, logiquement, le rapport est rendu public, traduit évidemment dans toutes les langues, disponibles en pdf et en version papier, le tout étant fourni gratuitement à tous les membres des appareils d’État du monde entier, ainsi qu’aux institutions économiques, éducatives, scientifiques, etc.

Ce n’est pas du tout le cas, malheureusement. Le fait de ne pas rendre public le rapport vise même à empêcher cela. Il n’y a même pas de date pour la rendue publique ! C’est dire tout de même à quel point l’IPBES maintient un contrôle total sur l’ensemble. Rien que ce procédé devrait interpeller.

Regardons maintenant quelle est la logique du scénario sous-jacent à ce qui a été rendu public le 6 mai 2019. La « Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques » a agi de la manière suivante :

a) l’IPBES annonce dans un petit communiqué qu’elle a réussi à établir un document commun aux différents pays pour établir une « base scientifique » sur les dégâts causés à la « biodiversité » ;

b) le petit ajout sur « l’ampleur de la destruction de la nature » ne parle paradoxalement pas vraiment de cela, mais raconte comment l’humanité s’est récemment agrandie numériquement et a renforcé ses industries, établi un mode de vie plus consommateur de ressources ;

c) le petit ajout sur les « Peuples autochtones, communautés locales et nature » présente un mode de vie censé être à l’inverse de ce qui est présenté au point précédent ;

d) le petit ajout sur les « Instruments politiques, options et bonnes pratiques » prend bien évidemment comme modèle ce qui est exposé au point précédent, appelant à une « bonne pratique » ;

e) le petit ajout « Quelques chiffres : statistiques clés et faits » consiste en une avalanche de chiffres pour bien souligner l’importance de ce qui est présenté.

Conclusion : on doit considérer que le point a) reflète un pas en avant, qui est impliqué par b), ce dernier point étant contrebalancé par le point c), qui sert alors de modèle de « bonne gouvernance » comme le veut le point d). Pour bien asseoir l’ensemble, on a le point e) qui montre de manière comptable ce qui est en train d’être perdu.

Il faut encore analyser en détail ce qui est établi et fourni comme conclusions. Mais au-delà de cela, au-delà même des considérations sur l’opposition entre le biocentrisme et l’anthropocentrisme au sein de ce rapport, il y a lieu de souligner le caractère anti-démocratique de la démarche.

Dans l’ordre des choses, l’ONU aurait dû dire : voilà quel est l’état du monde, je vous le montre tel quel. Chaque personne devrait, en son âme et conscience, être confrontée à cet état du monde, le prendre en considération et l’assumer dans un sens ou dans un autre. C’est la base d’une lecture rationnelle de la part des gens, pour un choix exposé et partagé ou non par la majorité, par l’ensemble.

Ici, le fait est qu’on n’ait pas accès à cet état du monde. On a droit à des résumés, à des informations distillées selon les choix des rédacteurs. L’information brute n’est pas disponible. On ne peut pas l’évaluer, on ne peut même pas évaluer la valeur de cette information brute, puisqu’on ne sait même pas en quoi elle consiste.

On nous demande de croire sur parole. C’est la soumission aux experts, la porte ouverte aux fantasmes complotistes climato-sceptique, qui auront beau jeu d’attaquer le procédé, comme ils le font pour les rapports du GIEC sur le réchauffement climatique.

Toutefois, il ne faut pas croire que cela soit tout. L’IPBES a également produit un « résumé pour les décideurs ». C’est un petit document à part, présentant les « clefs » du rapport, avec les éléments de langage, la manière de comprendre les choses, etc. C’est quelque chose de totalement orienté.

Le contenu reste à voir, mais encore une fois, au-delà de cela, il y a la question de la forme. On peut considérer qu’une initiative visant à établir un état d’esprit à l’échelle mondiale est une bonne chose. Sauf que là cela se déroule de manière non démocratique. Un organisme explique comment voir les choses aux « décideurs ». Déjà que ces derniers décident sans demander l’avis des gens, si en plus on leur explique certaines choses en passant au-dessus de tout le monde, même des décideurs… Qui décide de quoi ?

Et comment veut-on que les gens s’impliquent dans l’écologie, si les décisions leur sont étrangères ? Il y a ici un problème de fond dans la méthode, qui reflète il est vrai une panique générale. Car la seule conclusion est évidemment : on renverse tout le système et on adopte la morale vegan straight edge, soumettant l’humanité aux intérêts planétaires.

Cela présuppose un gouvernement mondial, et pas une ONU diffusant des points de vue de manière transnationale.

Le rapport de l’IPBES : anthropocentrisme contre biocentrisme

Le point de vue final de l’IPBES sur la situation de la biodiversité a été rendu public le lundi 6 mai 2019 et il y a lieu de porter un regard très approfondi sur ce qui est dit. Pour cette raison, il faut étudier cela aspect par aspect. Notons tout de suite cependant que le rapport complet n’est pas disponible. Les signataires se sont mis d’accord sur un texte de 1500 pages… mais ne le rendent pas public ! Cela le sera en cours d’année… En attendant, on a qu’un résumé, avec des thèses qu’on doit croire sur parole ! Nous y reviendrons, point par point.

Notons déjà que, malgré que la réunion ait eu lieu en France, à Paris, il n’y a eu aucun émotion ou mouvement tant du côté des gens que du côté des médias ou des partis politiques, ou bien encore des associations.

Personne n’a les moyens de mobiliser et les gens ne veulent pas se bouger. Les initiatives sont pathétiques. La « marche mondiale » organisée à Metz a rassemblé… 2000 personnes, mais c’était dans une sorte de fusion avec les gilets jaunes qui ont évidemment pris le dessus et relégué les écologistes en fin de cortège. Le quotidien Le Parisien a donné des conseils pour sauver la planète et on trouve des recettes faciles du type manger moins de viande, manger bio, etc., comme si tout n’était qu’une affaire à la fois individuelle et aisée à régler.

Le Figaro, à la rendue publique du document de l’IPBES, a bien mis un article en tête de gondole de son site (Un million d’espèces menacées d’extinction sur la planète), mais l’article est… payant et l’actualité live mise en avant est une naissance dans la famille royale britannique. Cela en dit long sur le sens des priorités

Mais portons déjà un regard sur l’approche de l’IPBES elle-même, avant de voir son rapport. Cette structure, mise en place dans le cadre de l’ONU, se définit comme la « Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques ». Le problème saute aux yeux pour qui raisonne en termes de planète comme système unifié, comme Gaïa. Déjà, il ne faudrait pas une plateforme intergouvernementale, mais un gouvernement mondial. La question est planétaire, la réponse est planétaire.

Tout autre point de vue appartient au passé.

Ensuite, les termes de « biodiversité et de « services écosystémiques » sont erronés. Ils s’appuient en effet sur la multiplicité, alors qu’il faudrait partir d’un point de vue biocentriste, c’est-à-dire centralisé, unifié. La bio-diversité est secondaire par rapport au caractère unifié de la vie planétaire ; on parle ici d’une biosphère. Il n’y a pas de « services » fournis par des « écosystèmes », mais des interrelations de la vie à l’échelle de la planète.

Il n’y a pas de « diversité » et d’éléments individuels, séparés, mais un tout composé de multiples éléments lui étant subordonnés dans leur substance même. Il n’y a pas l’humanité d’un côté, des êtres vivants naturels de l’autre, sur un rocher dans l’espace. Il y a Gaïa, et rien d’autre.

Certains diront que c’est du pinaillage ou de la mystique, mais c’est qu’ils ne voient pas ou refusent le point de vue biocentriste et la lecture de la planète comme système-Terre unifié. C’est d’ailleurs le cas de l’humanité encore aujourd’hui et la conséquence en est la continuation de la catastrophe. Tant que la planète ne sera pas considérée comme étant Gaïa, un système unifié, jamais il ne sera possible de se placer au niveau des questions posées par Gaïa dans son rapport à l’humanité, et inversement.

Tant que Gaïa sera niée, Gaïa sera incomprise et le processus de crise s’amplifiera… Et cela jusqu’au bout, jusqu’à la soumission à Gaïa. Les religieux veulent la soumission à Dieu, les individualistes celle à l’individu, tous ont tort. Il faut se soumettre à la Nature et nous sommes nous-mêmes naturels ; pour être soi-même, il faut se soumettre à sa propre nature, sa propre substance.

L’humanité n’est pas extérieure à la Nature, elle en est une composante, elle n’en est qu’une composante et rien d’autre. L’évolution à l’échelle planétaire n’est pas l’évolution de l’humanité isolée du reste, mais l’évolution de la planète comme système unifié, avec des évolutions en son sein, où tout est relié, connecté

L’IPBES n’est pas d’accord avec la thèse de la planète comme Gaïa. Pour cette structure, il n’y a pas de Nature, mais la « nature » comme rassemblement d’êtres vivants formant un phénomène se développant à côté de l’humanité. D’où les phrases formant les titres du rapport dans sa version sous forme de résumé :

« Le dangereux déclin de la nature :
Un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère  

La réponse mondiale actuelle est insuffisante ;
Des « changements transformateurs» sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature

Les intérêts particuliers doivent être dépassés pour le bien de tous »

Tout ce qu’on lit ici est absurde. La Nature ne peut pas « décliner » et il ne s’agit pas de la « protéger ». La vie est invincible et le développement de la Nature ne peut pas être arrêté. L’idée selon laquelle l’humanité devrait « gérer » de manière meilleure son rapport à la « nature » comme phénomène relève résolument de l’anthropocentrisme, et c’est faux

Le biocentrisme reconnaît la vie comme un processus en développement, toujours plus complexe et se diffusant toujours plus. Rien ne peut arrêter la vie et sa diffusion

Il faut d’ailleurs être bien naïf pour croire que les intérêts particuliers pourraient être « dépassés » du moment qu’on les reconnaît. Les intérêts particuliers ne doivent pas être dépassés, ils doivent s’effacer devant ceux de la planète comme système unifié. C’est le principe du slogan : la Terre d’abord

Le rapport de l’IPBES se relève de fait intenable dans sa nature même, par définition collective, planétaire, totale. Que peuvent faire des individus dispersés par rapport à cela ? Ils ne peuvent que paniquer ou bien refuser les faits… Une telle approche doit être abolie. L’ère de l’anthropocentrisme se termine, celle de l’humanité au service de la vie sur la Terre commence. Et comme on est loin du compte, cela signifie qu’il va y avoir un bouleversement général, une révolution à l’échelle planétaire, l’affirmation de valeurs totalement nouvelles. La morale vegan straight edge va s’imposer

La question qui se pose ici est alors : comment interpréter l’extinction des espèces ? C’est, au-delà des apparences, une question d’une complexité gigantesque. Il ne s’agit pas de nier la destruction, mais il faut voir que la Nature s’appuie sur elle-même. Si des animaux en mangent d’autres, ou si des êtres vivants en mangent d’autres (comme certains animaux avec le végétaux), ce n’est pas parce que la Nature est cruelle.

Ce qui se passe, c’est qu’elle évolue, mais comment peut-elle évoluer, si ce n’est en se transformant elle-même ? La Nature est vie et dans ses fondements mêmes, il y a le fait de vouloir prolonger la vie. Chaque être veut persévérer dans son être, comme l’a dit Spinoza, c’est la base de la Nature même. La souffrance, la cruauté apparente que l’on voit dans la Nature, n’est qu’un support de l’évolution. Il faut ici avoir confiance en la Nature, en son évolution, qui ne peut qu’aboutir à la protection générale de la vie

A l’avenir, la vie se développera sans s’auto-mutiler. Qui a compris ce qu’est la Nature et le sens de son évolution, de son progrès, ne peut pas voir les choses autrement.

Il faut de plus être très prudent avec la notion d’espèces. Elle a été conçu par l’humanité pour procéder à des descriptions, des classifications des êtres vivants. Cela correspond-il à la Nature dans son contenu ? C’est là un champ d’analyse pour les cent prochaines années. Remarquons d’ailleurs que l’humanité affirme elle-même qu’elle ne sait pas précisément combien il y a d’espèces sur Terre. Sa propre définition de ce qu’est une espèce est très difficilement praticable.

Rappelons aussi que pendant des décennies, on a expliqué que les dinosaures ont disparu. L’écrasante majorité des gens le pensent encore. Mais on sait depuis les années 1990 qu’en réalité, une partie des dinosaures s’est transformée en les oiseaux. Il y a même davantage d’espèces d’oiseaux que de mammifères… Plutôt pas mal pour quelque chose qui est censé avoir disparu !

Prenons un autre exemple, avec Franck Courchamp, chercheur au CNRS et observateur du rapport de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Le Monde a organisé un tchat avec lui et voici une de ses réponses, qui du point de vue biocentriste le résume à un simple charlatan



« Ma question est la suivante : – a t on besoin de toutes les espèces !?
-Mr green

Franck Courchamp : Non bien sûr. On n’a pas besoin de tout, il y a une certaine redondance, avec certaines espèces remplissant des rôles écologiques similaires à d’autres. »

Voilà une réponse de comptable, certainement pas de quelqu’un ayant étudié la vie et, connaissant sa complexité, sait bien que ce qui existe n’existe pas pour rien et a une fonction, dans un ensemble interconnecté. La lecture pragmatique, avec des entrées-sorties comme dans la comptabilité, est une aberration criminelle à l’époque de la crise planétaire. Cela en dit long sur l’IPBES… Francj Courchamp se prend ici pour le responsable du personnel de l’entreprise écosystèmes & Cie dirigée par l’humanité…

Citons une autre de ses réponses, où la carte d’électeur et la carte de crédit sont mis sur le même plan, en-dehors de toute question de conscience, de culture, de rapport à la Nature… On est ici dans la supercherie anthropocentriste.

« Chacun d’entre nous a deux cartes dans sa manche. D’abord, la carte d’électeur : les politiciens font ce que les électeurs veulent s’ils veulent être élus. Votez pour ceux qui mettent l’environnement en premier lieu. Ensuite, la carte de crédit : vos choix de consommation font une différence énorme (moins de viande, moins d’emballage, moins d’huile de palme, etc.). Il faut juste qu’on se rappelle que pour être heureux, il y a d’autres moyens que d’aller s’acheter une nouvelle paire de chaussures… »

Encore et toujours l’individu ! Mais cela ne tient plus. La crise par rapport à Gaïa est trop profonde.

On dira, de manière fort juste, que de toutes façons c’est la vie sauvage en général qui compte, pas les « espèces ». Et c’est là tout à fait comment il faut voir les choses, effectivement. C’est d’ailleurs le point d’achoppement de toute la lecture anthropocentriste, qui ne peut que s’effondrer. L’humanité appartient à la Nature et une humanité, aussi aliénée qu’elle soit, ne peut pas agir contre sa propre substance. Elle est imbriquée dans la Nature, elle ne peut pas agir contre elle.

Dans quelle mesure tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent a-t-il été au service de la Nature ? On ne le sait pas encore. Peut-être l’humanité n’est-elle qu’un outil pour par exemple protéger la Gaïa d’éventuelles météorites risquant de lui rentrer dedans. Peut-être n’a-t-elle été qu’un moyen pour diffuser tous les éléments naturels à la surface de la planète. Peut-être était-ce son rôle que d’accélérer un réchauffement.

Dans tous les cas, il appartient à l’humanité de se mettre au service de Gaïa et d’arrêter d’agir de manière anthropocentriste. Il faut une nouvelle génération qui assume le biocentrisme, opérant une analyse de tous les aspects de la vie planétaire, de tous les aspects de la vie humaine, et qui réorganise toutes les valeurs, toute la production, tout le style de vie.

Les générations passées sont trop corrompues, cyniques, passives, individualistes… Elles sont incapables de quoi que ce soit, car elles ne savent pas ce qu’est la loyauté. Et Gaïa a justement besoin de cela : de combattants la protégeant avec la loyauté la plus totale… Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !

Conférence internationale sur la biodiversité de l’IPBES à Paris

A Paris vient de commencer un travail de discussion sur la biodiversité mené par un groupe intergouvernemental issu de l’ONU. Cela durera jusqu’au 4 mai, avec un document final publié le 6 mai.

Il s’agit de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES). Il s’agit d’une sorte de GIEC, mais pour la biodiversité, fondé en 2012.

La réunion parisienne doit en fait valider un document d’évaluation générale de la situation de 1800 pages, qui n’est malheureusement pas encore disponible, et ne le sera jamais. Il est réservé aux « experts », ce qui est une honte. Seule la version finale, qu’on devine relativisée en bien des aspects, sera accessible.

On voit encore comment les questions en rapport avec la Nature sont soigneusement contrôlées en amont par les États, afin d’éviter toute saisie démocratique, toute analyse réelle et conséquente.

Et même ce qui est simplement évalué pourrait suffire à transformer les consciences. Les informations diluées diffusées dans les médias parlent de jusqu’à un million d’espèces animales et végétales qui vont disparaître, souvent dans les prochaines décennies.

L’IPBES a pour cette raison même publié un communiqué de démenti ! Les médias s’appuient sur un document non validé par les 132 États membres, ils utilisent un document confidentiel réservé aux gouvernements et aux experts… et ce serait une bonne chose pour en conserver… la « transparence » ! L’IPBES n’a peur de rien !

L’organisation explique également que les médias auront droit à la version finale le 4, mais sans le droit d’en parler avant la publication publique le 6.

Il va de soi également que les discussions ne seront pas publiques… Le déni de la démocratie est total. Et la paralysie face à cela totale. On devine bien sûr que les États ne vont pas crier sur tous les toits qu’ils soutiennent un massacre planétaire… Mais, à cela s’ajoute le fait que, il faut bien le dire, les opinions publiques sont bien contentes de ne pas trop en savoir et de pouvoir déléguer toute responsabilité.

Quant aux gens conscients, ils ne sont pas engagés suffisamment à fond, pas prêts à la rupture totale, à partir en guerre. Il le faudra bien, pourtant.

Pour se faire une idée sur l’IPBES à Paris, voici une vidéo de plusieurs heures de vidéo en français de la conférence introductive (une « journée des parties prenantes), qui s’est tenue la veille de l’ouverture officielle.

Cette incapacité à affronter ne serait-ce que l’opinion publique quant au désastre concernant la biodiversité en dit donc très long. Mais le rapport final du 6 mai lui-même ne pourra-t-il pas présenter autre chose qu’une perspective d’effondrement ?

Il est impossible qu’il n’y ait pas une prise de conscience, ne serait-ce qu’a minima, à la suite de la publication du rapport. Nous entrons dans une période nouvelle où cela va être le tout pour le tout, où la bataille pour le soulèvement des consciences va être décisif.

Quelqu’un comme Bruno Retailleau, membre du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers et président du groupe UMP puis Les Républicains au Sénat, l’a bien compris…

Les gilets verts d’Extinction Rébellion

Les réseaux sociaux sont désormais parfaitement maîtrisés par des experts en faisant un business lié à des « causes » : l’exemple de la jeune suédoise Greta Thunberg est un parfait modèle de ce type d’escroquerie. Elle vient d’ailleurs de rencontrer le pape, qui l’a naturellement salué chaleureusement, le Vatican s’empressant d’informer la chose suivante :

« De son côté, Greta Thunberg, qui avait demandé à rencontrer le pape, l’a remercié pour son grand engagement en faveur de la création. »

C’est littéralement honteux pour qui a étudié l’encyclique du pape sur l’écologie, qui est d’un vide abyssal (voir notamment ici, , encore , ainsi que ). Rappelons que c’est Nicolas Hulot qui avait écrit la préface de la traduction française.

Par la suite, Greta Thunberg a rejoint Londres, épicentre d’une « première semaine internationale de la rébellion », qui vient de se terminer. Elle était organisée par « Extinction Rébellion », une nouvelle structure née en octobre 2018 en Angleterre. Greta Thunberg y était bien entendu déjà présente…

« Extinction Rébellion » est appuyée par grosso modo toute la mouvance équivalent en France au quotidien Le Monde. C’est une sorte de Greenpeace version réchauffement climatique, avec donc un appui financier et médiatique important.

Lors de la semaine de désobéissance civile, des centaines de personnes ont occupé plusieurs places centrales de Londres, aboutissant par ailleurs à plus d’un millier d’arrestations. En France, le vendredi 19 avril, c’est à La Défense que pareillement deux mille personnes (avec plusieurs ONG se mobilisant) ont bloqué les sites du ministère de la Transition écologique, de la Société générale, d’EDF et de Total. Il y a également l’entrée du ministère de l’agriculture qui a été bloquée en « soutien au monde paysan », etc.

La question est évidemment : qui sont ces gens ? D’où viennent-ils ? Depuis quand la France dispose-t-elle de tellement d’activistes engagés dans un combat ouvert contre le réchauffement climatique et la destruction des espèces qui en découle ? Surtout que « Extinction Rébellion » revendique pour la France 900 membres en janvier 2019, 3 000 en avril.

En fait, on l’aura compris, c’est une mode passant par les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’activistes menant un patient travail de fond, sur des bases solides, durables, avec des perspectives morales et culturelles fortes.

« Extinction Rébellion » profite de cet engouement passager et « radical » pour une cause indéniablement juste, mais qui est totalement desservie par des attitudes consommatrices consistant à « témoigner ». On s’inscrit par internet, on suit sur Facebook et Twitter (voire Instagram), on vient témoigner lors d’une action, et on s’imagine activiste ou militant. Des structures comme L214 ou 269 n’agissent pas différemment.

Voici le document de naissance de cette structure en France, rendu public lors de l’occupation le 24 mars 2019 d’une salle du Muséum d’histoire naturelle à Paris. L’étudier avec un regard approfondi apporte un éclairage significatif.

« À l’aube de la seconde guerre mondiale, le 1er ministre britannique Winston Churchill alerte les grandes puissances européennes qui ne réagissent pas à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces nazies parce qu’elles espèrent, par leur inaction, maintenir la paix. Il leur dit : “Vous avez voulu éviter la guerre au prix de la honte. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre.”

Aujourd’hui, à l’aube d’un basculement sans précédent des équilibres écologiques de la planète, le mouvement international Extinction Rebellion alerte les citoyens et les gouvernements qui ne réagissent pas à l’emballement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Il alerte ceux qui espèrent, par leur inaction, maintenir la paix sociale.  ”Vous avez voulu sauver un système et son mode de vie au prix de la survie de vos propres enfants. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre” – car vous serez inévitablement contraint de vous adapter à des conditions impossibles – et chaque mois perdu à repousser les dures décisions qui s’imposent rendra cette transition plus titanesque encore. C’est d’un effort de guerre dont nous avons besoin aujourd’hui.

Les faits sont là. Le dernier rapport du GIEC, qui acte de l’état actuel de nos connaissances scientifiques sur le climat, élève une nouvelle fois la voix. Il nous exhorte à des changements sociétaux rapides, profonds et de grande envergure pour limiter l’impact d’une augmentation mondiale de la température, dont les conséquences frappent déjà les plus démuni.e.s : montée des eaux, inondations, sécheresses, phénomènes météo extrêmes, épidémies, famines, conflits et migrations.

Notre logique industrielle expansionniste détruit en ce moment même tout ce dont nous dépendons. L’eau, l’air et les sols sains se raréfient. Toutes nos ressources s’épuisent. La Vie s’effondre partout autour de nous. Ce n’est pas une crise passagère. C’est un changement irréversible. Toutes les espèces qui disparaissent ne réapparaîtront pas. Le charbon, le pétrole, le gaz partis en fumée ne se régénèreront pas. Pour nous, il n’y aura pas de retour en arrière.

Mais tout doit être tenté car on aperçoit déjà la conséquence de ce chemin, conséquence à la fois logique et inimaginable : allons-nous être les témoins de l’effondrement de notre population, et peut-être de notre propre disparition ? En ce jour de Déclaration de Rébellion, nous sommes ici, au Muséum National d’Histoire Naturelle, pour proclamer notre rébellion symbolique contre notre extinction et notre rébellion politique contre tout ce qui nous y mène à grands pas.

Nous sommes ici pour remettre notre espèce à sa juste place, au sein de cette fragile toile du Vivant sans laquelle rien n’est possible, cette toile qu’il faudrait honorer et qu’à la place nous détricotons consciencieusement. Ici, dans ce lieu de culture qui tente de rappeler la magie et la diversité du Vivant, où est l’humain ? Où est l’humain dans cette grande fresque de la Vie ? Sera-t-il lui aussi bientôt empaillé, prêt à rejoindre toutes les espèces qui disparaissent à cet instant, et qui disparaitront demain et après demain encore ?

Nous laissons à nos enfants l’enfer en héritage. Ce n’est pas une image. Nous les envoyons vers une mort prématurée si nous ne changeons pas les règles du jeu.

Nous commençons par adresser avec humilité nos excuses à la génération qui aujourd’hui fait ses premiers pas, et nous nous engageons, avec une créativité sans fin, à repeupler nos imaginaires, pour inventer un monde vivable et souhaitable.

Nous savons, qu’au fond de nous, c’est l’instinct de survie qui nous pousse enfin à faire face à notre déni, à nos peurs, à notre colère et à notre désespoir. Nous sommes reconnaissant.e.s envers cet instinct. Mais nous restons lucides.

Nous voyons autour de nous l’impératif de survie devenir une entreprise individuelle et prendre le dessus sur notre dimension collective. S’il se répand, ce réflexe de repli sur soi écrasera les enjeux de justice sociale, d’équité, de transformation de notre modèle économique. S’il se répand, il rendra impossible les choix de société qu’il est vital de faire.

Nous combattons ce repli, conscients que la survie individuelle est une chimère, que les dictatures vertes sont un vrai risque pour la démocratie, et que notre seule solution réaliste est de nous imposer collectivement de nouvelles règles. ​​​​​​​

Nous n’avons plus confiance en la capacité, ni en la volonté de ce gouvernement comme des prochains, de porter et d’encourager cette transformation profonde.  C’est pourquoi, nous, membres d’Extinction Rebellion, appelons tous les arrières-grands-parents, les grands-parents, les parents, les étudiants, et les plus concernés par le climat de demain – les jeunes et les enfants – à entreprendre des actions directes de désobéissance civile, ouvertes à tous, créatives, déterminées, et non-violentes.

Nous sommes pleins de rage contre un système qui organise la destruction du vivant. Nous sommes emplis d’amour pour cette planète.

Nous nous engageons à entrer en rébellion contre des adversaires qu’il est possible d’identifier. Car pendant que des citoyennes, des citoyens et des élu.e.s se battent sur leur territoire pour préserver forêts, montagnes et rivières, de « grands » projets industriels délirants soutenus par les finances publiques continuent de voir le jour. Car pendant que les accords climatiques se succèdent en vain, des banques, des assureurs, des entreprises, des gouvernements criminels continuent d’extraire les énergies fossiles qu’il faut pourtant bannir et garder sous terre pour espérer survivre. Nous viserons ces cibles sans fléchir.

Enfin, en refusant de reconnaître qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées est suicidaire, nos gouvernements sont complices. Quand l’État abandonne délibérément sa responsabilité de protéger ses citoyennes et citoyens, il rompt ses engagements. La révolte devient alors notre droit le plus sacré, et notre devoir le plus indispensable.

Parce que chaque dixième de degré compte, parce que chaque espèce disparue compte, parce que chaque minute compte, parce qu’agir nous ramène à la Vie, nous appelons à la désobéissance civile à grande échelle.

Nous avons tous la responsabilité et le devoir de passer à l’action, nous devons nous rébeller pour la vie. La désobéissance civile non violente est notre dernière chance, notre meilleure option, la voie plus efficace pour forcer un changement de système.

Nous sommes désormais prêtes et prêts à enfreindre la loi et à en subir les conséquences. Nous sommes prêtes et prêts à inonder les prisons pour que tout ce que l’on aime ne disparaisse pas sous les eaux. Quand l’espoir meurt, l’action commence.

L’action commence maintenant.

-XR France, 24 mars 2019 »

En réalité, ces gens ne sont prêts à enfreindre rien du tout. Ils sont un phénomène de mode. Dures paroles ? Nous avons dit la même chose au moment de la « grève » pour le climat dans les lycées français et force est de constater que nous avions alors vu juste. Tout cela est du cinéma et des pitreries conformistes, sans aucune analyse de fond des enjeux.

Pour qu’un mouvement dure, il faut des valeurs et une culture. Sinon, cela peut faire du bruit, mais c’est passager et cela n’apporte rien. Et il est difficile de produire des valeurs et une culture! Cela demande du temps, un engagement énorme. Qui est dans un esprit consommateur n’a aucune chance d’y parvenir.

Tout ce que dit d’ailleurs « Extinction Rébellion », c’est qu’on va à la catastrophe et que les gouvernement doivent impérativement cesser les énergies fossiles le plus rapidement possible. C’est là une expression de panique, pas un projet réel. Et il est marquant que cette désobéissance passe sous silence de manière radicale le véganisme.

Il est pourtant parlé de la destruction en cours de nombreuses espèces. Mais il n’en découle rien de positif, aucune reconnaissance positive des animaux, de la Nature dans son existence sauvage, de la planète comme système.

Tout comme les antispécistes font comme si le véganisme n’avait pas existé depuis les années 1990, « Extinction Rébellion » fait comme si l’écologie engagée de manière absolue n’existait pas pareillement depuis les années 1990, voire bien avant. C’est comme si les hippies ou Earth first !, l’ELF ou la scène vegan straight edge n’avaient jamais existé, comme si le biocentrisme était un concept jamais formulé.

Cela étant, ce n’est guère étonnant. Ce que dit « Extinction Rébellion » c’est qu’il faut préserver la possibilité de faire comme avant. Il y a une critique des grandes entreprises polluantes, d’un mode de vie trop consommateur en énergie polluantes ou productrices de Co2, mais aucune remise en cause du rapport à la Nature en général. Il faut juste stopper les pollueurs. Il faudrait un capitalisme « durable ».

« Extinction Rébellion » a pour cette raison pris comme logo un sablier placé au milieu d’un cercle représentant la planète, avec le vert pour l’écologie et le noir pour le deuil de la situation. C’est une expression de panique, sans ambition révolutionnaire ni volonté d’assumer une morale nouvelle et une identité non anthropocentriste. Pour tout dire, on peut les qualifier de gilets verts.

Ils expriment une panique, celle d’un monde changeant inévitablement de manière totale. Et ils ne veulent pas d’une Nouvelle Gaïa, ils veulent retourner en arrière.

Réflexion sur le délit d’obstruction à la chasse

La nouvelle loi sur l’obstruction à la chasse qui va être mis en place impose une grande réflexion. Le présent article est une contribution à cela et il ne prétend pas résoudre toutes les questions à ce sujet, loin de là, surtout que si l’on observe bien la forme et le contenu de la loi, on voit qu’il existe de nombreuses zones floues.

A cela s’ajoute également que tout est une question de rapport de force. Il est évident que si certains vont par exemple faire les malins dans la forêt en disant « on est végan on bloque la chasse à courre ! », ils vont se faire mettre en pièce par l’État. On ne caricature pas un mouvement populaire comme AVA impunément.

Il existe un État avec ses institutions, il existe une société, il existe un peuple. Croire qu’il existe un « spécisme », sorte de domination abstraite flottant au-dessus de tout, et qu’on peut la renverser en affirmant une idée fixe, ce n’est pas qu’être improductif, c’est aller au casse-pipe.

Cette parenthèse nécessaire étant faite, passons aux choses sérieuses avec la loi sur l’obstruction à la chasse comme tentative de casser tout caractère populaire à l’opposition à la chasse. Faisons immédiatement un rappel important quant au fonctionnement du droit en France. Aucun activiste pour les animaux, et cela que ce soit dans le cadre de légalité ou de l’illégalité (la frontière étant ici faussée qui plus est), ne peut échapper en effet à un aspect très particulier du droit de notre pays, à savoir la dimension interprétative très grande dont dispose le juge.

En effet, pour qu’il y ait une contravention, un délit ou un crime, il faut qu’il y ait à la fois un élément matériel et un élément moral, ainsi qu’une loi à ce sujet. Si l’on préfère, pour être condamné pour quelque chose en tant que tel, il faut une loi disant que c’est interdit, une preuve matérielle que la chose a été faite, et la preuve que « moralement » on a voulu le faire.

Cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas être condamné pour quelque chose qu’on n’a pas fait exprès, ou bien parce qu’on ne savait pas que c’était interdit (nul n’est censé ignorer la loi !). Mais on est là dans un autre cas de figure, puisque la question est la suivante : la loi sur l’obstruction de la chasse impose-t-elle réellement une preuve de la volonté de nuire à la chasse pour qu’on tombe sous son joug ?

Ou, si l’on veut, suffit-il que quelqu’un dise qu’on a cherché à « empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit », pour être condamné ?

Les termes d’empêcher, entraver, gêner sont en effet très vagues, surtout le terme de « gêner ». Gêner, c’est mettre dans une situation embarrassante, difficile, c’est donc extrêmement large.

En Droit pénal, on connaît par exemple le « fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de manifestation ou d’entraver le déroulement des débats d’une assemblée parlementaire ou d’un organe délibérant d’une collectivité territoriale ». Pour la chasse, si on fait une comparaison avec le droit du travail, entraver, c’est empêcher le fonctionnement régulier.

Cependant, une chasse n’a pas une régularité comme le fait de travailler. On travaille tous les jours et on travaille grosso modo comme on l’a fait hier et comme on le fera demain. La chasse est un processus plus aléatoire, par définition même.

De plus, la loi sur la chasse dirait « par quelque moyen ou agissement que ce soit ». Dans cette logique, en théorie, il suffit d’être dans une forêt et n’importe quel chasseur peut dire qu’on le gêne. La simple présence correspond bien à ce qu’on peut entendre par « par quelque moyen ».

Et autant pour « bloquer les véhicules des chasseur » ou bien « utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique », cela semble assez flagrant, ce sont des choses claires, autant gêner ne veut rien dire.

Mais la théorie n’est pas le droit, aussi faut-il regarder ce qu’il en est. Pourquoi justement « bloquer un véhicule » est-il un cas flagrant ? Car la situation matérielle est évidente et parce que l’intention va de paire aussi.

Il faut ici mentionner deux choses au niveau du droit. Tout d’abord l’article 121-3 du code pénal qui dit :

« Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre. »

Ensuite, le fait que pour la Cour de cassation, il est considéré que :

« La seule constatation de la violation, en connaissance de cause, d’une prescription légale ou réglementaire implique, de la part de son auteur, l’intention coupable exigée par l’article 121-3, al. 1 du Code pénal » (Crim., 11 mai 1995, pourvoi n° 94-82.748 ; voir aussi, Crim., 12 mars 1970, pourvoi n° 69-90.644, Bull. crim. 1970, n° 103, D. 1970, p. 385, note M. Delmas).

Si on bloque une voiture, on a choisi de le faire, selon le droit. Mais qu’en est-il de quelqu’un sciant un mirador de chasse ? Comment le juge peut-il considérer que cela relève d’une entrave de la chasse, et non pas simplement d’une action gratuite ? Comment peut-il justifier l’élément moral dans son rapport à la chasse ?

C’est là techniquement le droit français est problématique.

Imaginons qu’une personne inconnue des personnes de police soit arrêtée pour avoir scié un mirador. Il y a des preuves certaines que c’est elle. Si elle dit qu’elle a fait cela par amusement, elle est juste coupable de dégradations.

Si par contre, il y a marqué ALF sur les restes du mirador, cela pose-t-il un souci, en toute logique ? Non, car il faudrait la preuve en flagrant délit que la même personne ait inscrite les lettres en question, ou bien qu’on retrouve chez elle la même peinture.

Sauf qu’il y a justement un cas de figure, propre à la France : celui où intervient alors le « faisceau » d’indices.

En clair, imaginons que cette même personne milite pour les droits des animaux. L’enquête le prouve. La question est de savoir dans quelle mesure le juge peut ou non alors affirmer que c’est une action anti-chasse.

Dans les pays anglo-saxons, où s’applique ce qu’on appelle la common law, il faut que le juge ait un certain niveau de conviction ; il lui faut des « preuves prépondérantes » dans un procès civil et dans un procès pénal qu’il soit convaincu « au-delà de tout doute raisonnable ».

La personne militant pour les animaux pourrait, dans un tel contexte, tout à fait dire qu’elle a détruit un mirador par amusement, que d’autres personnes sont passées inscrire quelque chose dessus. Le juge doit, normalement, prouver qu’il y a une intention organisée de mener une action dans un but concret.

D’où par exemple aux États-Unis l’autorisation qu’a le FBI d’utiliser des preuves lors de coups montés par elle-même, au moyen d’agents infiltrés, par exemple en enregistrant une discussion où une personne affirme vouloir saboter la chasse.

En France, c’est différent. La preuve de la liaison entre l’intention et l’action n’a pas besoin d’être aussi forte. Il suffit que le juge pense qu’il y ait un lien pour que cela soit considéré comme tel. L’article 427 du Code de procédure pénale affirme en effet que :

« Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. »

Ce « tout mode de preuve » est la boîte de Pandore de la possibilité de condamner n’importe qui n’importe comment si la loi a des contours trop lâches. Ce qui est le cas avec gêner, et même avec empêcher et entraver.

Pourquoi ? Parce que le juge peut chercher des preuves de manière très vague, et même les rassembler pour former ce qu’on appelle un faisceau d’indices, qui sert alors de preuve. Ainsi, un juge peut dire : on a trouvé des badges en faveur de l’ALF chez vous lors d’une perquisition et on sait que vous avez scié un mirador. Donc, en plus du vandalisme, il y a obstruction à la chasse.

Regardons maintenant cependant quelque chose relevant de la simple légalité, par opposition à une action clandestine et illégale. Prenons la situation suivante : un tel a été à un rassemblement contre la chasse à courre, il a été un autre jour dans une forêt alors qu’une chasse à courre s’y déroulait. Le juge peut dire en France : c’est un faisceau d’indices indiquant une intention de la gêner.

Sur le plan de l’élément moral, c’est l’arbitraire. On peut accuser n’importe qui d’être au mauvais endroit au mauvais moment et de l’avoir fait en réalité sciemment. C’est cela qui a amené la possibilité d’interdire de gens de manifester, en raison de la « présomption » qu’ils auraient des intentions morales hostiles.

Cependant, comme nous ne vivons pas sous un régime fasciste, le juge ne peut pas non plus affirmer tout cela aussi simplement que cela, au sens où même s’il peut affirmer l’intention n’importe comment, il faut prouver matériellement les choses pour condamner matériellement.

Et là le terme gêner si négatif pour l’élément moral devient paradoxalement relativement favorable pour les défenseurs des animaux en ce qui concerne l’élément matériel. La suite directe de l’article 427 du Code de procédure pénale mentionnée plus haut dispose en effet que :

« Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui. »

Ce qui signifie que, tant qu’on est pas dans un régime fasciste (qui suivrait toujours ce que dit le juge), il faut que le juge se justifie en disant : telle preuve a été montrée. Or, comment justement prouver qu’il a eu entrave, empêchement, gêne ?

C’est d’autant plus flagrant que la loi fait passer l’obstruction à la chasse de la contravention au délit. Cela change tout. La contravention est prononcée par un juge de proximité ou un juge de police et il n’y a pas d’instruction judiciaire ou quasiment. C’est un peu le principe de : on a fait quelque chose de non-légal, on paie une amende, l’histoire s’arrête.

Mais un délit, cela exige le tribunal correctionnel. L’instruction judiciaire y est facultative, elle est gardée pour les affaires dites complexes. Mais quoi de plus complexe qu’une histoire d’empêchement ? Car en droit les faits doivent correspondre à la définition légale d’une infraction.

Les magistrats vont faire face à une situation où ils devront plonger dans une bataille de définition de dictionnaires pour savoir s’il y a eu ou bien entrave ou bien empêchement ou bien gêne.

Car ils doivent le dire, et le motiver ! Surtout qu’un tel procès implique un avocat, avec une plaidoirie. Les preuves d’un empêchement, ou d’une entrave, ou bien d’un gêne, devront être sacrément bétonnées, c’est du sérieux, il y a un schéma contradictoire au procès qu’il n’y a pas pour une contravention.

C’est donc en apparence plutôt positif pour les anti-chasse. A moins que l’État contourne le problème et fasse un saut qualitatif dans la question. Comment ? En faisant sorte qu’il y ait un procès et qu’une jurisprudence en sorte, disant que n’importe quel acte en rapport avec le déroulement d’une chasse dans ce qu’on attend qu’elle soit consiste justement en un empêchement, une entrave, un gêne.

Ce qui serait inattendu dans une chasse serait condamnable. Il ne serait pas logique, par exemple, de voir un regroupement de 30 personnes se retrouver subitement sur le parcours d’une chasse à cours.

Il y a toutefois deux soucis ici. Tout d’abord, le droit français ne raisonne pas en termes de ce qui est logique ou pas (contrairement au droit pénal latino-américain). Ensuite, il faudrait que le tribunal pose une interaction entre l’individu sur le parcours de la chasse à courre et le groupe, car le principe du groupe prouverait le délit. Sauf que le délit n’est pas posé comme étant en réunion dans la loi…

On aurait alors dans l’idée 30 personnes étant des promeneurs, mais un groupe de 30 promeneurs relevant du délit, sauf que le délit vise les personnes, pas le groupe. C’est là quelque chose compliqué.

Un autre souci se pose, dans la même idée, et de manière problématique pour les anti-chasse. Imaginons qu’on arrête X pour entrave à une chasse. Le juge va vouloir établir les preuves. Pour cela il va convoquer des gens, et même qui il veut, dans l’esprit de l’article 10, alinéa 1er du Code civil dit que :

« Chacun est tenu d’apporter son concours à la justice en vue de la manifestation de la vérité.

Celui qui, sans motif légitime, se soustrait à cette obligation lorsqu’il en a été légalement requis, peut être contraint d’y satisfaire, au besoin à peine d’astreinte ou d’amende civile, sans préjudice de dommages et intérêts. »

Dans le code pénal, cela donne avec l’article 109 :

« Toute personne citée pour être entendue comme témoin est tenue de comparaître » 

Seulement il va y avoir, pour exemple pour une situation en rapport à la chasse à courre, que deux types de gens : les chasseurs, les opposants. Or, il ne sera pas possible d’écouter les opposants, car l’article 105 du code de procédure pénale dit que :

« Les personnes à l’encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d’avoir participé aux faits dont le juge d’instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins. »

Cela impliquerait non seulement de ne pas écouter les opposants, mais même par définition de devoir tous les poursuivre… C’est là faire du droit une véritable machine de guerre. La magistrature suivra-t-elle dans une telle démarche la transformant en appendice répressif mécanique ?

Et on en revient à la question posée précédemment, car la loi parle de chasse individuelle ou collective, mais pas d’entrave en réunion. Faut-il alors faire un seul procès, ou plusieurs ? Et le procès ne pourra-t-il écouter que les chasseurs, sans perdre toute crédibilité ?

Pour un magistrat, il n’y a pas forcément l’envie de s’embarquer dans une histoire pareille. Et en même temps il y a ici un boulevard pour les avocats pour sabrer la répression, à condition bien entendu de s’appuyer sur une base populaire. Si l’on est dans le cas de plusieurs individus contre l’État, c’est plié d’office, car il n’y a plus d’arrière-plan lié à la société. Dans ces cas-là, l’État raisonne froidement et applique mécaniquement.

Évidemment, ce cas où les opposants seraient exclus comme témoin implique par contre qu’il faut une instruction judiciaire. Mais c’est clairement inévitable dans une telle situation, dont on devine la complexité rien que pour définir ce qu’est une « gêne » et trouver des preuves.

Sans cela, cela bascule donc comme déjà dit au niveau d’une contravention jugée à la va-vite car c’est flagrant et il va y avoir un gouffre entre le fait de prétendre juger un délit, avec un avocat et toute une procédure) et le fait de réduire le procès à un simple acte de contravention sauf que cela se déroule lors d’un procès au tribunal correctionnel…

C’est évidemment possible, mais cela impliquerait un chambardement du droit et un niveau de répression étatique extrêmement élevé. Les magistrats deviendraient des auxiliaires d’une répression de proximité.

Et s’il n’y a pas d’instruction ? Alors on accusera le tribunal de bafouer le droit à un procès équitable en s’appuyant uniquement sur une enquête préliminaire, et de vouloir pénaliser l’activisme anti-chasse en s’appuyant par exemple sur la multiplication des arrestations dans le cadre du flagrant délit. Et c’est le début d’un processus allant même jusqu’à Cour européenne des droits de l’Homme…

Le tout étant évidemment lié à la nécessité, encore une fois, d’une campagne populaire.

Ainsi, pour résumer cet aspect d’une question complexe, même si les juges peuvent forcer le passage pour l’élément moral, grâce à leur « intime conviction » qui peut les amener facilement à affirmer qu’il y a une liaison entre l’acte et l’identité du prévenu, il ne suffira pas de dire qu’une personne a cherché à « empêcher, entraver ou gêner », il faudra dire si elle a empêché, ou entraver, ou gêner, et le montrer. Et cela, c’est très compliqué, en tout cas, on le souhaite, encore plus à un tribunal correctionnel.

Il faut donc s’attendre à ce que les chasseurs réorientent leur stratégie, vraisemblablement vers une interdiction pour trouble de l’ordre public. Une série de procès pour obstruction à la chasse, même perdue par eux, pourrait être un argument utilisé par eux en ce sens.

A moins que, et c’est une hypothèse qui se tient largement, les chasseurs le savent déjà.

Qu’est-ce que cela donne dans ce cas de figure ? Le délit sera considéré non pas sur dépôt de plainte a posteriori par les chasseurs, mais par constatation directe de l’infraction par l’exécutif, la police ou la gendarmerie, voire même en présence du Préfet, de la presse et de tout le tintouin. S’en suivront des arrestations massives et des comparutions immédiates.

En fait, il faut craindre des arrestations sous forme de coups de filet. Beaucoup de personnes interpellées d’un coup, histoire de casser la dynamique populaire. On se souvient d’ailleurs que les gardes mobiles étaient mécontents de faire du maintien de l’ordre en forêt, arguant que ce n’est pas leur boulot. Mais les gendarmes, eux, relèvent d’une logique militaire et ils procéderont à des arrestations sans problème, c’est leur travail, leur identité.

Cela se tient car on voit que cette notion de délit d’obstruction à la chasse est très bancal, au point qu’on peut penser qu’il ne s’agit pas de faire du droit dans la durée, d’opposer une règle stable à une infraction qui travaille la société dans son tréfonds, comme le fait le droit normalement. Il s’agit bien plutôt de trouver une parade sensationnelle à une demande particulière, celle de l’économie de la chasse et de la gestion des forêts.

Le scénario serait alors quelque chose du genre :

1. 34 arrestations tel jour, telle heure, à tel point de la forêt ,alors que la chasse était organisée de notoriété publique et que le Préfet et les services de police avaient rappelé la loi.

2. On cherche sur les 34 personnes arrêtées des dispositifs de communication, de filmage, des équipements laissant penser qu’ils ne pouvaient se trouver là par hasard et pas pour une simple balade en forêt.

3. La chasse est considérée comme n’ayant pu avoir un déroulement normal du fait de l’activité des 34, par exemple avec le ralentissement des chiens à tel croisement, certains étant passé devant les chevaux à tel endroit, etc. Ceux qui ne sont pas coupables seront jugés comme complices de l’obstruction en général.

4. Le délit est donc constitué et l’affaire est dans le sac, les 34 sont considérés comme coupables.

Tout cela ne forme qu’une réflexion et il peut, il doit y en avoir d’autres. Il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte. C’est une véritable partie d’échecs qui se joue ici. Qui veut se faire simplement plaisir ne peut que contribuer à l’effondrement général de la Cause, car en face cela ne plaisante pas.

Les chasseurs veulent écraser toute opposition, avant que la société – qui est contre la chasse – ne se saisisse de ce thème, ce qui aboutirait à une réaction en chaîne concernant la compréhension de toute une série d’aspects réactionnaires de la France d’aujourd’hui. Et le véganisme apparaîtrait comme une proposition utopique tout à fait concrète et cohérente.

C’est ce là qu’il faut partir pour comprendre la question.

« L’Office français de la biodiversité et de la chasse »

C’est une information très importante pour tous les amis des animaux, mais en particulier pour les personnes engagées dans la lutte contre la chasse. Il y a de très profondes modifications dans les institutions françaises, avec un pouvoir accru des chasseurs, une plus grande protection juridique pour leurs activités.

Il y a en effet la « création de l’Office français de la biodiversité et de la chasse, modifiant les missions des fédérations des chasseurs et renforçant la police de l’environnement ». Il y a eu en 2016 une « agence français de la biodiversité » qui a été mise en place : elle va fusionner en janvier 2020 avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Cela devait s’appeler l’Office français de la biodiversité, cela s’appellera l’Office français de la biodiversité et de la chasse. Cette mise en place institutionnelle a déjà été votée par l’Assemblée nationale le 24 janvier 2019 et le Sénat a validé cela le 11 avril 2019, en première lecture, à l’unanimité.

Le Monde décrit ainsi ce à quoi on a assisté :

Au Sénat, le projet de loi a été profondément remanié, à l’avantage des chasseurs. On a entendu des élus défendre bec et ongles le monde cynégétique, se livrer à un vibrant plaidoyer en faveur d’une activité « populaire », ou encore se lever pour « la liberté de chasser ».

Pour donner le ton en effet, la chasse à la glu ou au lacet sont reconnus par les institutions, avec une formulation très terroir :

« Les modes de chasse consacrés par les usages traditionnels à caractère régional appartiennent au patrimoine cynégétique national. À ce titre, ils sont reconnus et préservés. »

C’est là une sacralisation de la barbarie. Avec un appui politique énorme. L’unanimité vient du fait qu’ont voté pour les 235 sénateurs présents. Les Républicains ont voté pour, ainsi La République En Marche (sauf deux), le Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (des centristes, sauf deux), le Groupe Union Centriste (sauf un), les autres se sont abstenus, sauf deux du PS ayant voté pour également.

Voyons en les points les plus importants, outre l’invention d’un « patrimoine cynégétique national », même si justement et très franchement on est très loin d’en avoir fini avec cet Office tellement il y a ici la boîte de Pandore favorisant les chasseurs et l’exploitation animale en général.

Déjà, pour bien souligner quelles sont les forces à l’arrière-plan, voyons déjà que les représentants des organisations professionnelles aquacoles sont intégrées à son conseil d’administration. C’est une reconnaissance officielle de l’aquaculture, ce cauchemar se généralisant en ce début de 21e siècle.

Voyons ensuite qu’il est créé un :

« délit d’obstruction à la chasse en punissant d’un an d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende le fait d’empêcher, entraver ou gêner, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse »

On devine évidemment qu’ici c’est AVA qui est dans la ligne de mire : c’est la criminalisation qui est est visée et elle est assumée.

Un des amendements est justement présenté comme suit, parlant ouvertement de réprimer les anti-chasse à courre :

« À la sous-section 3 de la section 1 du chapitre VIII du titre II du livre IV du code de l’environnement, il est ajouté un article L. 428-3-… ainsi rédigé :

« Art. L. 428-3-…. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait de s’opposer à un acte de chasse en commettant un ou plusieurs des faits suivants :

« – empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit ;

« – utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique ;

« – bloquer les véhicules des chasseurs, leurs chiens ou leurs chevaux afin d’entraver une action de chasse à venir ou en cours. »

Objet

Depuis un décret du 4 juin 2010, codifié à l’article R 428-12-1 du code de l’Environnement, le fait d’empêcher, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse tels que définis par l’article L 420-3 est puni d’une simple contravention de 5ème classe.

Validé par un arrêt du Conseil d’Etat du 11 juillet 2012 (n° 344938, ASPAS), rejetant un recours de l’ASPAS, ce texte a  trouvé à s’appliquer dans quelques cas à l’occasion de chasses à courre.

Aujourd’hui, il est évident que l’infraction n’est pas réprimée à la hauteur de sa fréquence récente et des actes de violence qu’elle représente.

L’extrême violence des attaques organisées par des groupuscules extrémistes s’est soldée non seulement par des maltraitances envers les chiens de chasse (vaporisations de citronnelle dans les yeux), les chevaux, mais aussi par des agressions de chasseurs ou de garde-chasse particulier ou même de suiveurs.

Aujourd’hui, des agressions physiques et des actes de vandalisme  ne sont plus uniquement dirigés contre les veneurs mais touchent également depuis ces derniers mois des chasseurs à tir. La situation ne se limite plus aux forêts domaniales de la région parisienne mais s’est aussi propagée à l’ensemble des régions de France telle que la Bretagne, la Nouvelle Aquitaine, en Occitanie ou l’Auvergne- Rhône-Alpes.

La fédération nationale des chasseurs a d’ailleurs attiré l’attention de la Présidence de la République et du Chef du Gouvernement sur l’urgence à intervenir pour éviter que ne surviennent de véritables drames.

Le reclassement en délit est devenu nécessaire pour permettre aux agents en charge de la police de la chasse ainsi qu’aux forces de l’ordre d’intervenir pour sanctionner les auteurs de ces obstructions violentes dont sont victimes les chasseurs.

La répression de l’acte d’obstruction à la chasse considéré comme un délit suppose d’adopter un texte législatif conformément à l’article 111-3 du Code pénal, et de supprimer par décret en Conseil d’Etat l’article R 428-21-1 du Code de l’environnement. Tel est l’objectif de cet amendement. »

L’argumentaire est sciemment démagogique, car comme le note AVA à ce sujet :

En deux ans de sorties en forêt avec AVA, pas une seule entrave à la chasse n’a été constatée par les forces de l’ordre. Il s’agit là donc de criminaliser à tout prix une opposition populaire pour freiner son inéluctable avancée. Le but de ce durcissement de la loi est tout simplement d’intimider les personnes opposées à la chasse à courre, de les dissuader de s’engager.

En outre, tout démocrate sincère ne peut qu’être révolté par la forme de cet amendement, dont l’objet mensonger a été sciemment tourné de manière à tromper les élus (texte complet ci-joint).

Voici donc une ligne de fracture pour les élus : renforcer aveuglément la toute-puissance d’un groupe d’intérêt ultra-minoritaire en votant une loi basée sur du mensonge, ou refuser de jouer ce jeu qui rabaisse leur fonction, affirmant ainsi leur indépendance et leur rigueur démocratique.

La population saura être attentive aux voix qui émergeront de ce débat. De son côté, AVA continuera son action en faveur des animaux et de la Nature, comme toujours de manière raisonnée et pacifique, aussi longtemps que les habitants nous porteront ! 

Il n’y a pas d’entraves à la chasse, mais comme il y en aurait il faudrait renforcer la loi, telle est donc la logique du gouvernement, appuyé par Emmanuel Macron…

On ne s’étonnera donc pas que pour le congrès de la fédération nationale de la chasse à Paris, qui s’est tenu fin mars à la salle de la Mutualité, il y avait comme intervenants :

  • le ministre de la Transition écologique François de Rugy,
  • le ministre de l’agriculture Didier Guillaume,
  • le ministre des Collectivités locales Sébastien Lecornu,
  • la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

Willy Schraen, le président de la fédération des chasseurs y a notamment affirmé que :

« Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »

Ce qu’a voté le Sénat est également d’autant plus dangereux que « l’obstruction » est quelque chose de flou, qui risque d’être laissé à l’appréciation du juge. Il n’est pas parler simplement d’entrave, mais de « gêne » : gêner un chasseur devient passible du pénal !

En fait, même se balader à tel ou tel endroit ou tel moment pourrait, en forçant, être considérée comme une obstruction. Même éternuer serait une obstruction et pour la preuve il suffira au juge de dire qu’on a fait semblant d’éternuer !

C’est là quelque chose de très grave ; il sera nécessaire de bien étudier les contours de ce que cela peut donner. On est là dans une répression anti-démocratique de très grande envergure. Surtout qu’il y a ce point qui dit :

« mettre les professionnels des fédérations des chasseurs en capacité de rechercher et de constater toutes les infractions de chasse sur l’ensemble du territoire départemental pour lequel ils sont assermentés »

Cela vise normalement les chasseurs eux-mêmes, puisque c’est une infraction. Mais qu’en est-il dans le rapport au délit d’obstruction ? Il faudrait ici peu de choses pour que les chasseurs puissent eux-mêmes décider que telle ou telle personne fait de l’obstruction… Un professionnel nommé par la fédération pourrait ainsi se voir assermenté à ce niveau et accuser qui il veut comme il veut.

Les cadeaux faits aux chasseurs sont également innombrables, pour le reste. Il est ainsi parlé de :

« Encadrer la pratique de l’agrainage sans en interdire le principe »

Cela signifie que l’État reconnaît que les chasseurs nourrissent certains animaux sauvages pour après dire : il y en a trop, il faut qu’on intervienne ! Mais qu’en même temps l’État se contente de dire de son côté : n’en faites pas trop quand même. C’est là d’une hypocrisie sans nom.

Une autre triste blague est l’affirmation comme l’Office doit :

« Lutter contre l’engrillagement des espaces naturels et forestiers »

Cela signifie ni plus ni moins : portes ouvertes aux chasseurs, partout ! Et le premier à faire tomber les grilles sera l’État lui-même.

L’idée de faire des cadeaux est d’ailleurs même inscrit dans les principes mêmes de l’Office :

« prévoir l’appui de l’Office français de la biodiversité et de la chasse à l’ensemble des acteurs, publics et privés, dans leurs actions en faveur de la lutte contre les espèces invasives et la coordination des mesures mises en œuvre »

En clair, l’Office pourra littéralement faire des chasseurs des saints venant rétablir l’équilibre troublé par la prétendue folie de Dame Nature… Des saints qu’il faudra matériellement soutenir, évidemment.

A cela s’ajoute que la chasse des oiseaux migrateurs pourra se voir prolongée au-delà des périodes légales prévues, puisque le principe de la chasse « adaptative » est désormais de rigueur.

Tout cela est donc pour le début de l’année 2020. Il reste encore une étape juridique, puisqu’il doit y avoir une commission mixte paritaire de députés et de sénateurs pour accepter le tout, et sinon un retour à l’Assemblée nationale pour forcer le passage.

Autant dire qu’il va falloir redoubler d’intelligence et d’activisme ! Et être prêt à assumer la confrontation avec la répression, tout en veillant toujours à préserver les espaces populaires ouverts. Sans cela, cela sera un échec, une vanité, comme pour les antispécistes, qui gâchent les énergies et vont dans le mur, en étant qui plus est fiers d’être anti-sociaux et de mépriser la population…

Verdict du procès des antispécistes de Lille

Il fut un temps où le fait d’être vegan en France suscitait une incompréhension, surtout que le mot n’était même pas connu. L’incompréhension est une chose mauvaise bien entendu, mais il y a pire : c’est l’indifférence. Et c’est là où nous amène l’esprit consumériste bobo et « l’antispécisme ».

Car la France est un pays ultra-moderne, avec une économie extrêmement puissante. Elle a largement les moyens d’avoir une petite minorité désobéissante sur certains principes, et cela d’autant plus que, finalement, cela renforce le libéralisme et de nouvelles formes de consommation.

C’est pour cela que l’émergence du véganisme en France est un échec complet. Arrivé avec 20 ans de retard dans notre pays, le véganisme a été happé par les bobos et le sentimentalisme infantile. On ne peut plus ouvrir un magazine féminin sans y avoir l’éloge de tel ou tel produit vegan, alors que les commerces et les restaurants font du véganisme un argument de mode, de modernité.

Quant à l’antispécisme qui croit avoir découvert quelque chose, il se réduit de plus en plus à une sorte de néo-anarchisme, soit tolstoïen comme Aymeric Caron, soit propagandiste par le fait comme « 269 » ou, donc, les fameux antispécistes peinturlurant « stop spécisme », cassant des vitrines, voire mettant le feu.

Il faut bien parler ici de propagande par le fait, car les accusés du procès de Lille ont bien souligné qu’ils visaient à « visibiliser » la lutte. Ce qui n’a rien à voir avec, donc, une lutte qui vise à avoir un effet sur la société, au-delà du symbole.

L’ALF, par exemple, n’a jamais été une organisation utilisant le principe de la propagande par le fait. Cela a toujours relevé soit d’une libération directe d’animaux, soit d’une attaque à des intérêts économiques bien précis, dans un plan d’ensemble.

C’est important de le souligner, car le néo-anarchisme, cela fait du bruit mais tout le monde s’en moque. Et on le voit avec l’extrême mansuétude et le timing du procès des « antispécistes » de Lille, qui n’aura été que pour les médias qu’une petite anecdote pittoresque.

Le verdict est en effet tombé le lundi 8 avril 2019. Cela donne la chose suivante :

– C. : 18 mois de prison, dont 10 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– M. : 15 mois de prison, dont 6 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– E. : mise à l’épreuve de trois ans, mise à l’épreuve de trois ans ;

– J. : mise à l’épreuve de trois ans.

Il n’y a pas eu de mandat de dépôt, ce qui signifie que les deux condamnés à la prison ferme sont ressortis libres et qu’elles devront voir en mai 2019 comment leur peine va être mise en place. C’est très intelligent, car il va se poser la question de l’accessibilité à une alimentation végétalienne pour les personnes emprisonnée. Ici la question est repoussée, noyée dans les détails administratifs. L’État français a ici très bien joué la carte de la neutralisation de tout antagonisme.

Le tribunal a également demandé l’indemnisation des victimes pour les préjudices subis, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, cependant on ne saura qu’en décembre 2019 quelles sommes seront à verser aux parties civiles.

Là encore, c’est très bien tourné, puisque cela empêche une actualité de l’information à ce sujet. Bien que, de toutes façons, le procès de Lille a été pratiquement oublié par les médias, alors qu’au moment où les vitrines étaient brisées, cela faisait une grande actualité nationale. Mais c’est là le propre de la propagande par le fait d’agiter vainement, sans résultat au bout.

Les personnes condamnées ne savent pas encore si elles vont faire appel, ce qui est logique, car de par la situation actuelle, le rapport de forces, leurs aveux, ces peines sont les plus faibles qu’elles auraient pu obtenir.

Il y a naturellement l’épée de Damoclès de la somme à rembourser, mais on aura compris qu’il s’agit là d’un moyen pour l’État de faire pression sur ces personnes, afin qu’elles « rentrent dans le droit chemin » individuellement, et également de voir à quoi ressemble la situation dans six mois, pour savoir s’il faut cogner ou pas une éventuelle activité « antispéciste ».

Cela montre la toute-puissance de l’État, qui a balayé cette affaire « antispéciste » d’un revers de la main, comme un simple fait-divers bruyant, mais sans aucun impact sur la société, tout en organisant l’intégration de cette vague de violence au moyen d’un dispositif juridique bien rôdé.

Naturellement, si les « antispécistes » avaient assumé leurs actes, s’ils avaient levé le drapeau de l’ALF, là tout aurait été différent. On aurait eu un engagement inébranlable et décidé, avec un horizon bien déterminé, un état d’esprit facile à cerner, une démarche facile à comprendre.

Là, la situation se serait renversée et cela aurait été un véritable manifeste pour la libération animale. Cela aurait fait vaciller l’idéologie dominante, cela aurait galvanisé les activiste, cela aurait présenté un horizon très clair.

Figure de l’ALF, puis de l’ARM, Barry Horne est un exemple d’opiniâtreté et de politisation de ses procès.

Cependant, c’est là de la politique-fiction, dans la mesure où ce n’était pas d’actualité à Lille. Les « antispécistes » méprisent ce qu’il y a eu avant leur apparition récente, au point d’ailleurs que pour eux rien n’a existé avant eux.

Aymeric Caron a d’ailleurs répondu il y a peu de temps de cela à une critique d’un végétarien, Hugo Clément, qui vient de publier un ouvrage : « Bon, ben heureusement que t’es arrivé Hugo ». Sauf qu’Aymeric Caron a fait exactement la même chose, débarquant en prétendant tout découvrir, en niant par conséquent tout ce qu’il y avait avant lui, en profitant de son aura de beau gosse passant à la télévision…

C’est bien le problème : déconnecté de l’amour pour les animaux d’un côté, d’un engagement pour objectif très clair de l’autre (la libération animale!), les antispécistes vivotent en se racontant des histoires, en niant la société. Ils sont une expression immédiatiste et sans envergure, et ils n’assument pas, parce qu’ils ne peuvent pas assumer, parce qu’ils ne savent même ce qu’il y aurait à assumer !

Les « antispécistes » sont en fait les gilets jaunes du véganisme : ils ont le même rapport aux idées, à l’organisation, à l’histoire de la lutte, et c’est un rapport inexistant. Les « antispécistes » sont comme les gilets jaunes : ils pensent qu’il y a une sorte de déluge, et qu’ils arrivent dans un monde neuf, n’ayant jamais existé, qu’ils seraient les seuls à comprendre.

Pure illusion ! Car les antispécistes ne sont que le sous-produit sociologique du triomphe de l’exploitation animale, de sa généralisation. Ils n’ont aucun recul, aucune continuité, simplement du volontarisme véllétaire, aboutissant à des choses marquantes mais sans effet.

D’où un procès qui n’aura été qu’un fait-divers, sans dimension politique, sans envergure nationale. Une anecdote réglée administrativement par l’État qui siffle la fin de la récréation. Tout est neutralisé, aseptisé.

Naturellement, la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord est par contre déçue de son côté. Elle espérait que cela aille plus loin. Car les partisans de l’exploitation animale savent que, par définition, les choses ne peuvent pas en rester là. Ils auraient donc bien aimé avoir comme ennemis des « antispécistes » sans envergure, anthropocentristes, socialement marginalisés, incapables d’assumer leur combat au tribunal.

Voici le communiqué de la la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord.

Les partisans de l’exploitation animale auraient largement appréciés avoir une série de petits procès de ce type, non pas pour assécher le terrain au maximum, mais au contraire pour le remplir d’antispécistes, cet ennemi qui ne menace rien. Au grand désespoir des bouchers et charcutiers, éleveurs et chasseurs… ils vont s’effacer, bien trop vite !

Afin de laisser la place à une vraie démarche d’affrontement pour la libération animale, de manière ancrée dans la société, portant un projet écologiste d’ampleur par la reconnaissance de la Nature. Une lutte à la fois sans compromis, mais cherchant et trouvant des brèches pour mobiliser la population, pour renverser d’un côté, produire une nouvelle culture de l’autre !

« Les animaux n’ont personne à part nous, nous ne les abandonnerons pas. » (Barry Horne)

Compte-rendu des rassemblements anti-chasse à courre du 30 mars 2019

Il y a un an, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) réussissait à rassembler mille personnes à Compiègne pour marquer le refus de la chasse à courre (voir ici et ). La seconde édition s’est déroulée le samedi 30 mars 2019, avec un objectif évidemment très clair : ancrer l’initiative, prolonger ce qui a été lancé. Sur ce plan, c’est indéniablement un succès.

Avant de voir ce qu’ont donné concrètement les quatre rassemblements, voici la retranscription du discours tenu à la fin de celui de Pont-Sainte-Maxence. Il a été tenu là où un cerf avait été sauvé, l’année précédente.

« J’ai eu les chiffres officiels, on est officiellement 1100 aujourd’hui !

On n’est pas vraiment des activistes qui arriveraient de manière subjective avec des grandes valeurs, c’est vraiment un mouvement plus de résistance avec des habitants des villages forestiers qui se lèvent contre des invasions un peu barbares, qui viennent dans leur ville ici comme à Pont sainte Maxence il y a quelques semaines où un cerf s’est réfugié dans le quartier derrière, où des habitants sont sortis, le maire est venu, ils ont réussi à repousser les veneurs, on espère que ce sera comme ça maintenant dans tout le pays !

Ils ont répondu avec des mensonges dans la presse de manière systématique, des violences, des agressions, toutes les semaines on se prenait des coups de pied, des coups de poing, des coups de fouet, on nous a foncé dessus, au galop à cheval, et vraiment l’un d’entre nous, en Bretagne était dans le coma et il s’est réveillé il y a deux semaines.

Je tiens à féliciter le grand courage des gens qui sont sortis en forêt avec AVA, on a fait le compte, c’était plus 700 personnes qui se sont relayées en forêt.

Chaque coup que les veneurs essayent de nous porter, chaque sursaut qu’a eu cet espèce de zombie qu’est la vénerie pour rester en vie cette année se retourne contre eux, chaque coup a retourné la population un peu plus contre eux, les a condamnés un peu plus aux yeux des gens, aux yeux de l’histoire qui avance malgré eux, eux qui voudraient rester en 1450 etc… tenir toutes les campagnes françaises dans le formol.

On a réussi à exploser ça petit à petit et ça c’est une grande réussite morale, on a 19 groupes en France, 700 personnes en forêt, 1100 personnes et qui sait le nombre de gens dans les villages qui n’osent pas encore s’exprimer mais qui soutiennent ce mouvement, on sait qu’on est 84 % en France, disons que le mouvement ne pourra plus s’arrêter, maintenant aujourd’hui, on est là pour leur dire, et peut être pour six mois seulement avant qu’on revienne plus nombreux, plus forts, plus sûrs de nous encore ! »

Ajoutons une précision encore avant de voir ce qu’il est pour les rassemblements. Car le même samedi, il y a des faits notables qui se sont déroulés en parallèle. Ainsi, ce fut la première sortie d’AVA Poitou ! Et AVA Normandie et AVA Touraine étaient également dans la forêt.

Il y a quelque chose d’admirable là-dedans, il faut le souligner. Ces gens auraient pu rejoindre les autres rassemblements, même s’ils étaient loin. Cela aurait été plus convivial. Mais ils ont préféré assumer de protéger des animaux dans la forêt. N’est-ce pas là ce qu’on appelle répondre à l’appel d’un devoir moral ? C’est là exemplaire.

On notera aussi, le lendemain, un pique-nique avec une quinzaine de personnes organisé par AVA Normandie (avec le Collectif Animaliste de l’Orne).

Regardons maintenant chacun des rassemblements. Celui de Pont-Sainte-Maxence était le plus important, regroupant cinq cent personnes. Il était d’une grande signification, car cela se situe dans l’Oise, le berceau historique du mouvement. L’identité AVA allait-elle savoir se maintenir, se perpétuer ?

Ce fut bien le cas. L’ambiance bon enfant et populaire a prédominé ; c’était une initiative ancrée dans la réalité française : celle des couples, des enfants et des personnes âgées.

Une batucada était en action, le slogan majeur fut « chasse à courre : abolition », sur les pancartes on pouvait lire « cerf moi fort », « tant que la chasse a courre existera, les opposants seront là », « tuer n’est pas un loisir », « veneurs tueurs aucun honneur »…

Ce fut quelque chose de très printanier, comme les gens d’AVA le souhaitaient. Il y a quelques « personnalités » politiques qui furent présentes également. Il y a ainsi le maire de la commune, Arnaud Dumontier, qui a annoncé être contre la chasse à courre, ce qui a pu peut-être surprendre mais en tout cas plaire.

Le député de la Seine-Saint-Denis, Bastion Lachaud (LFI) a été présent ; la sénatrice (socialiste) Laurence Rossignol a malheureusement eu un empêchement de dernière minute et s’est excusée de ne pas pouvoir être là.

Comme anecdotes sympathiques ou pas du tout, il y a le Parti animaliste qui a cherché par tous les moyens à se faire remarquer, alors que des gens de « défendre la vénerie aujourd’hui » cherchaient à provoquer, prendre des photos, noter des noms, etc. mais se sont fait éjectés par les gendarmes.

On notera également qu’il y a eu des délégations de gilets jaunes d’un peu partout dans l’Oise, ce qui est un bon signe d’une réflexion qu’on peut considérer comme hautement nécessaire chez eux. Enfin, un conseiller municipal de chez Marine Le Pen s’est également débrouillé pour taper l’incruste, comme on dit, sans se faire remarquer, à part du Courrier Picard.

On notera d’ailleurs qu’afin de couper court à toute ambiguïté – on sait quelle est notre époque, malheureusement – il y a eu une petite prise de parole pour affirmer notamment : « jamais nous ne ferions partie d’un mouvement où ont lieu des actes antisémites!! ».

Il y eut également des stands par antennes (Chantilly, Retz, Compiègne, Saint-Gobain), de quoi manger et boire (avec malheureusement en raison d’un souci technique seulement une partie végétalienne), un stand de marchandises (sacs en tissu, t-shirts, des porte-clés artisanaux, etc.).

Tout cela se termina par un pique-nique d’une soixantaine de personnes, alors que cinq veneurs jouaient, par provocation, du cor non loin de là, avant de devoir déguerpir à la demande des gendarmes !

Pas de course en forêt, car le préfet avait pris les devants et fait en sorte que les chasses du jour soient reportées à la veille…

Le rassemblement de Rambouillet fut bien fourni également, puisque 350 personnes se sont déplacées. Là vue l’ambiance (toxique), il n’a pas été possible de faire une sortie en forêt, mais des prises de parole engagées, comme celle de Laurence Abeille (EELV, ancienne députée), alors qu’étaient également présents des figures d’EELV (ou du Parti animaliste).

Le rassemblement à Paimpont fut lui statique, sur ordre de la préfecture. L’avantage c’est qu’avec un grand parc, il y a aisément des stands thématiques. Il a rassemblé 150 personnes et il faut noter que le lendemain 25 personnes étaient là alors que se tenait la dernière chasse à courre traquant les sangliers (elle fut heureusement un échec!).

Le rassemblement à Castelnau-de-Montmiral fut également statique, mais là n’est pas l’aspect principal. Les activistes locaux étaient malheureusement sceptiques quant aux possibilité de réalisation d’une telle initiative, mais leur courage a payé, puisque une centaine de personnes était présente, et possiblement même davantage potentiellement.

Là aussi, le lendemain a été marqué par une présence en forêt d’une vingtaine de personnes, alors que se tenait la dernière chasse à courre du rallye Grésigne, visant les cerfs (là-bas aussi, heureusement, aucune victime).

Enfin comme remarquéil y a eu des initiatives de soutien à la chasse à courre, organisées dans un esprit d’unité de tous les affreux (bouchers, charcutiers, chasseurs, éleveurs, etc.). A Rambouillet, la mobilisation en ce sens a été relativement un succès, avec 400 personnes. On remarquera au passage la présence temporaire mais cordiale auprès du préfet des Yvelines, ainsi que du maire de la ville…

Cependant, cette mobilisation n’a pas osé la défense frontale de la chasse à courre, préférant comme mot d’ordre « les veneurs s’engagent pour la ruralité », « les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». C’est tout un état d’esprit réactionnaire, ce que Le Parisien, comparant ce rassemblement et celui d’AVA, résume par la formule : « Tambours contre trompes. Jeans contre pantalons en velours. ».

Il en va de même pour Paimpont, où là la mobilisation fut autrement marquante, avec entre 1800 et 2000 personnes, avec beaucoup d’hommes d’un certain âge. Cependant, là aussi, la ruralité fut le grand thème et face à la presse, la chasse à courre a soigneusement été évitée comme sujet.

Concluons par le communique d’AVA à la suite de cette journée du 30 mars :

« Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts. 

Le parti pris par AVA s’avère donc payant : celui d’implanter le mouvement localement, partout où la barbarie a lieu, d’en donner les clés à la population vigilante et sûre de sa force, et non à une poignée d’activistes.

Nous étions donc plus nombreux que l’année passée, répartis sur quatre villes, malgré une pression très forte des veneurs. A deux endroits, ils avaient organisé des « contre-manifestations », même si celles ci étaient hypocritement tournées autour de la « ruralité » et des « traditions », car impossible pour eux de mobiliser franchement en défense d’une pratique telle que la vénerie, rejetée par tous !

Nos adversaires, qui tentent toujours désespérément de nous caricaturer en « antispécistes violents radicalisés etc…», s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le mensonge pour sauver la face : ils ont bien face à eux une résistance populaire solide, basée sur des valeurs positives.

C’est le besoin de civilisation en général qui s’exprime à travers notre mouvement contre la barbarie et le féodalisme dans nos campagnes.

Nous avons, encore aujourd’hui, marqué un jalon dans notre avancée, sous forme d’une célébration de la Nature sauvage pour ce qu’elle est, du printemps et de la quiétude retrouvée en forêt, libérée de la chasse à courre pendant 6 mois !

Avant de revenir plus nombreux, plus forts, et plus sûrs de nous encore, le message est passé : Bye Bye la chasse à courre !

Merci à tous de votre abnégation et de votre engagement ! Merci aux associations amies ainsi qu’aux élus engagés autour de cette cause et présents aux rassemblements ! »

Voilà donc une très bonne nouvelle pour les animaux des forêts ! Car c’est là l’aspect qui compte le plus. Il y a de la joie dans tout cela et beaucoup d’enseignements à tirer pour l’avenir.

Espérons justement qu’il y aura tout de même dans notre pays le niveau suffisant sur le plan militant de la part des activistes pour saisir qu’il s’agit désormais de produire ses propres initiatives, en apprenant de l’expérience d’AVA… Pas de copier ou de se précipiter… On sait à quel point beaucoup de gens raisonnent malheureusement en termes de modes activistes, sans chercher à effectuer le travail dans la population qui est justement la clef du succès d’AVA…

Il ne s’agirait pas que les avancées soient démolies par des gens cherchant à bien faire, mais déconnectés d’une réelle mise en perspective. Et que des énergies soient gâchées, alors que les animaux en ont tant besoin !

AVA

Le « terroir » en guerre contre AVA

Les opposants à la chasse à courre rencontrent une opposition qui compte bien rassembler tous ceux qui sont selon nous vraiment affreux : les chasseurs, les bouchers, les éleveurs, les partisans acharnés du terroir, etc. Et ils sont acharnés, vraiment acharnés ; en voici quelques exemples concrets.

Rappelons l’importance du moment, puisque nous arrivons à la fin de la saison de chasse à courre. Celle-ci est devenue un vrai abcès de fixation, les chasseurs faisant tout ce qu’ils peuvent pour la protéger. L’année dernière, AVA avait conclu une année de lutte par une rassemblement de mille personnes à Compiègne, et cela est resté en travers de leur gorge.

Cette fois, la « grande fête pour célébrer le retour du printemps et la fin de la barbarie dans nos forêts » se déroule dans pas moins de quatre endroits :

➡ CASTELNAU-DE-MONTMIRAL (81)
https://www.facebook.com/events/630452914062142/

➡ PAIMPONT (35)
https://www.facebook.com/events/2058111597630303/

➡ PONT-SAINTE-MAXENCE (60)
https://www.facebook.com/events/399881824094636/

➡ RAMBOUILLET (78)
https://www.facebook.com/events/925073987883666/

AVA bye bye! la chasse à courre

Comprenant qu’il y a là une opposition démocratique qui porte en elle des valeurs les condamnant, les fanatiques du terroir et des valeurs anciennes, dépassées, reprennent la bonne vieille méthode éprouvée en 1871. Déjà, au moment de la Commune de Paris, la France profonde était poussée à la panique, avec la dénonciation des ultras qui depuis les villes comptent détruire tout ce qui compte vraiment… et surtout porter atteinte à la propriété privée.

Le parallèle n’est pas du tout erroné, malgré son côté ancien. Si l’on prend mai 68, c’est la même chose qui s’est passé. Après le mouvement étudiant et la grande grève à l’échelle du pays, cela a été un raz-de-marée électoral en faveur de la Droite. La France profonde, enchaîné à son style de vie individualiste, a fait face à une grande frayeur.

Ce tract dénonciateur caricaturant AVA montre que c’est vraiment le fond de la stratégie des chasseurs : faire peur au pays.

Fake news de la Société de Vénerie

Voici le texte de présentation d’une initiative en Bretagne. Elle vise à manifester le 30 mars également, directement contre AVA, en défense de la ruralité et des traditions. Les « néo-ruraux » y sont dénoncés, qui ne supporteraient pas le « carillon » d’une église ! Et le texte se conclut par un appel à boire une bière « du pays ».

C’est là un discours classiquement pétainiste : la terre ne ment pas, des étrangers à notre terre viennent démanteler nos valeurs, il faut donc d’autant plus se tourner vers notre terroir, etc.

C’est donc un vaste front qui tente de se mettre en place. Voici l’appel de Rambouillet, destiné aux veneurs, aux chasseurs à tir, aux agriculteurs, aux éleveurs, aux bouchers, charcutiers, etc.

« Rassemblement festif et solidaire des amis de la chasse et de la ruralité »

Qui est derrière cela ? Bien entendu, les notables, dans le sens de gens de gens aisés, d’une droite décomplexée, ayant un sens aristocratique de la vie, mais en même temps capable de mettre les mains dans le cambouis s’il le faut et surtout en mesure de diriger un mouvement s’il le faut.

Ce n’est pas la personne aisée dans son ghetto de Neuilly – Auteuil – Passy, mettant des gants dans le métro parisien. Il s’agit là, en arrière plan, de « la haute », de gens considérant que le pays leur revient, et qui comptent bien le faire comprendre à qui se met sur leur chemin.

Les soutiennent tous ceux qui se complaisent dans une telle vision du monde. Être « réac », c’est tout un style.

La dernière illustration mentionne la contre-campagne, et effectivement elle est intense. Elle vise à arracher systématiquement les affiches d’AVA, à aller discuter fermement avec les commerçants ayant mis une affiche dans leur boutique, etc.

Il ne s’agit pas seulement de développer un contre-discours : les chasseurs veulent étouffer le discours même d’AVA.

Il faut ici bien souligner un aspect important, qui explique pourquoi le cadre de cette campagne anti-AVA dépasse largement celui des partisans de la chasse à courre. Il s’agit en effet de faire oublier à l’opinion publique l’agression terrible commise à l’encontre d’un opposant à la chasse à courre. Il s’agit de faire oublier qu’il est tombé dans le coma.

Et quelle est la méthode employée ? Faire en sorte que tous les gens les plus conservateurs du pays se serrent les coudes. Pour qu’on ne parle plus de la chasse à courre, pour qu’on la protège en l’englobant dans une ruralité telle que définie par les notables.

Cela va avec un second aspect, qui est la question de la condition animale. En protégeant des animaux sauvages, AVA a fait quelque chose d’une très grande importance. Cela rejoint, d’une manière ou d’une autre, le principe de la protection animale, des refuges, du fait d’apprécier les animaux pour ce qu’ils sont.

Nous avons déjà souligné que même si ce n’est pas du véganisme, cela en participe et c’est une très bonne chose, une excellente dynamique. Car il n’y a pas de véganisme sans amour des animaux.

Cela dérange profondément les anti-animaux, qui eux étaient très contents de L214 et des « antispécistes » qui ne parlent que des animaux allant dans les abattoirs et véhiculent une démarche uniquement négative dans ses exigences, voire misanthrope.

Simple hypothèse ? Absolument pas, comme en témoigne ce document de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions, qui va manifester en Bretagne contre AVA.

Ces gens ont très bien compris qu’il valait mieux des opposants rejetant la Nature que des opposants en proposant une vision différente. Ils se focalisent donc sur la ligne fanatiquement anti-nature des théoriciens « antispécistes », afin de dire aux gens : vous voyez bien que ces gens sont déconnectés.

Voici le document en question.

« François Palut, un homme debout, un maire et un citoyen engagé !

Pas un jour ne se passe sans qu’un nouveau soutien, qu’un nouveau groupement professionnel, qu’une nouvelle association ne vienne grossir les rangs de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions et nous assure de leur présence le 30 mars prochain à Paimpont.

C’est un peu comme la grande marche du Cid :

 » Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort,

Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »

Beaucoup de témoignages de sympathie nous arrivent, beaucoup de lassitude aussi dans la voix de bon nombre d’agriculteurs, de chasseurs, d’éleveurs, de pêcheurs, de familles rurales qui nous appellent et nous rejoignent.

Comment peut-on encore tolérer que des groupuscules, des ultra-minorités voir même des marginaux puissent à ce point poursuivre en toute impunité leurs actions violentes, leurs actions de désinformation fondées sur leur haine du réel ? Comment accepter que l’on fasse si peu de cas de tous ces hommes et femmes qui tous les jours travaillent la terre nourricière, régulent les espèces sauvages, entretiennent nos forêts et vivent paisiblement dans nos campagnes !

C’est la question que nous avons posée à François Palut, personnage engagé, un battant, un homme aux multiples responsabilités qui ne cesse de clamer son amour pour la ruralité, défenseur de l’économie des territoires, passionné pour l’élevage avec un sens aiguë du service depuis son fauteuil de maire mais aussi comme Président de l’association pour le maintien de l’Élevage en Bretagne (AMEB) !

Voilà un homme bien informé, qui nous livre son analyse précise et documentée sur ces groupuscules antispécistes.

 » Il ne faut pas se tromper, les attaques que subissent les agriculteurs, toute l’industrie agro-alimentaire, les chasseurs, les familles rurales, … ne sont pas des attaques ponctuelles, il s’agit d’attaques organisées, concertées financées et planifiées.

Tous les groupuscules antispécistes L214, AVA et autre manipulent le grand public et les journalistes : ils prétendent agir pour le bien-être des animaux, alors qu’en fait, ce sont de véritables gourous.

Ils ont pour projet de faire disparaitre la souffrance sur terre, et pour cela ils veulent supprimer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans… Pour leur bien !

Ils font croire au grand public qu’ils sont une association qui veut améliorer le bien-être des animaux d’élevage (conditions d’élevage, de transport et d’abattage) alors que derrière leur idéologie se cache un projet radical dont personne n’a conscience, pas même leurs adhérents, qui eux pensent défendre la cause animale !

Prenons par exemple l’association L214 qui fait tant pour détruire les élevages bretons ! Estiva Reus cadre fondatrice de l’association L214 (trésorière) est l’une des rédactrices des « Cahiers Antispécistes ». C’est l’association qui a poussé́ Brigitte Gouthière et Sébastien Arsac à créer L214 en 2008.

C’est clairement exprimé dans leur livre : L214, Une voix pour les animaux.

Le projet consiste à « éliminer les animaux sauvages pour leur bien », projet décrit par Estiva Reus dans les Cahiers Antispécistes N°41, 40 et 39 (documents disponibles sur internet).

Ce projet s’appelle RWAS (Réduction de la souffrance des animaux sauvage)

Le projet RWAS prévoit 2 moyens pour faire disparaitre la douleur de la planète :

1. Éliminer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans.

2. Convertir tous les animaux carnivores au véganisme, grâce aux progrès des biotechnologie : génétique, nanotechnologie, pharmacologie, neurochirurgie

Alors que beaucoup de propriétaires d’animaux de compagnie font des dons à L214 en pensant soutenir une association welfariste, ils donnent en fait de l’argent à des abolitionnistes qui veulent faire disparaitre leur animal de compagnie au nom du refus de l’exploitation de l’animal par l’homme !

Donc toutes ces associations antispécistes ont une stratégie parfaitement huilée : derrière le marketing d’ONG très cool, personne, pas même un journaliste n’entrevoit le projet de ces militants radicalisés et très manipulateurs.

Ce sont des terroristes alimentaires qui veulent nous imposer leur façon de vivre et de s’alimenter… Chacun est libre de s’alimenter comme il le souhaite, qu’il soit végane, omnivore ou viandard. Par contre, aucun de nous n’a le droit d’imposer à l’autre sa façon de vivre et de s’alimenter…

C’est pour cela que le 30 mars prochain je serai à Paimpont pour manifester auprès de tous les acteurs du monde rural qui viendront joyeusement redire leur fierté d’être agriculteur, d’être chasseur, pêcheur ou tout simplement attaché au réel, loin des délires de ces fanatiques. »

Merci Monsieur pour ce beau témoignage.

Tous à Paimpont le 30 mars prochain, à transmettre, à faire suivre et à partager autour de vous.

Le réveil de la ruralité, c’est maintenant ! »

Nous avons déjà parlé de ce thème du RWAS effectivement valorisé par les Cahiers anti-spécistes. Le rejet de la Nature est de toutes façons une norme historique du courant antispéciste (d’où le rejet véhément de LTD par ses théoriciens). Un nouvel ouvrage est sorti par ailleurs tout récemment, « La révolution antispéciste », avec des écrits de Thomas Lepeltier, Yves Bonnardel et Pierre Sigler.

Rien que le sommaire donne déjà le ton : il n’y a pas de Nature, pas d’espèces, etc. Bref, comme expliqué et critiqué déjà il y a plus de dix ans dans « véganisme utopique et véganisme scientifique », il n’y aurait que des individus. Ce texte avait anticipé cette utilisation déviante du véganisme pour le transformer, d’une défense des animaux, en culte des individus.

Préface. Renan Larue
Introduction. Pourquoi la révolution antispéciste ? Yves Bonnardel, Thomas Lepeltier et Pierre Sigler
Chapitre 1. Qu’est-ce que le spécisme ? David Olivier
Chapitre 2. Qu’est-ce que la conscience ? Pierre Sigler
Chapitre 3. La vie mentale des animaux. Pierre Sigler
Chapitre 4. Quelques réflexions concernant les plantes. Yves Bonnardel
Chapitre 5. En finir avec l’idée de nature. Yves Bonnardel
Chapitre 6. L’idée de Nature contre la pensée animale. Yves Bonnardel
Chapitre 7. Vers un écologisme non naturaliste. David Olivier
Chapitre 8. Faut-il sauver la gazelle du lion ? Thomas Lepeltier
Chapitre 9. Utilitarisme et anti-utilitarisme dans l’éthique animale contemporaine. Estiva Reus
Chapitre 10. Les espèces non plus n’existent pas. David Olivier
Chapitre 11. Sur la supériorité. David Olivier
Chapitre 12. Les animaux à l’assaut du ciel. Yves Bonnardel

Les chasseurs ont bien compris les enjeux et ils apprécient les « antispécistes », comme cela ils peuvent se prétendre les seuls qui aient compris la Nature. Ils ont ainsi les arguments intellectuels et culturels pour justifier la « régulation » qu’ils font. Si en effet la Nature est chaos, il faut bien que l’humanité intervienne…

Mais la Nature n’est pas le chaos, elle porte la vie, l’évolution. L’humanité n’est qu’une composante de ce processus de la vie à l’échelle planétaire. C’est le sens du slogan « la Terre d’abord ! ». Le tout prime sur les parties et les parties n’ont aucun sens sans s’aligner sur les nécessités historiques du tout. L’humanité doit rejeter son anthropocentrisme. C’est cela le vrai enjeu du 21e siècle.

Le combat d’une zone humide contre un centre-commercial en Haute-Savoie

A l’occasion du printemps, deux actes destructeurs ont été commis en Haute-Savoie qu’on peut considérer comme en rapport avec l’arrivée de la saison de la vie… Le second était une réponse au premier, comme l’affirme ce communiqué :

« Dans la nuit du 20 au 21 mars, nous avons versé de la peinture sur les vitres du tractopelle qui commençait le chantier du centre commercial « Snow » à Sallanches.

Quelle honte que de débuter des travaux de destruction de la végétation de la zone humide le jour du printemps. Normalement à cette saison la nature ne meurt pas, elle revit. Cet acte est donc là pour gêner ce chantier qui détruit la nature alors qu’il faut la respecter ! »

Sallanches est une ville de 16 000 habitants dans une vallée peuplée et industrielle, entre Annecy et Chamonix. Le supermarché Carrefour en périphérie de la ville n’est pas jouxté par une galerie commerciale : un promoteur spécialisé dans ce domaine a considéré qu’il y avait pourtant là un potentiel économique. Il a malheureusement réussi à l’emporter malgré la lutte.

La prairie attenante au supermarché est restée vierge suite à un combat juridique de longue haleine permettant d’assurer sa reconnaissance en tant que zone humide, permettant de gagner de précieuses années pour en empêcher l’assèchement. Les opposants locaux se sont appuyés sur ces démarches et ont reconnu ce travail mené depuis les années 2000, surtout par la personne d’ Yvonne Vuillaume, décédée en 2016. De nombreux recours juridiques avaient empêché un premier projet en 2010.

zone humide

C’est là quelque chose d’essentiel. Défendre une zone humide, c’est défendre la Nature dans ce qu’elle a de plus concrète, de plus essentielle. Il ne s’agit pas de lieux ou d’espaces exceptionnels, spectaculaires, qui émeuvent à grande échelle. Ce sont des endroits d’apparence banale, tout à fait courants, bien que malheureusement de moins en moins présents.

Ce sont en effet de simples prairies marécageuses auxquelles presque personne ne prête attention. Il y a pourtant là quelque-chose d’essentiel, un moment de synthèse entre l’eau et la terre, qui conditionne l’ensemble de la vie sur Terre, et donc la vie de la Terre elle-même.

Défendre les zones-humides, s’opposer à leur asséchement, est donc quelque chose de fondamental, presque basique en matière d’écologie. Ou cela devrait l’être, et il y a eu en tout cas, donc, depuis un certain temps maintenant tout un mouvement à Sallanches en Haute-Savoie pour s’opposer à l’implantation d’un centre-commercial appelé « The Snow » sur une grande prairie, qui est une zone humide du bassin versant de l’Arve, aux pieds du Mont-Blanc.

Sallanches

Leur lutte a échoué, mais elle est une leçon, d’une grande importance même, car il y a eu la tentative de mobiliser directement la population, posant ainsi la lutte écologiste de manière démocratique, en ayant compris la nature du système économique qui produit forcément ces destructions.

C’est là quelque chose de fondamental : on a à la fois les gens et à la fois le contenu posé clairement. Ce n’est pas quelque chose d’abstrait poussé par en-haut. C’est quelque chose de difficile, mais incontournable. C’est une expérience précieuse.

Essayons de résumer, à grands traits, ce qui s’est passé, avec son arrière-plan. Les fonctions naturelles des zones humides étant facilement reconnaissables par la science, en tout cas pour leur nature la plus essentielle, il y a eu une prise en considération de cette question par les gouvernements à la fin du XXe siècle. Un ensemble législatif permettant de limiter les dégâts en organisant une certaine protection a été mis en place internationalement, puis dans la plupart des pays. Il s’agit en France notamment de la loi sur l’eau, qui est en général très connue des personnes s’intéressant à l’écologie – il en a été énormément question par exemple à Notre-Dame-des-Landes.

Seulement, cette loi est insuffisante, car elle ne protège pas de manière systématique les zones humides. Elle organise même les moyens de son propre contournement, ce qui fait que plus de la moitié d’entre elles ont disparues en France depuis les années 1960. Ce que ne peuvent pas les petites entreprises, les grandes le peuvent, en donnant l’impression de « compenser ».

« sanctuarisons la zone humide »

Ce qui a donc été possible à Sallanches pendant de nombreuses années pour défendre cette zone humide, l’a été parce que le rapport de force démocratique était favorable par rapport à des recours juridiques. Mais tout a changé lorsqu’un promoteur de grande envergure s’est intéressé à la chose, avec l’appui des autorités locales.

Ce qui s’est passé est tout à fait habituel, et expliqué dans le détail par les opposants dans leurs différentes documentations, via surtout le site contrethesnow.fr : la législation protégeant la zone humide n’a pas fait le poids face à des intérêts capitalistes puissants et très bien organisés.

Le groupe Les Arches Métropole, qui explique avoir livré 180 000 m² de surfaces commerciales à travers la France en dix ans et détenir 65 millions d’euros d’actifs foncier, a en effet très facilement fait sauter les protections juridiques afin de détruire la zone humide. Cela en toute légalité, du moins sans qu’il soit possible de s’y opposer suffisamment sur le plan juridique.

En l’occurrence, à partir du moment où le promoteur a défini lui-même ce qui relevait ou non de la zone humide et qu’il s’engage à « compenser » au moins le double de la surface qu’il a considérée comme étant une zone humide, il est impossible d’empêcher le projet sans un grand rapport de force populaire.

La « compensation » relève bien évidement de l’escroquerie, de la négation de la Nature elle-même, comme l’ont très bien expliqué les opposants tout au long de leur combat.

Il s’agit prétendument de recréer artificiellement les fonctions écologiques (biologiques et hydrologiques surtout) de la prairie humide, ailleurs. C’est une procédure tout à fait courante, à laquelle les bétonneurs sont habitués, avec tout un tas d’écologues et d’universitaires qui les aident dans leur démarche destructrice. Ces gens sont des criminels, des collaborateurs de la destruction de mère Nature.

the snow

Il faut bien voir ici que presque systématiquement, donc, lors de la création d’un lotissement ou d’une zone d’activité, d’un grand bâtiment, d’une route ou d’un échangeur, on a une petite zone humide qui est asséchée, et plus loin un trou qui est creusé avec de l’eau mis dedans, en guise de « compensation ».

La prairie attenante au Carrefour de Sallanches a donc été considéré comme étant simplement une ressource foncière, qui plus est « sur un site exceptionnel, à l’environnement arboré qui fait face aux monts des Aravis », et sa nature humide a été considérée comme secondaire.

L’erreur serait de croire que la question est ici d’ordre juridique, avec la nécessité d’une expertise pour reconnaître le niveau de « fonctionnalité » de la zone humide, pour prouver la nécessité de la préserver. La question se pose en fait bien plus profondément : il s’agit de savoir si l’on considère ou non la Terre comme un organisme vivant, organisée de manière complexe et minutieuse, avec sa propre valeurs à défendre en tant que tel. C’est une question de vision du monde.

Le problème est ensuite démocratique : il s’agit de convaincre la population que les gens qui nient la Nature ont tort, et s’exposent forcément à de grands dangers, alors qu’il faut au contraire reconnaître la Terre comme un être vivant, dont l’humanité est une composante.

zone humide

Le grand mérite du collectif local qui s’est lancé dans la dernière grande bataille a été de comprendre dans ses grandes lignes l’enjeu de ce qui se passait, et de poser dès le début le combat pour la zone humide comme un combat démocratique, par en bas. Ce qu’il fallait, c’était le soutien de la population, et précisément de la population ouvrière, qui, objectivement, n’a pas les mêmes intérêts que les entrepreneurs et leur besoin d’accumulation de richesse avec le projet de galerie commerciale « The Snow ».

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des gens subjectivement conquis par la possibilité d’aller à un centre commercial, ou bien qui monnaient leur âme dans la perspective d’un emploi. Nous savons tous comment le mode de vie dominant lave le cerveau des gens et fait perdre tout sentiment naturel, ainsi que toute mise en perspective de l’avenir. Il faudrait consommer immédiatement, sans réfléchir au lendemain, et s’éloigner le plus possible d’une nature sans intérêt voire « hostile ».

Mais il s’agit de bien mener la bataille pour que les gens comprennent ce que sont les destructions et à qui elles profitent. Cela ne sert à rien parler d’écologie sans cela, à moins de faire comme les riches ONG et de se complaire dans le témoignage et la bonne conscience. Le fait que le directeur du WWF vienne de tout abandonner du jour au lendemain pour rejoindre la liste d’Emmanuel Macron pour les Européennes est encore un exemple de plus du manque de sens de valeurs parmi tous ces gens qui vivent trop dans le confort pour ne pas être corrompu.

zone humide

Dès le début a donc été mené à Sallanches une intense campagne d’information de la population, avec justement ce thème que l’on pourrait résumer en  : pour la nature, contre un projet destructeur des entrepreneurs.

Cela n’a pas été suffisant, avec au plus fort du combat seulement un noyau d’une grosse centaine de personne mobilisées, et quelques milliers soutenant la démarche. Il appartient aux personnes ayant mené ce combat d’en comprendre les raisons, les difficultés, les éventuelles erreurs, les limites historiques. Il n’en reste pas moins que ce fut une grande expérience, avec une démarche à développer, là-bas et ailleurs, pour inverser enfin la tendance contre la destruction de la Nature en général et des zones humides en particulier.

C’est en systématisant les luttes démocratiques, portées par la base, que les valeurs de défense de la Nature et de protection des animaux se généraliseront et qu’un espace sera ouvert pour un changement complet de la société française… A la condition de bien définir ces luttes en s’appuyant sur le principe de la défense de notre mère la Terre !

Procès des antispécistes de Lille : Candide face aux juges

Il y a un conte philosophique très connu de Voltaire, que beaucoup d’élèves ont eu à lire pour le bac français : Candide. Le personnage éponyme découvre que le monde est beaucoup plus compliqué qu’il ne le pensait et sa naïveté est ainsi remise en cause lors de son périple à travers le monde.

Mardi 19 mars 2019, lors du procès se tenant à Lille, on a eu droit à des Candide modernes. Il s’agissait en effet du procès de quatre activistes pour dégradations et violences aggravées, dans le cadre de la fameuse campagne « stop spécisme ».

Les personnes concernées sont trois femmes et un homme, âgé de 29, 39, 33 et 23 ans. Le procureur a demandé respectivement quinze mois de prison dont neuf avec sursis, deux fois six mois avec sursis, et dix-huit mois de prison dont huit avec sursis. Le tribunal donnera sa décision dans deux semaines.

Rappelons que cette campagne « stop spécisme », marquée surtout par des vitrines de boucheries ou de restaurants brisées, avait attiré l’attention de toute l’opinion publique. Qu’on le veuille ou non, toutes les personnes véganes se sont retrouvées « impliquées » d’une manière ou d’une autre et ont dû prendre position dans leur entourage par rapport à cela.

Ce premier procès concernant des gens mêlés à cette campagne était donc d’une importance capitale. L’impact sur la situation du véganisme en France allait être décisive.

Il y avait en effet plusieurs possibilités :

– les activistes assument leur action de manière collective et appellent à participer à une processus révolutionnaire, jusqu’à la victoire ;

– les activistes se dissocient de leurs actions, tout se réduisant à un épisode individuel, un accident dans un parcours personnel ;

– les activistes deviennent des renégats, se repentant pour leurs actes, faisant acte de contrition.

Mais même en raisonnant ainsi, on était déjà au-delà de ce que les « antispécistes » pouvaient représenter. Insultant plusieurs décennies d’engagement dans la libération animale, qu’ils ont toisé de leur mépris hautain et arrogant, ils se sont littéralement écrasés eux-mêmes face au tribunal en révélant qu’ils ne pouvaient rien assumer, rien porter, que tout cela était bien trop lourd pour eux.

Pourtant le tribunal avait été incroyablement sympathique, car il a fait venir un essayiste exposant ce qu’est l’antispécisme, et a même donné la parole à la militante « antispéciste » suisse Virginia Markus. C’était un incroyable cadeau dont il aurait été possible de profiter. Les « antispécistes » avaient un boulevard pour exposer leurs idées, revendiquer leur engagement, publier un manifeste antispéciste qui aurait été forcément largement diffusé, faire du tribunal une véritable tribune, etc.

Quand on est révolutionnaire, cela fait partie du b-a-BA de l’attitude lors des procès. Mais les « antispécistes » ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des individus qui ont considéré que ce qui se passait dans leur environnement n’était pas correct. Cela ne va pas plus loin.

Prenons par exemple l’incendie du Burger King de Marcq en Baroeul. Eh bien l’une des personnes poursuivies a benoîtement expliquée : « L’idée vient de moi ». Comment peut-on être assez stupide pour casser la définition politique d’un acte et la résumer à un choix individuel, pour en plus s’auto-accuser ?

Une personne a fait également dix jours de grève de la faim en prison. Pourquoi ? Avec quelles revendications ? On ne le sait pas. Il n’y a aucune conscience politique, tout est dans l’immédiat et on ne sera pas étonné que la même personne, au procès, a affirmé :

« Je militerai autrement. J’exprime des remords. Je ne recommencerai pas. »

Toute la France regarde, et voilà ce qui est dit.

Très concrètement, notons également l’erreur fondamentale qui a joué pour leur arrestation. En utilisant de manière régulière deux voitures, elles ont été faciles à repérer. Même si on ne sait pas comment cela s’est déroulé dans l’enquête, on peut se douter que la police a pu procéder par recoupement. Il suffisait de regarder ce que disait la vidéosurveillance disponible et de voir quelles voitures étaient présentes à chaque fois.

Une autre erreur a été… d’éteindre en même temps les téléphones portables juste avant l’action ! On est là dans une très grande naïveté et effectivement, cette candeur est générale. Ces « antispécistes » sont en fait tout à fait conformes à l’image que nous avons de notre côté donné aux antispécistes : coupés de tout patrimoine historique du véganisme, velléitaires tout en s’imaginant faire quelque chose de formidable, sincères mais en même temps ne dépassant pas leur petit horizon individuel.

Les ennemis en ont tout à fait conscience. A l’extérieur du procès, Damien Legrand, avocat du Syndicat des bouchers du Nord (partie civile dans le procès), a cherché lui à faire monter la pression, tout comme Laurent Rigaud, le président du syndicat des bouchers du Nord. Eux ont bien conscience des enjeux et les propos de Laurent Rigaud appellent directement à élever le niveau de confrontation, avec une bonne dose de paranoïa et d’agressivité militarisée :

« Nous avons fait le choix, avec la fédération des bouchers, de nous mettre en première ligne, d’aller au contact. Nous ne voulons pas courber l’échine face à ces violences. Nous n’avons pas peur de ces militants mais nous craignons une réaction de nos collègues. Nous sommes pour la plupart des chasseurs, imaginez qu’un collègue sorte à la fenêtre avec son fusil car il voit son habitation être incendiée… »

On voit le problème : avec les « antispécistes », on n’a rien gagné, mais par contre l’ennemi a élevé son niveau de cohérence, de motivation, de compréhension des enjeux

Le tribunal n’a évidemment pas fait que des cadeaux non plus. On a ainsi eu des commerçants qui ont cherché à faire pleurer Madeleine lors du procès. Un tenant de restaurant s’était endetté pour tout rénover, il voulait même proposer un burger végétal… Un autre est déçu du fait qu’il a moins de clients, etc.

C’est donc un ratage complet, sur toute la ligne. Il aurait fallu politiser le procès de manière collective, même pour dire que la campagne « stop spécisme » était une erreur, mais une erreur inévitable historiquement (ce que nous ne pensons pas, c’était une erreur tout à fait évitable si la prétention des « antispécistes » avait été moins grande)

Il y aurait pu y avoir une remise de ce procès dans son « contexte » historique et une campagne d’amnistie en faveur des « utopistes » qui se sont trompés de chemin, mais dont l’exigence a un sens. Cela n’a pas été le cas.

Marche des lycéens et marche du « siècle » : la vanité de l’achat des indulgences

La grande actualité écologiste, cela a été les deux manifestations pour le climat : celle des lycéens le vendredi 15 mars 2019, celle appelée « marche du siècle » le lendemain. Il s’agit là de deux événements d’importance, parce que c’est la première fois que, au sens strict, la question de la « catastrophe » est posée par un mouvement d’en bas, du moins en apparence.

En théorie en effet, ce sont les lycéens eux-mêmes qui se sont lancés dans l’initiative, à l’appel de la jeune suédoise Greta Thunberg, et la manifestation du samedi a été portée par la « société civile ». En pratique, évidemment, les choses sont bien différentes, et c’est pour cela que le terme à employer pour parler de cela est aisément trouvé : c’est celui de vanité.

marche climat

Vanité, car Greta Thunberg est une construction médiatique lancée par des businessmen faisant de la protestation un commerce en ligne, vanité car la société civile n’a consisté qu’en les réseaux des ONG et des milieux bobos. Le terme de vanité est important, car il ne s’agit pas ici de critiquer la sincérité des gens présents. C’est justement bien le problème, que cette sincérité.

Pourquoi ? Parce que cette sincérité est totalement en décalage avec la réalité. C’est de la mise en scène conforme à la domination de Facebook, d’Instagram et de Snapshat, cela n’a aucune incidence sur rien et cela ne porte strictement rien. C’est l’achat de la bonne conscience à bas prix, c’est digne de l’achat d’indulgences auprès du pape à la fin du moyen-âge

Les gens présents ont comme mot d’ordre, pour résumer : nous avons péché, mais nous ne le ferons plus. Et une fois cela fait, ils continuent. Et ils n’échappent même pas à la vanité.

Prenons le terme de « marche du siècle ». C’est une expression qui a un sens et celui-ci est lourd ; elle veut dire par là que c’est sensé être la plus grande marche du siècle, avec le plus de gens, d’engagements, etc. On s’attend donc à quelque chose de fort, de grandiose, en tout cas de très parlant.

Las ! Elle n’a concerné à Paris, selon la police, que 45 000 personnes, et cela alors que 140 ONG y appelaient. Prenons simplement une calculatrice et faisons la division de 45 000 par 140 : cela fait un peu plus de 321. Cela veut dire que chaque association n’a été en mesure d’amener qu’un peu plus de 300 personnes pour une initiative se voulant totale…

marche climat

Même si on prend le chiffre des organisateurs, soit 105 000, cela fait 750 personnes. Cela reste infime si l’on part du principe que que les médias en ont parlé de manière récurrente. Il ne faut donc pas se voiler la face : on est ici dans un petit milieu, celui des associations, des ONG, du mode de vie bobo, des gens liés à EELV.

Il y a bien plus à attendre des efforts faits dans les 220 autres villes dans tout le pays, où selon les organisateurs 250 000 personnes étaient mobilisées. Mais cela sera sur le long terme, car dans le fond c’est le style parisien qui prédomine, et c’est totalement vain.

Critique facile, critique tout aussi vaniteuse ? L’avenir le dira, puisque si la marche du siècle a vraiment été ce qu’elle prétendait être, alors son impact va être énorme. Sinon, cela n’aura été qu’une anecdote de plus, tout comme les mobilisations au moment de la COP21. Et on pourra dire que le slogan « Macron t’es foutu, les pandas sont dans la rue » aura été d’une profonde ironie criminelle à une époque d’écocide généralisé.

Notons au passage d’autres vanités du même niveau de mauvais goût, d’inconscience et de décalage avec la réalité. La fin du cortège parisien parlait de tout sauf le climat (le logement, Emmanuel Macron, les étudiants étrangers, etc.). Il y avait un bus du mouvement GAF (give a fuck) avec de la musique pour une rave party pour le climat avec comme mot d’ordre « Parce que danser, c’est aussi militer ». Mais bien sûr !

marche climat

Et L214 était avec le parti animaliste, entonnant « Lâche ton couteau pour les animaux. Lâche ton steak, pour la planète. » Faut-il également mentionner la présence de Cécile Duflot, ex-ministre de l’écologie dont on ne rappellera jamais assez le coup de Copenhague, qui était ravie de la marche et parlait « d’énergie du désespoir » ?

Il y a évidemment plus d’espoir chez les jeunes, qui eux ont bien compris que les choses allaient mal tourner. Ils ne sont pas dupes et c’est pour cela qu’ils ont manifesté en masse. Il y a ainsi eu 40 000 personnes à Paris, 15 000 à Lyon, plusieurs milliers à Montpellier, Strasbourg, Rennes, Bordeaux, plusieurs centaines à Lille, Clermon-Ferrand, etc.

Le problème, c’est que si les jeunes savent, ils restent consommateurs. Tout le contenu leur a été fourni par des ONG internationales qui en profitent pour s’installer. Rappelons que cette marche des lycéens a eu lieu d’ailleurs dans 123 pays, avec l’appui ouvert des médias, voire des institutions elles-mêmes…

De plus, l’horizon ne va pas plus loin que le tri sélectif et la moindre utilisation de plastique, avec l’inévitable rhétorique sur le fait que l’humanité va vivre moins bien en raison du réchauffement climatique, et que les jeunes sont les premiers concernés.

Si l’on est bienveillant ou naïf, on dira : c’est élémentaire, mais un début. Si l’on est objectif ou circonspect, on dira : ces jeunes ne comprennent rien à rien et ont 10, 20 ou 30 ans de retard. Dans tous les cas, impossible de nier que toute l’approche reste fondamentalement anthropocentriste, malgré de beaux slogans pour la Nature ici ou là, ainsi que des mots d’ordre en faveur de la planète en général. Cela ne dépasse le plus souvent pas le cadre de la poésie ou de la sensibilité, ce qui n’est déjà pas si mal, mais cela n’apporte rien.

marche climat

Disons les choses franchement, ou plutôt posons la question. Même en admettant que toutes ces critiques soient erronées et que, donc, ces deux marches étaient de très bons signes, tout au moins des signes allant dans le bon sens… Comment va-t-on aller à un changement total de perspective d’ici 20 ans

Car le temps passe. Chaque jour qui passe, ce qui est à faire s’avère encore plus immense. La consommation de la viande est en train de doubler de volume, la déforestation de l’Amazonie c’est grosso modo un terrain de football en superficie toutes les secondes. A cela s’ajoute la pollution toujours plus grande, dans tous les domaines, le réchauffement climatique, l’écocide généralisé.

Tout cela doit être résolu dans les 20 ans, sans quoi il va y en avoir pour au minimum 30-40 ans de profonds tourments à l’échelle planétaire, et cela dans le meilleur des cas. Ainsi, même avec la meilleure volonté du monde, il faut oser le dire : tout cela est de la vanité, de l’achat de bonne conscience comme hier on achetait des indulgences.

Tout cela n’est pas à la hauteur de ce qu’exige la planète à notre époque !

marche climat

DOM TOM : paradis pour les touristes, enfers pour les animaux ?

Voici un appel de l’association Collectif Outre-mer de Protection Animale, qui vient rappeler la situation terrible de la condition animale outre-mer et demande à ce que les refuges des Dom-Tom soient soutenus. C’est bien entendu quelque chose à relayer!

Le Collectif Outre-mer de Protection Animale (COPA) – basé en Lorraine – lance en soutien aux associations ultramarines une campagne médiatique bilingue, intitulée «Respect des lois et stérilisation pour les animaux des DOM TOM».

Problématique de l’errance et politiques d’euthanasie massive

L’errance animale est une caractéristique des paysages de la France d’Outre-mer. Si les causes en sont diverses, la réponse apportée depuis des décennies par les collectivités locales est quasiment unilatérale : l’euthanasie de masse.

es initiatives en matière de stérilisation existent, mais les budgets consacrés demeurent nettement inférieurs à ceux alloués aux captures, mises à mort et ramassages d’animaux écrasés.

Manquements aux lois françaises

Absence d’identification, divagation, animaux jamais détachés, chiots de moins de 6 mois attachés, actes de cruauté non sanctionnés, refus d’enregistrements de plaintes, plaintes classées sans suite, business florissant de la reproduction à fin de ventes…

Tel est le quotidien auquel doivent faire face les associations locales. Pour mettre un coup de projecteur sur cette situation, le COPA diffuse une vidéo titrant “DOM TOM, zones de non-droit pour les animaux?”. Cette vidéo est associée à une pétition destinée, entre autres, au ministère de l’Outre-mer.

Leurs versions anglaises seront relayées aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, Australie et au Canada anglophone. La Polynésie et la Nouvelle-Calédonie accueillant de nombreux touristes en provenance de ces pays, l’association va également s’adresser à eux.

Cette campagne s’inscrit dans le projet COPA, dont l’objectif premier est d’impulser une gestion humaine et effective de la population canine et féline, s’inscrivant dans la durée. L’identification et les actions de sensibilisation en sont également des composantes prioritaires.

A ce jour, le collectif a deux associations affiliées : COPA Guadeloupe et Protection Animale de Guyane.

La condition animale en Outre-mer, sclérosée, doit évoluer.

Séverine Fontan, présidente

Collectif Outre-mer de Protection Animale

> association-copa.fr
> facebook.com/CollectifOutremerPA

Le véganisme et le féminisme à la croisée des chemins

Le 8 mars est une date très importante ; elle est un anniversaire, celui de la cause des femmes. Le véganisme se confond avec cette cause, non pas simplement pour des raisons conceptuelles, théoriques ou quoi que ce soit de ce genre, même si cela a son importance, mais surtout parce que ce sont les femmes qui font que le véganisme existe.

Il ne faut pas se leurrer : les hommes sont pétris historiquement par les valeurs de la chasse et de la cueillette, de l’agriculture et de la domestication, et cela depuis des milliers d’années. En mettant les femmes de côté, les hommes ont mise de côté la Nature et il leur manque une capacité à assumer la sensibilité par rapport à celle-ci.

Les hommes peuvent devenir vegans, mais aimer les animaux, la Nature, ils ont du mal avec cela ; ils peuvent l’accepter, voire l’assumer, mais pas le trouver d’eux-mêmes. Ils doivent se mettre à l’école de femmes.

Malheureusement, il faut ici noircir le tableau. Et le véganisme et le féminisme ont à ce sujet un nombre important de points communs. Ils sont donc tous deux portés par les femmes ; ils ne doivent leur existence qu’à l’abnégation de femmes qui le portent très concrètement, de manière positive, en réalisant certaines choses.

Mais tous deux sont récupérés, détournés, lessivés, vidés de leur contenu. Les termes de véganisme et de féminisme, une fois qu’ils ont acquis une certaine valeur, ont été réemployés n’importe comment, pour profiter de leur prestige, pour les vider de leur contenu.

Désormais, le féminisme est une valeur des institutions françaises elles-mêmes, ainsi que des marques qui visent le marché féminin et utilisent le 8 mars, par exemple, comme prétexte pour des promotions.

Quant au véganisme, il a été saccagé par des universitaires, des épiciers et des excités en mal d’idéaux, transformé en un « antispécisme » d’autant plus ignoble qu’il tourne ouvertement le dos aux animaux sauvages et aux refuges.

Dans les deux cas, les femmes qui portaient tant l’un que l’autre ont laissé faire, parce qu’elles détestent à la fois le conflit, les querelles, la politique, les idéologies. Elles pensent qu’il y a de la place pour tout le monde, ou bien ne se posent pas la question de voir les choses en grand. Elles sont focalisées sur les choses concrètes.

C’est la force des femmes impliquées dans la protection des animaux que d’insister toujours sur le côté pratique et la dimension naturelle dans le rapport aux animaux. Mais c’est en même temps un souci sur le plan des valeurs, car face aux carriéristes, opportunistes, boutiquiers, profiteurs et autres aventuriers en quête d’egotrip, cela ne fait pas le poids !

Il faut dire ce qui est : avec les antispécistes d’un côté et les marchands de l’autre, l’antispécisme voire le véganisme est devenu un prêt à porter de hipsters, un élément de plus dans une pleurnicherie sans fins sur un monde « hiérarchisé » qu’il s’agirait de déconstruire.

Si l’on veut trouver des gens parlant du véganisme, on se retrouve face à des énergumènes jeunes et fascinés par une esthétique de « rupture », coupés de toute connaissance historique, utilisant un vocabulaire bigarré pour mettre « l’antispécisme » sur le même plan que la lutte contre « l’agisme », le « validisme », « l’islamophobie », avec inversement la mise en valeur de la non-monogamie, des concepts de bisexualité, pansexualité, polyamour, etc.

Ces gens sont odieux et détournent les gens normaux du véganisme, qu’ils voient comme une lubie d’habitants des centre-villes, de rebelles fils ou filles à papa cherchant quelque chose d’extrême pour se faire remarquer, se mettre en valeur, voire faire carrière!

L’antispécisme fait partie de la panoplie composée de l’anneau dans le nez ou de la barbe de hipster, des discours nombrilistes et des photos ininterrompus de soi-même, de l’utilisation massive de twitter, instagram et facebook, des complaintes lyriques et agressifs contre telle ou telle personne accusée d’être exemplaire des valeurs à déconstruire.

Les animaux ne sont rien d’autre qu’une surface de projection.

C’est une catastrophe et celle-ci ne peut être que temporaire, parce que les modes passent et que cet assemblage hétéroclite utilisant la question animale pour avoir l’air « libératrice » sur tous les plans ne tiendra pas sur le long terme.

Il s’agit donc de prévoir la suite et de maintenir le drapeau du véganisme… Un véganisme porté par les femmes, qui n’aiment pas les drapeaux, sauf quand elles ont compris que l’affrontement était inéluctable et qu’il fallait l’assumer. Elles sont alors en première ligne.

Le renégat Tim Shieff

C’est une information normalement anecdotique, cependant dans le climat actuel, il est toujours bon de s’y attarder, pour remettre quelques points sur les i. Le véganisme en France connaît en effet une puissante contre-offensive, aussi rappeler les fondamentaux a du sens.

En l’occurrence, cela concerne un athlète de haut niveau, qui a abandonné le véganisme, pour des raisons de santé prétend-il. Cela a provoqué de nombreux échos dans les médias et cela contribue à la désorientation. Ce n’est jamais bon et ça l’est encore moins en ce moment.

La personne concernée est Tim Shieff ; c’est un Anglais, adepte des parcours où l’on court en faisant face à des obstacles. La télévision raffole de plus en plus de ce genre de choses et il s’y est fait connaître lors d’un parcours de MTV, lui apportant une certaine reconnaissance.

En plus, il a gagné la même année, en 2009, un championnat de parcours. Il a même pu par la suite avoir un petit rôle dans Harry Potter (celui d’un « détraqueur). Il est ensuite devenu vegan en 2012, tout en partageant son quotidien dans des petites vidéos, avec autour de lui une communauté de suiveurs. Il mettait directement en avant le véganisme, et avait même fondé un marque d’habits.

Voici une vidéo montrant ses capacités techniques alors.

C’est indéniablement impressionnant, cependant on l’aura compris, cela fait partie de toute cette vague de végans pour qui le véganisme ce ne sont pas les animaux, mais soi-même, son identité, son vécu, etc. Voici une autre vidéo assez typique du genre m’as-tu-vu.

C’est donc simplement un de ces nombreux free-runners et autres adeptes du cross-fit qui adorent se mettre en scène dans des vidéos autocentrées, dans un esprit ultra-individualiste, ce qui n’a rien à voir avec le sport dans sa dimension populaire, ni avec le véganisme en tant que tel.

Sauf donc que Tim Shieff a fait un petit buzz tout récemment en annonçant publiquement, dans une vidéo, qu’il abandonnait le végétalisme, pour des raisons de santé. Il a alors dépassé largement le cadre de sa renommée initiale. Car s’il a pu franchir le million de vue à ses débuts, ses dernières vidéos ne réunissent que quelques dizaines de milliers de vue, c’est-à-dire vraiment pas grand-chose dans ce domaine pour un anglophone.

Son annonce d’abandonner le végétalisme a quant à elle plu à de nombreuses personnes qui se sont empressées de relayer l’information, comme nouvel argument contre les personnes vegans. Tim Shieff étant un renégat, il est utilisé par les ennemis du véganisme. Rien de plus logique.

C’est qu’il s’agit d’une bataille culturelle, d’une bataille de valeurs. Les fondements du véganisme sont tellement solides, la réalité de la bonne santé des personnes végétaliennes ayant une alimentation équilibrée est tellement évidente, que les arguments rationnels n’opèrent pas. Il ne reste plus que le mensonge, et ce genre d’anecdote, pour tenter de discréditer les vegans.

Soyons très clairs : en 2019, prétendre que le végétalisme n’est pas possible – pour une personne « normale », pour un sportif de haut niveau, pour un enfant – ne tient pas. A moins que, dans sa tête, on capitule culturellement.

Voyons justement les arguments de Tim Shieff. À aucun moment il n’expose d’arguments concrets, matériels, pour justifier son choix. On apprend simplement que ses muscles devenaient fragiles et qu’il n’arrivait plus à faire de pompes sans être blessé ensuite. Il dit avoir été fatigué, déprimé, avoir du mal à digérer, etc.

Plutôt que de penser au surentraînement, ce qui est typique pour ce genre d’activités consistant en une éternelle fuite en avant dans le dépassement individuel, de manière toujours plus extrême, il s’imagine qu’il lui manquait « quelque chose », sans vraiment l’expliquer. On retrouve là tout son fond mystique, avec toutes les thématiques quasi magiques du type yoga, équilibre de ying et de yang, etc.

D’où l’incohérence jusqu’au pittoresque. Ainsi après plusieurs tentatives délirantes de se « purifier », en buvant son urine (« l’urine est de toi et c’est pour toi »), ou encore en suivant un jeûne très strict de 35 jours en buvant seulement de l’eau distillée, Tim Shieff a mangé des œufs et de la chaire de poisson et raconte que cela lui a fait énormément de bien. La belle affaire ! Il n’y a rien de plus absurde pour un athlète que de ne pas s’alimenter, alors forcément que quand on mange à nouveau, l’organisme « apprécie ».

Mais étant une sorte de délirant, d’équilibre, Tim Shieff tient un discours lyrique et dérangé, dérangeant :

« La première nuit après avoir mangé du saumon, j’ai eu un rêve mouillé alors que cela faisait des mois que je n’avais pas éjaculé. »

C’est tout à fait grotesque. Nous sommes en 2019 et ce genre de discours ne tient pasu ne seconde alors que les exemples sur le long terme de sportifs de haut niveau vegan sont multiples, et cela dans tous les domaines, que cela soit la force, l’endurance, l’explosivité, la coordination neuro-musculaire, etc.

Pour fonctionner, les muscles ont besoin d’un certains nombres de micro-nutriments, que l’on retrouve sans problèmes dans les végétaux. Et cela que ce soit le fer, le zinc ou les vitamines. Il y a bien sûr la vitamine B12 qui est un cas particulier, mais cela n’est pas un problème puisque les végétaliens en consomment facilement autrement que dans les produits d’origine animale.

On a besoin bien sûr de beaucoup de glucides, mais dans tous les cas ceux-ci proviennent uniquement (ou presque) des végétaux.

Il faut également consommer des protéines, pour régénérer ses tissus musculaires après l’effort. Là encore, ce n’est pas un problème : ce dont à besoin l’organisme, ce n’est pas de protéines agglomérées par un autre animal (dans un œuf ou de la chaire de poissons par exemple), c’est d’acides aminés afin de constituer ses propres protéines.

Chaque sportif vegan sait très bien où trouver les acides aminés essentiels pour s’alimenter après l’effort. Les pois chiches, les lentilles, les haricots rouges, le riz complet, l’avoine… en regorgent, et les exemples sont par ailleurs multiples. Ceux qui veulent faire les choses encore mieux, de manière plus poussée, peuvent se tourner vers des aliments encore plus « fonctionnels », comme le quinoa ou les graines de chanvre décortiquées, dans lesquels ont retrouve tous les acides aminés essentiels en bonnes proportions, ainsi que beaucoup d’autres micro-nutriments.


Marta Gusztab, championne polonaise de Muay Thai

Qui a t-il donc, pour un sportif, qu’on ne pourrait trouver que dans les œufs, ou la chaire de saumon ? On trouve dans un œuf beaucoup d’eau (presque la moitié de la matière), des protéines, un tout petit peu de glucides, des acides gras, et tout un tas de micro-nutriments habituels. Rien de cela n’est spécifique, introuvables ailleurs pour un vegan.

Il en est de même pour le saumon : il n’y a rien qui serait spécifique et introuvable ailleurs. On peut noter que celui-ci a un organisme, comme tous les poissons gras, particulièrement riche en acides gras oméga-3. Sauf que tout sportif vegan sérieux, connaissant l’importance de ces acides afin d’éviter les risques d’inflammation notamment, sait très bien où trouver des acides gras oméga-3 en grandes quantités et mange en général beaucoup de graines de lin, de chia ou de chanvre, précisément pour cette raison.

En fait, l’enjeu en termes d’alimentation pour les sportifs est surtout qualitatif. Le quantitatif est très facile à couvrir, que l’on soit vegan ou non. Sur le plan qualitatif par contre, les aliments d’origine végétale permettent une bien meilleure synergie des micro-nutriment, pour une assimilation optimale, plus « fine » en quelque sorte. Il en est de même pour l’équilibre acido-basique, qui agit directement sur les performances.

Une alimentation classique, à base de protéines animales et de laitages, acidifie largement l’organisme, au contraire d’une alimentation végétale bien menée (sans excès de céréales et avec beaucoup de fruits et de légumes) qui permet de mieux réguler le pH plasmatique.

Beaucoup d’athlètes très sérieux ont, au contraire de Tim Shieff, fait des recherches, réfléchi de manière intelligente et concrète à leur alimentation. On a même des individus tels que les célèbres athlètes Brendan Brazier ou Scott Jurek, qui sont venus au végétalisme pour des raisons de santé et de performance sportive. Brendan Brazier est auteur de la méthode Thrive, qui prône une alimentation essentiellement « raw » (non cuite) et « whole » (avec des produits complets).

Scott Jurek a pour sa part écrit un livre, Eat & Run, qui est traduit en français, dans lequel il fait largement part de son expérience positive avec le végétalisme.

Il y a aussi d’autres athlètes pour qui le végétalisme est d’abord un engagement pour les animaux, comme le sympathique Matt Frazzier du blog nomeatathlete.com, appréciant comme nous le groupe Earth Crisis ! Il a écrit un ouvrage très didactique, traduit en français sous le nom de Se nourrir, marcher, courir vegan.

Conclusion, Tim Shieff n’est qu’un narcissique renégat au véganisme, comme il y en a tant, comme il y en a eu et comme il y en aura. Il faut bien avoir conscience de cela. D’où la nécessité de centrer son discours sur la compassion et les animaux, la nature et le respect de la vie.

Récit du 16 février 2019

AVA Bretagne a publié un communiqué pour présenter les faits du 16 février, jour terrible où un de ses activistes s’est retrouvé dans le coma suite à une agression. C’est là un message très important, car au silence médiatique s’est ajoutée une campagne de désinformation. Libération a par exemple publié, dans ses pages « Checknews », un article intitulé Un militant anti-chasse est-il dans le coma après avoir été frappé par un chasseur ?, modèle d’absence de déontologie, avec strictement aucune recherche et une acceptation ouverte du point de vue des chasseurs ou des gendarmes.

Nous appelons évidemment à diffuser ce communiqué, ainsi qu’à soutenir AVA, mieux, à protéger AVA, qui est concrètement un véritable brise-glace démocratique de la question du rapport aux forêts et à leurs habitants. Et il y a une véritable réflexion de fond à avoir quant à la terrible violence des chasseurs. Il ne s’agit pas simplement de constater la brutalité de ceux qui font de l’utilisation des animaux une source de profit, que ce soit dans les cirques, les boucheries ou encore les corridas. Il faut bien en voir le caractère fondamentalement patriarcal, la perspective radicalement opposé à la Nature, le culte de la conquête et de la soumission, le cynisme et l’indifférence.

Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts.

Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français. 11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.

Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.

Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures.

L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.

Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.

Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.

Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.

En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.

Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric ! ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRÉSENTE !

Un militant AVA agressé et dans le coma

Un militant d’AVA – Abolissons la Vénérie Aujourd’hui a été brutalement agressé et est dans le coma depuis plusieurs jours. Voici le communiqué d’AVA Bretagne qui vient de rendre public cette information.

Violente agression, Un AVA dans le COMA, entre la vie et la mort.

Samedi dernier, 16 février, en forêt du Gâvre, près de 300 veneurs nous attendaient. Avant même le début de la chasse, à l’arrivée de notre voiture, un veneur s’est précipité pour ouvrir notre portière et nous a invectivés avec rage puis a porté de violents coups de poings au visage de Frédéric, provoquant un saignement de nez important. Après cette agression, de nombreux veneurs l’ont provoqué malgré notre flegme et nos tentatives de les maintenir à distance.

En fin de journée, Frédéric fait un malaise et a été transporté aux urgences. Il est dans le coma depuis 6 jours. Il souffre de très graves lésions et d’un œdème cérébraux. Son pronostic vital est engagé.

Il était venu ce jour là pour défendre pacifiquement ses idéaux. Il voulait simplement protéger la forêt et ses habitants en dénonçant une pratique qu’il juge barbare et faire entendre la voix des citoyens.

L’auteur de l’agression est identifié, une enquête judiciaire est en cours et nous avons confié le dossier à un avocat pour nous assurer de son bon avancement.

Nous déplorons l’escalade constatée chaque semaine dans la violence manifestée par les veneurs à notre égard. Nous n’entendons pas nous laisser intimider et restons déterminés à faire valoir nos droits les plus stricts, au besoin par la voie judiciaire.

Nous vous tiendrons informé de son état de santé sur cette page.

Nos pensées vont à Frédéric, sa famille et ses amis.

AVA Bretagne

Le drame des dauphins échoués sur la côte atlantique.

Entre janvier et avril, il se produit un phénomène déroutant pour les habitants de la côte atlantique française. Du pays-Basque à la Bretagne en passant par les Landes et la Charente-Maritime, ce sont des centaines de dauphins qui s’échouent sur les plages françaises.

Faut-il que l’humanité soit dénaturée à ce point pour considérer que c’est normal, ou bien qu’on n’y peut rien, voire même que cela ne s’explique pas ! Et faut-il que les consciences soient puissamment engourdies pour ne pas se réveiller, alors que l’animal concerné dispose pourtant d’une grande valorisation culturelle.

Car le dauphin est un animal très apprécié dans l’imagerie collective, avec une opposition d’ailleurs irrationnelle avec le requin. Il serait un animal joyeux, un peu enfantin et volontiers sociable avec les humains. Les images de dauphins nageant gaiement à côté de bateaux ou dans une vague surfée par un humain attestent cela. Ses capacités intelligentes d’écholocalisation en font son admiration.

La culture cinématographique a même sanctionné cet état de fait : on compte plusieurs films mettant en scène des dauphins comme, par exemple, dans « Le monde de Nemo ». Dans le film, « Winter le dauphin », on a par exemple un dauphin à la queue mutilée par les filets de pêche, et sauvé par une prothèse créée par des humains.

Cette image n’est cependant qu’une image que l’humanité se renvoie à elle-même, car la norme, c’est l’écocide. Les dauphins sont en effet soumis à l’intense pression du capitalisme dans les océans, car il faut toujours plus de profit et comment l’océan, aussi vaste, échapperait-il à ceux qui le subordonneraient bien à ses exigences de rentabilité ?

dauphins

Et cela dans une démarche d’expansion toujours plus grande. Ainsi, selon l’observatoire Pleagis fondé en 2003 et basé à La Rochelle, on compte plus de 400 dauphins échoués sur la côte atlantique depuis le mois de décembre 2018. En Vendée, ce sont près de 90 dauphins échoués en seulement deux semaines !

Ce niveau d’échouage est largement au-dessus des « normales » et les observateurs scientifiques s’en inquiètent tout particulièrement. Le 15 février, Dominique Chevillon, président de l’association écologiste « Ré Nature Environnement » à l’Île de Ré en Charente-Maritime déclarait au micro d’Europe 1 :

« lorsque les animaux échouent, on constate des traces. On voit des traces de filets, on voit des traces d’amputation, […] on voit des nageoires dorsales qui sont coupées pour les sortir du filet. […]

Nous avons aussi des témoignages de pêcheurs qui nous racontent comment cela se passe, y compris des gens qui sont embarqués sur des chalutiers qui sont en cause. Aujourd’hui, on a fléché vers les chalutiers pélagiques qui sont des chalutiers qui pêchent « en bœuf », donc vous avez deux chalutiers qui traient un grand chalut arrière.

Nous avons une forte certitude, et partagée par les pêcheurs d’ailleurs, que cette pêche là est à l’origine de nos soucis »

Pourtant, Dominique Chevillon rappelle qu’il n’y a que 18 chalutiers de ce type qui pêchent dans la région de Gascogne, entre la Charente-Maritime et le pays basque. Cette modalité de pêche vise surtout à la capture de poissons vivant en bancs concentrés, comme le Bar et le Merlu. Avec des vastes filets qui drainent le fond de l’océan, on passe d’une capture individuelle à une capture de masse, augmentant ainsi les rendements. Seuls les grands groupements économiques peuvent ainsi procéder à ce type de pêche : c’est le monopole de la production qui opère.

pêche

Ce n’est pas « le pêcheur » qui pose souci, mais la pêche ayant pris une dimension industrielle, extrêmement organisée, totalement organisée, parfaitement insérée dans les circuits de distribution économique.

D’où la forme atroce de la mort des dauphins, qui ne sont pas simplement mutilés par les filets. Un dauphin ne peut en effet pas nager infiniment dans l’eau, il a besoin de remonter régulièrement à la surface pour s’oxygéner. Pris dans les chaluts, ils se trouvent traînés sur plusieurs kilomètres, souvent avec des blessures et dans l’incapacité de remonter à la surface. La pêche pélagique, c’est la mort par asphyxie des dauphins.

On atteint là un niveau de barbarie difficilement soutenable car comme le rappelle Dominique Chevillon :

« La mer est un monde extraordinaire quand vous êtres un dauphin avec les organes et les sens qu’ils ont.

Se retrouver pris, avec le stress […] ce sont des animaux extrêmement sensibles, ils ont un sixième sens comme l’écholocalisation, etc., donc on a ici un vrai drame. »

Alors que – appelons les choses par leur nom – la pêche capitaliste à grande échelle participe d’une mort rapide de la vie océanique avec, selon les perspectives scientifiques, la disparition de tous les poissons à l’horizon 2040, voilà que des plus gros animaux comme les dauphins deviennent également les victimes de ce mode de développement.

pêche

C’est là clairement un saut terrible dans la destruction. Rappelons par ailleurs ici ce qui relève d’une omerta, alors que la chose est bien établi. Ces animaux se repérant grâce à leurs sonars sont soumis à une déstabilisation spatiale à cause de l’exploitation pétrolière, les sonars militaires ou encore les les chantiers de bords de mer.

Rien n’est fait pour autant. L’anthropocentrisme est ici d’une froideur complète. S’il y avait une opinion démocratique pour se saisir du sujet, la chose serait entendue depuis longtemps, mais il règne une indifférence générale. Alors que l’on sait, rien n’est fait.

Et il en va donc de même pour la pêche. Peut-on parler sérieusement de victimes « accidentelles » de la pêche lorsque la France est le sixième pays dans le monde pour sa consommation de poisson par habitant ?

Les Français mangent en moyenne près de 37,7kg de poisson par an contre 17kg en moyenne dans le monde. De 18 kg par an en 1961, la consommation française s’élevait en 2005 à 35,2 kg. Et cela ne va pas aller en diminuant, avec une progression de 2 % par an en Europe.

L’aquaculture est d’ailleurs devenu une méthode économique de très grande ampleur. Rappelons ici le paradoxe que Jean-Luc Mélenchon a été célébré pour avoir mangé du quinoa, alors que c’est un soutien assumé à l’aquaculture, qu’il aimerait généraliser !

consommation de poisson, en kilogramme par habitant et par an

L’aquaculture est d’ailleurs une monstruosité issue de la pêche, et qui ne s’en détache pas. Pour « produire » « 1 kilo » de poisson d’élevage, il faut les nourrir de « 3 à 5 kg » de poissons sauvages, capturés donc dans les océans.

On a donc là à faire à un véritable écocide, engendré par une pêche devenue industrielle à l’échelle planétaire, porté par un capitalisme terriblement exigeant sur le plan des bénéfices, enfermant l’humanité dans un anthropocentrisme meurtrier.

Il est temps que l’Humanité se saisisse de cette question et soulignons le fait que, peut-être, le drame des dauphins échoués peut permettre à certains la possibilité historique de se saisir de cet arrière-plan et de contribuer au changement.

Cela ne veut pas dire qu’il faille sauver la planète parce qu’il serait « moche » de ne plus avoir d’ici 20 ans aucun lion, aucun éléphant, aucune girafe, aucun dauphin, à part dans des zoos. Cela veut dire simplement qu’il faut bien des déclics et que les mobilisations, pour être populaire, doivent s’appuyer sur des leviers concrets.

Et, au-delà de cela, c’est un rappel que l’Océan, ce thème primordial par excellence pour la vie de la planète, est encore et toujours négligé, oublié, alors qu’un accent fondamental devrait être porté dessus.

La vivisection de Claude Bernard pour les Leçons sur la chaleur animale

L’une des plus grandes faiblesses de la défense des animaux en France est l’incapacité à former un mouvement anti-vivisection avec une grande base populaire. Il y a toujours eu des gens avec une très grande abnégation pour ce combat, comme International Campaigns, mais malheureusement les personnes défendant les animaux n’ont jamais compris la signification de la question.

Essayons de contribuer à ce grand travail restant à mener, avec un regard sur un ouvrage important écrit par celui qui est considéré comme la plus grande figure de la vivisection : Claude Bernard. L’ouvrage en question, de 1876, est intitulé les Leçons sur la chaleur animale sur les effets de la chaleur et sur la fièvre.

L’auteur y est présentée de la manière suivante :

« Membre de l’Institut de France et de l’Académie de médecine, Professeur de médecine au Collège de France, Professeur de physiologie générale au Muséum d’histoire naturelle, etc. »

On a ici ce qu’on appelle une sommité. Précisons d’ailleurs tout de suite qu’il ne s’agit pas ici de dénoncer la science ou la médecine, ni les scientifiques ou les médecins. Il s’agit de critiquer une méthode, en soulignant que science sans conscience n’est que ruine de l’âme.

Le piège est ici bien entendu qu’il n’y a pas de science sans expérience et c’est là qu’intervient la véritable déconnexion de toute sensibilité. Claude Bernard rappelle l’importance de l’expérience en la définissant ainsi dans son rôle par rapport à la science :

« La médecine, ainsi que toute science, peut être envisagée par ceux qui la cultivent à deux points de vue : ou bien on se contente d’observer les phénomènes, d’en constater les lois, ou bien on se propose de les expliquer et d’en dévoiler le mécanisme à l’aide d’expériences.

Il y a donc une médecine d’observation, et, si vous me permettez le mot, une médecine d’explication expérimentale. C’est cette dernière que nous revendiquons comme le domaine de cette chaire. »

Seulement voilà, Claude Bernard a une conception totalement étroite du domaine de l’expérience. Il appelle cela la « physiologie ». En apparence, c’est très bien parce qu’il veut dire par là que les êtres vivants n’existent pas par magie. Il n’est pas religieux, si l’on préfère. Ils ne croient pas que les êtres vivants existent parce qu’il y aurait une sorte de souffle mystérieux ou on ne sait quoi encore.

Mais cela l’amène à séparer totalement le corps de tout le reste de la nature. Faisons ici une citation pour bien cerner son point de vue :

« La conception de Descartes domine la physiologie moderne. « Les êtres vivants sont des mécanismes. » La cause immédiate des phénomènes de la vie ne doit pas être poursuivie dans un principe ou dans une force vitale quelconque.

Il ne faut pas la chercher dans la psyché de Pythagore, dans l’âme physiologique d’Hippocrate, dans la pneuma d’Athénée, dans l’archée de Paracelse, dans l’anima de Stahl, dans le principe vital de Barthez.

Ce sont là autant autant d’êtres imaginaires et insaisissables. (…)

Il ne serait pas exact de dire que nous vivons dans le monde extérieur. En réalité, je ne saurais trop le répéter, nous n’avons pas de contact direct avec lui, nous n’y vivons pas.

Notre existence ne s’accomplit pas dans l’air, pas plus que celle du poisson ne s’accomplit dans l’eau ou celle du ver dans le sable. L’atmosphère, les eaux, la terre, sont bien les milieux où se meuvent le animaux, mais le milieu cosmique reste sans contact et sans rapports immédiats avec nos éléments doués de vie.

La vérité est que nous vivons dans notre sang, dans notre milieu intérieur. »

Ce que rejette Claude Bernard ici, c’est le principe de Gaïa, d’une planète vivante. Pour lui chaque être vivant est replié sur lui-même, en lui-même. A l’époque, cela faisait très sérieux ; aujourd’hui même quelqu’un rejetant le principe de Gaïa est bien obligé d’admettre qu’il existe une interaction entre les êtres vivants et leur environnement, rien que par les bactéries.

De notre point de vue, l’humanité est d’ailleurs condamnée si elle ne cesse pas son anthropocentrisme et ne se rattache pas au grand « tout » que forme la Nature sur la planète.

Ce n’est cependant pas l’aspect qui nous intéresse directement ici. Ce qui compte, c’est que la considération d’un « milieu intérieur » aboutit à le prendre comme un chose distincte de tout le reste, et perdant donc son rapport avec tout le reste. Par conséquent, on peut prendre cette chose séparément et faire ce qu’on veut avec. C’est un objet indépendant de tout le reste.

Le lapin n’est donc plus un lapin dans une prairie, mais un lapin, un seul lapin, un « milieu intérieur » unique. Si on reproche à Claude Bernard sa vivisection d’animaux, il répondrait qu’il ne pratique pas la vivisection sur les animaux, mais sur des animaux, et plus exactement sur tel pigeon, tel cheval, tel chien.

Le rejet de la Nature aboutit à la choséification des êtres vivants, mais ce rejet ne voit pas le rapport avec l’ensemble, il sépare tout. D’où son incapacité à comprendre les reproches qui lui sont faits.

Claude Bernard

Il y a pire, pourtant ! Car à cela s’ajoute une terrible perversion ! Et si on rate cette dimension, alors on rate la substance de ce qu’est la vivisection.

Si en effet un milieu intérieur est un petit univers en soi, alors cela veut dire qu’il faut expérimenter cet univers dans toutes ses possibilités. Cela aboutit à des expériences toutes plus différentes les unes que les autres, non pas pour trouver quelque chose qu’on chercherait, mais simplement pour tester, histoire de voir.

On parti ici à la « découverte ». On ne peut pas apprendre les choses « de l’extérieur », puisqu’il n’existe qu’un « intérieur ». Cela veut dire que la vivisection est un processus sans fin, n’étant pas là pour chercher quelque chose, mais pour découvrir !

D’où les multiplications à l’infini des variantes. Ce qui donne par exemple :

« 1° Couper la moelle épinière ;

2° Refroidir directement l’animal en l’exposant à l’action d’un milieu réfrigérant ;

3° Immobiliser l’animal pendant un temps suffisant ;

4° Enduire l’animal d’une couche de vernis imperméable ;

5° Soumettre l’animal à des mouvements de balancement. »

C’est cela, très exactement, qui est l’idéologie de la vivisection. Essayer, juste pour essayer, jusqu’à quel point le liquide reste liquide, comment il réagit à tout ce qu’il est possible d’imaginer, dans l’abstraction totale de la réalité extérieure ainsi que de la nature sensible de la vie, c’est la vivisection.

Il faut essayer ce qui se passe à 10, 11, 12 degrés etc. et ce dans tout ce qu’il est possible matériellement d’essayer ; il faut essayer toutes les combinaisons, il faut épuiser toutes les possibilités. La vivisection n’est pas une science de la recherche, mais une logique de la découverte.

La vivisection ne veut pas étudier la vie comme réalité sensible, comme processus vivant ; elle regarde tous les paramètres, même ceux totalement impossibles en situation naturelle, du « milieu intérieur ». Ce « milieu intérieur » est une fin en soi, c’est comme une sorte de micro univers à explorer. Le vivisecteur s’imagine avant tout comme un explorateur.

Faut-il y voir un rapport avec l’esprit colonial prédominant dans les mentalités alors ? En tout cas, la vivisection ne peut pas être réformée ; elle est une véritable philosophie, une vision du monde très particulière. Si l’on admet la vivisection, alors celle-ci est la seule forme de connaissance du vivant.

Voici un exemple de ce que cela donne très concrètement, raconté donc par Claude Bernard dans son ouvrage, avec une froideur « scientifique » qui est en réalité le fruit d’une lecture anti-naturelle et d’une perversion de la connaissance.

« Les expériences furent faites dans mon laboratoire sur des chiens, et dans les abattoirs sur des moutons. Dans ces deux séries d’expériences, d’une part sur les chiens, d’autre part sur les moutons, le sang du cœur droit fut toujours trouvé plus chaud que le sang du cœur gauche.

J’opérais sur des animaux vivants et non anesthésiés. Le thermomètre était introduit successivement par la veine jugulaire et par la carotide jusque dans les ventricules du cœur. »

On a ainsi Claude Bernard qui refuse d’utiliser les anesthésiants, car ceux-ci perturberaient l’expérience, mais qui utilise du curare pour paralyser les nerfs moteurs (l’animal ressentant tout par contre), pour plonger du matériel le long des veines, le plus loin possible, jusqu’aux cavités du cœur pour mesurer la température.

C’est une approche systématique ; Claude Bernard coupe par exemple la moelle épinière pour mesurer la température de deux muscles, un en contraction et l’autre pas, il broie le ganglion thoracique pour mesurer la température de l’oreille et de la patte antérieure du côté concerné, etc.

Cette logique de l’exploration, dans le cadre de la vivisection, exige de souligner un autre aspect. Car, à la douleur d’être littéralement massacré, s’ajoute bien sûr également la terreur. Il ne faut jamais oublier cela !

La vivisection n’est pas seulement un crime parce qu’elle torture. La torture est déjà un crime en soi, inacceptable, mais il est bien connu que l’on y résiste mieux, si on ose dire, si on sait pourquoi on l’est, par exemple pour des raisons politiques.

Là, les animaux ne peuvent rien comprendre à part avoir l’impression d’être tombé dans une sorte d’enfer. C’est du terrorisme et c’est également condamnable.

Claude Bernard

Certains diront peut-être : c’est regrettable, mais la science ne pouvait pas procéder autrement pour savoir. L’expérience serait inévitable. La thèse semble juste mais elle est erronée si elle ne précise pas la nature de l’expérience, son rapport avec le monde réel. Sans cela une expérience est au mieux quelque chose de farfelu, au pire une escroquerie intellectuelle, servant ici à la pratique criminelle.

Prenons à ce titre ce que Claude Bernard raconte dans son étude de la chaleur corporelle. On notera que le ton neutre de l’ouvrage est systématique, qu’il parle des expériences sur des animaux ou qu’il présente des théories générales sur des questions médicales.

« Si l’on place dans une étuve sèche à 60 ou 80 degrés deux lapins, – l’un vivant, l’autre mort mais encore chaud et venant d’être sacrifié par la section du bulbe rachidien, – on constate que les deux lapins s’échauffent inégalement ; l’animal vivant s’échauffe bien plus rapidement que l’animal mort placé dans les mêmes conditions. »

Cette expérience est totalement absurde sur le plan intellectuel. Elle ne se justifie en rien scientifiquement, puisque ce qui s’y produit était connu par avance même. C’est une preuve que la vivisection se nourrit d’elle-même. En voici un autre exemple, car la vivisection s’appuie de manière ininterrompue sur de thèmes pseudos expériences qui seraient en même temps des preuves.

Claude Bernard y explique comment il place des animaux dans des situations d’une chaleur insoutenable.

Claude Bernard

On a ainsi Claude Bernard découvre qu’en plaçant des animaux dans une étuve, au bout d’un temps, ils meurent ! Il faut ici être totalement en décalage avec la réalité pour ne pas voir qu’on est ici dans une folie furieuse, pas dans la science. On se croirait revenu à l’antiquité, lorsque pour tuer atrocement on plaçait des gens dans un taureau de métal que l’on faisait chauffer à blanc, les cris des suppliciés passant dans le nez du taureau par un réseau de tubes !

La seule motivation de tout cela, c’est l’exploration avec une fascination morbide pour la réaction de la sensibilité. Cela relève de la perversion, du crime.

Et que dire lorsque Claude Bernard raconte qu’on peut enlever une paroi pour y placer une vitre, afin de voir ce qui se passe, à quoi est-on obligé de penser ? Aux chambres à gaz des nazis, avec leurs vitres pour surveiller le « succès » de l’opération.

La vivisection est l’idéologie des variantes infinies de ces perversions. Claude Bernard modifie la température, change d’animaux, met le corps entier ou bien sort la tête de l’étuve, etc. Sa seule orientation est l’accumulation de ces expériences, dont il fait des tableaux de chiffres, toute la réalité sensible ayant disparu.

A ceux qui disent que cela permet de mieux connaître le vivant, on pourra répondre simplement : lorsque Claude Bernard fait cette expérience avec deux lapins, dont un recouvert d’huile pour empêcher la transpiration, ne sait-il pas déjà ce qui va se passer ? Quel est l’intérêt, si ce n’est d’aligner toutes les perversions possibles ?

Ce qui est fou ici en plus, c’est que cette image illustre les propos de Claude Bernard au sujet d’expérience de jeunesse, menées sur le tas, avec des plaques de fonte achetées dans un bric-à-brac, etc.

Ce n’est pas une approche scientifique, c’est un empirisme érigé en science par sa systématisation. Alors évidemment, quand on teste tout, on trouve des choses. Cela n’en fait pas une science, juste des expériences accumulées.

La froideur complète du vivisecteur en est la conséquence. En voici une illustration qu’on trouve dans l’ouvrage de Claude Bernard. Le dessin ici représenté présente la machine dont il parle.

Claude Bernard

« Dans l’étuve, nous plaçons un moineau ; la température est d’environ 65 degrés. Au bout d’un instant, nous voyons l’animal ouvrir le bec, manifester une anxiété qui devient de plus en plus vive, repirer tumultueusement ; enfin, après un instant d’agitation, il tombe et meurt. Son séjour dans l’étuve a duré quatre minutes. (…)

Nous faisons la même expérience sur un lapin : la même série de phénomènes se déroule, avec plus de lenteur il est vrai, car il ne meurt qu’au bout de vingt minutes environ. »

Le processus de désensibilisation propre à ces expériences fabrique des criminels. Comment s’étonner de ce que les médecins nazis ont pu faire ensuite dans les camps ?

Voici un autre exemple de la prose de l’assassin :

« Engourdissons par le froid une grenouille sur laquelle le sternum enlevé permet d’apercevoir le cœur à nu. Les battements sont très ralentis ; alors plongeons un des membres postérieurs de l’animal dans l’eau tiède, presque instantanément une accélération se manifeste dans les battements du cœur. »

En voici un dernier :

« Quand on opère sur des animaux dans l’état ordinaire, qui ne sont ni contenus par le curare, ni anesthésiés par le chloroforme, le premier effet des atteintes de la douleur est toujours de provoquer une sorte de réaction de sensibilité, réaction qui se traduit par une paralysie instantanée des nerfs vaso-moteurs, avec dilatation des vaisseaux périphériques et chaleur ; puis des mouvements violents apparaissent sur le sujet en expérience : l’animal se débat, il résiste, il essaie de s’échapper.

De là des contractions musculaires qui sont encore une source puissante de calorique. A cette première période d’agitation, à laquelle correspond l’élévation de température du début, succèdent bientôt les effets propres de la douleur ; on voit alors la température s’abaisser d’une façon définitive et descendre au-dessous du niveau naturel. »

On a ici une désensibilisation complète. Elle est peut-être inévitable : on sait comment les croque-morts font des blagues sur les morts, comme les médecins établissent un rapport assez mécanique avec le corps des autres, qu’ils « réparent ».

Mais cela ne veut pas dire qu’ils explorent comme bon leur semble un corps sensible, en le charcutant ! Et ils ne prétendent pas faire de la science en essayant tout et n’importe quoi pour dire après : on a trouvé quelque chose !

L’affaire de « greenwashing » Greta Thunberg – We don’t have time

Il y a malheureusement une affaire Greta Thunberg, qui a même, pour renforcer le côté catastrophique de la chose, été lancé par les milieux d’extrême-droite. Cette dernière est en effet climato-sceptique, elle ne croit pas en le réchauffement climatique, qu’elle voit comme un « complot » visant à collectiviser le monde.

Ce en quoi elle porte un regard assez conséquent, dans la mesure où le réchauffement climatique implique la fin de tout un style de vie individualiste et égoïste, que ce soit pour les gens comme pour les nations. L’extrême-droite étant nationaliste, elle est donc obligée de nier le réchauffement climatique.

S’il y a une affaire Greta Thunberg, c’est parce que cherchant à discréditer celle-ci, les milieux d’extrême-droite ont réussi à mettre la main sur l’arrière-plan de la promotion médiatique de cette jeune fille qui a désormais 16 ans. Tout a été, selon eux, méticuleusement organisé par des experts qui ont organisé toute une mise en scène.

Ont-ils raison ? A vrai dire à moitié, parce qu’il y a à la fois une opération marketing et, ce qui est terrible, la volonté pragmatique de servir la « cause ». Entendons-nous bien : les gens qui ont fait la promotion de Greta Thunberg ont des valeurs qui sont certainement très proches de celle de LTD. Le souci est qu’au lieu de faire un travail démocratique auprès des gens, ils ont construit une sorte de bulle médiatique semi-sincère, afin d’être « efficace ».

Ce pragmatisme est moralement faux et qui plus est ne touche qu’à la surface des choses. Les actions spectaculaires, médiatiques, ne travaillent pas la société dans ses fondements. L214 et « 269 animal liberation » ont l’attention des médias, mais jamais ils ne changeront la société française et ses fondements. Pour cela il faut un travail local, culturel, militant, en profondeur et ce travail n’est que réalisé ici et là par des gens très courageux, dans l’ombre.

Cette ombre est juste et c’est même le seul endroit pour travailler, à l’abri des regards indiscrets, que ce soit de la police, des médias ou l’extrême-droite. Passer à la télévision c’est comme se faire arrêter par la police ou frapper par des fachos : cela paralyse le travail démocratique chez les gens « normaux ».

L’affaire Greta Thunberg est un exemple de ce pragmatisme qui amène des mobilisations en surface, avec de l’attention et même parfois du monde, mais toucher les fondements de la société. C’est une opération qui vise à plaire, à engourdir les mentalités pour « faire passer le message ». Comme on le dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

S’il y a en tout cas un problème à la base même de l’affaire Greta Thunberg, ce n’est pas sa jeunesse, car on peut tout à fait être militant, avec un haut niveau d’engagement, à cet âge-là. L’extrême-droite ne se prive pas naturellement de l’attaquer sous cet angle, dénonçant une « gamine », ainsi que le fait qu’elle soit une fille.

Non, le problème de fond est bien plus triste, voire sordide. Si l’on prend le dernier « Predators », un film qui vient de sortir et qui est un navet touchant le fond, on y voit que les tueurs extra-terrestres s’entraînant sur chaque planète assimilent l’ADN des meilleurs combattants qu’ils rencontrent. Et sur Terre il y a un enfant autiste qui s’avère génial, capable d’utiliser leurs soucoupes volantes et leurs armures : il représente l’homme de demain, les tueurs de l’espace veulent donc se l’approprier.

Cela est naturellement une sorte de cliché terrible. Le souci est qu’on a la même chose avec Greta Thunberg. Celle-ci a de nombreux soucis, étant atteint de ce qui est défini comme l’autisme dans sa version Asperger, ainsi que des problèmes de mutisme. Quiconque sait à quoi cela ressemble comprend immédiatement l’ampleur de la question : on ne peut agir qu’avec une grande délicatesse avec ce genre de personnes.

Or là Greta Thunberg se retrouve précipitée dans un bain médiatique. Peut-elle l’assumer, elle qui à onze ans a connu une période où elle n’a plus voulu parler ? C’est très difficile comme situation. Et au lieu d’une protection de la jeune fille, cela va avec une théâtralisation énorme. Elle se serait intéressée au réchauffement climatique à huit ans, aurait amené sa famille à assumer le véganisme et à ne plus prendre l’avion, etc. C’est l’image du petit génie mêlée à la pureté de la jeunesse pour une opération de rédemption.

C’est quand on voit cela qu’on se dit qu’il y a là un problème, et c’est là que Ingmar Rentzhog rentre dans l’histoire de tout ça. C’est à la base un businessman, qui a vendu récemment son entreprise Laika, en partie seulement, puisqu’il fait encore partie de la direction. Elle était spécialisée dans le conseil d’entreprises financières pour tout ce qui touche internet et a été revendue à FundedByMe, une entreprise suédoise de crowdfunding.

Ingmar Rentzhog a alors fondé dans la foulée « We Don’t Have Time ». C’est une start up qui, depuis un an, cherche à jouer sur les réseaux sociaux pour promouvoir la lutte contre le changement climatique. On est ici un milieu d’entrepreneurs et de bobos, qui entendent se faire de l’argent tout en agissant pour que les choses aillent dans le bon sens, etc.

On est, en tout cas, chez des pros de l’utilisation des réseaux sociaux, dont c’est directement le métier : We don’t have time est une entreprise qui veut monter un réseau social de 100 millions de personnes qui soit une marque, avec une fondation derrière qui œuvre pour la « pour la bonne cause »

Pour résumer sommairement l’idée de la start up est de disposer d’une base de gens cherchant à bien faire et formant une base pour Facebook et Twitter. Quand un nombre suffisamment grand sera atteint, alors des « partenariats » avec des entreprises cherchant à disposer d’une bonne image pourra être effectué. Le modèle assumé de cette entreprise est Tripadvisor

Ce mélange de genre est ignoble, mais voici donc ce qu’on ne peut considérer que comme une légende, pour ne pas dire un pieux mensonge. Ingmar Rentzhog amène son fils au jardin d’enfant, son fils est triste de quitter son père, lui-même ne se sent pas bien

Puis il va au travail et sa route passe, comme par hasard, devant le parlement. Et là, alors qu’il est tout plein encore d’émotions par rapport à son fils de trois ans, il découvre une jeune adolescente « en grève » devant le parlement !

C’était le premier jour d’une grève devant aller jusqu’aux élections, une mobilisation en faveur de la lutte contre le changement climatique ! Quel curieux hasard… Donc, Ingmar Rentzhog raconte tout cela dans un post larmoyant sur les réseaux sociaux, expliquant que, de manière scandaleuse :

« Pendant le temps que j’étais là-bas, il n’y avait qu’un seul passant qui a pris sa fiche d’information. Personne sauf moi ne lui a parlé! »

Il faudrait donc la soutenir :

« Passez devant le Parlement. Parlez à Greta et montrez qu’elle n’est pas seule. ♥ ️ Elle a besoin de votre soutien maintenant ! »

Cette publication sur Facebook et Instagram a évidemment dès l’origine été publiée sur le compte de We don’t have time. Depuis, Greta Thunberg en est devenue une des « conseillères pour la jeunesse ». Et tout cela a l’air bien trop gros pour être vrai.

Il y a d’ailleurs un élément de plus qui ajoute à la dimension « opérative » de tout cela. Greta Thunberg a son père et deux grands-parents qui sont des acteurs connus en Suède, sa mère Malena Ernman est une chanteuse d’opéra, qui a été également à l’eurovision en 2009, et prix du WWF l’année dernière pour ses positions pour l’environnement.

Or, que fait-elle juste au moment où la grève scolaire de Greta Thunberg est lancée ? Elle publie un ouvrage, Scener ur hjärtat, Des scènes venant du coeur, où elle raconte la maladie de sa fille et l’importance qu’a eu la lutte contre le réchauffement climatique pour résoudre la crise familiale.

Et, comme par hasard, les parents de Greta Thunberg travaillent maintenant – sans être rémunérés – avec We don’t have time. Ces gens pensent-ils bien faire, en mettant en avant la lutte contre le réchauffement climatique ? Ou bien sont-ils seulement un peu sincères, ayant en tête un plan machiavélique pour faire booster une entreprise cherchant à être le roi du pétrole de la cause du réchauffement climatique sur les réseaux sociaux ?

Dans tous les cas, c’est totalement anti-démocratique. Et on a vu comment les médias se sont précipités dans cette brèche, répondant à l’appel du marketing et du branding, c’est-à-dire du fait de mettre en avant une marque. Greta Thunberg fait vendre !

Certains médias ont même dit que la télévision suédoise avait trafiqué la présentation du discours de Greta Thunberg à Katowice, à l’occasion de la COP 24. Il n’y aurait eu personne dans la salle et cela aurait été maquillé comme un succès fermant le clapet aux puissants de ce monde. Est-ce vrai ? Peu importe au final, car dans tous les cas on est ici dans quelque chose de douteux, d’hostile au principe de participation populaire.

Quand on voit que Greta Thunberg va au forum économique mondial de Davos avec son père, à une conférence avec les plus puissants de la planète, on se dit bien que cela n’a aucun intérêt, alors quel intérêt que ce soit vrai, faux ou entre les deux ?

En tout cas, il est certain que la valorisation de Greta Thunberg au moyen de photos habilement construites (et professionnelles dans l’esprit) est savamment construite. Sa venue à Davos en 32 heures de train a été bien médiatisé, tout comme le fait qu’elle dorme dans un camp de tentes.

Cela plaît aux médias qui trouvent matière à promouvoir quelque chose de « positif » et attirant l’attention, donnant qui plus est l’impression qu’on peut changer les choses sans les changer. « À Davos, Greta Thunberg éclipse patrons et présidents » dit France 24, avec un lyrisme entremêlé de pathétique :

« Ni un chef d’État tonitruant, ni un millionnaire flamboyant ou un patron innovant: la vraie vedette de l’édition 2019 du Forum de Davos a 16 ans, deux longues nattes, et une détermination à sauver la planète qui a impressionné l’élite mondiale.

« Elle a réduit tout le monde au silence… Cette jeune fille était extrêmement émouvante », dit à l’AFP le patron du site de voyages en ligne Expedia, Mark Okerstrom, après l’intervention devant une salle comble de la Suédoise Greta Thunberg.

Dès son arrivée à la gare de la station de ski huppée mercredi, après 32 heures de voyage, les caméras se sont massées pour suivre cette adolescente menue aux joues rondes, icône de la lutte contre le changement climatique pour de nombreux jeunes dans le monde.

« La maison brûle », assène-t-elle pendant son discours. « Les adultes disent qu’il faut donner de l’espoir aux jeunes », continue Greta Thunberg, sourcils froncés en triturant ses fiches.

Et de lancer: « Je ne veux pas de votre espoir mais je veux que vous commenciez à paniquer ». »

Ses réseaux sociaux répondent évidemment de manière habile et très construite. Arnold Schwarzenegger, qui se targue d’être un grand écologiste, l’invite à Vienne, pour l’Austrian World Summit, et sur son compte la réponse dit : « Comptez sur moi. Hasta la vista baby. » Il y a tout de même peu de chances que ce soit elle, mais c’est rondement mené.

Le paradoxe, c’est que cela ne marche même pas tant que cela. Greta Thunberg a 130 000 personnes la suivant sur Twitter, ce qui est peu pour quelqu’un avec une image aussi bienveillante et une renommée mondiale. C’est que les gens consomment et là où il n’y a pas de fond, il ne reste rien. Non pas que Greta Thunberg dise des choses fausses, mais ce sont des propos moralistes, appelant à se bouger. Cela n’engage en rien, ce n’est pas une vision du monde.

On peut faire du bruit avec ce genre de choses, avoir du monde en proposant quelques actions, mais qu’en restera-t-il ? De l’égo, des likes sur facebook, la fausse impression d’avoir fait avancer les choses, un grand turn over car les gens ne restent pas, puis à la fin l’échec, le ressentiment, et le retour de l’apathie.

Qui se souvient en France de Droit Des Animaux, dont les activistes ont été hyper actifs ? Ou bien des « Furieuses carottes » ? Personne, et la même chose arriver à L214, « 269 animal liberation ». En un sens, cela aura fait avancer les choses, en fin de compte cela n’aura rien changé.

Et ce qui est le plus odieux, pour conclure, est que ces gens auront obtenu de la reconnaissance, alors que les vrais travailleurs de l’ombre auront été oubliés. Prenons l’association vegan.fr, dont nous ne partageons pas la vision du monde, donc nous pouvons le dire encore plus facilement. Pendant des années, elle a diffusé la pensée de Gary Francione tout en faisant la promotion du véganisme, ayant compris que sans philosophie à l’arrière-plan, le véganisme ne peut pas se maintenir. Elle n’a pourtant jamais obtenu l’attention qu’elle méritait.

Les gens ont préféré apparaître sur le net, consommer en masse des produits Sea Shepherd (un énorme succès commercial !), participer à des actions « concrètes » sans lendemain, être révolté un bon coup pour disparaître ensuite. Voilà quel est le problème de fond et c’est là-dessus que table les gens utilisant Greta Thunberg.

Demain il n’y aura même plus de place pour la Fondation Brigitte Bardot ou L214 ; il n’y aura que des monstres internationaux comme le WWF, utilisant les réseaux sociaux comme une arme absolue pour « exister » et capter toute attention.

Ce qui montre bien qu’à la base même, tel n’était pas le chemin qu’il fallait prendre. Seule une lutte de mobilisation démocratique peut faire passer les valeurs du véganisme dans la société ; seule une philosophie résolument claire – et pour nous c’est la défense de la Nature, avec la morale vegan straight edge – peut faire du véganisme une citadelle imprenable.

Et cela implique une révolution complète des mentalités, l’écrasement matériel des forces sociales détruisant la planète et asservissant les animaux, un engagement sans compromis en défense de notre mère la Terre.

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

Avec le grand tournant qu’a connu la question animale ces derniers mois, il n’est pas étonnant que la grande question de fond émerge de manière toujours plus prégnante. Résumons la le plus simplement possible : les gens qui comprennent que les animaux souffrent sont particulièrement marqués par cela. C’est normal.

Mais, alors, leur compréhension de cela se heurte à deux choses. D’abord, ils ne perçoivent pas le rapport à la société, l’économie, l’histoire, la culture, etc., ce qui aboutit à une forme de misanthropie, de pessimisme, etc. Cela est surtout vrai en fait pour les gens relevant du véganisme au sens le plus général.

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

De l’autre, et cela concerne ici fondamentalement « l’antispécisme », il se pose la question de la Nature, qui apparaît en effet forcément comme odieuse, cruelle, meurtrière. L’antispécisme est, contrairement au véganisme, en effet un anthropocentrisme et partant de là il ne peut voir en la Nature qu’une ennemie.

Les Cahiers anti-spécistes – la revue historique de la mouvance veggie pride – L214 – a à ce sujet donné récemment la parole à des gens voulant « dresser » la Nature et exterminer les « prédateurs ». Ces gens ne représentent rien en termes d’organisation ou de philosophie, alors pourquoi les faire parler ? Tout simplement parce qu’ils représentent une version simplement plus conséquente sur le plan des idées que les antispécistes en général qui, d’une manière ou d’une autre, sont obligés d’en arriver là

Les Cahiers anti-spécistes le savent et aimeraient par conséquent que cela se passe de la manière la plus « douce » possible, parce qu’ils travaillent depuis vingt ans pour cela et ne veulent pas se rater…

Cependant, pour bien aborder toute cette question, voyons ce que dit Paul Ariès dans sa tribune au monde publié début janvier. Si le titre est provocateur (« J’accuse les végans de mentir sciemment »), c’est surtout parce que l’auteur de la tribune a tout à fait compris l’arrière-plan anthropocentriste de l’antispécisme et entrevoit un boulevard pour les dénoncer (et tout le véganisme avec).

Encore une fois, il faut voir au-delà du ton odieux de l’auteur de la tribune. Ce qu’il dit sur la suppression de la prédation que voudraient les vegans… est en fait une valeur inévitable de l’antispécisme, de par sa définition même. A moins de reconnaître la Nature (comme nous nous le faisons), il est inévitable que refuser qu’une espèce en profite d’une autre aboutisse à la haine de certains animaux…

Voici la tribune dans son intégralité.

Tribune. 

Le véganisme a été promu en 2018 phénomène de l’année par diverses revues. Il est essentiel que l’année 2019 soit celle où les yeux commencent à s’ouvrir ! Le véganisme n’est pas seulement une production d’alimentation farineuse mais une machine à saper l’humanisme et à tuer une majorité d’animaux. C’est pourquoi je ne suis pas antivégans pour défendre mon bifteck mais l’unité du genre humain et la biodiversité bien au-delà de mon assiette.

J’accuse les végans de cacher leur véritable projet qui n’est pas simplement de supprimer l’alimentation carnée, simple goutte d’eau dans l’ensemble de la prédation animale, mais d’en finir avec toute forme de prédation, en modifiant génétiquement, voire en supprimant, beaucoup d’espèces animales, sous prétexte que n’existerait pas de viande d’animaux heureux et que les animaux sauvages souffriraient bien davantage et en plus grand nombre que les animaux d’élevage ou domestiques.

Le fond du problème à leurs yeux n’est pas la consommation de produits carnés mais la souffrance animale ; or cette dernière étant inhérente à la vie, il faudrait réduire le vivant, en vidant, par exemple, les océans, car il ne serait plus possible de laisser encore les gros poissons manger les petits, ou en empêchant un maximum d’animaux de naître.

J’accuse les végans de mentir en faisant croire au grand public qu’ils seraient des écolos et même des superécolos, alors qu’ils haïssent l’écologie et les écologistes, puisque les écolos aiment la nature et qu’eux la vomissent, car elle serait intrinsèquement violente donc mauvaise. David Olivier, un des pères des Cahiers antispécistes, signait, dès 1988, un texte intitulé « Pourquoi je ne suis pas écologiste ». Il confirme en 2015 : « Nous voyons l’antispécisme et l’écologisme comme largement antagonistes. »

Peter Singer, considéré comme le philosophe le plus efficace de notre époque, et ses comparses Tom Regan et Paola Cavalieri le confirment : l’écologie n’est pas soluble dans l’antispécisme et les écolos dupés sont des idiots utiles ! Le véganisme refuse tout simplement de penser en termes d’espèces et d’écosystèmes pour ne connaître que des individus (humains ou non humains). Le prototype de la ferme bio a toujours été une ferme polyvalente liant agriculture et élevage, faute de fumier, il ne reste aux végans que les engrais chimiques, sauf à accepter une baisse drastique de la population humaine.

La biodiversité n’a aucune valeur en soi, dixit la philosophe Julia Mosquera. D’autres théoriciens du mouvement, comme Brian Tomasik, estiment que mieux vaudrait encourager la pêche intensive détruisant les habitats marins, Thomas Sittler-Adamczewski demande de soutenir les lobbies pro-déforestation, Asher Soryl suggère d’éviter d’acheter des produits biologiques, puisque l’agriculture productiviste est plus efficace pour réduire le nombre d’animaux, et d’éviter de combattre le réchauffement climatique car il réduirait l’habitabilité de la planète pour les animaux. Ces mêmes végans conséquents clament que les droits des animaux sont antinomiques avec ceux de la nature.

J’accuse les végans de prendre les gens pour des idiots lorsqu’ils se présentent comme de nouveaux humanistes alors que l’humanisme reste leur bête noire, puisque, selon eux, responsable du spécisme envers les autres espèces animales, alors que toute leur idéologie conduit à déplacer les frontières entre espèces et à clamer, avec leur principal théoricien Peter Singer, que les nourrissons, les grands handicapés, les personnes âgées très dépendantes ne sont pas des personnes, que ces individus n’ont pas, au sens propre, de droit à la vie, qu’un chiot valide est plus digne qu’un grand handicapé, que tuer un nourrisson est moins grave que sacrifier un grand singe.

Trier l’ensemble des animaux (humains ou non) en fonction d’un critère quelconque (caractère « sentient ») revient toujours à recréer la hiérarchie. Proclamer l’égalité animale c’est signifier que certains animaux seront plus égaux que d’autres, donc que certains humains seront moins égaux que d’autres humains et même que certains animaux non humains.

J’accuse le véganisme d’aboutir à un relativisme éthique dès lors qu’il introduit la notion de qualité de vie pour juger de la dignité d’un handicapé, d’une personne âgée dépendante, dès lors qu’il banalise la zoophilie à la façon de Peter Singer, lequel dans son fameux « Heavy Petting » défend certaines formes de rapports sexuels entre humains et animaux, évoquant des contacts sexuels mutuellement satisfaisants. Ce sont ces mêmes végans qui se prétendent les champions toutes catégories de l’éthique face à des mangeurs de viande diaboliquement immoraux.

J’accuse les végans d’abuser celles et ceux qui aiment les animaux et s’opposent avec raison aux mauvaises conditions de l’élevage industriel car, comme le clame Tom Regan, le but n’est pas d’élargir les cages mais de les vider. Ils s’opposent donc à tout ce qui peut adoucir le sort des animaux puisque toute amélioration serait contre-productive en contribuant à déculpabiliser les mangeurs de viande, de lait, de fromages, les amateurs de pulls en laine et de chaussures en cuir et retarderait donc l’avènement d’un monde totalement artificiel.


J’accuse les végans d’être des apprentis sorciers qui, non satisfaits de vouloir modifier génétiquement les espèces animales et demain l’humanité, s’acoquinent avec les transhumanistes comme David Pearce. Il s’agit non seulement de corriger les humains, mais de corriger tous les autres animaux. Les chats et chiens carnivores sont qualifiés de machines préprogrammées pour tuer.

Ce qui est bon pour un animal (humain ou non humain) serait donc de disparaître en tant qu’animal, pour aller vers le posthumain, le chien cyborg. Le chat végan n’est qu’un produit d’appel de ce paternalisme technovisionnaire. Pearce ajoute que tout désir de préserver les animaux (humains compris) dans l’état « sentient » actuel serait du sentimentalisme malavisé.

J’accuse les végans de nous prendre pour des imbéciles lorsqu’ils répètent en boucle qu’il ne s’agit pas de donner le droit de vote aux animaux tout en diffusant, sous le manteau, le manifesteZoopolis, de Sue Donaldson et Will Kymlicka (Alma Editeur, 2016), qui se prétend aussi important pour eux que l’ouvrage fondateur La Libération animale (de Peter Singer, Payot, 2012).

Ces végans entendent bien faire des animaux domestiques des citoyens à part entière, en les dotant de représentants, en créant une législation analogue à celle des humains – pourquoi n’auraient-ils pas de congés payés et de Sécurité sociale ? Le danger n’est pas d’élever les droits des animaux mais de rabaisser ceux des humains. Les humains les plus faibles feraient les frais de ce passage de la communauté humaine à une communauté mixte « humanimale ».

J’accuse les végans de cacher que l’agriculture tue vingt-cinq fois plus d’animaux « sentients », que l’élevage est largement responsable de la disparition de 60 % des insectes ; qu’ils sont les faux nez des biotechnologies alimentaires, notamment des fausses viandes fabriquées industriellement à partir de cellules souches, avant de s’en prendre demain à l’agriculture génératrice de souffrance animale. J’accuse les végans, sous couvert de combattre la souffrance, de recycler en plein XXIe siècle un vieux fonds religieux, celui de la gnose considérant que la matière est en soi mauvaise, ce qui conduit les plus conséquents d’entre eux à prôner, avec le manifeste OOS (manifeste récent pour la fin de toutes les souffrances, sigle de The Only One Solution, lancé par d’anciens activistes de l’Animal Liberation Front), le suicide de masse.

J’accuse les végans de mentir et de le faire sciemment. Brian Tomasik ne cache pas la dissimulation nécessaire : « Il est peut-être dangereux d’évoquer la cause des animaux sauvages avant que le grand public ne soit prêt à l’entendre. » Abraham Rowe, un autre théoricien de l’antispécisme, surenchérit : quand vous vous adressez au grand public, évitez de plaider pour la déforestation, évitez de parler d’élimination de masse des prédateurs, évitez de parler des programmes consistant à tuer des animaux.

Le véganisme est une pensée racoleuse mais glissante, car elle ouvre des boulevards aux idéologies les plus funestes mais terriblement actuelles. Le grand mystère de l’anti-anthropocentrisme végan proclamé est de déboucher sur un hyperanthropocentrisme transhumaniste nourri de fantasmes de toute-puissance. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/07/paul-aries-j-accuse-les-vegans-de-mentir-sciemment_5405784_3232.html

Cela pique ! Mais malheureusement Paul Ariès – qui est un ennemi, n’en doutons pas un seul instant – ne dit pratiquement que des vérités… au sujet des antispécistes, et non des « vegans ». Malheureusement pour lui, tout le monde n’est pas antispéciste, il y a les vegans qui sont bien pire pour lui, car faisant de la planète Terre une mère et raisonnant en termes d’écosystèmes, de biocentrisme ! Et cette démarche implique l’inéluctabilité d’un affrontement total avec toutes les forces de destruction, de la manière la plus implacable…Paul Ariès connaît cependant tout cela aussi, très certainement, et c’est son choix de critiquer les antispécistes de manière réactionnaire et non révolutionnaire, car il défend simplement le mode de vie « à l’ancienne ».

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

A-t-il toutefois raison dans ce qu’il affirme au sujet des auteurs qu’il mentionne ? Quiconque les a lus sait bien que oui… mais il est vrai que pas grand monde ne lit quelque chose, à part des apprentis universitaires ou des gens rêvant de devenir les « intellectuels » de l’antispécisme. Paul Ariès a d’ailleurs bien profité ici des deux derniers Cahiers antispécistes. Les numéros (disponibles au format PDF uniquement) 40 et 41 d’avril et mai 2018 donnent en effet la parole aux tenants d’un pseudo mouvement « RWAS (Reducing Wild-Animal Suffering) »

Les Cahiers antispécistes se gardent bien de prendre partie ou contre ces gens voulant exterminer les prédateurs, se masquant derrière le débat intellectualo-universitaire, le « brouillard » de la réflexion, la complexité des questions, etc. Il y a pourtant de quoi devenir fou de rage à lire face à des gens qui veulent exterminer des animaux qui seraient « méchants » ! Que les antispécistes soient des gens croyant en un « spécisme » est une chose déjà assez lamentable, mais s’ils commencent à se poser en redresseurs des torts de la Nature, là il faut s’y confronter de la manière la plus claire…

Mais pour montrer à quoi cela ressemble, voici un extrait de « Sur le droit à la vie des prédateurs », de David Olivier, une figure très connue de l’antispécisme français. Les personnes habituées à lire LTD comprendront immédiatement pourquoi nous n’avons cessé de dire que les antispécistes n’aiment pas les animaux, que ce sont des libéraux libertaires raisonnant en termes d’individus…

On devinera évidemment facilement que Paul Ariès a lu cet article de David Olivier et que sa tribune en est notamment un écho.

Dernier avertissement : attention, si on aime les animaux, la lecture des lignes suivantes implique une envie de vomir assurée.

Faut-il moralement tuer les lions afin de sauver les gazelles ? L’idée selon laquelle remettre en cause la prédation implique de vouloir tuer les lions nous est souvent lancée en tant que réfutation par l’absurde dès que nous abordons la question de la souffrance des animaux sauvages.

Nous-mêmes tendons alors à récuser une telle idée, expliquant que nous préférons des moyens plus « doux », comme le développement de préparations alimentaires végétaliennes adaptées pour les lions, ou la modification

progressive de leur génome (par des technologies type gene drive par exemple) pour qu’ils cessent de devoir et vouloir tuer, ou encore par l’extinction progressive de leur espèce par la stérilisation. En tout cas, nous ne voulons pas tuer les lions. Quels militants animalistes serions-nous, si nous appelions à tuer des animaux !

Ceci pourtant est en dissonance avec le fait qu’un seul lion tue un grand nombre d’autres animaux au cours de sa vie. En nous abstenant de tuer un lion, nous tuons de nombreuses gazelles. D’un point de vue conséquentialiste, il semblerait préférable de tuer un lion plutôt que de tuer (indirectement) tous ces autres animaux ; et préférable de le faire immédiatement, plutôt que de compter sur des solutions impliquant un long délai – solutions plus douces, mais pour le lion seulement !

Certes, d’autres conséquences – éventuelles – sont à prendre en compte, comme la surpopulation des gazelles qui peut (ou non) résulter de l’absence de prédateurs. De telles questions méritent d’être discutées pour elles-mêmes. Il reste que nous avons bien de fortes inhibitions face à l’idée de tuer les lions, indépendamment de toute conséquence indirecte.

Je pense que ces inhibitions sont infondées, et sont l’effet de la manière dont nous tendons à décrire la situation dans le cas de la prédation, différente de la façon dont nous décrivons les interactions humaines. (…)

Revenons maintenant aux lions et aux gazelles. Les uns comme les autres ont un droit à la vie. Si nous envisageons ce droit comme nous le faisons habituellement pour les humains, il s’agit d’un droit-liberté, et d’un droit-créance seulement de façon limitée.

Le lion doit recevoir des antibiotiques si c’est ce dont il a besoin pour survivre. Mais le droit à la vie d’un lion lui permet-il d’exiger d’une gazelle qu’elle lui cède ses organes – de fait, son corps entier ? Je ne vois pas comment cela pourrait se justifier.

Si nous appliquons les normes que nous appliquons aux humains, nous ne devons pas tuer les lions ; mais nous ne devons pas non plus leur permettre de manger les gazelles. Et si les lions ne peuvent survivre sans manger les gazelles, ils mourront. Cela ne signifie pas que nous les aurons tués, mais seulement que nous les aurons laissés mourir.

Quand on nous accuse de vouloir tuer les lions, peut-être devrions-nous répondre qu’en l’absence d’un autre choix – d’aliment végétalien pour lion, par exemple – nous ne devons pas tuer les lions, mais les laisser mourir. Permettre aux lions de manger les gazelles n’est pas un choix envisageable ; les gazelles ne leur appartiennent pas.

La raison pour laquelle nous n’envisageons généralement pas les choses ainsi tient, je pense, à notre biais cognitif du statu quo.

Il nous semble normal que le lion mange la gazelle. Au contraire, il ne fait pas partie du statu quo, et n’est pas vu comme normal, qu’un humain s’attribue les organes d’un autre pour survivre. Mais imaginons que les lions aient initialement été des herbivores, et soient brusquement devenus – sous l’effet d’un virus, par exemple – des carnivores obligés, ne pouvant survivre sans la chair des gazelles ? Les gazelles seraient-elles tout à coup à leur disposition ? Pourquoi le seraient-elles ?

On peut objecter qu’il serait moins cruel de tuer le lion que de le laisser lentement mourir de faim. Cela peut bien être vrai, et dans ce cas l’euthanasie serait justifiée. (…)

Il est sans doute préférable, stratégiquement, de concentrer nos efforts sur la prédation commise par les humains, c’est-à-dire sur leur consommation de viande. Cependant, la manière dont nous voyons la prédation et les solutions que nous nous permettons d’imaginer ne sont pas sans conséquences. Il y a une forte valeur symbolique, il me semble, à affirmer qu’il serait juste de prévenir la prédation, même au prix de la vie du prédateur. Cela peut aussi nous aider à nous sentir plus à l’aise concernant les interventions limitées que nous pouvons dès à présent pratiquer dans la nature, par exemple pour protéger une souris d’un hibou. Nous pouvons nous sentir mal à l’aise en nous demandant à la manière de Kant si nous pouvons vouloir que la maxime de notre acte soit une loi universelle, ce qui impliquerait que le hibou meure de faim. Accepter qu’en effet nous pouvons vouloir l’universalisation de cette maxime peut nous permettre d’agir plus sereinement.

Ce raisonnement peut se retrouver assez aisément, pour prendre l’exemple du hibou : il y a des gens qui veulent bien aider les animaux… mais refusent d’aider ceux qui sont des prédateurs. Ils « choisissent » les animaux qui sont bons et ceux qui sont mauvais. Comme ils nient la Nature, ils se prennent pour des dieux, et ils « choisissent ». Ils ne prennent pas en compte la réalité, ils rejettent ce qui existe, au nom d’une évaluation abstraite, qui tourne en roue libre dans leur tête.

Quiconque fait face aux faits ne s’empêtrent pas dans ces aberrations. Dans un refuge, on aide tous les animaux. Et il est vrai qu’il est regrettable que dans la Nature, des animaux en tuent d’autres. Mais la Nature ne vit pas encore le « communisme », et s’il est tout à fait possible de considérer la Nature avance en cette direction, en attendant ce n’est pas le cas et il faut donc faire avec !

Cela signifie donc se soumettre à la Nature. C’est précisément ce que ne veulent pas les antispécistes, pas plus d’ailleurs que l’ensemble de l’humanité, très satisfaite de son béton, de son pétrole, de ses drogues et de son mode de vie de plus en plus fictif. Les gilets jaunes qui veulent à tout prix en sont bien un triste exemple.

Le mode de vie vegan straight edge rompt avec cela. Pas de cigarettes, pas d’alcool. Aucune drogue, pas de produits en général rendant dépendants. Pas de sexualité hors du cadre de la construction d’un couple, toujours être franc, s’édifier dans le refus du culte de l’ego et des apparences, dire non à qui emporte l’esprit dans l’absence de raisonnement. Avoir la plus grande méfiance à ce que propose une industrie capitaliste de l’alimentation avec son sucre et sa chimie.

Assumer la compassion la plus grande, non seulement passivement mais activement : aimer tous les animaux, la vie en général, voir comment elle triomphe toujours et comment elle avance à plus de beauté, de richesse. Soutenir matériellement les animaux, développer sa propre sensibilité, sa propre capacité à l’empathie. Se forger dans la rupture avec la destruction, dans la célébration de la vie… Assumer que l’humanisme le plus grand aboutit à concevoir l’être humain comme une simple composante de la Nature, et concevoir notre planète comme une mère qu’il faut protéger à tout prix !

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

En défense de la zone humide de Sallanches

Voici le texte très intéressant lu lors d’un rassemblement d’une centaine de personnes pour protéger la zone humide de Sallanches, le 6 janvier 2019. La construction d’un centre commercial, dénommé « The snow », doit la détruire.

Aussi y a-t-il une opposition qui s’est formée et il y a quelque chose d’exemplaire dans tout cela, à tous les niveaux.

The Snow zone humide

En apparence, du point de vue dominant, c’est en effet absurde : on a des gens refusant la destruction de quatre hectares de zone humide pour laisser la place à un centre commercial. Si pourtant cette zone est compensée, que cela crée des emplois, pourquoi se révolter ?

N’est-il pas dans l’ordre des choses de bétonner et de proposer un certain type de consommation, allant avec un style de vie ?

Le maire, d’ailleurs, s’est empressée de porter plainte à la gendarmerie pour les affiches collées appelant au rassemblement… On ne plaisante pas avec les lois du marche !

C’est cette fausse rationalité à laquelle les opposants se confrontent, qui plus est dans la vallée de l’Arve, marquée par une terrible pollution. Car, comme l’a expliqué un opposant à la presse :

« On ne peut pas remplacer le résultat de milliers et de milliers d’années d’évolutions naturelles complexes à coups de pelleteuses en quelques mois. »

Espérons que cette mobilisation parvienne à se renforcer, alors que pour l’anecdote, les gilets jaunes sont passés lors du rassemblement en espérant happer le mouvement, mais l’opération a heureusement échoué.

The Snow zone humide

Prise de parole lors du rassemblement du 06/01/2019


Bonjour et merci à toutes et à tous d’être présent a ce rassemblement pour défendre la Zone humide de Sallanches.


Si nous sommes réunis ici c’est pour exprimer une nouvelle fois notre refus du projet de centre commercial « The Snow » qui vise la destruction de plus de 4 hectares de zone humide à la Paccoterie.


Ce rassemblement a pour objectif de remettre à monsieur le maire, Georges Morand, la pétition d’opposition au projet qui a été créée à l’automne 2017 et a recueilli plus de 2 150 signatures. C’est un véritable succès populaire qui rappelle que l’enjeu écologique est pris au sérieux par la population locale. Précisons qu’avec cette pétition, nous adressons également une lettre exigeant du maire une mise au point publique et complète sur l’avancée de ce projet.


Nous l’adressons à Mr Morand en tant que Maire de la commune mais aussi en tant que membre de la Commission Départementale d’Aménagement Commerciale (CDAC), lors du vote qui a validé le projet en décembre 2016. Malgré les multiples alertes sur l’intérêt écologique fondamental de la zone humide de la Paccoterie, les autorités, dont le préfet qui est président de la CDAC, ont voté ce projet en toute connaissance de cause.


Les autorités locales peuvent-elles prendre le risque de maintenir un projet qui se révèle être anti-écologique et anti-démocratique ? Non, mais ne nous leurrons pas !


Au vue de l’avancée du projet, cette pétition bien qu’importante n’est qu’une bien maigre pierre dans l’édifice immense que doit être la mobilisation populaire pour sauver la zone humide.


En effet, d’un point de vue purement légal, plus rien ne s’oppose au commencement des travaux de ce village commercial car tout a été validé par les commissions et les instances référentes.


Malgré que les zones humides soient reconnues et protégées par les différentes lois dites sur l’eau, les intérêts capitalistes parviennent toujours à contourner les obstacles légaux qui s’opposent à leur marche mortifère.


Pour contourner les contraintes des lois sur l’eau, la classe dirigeante a élaboré la nouvelle loi du 8 août 2016 intitulée « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Cette loi contient le principe dit E.R.C qui signifie « Éviter, Réduire, Compenser ». Ce principe permet de détruire une zone humide à condition qu’elle soit compensée à 200 %.


Ce nouveau cadre législatif annule donc de fait les lois sur l’eau qui plaçaient les zones humides comme d’intérêt général devant être protégés de manière absolue. La classe dirigeante prouve ici son désintérêt profond et son mépris affiché pour la Nature, la vie sur la planète, et l’avenir des générations futures.


C’est pourtant sur ce nouveau cadre législatif que s’appuient le promoteur immobilier, la mairie et la préfecture pour maintenir la construction du centre commercial « The Snow » prévu à la livraison cette année 2019.


Pourtant, les zones humides sont des espaces naturels qui se sont formés au cours de plusieurs dizaines de milliers d’année grâce au mouvement de l’eau. Elles servent d’espace de filtration et de stockage de l’eau ainsi que de zone de transition entre la terre est l’eau pour des milliers de micro-organisme. Une zone humide c’est tout simplement une zone tampon fondamentale où la vie naît, se développe et se reproduit.


Quelle pure folie de penser qu’une telle complexité naturelle puisse être « recréée » à coup de pelleteuse !


Si l’on peut se dire qu’un tel projet se paiera cher pour la majorité sortante lors des prochaines élections municipales, il n’en reste pas moins que la zone humide sera quant à elle détruite à jamais. Il nous faut donc réfléchir collectivement dès maintenant sur toutes les manières d’agir pour s’opposer aux travaux qui menacent de commencer.


Mais alors, sommes-nous des opposants animés par la seule envie de « critiquer » ? Non. Nous sommes ici pour réclamer un droit des plus élémentaires et démocratiques dans notre époque.


Le droit que nous réclamons c’est celui de léguer une nature riche et variée aux générations futures pour avoir un cadre de vie épanouissant.


Quel épanouissement peut-on avoir dans ces horreurs bétonnées à la périphérie des villes ? Que lien social authentique peut-on espérer dans ces zones où priment l’individualisme et une consommation superficielle ?


A l’heure où la biosphère et les formes de vie sont chaque jour piétinés et saccagés par un mode de production capitaliste toujours plus chaotique, nous exprimons ici notre volonté de bâtir une société respectueuse de la nature, basée sur la dignité et la solidarité humaine.


Pour nous, la situation environnementale de la vallée de l’Arve est alarmante. Nous sommes sur un territoire où la qualité de l’air est la plus exécrable de France, où la pénurie d’eau sévit toujours alors que les canons à neige sont déjà à l’œuvre pour une clientèle richissime, où le réchauffement climatique peut se constater à l’échelle d’une petite vie humaine, où partout règne le primat destructeur du béton sans aucune vision à long terme…


En tant qu’habitants d’une vallée à l’avant-poste du drame écologique, nous avons une grande responsabilité à assumer. En ce sens, la Zone Humide de la Paccoterie doit être vue est défendue pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une zone sans aucune valeur marchande, rare et précieuse, irremplaçable, et à la source même de la vie.


Par conséquent, le projet « The Snow » doit être abandonné et la zone humide doit devenir un espace préservé de toute activité humaine en devenant un sanctuaire pédagogique.


Notre combat doit servir d’exemple. Il doit apprendre à celles et ceux qui ne le savent pas encore qu’un espace qui semble n’être qu’un « champ » est en réalité une zone où il y a toute une dynamique naturelle que l’on se doit de respecter sans tergiverser.


Pour l’abandon du projet « The Snow »,


Pour la sanctuarisation de la Zone humide,


Organisons-nous et soyons exigeant !


Luttons ! Résistons !

zone humide