Suspension provisoire du projet routier à travers le parc national TIPNIS en Bolivie

Le président bolivien Evo Morales a été obligé de céder devant la vague de révolte de milliers d’Indiens amazoniens : le projet routier devant traverser un parc national a été provisoirement suspendu.

Ce projet de 300 kilomètres de routes passe en effet par le parc national Isiboro Secure, également appelé Tipnis pour Territoire Indigène et Parc National d’Isiboro Sécure.

Ce parc fait 1 million d’hectares et est le lieu de vie de 15 000 Indiens amazonien (Chiman, Mojeño et Yuracaré, qui seraient en partie déplacés).

On peut voir ici sur un site militant quelques photos des nombreux animaux qui y vivent et ici de la flore; on trouvera également ici un site de soutien à la lutte.

Ce projet routier, financé à 80% par l’Etat brésilien dans l’élargissement de sa zone d’influence, est durement combattu depuis le départ.

Une marche de 1700 personnes, partie le 15 août de la ville de Trinidad dans le nord-est du pays, parcourt 600 kilomètres afin d’arriver à la capitale, La Paz.

Elle affronte une dure répression. Ce samedi la marche a dû forcer un barrage policier, et ce dimanche ce sont des contre-manifestants qui ont tenté de bloquer la marche.

La police est alors intervenue, soit disant pour empêcher les affrontements, mais surtout pour attaquer les manifestants au gaz lacrymogène, les forçant à monter dans des cars. Il y a eu des blessés et un bébé est apparemment mort suite aux gaz.

On peut voir ici une vidéo de cette répression brutale.

Plusieurs centaines de personnes ont ensuite été amenées de force à l’aéroport pour être ramenées dans le nord du pays, mais il y a eu un vent de révolte et la piste a été occupée par la population locale afin d’empêcher le décollage !

L’événement est marquant en Bolivie, où le président Morales marquait un certain « espoir » : il est indigène, dans un pays où les gens le sont en majorité (les indigènes de l’Amazonie représentent 10% des 10 millions de personnes en Bolivie).

Ici sur ce graffiti Evo Morales est accusé matricide.

L’émotion est grande et la ministre de la défense a même démissionné pour se démarquer de la répression. Il y a encore deux mois, le ministre des Travaux Publics rejetait les écologistes de cette manière : « S’ils étaient cohérents, ils devraient s’opposer aux mines, aux puits, aux centrales hydroélectriques, et nous devrions nous contenter de regarder la nature. »

Voici à l’inverse le point de vue de primitivistes d’Amérique latine :

À propos du problème du TIPNIS en Bolivie

La perspective éloignée de la civilisation en référence au problème du TIPNIS [Territoire Indigène Parc National Isiboro Sécure]

Affronter les problèmes de manière éloignée fait que la domination soit perdurable. Le point réside dans la spécialisation des rôles et des devoirs en faveur du système et de par la satisfaction de nécessités au sein de la civilisation.

L’éloignement des problèmes provoqués par la civilisation amène à chercher trivialement les réponses les plus adaptables, cohérentes avec la technologie et les intérêts communs de la civilisation. Ainsi, surgissent les alternatives « possibles » de l’exploitation de la terre.

Entrant dans le problème du TIPNIS, celui-ci surgit avec la IIRSA (Initiative pour l’Intégration Régionale de l’Amérique du Sud : un projet d’autoroutes joignant les différents pays d’Amérique du Sud) et ce projet affecte visiblement des « lieux protégés », « peuples originaires et indigènes » pour qui la position de la résistance n’est pas changeante.

Surgissent à cause de cette menace régionale représentants et défenseurs externes et internes, dans le cas du TIPNIS, ils ont proposé des routes alternatives, quatre projets qui doivent être, selon eux, approfondis par l’État.

Ils ont donc ainsi informé de la présence de la diversité biologique existante, comme échantillon de l’inventaire scientifique et se sont « défendus » à travers les lois mises en place par l’État. Cette attitude réformiste ne fait que reconnaître l’autorité de l’État et la domination qu’il exerce et ne sert qu’à intensifier sa capacité de contrôle et de décision.

Si l’on analyse bien les choses, la plus grande menace pour le TIPNIS provient des mêmes personnes qui le défendent aujourd’hui. Si, bien que cela sonne contradictoire, ces personnes qui aujourd’hui défendent le TIPNIS et se solidarisent avec la Nature et l’environnementalisme sont elles-mêmes les provocateurs de l’exploitation du sauvage au nom des richesses naturelles ; quand leurs consciences deviennent trop lourdes, ils réforment l’exploitation, la rendent moins évidente et la camouflent avec des alternatives via des négociations avec les parties intéressées.

De la même manière que quelques-uns défendent seulement le TIPNIS, il y a aussi ceux, qui suivant la même mode, s’intéressent uniquement aux animaux du TIPNIS, d’autres seulement à la flore et d’autres aux indigènes. Les activistes et leurs stratégies réformistes doivent disparaître, les animalistes doivent disparaître, les écologistes, les défendeurs des droits indigènes entre autres…

Pourquoi doivent-ils disparaître ?

Car simplement les entreprises, les gouvernements et les États seulement répondent aux intérêts de ceux qui les nourrissent, produisent et font les lois. Et tous deux sont les artifices de la structure civilisationnelle fonctionnelle. Et les activistes sont les éteints-feu par excellence, car ce sont eux qui incitent de manière éloignée au soulèvement des consciences et ce sont eux-mêmes qui bénéficient des résultats.

Cet éloignement des problèmes est ce qui inévitablement, provoque la destruction du TIPNIS et tous les espaces profitables à la commercialisation en faveur du système techno-industriel qui offre tous les biens et services confortables à chaque homme, femme et enfant au sein du système social.

L’effondrement de la civilisation est inévitable, l’expansion actuelle du système techno-industriel et de la civilisation vers le sauvage pour éviter sa chute est le fruit pourri de ce système, mais cela est insoutenable, il n’existe pas deux TIPNIS dans le cas de la Bolivie, il n’existe pas non plus de liberté dans un monde qui renforce le contrôle et la production du système techno-industriel.

Enfin, l’heure de choisir, de lutter et de vaincre est arrivéE !
Insurrection Sauvage !

Lettres depuis la prison de Silvia, Bill, Costa et Marco

Il y a quelques jours nous parlions du procès en Suisse contre des activistes. Une brochure en ligne est disponible, rassemblant des textes de luttes et leur vision du monde (attention la brochure est en version impression, donc les pages ne sont pas dans l’ordre linéaire).

Une vision du monde au croisement de l’anarchisme, du primitivisme, de l’insurrectionnalisme le plus ouvert (jusqu’aux communistes), parfois de la libération animale… Il n’est pas difficile de voir la dimension sentimentale et l’aspect parfois très pessimiste ou négatif.

 

Voici le texte de présentation de la brochure:

Nous avons ressenti la nécessité de nous lancer dans ce travail de traduction car dans la réalité suisse au delà des murs des prisons, de la censure de l’appareil répressif, nous sommes confronté-e-s à des fortes barrières linguistiques.

Le système carcéral et le monde qui en a besoin veut faire taire les contestataires, nous voulions faire circuler ces lettres pour que Silvia, Billy, Costa et Marco ne soient pas réduit-e-s au silence, que nous partagions qu’une partie ou l’ensemble de leurs idées. Plus que leurs actes, ce sont leurs idées qui font peur à l’État, leur/notre seule présence est considérée comme criminelle ou dangereuse et nous ne voulons pas entrer dans le jeu de la répression.

Face à l’ enfermement, la correspondance est un des moyens les plus importants pour rester actifve-s, pour continuer à participer aux luttes en développant un lien entre dedans et dehors. La solidarité est notre arme !

Février-mars 2011.

 

Procès en Suisse de Costantino Ragusa, Silvia Guerini, Luca Bernasconi

Demain commence un procès express en Suisse, qui ne durera qu’un jour même peut-être, celui de personnes arrêtées il y a un peu plus d’un an, pour une tentative d’action illégale contre IBM.

Voici l’information que nous avions alors publié (en mai 2010) :

En Suisse, trois personnes ont été arrêté en possession d’une importante quantité d’explosifs et sont accusées d’avoir eu comme objectif un site de nanotechnologies d’IBM en construction à quelques kilomètres de là.

Ce site en construction, d’une valeur de 63 millions d’euros, est situé à Rueschlikon et ouvrira normalement l’année prochaine, il sera alors le plus important centre européen de nanotechnologies et de recherche biologique.

Les personnes arrêtées sont Costantino Ragusa et Silvia Guerini, d’origine italienne, et le suisse Luca Bernasconi. Elles sont véganes et connues pour leur éco-activisme; les médias les présentent comme faisant partie d’une organisation nommée « Il Silvestre. »

Leurs conditions d’emprisonnement ont immédiatement été très dures : isolement carcéral dans différentes prisons, et limitations du courrier à l’envoi et à la réception de trois lettres seulement parr semaine (par la suite cela est passé à deux lettres, de deux pages maximum).

Il y a également eu un moment une grève de la faim des personnes emprisonnées.

Les contacts directs avec les avocats ont également été rendus extrêmement difficiles, officiellement « pour des raisons d’organisations. » Les personnes accusées ne rencontreront leur avocat qu’aujourd’hui, à partir de 14 heures, alors que le procès commence demain matin…

Le procès aura lieu dans une petite salle et la défense n’a pas le droit d’être accompagnée, on l’a compris évidemment afin de passer sous silence ce qui se passe.

Il y a ainsi une large mobilisation en Suisse afin de les soutenir lors de leur jour de procès (le 20 juillet étant férié pour le tribunal), qui se tiendra dans la petite ville de Bellinzone.

Un site de solidarité existe (en italien, il s’agit de la Suisse italophone) :  http://silviabillycostaliberi.tk, des réunions d’informations sont prévues (au sujet de la lutte anti-nucléaire, des nano-technologies ainsi que la solidarité révolutionnaire), ainsi que des tentatives d’être présents au procès.

Il est bien entendu parlé en Suisse d’éco-terrorisme en raison de cette affaire, car la mobilisation en faveur de ces personnes emprisonnées est générale dans ce qu’on peut appeler les mouvances « primitiviste » et « anarcho-insurrectionnaliste. »

Ainsi, les prisonniers en Grèce de la Conspiration des Cellules de Feu ont émis un message de solidarité, alors que différents communiqués d’actions illégales dans le monde font de même (Londres, Madridcomme par exemple l’action de l’ARM en France qui saluait précisément ces personnes).

Voici justement un document d’une des personnes concernées, Siliva Guerini, qui exprime son point de vue, qui combine libération animale, libération de la Terre et primitivisme.

 

Message pour la rencontre de libération animale et de la terre de septembre 2010

Malheureusement je ne peux pas être présente à ces trois journées très importantes de la première rencontre de libération animale et de la Terre, mais avec ma pensée et mon cœur je suis là avec vous.
Je vous envoie ce message et je vous pense avec amour.

Nous sommes continuellement bombardéEs par une multitude de substances toxiques rejetées dans l’air, dans le terrain, dans les fleuves, dans les mers; submergéEs par des nocivités industrielles et technologiques. Biotechnologies et nanotechnologie sont en train de pénétrer dans l’entier tissu de cette société.

IntoxiquéEs, considéréEs des cobayes et des pièces de rechange, violéEs dans la profondeur des nos corps… entre l’aliénation d’un monde de circuits électroniques…

Tous les jours, dans tous les moments, une partie de la forêt amazonienne est détruite définitivement.

Espèces animales et végétales dont on ne connaît pas l’existence sont en train de s’éteindre, pour les fragiles et complexes liens et équilibres du monde naturel ensemble à ces-ci aussi des autres espèces sont destinées à s’éteindre.

Le poids de la destruction d’écosystèmes et de leur biodiversité, de la continuelle déprédation de leurs « ressources » pour le besoin énergétique du système industriel et des bouleversements climatiques est un poids ayant des conséquences si terribles et irréversibles pour la planète toute entière et pour tous les êtres vivants qu’il ne peut plus être considéré une question secondaire.

Ainsi que l’importance des luttes écologistes radicales pour contraster ce système qui se base sur l’avancée du progrès scientifique et technologique.

Les mêmes multinationales qui ont chez nous leurs sièges et centres de recherche et étendent leur pouvoir et leurs projets dans la manière la plus sournoise, dans le sud du monde elles manifestent leur visage de mort.

Pour les agriculteurs dépravés de leurs savoirs et obligés par les multinationales biotech comme Monsanto à planter des semences OGM stériles, pour les dernières tribu restées dans les forêts qui sont en train de disparaître pour laisser espace à des monocultures de soja et pour extraire biocarburants, pour eux il s’agit d’une question du survivance.

Ne pas réagir signifie mourir. Prêts aux armes ils résistent à l’avancée des multinationales et de la civilisation.

Leur résistance est aussi la notre, partie de la même lutte. Les luttes de libération animale et de la Terre font partie du même parcours, elles ne peuvent pas être scindées et considérées séparément.

Tous les êtres vivants sont liés au même fil d’exploitation. C’est le même système, le même paradigme anthropocentrique qui réifie tout être vivant en le réduisant à un pure numéro, à marchandise, à viande de boucherie, à ressource à utiliser, à agrégation d’organes à sectionner, à ensemble de cellules, de gènes et d’atomes à modeler et modifier…

Les nombreux plans d’exploitation et oppression du système sont comme plusieurs dimensions qui se pénètrent et se fusionnent l’une dans l’autre, en formant un filet à mailles serrées de liens et de relations. Éloigner une question spécifique de ce filet signifie perdre le contacte avec la réalité qui nous entoure et ne plus savoir comprendre les évolutions de la domination.

Il faut se demander à quoi on s’oppose, si à la domination dans toutes ses manifestations, quand on conduit des projets spécifiques il faut reconnaître la nécessité de l’union des luttes de libération.

Sans jamais perdre cette tension qui nous amène à être en conflit avec la société toute entière, qui nous empêche de nous contenter, qui nous empêche de nous cacher derrière des mots mais qui les fait devenir pratiques.

« Protester est dire que quelque chose ne nous plaît pas, s’opposer est faire ainsi que ce qui ne nous plaît pas ne va jamais plus arriver. » (Ulrike Meinhof, militant de la RAF).

Nous opposer c’est concrétiser l’ennemi en le rendant bien claire et visible devant nous, c’est concrétiser notre entendre et notre pensée.

Seulement en liant dans un seul front les luttes de libération animale et écologistes radicales nous sauront faire face à la complexité et à la profondeur de la domination, avec une lutte qui va au-delà de la surface pour dégonder à l’origine et dans la totalité toute forme d’exploitation.

Nous pourrons dire que la rue que nous avons entrepris est facile, que nous ne tromperons jamais et que nous réussirons à obtenir beaucoup de victoires.

Nous approcherions plusieurs militants, mais ainsi, sans être prêt-e-s à affronter les premières difficultés, quand elles se présenteront l’entier mouvement pourra couler. Pour l’éviter nous devons être conscients qu’en réalité la rue est longue et tortueuse, pleine d’entraves qui parfois nous semblent insurmontables.

Nous allons faire des fautes, nous allons subir des défaites, certain-e-s vont quitter la lutte et nous devrons s’affronter avec la répression… mais malgré tout cela, malgré le contexte autour de nous nous semble toujours plus désolant et qu’il soit toujours plus difficile de transmettre nos messages dans leur complexité et radicalité, si nous ne sommes pas nous, si ce n’est pas toi à décider de combattre, qui le fera? Si nous ne commençons pas maintenant à lutter, quand? Si nous attendrons, si tu attendras, il sera trop tard…

Face à ce scénario qui nous entoure si nous sommes assailli-e-s par l’impuissance et par le désespoir, nous ne devons par céder à ces sensations, mais les renverser dans la conscience et dans la force. Cette question tourne en tourbillonnant dans la tête: « Qu’est-ce qu’on peut faire? Qu’est-ce que on pourrait jamais réaliser contre tout cela? »

Pour répondre ça suffit simplement de commencer à renverser la route tracée par le système, en arrêtant le cours des événements que les puissants nous veulent faire croire comme inéluctable.

Tou-te-s sont indispensables, aussi seulement un individu peut faire la différence, il peut ouvrir une cage, et un prix trop élevé à payer n’existera jamais pour avoir sauver une vie… Plusieurs individus peuvent devenir un bâton entre les rouages de ce système et ils peuvent l’attaquer dans ses centres vitales.

Si toutes les personnes qui pour la première fois sont à cette rencontre, quand elle sera terminé, s’engageront concrètement et avec continuité, des nouvelles campagnes de lutte pourront naître et des projets déjà existants se renforceront et accroitront.

Ensemble nous pourront développer un mouvement de libération animale et de la Terre fort dans sa radicalité, composé par plusieurs âmes et plusieurs projets spécifiques, mais les tous unis par le même amour, par la même haine, par la même rage, par la même passion et par la même ardente nécessité dans le cœur de combattre contre qui exploite et tue tous les êtres vivants et la Terre, en conflit avec l’entier existant.

Sans peur de se tromper car par les fautes nous apprendrons et nous nous enlèverons plus conscients et forts. Sans peur de la répression car il n’y a pas des cages plus terribles de celles qui enferment million d’animaux.

Car face à une planète mourante il faut apprendre le courage de risquer notre liberté, car les cages les plus grandes ce sont celles que nous nous construisons autour de notre cœur et de notre esprit, faites d’indifférence et de justification pour ne pas agir…

Sous la peau, ce frisson qui nous fait vivre notre vie jusqu’au dernier soupir, qui nous coupe le souffle, avec le cœur battant et les poings toujours fermés. Avec la certitude de combattre avec tous nos efforts jusqu’au fond… Nous élevons les yeux dans la lumière des étoiles et nous conquérons le ciel…

A tous les esprits libres et sauvages qui le restent même si enfermés derrières les barreaux d’une prison ou d’une cage.

Liberté pour Costantino Ragusa, Luca Bernasconi, Marco Camenisch et toutes les prisonnières et tous les prisonniers révolutionnaires.

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, juillet 2010.

Vegan Reich: This is it!

Voici la traduction d’une chanson de « Vegan Reich », nom provocateur d’un groupe de musique hardcore/metal américain dont l’influence a été énorme dans le mouvement vegan à la fin des années 1980. La chanson s’appelle This is it et on peut l’écouter ici.

Les textes de ce groupe représentent tout l’esprit d’une époque mais aussi une grande radicalité, tout comme une idéologie qui donnera naissance au mouvement Hardline (voir ici une présentation et notre avis à ce sujet).

Pas difficile de voir une certaine dimension infantile – nous sommes à la fin des années 1980, c’est le tout début de la libération animale et il est même parlé de la libération de la Terre…. « pas d’allégeance à aucune nation, à la Terre seule va notre dévotion! »

Mais si l’on dépasse l’infantilisme par un point de vue posé et adulte, et qu’on conserve la radicalité, on a quelque chose de véritablement marquant, faisant d’ailleurs du groupe une référence historique incontournable pour les personnes vegan straight edge.

On peut également écouter ici la chanson « The way it is ».

This Is It (C’est çà)

This is no angry youth anthem singing about teen age rebellion.
Ce n’est pas ici une jeunesse en colère chantant au sujet d’une rébellion de teenager

It’s not the voice of a generation we’re not kids, this is no tantrum.
Ce n’est pas la voix d’une génération nous ne sommes pas des enfants, ce n’est pas un caprice

Nor is it a reaffirmation of the status quo of this nation, no stand for modern civilization and all it’s barbaric traditions.
Ce n’est pas non plus la réaffirmation du status quo de cette nation, pas un soutien à la civilisation moderne et toutes ses traditions barbares.

This is the final solution to mankind’s endless transgression, for earth’s liberation a vegan revolution.
C’est la solution finale à la transgression sans bornes de l’humanité, pour la libération de la Terre : la révolution végane

Beyond the confines and false divisions of alignment with color age or fashion
Au-delà du confinement et les fausses divisions de l’alignement sur la couleur, l’âge ou la mode

no alliance given to any nation to earth alone is our devotion.
pas d’allégeance à aucune nation, à la Terre seule va notre dévotion.

Guided by the purest convictions to harm no innocent life
Guidés par les convictions les plus pures de ne nuire à aucune vie innocente

for our existence self reliant and free of the addictions that lead the weak on a path of destruction.
autonome pour notre existence et libre de toutes les addictions qui conduisent le faible sur la voie de la destruction

We’ve attained perfection in ideology there’s no others of comparison.
Nous avons atteints la perfection en idéologie il n’y a rien en comparaison.

The highest stage in mankind’s evolution without question is Veganism.
Le plus haut degré de l’évolution humaine, sans aucun doute c’est le Véganisme.

And with this higher wisdom we offer you salvation but be warned, if you refuse it you’ll face extermination.
Avec cette plus haute sagesse nous vous offrons d’être sauvés, mais soyez avertis, si vous refusez vous faites face à l’extermination.

Cos it’s no personal decision nor a matter of opinion when the choice you make destroys all life in the ecosystem.
Parce que ce n’est pas une décision personnelle ni une question d’opinion lorsque le choix que vous faites détruit toute vie dans l’écosystème

Your victims have been voiceless so we’ve spoken for them.
Vos victimes ont été sans voix aussi nous parlons pour elles.

Now tired of wasting our breath there will be no more talking.
Maintenant, fatigués de gaspiller notre salive il n’y aura plus de blabla

This is it, no second chances, take heed it’s your last warning.
C’est cela, pas de secondes chances, prenez cela en compte, c’est votre dernier avertissement…

You’d better lock yourself inside because the storm is fucking coming.
Vous feriez bien de vous enfermer, car la tempête est en train d’arriver…

The storm is coming…
La tempête est en train d’arriver…

La situation à Khimki : résultat du procès et écotages

Finalement, l’issue sera heureuse pour les personnes arrêtées suite à la « bataille de Khimki » (voir émeute antifa en défense de la forêt de Khimki). Un acquittement et une peine de deux ans mais avec sursis prouvent bien que la solidarité internationale, cela paie !

On notera par contre qu’une troisième personne est encore en prison. Voici le communiqué du groupe de solidarité en Russie. A la suite, nous mettons quelques communiqués de l’ELF, qui mène régulièrement des actions au sujet de la forêt de Khimki.

Le 24 juin la juge du tribunal de la ville de Khimki Néonila Zepalova a prononcé la condamnation contre « les otages de Khimki ».

Alekseï Gaskarov, l’antifasciste qui avait été présent à l’action devant la municipalité de Khimki en sa qualité de correspondant de l’Institut « Action collective », a été acquitté (non-lieu).

L’autre accusé, Maxime Solopov, lui aussi antifasciste, a été reconnu coupable de hooliganisme et condamné à 2 ans de prison avec sursis de 2 ans.

La juge a estimé que Solopov eût tiré en l’air au pistolet traumatique et eût jeté des projectiles sur le bâtiment de la municipalité. Dans ses conclusions la juge s’est basée sur les dépositions des témoins de charge Krivochavova et Khramov.

Le fait qu’à l’audience pénale la militante sociale Anastassia Krivochanova avait modifié ses dépositions faites à l’instruction préalable et avait porté plainte au parquet sur une pression psychologique exercée sur elle lors l’interrogatoire, – la juge l’a rejetée, car le procureur n’y avait pas trouvé de base juridique pour initier la procédure contre les juges d’instruction.$

En outre la sentence a fait référence à des vidéos de l’action du 28 juillet où un homme masqué figure vêtu plus ou moins comme Maxime Solopov. Bien que le tribunal ait examiné cette preuve et aucun témoin n’a reconnu Maxime à ces vidéo.

La juge a rejeté comme insuffisamment prouvé le chef d’accusation retenu par le parquet qui consistait à l’existence d’un groupe organisé qui aurait eu prémédité l’attaque contre la municipalité de Khimki.

Maxime Solopov a l’intention de faire appel de la condamnation, Alekseï Gaskarov demandera une compensation pour les 3 mois passés derrière les barreaux.

Le troisième prévenu dans “l’affaire de Khimki”, l’antifasciste russe et l’artiste peintre Denis Solopov a été arrêté à Kiev le 2 mars 2011. Le 31 mai le tribunal de l’arrondissement Chevtchenkovski a prolongé sa détention à 2 mois de plus.

Le 22 juin à Moscou au Centre Andreï Sakharov a été ouverte l’exposition personnelle de Denis Solopov.

La Campagne pour la mise en liberté des “otages de Khimki”

 

Voici les communiqués de l’ELF – Russie.

25 juin

L’ELF Russie prend la responsabilité de l’incendie d’un concessionnaire Lexus/Toyota dans l’ouest moscovite, le 21 juin.

Quatre voitures de luxes (dont trois 4×4 Lexus) ont été attaqué à la bombe incendiaire (de l’essence, des bouteilles de gaz butane et une amorce), selon les médias capitalistes.

Meilleurs vœux à Luciano ! La lutte continue !

ELF-Russie, Réseau international d’action et de solidarité / Front révolutionnaire International


13 juin

« Pour moi, la solidarité est une proposition constante pour lutter, c’est la continuation et le développement de l’action révolutionnaire pour laquelle le compagnon a été arrêté » – Gerasimos Tsakalos, Conspiration des Cellules de feu

Solidarité avec Marie Mason et Eric McDavid – Actions de l’ELF dans la région de Moscou en Russie

Le 1er juin, nous avons incendié des appareils de mesures et de contrôle dans deux cabines souterraines du système de communication d’eau, qui amène l’eau chaude au site des services de renseignement militaire dans la forêt de Butoskiy.

En plus du fait que cette infrastructure sert le personnel militaire, plus de 800 arbres ont été coupés durant les travaux souterrains pour cette ligne d’approvisionnement en eau en pleine forêt. Pour gêner davantage les brigades de servie, nous avons également jeté des pics [de métal, courbés et montés les uns sur les autres pour crever les pneus] sur la route utilisée pour le maintien du système.

Le 5 juin, nous avons incendié un excavateur sur le site de construction d’une autoroute à l’ouest de Moscou (en direction de Volokolamsk).

Les 6 et 10 juin, nous avons exproprié du matériel de construction et détruit des postes de mesures des géologues dans les clairières de la forêt de Butovskiy.

Le 11 juin, nous avons pénétré illégalement dans une autre cabine de service souterrain et mis le feu à tous les appareils digitaux et analogiques, ainsi qu’aux outils à l’intérieur.

Nous ddions ces attaques à Marie Mason et Eric McDavid. Nous n’avons pas lhonneur de les connaître personnement, mais leur engagement à protéger notre Planète et les choix conscients qu’ils ont fait, non seulement d’agir mais également de savoir faire face aux répressions d’Etat, nous inspire et nous aide à continuer sur notre voie.

Pour la libération de la Terre ! Pour la libération humaine !

– ELF Russie, Fédération Anarchiste Informelle / Réseau International d’Action et de Solidarité


4 mai

Durant la nuit du 4 mai, nous nous sommes faufilés jusqu’à trois autres moissonneuses et les avons incendiées, utilisant la grosse pluie pour nous couvrir. 15 minutes après, il y a eu une explosion (nous pensons que le feu dans la partie hydraulique en est la cause).

La police et les responsables municipaux ont confirmé le succès de l’incendie et l’évacuation du véhicule détruit (lien au cite de la campagne écologiste avec des citations : http://ecmo.ru/news/n-1778/).

Le printemps a vu continuer sans relâche l’abattage d’une grande partie de la forêt de Khimki. Malgré de nombreuses et massives protestations, tous les trucs légaux et libéraux (sondages, pétitions, actions en justice, concerts, manifestations, sentinelles, etc.), les autorités, les forces de l’ordre et leurs laquais fascistes et mafieux (pour toujours ensemble en Russie) poussent à ce que soit terminé les abattages afin qu’ils puissent passer à la construction de la route.

Et dans une partie de la forêt, ils ont déjà redirigé un cours de la rivière (un site seul et important, de signification pour la population aviaire de la zone) afin de faciliter la construction d’un point de jonction de la route (en russe, mais avec des photos : http://ecmo.ru/news/n-1772/).

Nous appelons toutes les personnes se sentant concernées à mener des actions contre Vinci, France (le consortium international finançant le projet de déforestation), qui à ce qu’il semble la seule cible viable en dehors de la Russie.

Nous exprimons notre reconnaissance pour votre solidarité à l’extérieur [de la Russie], et notre solidarité de notre résistance globale va à vos luttes locales !

ELF – Russie, Réseau International d’Action et de Solidarité / Fédération Anarchiste Informelle

20 avril

Dans la nuit du 20 avril 2011, nous avons incendié une moissonneuse utilisée pour la construction d’une autoroute à péage dans la forêt de Khimki.

Un garde nous a remarqué au moment de mettre le feu, mais a eu trop peur pour intervenir. Nous avons pu quitter le terrain sans lui causer du mal, à lui ou ses collègues (salopards qu’ils étaient, dormant à côté de leurs précieux véhicules partant en flammes).

ELF – Russie


11 avril

Un groupe de l’ELF prend la responsabilité d’incendier un baraquement ouvrier (le bâtiment a été inspecté pour s’assurer qu’il n’y avait personne avant l’attaque) dans le lieu d’abattage d’arbres dans le sud de Moscou, forêt de Bitcevski, la nuit du 11 avril.

Ont été utilisés cinq litres d’essence et un engin incendiaire à retardateur, en raison de la proximité d’un bâtiment de gardiens et de la présence de nombreuses sentinelles dans la région.

La forêt a connu de nombreuses actions d’ecotages [écologie + sabotage] (pics en métal [placés sur les arbres pour casser la tronçonneuse lors de l’abattage], incendies de véhicules et de baraquements, etc.), ainsi il y a une intense présence policière.

Pas de photos ni de vidéos n’ont été rendues publiques. Le baraquement et son contenu n’ont explosé qu’avec cinq minutes de retard, pour des raisons inconnues.

ELF-Russie, Réseau international d’action et de solidarité / Fédération Anarchiste Informelle


9 avril

Des « guérilleros urbains » ont assumé la responsabilité de l’incendie d’un grand excavateur servant à la construction de bâtiments dans un site près de la forêt de Bitcevski, le 9 avril.

Ce projet de construction est fait en partie par le service de renseignement de l’armée russe. Du personnel militaire est censé être stationné dans la bâtiment. La vidéo de l’action et le communiqué en russe est disponible ici : http://blackblocg.info/index.php/protestnye-dejstviya/93-gorodskie-partizany-atakovali-tochechnuyu-zastrojku-v-yasenevo

5 avril

Dans la nuit du 5 avril 2011, un excavateur a été incendié et a explosé au bout de dix minutes, sur le site de la construction d’une autoroute qui passe par les forêts de la région de Moscou.

ELF – Russie

12 mars

Un groupe d’activistes de l’ELF informe de l’attaque à la bombe d’une banque la nuit du 12 mars. Les fenêtres ont été brisées et 4 cocktails molotovs (3 litres d’essence en tout) ont été jetés à l’intérieur des bureaux, pour un beau et brillant incendie.

La banque que nous avons choisi joue un rôle majeur dans le soutien financier au projet de déforestation de la forêt de Khimki : elle a prêté 29 milliards de roubles aux responsables de la construction de l’autoroute à péage qui a déjà tué des hectares de forêt dans le nord de Moscou.

Nous exprimons notre tendre solidarité avec les anarchistes de Biélorussie qui souffrent de la répression d’Etat pour leur prise de position active contre la destruction de nos forêts (ils sont accusés d’une tentative d’attaque incendiaire contre l’ambassade russe à Minsk en Biélorussie).

Et nous appelons à des actions décentralisées contre la Sberbank de Russie, l’entreprise Vinci et les bureaux du gouvernement biélorusse à l’étranger, le 15 mars (ou plus tard, peu importe la date) en soutien aux compagnons biélorusses.

ELF – Russie


4 mars

2 voitures officielles d’Eat ont été incendiées à Moscou les 2 et 3 mars.

Les véhicules ont été ciblées car ils appartiennent aux officiels d’Etat travaillant pour la municipalité qui est engagée dans un grand projet corrompu avec comme objectif la bobo-isation du sud de Moscou et la destruction des forêts de la région.

ELF – Russie


19 février

La construction de petites maisons bourgeoises a lieu dans la région de Moscou (Russie) dans un endroit appelé Opaliha.

Comme d’habitude, un tel bâtiment se situait dans une belle zone forestière, sur les rives du lac Lesnoe (terme voulant dire « forêt » en russe).

De nos jours, il y a de vastes abattages de pins et les mares sont détruites en raison des travaux massifs du bâtiment et des excavations.

Ainsi, la forêt et le lac sont en vente, la privatisation et finalement la destruction. Nous ne pouvons pas l’accepter !

Tard dans la nuit du 19 février 2011, nous, véritables filles et fils de la Nature, avons incendié le dépôt de combustible des matériaux de construction placés dans l’une des maisons non terminées.

Cela a amené un grand incendie de tout le bâtiment. Nous avons également incendié le transformateur électrique et ainsi causé des dommages considérables à ces assassins de la Terre-Mère.

Vous pouvez voir la vidéo et l’histoire détaillée en russe ici : http://blackblocg.blogspot.com/2011/02/blog-post_2825.html

Continuons de travailler partout dans le monde pour la Nature et la liberté !

ELF – région de Moscou

 

19 février

Tôt dans la nuit du 19 février 2011, sous la luière de la pleine lune, nous avons incendié un bulldozer caterpillar dans une clairière de la forêt de Khimki dans le nord de Moscou en Russie.

L’Etat et les capitalistes privés ont fusionné afin de construire la route à travers la forêt – nous leur ferons payer pour chaque arbre abattu.

Fougueuse solidarité avec Mikalaj Dziadok, Aliaksandar Fratskevich, Ihar Alinevich et Maksim Vetkin, anarchistes de Biélorussie (accusés de plusieurs attaques au cocktail molotov contre des bâtiments de l’Etat et du capital), Adrian Magdaleno Gonzales et Braulio Arturo Duran du Mexique, Walter Bond (‘ALF Lone Wolf’) des USA, les anarchistes du Chili (le « bomb case ») et les compagnons percutés en Grèce pour une supposée appartenance à la Conspiration des Cellules de feu.

 

27 janvier

Dans la nuit du 27 janvier, un groupe d’activistes de l’ELF est allé sur le site de la construction situé dans les banlieues sud de Moscou.

Malgré que le site soit très illuminé par les nombreux poteaux d’éclairage, nous avons réussi à aller directement aux véhicules (un bulldozer Caterpillar et un autre, non identifié), avec 10 litres d’essence et des chiffons.

Les gardiens étaient soit saouls soit endormis dans leur voiture spéciale de surveillance, et les bulldozers sont partis en flammes.

Notre responsable de la surveillance a rapporté que le feu s’est déclaré cinq minutes après que nous ayons quitté le site (toujours pas d’alarme à ce moment-là), nous espérons que les engins ont bien brûlé ce soir-là.

PS : l’entreprise attaquée est la même que celle responsable de la destruction de la forêt de Khimki, dans le nord de Moscou (plus d’informations à ce sujet peut être trouvé sur khimbkibattle.org)

ELF – Russie


21 janvier

Dans les nuits des 19 et 21 janvier, un groupe d’activistes de l’ELF ont mené deux attaques contre un complexe sportif hivernal, construit dans un parc dans le sud de Moscou.

A la suite de cela, un mini bulldozer a été incendié (5 litres d’essence et des chiffons ont été placé sur et à l’intérieur), et un hangar qui protège des véhicules de construction a été incendié en de nombreux endroits.

En solidarité avec la lutte environnementale et anarchiste partout dans le monde.

ELF – Russie.


1er janvier

L’ELF incendie des véhicules de construction d’autoroute durant les fêtes du nouvel an

Un nouveau programme de développement industriel est lancé en Russie, pour la région de Moscou, à compter du 1er janvier 2011.

Cela signifie, à 90%, de la déforestation qui frapperont ce qui reste de la nature et de la faune locales, avec de nombreux problèmes à la suite, comme des inondations, des feux, un air pollué et la détérioration continue de l’écologie de la ville.

Ainsi, dans un geste de mépris et de défi à ces plans, nous avons incendié deux excavateurs et une machine à asphalter.

Les véhicules sont allés au feu un peu après que la montre ait passé minuit, dans le son et la lumière de différents feux d’artifices. Cela valait le coup d’oeil.


28 décembre

Un bulldozer a été incendié par un groupe d’activistes de l’ELF durant la nuit de la pleine lune (22-23 décembre). Le véhicule est une composante du projet de bobo-isation de la région de Moscou, où les autorités locales ont décidé de construire des maisons pour l’élite sur les rivages du très beau lac de la forêt.

Comme d’habitude, les riches devraient payer un peu plus pour leur arrogance et leur dédain pour les gens communs (à qui on a volé un endroit pour marcher et nager), mais surtout pour leur viol de la nature.

Joyeuse crise et une joyeuse nouvelle année depuis la Russie !

ELF – Russie

Le film « The man thing »

The « Man thing » est un film de série B vraiment intéressant. A l’origine, ce ne devait pas être une série B, mais une production cinématographique représentant l’un des super-héros de Marvel (X-Men, Iron Man, etc.) : l’homme-chose (« Man-thing » en anglais).

Le film n’est jamais sorti au cinéma, passant directement en DVD, et pour cause. D’un côté en effet, c’est un film mauvais et simpliste, du genre de ces films sans prétention qu’on regarde un soir à plusieurs en mangeant du pop corn, une sorte de déconnade.

De l’autre, le film est écologiste à fond, c’est même une sorte de grosse blague écologiste de bout en bout !

Le scénario n’a donc plus rien à voir avec la bande dessinée, où un savant invente un virus du super-soldat, se l’injecte plus ou moins accidentellement et devient une sorte d’homme des marais surpuissant.

Dans le film, qui date de 2005, on a la famille Schist (une allusion au schiste et au gaz de schiste?) qui s’est appropriée un marécage historiquement sacré chez une tribu amérindienne. Un père et un fils beaufs, roulant en Hummer, fanatique d’armes, s’appuyant sur des racistes, etc.

Il y a donc un derrick installé en plein dans les marais, massacrant la nature. On l’aura compris, « l’esprit du marais » forme un monstre qui va rétablir la justice à sa manière, massacrant ceux qui tuent les êtres vivants, animaux comme végétaux.

Le point culminant étant la mort du patron percé par les tentacules du monstre jusqu’à ce qu’il étouffe dans son pétrole. Le derrick explose la dynamite grâce à un amérindien qui avait auparavant trahi la cause et a pris conscience de son erreur, la nature reprend ses droits !

On l’aura compris c’est un film kitsch, fantastique et d’horreur, mais qui déçoit les vrais amateurs d’horreur car ce n’est pas très gore et on ne voit le monstre qu’à la fin.

Entre-temps, on voit surtout comment la population n’aime pas la police et comment une entreprise peut magouiller pour s’approprier la nature, tout détruire tout en exploitant les gens, alors que l’administration est bien entendu du côté des entrepreneurs, etc.

On a d’ailleurs dès le début un rassemblement d’écologistes contre cette entreprise, la chef des rebelles étant une institutrice, représentant l’intelligence (et le féminisme) face aux meurtriers capitalistes, le symbole de l’entreprise étant même une sorte de drapeau nazi !

Et les deux acolytes au service des capitalistes sont deux beaufs vivant dans les marais et vivant du meurtre de crocodiles, dont ils font bouillir la tête pour les vendre comme souvenir… Une scène met vraiment l’accent sur cet aspect barbare.

Le marais aura bien entendu leur peau à eux aussi, le nouveau shérif un peu niais tombe de son côté évidemment amoureux de la fille, comprend le sens des légendes amérindiennes, combat les vilains entrepreneurs et prend de fait partie pour l’écologie…

Ce qui, finalement, fait du film « The Man-Thing » un divertissement pas si nul que cela ! Même s’il est sans prétention, ce film transporte une culture qui est la nôtre !

Le rond et le carré (Lame Deer)

La tentative de faire des cigarettes bios en prétextant une dimension « naturelle » et en faisant référence aux amérindiens, dont nous parlons hier, mérite vraiment qu’on s’y attarde parce qu’il s’agit vraiment d’un détournement… Et nombreux sont les détournements dès qu’on parle de la nature.

Il est ainsi un sacré comble que la société qui produit ces cigarettes mette un amérindien sur les paquets, et soutient financièrement notamment les tentatives de monter des entreprises dans la communauté amérindienne ! Comme si le business était une question les intéressant !

Voici donc ce que dit Tȟáȟča Hušté, un Lakota, connu également sous le nom de Lame Deer (« cerf boiteux » en français). Il est une figure de la culture amérindienne de la seconde moitié du 20ème siècle, de par son mouvement contre l’aliénation et pour la réappropriation de leur propre culture par les personnes amérindiennes. On peut trouver en français des textes de lui, chez différents éditeurs.

Lame Deer vient d’une réserve du Dakota du Sud. Les personnes qui apprécient la culture amérindienne et ses combats connaissent peut-être déjà cette réserve notamment avec le film très bien et très militant qu’est « Cœur de tonnerre » (Thunderheart) de Michael Apted (nous en reparlerons), de 1991.

Le site Vivre dans une réserve indienne propose un compte-rendu de la situation dans deux réserves, dont une justement dans le Dakota du Sud; un ouvrage, rêveurs de tonnerre, est justement consacré aux Sioux Lakotas du sud du Dakota.

Naturellement, malgré la beauté et la force des propos reproduits plus bas, il y a une dimension mystique qui ne fait pas avancer les choses. Ce sont les limites de la critique à la destruction de la planète lorsqu’elle se fonde sur la « spiritualité. »

Il y a ici un « trip » qui n’est pas le nôtre, parce qu’il n’est pas conforme à la réalité, gommant d’ailleurs la vie des animaux pour prôner le « primitivisme » et la fuite dans la quête des esprits. Le fils de Lame Deer, John Fire Lame Deer, était d’ailleurs il y a seulement quelques jours dans les Cévennes (il existe toute une « scène » mystique).

L’expérience amérindienne est très intéressante dans son rapport avec Gaïa, mais aujourd’hui nous pouvons avoir un rapport bien plus développé que celle faite dans le passé. Encore faut-il pour cela que l’humanité assume cette vision du monde, et cela passe par la valorisation des « ronds » et non des « carrés » !

« Mais je suis indien. J’observe les choses simples, comme cette marmite. Cette eau qui bout vient des nuages de pluie. Elle symbolise le ciel.

Le feu du soleil nous réchauffe tous, humains, animaux, arbres.

La viande représente les créatures à quatre pattes, nos frères animaux qui se sont offerts pour que nous puissions vivre.

La vapeur est le souffle de vie. C’était de l’eau, et maintenant elle s’élève vers le ciel pour devenir à nouveau nuage… Ces choses sont sacrées. En regardant cette marmite pleine de bonne soupe, je n’oublie pas que Wakan Tanka prend simplement soin de moi.

Nous les Sioux, nous passons beaucoup de temps à méditer sur ces réalités ordinaires qui, dans notre esprit, se mêlent au spirituel. Nous percevons dans le monde alentour bien des symboles qui nous enseignent le sens de la vie.

Un de nos dictons dit que l’homme blanc voit si peu qu’il ne doit regarder que d’un seul oeil ! Nous sommes sensibles à des choses que vous ne remarquez pas. Vous pourriez, si vous le vouliez, mais en général vous êtes trop occupés pour cela… (…)

Cela me fait toujours marrer quand j’entends des jeunes Blancs traiter certaines personnes de « carrées », ou « rigides », en parlant des Anciens figés dans leurs positions. Ce n’est pas une question d’âge, on peut déjà avoir l’esprit et le coeur racornis à dix-huit ans.

Un Indien aurait très bien pu inventer ce qualificatif de « carré » ! Mais, selon notre façon de penser, ce qui symbolise l’Indien, c’est le cercle.

La nature veut la rondeur. Les corps des êtres humains et des animaux n’ont pas d’angles. Pour nous, le cercle représente le peuple uni, parents et amis assemblés en paix autour du feu, tandis que la pipe passe de main en main.

Le campement, dans lequel chaque tipi avait sa place, était aussi un cercle. Le tipi était un cercle dans lequel les gens s’asseyaient en rond, et toutes les familles du camp formaient ainsi des cercles à l’intérieur d’un cercle plus large, lui-même partie du grand cercle formé par les sept feux de camp de la nation sioux.

La Nation n’était qu’une fraction de l’Univers, qui est de nature circulaire et composé de la Terre qui est ronde, du Soleil qui est rond, des étoiles qui sont rondes aussi. La Lune, l’horizon, l’arc-en-ciel, des cercles dans des cercles dans des cercles, sans commencement ni fin…

C’est pour nous à la fois beau et juste, symbolique et réel, exprimant l’harmonie de la nature, de la vie.

Notre cercle est éternel et s’étend à l’infini ; c’est la vie nouvelle émergeant de la mort, c’est la victoire de la vie sur la mort.

Ce qui symbolise l’homme blanc, c’est le carré.

Sa maison est carrée, comme le sont aussi ses bureaux dans des immeubles aux multiples cloisons, séparant les gens les uns des autres.

La porte qui tient les étrangers dehors est carrée, comme le dollar, et la prison.

Carrés sont ses gadgets : des boîtes, des boîtes dans des boîtes et encore des boîtes, téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles… Tout cela est bourré d’angles et d’arêtes tranchantes.

De même le temps de l’homme blanc est plein d’aspérités, avec des rendez-vous, des pendules et des heures de pointage. Voilà ce que signifie l’angle pour moi. On devient prisonnier de toutes ces boîtes !

De plus en plus de jeunes Blancs refusent de devenir rigides et carrés et ils bougent pour s’arrondir un peu, ils rejoignent notre cercle. C’est une bonne chose! »

Le bonheur simple avec Gaïa, ou bien une question de morale ?

Revenons sur le texte d’hier, « un vegan au pays du foie gras. » Revenons dessus, ou plutôt sur un aspect précis, parce que dans sa démarche il n’a rien à voir avec nous.

Nous avons en effet déjà critiqué la nature de ce texte, brièvement et à nos yeux c’est bien suffisant. « Un vegan au pays du foie gras » c’est un antispéciste qui a reconnu sa faillite totale et tente de s’agripper à la « libération de la Terre » pour sauver sa démarche.

Non, ce qui est vraiment très important à nos yeux, c’est que le texte nie purement et simplement la nature.

Ou pour exprimer cela de manière plus claire : le « vegan au pays du foie gras » est vegan ET écologiste.

Or, pour nous cela est une seule et même chose. Nous voulons vivre de manière naturelle, c’est-à-dire de manière végan, écologiste, straight edge… Tout cela étant finalement une seule et même chose.

Pas besoin de paradis artificiels, la nature nous suffit. Pas besoin de guerre, la coopération nous va très bien.

C’est cela Gaïa, pas seulement un lieu, mais bien un système. Une fois qu’on a saisi ce système, alors on comprend qu’il faut choisir son camp, faire que tout change afin de satisfaire ses exigences.

Le « vegan au pays du foie gras » ne se veut nullement un serviteur de Gaïa. Un exemple très symbolique de cela est qu’il dit à la fin de son texte : « pas de compromis dans la défense de la Terre » au lieu de « pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre. »

Cette « erreur » sur le slogan historique (« No compromise in defense of Mother Earth ! ») des personnes luttant pour la libération de la Terre, depuis Earth first ! jusqu’à l’ELF, est absolument significative…

Le « vegan « au pays du foie gras » se bat pour la « justice », pas pour sa « mère. » Il se veut un individu aux idées généreuses, ce qu’il est très certainement, et c’est sans nul doute déjà très bien !

Mais cela n’a rien à voir avec nous. Nos idées ne sont pas généreuses, elles sont simplement justes, correspondant à la réalité. Il n’y a pas du bien ou du mal, il y a Gaïa.

Les exigences de Gaïa sont impératives. Toutes les vaines prétentions seront balayées par les exigences naturelles, dont le réchauffement climatique est un exemple très parlant.

Et parmi ces exigences naturelles, il y a aussi le besoin des humains à vivre en paix, naturellement. C’est pourquoi l’écologie radicale considère que la vie sauvage est quelque chose à considérer différemment de comment la civilisation nous la présente.

Le philosophe panthéiste Spinoza résumait cela à sa manière quand il disait : « Nous avons déjà dit que toutes choses sont nécessaires, et que dans la nature il n’y a ni bien ni mal. »

Rien de cela chez notre « vegan au pays du foie gras », c’est-à-dire notre « bien » au pays du « mal. »

Notre « bien » qui s’aperçoit que des associations comme PeTA ou DDA n’ont rien avoir avec lui.

La belle affaire ! Nous, nous le savons depuis bien longtemps. Et nous n’avons pas attendu pour lancer LTD (son ancêtre, Vegan Revolution, a même ouvert en octobre 2004), pour diffuser la culture de la libération animale et de la libération de la Terre, qui sont une seule et même chose.

Nos articles ne consistent d’ailleurs pas surtout en une critique des autres, mais surtout en la promotion de toute une culture, de toute une vision du monde, avec une présentation de l’actualité.

Quand quelque chose ne nous plaît pas, on fait autre chose, voilà tout. La critique des autres est secondaire, ou bien elle n’a pas de sens.

Prenons ici et pour finir un exemple, avec ce qui est dit dans le texte du « vegan au pays du foie gras » :

Il est inquiétant qu’en 2011, ces associations de « défense animale » ne trouvent rien à dire au fait qu’on veuille enfermer en hôpital psychiatrique quelqu’un qui s’attaquait à des abattoirs (un lieu ou les animaux pourraient sans doutes être « mieux traités » ? Pardonnez l’ironie) ou qu’un couple de végétaliens soient condamnés pour la mort accidentelle de leur bébé en mettant en cause leur régime alimentaire (ce qui s’apparente à un procès politique), qu’un groupe de végans soit terrorisé par la police simplement pour des prises de positions en faveur de la libération animale et de ses prisonniers à l’étranger.

Le silence de ces associations et organisation est inquiétant parce qu’il traduit cette incapacité à prendre position sur des sujets politiques graves et sensibles dans l’actualité récente et cela même quand « ça s’est passé près de chez vous » (parce qu’ils sont polémiques et risqueraient de « perturber » leur petite lutte parcellaire, ou simplement parce que certains des ces gens pensent au fond que le végétalisme est « dangereux » ou pas essentiel, ou peut être que les abattoirs sont sans doutes tolérables d’un point de vue « animaliste » -osons la question-) même lorsque ces sujets concernent directement la question des animaux, et que ce sont ces associations qui sont les plus directement concernées et donc censées réagir à de tels événements.

Au lieu de cela, on préfère y parler de « végéphobie » tout en métant seulement en avant un régime alimentaire qui ne défend même pas complètement les animaux. C’est là qu’est l’escroquerie

S’il y a escroquerie, c’est de critiquer ceux qui n’ont rien dit, tout en passant sous silence que certains en on parlé… Car justement LTD a longuement parlé de l’affaire de l’enfermement psychiatrique de la personne s’attaquant à des abattoirs, tout comme de l’affaire du « couple végétalien »…

Il est tout de même étrange de privilégier la critique au fait de saluer quelque chose de bien…

Car inévitablement, et de manière juste, les partisans des « droits des animaux » diront qu’ils n’ont rien à voir avec cette critique. Cela ne sert à rien de s’attarder à cela! Il aurait mieux valu critiquer LTD, ou nous rejoindre, là au moins dans un cas comme dans l’autre cela aurait fait avancer la libération de la Terre!

Sans cela on perd pied avec la réalité, comme avec la phrase sur le fait « qu’un groupe de végans soit terrorisé par la police simplement pour des prises de positions en faveur de la libération animale et de ses prisonniers à l’étranger. »

Pourquoi? Tout simplement parce que le groupe de personnes qui a eu à faire face à la police a refusé de communiquer à ce sujet… Reprocher ici un silence à qui que ce se soit n’a donc aucun sens !

Et cela démontre d’autant plus que les reproches ne servent à rien. Quand on pense avoir raison, on travaille surtout pour diffuser ses idées et sa culture, la critique des autres ne peut être que secondaire…

Ou alors on critique de manière ferme et constructive ceux et celles qui veulent avancer de manière réelle, afin de faire progresser. Mais on ne peut pas affirmer être pour la libération de la Terre et s’attarder des heures sur la veggie pride, cela n’a pas de sens, ce sont deux mondes totalement séparés…

« Un Vegan au pays du foie gras » ou pourquoi je n’irai pas à la « Veggie Pride »

Voici un texte (publié sur Indymédia) au sujet de la Veggie Pride et de la situation du mouvement « animaliste. » C’est un texte long, très long, voire trop long peut-être, mais qui vaut le coup d’oeil.

Même si finalement, il dit plein de vérités pour pas forcément grand chose de notre point de vue, car il arrive au véganisme et à l’écologie en tentant de dépasser le « mouvement animaliste. » Or, en ce qui nous concerne, nous n’y arrivons pas, nous en partons dans un grand élan nous menant à la défense de la nature…

Une nature qui est la grande oubliée de ce document, un comble alors qu’est mise en avant la libération de la Terre. Il y a là une incohérence profonde.

Pareillement, la démarche est classiquement « antispéciste » dans son approche des animaux, encore et toujours considérés ici comme des êtres « abstraits » (il n’y a ni appel à l’adoption, à soutenir les refuges, à s’ouvrir à la vie animale et végétale, etc.).

Bref, pas de Gaïa, mais simplement un antispécisme « refondé » en piochant dans la libération de la Terre…

D’emblée, il faut dire que j’écris d’un point de vue « individuel ». Que je ne me pose pas en « guide » et n’incite personne à « me suivre » ou à adhérer à une organisation politique en particulier.

Même si je me rattache à des idées et luttes que je ne cache pas, et que je vais défendre ici avec ma façon de voir, mes conclusions ayant rapport à ma « courte » expérience dans les milieux « animalistes » (tout ce qui a trait à la question des animaux), et je veux seulement exposer pourquoi je défend le principe de libération animale et de libération de la Terre, et contre l’exploitation humaine, et pourquoi ça me conduit « paradoxalement » à refuser de me rendre à un des plus grands rassemblement « animalistes » de ces dernières années qui soit organisé en France : La veggie pride.

Même si je considère que la veggie pride et son gloubiboulga militant est une escroquerie, et comme je me suis rendu aux autres depuis que je suis vegan (déjà quelques années…) je souhaitais me rendre à l’édition 2011 de cette marche de la veggie pride qui se déroule à Paris le 11 juin 2011 : parce que c’est (malgré tout) toujours l’occasion d’y faire des rencontres, de partager, de garder un oeil sur l’évolution des diverses composantes de ce mouvement et de convaincre -les meilleurs ennemis de la veggie pride qui partagent mes arguments contre celle-ci y ont en général tous et toutes été au moins une fois-. Plusieurs raisons qui me semblent valables m’ont cependant convaincu de ne pas y aller.

Je crois qu’il est important que je dise pourquoi : déjà parce que je partage en premier lieu l’idée que « l’inaction est une trahison » en général lorsqu’on prétend être engagé dans une lutte, et en particulier lorsqu’on prétend vouloir lutter pour les animaux et plus généralement la nature qui sont des êtres sensibles ou des ensembles qui ne peuvent pas se défendre par eux-même, comme l’ont si bien remarqué les « libertaires » du journal de l’O.C.L dans l’anti-véganisme primaire de leur article « vegan, une mode pour temps de crise ».

Ce devrait être la première raison de la solidarité et de l’entraide : aider, soutenir et arracher des griffes de la domination sociale les êtres qui ne peuvent pas le faire par eux-mêmes (même si je défend de tout coeur l’idée d’autonomie des luttes, de la nécessité de mener des luttes spécifiques et d’auto-organisation, à chaque fois que c’est possible : c’est à dire dans l’ultime majorité des cas).

Cela étant dit, il faut à ce sujet rétablir une vérité sur laquelle nous reviendrons dans le développement de ce texte. En effet, si la plupart ne sont pas capables de se libérer des cruels stratagèmes mis en place par les être humains pour les asservir, pour autant l’idée que les animaux ne se défendent pas, ou ne se révoltent pas est absurde : de nombreux chiens maltraités tuent leurs maîtres en leur déchirant la jugulaire ou en les mordant au sang et sont ensuite euthanasiés, certains animaux en cages saisissent le moment d’inattention humaine pour s’enfuir et se défendre violemment lorsqu’on essaye de les reprendre, etc…

La plupart des animaux, lorsqu’ils ressentent de l’hostilité, chercheront à se défendre, parfois même en groupe, et généralement se battront pour sauver leur vie et reprendre leur liberté.

Pour en revenir à ce que j’identifie comme des impasses, je peux déjà commencer par dire qu’apriori, le mouvement « animaliste » étant faible en France (et en particulier la tendance pour la libération animale, qui y est marginalisée derrière une tendance majoritaire de plus en plus marquée qui est celle du « réformisme à dominante végétarienne »), je considère en général -à l’inverse de pas mal de vegans assez dépités de l’état du mouvement en France- que tout « grand » rassemblement qui pose la question de l’animal comme sujet politique et le relie à celle de l’exploitation (même de manière parcellaire) est intéressante et représente toujours une occasion de rencontrer des personnes sensibles à ces questions et de les faire évoluer, d’évoluer soi-même et de développer un véritable mouvement de libération animale. Bref, de pousser la contradiction, de mettre les choses en branle, en mouvement : de refuser la stagnation, voir les retour en arrière.

J’aurai même tendance à dire que malgré tout les reproches qu’on peut lui faire (notamment sur la confusion complaisante entre « protection animale » et « libération animale », « pisco-ovo-lacto-végétarisme » -bientôt carno-végétarisme ?- et véganisme, etc…), la « veggie pride » restait jusque là malgré tout une occasion de renforcer les solidarités et les connaissances, créer des opportunités de rencontre et même de manière extrêmement insignifiante : d’espérer que le mouvement évolue vers plus de cohérence politique et donc plus de pertinence et d’efficacité. Mais depuis des années, c’est exactement l’inverse qui se produit.

Lorsque les gens à l’origine de cette « veggie pride » sont pour certain-e-s des vegan-e-s sincères depuis des années, qui ont fait les 400 coups du militantisme et de l’activisme pour la libération animale (et parfois bien plus : pas seulement pour les animaux) et se retrouvent aujourd’hui avec ce mouvement ridicule entourés de gens qui assument désormais de ne mettre qu’en avant le « végétarisme », en se victimisant dans une attitude complaisante de soi-disants « exclus ». Attitude qui confine au plus pur narcissisme petit-bourgeois où la dénonciation de la « végéphobie » devient l’argument suprême en faveur … des animaux ?

Il est clair qu’avec cette attitude, qui consiste à prétendre qu’il est « difficile d’être végétarien » (ce qui est complètement faux, et en particulier à paris ou ile de france où il est facile de trouver une alimentation ovo-lacto végétarienne à bas prix, et que le végétarisme « ovo-lacto » -ou pire « pisco »- a même plutôt bonne presse depuis quelques temps…) n’amènera certainement pas les gens à devenir végans (c’est à dire pleinement « végétariens » -après tout, depuis quand les oeufs et le lait poussent sur les arbres ?-) de manière conséquente.

Parce qu’elle pousse ses participant-e-s à se présenter comme des gens « courageux » au seul prétexte qu’ils ont renoncés à quelques petits privilèges de l’exploitation animale, et encore : même pas à tous.

Je vais donc expliquer pourquoi selon moi, les idées de véganisme, de libération animale et de libération de la terre sont essentielles et inséparables, et pourquoi il est préférable d’aborder les choses sous cet angle plutôt que sous le seul angle de l’anti-spécisme et de la souffrance animale, en commençant par expliquer en quoi l’actuel mouvement et ses principales composantes font fausse route.

Pourquoi surtout, cette « fausse route » nous conduit à adopter ces attitudes dénoncées plus haut plutôt qu’à évoluer vers des mouvements écologistes radicaux, réellement politiques, végans ou pro-vegans (c’est à dire mettant en avant le véganisme même lorsque certaines personnes ne sont « que » végétariennes : parce que c’est la seule véritable démarche cohérente vis à vis des animaux) et défendant clairement l’idée de libération animale (même si cela se fait souvent avec une large composante welfariste-réformiste) comme cela s’est fait dans d’autres pays comme l’angleterre, l’allemagne ou l’autriche,etc.

C’est à dire des pays où ces mouvements sont arrivés dans un lapse de temps plus ou moins court à des résultats conséquents : création d’un large mouvement vegan avec une culture de libération animale (mettant en avant la nourriture végétalienne dans les grands rassemblements culturels ou contestataires), abolition de la chasse, réduction drastique ou interdiction dans certains cas de l’expérimentation animale, obligation de mention sur les produits alimentaires ou autres de préciser si il contiennent des produits animaux, ont poussé des grandes entreprises à arrêter l’expérimentation ou l’exploitation animale ou à fermer, etc…

Toutes ces choses qui si elles ne sont pas « l’abolition ou la libération animale totales », représentent des avancées conséquentes et tangibles en ce sens et reposent sur des mouvements puissants, offensifs et cohérents qui s’en revendiquent.

Pour développer mon point de vue, j’ai la sensation qu’en france, le mouvement pour les animaux est resté prisonnier de plusieurs pièges qu’on pourrait aborder sous deux angles de vue :

Le premier est celui de la « protection animale » : évidemment, cette tendance est complètement « apolitique » (du moins « a priori », parce qu’elle refuse toute réflexion politique sur la thématique animale comme sur le reste) et considère le problème des animaux comme un problème à « traiter », à « gérer » de la manière la plus « humaine » qui soit et surtout par l’invocation de la loi et de la « justice » (tendance qu’on retrouve même chez certains vegans, comme ceux de « vegan.fr » : le rejet de la politique confinant au slogan « c’est une question de justice ») .

Il est donc essentiellement associatif, légaliste et moraliste. Il consiste surtout à jouer sur le sentimentalisme (jouer sur les émotions des gens) et à tenter de sensibiliser sur la question de la souffrance animale. Ses « bons points » sont que ses militant-e-s mettent en général en avant le fait d’adopter des animaux (pour leur offrir refuge et éviter l’euthanasie ou les mauvais traitements) et de se comporter de la manière la plus « respectueuse » qui soit envers ces derniers, tout en reconnaissant que les animaux peuvent souffrir, ont des besoins et des désirs.

Toute proportion gardée, je prétend que ce sont des bons points car dans le marasme dans lequel nous sommes, la plupart des gens refusent aux animaux l’idée qu’ils peuvent souffrir et que si ils traitent plus ou moins bien « leurs » animaux de compagnie en général (parce qu’ils savent que cela leur procure « comme par magie » l’affection et la fidélité de ces derniers), ils n’éprouvent aucun sentiment à l’idée de manger quotidiennement les cadavres des autres animaux qui sont « faits pour », et ressentirons parfois du plaisir ou de l’amusement à voir d’autres animaux se faire torturer (comme sur les vidéos de violences qui circulent sur youtube ou d’autres sites, illégales comme les combats de chiens, tolérés comme les combats de coq ou simplement légaux comme la corrida…).

Si on leur laissent la parole, les partisans de cette stratégie arguent souvent aussi que leur activisme a permis des évolutions dans la loi, ou au moins dans les moeurs puisque les lois restent souvent lettres mortes ou au moins inefficaces lorsqu’elles ne reposent pas sur une culture forte qui soutient ces avancées (la police et la justice se moquent bien plus de la situation des animaux que de celles de certaines catégories -minoritaires ou non- d’êtres humains qui sont déjà dans des situations d’oppression extrêmes et tout aussi intolérables, à moins de servir d’alibi, lorsqu’il s’agit par exemple de condamner un violeur, un patron « voyou » ou des crimes racistes.

Alibi parce que le fait de condamner des gens voir les enfermer ou même les tuer ne réparent pas les préjudices subit et évitent encore moins la dégradation des conditions d’existence des exploité-e-s humain-e-s ou non-humains lorsque les systèmes d’oppression racistes, sexistes, de classe, et spécistes se maintiennent, voir se renforcent et augmentent donc la reproductibilité et la violence des préjudices infligés aux exploité-e-s humains et non-humains.)

Cet argument me semble essentiel : dans les problèmes humains comme pour les animaux, l’Etat est dans une incapacité technique à résoudre les problèmes sociaux, et d’abord parce qu’il existe comme instrument d’exploitation : d’une classe sur une autre, d’un sexe sur l’autre, et d’un genre sur les autres (hétéro-patriarcat), à la faveur d’une « identité nationale » plutôt que d’une autre, donc d’un modèle culturel et ou « racial » -excluant par définition-, des animaux humains sur les non-humains, de « l’Homme », sur la nature, etc.

On pourrait, de ce point de vue, parler de « l’immoralité » de la peine de mort, de la torture, des conditions d’enfermement dans les prison, et même de la prison elle-même (du fait d’enfermer et séquestrer des « animaux humains »). Et nous ferions la même chose que ce que fait la S.P.A ou brigitte bardot avec les animaux, mais avec les humains cette fois-ci : c’est à dire en ne parlant que de « morale ».

C’est en fait une façon d’appliquer le statut d’animaux en tant que sujets, tels qu’ils sont perçus dans la mentalité et la culture dominannte, aux êtres humains (comme des êtres tout juste « sensibles » incapables de vivre et se mouvoir par eux-même ou elles-mêmes et qui ont besoin d’une autorité supérieur pour bien vivre) : lorsque l’idée de libération est bien plus puissante et radicale parce qu’elle critique à la fois la manière dont les animaux non-humains sont traités, mais aussi la manière dont la terre, et même et surtout l’ensemble des animaux, c’est à dire en premier lieu et de « notre » point de vue les êtres humains (et notamment les plus opprimé-e-s) sont traité-e-s et dans quels systèmes de domination ils et elles sont impliqué-e-s, parfois comme exploiteurs, souvent comme exploité-e-s, presque toujours comme tel dans le cas des animaux.

Cette mentalité de « pitié » à l’égard des animaux devrait nous interroger parce que la pitié est un sentiment « culturellement théologique » (ce qui veut dire qu’on a pas besoin d’être soi même croyant pour reproduire un schéma religieux), et qu’il a toujours été réservé à des êtres perçus comme faibles et condamnés à l’être par la morale et/ou les « saints écrits ».

Les animaux ne sont pas « mignons » ou « gentils ». certains sont capables de nous déchiqueter en quelques secondes juste parce qu’ils nous perçoivent comme une menace ou ont faim. Mais nous ne devons pas projeter sur les animaux ni nos mauvais comportement (« agir uniquement par pulsions du moment ») ni nos visions idéalisées de ce qu’est le bien (« gentil », « mignon », « doux », « rassurant », « protecteur », « providentiel »).

Parce qu’agir ainsi procède d’une pensée cruellement limitative, et ne peut résoudre la question des animaux car comme nous l’avons vu : les êtres humains, comme les autres animaux, peuvent être « doux », « attentionnés » et « gentils » puis se comporter froidement quelques secondes plus tard. Mais ces comportements, en particulier chez les êtres humains n’ont rien de « naturels » (au sens d’innés et d’immuables), ils dépendent simplement des circonstances.

Les animaux sont placés dans des circonstances qui les obligent à être violents (pour se libérer d’un piège, pour manger, pour survivre en bref). L’étude de la psychologie animale révèle que les animaux changent de comportement et de mentalité en fonction du milieux dans lequel ils sont placés, de la satisfaction de leurs besoins et désirs, et de l’hostilité qu’ils rencontrent.

Comme chez les être humains, l’enfermement tend à les dégrader, les abrutir, leur provoquer des psychoses ou des dépressions, les rendre renfermés sur eux-même et apathiques, méfiants et/ou aggressifs, et parfois même à refuser de se reproduire (absence de libido en captivité ou simple apathie dépressive).

Souvent, les humains aussi sont violents (et parfois, c’est complètement « justifié », lorsque que comme les animaux : le but est la résistance à l’oppression et la révolte contre la domination), mais rien ne nous oblige dans l’ultime majorité des cas à être violent vis à vis des autres animaux : certainement pas pour manger, à moins d’être perdu dans la jungle ou de confronter une famine du à une catastrophe naturelle ou des régions arides et désertes lorsqu’en bref c’est « ça ou mourir de faim ». Mais ces situations n’existent pas en France, ou quasiment pas, et même la plupart des sans-abris ne chassent pas pour se nourrir (du moins dans les grandes villes et en périphérie).

Nous ne devrions pas nous identifier uniquement qu’à la « nature » ou penser que tout comportement humain n’est acceptable ou « bon » que parce qu’il est « spontané » ou « naturel », même lorsqu’il tend à défendre les animaux dans certains cas.

Nous devrions nous interroger sur les motivations, les dires, et aussi les silences de chacun de nous : si le but de nos combats ou luttes est de libérer les animaux de l’exploitation humaine, et à fortiori de nous en libérer nous-même, alors nous ne devons pas nous complaire dans le sentimentalisme, parce qu’il se révèle, pour les raisons exposées plus haut, parfaitement impuissant à changer les mentalités de manière significative, et à s’attaquer au système de l’exploitation animale.

Parce que le sentimentalisme, comme la pitié et le moralisme, procède d’une façon de penser très religieuse, qui consiste à s’appesantir sur le sorts des martyrs en réclamant que « Dieu » ou une quelconque autorité morale (y compris la justice) fasse les choses à notre place.

Et les « choses », c’est de changer les mentalités, de faire évoluer la critique, et de détruire une culture de mort fondée sur l’exploitation des êtres humains, des animaux en général et même de la nature. A ton jamais vu « Dieu » ou un système judiciaire ou un quelconque « pouvoir public » se manifester significativement pour venir à bout de questions aux implications si profondes et si importantes ? Il est clair que non.

Et il y a une bonne raison à ça : Dieu et la justice ont cela en commun d’avoir été inventés pour déposséder les gens de leur capacité à changer les choses en profondeur dans la société, et pour parler simplement : tout les grands changements significatifs apportant plus de liberté ou de « bien-être » dans l’histoire se sont fait contre les deux et en particulier dans l’histoire contemporaine (même si la justice a presque toujours tenté de formaliser les « acquis sociaux » des luttes politiques, ce qui a surtout consisté à en faire des acquis « juridiques » facilement démontables : c’est un autre exemple du fait que seule la lutte, et l’action payent) et par l’action autonome des exploité-e-s et leurs soutiens.

La loi n’est rien d’autre qu’un rapport de force -au service de qui contrôle l’Etat- (qui est, et a toujours été un instrument de classe et de domination), et il n’est donc pas étonnant que rien de solide ne puisse reposer dessus étant donné que celle-ci change en fonction des intérêts des classes dominantes, et que celle-ci n’a clairement pas intérêt à ce que l’exploitation animale soit réduite (au moins dans un premier temps, on peut aussi imaginer un système dans lequel l’exploitation animale redevienne un luxe bourgeois ou seul certains produits « bios » par exemple, très couteux, soient tolérés – c’est déjà en partie le cas concernant les produits animaux « de qualité » et des produits alimentaires en général) et encore moins à ce qu’elle disparaisse.

En effet, la disparition de l’exploitation animale signifierait la fin d’un monde pour une classe dominante qui a toujours apprécié (comme le remarquaient déjà les philosophes des Lumières) de s’exposer comme grande consommatrice de produits animaux, et en particulier de produits « non alimentaires » de « richesse ostentatoire » : des cosmétiques à la fourrure en passant par le cuir (souvent vu comme plus « masculin ») et tout ses dérivés. Ce sont aussi les vestiges du colonialisme et de sa mentalité qui a toujours vu dans les produits animaux de luxe (alimentaires ou non) comme un certain « exotisme ».

Qui, dans les pays industrialisés aujourd’hui, à part des bourgeois occidentaux, mange du requin ou consomme de la fourrure de vison, se vente de porter un bijou en peau d’animal mort ou voit dans la chasse quelque chose de romantique ? L’exploitation animale est intimement liée à l’exploitation d’une classe humaine sur une autre, et même sur plusieurs autres.

N’est-ce pas Louise Michel qui disait à peu près que « plus l’homme est cruel envers le bête, plus il est rampant devant ceux qui le dominent » ? Le style « baroque » d’une bourgeoisie en pleine auto-célébration d’elle-même dans un monde où les 2/3 de l’humanité ne possèdent quasiment rien sinon les moyens rudimentaires de sa survie, ne peut pas ne pas être mise en lien avec l’exploitation animale et sa défense idéologie virulente jusque dans les milieux politiques dits révolutionnaires.

Elle ne peut pas être ignorée. Et réciproquement, la lutte pour les animaux et leur libération ne peut plus se payer le luxe de refuser aujourd’hui encore de faire le lien avec les autres questions humaines, c’est à dire de la « politique » (au sens « noble » du terme : comme « vie de la cité » impliquant tout le monde, et non justement comme seul « lobbying », spectacle médiatique ou de la gestion).

Elle ne peut plus non plus se payer le luxe d’ignorer à quoi l’exploitation animale est liée culturellement, idéologiquement et politiquement : et ainsi comment la combattre réellement et espérer y mettre un terme ou au moins la faire reculer à court terme dans les mentalités comme dans la réalité.

Il est inquiétant qu’en 2011, ces associations de « défense animale » ne trouvent rien à dire au fait qu’on veuille enfermer en hôpital psychiatrique quelqu’un qui s’attaquait à des abattoirs (un lieu ou les animaux pourraient sans doutes être « mieux traités » ? Pardonnez l’ironie) ou qu’un couple de végétaliens soient condamnés pour la mort accidentelle de leur bébé en mettant en cause leur régime alimentaire (ce qui s’apparente à un procès politique), qu’un groupe de végans soit terrorisé par la police simplement pour des prises de positions en faveur de la libération animale et de ses prisonniers à l’étranger.

Le silence de ces associations et organisation est inquiétant parce qu’il traduit cette incapacité à prendre position sur des sujets politiques graves et sensibles dans l’actualité récente et cela même quand « ça s’est passé près de chez vous » (parce qu’ils sont polémiques et risqueraient de « perturber » leur petite lutte parcellaire, ou simplement parce que certains des ces gens pensent au fond que le végétalisme est « dangereux » ou pas essentiel, ou peut être que les abattoirs sont sans doutes tolérables d’un point de vue « animaliste » -osons la question-) même lorsque ces sujets concernent directement la question des animaux, et que ce sont ces associations qui sont les plus directement concernées et donc censées réagir à de tels événements. Au lieu de cela, on préfère y parler de « végéphobie » tout en métant seulement en avant un régime alimentaire qui ne défend même pas complètement les animaux. C’est là qu’est l’escroquerie

On aura au mieux droit à un communiqué larmoyant (ce qui n’a pas été le cas de tout le monde pour les cas cités) : on peut légitimement se demander si c’est suffisant. Je pense que c’est à partir d’un tel constat qu’on peut résolument comprendre que ce type d’organisation est au mieux complètement insuffisant, et parfois même franchement limitant et incapacitant puisqu’il engage des individu-e-s, leur temps et leur énergie dans des stratégies et des organisations qui sont incomplètes, voir même mauvaises (puisqu’inefficaces et parcellaires).

En outre, je ne crois pas qu’on puisse faire confiance à des associations qui passent leur temps à jouer sur les sentiments et la morale en se payant des affiches de pubs gigantesques et extrêmement onéreuses sur le fait qu’il ne faille « pas manger de viande de cheval » parce que le « cheval est notre ami » lorsque c’est sans doutes l’une des viandes les moins consommées parmi les produits animaux, et que ce type de campagne ne fait pas le lien avec le simple fait de manger de la viande comme un problème, mais encore que l’argent pourrait être employé à des choses simplement plus utiles : comme dénoncer directement les abattoirs, l’exploitation animale ou que sais-je… quoi que ce soit de plus essentiel et de plus fondamental !

Quitte à parler d’un animal en particulier, je préfère de très loin une affiche anglaise qui disait il y a longtemps « mangeriez vous votre chien ? » (puisqu’elle pose la question de la hiérarchie de valeur entre les différentes espèces d’animaux dans la culture). On ne peut de toute façon pas faire confiance à un mouvement de « défense animale » qui en vient à tolérer l’exploitation animale ou à observer un silence complaisant devant la répression de ceux et celles qui le combattent en actes.

L’antispécisme me semble être l’autre « écueil » dans lequel est tombé le mouvement animaliste. Il constitue sa frange en général la plus « radicale » dans l’imaginaire collectif : se dire antispéciste, c’est être vu comme « plus radical » que le simple végétarien ou le défenseur des animaux.

La critique antispéciste, qui est en général déjà plus avancée parce qu’elle défend le véganisme, exprime en effet une idée déjà plus radicale, qui consiste à dire que les espèces animales et la hiérarchie entre ces espèces est une construction sociale humaine faite pour justifier la domination sur les autres animaux.

Le problème est que cette critique s’est très vite constituée en une idéologie auto-suffisante et un peu four tout, où peuvent s’identifier à la fois ovo-lacto-pisco-végétariens, végétaliens et vegans, quelle que soit leur positionnement politique, qu’ils soient athées dogmatiques à la limite du fascisme (je suis athée moi même et me sens mieux au contact de rationalistes athées, mais même si je me montre critique vis à vis de la religion, je ne pourchasse pas ou ne cible pas pour autant les religieux ou certains adeptes de religions en particulier, ni ne les tiens pour particulièrement responsables de l’exploitation animale : il s’agit plutôt de la religion en général, et de ses principaux prêches et représentants) ou inversement de vegans complètement mystiques (les délires sectaires sur la conception hindou de la nature, les gens qui fantasment sur les djaïns, et les « aspects positifs » de la spiritualité vis à vis des animaux et de la nature).

L’antispécisme académique pose aussi un certains nombre de problèmes et notamment lorsqu’il revêt l’habit du calcul utilitariste le plus méprisable : qui irait jusqu’à justifier les tests sur les êtres humains ou l’eugénisme au prétexte qu’il vaut mieux agir pour « plus de bien être » du point de vue « social » sans autre considération éthiques, politiques et philosophiques.

Ce genre de raisonnement peut facilement justifier l’esclavage, la stérilisation forcée de masse, l’eugénisme ou d’autres abominations dans un certain contexte. Parce que le bricolage utilitariste oublie presque toujours d’intégrer dans son calcul une donnée essentielle, à savoir se poser la question de « plus de bien être pour qui ? ».

L’antispécisme ou tout autre animalisme académique (« l’abolitionnisme » hippie et dogmatiquement légaliste de Garry Francione par exemple) pose aussi un autre problème, plus fondamental, de par le fonctionnement de la pensée académique et de ses structures, car il produit des maîtres à penser, des mandarins de l’animalisme qui ont « tout mieux compris que tout le monde » et qu’il devient hasardeux de remettre en cause : même lorsque vous leur mettez le nez dans leur merde. A savoir que leurs idéologies circulaires ne sont ni les seules, ni forcement les meilleurs façon de voir le monde et de penser la lutte.

Ce qui est notoirement le cas de Peter Singer qui continue d’être invité depuis des années un peu partout dans les médias pour parler de l’égalité animale ou de la libération animale alors qu’il avoue n’être « que végétarien » (c’est à dire ni végétalien, ni vegan), ne fait plus grand chose, voir rien au niveau activisme (en gros, ne mouille plus trop la chemise), et a été le principal défenseur de l’antispécisme teinté d’utilitarisme à la sauce Bentham tel qu’exposé plus haut.

Il y a un autre courant que je relie à l’antispécisme, et qui est le « welfarisme » activiste à « l’américaine » (qu’on pourrait traduire par « réformisme animaliste » porté la bas et ici principalement par l’association d’envergure « multinationale » PETA, qui vient des états-unis.

Je dis « à l’américaine » parce que c’est l’image qu’en ont beaucoup de gens ici. Je n’ai rien contre les américains, certainement pas du point de vue de l’écologie radicale et de la libération animale. Ce n’est qu’une façon de parler) parce que ce courant partage en france l’essentiel de la critique antispéciste (même quand il ne s’en revendique pas) et se veut une solution à la question animale.

Il est donc principalement incarné en France par l’organisation internationale « Peta » (People for Ethical Treatment of Animals, ou « association pour un traitement éthique des animaux ») et quelques petites associations se revendiquant plus clairement et plus essentiellement de l’antispécisme (ses membres sont en général vegans et comparent souvent le spécisme au racisme et au séxisme, et sont en général plus critiques vis à vis du welfarism et de l’apolitisme mais leur analyse reste souvent strictement limitée à la seule question des animaux). Il faut aussi dire que le « Welfarism » est un terme anglais qui est lié à l’idée de « Welfare State », c’est à dire d’Etat providence, de l’Etat comme « protecteur » : qui est un concept social-démocrate et social-libéral.

Bien que les membres de la Peta, dans un esprit justement très « association humanitaire » se refusent à assumer des positions politiques très claires, ce courant est relié à la gauche social-démocrate la plus libérale et la plus « keynesienne », qui pense qu’il faut intervenir dans l’économie capitaliste uniquement pour mieux la sauver.

C’est en fait exactement ce que ce courant propose de faire pour l’exploitation animale : en limiter les « mauvais travers », les « dérives », ou les aspects les plus criants ou spectaculaires par la loi et l’évolution dans les moeurs, et pour le reste tenter d’offrir une mort « la moins douloureuse possible » jusqu’à parler de « viande bio et éthique », ou d’autres aberrations du même type.

Evidemment, tout-e-s les membres de Peta ne vont pas jusque là, et l’essentiel de sa composante, assez populaire, va en général à l’essentiel en défendant simplement le végétarisme, voir le véganisme comme la meilleur solution à la question animale. Le véganisme est en effet, je pense, la meilleur solution à l’exploitation animale car elle consiste à refuser purement et simplement tout les produits qui en sont issus : mais le dire ne suffit pas.

D’abord parce que cette position n’est pas toujours facile à tenir quand on a été éduqué à penser le contraire de ce qu’elle suggère (à savoir que les animaux ne devraient pas être considérés comme des objets), et en particulier lorsqu’on est pauvre et qu’on a pas beaucoup de ressources économiques, qu’on ne sait pas cuisiner ou qu’on a pas les bons plans pour « s’acheter son véganisme » comme le font certaines stars ou certains bourgeois par effet de mode avant de passer à autre chose.

Et d’autre part, le véganisme n’est pas la seule solution à l’exploitation animale, d’abord parce qu’il ne doit pas être considéré que comme un insignifiant ou temporaire « boycott » ou un acte individuel mais comme une tentative collective de construire une culture (notamment culinaire) saine et basée sur la liberté des animaux.

Mais cette culture du véganisme a d’autant plus de chances de se construire en dehors des associations « welfaristes » qui ne le mettent pas vraiment en avant et par des gens qui n’ont pas beaucoup de ressources du fait que ces derniers seront forcés de l’inventer, de la réinventer, de la porter par eux-mêmes.

Il est souvent argué que le véganisme serait une espèce « d’ascétisme ». Pour ma part (qui est rencontré pas mal de « vegans bon vivant ») je crois que cette vision des choses est très française et tend à voir la « culture gastronomique nationale » comme quelque chose d’exceptionnel et d’irremplaçable alors qu’elle est surtout constituée de produits animaux de luxe peu accessibles, très gras, qui rendent ses consommateurs facilement malades et a nécessité une production qui implique souvent plus de souffrance encore pour les animaux (le foie gras notamment).

Ici encore, le lien entre vie animale, idéologie, culture, position de classe et chauvinisme n’est pas à démontrer : étrangement, cette « vanité nationale » n’a pas cours (ou pas autant, et reste un argument facilement identifié comme bourgeois) dans des pays qui bénéficient pourtant d’une aussi grande richesse dans leur culture culinaire -même si cette appréciation reste en fait très contingente- (comme l’Italie, l’Espagne, ou plusieurs pays d’Amérique latine). Des pays où on trouve pourtant plus de vegans qu’en France.

En fait, ce qu’il faut dire est que la viande et le produits animaux « bon marché » -dont la qualité nutritive reste à prouver- constituent la base alimentaire de la plupart des gens en France comme dans d’autres pays, mais ici particulièrement où les apports en Fer, en Potassium, en protéines et en vitamine B sont faibles dans les produits végétaux de la cuisine traditionnelle française, ce qui n’est pas forcement le cas ailleurs où on favorise les associations « féculents-légumineuses », « Fer-vitamine C », les protéines végétales, etc. Dans des pays auxquels on ne pourra pas reprocher d’être sous le joug du « puritanisme anglosaxon » ou de ne « manger que des hamburgers » ou « de la merde » (je pense aussi au moyen-orient, à l’amérique latine ou à l’Inde), à moins de persister dans une remarquable mauvaise foi chauvine justement.

Je parle de ces choses en les incluant dans la critique de l’antispécisme car ce dernier tend aussi à accepter et limiter le débat avec ses contradicteurs sur la seule « faisabilité » d’une alimentation végétalienne ou d’un mode de vie vegan : ce qui n’est qu’une question de moyens et de bonne volonté (et surtout d’organisation collective). Les points que cet argumentaire occultent et qui sont d’une importance capitale sont en fait le caractère souhaitable et nécessaire, du point de vue humain, écologique et (donc pas seulement) animal du véganisme et de la libération animale.

Ces derniers ne sont pas seulement nécessaires parce que les animaux non-humains souffrent de l’exploitation animale, mais parce que les êtres humains et à fortiori la planète (comme habitât et comme ensemble vivant) subissent aussi les méfaits inhérents à l’exploitation animale.

En conséquence, le dernier reproche que je ferai à l’antispécisme (même si ce n’est pas le cas de tout ses partisans -« l’action antispéciste » notamment qui se démarque très nettement de tout les reproches que je formule ici– et c’est tant mieux, je parle ici de manière très générale) est qu’il cumule aussi parfois l’essentiel des reproches qu’on peut faire à la protection animale et que les deux se retrouvent dans une certaine approche du welfarisme : c’est à dire celle qui consiste à traiter la question animale dans une catégorie politique distincte (celle des animaux comme « sujets à part ») et dans son incapacité à questionner le lien entre exploitation animale, exploitation humaine, nuisances et destructions écologiques et capitalisme, et donc à faire le lien entre véganisme et écologie, libération animale et libération humaine : elle tend à tomber dans les mêmes pièges et les mêmes activismes centrés sur le moralisme qui aboutit à se comporter de manière méprisante, élitiste et prétencieuse envers tout les « non-vegans » ou les non-végétariens, et le sentimentalisme qui pense que crier des slogans provocants ou traiter tout les non-vegans « d’assassins » avec un mégaphone représente la quintessence de la lutte pour la libération des animaux. Que les choses soient claires : je ne rechigne pas à l’activisme.

Au contraire, je trouve même positif, et je pense nécessaire et relativement efficace dans la plupart des cas le fait par exemple, de faire de l’agitation devant une devanture d’un fast food d’une grande enseigne, de crier des slogans ou de décharger ses pulsions négatives en sortant dans la rue plutôt qu’en se droguant, en restant enfermé chez soi, ou faisant du mal aux autres : mais pas lorsqu’on s’imagine que c’est la seule chose à faire, qu’il est inutile de parler d’autre chose à travers cette thématique des animaux, et donc de le faire de manière élitiste.

En parlant aux autres de « respectabilité », de « crédibilité », en se présentant comme des modèles au prétexte qu’on est « bien habillé-e », qu’on « présente » comme un-e bon-ne militant-e et en moralisant tout les non-vegans (ou non-végétariens) ou en se prétendant irréprochables et donc « les meilleurs » -voir les seul-e-s- interlocuteurs/interlocutrices du mouvement : parce que ce genre de comportement tend à l’élitisme militant, est hermétique à la réflexion et à la critique, ne participe en rien à créer une culture populaire du véganisme et dissuade même parfois les gens de devenir vegans ou même végétariens (parce que « végétarien ça sert à rien »). Et même si ça y participait, cette conception de la lutte est autoritaire, et il en existe d’autres et de plus efficaces.

Cette interprétation apolitique de l’antispécisme, très répandue en France, peut aussi conduire (et il n’est pas étonnant qu’elle y conduise effectivement en période propice) à nier complètement les questions humaines, voir à rendre certaines catégories de population en particulier responsables des problèmes écologiques, animaux ou même humains : « la faute aux américains, aux musulmans, aux juifs, aux chinois, à l’immigration des pays de l’est etc. »

Et il n’est pas étonnant que toute la rhétorique de l’extrême droite française en « défense des animaux » soit centrée sur cette question (comme sur d’autres) sur le prétendu « problème de l’immigration » ou de catégories de populations qui seraient plus responsables que d’autres de l’exploitation animale.

Pas étonnant non plus que ce soit le F.N qui porte ces thèmes parce que c’est le parti d’extrême droite le mieux organisé en France, et pas étonnant non plus à ce que ce soit avec les idées et le chef de ce parti que Brigitte Bardot se soit découvert une proximité. Pas étonnant non plus à ce que dans le milieux de la « défense animale », on retrouve une proximité idéologique et politique entre certains membres d’un parti comme la « France en action » et les antisémites du Parti Antisioniste. Pas étonnant à ce que soit les mêmes qui critiquent le « véganisme politique » et l’idée même de libération animale.

Et enfin pas étonnant à ce qu’un groupe comme « Droits des animaux » qui se voulait à la base « plus radical » et même pour l’action directe se retrouve aujourd’hui, au milieux de toute cette mélasse à faire une fixette sur la religion musulmane et à produire une brochure culpabilisatrice à déstination des musulmans avec des arguments religieux !

Tout simplement parce que les dirigeants de ces organisations sont des opportunistes et même parfois pires, et qu’ils se moquent même parfois au fond éperdument des animaux et du véganisme (ou s’en moquent en tout cas plus que de leur carrière et de leurs prestiges individuels).

Ces dérives démontrent surtout, comme d’autres l’ont déjà dit avant moi, la nécessité d’une réflexion et d’une lutte antifascistes au sein du mouvement des animaux (comme dans la société en général). Ce sont sans doutes parmi les pires dérives qui existent dans l’animalisme, mais ce ne sont pas les seules.

En guise de complément et à titre d’exemple : il faut dire que l’idée de « réduction de l’exploitation animale » comme solution ultime est une aberration non seulement du point de vue animal et écologique, mais aussi du point de vue humain. Et le fait qu’on organise des rassemblements internationaux sur la seule thématique du « végétarisme » et de la « végéphobie », sans parler du reste après toutes ces années, et alors que des gens sont encore en prison, et maintenant en hôpital psychiatrique pour avoir combattue l’exploitation animale dans son ensemble démontre l’étendue du problème.

Notamment parce que personne ou presque ne parle de ces prisonnier-e-s, et de ces psychiatrisé-e-s (on pourrait aussi parler par exemple de ces agents de la norme que sont ces psychiatres pour qui « refuser la viande » est une forme de « cannibalisme refoulé », et en clair une pathologie à soigner).

Au final, c’est toute l’infrastructure sociale qu’on invoque, et toute sa superstructure qui se mobilise pour réprimer les tendances au véganisme, et la critique en actes de l’exploitation animale et de la nature. Du reste, manger des animaux et détruire la nature est une chose « naturelle » dans l’idéologie dominante, n’est-ce pas ?

On ne peut pas comprendre ça si on ne se demande pas comment fonctionne l’économie. C’est à dire le capitalisme. Beaucoup de monde, parmi les antispécistes s’accorde en général pour dire qu’il n’y a pas d’exploitation animale sans la grande industrie aujourd’hui.

Qu’un retour à une exploitation « familiale » est illusoire et même « petit bourgeois », que les animaux souffrent quand même et/ou ne sont pas libres et que son développement mène inéluctablement à un plus grand développement, dans le but de « démocratiser » ces produits.

Ce qu’on dit moins en revanche, c’est que historiquement, l’industrie du capitalisme a notamment pour origine l’exploitation animale (pas seulement, mais en partie). Le capitalisme s’est particulièrement développé dans les campagnes anglaises (ce qu’explique parfaitement une auteure comme Ellen Meiksins Wood dans « l’origine du capitalisme », malgré un ton très marxiste et professoral assez typique des universitaires anglais « de gauche »), avec pour base la production agricole et donc animale.

Dans le même genre universitaire, Theodor Adorno a tout aussi parfaitement démontré en quoi l’exploitation animale est en grande partie à l’origine de la violence entre les êtres humains et en quoi par conséquent, l’exploitation industrielle des animaux est une base de l’industrie capitaliste et de la division sociale du travail, de l’urbanisme, etc.

Du reste, « bourgeois » ne veut il pas dire, étymologiquement « celui qui vit dans le bourg » c’est à dire au centre de la ville ? L’industrialisation de l’exploitation animale répond pour la bourgeoisie à la double nécessité de satisfaire ses intérêts : en fournissant massivement une nourriture de basse qualité et peu coûteuse qui satisfasse les besoins alimentaires de la majorité de la société tout en continuant à exploiter la main d’oeuvre toujours plus massive. L’exemple le plus criant en france est celui des abattoirs de la Villette au début du 20e siècle, gigantesque complexe de mort qui alimentait toute la capitale et sa périphérie en viande bovine.

Mais on le sait aujourd’hui, ce développement industriel ne supporte aucun frein, et se perfectionne toujours dans sa « rationalisation », l’idéologie du capitalisme et son principe même impliquant d’aller toujours plus vite, de produire toujours plus de profits pour accumuler et concentrer toujours plus de capital, et donc d’exploiter toujours plus à la fois les êtres humains (à travers divers systèmes d’oppression), les animaux, et la Terre.

Mais à mesure que le temps passe et que ce système se restructure par les crises qu’il y a lui même provoqué, les êtres humains comme les animaux sont détruits et de plus en plus asservis de générations en générations.

N’est il pas inquiétant de penser que les poules ou les cochons d’élevages intensifs ne pourraient pas être « remis en liberté » du jour au lendemain parce que la plupart ne survivraient pas à « l’état naturel » tellement ils ont été « abâtardis » par l’exploitation ? Inquiétant parce que cela suggère que cette incapacité à éprouver la liberté et à faire preuve d’autonomie est le produit de la société dans laquelle nous vivons, et que ces phénomènes qui tendent à transformer les êtres sensibles en « espèces d’esclaves » s’appliquent malheureusement aussi à l’humanité (même si une fois encore, rien n’est immuable, bien heureusement).

C’est à dire que l’angoisse des gens qui disent « mais on ne peut pas remettre en liberté tels ou tels animaux » parce qu’ils auraient été trop domestiqués ou que leur milieux naturel à été détruit interroge notre propre capacité à éprouver la liberté, et dans quel environnement social, politique et écologique celle-ci est possible. En clair, la liberté et l’égalité totales sont souhaitables et nécessaires : mais elle sont rendues impossibles.

Dès lors, la question n’est pas « Est-ce possible ? » devant une impossibilité immédiate : mais comment se libérer de cette temporaire impossibilité ? Comment devenir libres ? Comment arrêter de regretter qu’on puisse désirer quelque chose ardemment tout en se résignant à penser que « ça ne marche pas ». Comment arrêter de se comporter comme une sorte de statue en cage qui dissèque des lieux communs en pensant que c’est là le meilleur des moindres maux dans le meilleur des mondes « possibles » ?

A mon sens, cela commence par constater que ce n’est pas avec des associations ou des organisations de défense animale, ou même avec des partis politiques (par nature éléctoralistes et/ou opportunistes, voir parfois sectaires et fascisants -comme la « France en Action » ou carrément fasciste comme le FN), citoyennistes, populistes, moralistes et sentimentalistes comme décrits plus haut qu’on pourra s’en sortir.

Et je pense malheureusement qu’un rassemblement comme celui de la veggie pride, tout comme la marche contre la vivisection, aussi européenne et « massive » soit elle (bien que j’en doute), ne fait figure que de démonstration d’hypocrisie et d’impuissance collective.

Les seules pistes qui me semblent cohérentes, je les ai déjà exposées. Je pourrai insister sur celle ci : partout, la lutte pour la libération animale doit faire le lien avec l’écologie (la libération de la terre), et avec l’émancipation humaine (et les luttes locales), se développer dans et avec les luttes populaires, parce que c’est seulement ainsi que ces luttes ont une chance de se renforcer mutuellement en prenant tout leur sens. Partout on doit aussi dénoncer et combattre en même temps qu’on parle des animaux, l’écocide : la destruction de leur habitat et qui est également le notre, la Terre.

Construisons un monde sans exploitation, sans dominations, sans hiérarchies, sans frontières, sans misères. Et pas de compromis dans la défense de la Terre.

Voilà ma conclusion, si je devais la résumer en une phrase : Pas de libération animale sans libération de la terre et sans libération humaine.

Comme disent les anglais : « One Struggle, one fight »

Signé : Un Vegan au pays du foie gras

Le film « L’âge de cristal »

« L’âge de cristal » est un film de 1976, qui a de plus très mal vieilli. Mais son scénario est vraiment très intéressant, et qui plus est il y aura d’ici quelques temps un remake. Ce qui est exactement le cas d’un autre film du même genre dont nous avons parlé, le film Soylent Green (Soleil vert). (aucun remake n’est par contre prévu pour l’incroyable Silent Running).

A l’époque, le film a coûté une fortune (autant que « la guerre des étoiles ») et a été un énorme succès. Il y a d’ailleurs eu une série, au sujet relativement différent et davantage proche du roman original, « Logan’s run » de William F. Nolan and George Clayton Johnson (le titre est également celui du film en anglais). Il est également un film relativement « culte » (ici on peut voir des scènes du film refaites en lego!).

Le monde de « L’âge de cristal » est un monde horrible. Les humains vivent dans de grandes villes totalement hermétiques. Il n’y a que des jeunes de 30 ans et aucun vieux. On comprend alors qu’on est en 2274 et que la société est entièrement contrôlée par des ordinateurs, qui gèrent « au mieux » les ressources, dans un univers complètement artificiel.

Jusqu’à 30 ans, les humains vivent dans une sorte de léthargie infantile, où tout le monde couche avec n’importe qui pour « passer le temps. » Et à 30 ans les individus doivent donc se sacrifier, dans une sorte de cérémonie religieuse appelée « le carrousel » où leur corps est désintégré, sous prétexte officiellement de « renaissance. »

L’âge des jeunes est indiqué par un cristal dans la paume d’une main, d’où le nom du film en français. L’écrasante majorité, infantilisée et purement passive, accepte son sort, ne connaissant rien d’autre.

Or, un « éliminateur » de fuyards, dans un scénario rocambolesque qui a certainement fait échouer les multiples tentatives de remake qui ont eu lieu jusqu’à présent, devient alors un fuyard lui-même.

Il découvre alors que ces dits fuyards tombaient dans une embuscade tendue par un robot congelant la nourriture. Ce dernier fait l’apologie d’une « nourriture marine » : « Poisson et plancton et algues. » Mais il explique qu’il n’y en a plus et qu’il doit donc congeler les humains qui arrivent, pour stocker de la nourriture…

C’est évidemment une manière de présenter la catastrophe planétaire ayant aboutie à la formation de ces villes totalement artificielles.

Le film a donc vraiment mal vieilli, il a une dimension infantile évidente (ainsi que sexiste), et un scénario ne tenant pas vraiment la route sans compter les incohérences, le tout a pris un coup de vieux évident, malgré de belles scènes parfois, etc.

Cependant, il pose un problème déjà clair dans les années 1970 : nous épuisons les ressources planétaires et courons à la catastrophe. Le film culmine d’ailleurs dans une fuite hors des villes hermétiques, dans un paysage idyllique : la nature qui a repris ses droits, y compris dans l’ancienne ville de Washington. Une vision très réussie et qui a alors beaucoup marqué.

Redevenu naturel, quittant l’artificiel, le couple nouvellement formé comprend qu’il doit rester uni et non plus « passer le temps » à coucher avec n’importe qui. Il s’agit de continuer heureux ensemble, quitte à devenir vieux, le tout naturellement. Et évidemment à la fin les ordinateurs contrôlant les villes explosent et les humains découvrent qu’on peut vieillir et que la nature est belle, en dehors des villes artificielles.

S’il y a un petit côté « réac » inhérent à la nature hollywoodienne (peur du collectif, peur des machines, etc.), il y a dans « L’âge de cristal » une véritable utopie que l’on devine à la fin du film. C’est un témoignage historique du questionnement que l’on peut et doit avoir.

Quand les universitaires s’emparent de la clandestinité et de l’illégalité…

Nous avions parlé de Steven Best, un universitaire américain partisan de la libération animale. Best a une conception proche de la nôtre, car il ne fait pas d’ailleurs qu’assumer la libération animale : il assume également la libération de la Terre.

Cela l’amène à prôner une alliance de toutes les personnes que l’on peut définir comme « progressistes », afin d’obtenir la « libération totale » ; nous en parlions dans l’article Critique de Gary Francione par Steven Best (et proposition d’un abolitionnisme radical pratiquant les alliances à l’extrême-gauche).

Mais Best a une autre particularité : il prône l’utilisation de la violence dans la lutte pour la libération animale. Comme nous l’expliquions, les particularités de la loi américaine font qu’il peut assumer légalement une position ouvertement en faveur des actions illégales, comme par exemple celles de l’ALF.

Évidemment, cela peut sembler étrange, et en fait ça l’est. Nous avons déjà pointé la contradiction qu’il y a chez Best à d’un côté refuser les institutions, et de l’autre à être reconnu comme intellectuel institutionnel.

Prôner la lutte armée à l’abri d’un emploi bien rémunéré et d’une reconnaissance d’intellectuel, c’est tout de même moralement assez surprenant, pour le moins…

Il est d’ailleurs paradoxal à nos yeux (mais nullement étonnant si on y pense) de voir que Best s’est retrouvé lundi dernier à… Sciences-Po à Paris, pour débattre de la question : « Jusqu’où défendre les animaux ? »

Une telle démarche n’a littéralement aucun sens et est totalement hypocrite. Par exemple, pour obtenir des casques infrarouges où est diffusé une traduction, il y avait ce point :

Une pièce d’identité vous sera demandée sur place pour tout emprunt d’un casque, qu’il ait été réservé ou non. Merci de votre compréhension.

Cela est en contradiction complète avec une conception « clandestine », sans même parler de l’idée d’aller à une telle conférence au sein d’une institution plus que reconnue… Conférence qui ne peut rassembler par définition que des intellectuels débattant dans un jargon universitaire incompréhensible par 99% de gens, sans avoir pour autant une quelconque valeur.

Cela est totalement hypocrite, surtout quand on sait que personne en France n’a parlé de quelqu’un comme Walter Bond, sans même parler de simplement publier les communiqués de l’ALF.

N’est-il pas étrange de voir ces universitaires oublier Walter Bond, mais inviter Steven Best ? Il est tout de même très ironique et très révélateur de voir que les personnes opposées à la violence organisent un colloque sur la « violence » !

Il n’y a ici nul débat, mais carrément une tentative d’anéantir toute réflexion à ce sujet, en la faisant passer pour un débat bien au chaud dans une université, dans un langage juridique. C’est une manière de s’approprier une image « radicale » à très peu de frais.

Et cela est d’autant plus évident que par définition même, la France n’étant pas les États-Unis sur ce point, jamais d’éventuels personnes prônant la violence ne pourraient s’exprimer !

Rappelons que des personnes l’ont fait il y a quelques années, sur une base antispéciste, et ont eu systématiquement maille à partir avec la police pour leur propagande de ce genre d’actions.

La conférence avec Steven Best est donc une totale hypocrisie, et on peut bien se demander ce qu’il est allé faire dans cette galère… Sauf si on se rappelle que lui aussi est universitaire.

Et il saute aux yeux d’ailleurs ici qu’il n’y a au fond pas de muraille de Chine entre le réformisme armé prôné par Steven Best et les postures universitaires.

Dans les deux cas, il y a le mépris de la population, la croyance que les gens sont idiots, incapables de comprendre le véganisme et d’assumer à grande échelle le véganisme.

Cela est particulièrement visible quand Steven Best dit qu’il ne faut pas se soucier de si l’opinion publique apprécie ou pas la libération d’animaux dans un laboratoire ; même si l’opinion publique n’apprécie pas, cela serait justifié moralement.

Ce qu’il ne comprend pas, c’est que seule une infime minorité accepte la vivisection, celle qui est riche et qui domine ; la grande majorité des gens ne veut rien avoir à faire avec la vivisection et ses crimes, et ne critiquera certainement pas une action de libération d’animaux dans un laboratoire…

Il manque quelque chose à Steven Best et à tous les universitaires, à tous les gens pour qui le véganisme équivaut à une vision pessimiste du monde : la compréhension que la planète doit et va redevenir bleue et verte, parce que c’est le seul chemin possible et nécessaire !

Voici le texte de présentation de la conférence. Un résumé des propos de Steven Best peut être trouvé ici.

Jusqu’où défendre les animaux?

La question des « droits des animaux » connaît ces dernières années une évolution sans précédent dans les discussions entre philosophes, juristes, scientifiques et religieux. Parallèlement, ces discussions engagent également les citoyens « ordinaires », les associations et les ONG. Mais ces réflexions sont loin d’aller dans le même sens. Elles ne proposent ni les mêmes justifications, ni les mêmes fins, ni les mêmes moyens.

Le problème du fondement du mouvement pour les droits des animaux est du point de vue philosophique le plus fondamental. Est-ce l’utilité, entendue au sens d’un calcul général des plaisirs et des peines, qui permet de défendre les animaux contre les souffrances inutiles? Est-ce plutôt une théorie des droits, fondée sur la sensibilité des animaux ou sur leur subjectivité, qui, à la manière d’un atout, coupe sur les intérêts que les êtres humains pourraient avoir à leur exploitation. Ou bien faut-il accorder à certaines féministes éthiciennes du care que le langage des droits est symptomatique de modes de pensée patriarcaux et que le fondement de la défense des animaux ne peut relever que du soin, du souci et de la sollicitude ?

La réponse à la question des fondements ouvre sur la question des fins. S’agit-il de réformer certaines pratiques nuisibles au bien-être des animaux, « d’agrandir les cages », comme on l’entend dire parfois, ou d’améliorer les conditions d’abattage ? Faut-il aller plus loin et exiger l’abolition de certains usages jugés particulièrement cruels, comme l’élevage industriel ou la corrida ? Ou, plus radicalement, est-ce que respecter les animaux au sens fort n’exige pas l’abolition de leur exploitation pour la nourriture, les loisirs et la science ?

Enfin, la question de savoir jusqu’où défendre les animaux intéresse celle des moyens. L’engagement politique et institutionnel (éducation, information, manifestations, vote) est-il le seul geste démocratique envisageable ? La désobéissance civile peut-elle être légitime ? Et s’il est vrai, comme l’a suggéré le prix Nobel de Littérature Isaac Bashevis Singer, que l’exploitation des animaux a quelque chose de comparable à une domination totalitaire, certaines actions directes peuvent-elles être justifiées moralement?

Minecraft: un jeu qui est tout un symbole

Minecraft est un jeu vidéo qui a un succès formidable, alors qu’il n’est même pas réellement sorti, la version finale étant pour la fin de l’année 2011. 2 millions d’exemplaires de la version test ont déjà été vendus et l’engouement est très grand dans la « communauté » des gens qui jouent sur leur ordinateur.

Paradoxalement, le jeu utilise le langage informatique « java » et est donc… très moche. Mais il nous intéresse au plus haut point : ce jeu est exemplaire de par son identité opposée à la libération animale et la libération de la Terre !

En quoi consiste le jeu ? Il s’agit d’un monde rempli de cubes. Ces cubes représentent la nature, ou tout au moins des éléments de celle-ci, et même pas n’importe lesquels (nous allons voir pourquoi).

On a donc des des cubes qui forment des arbres, des cours d’eau, du sable, des montagnes, etc. On représente un personnage qui, en cliquant, détruit ces cubes pour avoir des matières premières.

En sélectionnant ces matières premières obtenues, en les combinant, on forme alors des outils et des matériaux, comme des planches, des pioches, etc.

Dans l’image ci-dessous, on a le modèle pour faire une selle, avec du cuir.

On l’aura compris : le jeu consiste en une apologie de la destruction de la planète et de ses habitants.

La situation des animaux dans le jeu est vraiment exemplaire de l’oppression. Leur fonction est évidemment ici de servir de nourriture. Ou alors au mieux d’agréments du jeu, de nouveaux « décors » à ajouter : on peut voir ici une vidéo édifiante d’oppression où on a une présentation de « l’amusement » à voir des oiseaux manger des graines qu’on leur lance, à avoir des ours et des sangliers évidemment méchants, des chevaux qu’il faut « éduquer » au moyen de nourriture, la création d’élevage etc.

On remarquera d’ailleurs que les animaux tuent toujours les animaux plus petits qu’eux… Une vision du monde qui reflète bien l’esprit de domination!

Mais voici une présentation des animaux qui sont dans le jeu et qui « doivent » être utilisés par les humains, dans une démarche d’exploitation animale.

Cochon

Le cochon apparait sur l’herbe, à la surface. À sa mort, il donne des côtelettes qui restaurent de la vie et qui peuvent être cuites afin d’en restaurer plus. Le cochon peut être monté à l’aide d’une selle mais il est impossible à contrôler. Si le cochon meurt carbonisé (avec de la lave ou un briquet) , il libèrera des côtelettes déjà cuites. Un cochon touché par un éclair sera transformé en homme cochon.

Vache

La vache apparait sur l’herbe, à la surface. À sa mort (qui peut survenir d’une chute sans l’intervention quelconque du joueur), elle donne du cuir, utile à la fabrication d’armures en cuir et certains meubles. On peut récupérer du lait en faisant un clic droit sur ses mammelles à l’aide d’un seau, le lait servant à la préparation des gâteaux.

Poule

La poule apparaît sur l’herbe, à la surface ou naît d’un œuf jeté par un joueur. À sa mort, il donne des plumes utiles à la fabrication de flèches, de son vivant il peut pondre des œufs, utiles à la préparation des gâteaux ou comme armes de fortune non-mortelle (excepté sur les slims).

Mouton

Le mouton apparait sur l’herbe, à la surface. On peut lui retirer sa laine sans le tuer, le mouton sera alors nu et se comportera normalement. Sa laine est utile à la confection de tableaux, de lits, elle peut aussi être teinte pour donner des blocs de laine colorés à usage décoratif. On peut trouver des moutons blancs mais aussi gris et noirs qui donneront des blocs de laine déjà colorés, il existe aussi des moutons marrons, rose et vert qui sont plus rares encore. En utilisant du colorant, on peut créer ces moutons avec un clic droit sur un moutons normal.

Pieuvre

La pieuvre apparait dans l’eau à n’importe quelle profondeur. À sa mort elle donne des poches d’encres qui servent à teinter la laine. De la même façon que l’on trait une vache, on peut lui retirer du lait sans la tuer en visant sa bouche avec un seau.

Araignée

Ennemi attaquant au corps à corps, assez rapide. Elle est inoffensive de jour, à moins qu’on ne l’attaque. Suite à l’avancement du développement du jeu, elle est également capable de grimper aux murs verticalement, mais elle n’attaque pas pendant cette action. La tuer permet d’obtenir de la ficelle. Quand le jour se lève, les araignées agressives continuent d’attaquer, sauf si elles subissent des dégâts à cause d’une chute ou d’un cactus, auxquels cas elles redeviennent neutres.

On l’aura compris : Minecraft est une sorte de petit résumé des valeurs dominantes. Les joueurs rivalisent d’ailleurs dans la construction de villes ou de bâtiments fantasmagoriques, toujours plus grands et plus délirants. C’est le culte de la destruction de Gaïa, le culte fantasmatique de la « toute puissance » de l’humanité.

Voici quelques exemples.

Le succès de Minecraft, comme des jeux comme civilization, Zootycoon, etc. (et dont nous reparlerons), montre bien comment la culture dominante arrive à mobiliser les gens dans le sens voulu par ceux qui profitent de l’exploitation animale et de la destruction de la planète. Face à cela, seule une contre-culture sans compromis peut arriver à renverser la tendance!

Semaine contre la civilisation à Montréal

Du 5 au 12 mai 2011 aura lieu une « semaine contre la civilisation avec des réunions d’information et de débats. Voici la présentation de cette initiative:

Il faut abattre le capitalisme. Plusieurs autour de nous, de bien des manières, reconnaissent cet impératif. Nous éprouvons pourtant la nécessité de porter l’attaque au-delà de cette perspective restreinte.

Les générations futures se foutront bien de savoir si nous avons recyclé, si nous avons fait pression sur les dirigeants, si nous avons envisagé des alternatives devant le désastre : du plus plat des réformismes, celui qui nous suggère de consommer responsable-équitable-bio au réformisme plus agressif qui nous enjoint à l’action directe non-violente pour orienter cette civilisation. Ce dont illes auront cure, ce sera de pouvoir boire l’eau, respirer l’air, être nourri-e-s par la terre, offrir un monde habitable à celleux qui les suivront.

La dévastation ne peut plus s’étendre: elle est partout. Mais elle peut encore s’approfondir. C’est pourquoi celles/ceux qui ne veulent pas comprendre, qui s’obstinent à dialoguer avec le pouvoir -même en luttant, qui demandent plus de démocratie, qui ne souhaitent qu’une autre façon de gérer cette civilisation n’obtiendront de nous aucune explication.

Nous nous réunirons autour de ce constat : il faut détruire la civilisation avant qu’elle ne nous détruise. Mais comment ?

Nous ne sommes pas d’accord avec le primitivisme, qui est d’ailleurs de plus en plus anti-végan, se séparant en pratique du principe la « libération de la Terre » qui pour le coup est assumé en Amérique (du nord et du sud) d’une manière de plus en plus associée à la libération animale.

Cette « semaine contre la civilisation » est d’ailleurs organisée par « La mauvaise herbe » , une initiative primitiviste qui n’hésite pas à mettre en avant l’horrible livre « Le mythe végétarien; bouffe, justice et durabilité. »

Cet ouvrage est la bible anti-végan des primitivistes – nous en reparlerons très bientôt. Mais pour résumer, la libération animale est attaquée comme un produit du monde moderne et comme étant liée à l’agriculture qui serait la véritable première cause de la destruction des animaux. Le seul modèle vraiment écologiste serait le retour à une humanité peu nombreuse, pratiquant la chasse et la cueillette.

En tout cas, les questions posées par les primitivistes sont importantes, même si leurs réponses sont purement indiviualistes et consistent en une négation pure et simple de la société.

Voici d’abord le programme de la « semaine contre la civilisation », et un article (tiré de Vert et Noir) reflétant un aspect important de l’inquiétude écologiste face aux destructions en cours.

Jeudi 5 mai 2011, 17h

Le mouvement écologiste peut-il réellement contribuer à une transformation radicale de la société? :

Critique des mouvements écolos dominants d’une perspective anti-civilisationnelle

Conférencier : La Mauvaise Herbe, Lieu : Bar Populaire, 6584 St-Laurent, métro Beaubien

Langue : Français, traduction chuchotée vers l’anglais.

Vendredi 6 mai 2011, 19h

Première montréalaise du documentaire End:Civ, de Franklin Lopez, Suivi d’une discussion avec le réalisateur.

Lieu : L’Alizée, 900 Ontario Est, Langue : Anglais, sous-titré en français, traduction disponible pour la discussion.

Samedi le 7 mai 2011, 19h

Une critique de la science, Conférencier: Denis Rancourt (physicien et anarchiste)

Lieu: 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX, Langue : Français, traduction chuchotée vers l’anglais.

Autres détails : Activist Teacher, le site de Denis Rancourt

Lundi le 9 mai 2011, 19h

Luttes autochtones contre la civilisation occidentale

Conférencier: Clifton Arihwakehte Nicholas, Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX

Langue : Anglais, traduction chuchotée vers le français. Autres détails : Garderie disponible

Mardi le 10 mai 2011, 19h

Histoire de l’action directe au Canada, Conférenciere : Ann Hansen, auteure du livre Direct Action, par webcam

Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX, Langue : Anglais, traduction chuchotée vers le français.

Autres détails : Garderie disponible

Jeudi le 12 mai 2011, 18h

Au-delà de la civilisation :

Agir pour démanteler la civilisation, Conférencier : atelier collectif

Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX

Langue : Français, bilingue, traduction disponible. Autres détails : Bouffe collective et garderie disponible.

Voici donc un article intéressant, présentant bien une question qu’on se pose forcément…

Que faut-il de plus ?

Quelqu’un m’a posé la question: « La destruction en cours de la planète n’est manifestement pas suffisante pour nous pousser à bout. Que faut-il de plus pour que les masses s’unifient derrière une solution efficace ? »

Je me demande sans cesse ce qu’il faut. Jusqu’où devra aller le massacre de la planète ? Devrons-nous souffrir de la faim et suffoquer pour briser le déni ? Nous sommes presque à ce point et le déni est toujours généralisé.

Une partie du problème est que la plupart des gens de notre culture n’ont aucune idée de la façon de vivre en dehors de la production industrielle, sans eau au robinet, sans la nourriture du supermarché. Si le système est la seule source de biens de première nécessité et si les gens ne connaissent aucune autre façon de vivre, alors il continueront de le défendre.

C’est comme le marché de l’emploi. Dans le contexte de cette société, la plupart d’entre nous ne peuvent vivre sans un travail bien qu’il soit l’arène dans laquelle nous sommes exploités. Alors tant que nous n’avons pas compris que ce système doit être abandonné et tant que nous ne pouvons vivre autrement, nous ne pouvons que lui demander de fournir plus de travail.

J’ai vu à la TV quelqu’un montrer des légumes communs (aubergines, tomates, etc.) à des écoliers et aucuns d’eux ne pouvait les identifier. La plupart des adultes des dernières générations ont perdu la capacité de produire de la nourriture, même si nous pouvons toujours l’identifier. Et encore plus grave, la plupart des gens n’ont pas accès à la terre.

Beaucoup de gens disent qu’il faut vivre en communauté, faire de la permaculture, des éco-villages, des jardins communautaires, et ainsi de suite pour montrer un exemple de vie soutenable. Je pense qu’il n’y a pas de mal à faire ces choses mais ce n’est pas ce qu’il faut pour vaincre le système.

Il y a eu plusieurs cultures qui vivaient de manière soutenable sur ce continent (Amérique) et ils ont été tous systématiquement annihilés. Il ne suffit pas de se retirer. Dès que le système voudra ce que vous avez ou demandera votre participation, il détruira violemment tous ceux qui ne coopèreront pas.

Qu’est-ce qu’il faudra faire ? Les mêmes choses qu’il faut pour faire une révolution et extirper toutes les formes d’exploitation et d’oppression.

Il faut dans un premier temps :

  • une large prise de conscience que ce système est en train de tuer la planète et que pour sauver toute vie, y-compris la nôtre, nous devons vaincre et démanteler le système.
  • la reconnaissance de qui est l’ennemi
  • le sentiment qu’il est plus dangereux de laisser aller les choses que de se lever et se battre
  • une vision d’un avenir viable

Ces idées se répandent et nous devons les diffuser encore plus, pour unir le plus de gens possible en un mouvement puissant pour abattre ce système. Nous devons relier la lutte pour la sauvegarde de la planète avec la lutte pour la justice sociale car l’ennemi est le même.

Déclaration finale de Walter Bond au tribunal

Voici la déclaration faite par Walter Bond avant que ne tombe le verdict. Cette déclaration est conforme à la position de Walter Bond depuis le début… Et cette position a payé. Walter Bond a en effet reçu la peine minimale prévue pour ses actes.

Son caractère politique a dû être reconnu par la juge, qui a même mentionné les 50 lettres de soutien à Walter Bond qu’elle a reçu. Elle a également noté la qualité de ses écrits!

Déclaration finale au tribunal

Je suis ici aujourd’hui parce que j’ai incendié la Sheepskin Factory [usine de peaux de moutons] à Glendale, au Colorado, un business qui vend des peaux, des fourrures et d’autres peaux d’animaux morts.

Je sais que beaucoup de gens pensent que je devrais éprouver des remords pour ce que j’ai fait, j’imagine que c’est le moment traditionnel où je suis supposé m’aplatir et implorer le pardon.

Je vous assure que si c’est ce que je ressentais, je le ferais. Mais je ne suis pas désolé pour quoi que ce soit que j’ai fait. Pas plus que je ne crains l’autorité de cette cour.

Parce qu’est un système injuste tout système de lois qui donnent de la valeur aux droits de l’oppresseur sur ceux qui sont foulés aux pieds.

Et bien que cette cour a un pouvoir réel et concret, je remets en question sa moralité. Je doute que la cour soit intéressée dans les précautions que j’ai pris pour ne blesser aucune personne ni aucun passant, et même qu’elle se sente encore moins concernée par les vies misérables qu’ont enduré, jusqu’à la mort, les moutons, vaches et visons, et cela afin qu’un business du Colorado puissent tirer du profit de leur enfermement, de leur esclavage et de leur meutre.

Evidemment, les propriétaires et employés de la Sheepskin Factory ne s’y intéressent pas non plus, ou bien ils ne participeraient pas à un tel macabre et sinistre commerce sanglant. Aussi ne perdrais-je pas mon souffle devant des oreilles sourdes.

C’est pourquoi je me suis tourné vers l’action directe illégale pour commencer, parce que vous vous en foutez. Peu importe à quel point nous, activistes des droits des animaux, parlions ou raisonnions avec vous – vous vous en foutez. Eh bien, Monsieur Livaditis (propriétaire de la Sheepskin Factory), je m’en fous de vous.

Il n’y a aucune base commune entre moi et des gens comme vous. Je veux que vous sachiez que peu importe les sentences de la cour à mon sujet aujourd’hui, vous n’avez rien gagné !

La prison n’est pas une grande privation pour moi. Dans une société qui accorde de la valeur à l’argent plus qu’à la vie, je considère que c’est un honneur que d’être prisonnier de guerre, la guerre contre l’esclavage inter-espèces et la transformation des êtres en objets !

Je veux également que vous sachiez que je ne vous paierais jamais volontairement le moindre dollar, même pas un ! J’espère que votre business s’effondrera et que vous étoufferez jusqu’à la mort de chaque centime de profit tiré du meurtre d’animal ! J’espère que vous en étoufferez et que vous irez en enfer !

A mes soutiens, je voudrais dire merci pour être derrière moi et montrer à cette cour et ces exploiteurs d’animaux que nous soutenons les nôtres et que nous, en tant que mouvement, ne nous excuserons pas d’avoir un sens de l’urgence.

Nous n’allons pas placer les intérêts du commerce au-dessus de la sentience [le fait d’avoir des sens] ! Et nous ne cesserons jamais d’éduquer, d’agiter et de se confronter aux responsables de la mort de notre Mère la Terre et de ses Nations Animales.

Mes frères et soeurs véganes, nos vies ne sont pas les nôtres.

L’égoïsme est la voie des gloutons, des pervers et des pourvoyeurs de l’injustice. Il a été dit que pour que le mal triomphe, il suffit que les gens biens ne fassent rien. Inversement, tout ce qu’il faut pour stopper l’esclavage, l’utilisation, le mauvais traitement et le meurtre des animaux non humains est de se décider à lutter dans leur intérêt!

Faites ce que vous pouvez faire, faites ce que vous devez, devenez des guerriers vegans et de vrais défenseurs des animaux, et ne faites jamais de compromis avec les meurtriers et les profiteurs.

Le Front de Libération Animale est la réponse. Rarement dans l’histoire humaine y a-t-il eu un tel mouvement particulier efficace puissant et international.

Vous ne pouvez pas rejoindre l’ALF, mais vous pouvez devenir l’ALF. Et c’est la chose dont je suis le plus fier, la chose la plus puissante que j’ai jamais faite.

Quand vous quitterez cette salle de tribunal aujourd’hui, ne soyez pas dans le désarroi en raison de mon incarcération. Toute la férocité et l’amour dans mon coeur continuent à vivre.

A chaque fois que quelqu’un libère un animal et détruit ses cages, ils continuent à vivre ! A chaque fois qu’un activiste refuse de se soumettre aux lois qui protègent le meurtre, ils continuent à vivre !

Et ils continuent de vivre à chaque fois que le ciel de la nuit illuminent les ruines en flammes d’un autre business d’exploiteurs d’animaux !

C’est tout votre honneur, je suis prêt à aller en prison.

Walter Bond  # P01051760
PO Box 16700
Golden, CO 80402-6700

Walter Bond a été condamné

La sentence est tombée aux Etats-Unis pour l’activiste Walter Bond. Il a été condamné à cinq années de prison ferme et trois ans avec sursis – sa réaction au juge : « Je suis honoré d’être un prisonnier de guerre. »

Il a également été condamné à payer 1 million 170 000 dollars à l’usine de peau de mouton qu’il a incendié – il a directement annoncé qu’il ne paiera pas : « Je ne suis pas désolé pour ce que j’ai fait. »

Nous reviendrons sur les réactions à cette condamnation.

LTD a parlé à de nombreuses reprises de Walter Bond.

Initialement, nous l’avions interviewé à l’occasion de la chanson « To Ashes » du groupe vegan straight edge Earth Crisis (Interview autour de « To ashes »). La chanson parle de quelqu’un incendiant un laboratoire de drogues afin d’aider son frère, et c’est justement l’histoire de Walter Bond qui a été prétexte à cette chanson.

Nous avons ensuite parlé en juillet 2010 de l’arrestation de Walter Bond, accusé par le FBI d’être à l’origine de l’incendie d’une usine de peaux de moutons à Denver dans le Colorado (500.000 dollars de dégâts), mais aussi de l’usine de cuirs Tandy, dans l’Utah, et du restaurant Tiburon spécialisé dans le foie gras.

Cela a été prétexte à quelques réflexions de notre part (Du nouveau sur Walter Bond, et quelques réflexions).

En août, nous avions mentionné la répression qui s’en est suivie contre l’activiste Peter Young ainsi que la position de Walter Bond suite à son arrestation (La situation de Walter Bond, et sa déclaration très claire). En août toujours, nous parlions également du fait que « Walter Bond réitère sa position et est salué par les elfes végans. »

Walter Bond a exprimé son point de vue à de nombreuses reprises également: on peut voir la Lettre de Walter Bond (libération animale et libération de la Terre) où il expose sa conception, L’usine, les animaux et le véganisme où il retrace son parcours d’ouvrier dans la construction d’abattoirs et sa prise de conscience, et enfin Biocentré et symbiotique où il expose le rapport étroit et évident entre libération animale et libération de la Terre.

Voici une photo de Walter Bond, alors qu’il travaillait dans un sanctuaire (il est ici avec Jeffrey).

Rappelons qu’il existe aux USA un comité de soutien à Walter Bond: http://supportwalter.wordpress.com/

Walter Bond a été nommé comme l’un des porte-paroles de l’office de presse de la Libération Animale d’Amérique du Nord (à titre symbolique surtout, bien sûr). Enfin, une marque de vêtements vegan straight edge a produit des t-shirts de soutien.

« Les insurgés de la terre »

Sur Arte on pouvait voir hier soir un documentaire intitulé « Les insurgés de la terre. » On peut le voir en ligne ici, et il repassera également sur Arte jeudi 10 à 10h30 et mercredi 16 à 2h50.

Il vaut très certainement le coup d’oeil de par son aperçu de l’activisme aux USA. On peut voir notamment des activistes d’Earth First ! (ceux et celles d’EF ! Humboldt).

Il est également parlé, mais à mots couverts et sans explication aucune, de l’ELF et de l’ALF, mais principalement sous l’angle de la répression. Le contenu écologique n’est d’ailleurs pas abordé en soi, ni la libération animale pourtant clairement en rapport comme on le voit dans le documentaire. En fait, ce dernier tend à accréditer la thèse comme quoi les actions illégales seraient une sorte d’épiphénomène de jeunes idéalistes.

Il s’agit donc d’un documentaire au côté « sensationnel », jouant sur le côté « activiste » mais sans parler du contenu (d’où la mise en avant d’une activiste française qui en Allemagne fait de l’escalade pour bloquer par exemple les convois nucléaires).

La révolution ne sera pas télévisée. La culture alternative ne passe pas par TF1, ni même par Arte!