« Cecil le lion, ou l’indignation de l’indifférent »

L’affaire du pauvre lion surnommé Cecil et assassiné continue de faire beaucoup de bruit. Nombreuses sont les personnes qui prennent conscience de la situation et saisissent l’ampleur du désastre, notamment ce qui touche aux pseudos chasses organisées.

Sur internet, surtout aux États-Unis mais également dans d’autres pays comme l’Autriche ou la Suisse, on retrouve des portraits de chasseurs partis en Afrique et tuant des animaux « commandés »: des rhinocéros, des girafes…

Naturellement, il s’agit toujours ici de gens appartenant aux catégories sociales les plus élevées, qui lorsqu’elles se défendent utilisent un argument simple: elles ont payées, il y a eu un contrat, elles n’ont donc rien à se reprocher…

On comprend bien ici qu’il y a une idéologie dominante à écraser. Tant que dominera ce prestige du « luxe » – la chasse en Afrique, le « cuir » des belles voitures, la « fourrure »… – la société ne progressera pas sur la voie du véganisme. C’est une question de style de vie.

Le « scandale » continue en tout cas, et c’est une bonne chose. De nombreuses compagnies d’aviation ont annoncé ne plus accepter de transporter des « trophées ». Des gens discutent de la situation, c’est une actualité.

Il est donc dans l’ordre des choses que certains soient contre, afin de s’opposer à l’émergence de la question animale.

Le Figaro a ainsi publié une tribune ignoble, où quelqu’un met en avant l’idéologie prétentieuse et vaine des ONG, affirmant même sur « le ton de la blague » qu’il devrait tuer le frère de Cecil pour y tatouer les noms des victimes humaines en Afrique…

Une manière classique d’opposer l’humanisme à la cause animale, alors que justement cette dernière est le prolongement logique de l’humanisme… Le pseudo humanisme n’étant en réalité que notre ennemi juré: l’anthropocentrisme.

On notera au passage que l’auteur de la « tribune » est un Belge habitué des prises de positions ultra-conservatrices. L’ONG à laquelle il appartient – et qu’il ne pourrait mettre en avant ici dans sa tribune sans accord au moins tacite – dispose d’un soutien vraiment très important d’entreprises et d’institutions. Son président a un long parcours dans le milieu des ONG, après avoir étudié le business à la prestigieuse université de Dauphine et avoir été journaliste à BFM Business.

Cecil le lion, ou l’indignation de l’indifférent

FIGAROVOX/HUMEUR – Joseph Junker, ex-volontaire de solidarité internationale, dénonce l’hypocrisie qui enveloppe l’indignation autour de la mort du Lion Cecil et l’indifférence des Occidentaux à l’égard du continent africain.


Joseph Junker est blogueur. Il a été bénévole pour l’ONG Solidarité internationale

Raiza n’avait pas plus de 14 ans quand je l’ai rencontrée. Comme toutes les jeunes filles philippines de son âge, elle était restée plus une enfant qu’une adolescente, combinait l’espièglerie de la jeunesse, l’indolence des pays tropicaux et ce culte de l’instant présent qui permet aux plus démunis de survivre avec le sourire à leur condition misérable. Abandonnée par sa mère et sans famille, elle avait été recueillie au milieu d’une douzaine d’autres jeunes filles par des frères catholiques, qui nous avaient demandé entre autres choses de nous occuper d’elles et de les envoyer à l’école. Prenant notre tâche à cœur, nous décidâmes le jour de ses 15 ans de lui offrir le minimum syndical que permettait notre temps limité de volontaire: un petit gâteau, une bougie, et quelques chocolats pour elle toute seule, de la part des frères. Lorsque les lumières s’éteignirent, qu’elle entendit «happy birthday to you» et nous vit arriver avec notre dérisoire petit présent, elle fondit en larmes et ne sut dire un mot pendant plusieurs minutes, avant de nous déclarer entre deux sanglots que personne n’avait jamais fait attention à elle, et que c’était le plus beau jour de sa vie. Elle avait 15 ans, et elle mourrait. Pas de cette mort violente de faim, de soif ou de coups. Elle mourrait de l’indifférence de ses semblables, de notre indifférence, de votre indifférence.

Un autre volontaire, parti lui en Guinée nous racontait la violence de la vie en Afrique, bien physique cette fois, et dont il avait été témoin. A l’hôpital St Gabriel de Conakry, on comptait certaines semaines une demi-douzaine de morts. Des adultes blessés par des rebelles? Des femmes violées par quelques milices? Des malades d’Ebola venu finir leurs misérables jours dans un minimum d’humanité? Même pas. Presque tous des enfants. A 6 ans leur corps décharné à peine plus gros que celui d’un nourrisson, morts de malnutrition. Seul voie de survie pour ce volontaire: se blinder et parvenir sans jamais s’y faire à continuer à soigner tous ces anonymes qui s’accrochent à la vie.

Ce soir, Mamadou va mourir, noyé avec les 14 érythréens qui l’accompagnaient, tous emportés par une lame sur le chemin de la Crète. Comme ils sont peu nombreux, la seule personne qui en entendra parler sera l’ouvrier communal chargé d’enterrer son corps.

Pourquoi je vous raconte tout ça? Parcequ’il y a statistiquement 1% de chances que vous sachiez situer Conakry sur la carte du monde, 0% de chances que vous ayiez entendu parler un jour de Raiza et il est une certitude que Mamadou ne sera rien de plus pour vous qu’une statistique que vous lirez dans quelques mois.… mais qu’à moins de revenir à l’instant de vacances ou d’être un citoyen raisonnablement déconnecté, vous avez 99% de chance d’avoir entendu parler du décès tragique de Cecil, le lion zimbabwéen (Simba quoi?) le plus célèbre du monde. Il est même problable que vous connaissiez le nom de son frère, dont vous avez appris en même temps l’existence et la survie avec un soulagement non-dissimulé. Peut-être même avez-vous comme 220.000 autres signé la pétition réclamant justice pour l’infortuné Cecil et son «assassin», ce riche amerloque, ce méchant presque trop laid pour être vrai qu’on imagine déjà membre du NRA, du GOP, roulant en SUV, homophobe, raciste, et tout les autres crimes de la terre – (je parle naturellement ici des crimes vraiment graves, naturellement) et dentiste par-dessus le marché!

Oh bien-sûr, il est regrettable que des individus s’amusent à tuer inutilement pour leur amusement personnel de grandes et belles bêtes, rares et menacées de surcroît. Mais comment ne pas s’attarder un instant sur ce que nous dit cette histoire de l’Afrique, ce continent de l’indifférence, où la mort d’un lion dépassera bientôt en impact celle de Nelson Mandela, faisant de cet animal l’africain le plus aimé et le plus regretté à travers le monde? Permettez-moi d’en tirer 2 enseignements:

Premièrement, nous n’avons pas grand-chose à cirer des enfants de Conakry. Ou plutôt si, nous préfèrerions qu’ils ne meurent pas, sommes éventuellement prêt à leur faire l’obole lorsque leur existence se fait un peu trop gênante pour la tranquilité de notre conscience et de notre petit système moral. A condition évidemment qu’ils restent en Guinée (où ça?), évitent d’y avoir eux-même trop d’enfants et surtout que nous n’ayons pas à y mettre les pieds un jour… sauf sur la plage bien entendu.

Deuxièmement, l’histoire de la mort de Cecil nous intéresse. Elle ne nous intéresse pas parceque nous regrettons de ne plus pouvoir l’admirer au cours du safari que vous projettez de faire à la noël au Simba… (euh… où ça déjà?), mais parcequ’elle correspond au mythe de la vision de l’homme qui prévaut dans notre société: La bêtise de l’homme détruisant la beauté de la vierge nature et la pureté des majestueux êtres qui la peuplent, comme c’est beau et tragique! L’homme blanc qui vient exploiter les ressources de l’Afrique, quelle horreur absolue dans notre référentiel idéologique! Mais surtout, ce qui est très pratique: le coupable est parfait! Il ne nous ressemble pas, vous et moi n’aurions jamais fait une chose pareille (vous n’en avez de toutes façons pas les moyens), il est loin de nous et nous évite franchement de nous remettre en question. Pas de petites sueurs froides au moment de le condamner, pas d’épine dans la conscience, le confort moral parfait pour pouvoir s’indigner tranquillement assis derrière son ordinateur. Ca tombe à pic d’ailleurs, en été il ne se passe jamais rien!

En fait, la morale la plus intéressante de cette histoire est que l’indignation du bobo requiers l’indiférence du nanti.

Alors si vous avez lu ceci et vous êtes reconnu dans ces lignes, il n’est pas trop tard pour changer et pour renier cette indifférence: commencez par entendre la question que votre fils vient de vous poser et que vous n’avez pas répondue, absorbé par votre écran. Puis regardez une fois dans les yeux le prochain sans-abri que vous croiserez (ne fût que pour vous rendre compte que c’est un être humain qui vous parle plutôt qu’une machine à demander des sous) et demandez-vous sincèrement par quel moyen pour pourriez aider les quatre Zimbabwéens sur cinq qui vivent dans la misère. Vous m’éviterez ainsi la tentation d’aller descendre le frangin de Cecil et de lui tatouer sur le corps les noms de Raiza, Mamadou et de tous les petits morts de Conakry. Peut-être qu’ainsi, au milieu de cette mondialisation de l’indifférence, vous feriez enfin un peu attention à eux.

La mort monnayée et organisée du lion Cecil

Cecil était un lion, un beau lion âgé de 13 ans, qui vivait au Zimbabwe. Cecil était, en théorie, protégé, et aussi suivi grâce à un collier émetteur posé par des scientifiques et il était la « star » des touristes de la réserve Hwange au Zimbabwe.

Cecil a été massacré par un richissime dentiste américain, Walter Palmer, qui a d’abord blessé le lion avec une flèche, l’a ensuite traqué pendant 40 heures avant de l’achever, de le dépecer et de le décapiter. L’homme était manifestement déterminé à abattre Cecil !

Cet homme est un récidiviste car en 2008 déjà, il a tué un ours noir aux États-Unis, qui était à plusieurs dizaines de kilomètres hors de la zone de chasse pour laquelle il a un permis de chasse. L’histoire s’est dramatiquement répétée avec Cecil car l’assassin aurait déboursé 50 000 dollars pour tuer ce lion en l’attirant hors du parc où il était protégé. Mais il n’est pas le seul coupable dans cette affaire : l’organisateur de safari de grande chasse a été inculpé pour ne « pas avoir empêché une chasse illégale »et le propriétaire de la ferme où le corps inerte du lion a été retrouvé est également complice de ce meurtre entièrement prémédité.

Des peluches ont été déposées devant le cabinet de ce dentiste au passe-temps morbide, une pétition pour réclamer justice pour Cecil a récolté pour le moment 800 000 signatures, des appels aux dons pour financer les campagnes pour la protection animale et pour l’unité de recherche d’Oxford (les scientifiques de cette unité suivaient Cecil via son collier GPS) sont ouverts.

Sur internet la grogne monte, les réactions sont multiples et très nombreuses, ce qui est normal, heureusement qu’il existe ce qu’on appelle une opinion publique, qu’il y a des gens capables d’éprouver des émotions, de la colère face à l’injustice.

Cela a été tellement fort que le journal Le Monde a publié un article sur les réactions sur internet à la rubrique… faits divers. La question animale est habilement rejetée au second plan, afin de faire en sorte de présenter les gens comme des idiots réagissant de manière épidermique, avec une propension à la méchanceté, etc.

Il s’agit de présenter les gens comme des incapables, des êtres infantiles, afin de les priver de leur droit de ressentir et de décider.

Bien sûr, il est dommage que les émotions soient parfois sélectives; les informations se diffusent de manière très hasardeuse et les gens se prennent d’émotions pour quelque chose qui les frappe en particulier, alors que c’est peut-être horrible et pourtant banal en même temps, malheureusement.

Cela veut simplement dire qu’il faut systématiser la critique, et non pas dénoncer les gens…

Il y aussi le fameux argument selon lequel se préoccuper des animaux irait à l’encontre de se préoccuper des humains. C’est un argument particulièrement terroriste, et particulièrement classique. Voici deux exemples de commentaires, l’un pour l’autre contre cet argument.

 « Je trouve stupide que de comparer des faits à d’autres, plus graves ou qui n’ont rien à voir avec ce dont on parle. C’est une (mauvaise) façon d’excuser une action. Oh, il a tué un lion mais il y a 200 morts par noyades et personne ne s’en offusque ! Oh, j’ai tué un homme mais Hitler en a tué bien plus! C’est du même tabac.Je dis simplement que tuer un si bel animal pour le triste plaisir d’en faire un trophée, ça relève de la psychiatrie lourde. Tuer, c’est ce qui fait bander les chasseurs. »

« Je ne suis pas d’accord avec vous. Je trouve choquant d’avoir une telle avalanche de réactions pour un lion et rien, par exemple, pour les 200 morts par noyade dont vous parlez. Ce déséquilibre est inquiétant, car il montre qu’en même temps que nous devenons de plus en plus sensibles de la cause des animaux, nous sommes également de plus en plus indifférents à la mort d’hommes et de femmes »

Voici un commentaire venu en soutien à l’entreprise de dénonciation des amis et amies des animaux :

« + 1, Mat. C’est James qui mélange tout. Ce qui est sous-jacent à ces déferlements de réactions, c’est effectivement l’hyper-sensibilité des gens face aux drames animaliers (que l’on peut comprendre… mais dans certains limites…) et l’indifférence face à certains drames humains. Cela dit, je note qu’en donnant un nom aux animaux, on les humanise et provoque cette empathie. Rendons leurs noms aux Syriens, migrants, femmes et enfants victimes de violence, et on pleurera peut-être leur sort… »

Ce qui est aussi frappant, c’est que cette attitude typiquement anti-démocratique qui vise à dénoncer les gens, à les présenter comme des « idiots », peut tout à fait exister chez certaines personnes prétendant intervenir pour défendre les animaux :

 « on peut comparer la vie (et la mort) de ce lion, avec celles des milliards d’animaux qui vivent (et meurent) dans les plus grandes souffrances dans nos élevages industriels. pourquoi ne réagit on pas dans le deuxième cas ? »

Dire les choses ainsi est faux parce que justement la conscience de la réalité ne tombe pas du ciel, il faut savoir étudier et présenter les faits. Si personne ne le fait, alors on ne peut arriver à rien.

D’ailleurs, si ce n’était pas le cas, on pourrait accuser la quasi totalité de l’humanité d’être criminelle pour laisser l’exploitation animale se généraliser et de ne pas être à la hauteur face au changement climatique.

Or, elle l’est et en même temps elle ne l’est pas: c’est justement tout le sens de la bataille à mener pour la prise de conscience et l’intervention pour la libération animale, la libération de la Terre!

Et dans cette perspective, les « appels au calme » sont en décalage total avec la réalité, tout comme les tentatives de dire que des « réformes » seraient possibles… Sur combien de temps, 1000 ans que nous n’avons pas?

Les chasseurs et les enfants à l’école

C’est un article édifiant du Canard enchaîné, sur l’activité des chasseurs à l’école…

Il y a quelque chose qui doit par contre nous interpeller. Il y a suffisamment d’amis et d’amies des animaux en France pour compiler toutes ces activités des chasseurs. Pourquoi n’est-ce pas fait?

Il ne s’agit pas que de dénoncer les chasseurs ou la chasse, mais bien de relier ces faits à l’exploitation animale en général, pour comprendre comment elle s’organise, comment elle agresse les esprits, comment elle impose sa culture.

Encore une fois, il apparaît que sans ancrage local, la critique générale ne dispose pas d’assez d’énergies…

Ce n’est que d’un entrelacement de groupes locaux, échangeant expériences et informations, soulevant l’opinion publique, qu’on peut arriver à une vraie mobilisation pour les animaux… Et bien sûr, au coeur de tout cela, il ne doit pas y avoir les humains, et leur anthropocentrisme, réformiste ou « antispéciste », mais les animaux eux-mêmes, donc la Nature sauvage, les refuges…

Les « battues du château de Chambord »

Voici un article qui soulève le voile sur ce qui est normalement habilement caché. Nous avons déjà parlé de ces chasses qui sont un lieu de prestige, où se rencontrent les gens de la « haute », le gratin de la haute bourgeoisie. Voici comment le journal Le Monde, dans son magazine, présente ces chasses officielles de l’Etat, en tentant de gommer l’aspect totalement élitiste propre aux riches en parlant de « survivance monarchique ».

En réalité, on est là dans le reflet le plus simple du capitalisme. Et si jamais le mot révolution doit avoir véritablement un sens autre que symbolique, cela veut dire faire de ce lieu un sanctuaire, et se débarrasser de tous ces gens de la haute, pour que ceux d’en bas puissent donner leur avis! Et on est tout à fait en droit de penser que si on laisse parler les gens, il ne seront pas d’accord pour l’exploitation animale et la destruction de la planète au service du profit…

Chambord, les chasses bien gardées de la République

Politiques, grands patrons et hauts fonctionnaires continuent de se presser aux battues du château de Chambord. Une survivance monarchique encore largement financée par l’Etat.

Un jour de juin, fêtant son demi-siècle à la mairie de Villermain, à 20 kilomètres au nord de Chambord, Gérard Plessis a contemplé ses cadeaux. Une veste de chasse, la médaille d’or du Sénat et celle du conseil général. Devant le préfet et la sénatrice du Loir-et-Cher, l’ancien maire s’est lancé, un peu tremblant : « Maintenant, peut-être pourrai-je être invité à la chasse du château ? »

La question s’est perdue dans le cliquetis des verres de crémant de Loire. Ne pénètre pas qui veut dans l’ancien fief de François Ier, placé sous la haute protection du chef de l’Etat. Les chasses de Chambord ont survécu à deux révolutions et cinq Républiques. On y a connu des rois descendant de Paris avec leurs courtisans, et des présidents, Pompidou ou Giscard, accueillant les têtes couronnées.

Les privilèges féodaux ont été abolis en 1789 et les chasses présidentielles définitivement supprimées par Nicolas Sarkozy, en 2010. François Hollande s’est longtemps gardé d’y mettre le pied. En décembre, lors d’une visite surprise, il a insisté sur la vocation touristique du château. Sans un mot pour les chasseurs, qui n’ont guère changé leurs habitudes depuis des années. Un cinquième du domaine a été ouvert au public, mais seules quelques gâchettes choisies sont conviées à des rassemblements qui n’ont pas grand-chose à envier aux parties de chasse staliniennes de la bande dessinée d’Enki Bilal.

Certains vendredis (et quelques mardis) entre septembre et février, les routes traversant le domaine sont, au petit matin, coupées par la gendarmerie. « C’est comme ça qu’on apprend qu’il y a une chasse au château », explique agacé un propriétaire voisin alors contraint à faire de grands détours. « Ce n’est jamais annoncé à l’avance, même pas dans la presse locale. »

Pour pénétrer dans la « mecque de la chasse », «  il faut faire partie de la cour, ou avoir des amis haut placés ».

Devant les tours embrumées du château, trente hommes, parfois une femme ou deux, en bottes et Barbour, enfilent les gilets fluo réglementaires et grimpent dans l’une des cinq Land Rover du domaine. Les fox aboient, la chasse commence, à cor, à cris et sans témoins. Pour pénétrer dans la « mecque de la chasse », magnifique forêt de chênes et de bouleaux de 5 440 hectares clos de murs, « il faut faire partie de la cour, ou avoir des amis haut placés, explique un élu voisin du château. Il n’y a que ça qui marche. »

On essaie donc de se faire inviter, en toute candeur journalistique. Pas pour tenir un fusil (on n’a pas le permis), juste pour assister au spectacle de cette « tradition républicaine » racontée aux touristes de Chambord et financée en partie par les deniers publics. N’a-t-on pas vu Christine Boutin trotter derrière son mari chasseur ? Ou Bernadette Chirac en rabatteuse, chapeau à plume et bottes de cuir, au grand dam de son mari et de sa fille, tous deux antichasse ? « C’est vrai, j’étais là », confirme Claude Bartolone.

Le président PS de l’Assemblée nationale est aussi président de l’Association des amis de Chambord, instance stratégique pour les parties de chasse. Ce passionné, qui traque le sanglier depuis son enfance, ne rate pas une saison depuis les années 1980. Mais il ne détient pas les clés du domaine. Pas plus que Maurice Leroy, président UDI du conseil général, qui assure, « vraiment désolé », n’avoir pas la main sur les « fusils de Chambord », comme s’appellent les chasseurs entre eux.

Pierre Charon, président du domaine national de Chambord sous Sarkozy, vient d’être nommé par lui délégué national de l’UMP à la chasse. « J’ai été François Ier, sourit le sénateur de Paris. Les patrons du CAC 40 venaient me voir humblement, casquette à la main. » Gérard Larcher, président UMP du Sénat, lui a succédé en 2011, avant de démissionner après sa réélection au Sénat. Sous ses clochetons Renaissance, Chambord est une forteresse.

Des chaises grincent dans le huis clos chambourdin et on espère un instant : depuis le 1er janvier, c’est un non-chasseur qui préside Chambord. Ça ne s’était pas vu depuis vingt ans, sous Chirac. Guillaume Garot, député PS de la Mayenne proche de Ségolène Royal, découvre la puissance de feu électorale des chasseurs.

Ils ont le soutien de groupes parlementaires à l’Assemblée et au Sénat, de patrons de grandes entreprises, publiques ou non. C’est un lobby puissant fasciné par Chambord. Guil­laume Garot s’en amuse : « Je n’ai jamais eu autant d’amis, ni reçu autant de cartes de vœux ! »

Les petits chamboulements du nouveau président

Nommé par François Hollande, il n’était pas candidat à ce poste convoité par plus de 200 fines gâchettes. Plutôt intéressé par l’intérêt écologique et culturel de ce « château mythique », le nouveau président du domaine national de Chambord annonce, « sinon une révolution, une évolution ». Il « découvre » cet univers, mais ne détient pas encore le sésame des chasses à Chambord.

Il n’est d’ailleurs guère pressé d’entrer dans le bal des cartons d’invitation : « Je vais d’abord aller voir comment se déroule une chasse, puis je me pencherai sur la question des invités.

» Il ne s’interdit pas de « bousculer le protocole », ni de faire payer les chas­ses. Pour une battue dans les domaines privés de Sologne, dont aucun n’égale la perfection de Chambord, les tarifs atteignent plusieurs centaines d’euros par jour.

C’est un parlementaire chasseur qui donne la bonne piste. Jean d’Haussonville, directeur général de l’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) créé en 2005 pour gérer le domaine national de Chambord, est le grand chambellan du château. « C’est lui qui fait le casting. »

Pantalon en velours et veste de tweed, cet énarque diplomate, en poste depuis l’ère Sarkozy, reçoit à Chambord avec beaucoup d’égards, bien que visiblement lassé d’être interrogé sur « ce perpétuel sujet de fantasme journalistique ».

Il rappelle que, à Chambord comme à Rambouillet, « les chasses présidentielles ont été supprimées il y a cinq ans » et assure : « La normalisation est en cours. » On peut donc y assister ? Réponse : un « niet » peu diplomatique. « Ça ne se fait pas, les personnes qui y participent ne tiennent pas à apparaître. C’est du domaine privé. »

Et de comparer : « Quand le chef de l’Etat donne un dîner, on ne divulgue pas la liste des invités. »

Jean d’Haussonville est directeur du domaine et chargé du « casting » des invités aux chasses présidentielles. « C’est comme une première de l’Opéra de Paris  », dit-il.

Faute de chasse, on se rabat sur le musée du château. Les dernières photos de chasse à Chambord, datées des années Giscard, jaunissent dans les vitrines. Comme si le temps s’était arrêté à l’époque révolue où la République invitait des dirigeants plus ou moins recommandables.

« On ne pratique plus l’invitation de dictateurs », précise Jean d’Haussonville. Fini aussi « les cartons écrits à la plume d’oie » et « les sacs de jute cousus à la main pour emballer la viande ».

Chambord s’est démocratisé, ses battues accueillent désormais des « méritants », chasseurs ayant obtenu les meilleures notes au permis et « tous les parlementaires qui en font la demande », soit quelques centaines de personnes par an tout au plus. « C’est comme une première de l’Opéra de Paris », dit le directeur.

Délaissant son assiette de sanglier de Chambord sauce grand veneur, Jean d’Haussonville détaille son plan d’équilibre financier : « En 2016, la chasse ne coûtera plus un centime au contribuable », évoquant de mystérieux mécènes, chefs d’en­treprise ou personnalités fortunées, français et étrangers, remerciés de leurs dons défiscalisés par d’inoubliables parties de chasse au gros.
A bas les étiquettes !

A Chambord, se croisent hauts fonctionnaires français et européens, per­sonnalités étrangères dont l’anonymat est protégé : « Si un officier de l’OTAN, un parlementaire européen ou le ministre d’un pays ami vient chez nous, on ne ­le dira pas. »

La liste des parlementaires français habitués du « club » très masculin de Chambord, « des élus du peuple », rappelle Jean d’Haussonville, est tout aussi secrète : « Ce sont des personnages publics qui n’ont pas envie de publicité. »

Pourtant, quelques-uns ne font pas mystère de leur passion pour le brame du cerf en septembre : les sénateurs UMP Ladislas Poniatowski, François Baroin, Serge Dassault et Gérard Larcher, le socialiste François Patriat, les députés de droite Eric Ciotti, Christian Jacob, David Douillet…

« Même pendant la guerre Fillon-Copé, on chassait ensemble à Chambord, se souvient un parlementaire de droite. On se disait qu’il y avait une suite à tout ça, on n’allait pas se tirer dessus. »

Droite ou gauche, les étiquettes tombent. Sur les chemins empierrés du domaine, c’est la paix des braves : « Au déjeuner, on parle politique. Mais avec la complicité liée à la chasse, des liens se créent, c’est une autre tonalité. On refait le monde, même si aucune affaire ne s’est jamais conclue là-bas », raconte Claude Bartolone.

« On côtoie des industriels, des lobbyistes, des hauts fonctionnaires, c’est “the place to be” », explique Jérôme Peyrat, conseiller de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris et membre, avec quelques parlementaires chasseurs, du très stratégique Conseil d’orientation de Chambord, en charge de l’avenir culturel et cynégétique du domaine, où se ­distribuent bon nombre de « fusils ».

La chasse, dit-il, est un excellent poste d’observation politique : « L’occasion d’apprécier le caractère de chacun : ceux qui sont fair-play et les autres. »

Le seul permis requis est celui de chasser. La rosette et la notice au Who’s Who sont bien vus, mais facultatifs. « On vient avec nos fusils, des armes dangereuses à ne pas mettre entre toutes les mains », explique Claude Bartolone. Pierre Lellouche a laissé un souvenir cuisant : « Il a failli dégommer Frédéric Péchenard, le directeur de la police nationale. La balle n’est pas passée loin », se souvient un sénateur témoin de la scène. Le député UMP de Paris n’a jamais été réinvité.

Dans sa petite mairie en face du château, un homme fulmine. « La chasse est un mal nécessaire, mais que ce soit toujours les mêmes, je ne suis pas d’accord. C’est un domaine public, pas seulement ouvert aux amis des amis. »

Pull de chasse décoré d’un cerf, écarlate de colère, André Joly est né à La Guillonnière, ferme familiale transformée en relais de chasse dans la forêt de Chambord. Ce chasseur, qui a sa propre partie à l’automne sur le domaine, est en guerre contre l’EPIC et son directeur, qui veut régenter la commune et lui donner le lustre d’un site classé par l’Unesco.

Fini les boutiques de souvenirs à deux sous, les toilettes municipales en préfabriqué et l’hôtel Saint-Michel, un 2-étoiles. Ses invités chasseurs ont beau adorer cette relique de la IVe République, où l’on peut encore dormir dans le lit de Georges Pompidou, Jean d’Haussonville veut faire table rase du passé.

L’hôtel, relooké par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, passera bientôt à 4-étoiles et la place du village sera libérée de ses sanisettes. N’en déplaise à André Joly qui fait de son combat celui de la « République contre la monarchie, qui est revenue à Chambord », en pétard contre « ces messieurs qui font la loi ».

Cette saison, il a compté 17 chasses. Et « certains sont venus six fois ».

Il s’agit, officiellement, de « battues de régulation » : un demi-millier de sangliers et quelques dizaines de cervidés, chassés en tir sélectif, doivent être éliminés chaque année pour éviter la surpopulation dans cette forêt grande comme Paris intra-muros.

Car depuis cinq siècles, le périmètre du domaine royal n’a pas changé. Les cerfs continuent de bramer en septembre et les sangliers de labourer la route de la Reine, entretenue par l’Office national des forêts.

« Les battues sont nécessaires », justifie un parlementaire. « Si ce n’est nous, ce sont les gardes-chasse de l’ONC [Office national de la chasse, NDLR] qui le feront. Cela aurait moins de panache. »

Bien dire « battues de régulation », donc. Même si, effet de l’habitude et de la tradition, on continue de se précipiter selon son grade et ses relations à « la chasse des ambassadeurs », « la chasse franco-belge », celles « du préfet », « du maire », « du conseil général », « des présidents de fédération de chasse » Et à celles « du château », courtisées et huppées, orchestrées par le directeur.

Le rituel est immuable. On se retrouve à déjeuner, à la Thibaudière, le relais construit par Georges Pompidou, hérissé de cors et de défenses impressionnants. A la tombée de la nuit, devant le château, les honneurs sont rendus aux quarante sangliers abattus, en présence de la garde républicaine. Les chasseurs se débarrassent des gilets fluo et dévoilent leurs plus belles tenues.

Le tableau de chasse est vendu à des marchands de gibier. Certains achètent leurs trophées en souvenir, comme Claude Bartolone ses défenses de sanglier, ou Pierre Charon, fier de l’écusson – on dit aussi « massacre » – qui trône dans son salon : « Un cerf magnifique, 14 cors, je l’ai tiré à 160 mètres… Le Graal pour un chasseur. »

Qu’est-ce qui a changé depuis Georges Pompidou, immortalisé dans la vitrine du musée de Chambord ? « Rien, tranche un employé du domaine proche de la retraite. Ce ne sont plus les mêmes gens, c’est tout. »

12 mouettes rieuses et un tadorne de belon assassinés pour menacer un bénévole!

Voici le triste résultat de l’initiative de Ségolène Royal qui dans les faits légalise le braconnage des oies. Les chasseurs, emplis de haine et de confiance, dévoilent leur visage qui est celui des valeurs les plus réactionnaires. Violence, esprit réac’ du terroir, intimidation, meurtres d’êtres vivants: voilà ce qu’ils portent, sans hésitation, avec agressivité et la certitude de ne pas être inquiétés.

L’information vient du site l’Amicale progressiste, du Nord.

12 mouettes rieuses et un tadorne de belon assassinés pour menacer un bénévole !

Hier samedi 7 février 2015, le GON publiait sur sa page Facebook un communiqué signalant qu’un de ses bénévoles avait été menacé d’une manière ignominieuse et extrêmement violente : 13 cadavres d’oiseaux ont été déposés devant son domicile.

Pour expliquer ce dont il est question, il faut savoir que, dès le 30 janvier, le GON s’était positionné contre la lettre de Ségolène Royal (dans laquelle elle demandait de ne pas sanctionner les chasseurs qui tueraient des oies après la fin de la saison de la chasse, et ce, jusqu’au 9 février). En tout, le GON a publié 3 messages en 6 jours sur sa page Facebook, montrant ainsi la mobilisation de l’association et de ses membres contre les propos du courrier de la ministre de l’environnement.

Et avec ce geste ignoble, le massacre de 13 oiseaux, il ressort que, dans la région Nord Pas-de-Calais, la lutte contre le fait de tuer des animaux est encore difficile, elle ne va pas de soi, et même dans le domaine de la chasse pourtant détestée par beaucoup de gens.

C’est pour cela que la déclaration de Ségolène Royal est d’autant plus tragique : elle vient encourager la pratique abjecte et cruelle de la chasse. Et le massacre des 13 oiseaux vient répondre à cela, appuyant les propos de la ministre, et quelque part, l’exhortant à aller encore plus loin dans sa logique anti-écologie. L’acte se veut d’ailleurs d’une grande portée politique puisque ce sont des oiseaux protégés qui ont été précisément ciblés, et en grand nombre !

Pour bien rendre compte de l’horreur et de la violence d’un tel acte, et contrairement à nos habitudes, nous republions également la photo du massacre.

Voici le communiqué du GON sur le massacre des 13 oiseaux :

« Destruction de 13 individus d’espèces protégées, acte de malveillance, menaces : où s’arrêteront-ils ?

Un acte de braconnage, de malveillance et des menaces : 12 Mouettes rieuses et un Tadorne de Belon, espèces protégées, ont été massacrés et leurs cadavres déposés devant la porte du garage d’un membre du GON dans la nuit du samedi 31 janvier au dimanche 1er février.

Les radiographies effectuées sont formelles : les oiseaux étaient criblés de plombs ! On peut facilement imaginer qui sont les auteurs de cet acte inqualifiable et la date de cette exécution et du dépôt des cadavres n’est pas anodine, car elle a eu lieu le jour de la fermeture réglementaire de la chasse au gibier d’eau !

L’ONCFS a aussitôt été alertée et deux plaintes ont été déposées à la gendarmerie : à titre personnel, et au titre du GON pour destruction d’espèces protégées.

Nous espérons que cette tentative d’intimidation abjecte ne sera pas suivie d’autres. Le laxisme de la ministre de l’Environnement qui se rend complice du braconnage des oies en interdisant aux agents de la police de la Nature de verbaliser les contrevenants a peut-être fait croire à certains que tout leur est permis ?

Le GON condamne avec force de tels agissements et demande fermement que le droit soit enfin respecté dans notre pays. »

Voici le communiqué officiel du GON du 2 février 2015 :

« Incroyable : Ségolène Royal ministre de l’Environnement incite les chasseurs au braconnage

Alors que la France prend conscience qu’il est urgent de faire respecter les institutions de la République et ses lois, nous ne comprenons pas comment une ministre peut encourager à ne pas respecter les lois, ni comment elle peut empiéter sur les prérogatives de la garde des Sceaux en donnant des ordres à la police, fût-ce celle de la Nature

Nous ne comprenons pas plus comment des élus de la République qui font les lois, peuvent encourager des citoyens à bafouer ses institutions comme viennent de le faire les députés socialistes Monsieur Plisson et Madame Pascale Got du groupe chasse de l’Assemblée nationale en annonçant aux chasseurs qu’ils allaient pouvoir chasser tranquillement en dépit de la réglementation en vigueur.

Le GON sollicite l’intervention de tous les procureurs de la République de la région et du Parquet général pour qu’ils fassent appliquer la loi en diligentant une instruction publique visant à assurer la présence des forces de l’ordre sur le terrain entre le 1er et le 8 février avec charge de verbalisation des contrevenants en cas d’infraction à la réglementation de la chasse

Le GON apporte son soutien à la LPO et à France Nature Environnement qui se préparent à faire une information auprès de la Commission européenne.

Lire les communiqués de presse
France nature environnement
Ligue pour la protection des oiseaux
ASPAS
Humanité et Biodiversité

Le syndicat SNE/FSU des agents de l’ONCFS s’insurge également de la décision de la ministre. Il considère que « Madame Royal le démontre une nouvelle fois, en n’hésitant pas à donner des instructions à l’ONCFS, principal établissement en charge de la gestion de la faune sauvage terrestre, n’hésitant pas à prendre le service public de l’environnement et ses agents en otages . »
Lire le communiqué de presse du syndicat »

Ségolène Royal légalise le braconnage des oies

Pendant que la Fondation 30 millions d’amis se gargarise de son succès juridique qui n’en est pas un, les faits viennent se rappeler, de manière encore une fois pathétique à la française.

La Fondation disait que la France aurait rattrapé l’Allemagne, l’Autriche… ben voyons. Il n’y a qu’en France qu’une ministre de l’écologie peut envoyer une lettre expliquant que ce n’est pas grave si les chasseurs dépassent la fin de la période de chasse des oies: il ne faut pas les verbaliser a-t-elle expliqué aux organes concernés.

C’est une preuve qu’il y a le droit en apparence, et le rapport de force derrière. Officiellement, la chasse a réellement pris fin le 31 janvier… Les faits, eux, sont tout autre!

Le communiqué de l’ASPAS:

Chasse aux oies : Ségolène donne son feu vert aux braconniers

Cette année la chasse aux oies sera fermée au 31 janvier, à la grande colère des chasseurs qui ont annoncé ne pas respecter l’interdit. La réponse en « off » de Ségolène Royal : feu vert pour les braconniers.
Loin d’affirmer la volonté du gouvernement de faire respecter la loi française, elle demande au directeur de l’Office National de la Chasse de ne pas verbaliser les contrevenants ! L’ASPAS demande la démission d’une ministre qui depuis le début de son mandat excelle dans l’anti-écologie.

Depuis des années, les ministres de l’écologie cèdent aux chasseurs extrémistes en prenant des arrêtés illégaux prolongeant la chasse des oies au mois de février. Cette saison, Ségolène Royal a annoncé ne pas prendre le risque de voir un nouvel arrêté retoqué par la justice, mais a choisi une autre stratégie, plus sournoise, pour laisser les chasseurs braconner les oies : celle de ne pas les verbaliser. Le 28 janvier, le courrier (ci-joint) a été adressé par ses soins au directeur général de l’ONCFS lui demandant de ne pas verbaliser les braconniers, et cela jusqu’au 9 février.

Les oiseaux sauvages ne peuvent être chassés pendant leurs périodes de migration. Celle des oies débute en janvier, leur chasse est donc interdite au delà du 31 janvier par le droit européen et français (arrêté du 19 janvier 2009). En tenant compte des études scientifiques, et notamment de la toute dernière étude de l’ONCFS, cette chasse devrait même être fermée à partir du 10 janvier.

Tous les arrêtés ministériels précédents ont bien évidemment été invalidés par le Conseil d’Etat saisi par les associations de protection de la Nature : ASPAS, LPO, FNE, Humanité et Biodiversité. Le dernier en date fut rendu au mois de décembre dernier.

Oies cendrées (F. Cahez)La ministre de l’écologie se rend complice de ce braconnage par une méthode indigne de la fonction qui lui a été confiée par le Président de la République. Plus que jamais, son devenir à ce poste est à reconsidérer.

L’ASPAS demande :
– L’application des lois et règlements pour tous, y compris pour les chasseurs qui ne sont pas au dessus des lois
– La démission de la ministre, qui s’est fourvoyée en se rendant complice de braconnage à très grande échelle.

Le communiqué de la LPO:

Ségolène Royal officialise le braconnage des oies !

« La France doit se montrer exemplaire en matière de biodiversité » n’a cessé de rappeler le Président de la République ». Dans le même temps, le devoir de respecter le droit a été martelé par le gouvernement.

Les lettres de Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, invitant la garderie de l’ONCFS et les gendarmeries à ne pas verbaliser avant le 9 février, alors que la chasse aux oies est fermée à partir du 31 janvier, est clairement une incitation à braconner pendant 8 jours. Cette pirouette en faveur des chasseurs est d’autant plus vulgaire que, quelques heures plus tôt, elle se faisait un point d’honneur à lutter contre le braconnage… des éléphants !

Dans la foulée, Philippe Plisson, président du groupe chasse à l’Assemblée Nationale et Pascale Got, membre de la commission des lois (!) ont déclaré aux chasseurs : « cette décision […] va nous permettre de pratiquer, mais attention la dernière nuit chassée devrait être celle du dimanche 8 février ».

Alors que la Journée Mondiale des Zones Humides propose, notamment via le réseau LPO (plus de 116 animations dans toute la France, voir : http://jmzh.lpo.fr/), d’aller sur le terrain durant ce week-end lors de sorties nature, les familles auront la surprise d’y rencontrer des chasseurs… en acte de braconnage officialisé par la Ministre en charge… de l’écologie !

La LPO a mobilisé tout son réseau pour relever les infractions. Par ailleurs, elle prépare immédiatement une information auprès de la Commission Européenne pour qu’une suite soit donnée au comportement français.

À quelques semaines de la loi sur la biodiversité, présentée à l’Assemblée Nationale, cette décision contraire au droit républicain dénature les espoirs de la LPO.

Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO

Le communiqué de Picardie Nature, qui apporte des précisions sur l’hypocrisie juridique organisée par la ministre.

Les oies pourront être chassées après le 31 janvier, illégalement mais en toute impunité !

Craignant qu’une nouvelle fois le Conseil d’Etat ne sanctionne le ministère de l’écologie et donne raison aux associations de protection de la nature, Mme Ségolène Royal avait écrit le 16 janvier au président de la fédération nationale de la chasse que ni une prolongation de la chasse aux oies ni une procédure de dérogation pour quelques départements ne seraient juridiquement défendable.

Lors d’une réunion au ministère en début de semaine, cette position était confirmée devant des représentants des chasseurs de gibier d’eau et des associations de protection de la nature.

Allait-on enfin voir la Directive « Oiseaux » appliquée ?

Cette directive européenne demande aux états membres de ne pas chasser les oiseaux migrateurs lorsqu’ils sont de retour vers leur lieu de nidification. Il s’agit d’une disposition pleine de bon sens.

Rappelons-nous qu’en 1999, à la demande de la ministre de l’Environnement le professeur Jean-Claude Lefeuvre du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, s’est vu confier la rédaction d’un rapport sur la chasse des oiseaux migrateurs en France. Son but était de rechercher une solution aux problèmes posés par l’application de la Directive Oiseaux 79/409/CEE. Ses conclusions étaient claires : pas de chasse des oies au-delà du 31 janvier. Les études suivantes demandées également par les ministres de l’Ecologie et réalisées par l’Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage aboutissent aux mêmes conclusions.

Oui la date de fermeture de la chasse aux oies est bien fixée au 31 janvier 2015.

La Ministre respecte en cela les décisions du Conseil d’État qui avait rejeté les arguments infondés et rappelé que la chasse en février, qui affecte des oiseaux en migration prénuptiale, est contraire à la directive européenne « Oiseaux » et à la loi française qui imposent la protection complète des oiseaux en période de reproduction.

Mais les chasseurs de gibier d’eau pourront tirer des oies au-delà du 31 janvier !

Comme le soupçonnait les associations de protection de la nature depuis longtemps, des directives sont adressées aux préfets pour que les agents de l’ONCFS, placés sous l’autorité des procureurs ne verbalisent qu’à compter du 9 février.
Mme Ségolène Royal a adressé une lettre circulaire aux préfets le 29 janvier très explicite.

Pour les associations de protection de la nature du mouvement France nature Environnement dont fait partie PICARDIE NATURE, cette façon de procéder est scandaleuse.

Le message politique qui est adressé aux citoyens est clair :

– nous ne respectons pas les multiples décisions de la plus haute juridiction administrative de notre pays sur l’application de la Directive Oiseaux ;

– nous ne tenons pas compte des études scientifiques, même celles menées par l’ONCFS, dont les conclusions sont constantes depuis plus de dix ans ;

– nous cédons aux pressions d’un lobby qui nous alerte sur le fait qu’il ne tient plus sa base et que le peuple chasseurs risque de voter pour les extrêmes.

Cette attitude est un déni de justice, un mépris des conclusions des scientifiques, un signal envoyé aux citoyens sur ce qui ressemble à une démocratie molle voire une république bananière.

Patrick THIERY, Président de Picardie Nature

Comment se promener dans les bois sans se faire tirer dessus?

Avec quelque 25 millions d’oiseaux et 5 millions de mammifères tués chaque année en France, sans compter un braconnage très actif, la pression de chasse est beaucoup trop forte sur nos terroirs.

Euh, pardon? Comment peut-on conjuguer critique de la chasse et défense du « terroir »? Voici pourtant comment le naturaliste et chroniqueur Marc Giraud présente son nouvel ouvrage, intitulé Comment se promener dans les bois sans se faire tirer dessus ?.

Le point de vue de Marc Giraud reflète un point de vue très partagé dans les régions où les chasseurs exercent une hégémonie complète, comme par exemple la Picardie. La chasse est en effet tellement présente qu’on ne peut même pas se promener: même si on ne risque pas forcément grand chose directement, se promener en présence de types se promenant en bandes avec des fusils n’est guère attrayant…

Alors forcément, pour cette raison, même sans position anti-chasse, nombre de gens trouvent cela insupportable. Comment toucher ces gens? Voilà une question significative! Et pourquoi Marc Giraud, qui a une vision vraiment intéressante dans ses oeuvres, ne va-t-il pas au bout de son raisonnement, pourquoi accepte-t-il tout de même la chasse?

A titre d’illustration, voici l’interview qu’il a accordé au Courrier Picard. On remarquera la subtile prudence des questions, qui d’un côté donnent des gages aux chasseurs, de l’autre tentent de donner la parole à une critique de la chasse…

La chasse est-elle vraiment dangereuse pour les utilisateurs de la nature ?

Quand on se promène un jour d’ouverture de chasse, c’est toujours très inquiétant. On ne risque pas forcément sa vie mais il règne un certain climat d’insécurité. Quand un chasseur tire à 200 mètres de vous, c’est très impressionnant et, malheureusement, les accidents arrivent. On compte en moyenne 150 à 200 blessés par an et une vingtaine de morts. Et encore, tous les accidents ne sont pas recensés. J’évoque par exemple, dans mon livre, le cas de cet enfant de six ans, tué par son frère de 23 ans dans les environs d’Amiens lors d’une partie de chasse, il y a tout juste un an (NDLR : le 29 septembre 2013). Ce sont à chaque fois des vies brisées, des drames humains épouvantables. Je comprends la passion pour la chasse, mais je trouve qu’il y a tellement d’autres choses passionnantes à faire dans la nature.

Selon vous, tout est fait pour que le permis de chasse soit facile à obtenir. Ce problème d’insécurité vient-il en partie de cela ?

Oui. L’examen théorique ne comporte que dix questions, dont une seule est éliminatoire. N’importe qui connaît un peu la nature est susceptible de l’avoir, et ce, pour la vie. C’est une aberration, on devrait instaurer, comme pour les automobilistes, un permis à points. Comme sur la route, il existe évidemment des chasseurs prudents, mais il y a aussi des chauffards qu’il convient de calmer.

Vous laissez entendre également que l’alcool est un facteur aggravant. N’est-ce pas un peu cliché ?

Les chasseurs se veulent bon vivant, soit. Je le suis aussi, mais il ne me viendrait pas à l’idée de prendre le volant quand je suis bourré. Je ne veux pas tomber dans les clichés, mais il m’arrive, dans ma campagne, de voir des chasseurs titubants se rendre à la chasse. Mais le plus effarant, c’est qu’aucun contrôle d’alcoolémie préventif n’est prévu dans les textes. Il n’existe pas non plus de seuil d’alcoolémie au-delà duquel il est interdit de chasser. Et l’état alcoolique n’est pas considéré comme une circonstance aggravante en cas d’homicide à la chasse.

À quoi selon vous est liée cette prétendue indulgence à l’égard des chasseurs ?

C’est un lobby très bien organisé qui dispose de soutiens politiques de taille. À l’Assemblée nationale, le groupe chasse compte 120 députés, soit deux fois plus par exemple que le groupe consacré à la précarité. La base fait pression sur le sommet, et ça marche. Cela pose un vrai problème de démocratie puisque, dans ce pays, un million de chasseurs a davantage de poids que les 2 millions de cavaliers, 15 millions de randonneurs ou encore 20 millions de cyclistes.

La chasse, c’est un pouvoir politique, mais aussi un pouvoir économique basé là encore sur un système antidémocratique. La cotisation à une fédération de chasse, par exemple, est obligatoire lors de la validation du permis de chasser départemental. C’est contraire au principe démocratique des associations.

Les chasseurs jouent pourtant un rôle important de régulateur, sans eux les villes seraient envahies de bêtes sauvages et les terres agricoles détruites. Votre vision n’est-elle pas caricaturale ?

Les chasseurs s’auto-persuadent qu’ils jouent ce rôle, mais c’est absolument faux. Dans le canton de Genève, par exemple, la chasse est interdite depuis quarante ans et tout se passe bien. Prenons l’exemple du sanglier, considéré comme une espèce nuisible. S’il y a autant de sangliers, c’est tout simplement parce que ce sont les chasseurs qui favorisent sa prolifération, mais c’est vrai pour d’autres espèces, au travers de la pratique de l’agrainage. Et puis dans le contexte d’une chasse privée, il faut qu’un animal rapporte, donc qu il soit présent en masse.

À la fin de votre ouvrage, vous émettez une série de propositions pour une chasse « plus démocratique », et vous proposez notamment la « trêve de la chasse le dimanche ». N’est-ce pas une forme de provocation ?

Le dimanche est le jour de sortie en famille, mais c’est aussi le jour où se produisent le plus d’accidents de chasse. Je ne vois pas où est la provocation ? Nous demandons simplement un partage du temps et de l’espace. Dans l’Europe entière, il existe partout un jour de non-chasse. En France, on chasse tous les jours, tout au long de l’année, si l’on tient compte des battues. Et encore une fois, c’est une minorité qui impose sa loi.

Dominique Venner, la chasse et la haute bourgeoisie

En mai 2013, Dominique Venner se suicidait dans la cathédrale
Notre-Dame-de-Paris. Un geste politique, car il s’agissait d’un ultra de l’extrême-droite, célébrant la race blanche, considérant le christianisme comme une religion des faibles, etc. etc.

Ce qui nous intéresse par contre directement ici, c’est que cette personne a été le grand théoricien de la chasse de ces 40 dernières années. C’est logique, la chasse se veut « naturelle », expression de la loi du plus fort, en communion avec les lois de la Nature qui seraient forcément conformes à la bataille pour la survie, etc.

L’Express a publié il y a quelques semaines une sorte de mini biographie. Voici un passage fascinant: il s’agit de la partie présentant une dimension, dont nous avons déjà parlé, qui est le fait que les classes sociales les plus aisées célèbrent la chasse, produisant une idéologie qui influence toute la société.

Dans l’extrait ici présenté, la première phrase fait allusion à la « réelle valeur intellectuelle » de Venner (chose donc dont le milieu de la chasse ne doute guère).

Qui se ressemble s’assemble, et on peut voir ici à quel point la chasse n’est pas un plaisir « populaire », mais une idéologie aristocratique poussée par en haut, valorisée par en haut, reflétant des valeurs et des attitudes dignes du Moyen-Âge!

Le « cochonglier » de Bourg-Saint-Andéol

C’est une information tout à fait édifiante, et extrêmement grave dans ce qu’elle signifie.

Comme on le sait bien, les cochons sont des sangliers qui ont été domestiqués. En pratique, il existe ainsi une séparation très concrète, puisque les cochons n’existent que dans le cadre d’une exploitation animale très stricte, alors que les sangliers ne rencontrent les humains que par les voitures et les chasseurs (qui par ailleurs distribuent allègrement de la nourriture pour justifier leur propre activité de soi-disant « régulation » de la Nature).

L’existence, comme l’explique l’article, de « cochonglier » est ainsi l’expression de la rencontre de deux zones, et ainsi du fait que la ville engloutit la Nature, toujours plus!

Un phénomène apparemment difficile à saisir tant pour l’auteur de l’article (tiré du Midi libre) que la DSV (en fait DDSV: Direction Départementale des Services Vétérinaires, qui d’ailleurs n’existe plus depuis plusieurs années, ayant été intégrée à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations).

Ardèche : un animal mi-cochon, mi-sanglier de 300 kg retrouvé mort dans un bois

Le week-end dernier, un joggeur qui s’entraînait dans le bois du Laoul de la commune de Bourg-saint-Andéol, a fait une macabre découverte. Le cadavre d’un mammifère aux dimensions hors normes gisait au bord d’un chemin.

De mémoire de chasseur ardéchois, on n’avait jamais vu pareil animal. Pas la bête du Gévaudan, mais presque. Le week-end dernier, un joggeur qui s’entraînait dans le bois du Laoul de la commune de Bourg-saint-Andéol, a fait une macabre découverte. Gisait sans vie au bord d’un chemin, la carcasse en putréfaction d’un mammifère aux dimensions hors normes, visiblement issu d’un très étrange croisement entre un cochon et un sanglier.

Des mensurations hors normes

Selon l’association communale de chasse agréée (Acca) de Bourg-Saint-Andéol, immédiatement prévenue, il pèserait plus de 300 kg et mesurerait 2,60 m de long. Son président, Patrick Garcia, confirme qu’un tel croisement est possible mais il est très rare de le rencontrer dans la nature. Le réseau Sagir (surveillance épidémiologique) a été alerté pour vérifier la présence de germes transmissibles à la faune sauvage.

« La fédération de chasse de l’Ardèche a contacté les services vétérinaires du département pour connaître quelles étaient légalement les mesures à prendre en pareil cas », explique Patrick Garcia, le président de l’Acca de Bourg-Saint-Andéol qui fait remarquer que les grès de l’animal (ses canines supérieures) avaient été sciés. Réponse de la DSV : l’animal n’est pas sauvage mais bien domestique. C’est donc à la mairie de s’en charger. Non sans mal, la ville a réussi hier à contacter un équarrisseur agréé de la région à Cruas qui devrait aller récupérer la bête ce matin.

L’animal serait bien domestique

Mais le mystère reste entier sur la provenance de ce porc domestique, qui aurait été volontairement déposé à cet endroit : « Il a été jeté là, il y avait des traces de roue et de paille sur place », estime Patrick Garcia. Son propriétaire aurait-il cherché à éviter les soupçons de l’équarisseur et des services vétérinaires ? La production de sanglier est très réglementée en France.

Depuis 1982, à cause d’une prolifération des populations dans la nature notamment par des croisements hasardeux entre l’espèce sauvage et le porc domestique, elle est réservée aux seuls professionnels. Et un arrêté ministériel de 2009 impose que seuls les sangliers génétiquement purs sont admis dans les élevages de catégorie A (pour la chasse et la viande). Chaque individu du cheptel y est d’ailleurs bagué pour être tracé. Le spécimen retrouvé à Bourg provient-il d’un élevage clandestin de la région ? Selon la gendarmerie de Saint-Saint-Andéol, si c’est le cas, il n’est pas sur le secteur.

Le cas de « cochongliers » est connu à Fukushima, les animaux ayant été abandonnés à leur sort, et des cochons étaient parvenus à s’enfuir et à se mélanger aux sangliers.

Leur apparition est issu du chaos amené par les humains. Mais ici, ce chaos est organisé: il faut y voir en grande partie la main des chasseurs, utilisant les « cochongliers » en raison de leur fertilité plus grande, afin ainsi d’agrandir leur « terrain de chasse »!

Une chasse à courre bloquée en défense de la forêt de St-Gobain

Hier en Picardie, une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel de l’association Protéger et Défendre la forêt de St-Gobain pour bloquer une chasse à courre. Ce qu’il y a d’autant plus intéressant, c’est que l’association a une vision assez large de la lutte et a relié à cela à la question de la forêt:

Aujourd’hui, la forêt de Saint-Gobain est malmenée du fait d’un important programme d’abattage d’arbres, qui a pour conséquence de défigurer nos paysages, et de dégrader l’environnement forestier.
Les coupes à blanc s’intensifient, et cet état désastreux n’est pas cantonné au département de l’Aisne car c’est toute la forêt française qui est touchée. Notre inquiétude est très grande, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte. Nous sommes associés au Collectif SOS Forêts en Danger créé très récemment par des agents ONF du Nord-Est, eux-mêmes très inquiets.

Voici la présentation par le Courrier picard:

50 militants anti chasse à courre bloquent un chenil

Une cinquantaine de militants écologistes et altermondialistes bloquaient samedi les accès à un chenil de Folembray, dans le sud de l’Aisne pour empêcher la tenue d’une partie de chasse à courre.
Les militants, une cinquantaine selon la préfecture de l’Aisne et le collectif altermondialiste «Les désobéissants», sont issus de trois collectifs de défense de la forêt et de la biodiversité, de défense des animaux, et altermondialiste.

«Une cinquantaine de personnes s’opposent au départ d’une chasse à courre à Folembray et ont cadenassé les barrières conduisant au chenil. Tout se passe dans le calme», a indiqué à l’AFP le sous-préfet de permanence.

L’action des militants a commencé vers 9 heures samedi. La gendarmerie est sur place.

«Les activistes réclament d’une seule voix l’arrêt immédiat de la chasse à courre, cette pratique archaïque réservée à quelques privilégiés (15.000 euros la chasse), hautement destructrice de l’équilibre végétal et animal de la forêt», ont indiqué «Les désobéissants» dans un communiqué.

Selon Xavier Renou, membre de ce collectif joint au téléphone par l’AFP, les militants comptent empêcher la sortie des chiens du chenil jusqu’à 16 heures environ, l’heure à laquelle la partie de chasse à courre aurait dû commencer au plus tard.

«Nous sommes strictement non-violents», a précisé M. Renou, évoquant «la première grosse action d’une série». Les militants demandent à rencontrer le préfet pour «discuter du statut de la chasse à courre».

Dans leur communiqué, ils dénoncent une «souffrance infligée par plaisir» aux animaux sauvages lors de ces parties de chasse, dont «la course effrénée et le stress engendré rendent leur chair impropre à la consommation». Le chenil appartient selon les militants à une société de chasse à courre picarde, le Rallye nomade, qui ne pouvait être jointe dans l’immédiat.

Par la suite l’association a diffusé le communiqué suivant:

16h13 : VICTOIRE, les 3 cerfs désignés n’ont pas été chassés, nous avons gagné grâce à vous tous, comme quoi rien n’est impossible lorsqu’on se donne les moyens et que chacun y met du sien …

Nous espérons que ce SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2013 sera le début d’une forte mobilisation pour contrer et faire abolir la chasse à courre dans notre département et sur l’ensemble du territoire français afin de suivre l’exemple de nos pays voisins.

Nous sommes désolés si certaines vidéos et images publiées vous ont choquées mais la réalité est telle que nous ne pouvions garder le silence.

Les chasseurs ont essayé de détruire nos appareils photo et nos cameras, ils ont crevé les pneus de plusieurs véhicules des militants et en ce moment même ils sont en train, suite à leur défaite, de prendre en chasse l’un de nos militants à 9 contre un !!!

A présent vous êtes informés de ce qu’il se passe dans nos forêts plusieurs fois par semaine et si vous souhaitez soutenir ces actions contre la chasse à courre, rejoignez le profil facebook de foret vivra ou par mail à foret-vivra@riseup.net

MERCI DE PARTAGER CETTE DERNIÈRE INFO EN MASSE, nous vous tiendrons informés de l’état de santé de notre militant pourchassé.

18h20 La gendarmerie confirme que le militant est Sain et sauf ,il à été retrouvé dans une ferme non loin de Coucy-le-Chateau! ouf!

On peut bien sûr regretter le choix du chenil qui a été fait, puisque cela stresse les chiens, c’est bien sûr un aspect à prendre en compte. Toutefois, c’est une démarche ici vraiment très intéressante, notamment alors que la chasse à courre progresse et que les forêts sont de plus en plus considérés comme de simples marchandises. Il y a une juste compréhension de l’inter-relation des questions posées et des réponses nécessaires.

Voici d’ailleurs deux photos mises en avant par l’association et montrant les conséquences d’une chasse à courre…

« une ou plusieurs personnes, certainement anti-chasse, on commit un acte d’une incroyable cruauté »

Il y a quelques jours le site « chasse passion » a repris un article de Sud Ouest, mais en y ajoutant un titre particulier, ici en gras…

Lundi dernier dans les Landes, une ou plusieurs personnes, certainement anti-chasse, on commit un acte d’une incroyable cruauté en massacrant 27 appelants de Palombe.

«Ce ne sont pas des humains. » La gorge de Michel Laffont, paloumayre habitant de Saint-Michel-de-Rieufret, est encore serrée hier, lorsqu’il retourne une énième fois à sa palombière de Saint-Selve. « Ils ont tué à coup de barre en bois ou en fer mes 27 appelants. » Les malheureux oiseaux étaient encore attachés dans leur volière lorsque le ou les agresseurs ont arraché un panneau de bois de la baraque pour y entrer et tuer tous les oiseaux.

Michel Laffont confie avoir pleuré contre un de ses pins la perte de ses oiseaux. « Ils ont aussi coupé tous les fils des mécanismes pour monter les appeaux en haut des arbres, décrit le paloumayre. Je pense que ce n’est pas un hasard. Ce doit être des gens du coin, mais ce ne sont pas des paloumayres. Des chasseurs n’auraient jamais fait ça à des palombes. » Le vol ne semble pas être le mobile puisqu’aucun objet n’a été dérobé dans la palombière.

« Pourtant, j’y avais laissé mes fusils, puisque je ne m’absentais que quelques heures. »
Michel Laffont a, en effet, passé la matinée de lundi et le déjeuner à la palombière avec des amis. « Le temps étant détestable, nous n’avions même pas sorti les palombes. Vers 14 h 30, tout le monde est parti pour se rendre chez moi. J’y suis retourné à 17 heures pour nourrir les appeaux. »

Une plainte déposée

Ceux que Michel Laffont qualifie de « truands », d’êtres « inhumains » sont donc intervenus dans un court laps de temps. « Ils ont dû nous pister et voir que deux voitures chargées de monde sont parties. Et ils sont immédiatement allés s’en prendre à ces pauvres palombes qui ont des casques, étaient attachées. »

Les gendarmes de Castres-Gironde se sont rendus lundi soir pour constater ce qu’ils considèrent comme un acte de vandalisme. Michel Laffont a, quant à lui, déposé plainte hier après-midi.

Le paloumayre doit désormais nettoyer les dégâts. « Je vais devoir jeter ces pauvres appeaux, et ranger tout mon matériel. Pour moi, la saison est finie. »
Une enquête est ouverte par les gendarmes pour retrouver le ou les auteurs de cet acte.

Les « appelants » sont des pigeons qui sont élevés et éduqués dans le but, dans le seul et unique but de piéger les pigeons « sauvages ».

Les « appelants » sont entièrement dépendants du chasseur qui les exploite et les force à rester sur place. Ces pigeons ont par exemple appris que le seul et unique point de nourrissage des environs était le pigeonnier.

Ces pigeons sont totalement privés de liberté et doivent vivre avec un casque sur la tête (qui leur cache les yeux) afin qu’ils soient totalement coupés de l’extérieur, de toute « tentation » provenant de la Nature… Alors lire qu’un chasseur parle de « pauvres appeaux », on voit le degré de barbarie et de tromperie…

Et évidemment, mais est-ce la peine de le préciser, une personne anti-chasse qui aurait fait cet acte de sabotage aurait tout simplement relâché les pigeons, ou les aurait pris avec afin de les placer.

Quel intérêt de détruire du matériel de chasse et de tuer des pigeons esclaves de la chasse ?! Cela n’a aucun sens et est totalement absurde, sauf naturellement de la part des chasseurs, ces beaufs machos n’hésitant pas à basculer dans la violence et la vendetta.

Se servir du malheur de ces pigeons pour discréditer les activistes anti-chasse, se servir du malheur de ces pigeons morts, pour passer pour des chasseurs victimes est une honte…

Et quelqu’un a ajouté à l’ignominie en postant cela sur le forum d’adoption Rescue, avec comme pseudo « chassepassion » et sous le titre « Alors, qui a le courage de ses opinion? »

On reconnaît là l’esprit de ces gens, arriéré et barbare, appartenant au passé!

Érasme et Thomas More sur la chasse

Érasme est l’une des grandes figures de l’humanisme, au seizième siècle; l’oeuvre la plus connue de ce philosophe hollandais est Éloge de la Folie. Dans cette oeuvre, c’est la « folie » personnifiée qui parle, se moquant des êtres humains qui ne cessent, en fait, de lui obéir.

Voici un passage où il parle de la chasse, exprimant le même point de vue que son ami Thomas More, auteur de l’Utopie. Ce qu’il est très intéressant de noter, c’est comment la chasse peut exercer une fascination en tant que tradition du puissant, du grand propriétaire. C’est encore très présent avec toute une culture obséquieuse de la part de gens aidant à ce type de chasse décrite.

D’ailleurs, mon opinion à moi, la Folie, c’est que, pour tout un chacun, plus étendue est sa gamme de divagations, plus heureux il est, à condition toutefois de rester dans le type de démence qui est mon apanage, vaste domaine en vérité, à telle enseigne que je me demande s’il est possible, parmi tous les hommes, d’en trouver un seul qui soit sage à toute heure et ne soit pas sujet à quelque forme de démence.

A vrai dire, toute la différence se ramène à ceci : l’homme qui prend une citrouille pour une femme, on lui colle le nom de dément, parce que ce cas est rarissime ; en revanche, si un mari partage sa femme avec beaucoup d’autres, jure ses grands dieux qu’elle est une super-Pénélope et s’en félicite avec emphase, dans son égarement bienheureux, personne ne le traite de dément, pour la bonne raison que cette mésaventure est maintenant le lot de beaucoup de maris.

Dans cette catégorie se rangent aussi les gens qui méprisent tout, sauf la chasse aux bêtes sauvages et se flattent d’éprouver un plaisir incroyable dès qu’ils entendent l’abominable son du cor et les glapissements des chiens.

Ma parole ! Quand ils mettent le nez sur les crottes des chiens, pour eux, ça sent bon la cannelle ! Et puis quel doux plaisir, chaque fois qu’il y a une bête sauvage à dépecer !

On autorise la menuaille à débiter taureaux et moutons, mais une bête fauve, ce serait sacrilège, il faut, pour la découper, être un homme bien né.

Tête nue, à genoux, avec le coutelas ad hoc (tout autre est prohibé pour cet office), il découpe religieusement, avec certains gestes, certains membres, dans un certain ordre.

Pendant ce temps, autour de lui, la foule silencieuse admire bouche bée, comme une nouveauté, ce spectacle déjà vu plus de mille fois.

Mieux encore : le chanceux qui a pu goûter la moindre parcelle du fauve s’estime promu à un rang de noblesse non négligeable.

Ces gens-là, à force de poursuivre les bêtes fauves et de s’en repaître, en arrivent uniquement à régresser eux-mêmes vers un état presque sauvage, tout en demeurant convaincus qu’ils mènent une vie royale.

Et voici les très intéressants passages de l’Utopie de Thomas More, qui lui se placent du point de vue de la morale.

Hors de la ville, il y a des boucheries où l’on abat les animaux destinés à la consommation ; ces boucheries sont tenues propres au moyen de courants d’eau qui enlèvent le sang et les ordures.

C’est de là qu’on apporte au marché la viande nettoyée et dépecée par les mains des esclaves ; car la loi interdit aux citoyens le métier de boucher, de peur que l’habitude du massacre ne détruise peu à peu le sentiment d’humanité, la plus noble affection du cœur de l’homme. Ces boucheries extérieures ont aussi pour but d’éviter aux citoyens un spectacle hideux, et de débarrasser la ville des saletés, immondices, et matières animales dont la putréfaction pourrait engendrer des maladies (…).

Les Utopiens regardent aussi comme imaginaires les plaisirs de la chasse et des jeux de hasard, jeux dont ils ne connaissent la folie que de nom, ne les ayant jamais pratiqués. Quel amusement pouvez-vous trouver, disent-ils, à jeter un dé sur un tablier ? et, en supposant qu’il y ait là une volupté, vous vous en êtes rassasiés tant de fois qu’elle doit être devenue pour vous ennuyeuse et fade.

N’est-ce pas chose plus fatigante qu’agréable d’entendre japper et aboyer des chiens ?

Est-il plus réjouissant de voir courir un chien après un lièvre, que de le voir courir après un chien ?

Néanmoins, si c’est la course qui fait le plaisir, la course existe dans les deux cas. Mais n’est-ce pas plutôt l’espoir du meurtre, l’attente du carnage qui passionnent exclusivement pour la chasse ?

Et comment ne pas ouvrir plutôt son âme à la pitié, comment n’avoir pas horreur de cette boucherie, où le chien fort, cruel et hardi, déchire le lièvre faible, peureux et fugitif ?

C’est pourquoi nos insulaires défendent la chasse aux hommes libres, comme un exercice indigne d’eux ; ils ne la permettent qu’aux bouchers, qui sont tous esclaves.

Et même, dans leur opinion, la chasse est la partie la plus vile de l’art de tuer les bêtes ; les autres parties de ce métier sont beaucoup plus honorées, parce qu’elles rapportent plus de profit, et qu’on n’y tue les animaux que par nécessité, tandis que le chasseur cherche dans le sang et le meurtre une stérile jouissance.

Les Utopiens pensent en outre que cet amour de la mort, même de la mort des bêtes, est le penchant d’une âme déjà féroce, ou qui ne tardera pas à le devenir, à force de se repaître de ce plaisir barbare.

Les Utopiens méprisent toutes ces joies, et beaucoup d’autres semblables en nombre presque infini, que le vulgaire envisage comme des biens suprêmes, mais dont la suavité apparente n’est pas dans la nature.

Quand même ces plaisirs rempliraient les sens de la plus délicieuse ivresse (ce qui semble Être l’effet naturel de la volupté), ils affirment qu’ils n’ont rien de commun avec la volupté véritable ; car, disent-ils, ce plaisir sensuel ne vient pas de la nature même de l’objet, il est le fruit d’habitudes dépravées qui font trouver doux ce qui est amer.

On est à la fois près et loin du véganisme. Il y a la compréhension de la morale, pas encore des animaux, mais déjà la chasse était conçue comme barbare!

« Le vrai plaisir est celui procuré par la nature »

Il existe un grand renouveau du discours romantique sur la chasse. L’interview par le Figaro de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing est ici exemplaire. La chasse est présentée comme un refuge de l’homme viril et digne, éloigné des préoccupations futiles et commerciales du monde moderne. Au-delà de la mort, ce serait une solitude, une aventure spirituelle…

Valéry Giscard d’Estaing : « La chasse est souvent une solitude »

INTERVIEW – Poil ou plume, chasses présidentielles ou safaris privés, l’ancien président de la République a toujours revendiqué sa passion pour la chasse.

LE FIGARO. – Que signifie la chasse pour vous?

Valéry GISCARD D’ESTAING. – La chasse a été la première activité de l’homme. En France, c’était à l’origine un privilège féodal, qui a été aboli à la Révolution. Depuis, le nombre de chasseurs se compte par millions, c’est un sport national bien plus étendu que le foot. Une activité profondément ancrée dans l’humanité, un vaste monde.

Quelles sont vos chasses à vous?

Elles ont été diverses. J’ai d’abord eu le privilège de participer aux chasses présidentielles, à Rambouillet, à Chambord et à Marly. Le général de Gaulle ne chassait pas, mais, par tradition, il participait à la dernière battue, et j’en ai suivi quelques-unes avec lui.

J’ai aussi toujours chassé avec des amis, en France, pour le plaisir. Je continue d’ailleurs : je ne sais pas pourquoi on a écrit que je n’ai pas renouvelé mon permis de chasse, c’est inexact. Je traque des petits animaux, des perdreaux, des faisans.

Je regrette d’ailleurs que les perdreaux gris, qui étaient par excellence le gibier français, aient disparu, à cause des pesticides. Je chasse parfois le cerf, animal emblématique dans tous les pays d’Europe.

On doit pour cela attendre la saison du brame, sinon ils se terrent et on ne les voit pas. Si l’on veut rencontrer de grands cerfs, il faut se rendre dans les pays de l’Est, comme la Pologne, ce que j’ai fait régulièrement.

Pour les grands animaux comme le buffle, l’éléphant ou les grandes antilopes, je suis beaucoup allé en Afrique, au Cameroun, au Gabon, au Kenya, en Tanzanie, dans les anciennes colonies françaises et anglaises. Mais j’ai cessé un jour, car ma fille, lorsqu’elle était petite, me le reprochait.

Quel plaisir de poursuivre ainsi un animal?

Chasser est un sport, on peut marcher des dizaines de kilomètres en pistant un animal.

Mais le vrai plaisir est celui procuré par la nature. La chasse est souvent une solitude, et on se retrouve parfois seul face à la forêt.

En Afrique, j’ai vu la planète telle qu’elle devait être depuis les origines. C’est vrai que le chasseur est dans une relation étrange avec les animaux : on ne tue plus pour la nourriture, l’industrie s’en charge désormais.

Alors, quand un grand animal tombe, on éprouve une sensation de nostalgie, une émotion triste. Tous les chasseurs connaissent ce sentiment curieux.

Vous avez tous les «anti»contre vous, désormais…

L’espèce humaine s’urbanise de plus en plus, elle ne comprend plus la chasse. Nous sommes dans un monde où les «anti» font beaucoup de bruit, même s’ils ne représentent pas grand-chose. J’ai tout de même l’impression que les jeunes de la campagne continuent d’aimer et de pratiquer la chasse.

Comment les chasseurs visent la jeunesse

Voici un très intéressant, mais aussi très racoleur article sur la chasse, publié dans le Figaro.

Contrairement en effet aux affirmations et aux prétentions des réformistes dans la cause animale, depuis quelques années la chasse est en pleine croissance, et la chasse à courre n’a par ailleurs jamais eu autant de succès…

Ici, Le Figaro explique comment la chasse a soldé ses permis voire le matériel, afin de recruter auprès des jeunes…

Les jeunes de plus en plus tentés par la chasse

Alors que s’ouvre la saison cynégétique, les fédérations multiplient les incitations financières à destination des plus de 16 ans.
La truffe au vent, le fusil cassé sur l’avant-bras, à l’heure où blanchit la campagne, on a lâché les chiens dimanche pour la journée d’ouverture de la chasse au petit gibier (lièvre, perdrix, faisan, canard…) dans la moitié sud de l’Hexagone – la saison de chasse débute le 15 septembre dans le nord. La France compte 1,3 million de chasseurs, ce qui en fait le premier pays cynégétique d’Europe devant l’Espagne et l’Italie.

L’extension des villes, la cherté de la pratique, et parfois le regard des autres, ont pourtant entraîné une baisse significative de la pratique de ce loisir puisque la chasse comptait encore deux millions d’adeptes il y a trente ans dans l’Hexagone.

Afin d’enrayer cette hémorragie, certaines fédérations départementales ont lancé des promotions incitatives pour encourager les jeunes à la pratique de la chasse, qui en France est autorisée dès l’âge de 16 ans. Depuis 2009, la fédération départementale des chasseurs du Gard a mis en place un permis à 1 euro pour les jeunes en âge d’obtenir cette autorisation.

«Nous faisions face à un vrai problème, explique Marc Valat, directeur de la fédération des chasseurs du Gard. Sur 19.400 chasseurs dans le département, seuls 57 étaient âgés de 16 ans.
Sensibiliser un jeune à l’âge de 16 ans, c’est plus simple qu’après. Dix-huit ans, c’est davantage le temps des sorties, et il est plus difficile de se lever tôt le dimanche matin pour aller chasser quand on est sorti la veille…»

Aujourd’hui, avec le permis à 1 euro -au lieu de 170 euros- et des promotions négociées auprès d’armureries, la fédération gardoise, une des trois plus importantes fédérations françaises en termes de chasse au sanglier avec plus de 21 500 prélèvements par an, a réussi à quasiment doubler le nombre de pratiquants en quatre ans. 105 adolescents ont été admis au permis de chasse l’an dernier.

Le résultat peut sembler modeste mais il est notable pour ce département qui avait perdu quelque 800 chasseurs en quatre ans.
L’idée doit être bonne puisqu’elle est copiée depuis cette année par la fédération des chasseurs du Vaucluse qui propose le permis à 1 euro aux ­16-18 ans.
Autre promotion, dans la Creuse, c’est une réduction de 50% qui est faite en faveur des étudiants. Plus fort encore, en Haute-Vienne: l’examen au permis de chasse est depuis cette année offert à ceux qui le passent pour la première fois.

«La chasse est un loisir coûteux, convient Marc Valat. Il faut compter 500 € pour une arme d’occasion, 80 à 100 € de munitions par an, le permis annuel, plus l’adhésion à une association de chasse… Une saison peut vite revenir cher, c’est pourquoi ce genre de coups de pouce, profitant aux chasses populaires et aux plus jeunes sont importants et rencontrent un succès certain.»

Au niveau national, ses efforts cumulés par les fédérations départementales s’avèrent… payants. Les effectifs des chasseurs sont en passe de rajeunir.
La fédération nationale de chasse indique ainsi que «les inscriptions des 16-25 ans représentent 26% des primo-inscriptions alors que cette tranche d’âge représente plutôt 20% des chasseurs.»

Quand on lit cela, il est facile de voir pourquoi la chasse est soutenue. Ce qui est visé ici, c’est en effet la jeunesse, mais il y a également les classes populaires en arrière-plan. L’idéologie de la chasse étant fondamentalement macho, conservatrice, individualiste, etc., il n’est pas étonnant que tout ce qui est réactionnaire la soutienne…
Ne pas voir cela serait absurde; la chasse n’est pas un « loisir spéciste », mais une pratique criminelle récente historiquement, désormais portée à bout de bras par les notables locaux. C’est un outil très utile pour les conservateurs…

« C’est parti pour la chasse aux pigeons ! »

Ils sont partout : sur les tables des terrasses, dans les rues du centre-ville, sur le rebord des fenêtres, sous les toits à l’affût de la moindre miette à manger.

Pour la quatrième année consécutive, la Ville  va entreprendre la chasse aux pigeons. Au total, six cages seront placées pendant cinq mois à des endroits où ces oiseaux urbains sont présents en nombre.

Rue de Ronde, rue Perrin, rue du Commerce, au Foyer Colbert et à la montée Gauthier-Villars notamment. « A ces endroits, ils trouvent forcément à manger » assure Laurent Vichard, directeur adjoint des services techniques de la Ville. L’entreprise Avipur de Genlis est alors chargée de venir quotidiennement récupérer les pigeons capturés, qui sont tués.

Plus d’informations dans notre édition papier du jeudi 20 juin.

Cet article traduit une indifférence terrible envers les pigeons. Mais au-delà de cette indifférence, c’est surtout de la méchanceté gratuite qui est déversée sur les pigeons. Rien que le titre « C’est parti pour la chasse aux pigeons ! » qui se voudrait humoristique, alors qu’il s’agit de tuer des êtres vivants, est très révélateur du contenu qu’aura le texte.

Et en effet, à lire la première phrase, on se croirait dans un film d’épouvante, où les pigeons seraient des êtres cauchemardesques. Des êtres « maléfiques » prêts à tout pour nous envahir, presque à nous attaquer même selon le ton de l’auteur, pour trouver de quoi se nourrir.

C’est une vision totalement social-darwiniste, un parfait reflet d’une société de concurrence, qui voit le mal partout.

Il est évident que les pigeons des villes ne mangent pas à leur faim et qu’ils cherchent tout le temps des miettes, mais employer un ton si moqueur, méprisant et hautain envers des animaux affamés est tout simplement cruel. Il n’est ici pas question de gérer des déchets au sol, mais des animaux, avec des émotions et des sensibilités!

Cette vision qui veut de la « pureté » exprime une démarche exterminatrice. Elle est le contraire de ce dont on a besoin?

Il ne faudra jamais assez répéter que les pigeons bisets vivent un cauchemar quotidien dans les villes : manque de nourriture, maladies, écrasés par les voitures, pourchassés, maltraités, tués car censés être trop nombreux etc.

C’est pour cela, que pour la quatrième année, la ville de Lons va procéder à la capture et à la mise à mort de pigeons. Cette fois-ci il est prévu de tuer 800 pigeons.

Si cela fait quatre ans que cette méthode est employée, cela montre bien que c’est une méthode inefficace, en plus d’être une barbarie terrible.

Les seuls moyens de réduire, de manière non brutale, la population des pigeons bisets, sont l’installation d’un pigeonnier contraceptif ou la distribution de graines contraceptives. Mais trop peu de mairies veulent investir dans ces méthodes, qui sont pourtant douces et bien plus « acceptables » que les captures et mises à mort, quand on a un minimum d’émotions et qu’on a pas été biberonné à l’idéologie dominante.

Constatons ici que même si réduire les populations animales s’avère être un acte anti-naturel (comme la stérilisation des chattes par exemple), c’est un acte indispensable, car il en va de la sécurité des animaux car un nombre trop élevé d’animaux crée des tensions, comme une concurrence accrue pour la nourriture par exemple. C’est une vaste question, mais qui paraît pour le moment être inévitable, dans un monde non vegan!

Et c’est aussi pourquoi ce monde non vegan est insupportable: il est totalement dénaturé, il amène le chaos, la survie au lieu du bonheur.

Alors, expliquer que des vies vont être supprimées avec autant de froideur et d’indifférence est très grave, mais cela est malheureusement le sentiment général vis-à-vis des pigeons, qui ne sont respectés que par bien peu de personnes. Et ce peu de personnes qui  a un minimum de respect pour les pigeons ne se fait que trop peu entendre, pas assez pour voir se dessiner au loin une prise de conscience en faveur de nos amis les pigeons.

Pour que la libération animale s’impose et gagne, il faut devenir la voix des pigeons, la voix de tous ces animaux méprisés et assassinés !

Les enfants : cibles des chasseurs

Voici un document de l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages). Important, car il rappelle à quel point les chasseurs sont très bien organisés, marchant en tandem avec l’industrie de l’exploitation animale. On est là dans une grande opération de propagande, et l’on voit bien que l’Etat n’est pas neutre.

Le lobby chasse veut la mainmise sur l’éducation à l’environnement !

Bien que le prosélytisme soit illégal, les chasseurs ont déjà la liberté totale de pénétrer dans les écoles pour pratiquer à leur manière « l’éducation au développement durable ».

Bientôt reçue par le Président de la République et le ministre de l’éducation nationale, la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) entend maintenant leur extorquer une surveillance de tout le domaine pédagogique sur la nature, au mépris des professionnels et de la loi.

Il s’agit d’un « Observatoire des pratiques pédagogiques sur l’éducation à l’environnement » que la FNC veut lancer avec la bénédiction de Vincent Peillon.

L’exigence « pédagogique » des chasseurs montre leur mépris total pour les éducateurs nature, qui font déjà partout en France un excellent travail de sensibilisation aux enjeux de l’écologie, sans arrière-pensée de prosélytisme pour des intérêts privés ou pour un loisir contestable. Or, ces pédagogues professionnels de la nature n’ont jamais été reçus par les responsables politiques.

En revanche, les représentants du lobby chasse ont déjà signé, le 4 mars 2010, un partenariat avec Jean-Louis Borloo et Luc Chatel, à l’époque Ministres respectivement de l’Écologie et de l’Éducation, pour « l’éducation au développement durable ».

Malgré cette plaisante formulation, les réalités de terrain sont tout autres et montrent une réelle volonté de donner à nos enfants le goût de la chasse et des armes, récompenses et sandwichs au chevreuil à l’appui. Que faut-il de plus ? Anéantir toute approche objective et scientifique du monde vivant ?

Les chasseurs sont loin de montrer le comportement exemplaire que l’on attendrait pour nos enfants. Lorsque Vincent Peillon était député de la Somme, sa permanence avait été saccagée par des chasseurs de CPNT en 1998, puis il a été accueilli à coups de pierres par des chasseurs en 2000, et sauvé de justesse par un hélicoptère de la gendarmerie…

Se souviendra-t-il de ce potentiel de vertus pédagogiques du monde de la chasse ?

Le Collectif « Non aux chasseurs dans les écoles ! » s’insurge avec force contre ce prosélytisme pourtant interdit (1) et rappelle, aux ministres concernés, qu’il représente également des millions de parents et citoyens non chasseurs qui, eux aussi, savent voter.

Associations signataires et membres du collectif : APIE, ASPAS, Association pour la défense des victimes de la chasse, AVES France, Bonnelles nature, CACC, CPEPESC Franche-Comté, CPEPESC Nationale, CPN Brabant, CROC BLANC, CVN, Droits Des Animaux, Fondation Brigitte Bardot, Frapna Savoie, GEOB, GDEAM, IDAE, L214, Le Sanctuaire des hérissons, Loire Vivante Nièvre Allier Cher, LPO Nationale, LPO Rhône Alpes, LPO Drôme, MELES, Mille Traces, Nature Centre, Nature et Humanisme, Ni Homme – Ni Objet, Oiseau nature, One Voice, Perche Nature, Pro’eco, RAC, Serre Vivante, SPA Nationale, Stop violence France, Veg’Asso…

(1) La laïcité s’appuie sur la liberté de conscience définie dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, puis celle de 1948. C’est le cadre juridique fixé par la loi du 9 décembre 1905 qui implique une stricte neutralité dans les établissements scolaires

Voici la pétition, qu’il est possible de signer ici.

Pétition : Non aux chasseurs dans les écoles

Le gouvernement autorise les amateurs d’armes à entrer dans les écoles pour donner des leçons de « développement durable », favorisant ainsi le prosélytisme du lobby chasse envers les enfants. Les chasseurs n’ont aucune légitimité pédagogique.

Leur passion de la chasse et leur concurrence avec les prédateurs naturels leur donnent une vision déformée de la faune, qu’ils partagent entre « nuisibles » et « gibier ».

Les chasseurs ne sont pas des biologistes et n’ont pas de compétence pour décrire un écosystème dans sa globalité.

Leur opposition aux mesures de protection de la biodiversité, leur opposition aux ours et aux loups, leur absence dans les combats pour la défense des animaux sauvages, leurs contentieux quasi quotidiens contre les protecteurs ne rend pas leur discours « écologique » crédible.

L’ASPAS, de nombreux enseignants et le collectif “NON aux chasseurs dans les écoles” réclament l’arrêt immédiat de ces opérations illégales, immorales et inutiles.

Sangliers : le préfet de l’Aisne autorise la chasse toute l’année

« Dans ces conditions, ce n’est plus de la chasse aux sangliers, c’est de la destruction d’animaux, du massacre. Nous ne pouvons pas cautionner cela. »

Voilà ce que disent… les président et directeur de la fédération des chasseurs de l’Aisne Hubert Moquet et Bruno Doyer.

La cause de cette « colère » tient au fait que sur « suggestion » du ministère de l’Intérieur, il y a un arrêté préfectoral qui prolonge la chasse du sanglier, mais également du lapin de garenne et du pigeon ramier.

Cela signifie en pratique que les sangliers seront chassés en pleine période de reproduction. En clair, ils doivent être génocidés, car ils sont considérés par l’État comme trop nombreux et causant trop de dégâts.

Si les chasseurs protestent, ce n’est pas pour défendre les sangliers, bien entendu. Il y a deux raisons, la première c’est que la chasse aux sangliers dans l’Aisne devient… gratuite !

Car l’État appelle tout le monde à se précipiter dans une orgie de mort. La fédération départementale regrette, en fait, la taxe que chaque chasseur aurait dû lui remettre.

Et la fédération départementale regrette aussi que son prétendu rôle « régulateur » – selon le principe comme quoi la Nature aurait besoin d’être régulée à coups de fusils, etc. – soit nié.

La fédération départementale des chasseurs raconte donc que « Il existe dans l’Aisne le contexte d’un trop-plein de sangliers auquel l’arrêté préfectoral donne raison. Mais depuis huit ans, nous prélevons dans le département 7500 à 8000 sangliers par an. Nous avons stabilisé les populations qui ne sont ni en excès, ni en régression. »

Maintenant, regardons quelque chose concernant cette question, et montrant l’hypocrisie générale. Voici en effet ce qu’on trouve dans la revue « Le chasseur français » de mars 2013 :

Les chasseurs voient d’un mauvais œil ce contraceptif ; le président d’honneur de l’Association nationale des chasseurs de grand gibier, au nom très aristocratique de A. J. Hettier de Boislambert, explique ainsi que « la contraception du sanglier est à proscrire en tant que procédé antinaturel » qui serait « une manoeuvre pour tenter de discréditer le rôle de régulateur de populations sauvages que revendique à juste titre le chasseur. »

C’est ce fameux discours de « régulation » par le meurtre qui n’est qu’un justificatif social-darwiniste à une pratique meurtrière, et qui voit donc de très mauvais œil toute tentative d’organisation différente, comme par exemple sur le territoire du canton de Genève où la chasse est interdite et où les sangliers sont « encadrés » par un clôturage électrique préventif, un agrainage dissuasif, etc.

Surtout que les chasseurs nourrissent les sangliers, voire en introduisent, etc. La démarche des chasseurs est une escroquerie permanente, voilà tout.

Bien entendu, la contraception n’a rien de naturel. Cependant, c’est une question importante qui doit être étudiée de par le contexte. En tout cas, la question des sangliers, comme en général des animaux libres dans la Nature, rappelle que nos villes sont une catastrophe et une forme d’organisation en guerre avec la Nature.

Chaque jour, les contradictions se renforcent et les villes qui partent à la conquête de la Nature découvrent des « problèmes », des sangliers aux renards, des oiseaux aux hérissons, alors que ces problèmes n’en sont pas et que c’est l’organisation de l’humanité qui en est un, et le seul !

La chasse, esprit du tueur

« Jour de chasse » indique aux chasseurs non pas ce qu’il faut penser, cela ils le savent déjà, mais comment il faut le formuler. Voici par exemple une identité forte et récurrente: les chasseurs sont là pour réguler la nature.

Par conséquent, il faudrait qu’il y ait davantage de chasseurs, et il y a ainsi l’appel à faire pression sur l’administration, en des points bien précis… Cette idée relayée en de nombreux endroits peut alors triompher!

Et bien évidemment, les appuis sont présentés, afin qu’on sache sur qui on peut compter…

Le portrait des amis est quelque chose de très important dans un milieu fermé!

On remarquera que, si la revue reste très propre dans ses formulations afin de ne jamais prêter le flanc à une critique, les faits ne sont pas spécialement cachés, comme cet édifiant chiffre de plus de 100 000 animaux blessés… Comme si les meurtres ne suffisaient pas!

On reste bien dans une idéologie de mort. « Le succès enfin » dit l’article présentant un animal assassiné. Le meurtre est stylisé, comme élégant, intelligent…

On remarque la combinaison terroir – vieilles maisons – traditions  avec l’esprit high tech, fusils à lunettes et GPS! C’est propre à la haute bourgeoisie, qui veut de la tradition, mais de la tradition moderne comme les publicités dans « jour de chasse »: Jaguar, Porsche…. Le reste étant des 4×4!

Il n’est pas difficile de comprendre comment tout cela se décline de haut en bas dans la société. La chasse, c’est l’esprit du tueur, le tueur masqué derrière des valeurs nobles, protégé par le fait d’être en haut de la société. Si on ne voit pas cela, on ne voit pas quelle nature a la chasse en France.

Le style de vie chasse – haute bourgeoisie

Continuons notre périple commencé hier dans « Jour de chasse ». Nous avons parlé de la mentalité, mais il faut parler du style, et les images se suffisent à elles-mêmes. Les choses sont très claires en effet: on est « entre soi ». La chasse est un lieu de rencontre, de passage. C’est incontournable dans la haute bourgeoisie.

Si ce sont les hommes seulement qui chassent, bien sûr, les femmes ont le droit de cité, elles peuvent rejoindre le style. A ce titre, les marques que l’on retrouve mises en avant son pratiquement inconnues, c’est un milieu très fermé. Et l’argent ne compte pas, bien entendu.

Le code vestimentaire pour les hommes est par contre extrêmement rigide: il faut rejoindre l’uniforme, les codes sont très précis. C’est une question de « goût. »

Et qui dit goût dit décoration. « Jour de chasse » regorge d’articles sur les romans, les tableaux, les sculptures etc. qui célèbrent la chasse. On peut même acheter ses chaussons ultra chics avec des animaux victimes de la chasse brodés dessus. C’est tout un monde!

Bien entendu, les publicités savent qui elles visent…

Tout comme les articles savent quel public ils visent, quel public ils éduquent…

La haute bourgeoisie, c’est tout un style de vie! La marque Vicomte Arthur en est un symbole récent, bien dans l’esprit décadent…

Voilà le milieu qui met la chasse en avant… C’est édifiant! Faut-il s’étonner après que l’équivalent anglais de la haute bourgeoisie française ait réussi à contourner l’interdiction de la chasse au renard? On est là dans un milieu très fermé, qui se serre les coudes, qui dispose d’appuis au plus haut niveau de l’Etat, ainsi que des moyens financiers pour pouvoir contourner matériellement les obstacles. C’est une société dans la société, qui a une influence très profonde.

Là est le paradoxe que la chasse populaire n’est que le pâle reflet de cette chasse là. C’est cette chasse de la haute bourgeoisie qui irrigue culturellement la chasse populaire, guidant ses valeurs, ses démarches, en trustant les directions des associations, en jouant sur les mentalités virilistes ainsi qu’obséquieuses par rapport aux gens de la haute!

En Angleterre, la chasse au renard jamais autant pratiquée, malgré l’interdiction

L’exploitation animale est une réalité sociale; il n’y a pas de spécisme abstrait qui surplomberait une humanité indifférenciée. A Londres par exemple, la fourrure n’est plus vendue dans les grands magasins, sauf évidemment chez Harrods, qui vise le luxe des classes sociales « chics. »

De la même manière, la haute bourgeoisie anglaise n’a pas abandonné « sa » chasse aux renards, qu’elle considère comme relevant de sa propre identité (pour la France, voir par exemple notre article La chasse et la (très) haute bourgeoisie). Elle a donc défendu son identité en contournant la loi.

Voici un article du Figaro expliquant cela, et on notera bien que l’article constate simplement que la loi d’interdiction a été obtenue de haute lutte:

Un demi-million de personnes dans les rues de Londres au plus fort de la crise. Sept cents heures de débat à la Chambre des communes (contre trois heures pour l’engagement militaire en Irak!).

Et pourtant, pour se justifier, les chasseurs prétendent désormais traquer l’odeur du renard, plus le renard lui-même. Et ça passe… Car là est évidemment la grande contradiction chez les personnes combattant un certain type d’exploitation animale, mais niant sa réalité sociale. La fourrure, tout comme le « foie gras », fait partie de l’attirail de la haute bourgeoisie. Et les personnes riches qui dominent dans la société ont largement le moyen de contourner la loi, vue que celle-ci est organisée et appliquée par des gens qui leur sont intimement liées…

En Angleterre, ils chassent le renard envers et contre tous

Outre-Manche, la loi interdisant la chasse au renard date de 2004. Pourtant, cette activité n’a jamais été aussi pratiquée.

Un matin d’hiver, il y a quelques mois, non loin du château de Badminton (là même où fut inventé le jeu de raquettes du même nom), sur les terres du duc de Beaufort. Droit comme un «i» sur son destrier, Ian Farquhar, alias «le Capitaine» (ex-officier du Queen’s Own Hussars, il fut écuyer de la reine mère), sanglé dans sa veste verte, pibole (petite trompe) autour du cou et fouet en main, savoure le moment.

C’est l’heure du meet, rassemblement des cavaliers. Des hommes, des femmes, et même des enfants juchés sur des poneys. Des bénévoles en bottes de caoutchouc et aux joues rougies par le froid leur proposent un verre de porto ou de whisky, servi sur un plateau. Un rituel immuable dans une ambiance festive. Les chevaux piaffent. Les chiens, superbes et racés, s’impatientent, vont de l’un à l’autre.

Une meute de 35 foxhounds, élevés et dressés pour une seule chose: la chasse au renard. Pratique pourtant interdite depuis quelques années! «Il faut que tout change, pour que rien ne change». Visiblement, les Anglais ont fait leur cet adage tiré du Guépard. On se souvient de la polémique suscitée par cette abolition.

Un demi-million de personnes dans les rues de Londres au plus fort de la crise. Sept cents heures de débat à la Chambre des communes (contre trois heures pour l’engagement militaire en Irak!).

Et Tony Blair qui confesse dans ses Mémoires avoir commis une «erreur politique majeure» en faisant voter la loi. Explication de Pierre de Boisguilbert, secrétaire général de la Société de vénerie et fin connaisseur du sujet: «Ce fut une décision purement politique. Arrivé au pouvoir en 1997, Tony Blair a finalement été contraint d’interdire la chasse au renard en 2004, sous la pression de l’aile gauche du parti travailliste. Le but poursuivi n’était pas tant de protéger le renard (en surnombre outre-Manche, y compris à Londres) que de s’en prendre au symbole de l’Angleterre conservatrice et traditionnelle: le gentleman-farmer qui chasse à courre. Sauf que ce clivage droite/gauche se double d’une autre fracture, plus profonde encore: celle entre les urbains et les ruraux. Deux univers, deux modes de vie».

Pour contourner l’interdiction gouvernementale et perpétuer un hobby ancestral (la chasse au renard date du XVIIe siècle), les équipages ont donc modifié leur façon d’opérer. À défaut de traquer Charlie (le surnom du renard), les chiens se contentent de pister son odeur.

C’est ce qu’on appelle le trail hunt: à l’aube, des cavaliers traînant un drag (sac de jute imprégné d’urine de renard en flacon made in USA!) sillonnent la campagne, reconstituant le parcours qu’aurait suivi le gibier avant la funeste année 2004. Plus l’itinéraire est compliqué, plus il est apprécié des aficionados: murets, clôtures, ruisseaux, bosquets, fourrés. Un sport autant qu’une chasse. Et si chute il y a, la partie n’en sera que meilleure.

Autre différence: la présence toujours possible de ce qu’on appelle les «saboteurs». Entendez les opposants anti-chasse de la très militante et virulente LACS (League Against Cruel Sports). Ces forcenés se tiennent en embuscade, équipés de caméras et autres appareils, bien décidés à surprendre leurs ennemis en flagrant délit.

Car la loi exige du plaignant la preuve que la meute poursuivait un renard et non son odeur. Ce qui la rend quasiment inapplicable: moins de 10 condamnations nationales en tout et pour tout depuis son adoption. Pour environ 200 équipages chassant en moyenne quatre fois par semaine!

À en croire Ian Farquhar, ex-master of foxhounds de Beaufort (soit le grand manitou), ces quelques cas ne sont que des «accidents»: «Comprenez bien que nos chiens appartiennent à la 25e génération d’une lignée dont le pedigree remonte à 1743. Il a fallu deux siècles et demi pour obtenir cette meute exceptionnelle qui fait l’admiration de tous . Si jamais un renard est débusqué, par une regrettable coïncidence, of course, comment voulez-vous briser l’élan de 35 bêtes aussi athlétiques et surentraînées?».

Au pays de l’euphémisme et du double sens, chacun interprétera ces propos à sa manière. Seule certitude: en ce lundi glacial, la centaine de cavaliers (les grands jours, l’effectif peut atteindre 200 chevaux) lancée à la poursuite d’une proie virtuelle s’en est rentrée bredouille, après une demi-journée de galopade et de steeple-chase.

Une spectaculaire chorégraphie dans un décor champêtre, il faut le reconnaître. Mais de Goupil, point. Ultime question du journaliste cartésien à un Nemrod aussi fourbu que sa monture:- Finalement, vous n’attrapez jamais rien?- Si, des rhumes.

Qui est le plus rusé des deux, le chasseur ou le renard? Après vingt-cinq ans de loyaux services, Ian Farquhar a pris sa retraite l’été dernier. Sur les quelque 200 équipages recensés en Angleterre et au pays de Galles, seuls deux d’entre eux (Beaufort et Heythrop) sont autorisés à porter cette couleur.

Tous les autres sont en rouge. Badminton est considéré comme la Mecque de la chasse au renard et l’équipage de Beaufort, le nec plus ultra en la matière. Jusqu’en 2005, c’est là que le prince Charles et ses fils s’adonnaient à ce passe-temps.

Lexique pour néophytes

Si la vénerie française possède son propre jargon, il en va de même avec son homologue britannique. La barrière linguistique en plus.

– Meet: rendez-vous de l’équipage et des participants, vers 11 heures du matin, devant le pub du village ou la demeure d’un particulier.

– Master of foxhounds: le maître d’équipage. Il est le patron, l’organisateur et le responsable de la chasse.

– Huntsman: le piqueur. Muni de la fameuse pibole, il mène les chiens pendant le laisser-courre. Dans le cas de l’équipage de Beaufort, Ian Farquhar, légende vivante de ce milieu, cumule les titres de master of foxhounds et de huntsman.

– Kennelsman: il s’occupe des chenils, de l’élevage, du dressage et de la santé des chiens.

– Whipper-in: le second. Armé d’un fouet, il assiste le huntsman en veillant à ce que les chiens restent en meute et ne s’égayent pas dans la nature.

Ceux-là sont des professionnels, qui arborent la couleur de leur équipage (vert ou rouge). Les participants se contentent d’une jaquette bleue mais la couleur du revers indique s’ils sont des chasseurs réguliers ou simplement des invités occasionnels!

« La fermière qui défie les chasseurs à courre »

L’histoire ci-dessous, tirée du Parisien qui a le mérite de présenter l’affaire « en détail », passionnera forcément toute personne amie des animaux. Une éleveuse qui laisse finalement ses terrains en friche pour abriter des animaux sauvages fuyant les chasseurs, c’est quelque chose de très fort.

C’est une preuve que même si la crise économique pousse au pire individualisme et à la mesquinerie, la Nature reste quant à elle visible et pousse à la grandeur d’âme, c’est-à-dire à être soi-même, tout naturellement.

C’est on ne peut plus significatif de ce qu’est notre époque : une époque de transition, de changements… où le meilleur côtoie le pire, puisque comme on le voit ici, les chasseurs représentent vraiment l’idéologie de la mort, de la conquête par la force, de l’absence de respect…

La fermière qui défie les chasseurs à courre

Chantal Villain a transformé ses 30 ha de terre en refuge pour cerfs et biches traqués par les équipages de chasse à courre. Récit d’une guerre entre pro et anti-chasse.

Une vie en état de siège. Quand d’autres profitent de l’automne pour dénicher cèpes ou châtaignes, Chantal Villain ne quitte pas sa maison. Cette quinquagénaire vit seule, à 1,5 km de la plus proche habitation, au bout d’un chemin forestier qui se termine par une bâtisse au toit d’ardoise. L’endroit, noyé entre haies, marais et forêt, a tout du havre de paix.

Pourtant, Chantal Villain vit « un véritable enfer. » « Ça fait vingt ans que ça dure, mais ces derniers temps, le harcèlement a redoublé », soupire-t-elle, à bout.

D’abord, cette agricultrice exploitait 50 ha à Murlin. « Petite fille, les week-ends étaient immuables. Les chasseurs à courre arrachaient nos clôtures le samedi, et on les réparait le dimanche. »

Un jour de 2004, Chantal a rendu les armes et déménagé quelques kilomètres plus loin à Margis, lieu-dit de Beaumont-la-Ferrière, où elle avait hérité de 30 ha qu’elle consacra à élever des salers et des porcs gascons.

Las, cette installation à la lisière de la forêt des Bertranges, l’une des plus grandes de France, n’a pas été synonyme de sérénité retrouvée. Dès son arrivée, « ça a recommencé de plus belle, les clôtures étaient détruites et mes animaux se sauvaient. J’ai dû m’en séparer ».

Alors, l’agricultrice s’est lancée dans le combat de sa vie : empêcher les veneurs de pénétrer sur sa propriété pour y traquer le gibier, et surtout le cerf, animal mythique que seuls 37 équipages sur les 420 existants en France sont habilités à pister.

Fervente partisane d’une vie en symbiose avec la nature, cette écolo qui en a longtemps refusé l’étiquette laisse la nature prendre ses droits sur ses terrains. Résultat : les animaux ont fait du lieu une arche de Noé.

« C’est ce que les chasseurs à courre ne supportent pas, explique Chantal Villain. Que les animaux se réfugient chez moi. »

En atteste le troupeau de biches qui batifole en cette fin d’après-midi. « Du coup, ils viennent la nuit et tirent pour que le gibier quitte ma propriété. Ils sont là généralement le mardi ou le samedi, parfois presque toute la semaine en fin de saison, quand ils n’ont pas atteint leurs quotas. »

De larvé, le conflit a viré à la guerre ouverte. Pneus du tracteur crevé, rétroviseurs arrachés, jets de pierres et même tirs à la chevrotine sur son toit ou son chien : Chantal Villain assure être devenue la bête noire des quatre équipages qui officient régulièrement dans le secteur et prennent leurs aises dans cette propriété stratégique, truffée de rivières et de mares où les animaux viennent boire.

Sous un soleil d’automne, attablée dehors, Chantal décrypte les notes jaunies qui portent le récit de plusieurs années d’affrontements.

« En novembre 2011, ça a été terrible », raconte-t-elle d’une voix blanche. Photos en main, elle décrit ce cerf, venu se coller à l’entrée de sa grange. « Il y avait des dizaines de chasseurs qui m’insultaient. Je les ai tenus à distance pendant quatre heures avec une bombe lacrymogène. »

D’ordinaire, le maire se déplace, ce qui a pour effet de calmer les ardeurs de la meute. « Là, il était en vacances. Les chasseurs ont appelé les gendarmes, qui sont venus récupérer les chiens. Le cerf a pu s’enfuir. »

Une seule fois, Chantal a déposé plainte, en 1998. « Mais ils n’ont rien pu faire, faute de preuves », ont-ils dit. Depuis, l’ex-agricultrice a laissé tomber la voie judiciaire.

« Quand je vois un cerf poursuivi devant chez moi, je le laisse passer, et je jette du poivre ou des épices pour que les chiens perdent sa trace, décrit-elle. C’est déjà arrivé que deux cerfs se croisent, poursuivis par deux meutes différentes! Quand les chasseurs se rassemblent devant ma maison, je les prends en photo. »

Maigre défense qui ne l’a pas empêchée, assure-t-elle, d’être frappée à plusieurs reprises. « Ils ont déjà menacé de me tuer. L’un d’eux m’a dit que je finirai dans le trou bleu », une ancienne mine inondée, à dix kilomètres de là. « Elle est seule, isolée, j’ai peur pour sa vie », souffle son amie Christine.

De tous les équipages auxquels Chantal s’est confrontée, le Piqu’avant nivernais semble le plus virulent. « Les relations sont d’autant plus difficiles que leurs suiveurs sont des locaux », analyse Christine.

« C’est un des plus puissants de France. Au-delà de la chasse, ils veulent voler mes terres », accuse Chantal Villain. Dans un courrier, Philippe De Rouälle, maître d’équipage du Piqu’avant, lui proposait l’an dernier « une location de tout ou partie des prairies » qui pourrait « apporter paix et tranquillité ».

Contacté, il n’a pu être joint. De son côté, le maire s’est plaint sans succès auprès de l’ONF, qui botte en touche. Chantal, elle, n’en démordra pas. « Je ne supporterais pas de partir d’ici, même avec de l’argent. Ce serait me renier. »

L’UICN, Peugeot et la chasse au lion

C’est très représentatif : on parle beaucoup de Peugeot en ce moment, le ministère du « redressement productif » donnant finalement raison aux actionnaires et aux patrons de Peugeot pour mettre sur le carreau les ouvriers.

Et dans le Journal du Dimanche, il y a trois jours, on a une photographie d’un des deux patron de Peugeot à la chasse au lion, Robert Peugeot, alors que celui-ci est sur la liste de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature qui a justement rendu son rapport catastrophique hier…

On a là un parfait symbole de qui dirige notre monde, avec les conséquences qui s’ensuivent (on peut voir ici un article parlant de Robert Peugeot ou encore notre article sur la chasse et la très (haute) bourgeoisie).

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) tient son congrès et a donc publié hier, à cette occasion, un document intitulé « Sans prix ou sans valeur ? » au sujet des 100 espèces les plus menacées d’extinction.

Bien évidemment, ce document n’existe qu’en anglais, de par la nullité complète des institutions françaises… et pourtant il y a un comité français de l’UICN… C’est quelque chose de récurrent et de vraiment très grave.

C’est d’ailleurs un document important qu’a produit l’UICN, parce qu’il officialise la grande contradiction de la « protection animale. » Il n’y en a en effet pas assez de moyens matériels et financiers, pas assez de reconnaissance culturelle par les sociétés.

Le point de vue des gens ayant fait le rapport est cash:

« Nous avons besoin d’un fonds pour prévenir l’extinction, financé par les gouvernements, et qui se traduise par des milliards et non des millions »

Ce qui a le mérite d’exposer clairement le problème… Et surtout, partant de là, la protection d’espèces face à l’extinction va commencer à rendre officiel le critère du rendement financier, de « l’utilité » pour les êtres humains. C’est le cauchemar fait réalité pour toute personne tentant de préserver Gaïa, la vie sauvage.

C’est non seulement absurde moralement et culturellement, mais également très concrètement, puisque sur Terre tout est relié, dans la grande chaîne de la vie…

Mais telle est la réalité dans une société fondée sur le profit. Il faut produire des marchandises, les animaux étant considérés comme des marchandises également. Tout le reste passe à la trappe.

L’UICN a donc deux leviers. Le premier, c’est l’argument moral, tendant finalement à assumer la position de la libération de la Terre. Ellen Boucher, co-auteur du rapport mais faisant partie de la Société zoologique de Londres qui a participé à l’établissement du document de l’UICN, explique ainsi :

« Toutes les espèces énumérées sont uniques et irremplaçables. Si elles disparaissent, aucune somme d’argent ne pourra les ramener. Cependant, nous pouvons leur donner une chance de survivre mais cela exige de la société de soutenir la position morale et éthique que toutes les espèces ont un droit inhérent à l’existence. »

L’autre levier a été exploité par le président de la Commission de survie des espèces de l’UICN, Simon Stuart :

« Bien que la valeur de certaines espèces pourrait ne pas paraître apparente en premier lieu, toutes les espèces contribuent en fait à leur façon au bon fonctionnement de la planète. »

C’est un appel à la rationalité, sauf qu’évidemment cela ne marche pas, parce la machine à profits ne raisonne qu’à court terme, comme le montre la photographie du responsable de Peugeot à la chasse au lion.

La chasse au lion, en 2012 ! Les ouvriers de Peugeot, dont le symbole est un lion, y verront une triste ironie, mais il est vrai également que pour ne pas avoir compris la dimension du problème, ils ne pourront pas s’attaquer aux véritables racines de ce qui les met sur la paille.

C’est le même mouvement qui engloutit le lion et les ouvriers, toute la nature sauvage et toute possibilité d’une vie digne. Soit on essaie de s’enfuir, de trouver un refuge, quelque part dans la Drôme ou dans les Cévennes, ou encore à la manière du personnage du film Into the wild. Soit on assume toutes ses responsabilités vis-à-vis de la planète et de tous ses êtres vivants !

La chasse et la (très) haute bourgeoisie

Les médias traitant de l’économie ont diffusé hier l’information de la mort de Patrick Ricard, fils de Paul Ricard, et lui même président de Pernod Ricard.

En filigrane, comme une sorte d’anecdote pour « gens au courant », il était fait mention qu’il s’agissait d’un « grand amateur de chasse. »

Dans sa nécrologie, Le Figaro présente ainsi benoîtement le profil du « bon entrepreneur » :

« En novembre 2008, il avait cédé la direction générale de l’empire, dont la famille Ricard détient encore 14 % du capital, à Pierre Pringuet. Depuis, ce grand amateur de chasse, très attaché à l’entreprise et à sa famille, passait plusieurs fois par semaine dans son bureau au siège parisien du groupe, et visitait régulièrement les filiales du groupe partout dans le monde. »

C’est très fin comme allusion, et c’est l’occasion de préciser cet aspect de la chasse, qui n’est pas forcément connu. Dans les milieux de la haute bourgeoisie en effet, la chasse est une activité très appréciée.

Quand on pense à la chasse, on a en tête des gens de milieu rural, pas forcément riches loin de là ; c’est une vision réductrice, car l’idéologie de la chasse est largement dépendante de la haute bourgeoisie.

Prenons donc le cas de Patrick Ricard, président de Ricard en 1971 et de Pernod-Ricard en 1978. Pernod-Ricard, c’est en France pratiquement 30 % des spiritueux, et c’est le numéro deux au niveau mondial (en font partie par exemple Jameson,Chivas, Ballantines, Malibu, Mumm, Absolut, etc.).

En pratique, Patrick Ricard était donc la 13ème fortune de France, pesant 2,4 milliards d’euros…

Membre de la très haute bourgeoisie, la chasse faisait donc partie de sa culture. A ce titre, il avait l’habitude de convier des gens de « la haute » dans son domaine, qui est domaine de Clairefontaine de Ricard, à Clairefontaine-en-Yvelines, sur 170 hectares.

Pour bien comprendre l’ampleur de cette culture, il faut savoir qu’acheter une forêt permet une réduction d’impôt de 25 % des frais d’investissement… Ce que rapporte les coupes de bois n’est même pas imposable…

Et tant qu’à faire, pour le calcul de l’impôt sur la fortune, les forêts sont prises en compte qu’au ¾, voire pas du tout s’il s’agit d’un bien professionnel. D’où le fait que la propriété en question héberge parfois des séminaires ou le XV de France…

Et pour les frais de succession, ou même de donation ne sont pris en compte que les 25 % de la valeur…

C’est dire tout le système, et à quel point la culture est ancrée. Par exemple, Didier Schuller, l’ancien conseiller général RPR de Clichy, ex-directeur général de l’office d’HLM des Hauts-de-Seine, responsable de 30 000 logements, louait chaque week end pas moins de 2000 hectares auprès de l’Office national des forêts, ce qui lui permettait de nombreuses rencontres (le Canard enchaîné parlera des « béton-flingueurs »).

Dans un vieil article de l’Express à ce sujet, on lit de manière intéressante :

Les réseaux cynégétiques perdurent et prospèrent. « Quand vous passez la journée avec quelques compagnons, tous couverts de boue, les cuissardes dans la vase, le courant passe plus vite », assure Antoine Cohen-Potin, l’ancien rédacteur en chef du magazine Plaisirs de la chasse.

Il a lui-même fondé fin 1995 avec quatre amis chasseurs un « cercle Gaston-Phoebus », du nom du comte de Foix, éphémère président de la République des Pyrénées et chasseur émérite, pour réunir les meilleurs fusils de toutes les professions. Des écrivains comme Jean d’Ormesson et Michel Déon côtoient le restaurateur Bernard Loiseau, le patron du CNPF Jean Gandois, ou l’ancien ministre François Abadie, membre du Conseil constitutionnel. « Quinze jours après sa création, raconte le fondateur, les uns me téléphonaient pour avoir les coordonnées des autres. » Ainsi naît un réseau.

C’était il y a dix ans, mais c’est encore vrai aujourd’hui. Le problème étant qu’il est difficile d’obtenir des informations, évidemment.

Le même article constatait :

« Les plus discrets sont sans conteste les chasseurs de grands fauves, un réseau très sélect de gens qui rêvent tous d’appartenir au « Rowland Ward’s records of big game », le gotha international des meilleurs fusils. Longtemps, leur modèle fut Bernard Dumon, le patron de la société sucrière Saint-Louis, décédé en 1994 dans un accident d’avion, en partance pour un week-end de chasse en Europe de l’Est. Dumon était l’un des compagnons de traque en Roumanie de Claude Bébéar, le Pdg du groupe d’assurances Axa, qui exhibe ses trophées dans son bureau: deux antilopes empaillées et une peau de panthère. S’il a décidé de s’accorder du temps pour vivre – il quitte le travail le jeudi soir – c’est pour pouvoir consacrer plus de temps à la chasse.

Le joaillier Alain Boucheron qui tire la grouse écossaise, le ministre Yves Galland, qui possède des droits d’exploitation en Afrique centrale, François Dalle, l’ex-patron de L’Oréal et son successeur Lindsay Owen-Jones qui affectionnent le perdreau rouge espagnol, Jean de Mouy, Pdg des parfums Jean Patou, qui chasse le canard en Argentine, Gérard Clayeux, président d’une entreprise de layette et vêtements pour enfants, qui totalise plus d’une centaine de trophées, Philippe Delagrange, du laboratoire du même nom, qui a créé en plein Texas un ranch où il a implanté des espèces rares, tous ont partagé, et parfois au cours des mêmes parties, les mêmes sensations fortes. « Cela crée des liens, confie un amateur de safaris, qui peuvent, c’est vrai, se révéler fort utiles à l’occasion. »

Inutile d’attendre davantage de précisions. L’omerta est de règle chez les chasseurs, de faisan comme d’antilope. Même si l’on sait que la prise de contrôle de Roussel-Uclaf par Hoechst se décida lors d’une battue en Sologne. Ou qu’une opportune discussion lors d’une chasse présidentielle à Rambouillet en 1978, entre Giscard d’Estaing et Roger Martin, le président de Saint-Gobain, permit à ce dernier d’accélérer l’entrée de sa société dans le capital de Bull… »

Plongeons-nous donc dans un article plus récent, publié dans Challenges l’année dernière. C’est tout un monde (avec Patrick Ricard, donc), celui des plus riches, pour qui la chasse est une valeur sacrée

Qui va à la chasse gagne une place – Le cercle des chasseurs

On les imagine très bien dans l’ambiance feutrée des conseils d’administration. Beaucoup moins crapahutant dans un labour de l’Oise, des paquets de boue collés aux bottes, sous un ciel bas d’hiver; ou progressant difficilement au milieu d’inextricables broussailles solognotes, desquelles à tout instant peut surgir un cochon furieux poursuivi par une meute de teckels hurlants.

Et pourtant, même si certains rechignent à l’avouer en public, la chasse est une passion partagée par de nombreux industriels, banquiers, cadres supérieurs, hauts fonctionnaires, médecins, avocats, architectes, élus locaux ou nationaux qui se retrouvent, plusieurs week-ends par an, pour traquer petit ou gros gibier, en battue ou devant soi. Cela, dans une ambiance où la convivialité n’exclut pas un strict respect de l’étiquette. Amateurs s’abstenir…

Grand passionné, Olivier Dassault n’hésite pas à avaler les kilomètres pour chasser la tourterelle au Maroc, le perdreau en Espagne, le sanglier en Hongrie, avec une préférence pour «l’approche du brocard au moment du rut». Familier des plus belles chasses, il grave tout en haut de son panthéon les domaines de Voisins et de Dampierre (Yvelines) en France, de Castle Hill en Angleterre et de La Nava en Espagne.

Egalement passionné, Albert Frère reste cependant mystérieux quant à ses destinations. Non sans humour, il explique: «Je ne veux pas divulguer le nom des propriétaires qui me témoignent beaucoup de gentillesse en me conviant régulièrement chez eux. Je pourrais bien entendu dévoiler leur identité, mais je crains d’oublier l’un d’eux et qu’il ne voie dans cette omission un irrémédiable critère d’exclusion pour l’avenir. C’est un risque que je ne veux pas courir.»

En revanche, le baron Albert est fort disert sur ses compagnons d’armes habituels. «Ils s’appellent, entre autres, Patrick Ricard, Claude Bébéar, Henri de Castries, Hubert Guerrand-Hermès, les Paul Desmarais, Juan Abello, Carlos Marsh, Henry Kravis, Maurice Lippens.» Bref, le gotha industriel et financier de la planète. Et la liste est loin d’être exhaustive. «J’en demande par avance pardon à ceux que j’aurais pu oublier dans mon énumération.»

Olivier Dassault aussi apprécie la compagnie de Patrick Ricard, des frères Bouygues ou de François Bich, «et par-dessus tout celle de mon père, tient-il à préciser, avec qui je partage ces moments privilégiés». Si Patrick Ricard ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet, Martin Bouygues a tenu à préciser à Challenges qu’il ne pratique jamais de chasse d’affaires, cette passion relevant de la sphère privée.

A ces calibres prestigieux, on peut ajouter Amaury de Sèze (Carrefour), Antoine Cohen-Potin (Moët-Hennessy), les frères Wertheimer (Chanel), Yves Forestier (Le Petit Forestier), Claude Tendil (Generali) et quelques associés-gérants de Lazard ou de Rothschild. Mais, comme dirait le baron Albert, la liste n’est pas exhaustive…

Elle l’est d’autant moins que la discrétion est l’une des vertus cardinales exigées des invités s’ils souhaitent être de nouveau couchés sur ces listes prestigieuses, minutieusement dressées avant chaque été. Dès juillet, en effet, les propriétaires organisent le calendrier de la saison à venir – de une à dix journées selon la taille du domaine et la qualité du gibier. En être ou ne pas en être, c’est, pour beaucoup d’amoureux de la chasse, la question de l’année. Certains se damneraient pour recevoir le précieux bristol qui leur permettra d’assouvir leur passion tout en étoffant leur carnet d’adresses.

Elle l’est d’autant moins que la discrétion est l’une des vertus cardinales exigées des invités s’ils souhaitent être de nouveau couchés sur ces listes prestigieuses, minutieusement dressées avant chaque été. Dès juillet, en effet, les propriétaires organisent le calendrier de la saison à venir – de une à dix journées selon la taille du domaine et la qualité du gibier. En être ou ne pas en être, c’est, pour beaucoup d’amoureux de la chasse, la question de l’année. Certains se damneraient pour recevoir le précieux bristol qui leur permettra d’assouvir leur passion tout en étoffant leur carnet d’adresses.

Pour ceux qui possèdent une domaine, pas de souci: on s’échange les invitations entre propriétaires. Pour les autres, il faudra faire ses preuves. La relation se noue souvent au cours d’un repas d’affaires où une seule petite phrase – «Ah! Vous êtes chasseur?» – va opérer comme un sésame. Après une petite enquête discrète – «Machin, vous connaissez? C’est un bon fusil?» –, l’invitation est lancée. L’impétrant doit ensuite se révéler digne de la faveur qui lui est faite et suivre un code non écrit de bonne conduite. «L’étiquette est très importante, reconnaît Eric Ber- ville, éditeur du Guide des meilleures chasses de France. A partir du moment où vous êtes bon chasseur, les barrières sociales tombent vite.»

Respecter les consignes de sécurité est le b.a.-ba. Mais certains, emportés par l’ivresse de l’instant, en viennent à l’oublier. Ils seront exclus du circuit avec l’infâmante étiquette de «viandards». Ne pas arriver déguisé en Tartarin de chez Hermès sponsorisé par Purdey, ne pas amener son chien s’il n’est pas impeccablement dressé, éviter de vanter ses prouesses passées sont aussi vivement recommandés.

De même que faire preuve de discrétion, voire de désintéressement, au moment de la «bourriche» – quand vient l’heure de répartir les pièces tuées. Et surtout ne pas «défourailler» à tout-va: laisser tirer celui qui est mieux placé que vous, faire montre d’un élégant coup de fusil et ne jamais jalouser celui qui se révélera plus doué.

A ces conditions, des moments inoubliables vous seront offerts qui vous fourniront un lot d’anecdotes pour le reste de votre existence. «Je me souviens d’une battue incroyable, où des dizaines de faisans traversaient l’enceinte par escadrilles, raconte un haut fonctionnaire. De vraies bombes volantes! J’ai compté cinq faisans à mon actif. A ma gauche, Giscard en avait abattu quarante!» Tel autre se rappelle l’instant privilégié où, entre deux traques, Claude Bébéar lui a offert un exposé de vingt minutes sur l’avenir économique de la Chine.

Partager ces moments rares de convivialité n’exclut pas de parler business, à condition de le faire avec discernement. Pas question de sortir à tout bout de champ sa carte de visite ou de partir à l’assaut d’un invité en lui proposant une affaire. Une ou deux phrases suffisent parfois pour nouer le contact. «Bien sûr, on s’intéresse au business des autres, mais on évite d’en parler pendant la chasse», explique Eric Coisne, directeur exécutif de Colam Entreprendre, président d’une chasse au perdreau regroupant une quinzaine d’actionnaires amis – et autant d’invités – à la frontière de l’Oise et de l’Aisne. «Si une opportunité se présente, on se recontacte après.»

Bertrand Verspieren, PDG du groupe nordiste DP&S, qui consacre 40 à 50 jours par an à sa passion, le plus souvent dans un cadre familial et amical, n’a jamais conclu d’affaires à cette occasion. Mais il reconnaît volontiers que les grandes chasses peuvent être un lieu de pouvoir. «Comme tous les réseaux, elles révèlent une première affinité qui présage d’autres qualités que l’on peut aimer retrouver dans un contexte professionnel.»

Olivier Dassault, lui, invite parfois ses clients en semaine, histoire de «les remercier de leur confiance et de leur fi délité aux avions ou aux supports de presse du groupe». Il a même réussi à vendre des Falcon. «J’ai un jour convaincu un invité d’acheter un Falcon 900X, à la grande surprise de notre direction des ventes qui ne pensait pas une seconde que cette société acquerrait directement un gros modèle tel celui-ci. Ce type d’exemple s’est répété plusieurs fois, surtout avec des clients étrangers.»

«L’utile et l’agréable ne sont pas forcément inconciliables, confirme Albert Frère. La chasse m’a permis d’étoffer mon carnet d’adresses, d’élargir mon réseau de relations et de nouer des contacts suivis avec des décideurs. Elle m’a aussi permis de rencontrer des gens de tous horizons, intéressants à bien des égards, avec lesquels j’ai tissé d’indéfectibles liens, tantôt amicaux, tantôt professionnels, tantôt les deux.»

A-t-il décidé d’investissements à cette occasion? «La réponse est incontestablement: oui.» Impossible d’en savoir plus: «Je m’en voudrais d’abuser de votre temps.» Incorrigible baron…

Les hauts fonctionnaires ou les élus locaux sont particulièrement sollicités, non sans arrière-pensées parfois. «Depuis que je ne suis plus en poste, je suis moins invité», reconnaît l’un d’eux. Ce côté trop ouvertement intéressé de certaines invitations a fini par lasser les chasseurs à la recherche de relations plus authentiques.

«Je devrais inviter plus souvent des institutionnels ou des politiques, comme certains de mes concurrents, mais l’argent a changé la donne, admet un banquier influent. Trop de gens rentabilisent les chasses d’affaires, et l’ambiance est devenue moins conviviale.» D’autres s’avouent lassés par la multiplication de ces chasses «à la cocotte» où l’on tire des faisans d’élevage poussifs lâchés juste avant la battue. Et ne sélectionnent plus que les chasses où les oiseaux sont élevés «à l’anglaise», c’est-à-dire dans des volières à ciel ouvert.

Du coup, nombre de chasseurs, échaudés par les chasses bling-bling, en reviennent aux valeurs sûres: la chasse au chien devant soi, en famille ou avec des amis. «Les plus belles parties se font à deux ou trois copains avec un chien dans les bois ou à la hutte», dit Eric Coisne. Comme l’assure un proverbe nordiste: «Le bruit ne fait pas de bien; le bien ne fait pas de bruit.» Un bon chasseur non plus.

La fin est éloquente : c’est dire si ces gens aiment la chasse ! C’est un moyen de faire partie d’un réseau, mais c’est aussi un « plaisir » faisant partie de leurs valeurs !

EELV en faveur de la chasse « responsable »

La libération animale présuppose le refus catégorique de la chasse. Si cela ne peut pas être un thème central, car l’exploitation animale n’est pas érigée en système moderne et perfectionné à très grande échelle, le refus de la chasse est une obligation morale face à la culture de la mort et l’attitude de domination patriarcale.

Les chasseurs, même s’ils sont en partie de culture populaire, sont des alliés de tout ce qui s’oppose à l’écologie et aux animaux. Le fait qu’Europe Ecologie – les Verts soutienne désormais la chasse est révélateur et totalement honteux. Et bien entendu inacceptable.

C’est un excellent point de départ si l’on discute avec des gens d’EELV, car comment peut-on se dire écologiste et soutenir la chasse, une tradition sordide entretenue artificiellement en nourrissant des animaux pour mieux les assassiner ensuite, tout en se prétendant « utile » à l’environnement dont ils rétabliraient « l’équilibre. »

Voici ce que dit la secrétaire nationale d’EELV, Cécile Duflot, dans une interview accordée à Libération hier 18 janvier 2012.

Lors de ses voeux au monde rural mardi, Nicolas Sarkozy a critiqué des règles environnementales «tatillonnes», notamment sur la protection de l’eau, et a proposé de «relâcher la pression» sur la protection de l’environnement. Comment réagissez-vous ?

On ne peut être que stupéfait de la faiblesse de l’argumentaire et de l’humiliation pour tous ceux qui ont cru à une part de sincérité dans la démarche du Grenelle de l’environnement en 2007 et y avaient vu un espoir. Ces critiques sur la protection de l’eau, qui est essentielle pour notre avenir, à l’heure où on parle des algues vertes et de maladies liées à la pollution de l’eau, et que nous, écologistes, considérons comme un bien commun de l’humanité, traduisent une incompréhension sur ces sujets et même une bêtise.

Le chef de l’Etat a aussi voulu rassurer les chasseurs, en désapprouvant notamment une décision rendue le 23 décembre par le Conseil d’État pour avancer la date de clôture de la chasse de certaines oies…

Il y a une même incompréhension des réalités. Cette manière d’opposer chasseurs et protecteurs de l’environnement est ringarde et inopérante. Je suis frappée aussi par cet irrespect des décisions de justice.

Qu’un Président en fonction attaque une décision du Conseil d’État, voilà qui est exotique et étonnant. On se dit que le candidat a fait perdre la tête au Président.

C’est-à-dire ? Une manière de reconquérir un électorat traditionnellement à droite ?

C’est une démarche de politique à la papa, et je suis sûre qu’un certain nombre de gens ne seront pas dupes.

Nicolas Sarkozy a ajouté que «les chasseurs ne sont pas les ennemis de l’environnement». Selon vous, avez-vous réussi à dépasser cette opposition ?

Il joue de l’opposition entre les Français, comme il l’avait fait sur le thème de l’identité nationale. Mais les écologistes, à bas bruit et depuis longtemps, ont tissé des liens avec le monde de la chasse pour penser la pratique d’une chasse responsable.

Nous engageons ce dialogue, quitte à ce qu’il soit parfois musclé. En parlant ainsi aux ultra-chasseurs, Nicolas Sarkozy ne fait que flatter les bas instincts et caricaturer, ce qui constitue l’un des ressorts de sa politique.

Pour rappel voici ce que disait Eva Joly il y a quelques mois. On remarquera qu’elle prétend d’habitude vouloir que la justice soit appliquée partout à la lettre, et qu’ici elle justifie des lois différentes selon les endroits, et « excuse » même qu’en Angleterre la loi soit contournée !

Et cela au nom des « différences » et de la « liberté » ! Ici Eva Joly s’oppose à l’universalisme et dit précisément la même chose que les « identitaires » et ceux qui défendent le « terroir » et ses « traditions. »

« La corrida est très populaire dans le Sud de l’Europe et il convient d’empêcher que cela se développe ailleurs que là où c’est ancré dans les traditions. Il faut limiter l’accès à ce spectacle aux adultes. »

« Je suis hésitante sur une interdiction, car en Espagne, cela fait partie vraiment de la culture. Une interdiction ne peut se faire que progressivement, en concertation avec les populations locales. »

« La chasse à courre est aussi une chasse ancestrale et très implantée dans certaines régions, et donc ma réponse est la même. Il y va du respect des cultures locales, des régions, des identités culturelles. »

Nouvelle loi sur « l’obstruction à la chasse »

Une loi et une proposition de loi forment l’actualité de ces derniers jours, pour les personnes s’intéressant à la cause animale.

Une loi et une proposition de loi qui sont étroitement liées sur le plan culturel, car leur aspect social est prédominant.

En effet, la loi qui vient de passer protège les chasses, expression en apparence populaire mais ayant un certain coût, tout en sachant que la loi vise surtout la chasse à courre, expression néo-aristocratique très en vogue dans la grande bourgeoisie.

Et inversement, la proposition de loi vise à interdire les corridas et les combats de coqs, une tradition par contre populaire.

Populaire, mais nullement défendable, bien entendu. Mais cela montre à quel point la cause animale doit avoir une compréhension juste de la société, sinon on agit de manière contre-productive.

Il est en effet inévitable que l’argument sorte sinon : la cause animale s’oppose aux intérêts des plus pauvres. Cela est faux, rien que sur le plan de la dignité ! Mais le but du jeu est de semer la confusion, comme le fait par exemple Chasse, Pêche, Nature, Tradition (CPNT).

Que dit CPNT au sujet de la proposition de loi, effectuée par Geneviève Gaillard (PS) et Muriel Marland-Militello (UMP), présidente et vice-présidente du groupe d’études parlementaire sur la protection des animaux ?

CPNT dit très intelligemment la chose suivante:

« CPNT estime que le respect des traditions est un devoir sous peine de négationnisme culturel. Le combat contre l’obscurantisme animaliste et la sensiblerie bobo à la Bambi continue! »

Être sensible, ce serait être « bobo » (bourgeois bohème)… Le peuple serait habitué à la vie à la dure, éprouver de la compassion serait un luxe de grand bourgeois.

Associé à un esprit de criminalisation de la cause animale, la formulation de CPNT est très bien calculée. Il ne manque plus qu’encore davantage de démagogie sociale, et cela ne manque pas dans le reste du communiqué de presse :

« CPNT s’étonne qu’en cette période de crise et de difficultés financières, en outre en plein débat sur les retraites et le développement agricole et économique, quelques parlementaires en mal de publicité trouvent le temps de s’attaquer à des activités culturelles et traditionnelles à l’impact économique particulièrement important dans les territoires. »

Là aussi on voit que CPNT se donne une image sociale, donnant dans la rengaine connue comme quoi s’occuper des animaux serait un luxe, un passe-temps de grand bourgeois, etc.

Sauf que s’il est un passe-temps de grand bourgeois, c’est justement la chasse à courre, et voilà qu’une nouvelle loi la protège, instaurant le délit d’obstruction à la chasse.

Que dit cette nouvelle loi ?

A la sous-section 3 de la section 1 du chapitre VIII du titre II du livre IV du code de l’environnement (partie réglementaire), il est ajouté un paragraphe 5 ainsi rédigé :

« Paragraphe 5

« Obstruction à un acte de chasse

« Art. R. 428-12-1. – Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe le fait, par des actes d’obstruction concertés, d’empêcher le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse tels que définis à l’article L. 420-3. »

Voici l’article L. 420-3 en question:

« Constitue un acte de chasse tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l’attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci.

L’acte préparatoire à la chasse antérieur à la recherche effective du gibier, y compris lorsqu’il consiste en un repérage non armé du gibier sur le territoire où s’exerce le droit de chasse, et l’acte de recherche du gibier accompli par un auxiliaire de la chasse ne constituent pas des actes de chasse.

Achever un animal mortellement blessé ou aux abois ne constitue pas un acte de chasse, de même que la curée ou l’entraînement des chiens courants sans capture de gibier sur les territoires où s’exerce le droit de chasse de leur propriétaire durant les périodes d’ouverture de la chasse fixées par l’autorité administrative.

Ne constitue pas non plus un acte de chasse le fait, pour un conducteur de chien de sang, de procéder à la recherche d’un animal blessé ou de contrôler le résultat d’un tir sur un animal.

Les entraînements, concours et épreuves de chiens de chasse ou d’oiseaux de fauconnerie, autorisés par l’autorité administrative, ne constituent pas des actes de chasse.

N’est pas considéré comme une infraction le fait, à la fin de l’action de chasse, de récupérer sur autrui ses chiens perdus. »

Comme on le voit, c’est l’obstruction à toutes les chasses qui est criminalisée.

Or, de manière intéressante, les médias n’ont parlé que de la chasse à courre… C’est une chose qu’il faut certainement comprendre…

Car ce sont les obstructions à la chasse en général qui sont criminalisées, et pas du tout uniquement la chasse à courre. Voici cependant le communiqué de l’association Droit des animaux à ce sujet, qui est connu justement pour avoir fait de l’opposition à la chasse à courre un de ses thèmes principaux:

« C’est trop d’honneur, Monsieur le Ministre !

Notre ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a gratifié notre association d’un décret visant à mettre fin à ses activités d’interposition à la chasse à courre, par l’institution d’une nouvelle infraction : « l’obstruction à la chasse« .

Père Noël avant l’heure, il ajoute à la longue liste de cadeaux à un lobby décidément très écouté. Bien peu en effet peuvent se vanter d’obtenir de pouvoirs publics une protection pénale de leur loisir ! Il est vrai que la Fédération de la chasse s’est livrée à un véritable harcèlement.

Deux jours avant sa publication, la Fédération Nationale des Chasseurs publie un communiqué de presse, dans lequel elle déplore que « malgré des propos encourageants tenus au cours de son Assemblée Générale en Mars 2009 », le « décret contre les saboteurs de chasse, promis de longue date n’est toujours pas publié ! ».

Aujourd’hui donc, celui qui voudra aider un animal à échapper à une mort violente se verra puni d’une amende de 1500€. Les chasseurs doivent pouvoir torturer et tuer en paix, d’après Monsieur Borloo.

La députée Martine Billard, de même que Brigitte Bardot dans sa lettre ouverte à Fillon, se sont élevées contre cette atteinte aux libertés publiques. La liberté d’opinion est effectivement menacée par cette mesure, qui n’avait pas été admise deux ans auparavant par l’assemblée nationale (rejet de l’article 12 de la loi Ponatowski, pourtant très favorable aux chasseurs).

Rappelons-le, notre action était parfaitement légale avant qu’elle soit criminalisée par décret. C’est bien d’une répression politique qu’il s’agit.

L’association Droits des Animaux et ses membres ne renonceront pas à faire usage de leurs libertés fondamentales. Comptez sur nous pour une présence sur le terrain dès la rentrée prochaine ! »

La loi est pourtant bien plus vaste que cela. Rappelons en effet que la chasse à courre est un phénomène de grand bourgeois : il y a 420 équipages en France, répartis sur 67 départements, 150.000 membres d’équipage et 150.000 à 200.000 suiveurs.

Mais seulement 1% des animaux tués à la chasse le sont lors de la chasse à courre qui, rappelons le, est pratiquée sans armes : c’est la meute de chiens qui est « utilisée » comme arme…

Et il y a surtout 1.350.000 de chasseurs, dont la chasse est culturellement bien plus ancrée et présente. Chasseurs qui se réjouissent de la loi eux aussi, voici ainsi le communiqué d’hier de la Fédération nationale des Chasseurs, qui parle des actions terroristes menées au nom de la libération animale:

« Au moment où se multiplient, à travers tout le territoire, des actions terroristes de la part des mouvements de « Libération Animale », la FNC se réjouit que François Fillon, Premier ministre, Jean louis Borloo, ministre d’Etat en charge de l’Ecologie, Michèle Alliot-Marie, Ministre d’Etat, garde des Sceaux, aient cosigné ce texte dont elle espère qu’il aura l’effet dissuasif souhaité. »

Alors, comment comprendre cette loi, comme une loi en faveur de la chasse à courre, ou en faveur de la chasse en général?

Cela dépend du point de vue selon lequel on se place.

Si l’on se place du point de vue du droit des animaux, alors oui la loi vise à protéger la chasse à courre, pour empêcher qu’il n’y ait une contagion de la lutte pour les droits des animaux à d’autres secteurs (la chasse, puis les abattoirs, etc.).

Mais si l’on se place à partir du point de vue de la libération animale – et la libération animale ne raisonne pas en terme de « droits » – alors cette loi n’est que l’expression des rapports de domination existant globalement dans la société française.

La loi sur la chasse n’est que le prolongement logique des autres lois anti-animaux que l’on retrouve à tous les niveaux dans la société française.

Il faut ainsi voir que si la loi de criminalisation est une mauvaise chose, la proposition de loi contre les corridas et les combats de coq n’est pas forcément une excellente chose, car non seulement cela résume la question animale à une question « juridique », mais en plus cela présente la lutte pour les animaux comme une cause venant de l’extérieur de la société.

La loi sur l’obstruction à la chasse est logique, alors que « l’ordre règne. » Soit on est contre tout cet ordre, et on est pour la libération animale. Soit on veut changer les choses de l’intérieur, mais alors on est confronté inévitablement à des culs-de-sac.

L’agrainage de sangliers organisé par les chasseurs pour tuer toujours plus

Les ennemis des animaux utilisent l’argument comme quoi sans intervention humaine, les animaux seraient trop nombreux et se poseraient en concurrents de l’humanité. Cet argument tout à fait mensonger est notamment utilisé pour justifier la chasse.

Voilà pourquoi il est certainement utile de connaître le principe de l’agrainage.

Si en effet le nombre de sangliers en France a littéralement explosé, c’est en raison des chasseurs qui ont organisé cette croissance numérique.

Pourquoi? Eh bien pour chasser plus facilement, tout simplement. Ainsi, 466 352 sangliers ont été officiellement tués rien qu’en France la saison 2006-2007…

Les chasseurs procèdent de la manière suivante: ils disposent des agrenoirs à sangliers. Il s’agit d’une sorte de « distributeur » qui, lorsqu’il est bougé, fait tomber du maïs pour les sangliers. Jusqu’à plusieurs kilos par jour et par sanglier!

Normalement ces agrenoirs visent en certaines saisons à cantonner les animaux sauvages dans certaines zones, afin de les empêcher d’aller dans les zones de récoltes.

Les chasseurs ont récupéré cette technique à leur profit, au grand dam des paysans d’ailleurs, qui voient justement les sangliers de plus en plus nombreux débarquer dans leurs champs.

Soit ils bricolent eux-même cet agrenoir, soit ils l’achètent tout prêt directement à l’une des nombreuses entreprises spécialisées dans la chasse.

En vocabulaire barbare, cela s’appelle la « gestion cynégétique. » Le tout sous supervision des chasseurs, car la loi du 26 juillet 2000 relative à la chasse donne la responsabilité aux fédérations départementales des chasseurs d’élaborer un Schéma Départemental de Gestion Cynégétique « en association avec les propriétaires, les gestionnaires et les usagers des territoires concernés. »

Quelle est la conséquence de cela, en plus des meurtres, de la destruction de la biodiversité, des champs saccagés et des accidents de circulation de plus en plus nombreux?

Eh bien, la transformation de la chasse de passe-temps meurtrier individuel à celui de meurtres de masse organisés en battue.

La figure du chasseur individuel tend à disparaître, en lieu et place on a droit à l’organisation d’équipée meurtrière rassemblant des hommes désireux de tuer le plus possible. Ces hommes avides de sang, sont souvent aisés pour ce permettre d’organiser ces « évènements. »

Et, dans cette barbarie, il y a même la raison: les chasseurs évitent de tuer les vieilles femelles! Car il s’agit pour eux d’avoir de plus en plus de sangliers à tuer…

Il faut savoir également que les chasseurs, lorsque les préfectures organisent des battues, font en sorte de déplacer les populations de sangliers!

Pour les personnes intéressées par cette question de l’agrainage, une émission (totalement lamentable, comme de bien entendu) est passée sur la chaîne Direct 8 et présente certains aspects de cette question.

Mais uniquement bien entendu par rapport à la polémique entre chasseurs et paysans (faisant que certaines préfectures tentent d’interdire ou de réguler l’agrainage, vu que la population de sangliers est désormais estimée à un million).

« Le retour des chasses présidentielles »

« Le retour des chasses présidentielles » : voilà le titre des articles qui circulent dans les médias. La fonction présidentielle est d’une très haute importance, et ce qui se fait a un impact énorme dans la société.

En choisissant de remettre au goût du jour les chasses présidentielles (mises plus ou moins « entre parenthèses » par Chirac), Sarkozy anéantit un énorme travail contre la chasse, un énorme travail soit, mais réformiste.

Car en refusant de critiquer l’ensemble de la société et l’exploitation animale qui va avec, le réformisme s’est mis à la remorque des valeurs dominantes… qui sont celles qu’elles sont.

Quel bourgeois refuserait de se faire « acheter » par l’énorme privilège d’aller dans un château comme celui de Chambord, en petit cercle fermé, avec petit déjeuner, déjeuner dans une clairière, partie de chasse, dîner dans la grande salle du château?

Sans oublier le « tableau de chasse » présenté par la garde républicaine évidemment en grande tenue, le flambeau à la main, le tout dans un château illuminé, les sonneurs jouant du cor!

Le ministre des finances suédois lui n’a pas hésité, puisque ce lundi il est allé chasser à Chambord, sans évidemment le préciser dans son emploi du temps. Pas de chance pour lui un tabloïd suédois l’a grillé, et ce qu’on lit dans l’article exprime clairement le sens de ces « chasses présidentielles »; à côté de la photographie du château, on lit: « c’est ici que chasse le ministère des finances avec les élites du pouvoir. »

Les « élites du pouvoir », voilà quelque chose de profondément anti-démocratique, et donc qui s’ouvre à la chasse. C’est précisément cet aspect féodal qui avait torpillé la volonté de Mitterrand de rompre avec ces chasses, comme on peut le lire dans un article du Monde:

C’est paradoxalement sous François Mitterrand qu’elles furent particulièrement courues.

Le président socialiste n’aimait pas la chasse, mais n’ignorait pas son importance. Lorsque Alain Bombard, nommé secrétaire d’Etat à l’environnement du premier gouvernement Mauroy, voulut interdire la chasse à courre et fermer les chasses présidentielles, ce fut une levée de boucliers. Quelques vieux socialistes de la Nièvre, terre d’élection de Mitterrand, les défendirent avec ardeur.

Le frère du président, Philippe, grand tireur et bon connaisseur des oiseaux, plaida habilement son goût de la nature : « Tous les chasseurs ne sont pas des viandards, allons… » Michel Charasse et André Rousselet firent valoir la nécessité de réguler la faune sur les domaines. Bombard dut démissionner. Et les chasses présidentielles prirent leur véritable essor.

Il n’est ainsi pas étonnant que les chasses présidentielles soient une référence culturelle dans notre société; selon les médias, on retrouve dans les chasses présidentielles de grandes figures de la police, des grands bourgeois d’entreprises du CAC 40, des préfets, des ministres, des chefs d’Etat de pays « amis »…

Bref, l’élite de l’élite du pays, en cercle très fermé.

Le tout chapeauté par le conseiller de Sarkozy, Pierre Charon, qui est le président du conseil d’administration du domaine de Chambord. Conseiller qui explique quant au caractère secret des invitations: « Quand on invite des gens à un anniversaire, on ne donne pas le nom des invités. »

Voilà le genre de fêtes de la haute bourgeoisie, voilà son idéologie: la mort, institutionnalisée.