Hubert-Félix Thiéfaine : « La fille du coupeur de joints »

« La fille du coupeur de joints » est la chanson qui en France a joué un rôle immense dans la valorisation du cannabis. Hubert-Félix Thiéfaine chantait alors une folk poétique délirante plutôt sombre, alternée de chansons décalées.

« La fille du coupeur de joints » appartient à ce dernier type, sur l’album « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir » de 1978.

Or, Hubert Felix Thiefaine n’était pas alors une figure commerciale comme aujourd’hui ; il restait entièrement à l’écart des circuits officiels, tout en ayant un succès très puissant dans la jeunesse « alternative ».

La conséquence en a été une influence massive et mauvaise sur celle-ci. Loin des grandes poses inacessibles  du dandy tourmenté fricotant avec le suicide et les drogues dures, « La fille du coupeur de joints » synthétise par son texte et son approche musicale la figure du gentil je m’en foutiste pseudo-alternatif.

Wikipedia présente la chanson ainsi :

L’une de ses chansons les plus connues, La Fille du coupeur de joints, figurant sur son premier album, traite, sous un aspect enjoué, de l’amour et de la consommation de cannabis. L’imagerie des « consommateurs de substances psychotropes » est un des thèmes récurrents de son œuvre, notamment dans Solexine et Ganja, Exil sur la planète fantôme, Narcisse 81, Cabaret Sainte-Lilith…

Public Ados la présente ainsi :

En 1978, Hubert Félix Thiéfaine en finit avec les maquettes : il sort « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir… ». Ce n’est pas le titre d’une chanson, mais celui de son premier album. Le disque, comme le titre, est difficilement abordable. Mais « La fille du coupeur de joints » qui aborde, de manière légère et festive, la consommation de cannabis, se fait une place sur les ondes.

En voici les paroles.

Elle descendait de la montagne
Sur un chariot chargé de paille
Sur un chariot chargé de foin

La fille du coupeur de joints
La fille du coupeur de joints

Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien

Et nous, on était cinq chômeurs
A s’lamenter sur notre malheur
En se disant qu’on se taperait bien

Elle descendait de la montagne
V’là qu’elle nous voit vers les murailles
Et qu’elle nous fait « Coucou les gens »

Ben, v’là qu’elle nous prend par la taille
Et qu’elle nous emmène sur sa paille
Elle nous fait le coup du zeppelin

Ben nous on était cinq chômeurs
À s’payer une tranche de bonheur
Un’ tranche de tagada tsoin-tsoin

Quand on eut passé la ferraille
Elle nous fit fumer de sa paille
Sacré bon Dieu que c’était bien

Plus question d’chercher du travail
On pédalait dans les nuages
Au milieu des petits lapins

Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien

La fille du coupeur de joints

Voici également une version live avec Tryo et Didier Wampas, Hubert-Félix Thiéfaine ayant décadé à ce niveau. Il a d’ailleurs même essayé d’écrire des chansons pour Johnny Hallyday !

« Tant que nous ne connaîtrons point l’homme naturel… »

Voici deux citations de Jean-Jacques Rousseau très connues, mais qu’il fait toujours plaisir de relire.

Quand on les lit, on se dit toujours : c’est vrai, Rousseau a raison c’est l’un des nôtres, lui aussi il aime la Nature, il veut être naturel, il pense que nous sommes naturellement pleins de compassion, ayant « une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables »…

« Tant que nous ne connaîtrons point l’homme naturel, c’est en vain que nous voudrons déterminer la loi qu’il a reçue ou celle qui convient le mieux à sa constitution.

Tout ce que nous pouvons voir très clairement au sujet de cette loi, c’est que non seulement pour qu’elle soit loi il faut que la volonté de celui qu’elle oblige puisse s’y soumettre avec connaissance, mais qu’il faut encore pour qu’elle soit naturelle qu’elle parle immédiatement par la voix de la nature.

Laissant donc tous les livres scientifiques qui ne nous apprennent qu’à voir les hommes tels qu’ils se sont faits, et méditant sur les premières et plus simples opérations de l’âme humaine, j’y crois apercevoir deux principes antérieurs à la raison, dont l’un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes, et l’autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables.

C’est du concours et de la combinaison que notre esprit est en état de faire de ces deux principes, sans qu’il soit nécessaire d’y faire entrer celui de la sociabilité, que me paraissent découler toutes les règles du droit naturel ; règles que la raison est ensuite forcée de rétablir sur d’autres fondements, quand par ses développements successifs elle est venue à bout d’étouffer la nature.

(préface au Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes)

« Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant.

Mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.

La métallurgie et l’agriculture furent les deux arts dont l’invention produisit cette grande révolution.

Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain.

Aussi l’un et l’autre étaient-ils inconnus aux sauvages de l’Amérique qui, pour cela, sont toujours demeurés tels; les autres peuples semblent même être restés barbares tant qu’ils ont pratiqué l’un de ces arts sans l’autre; et l’une des meilleures raisons peut-être pourquoi l’Europe a été, sinon plus tôt, du moins plus constamment et mieux policée que les autres parties du monde, c’est qu’elle est à la fois la plus abondante en fer et la plus fertile en blé. »

(Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes)

La compilation « Stones To Mark A Fire »

Nous sommes en 1995 et Rod Coronado est en prison pour de multiples actions illégales dans le cadre de la lutte pour la libération animale.

D’origine amérindienne, il a été actif dans l’ALF et porte-parole de l’ELF, alors qu’à l’âge de 19 ans il avait rejoint, en 1985, le Sea Shepherd, causant en 1986 deux millions de dollars de dégâts à la flotte islandaise chassant les baleines.

En 1995, il est en prison pour avoir participé, dans le cadre de l’opération « Bite back » de l’ALF, à l’attaque des unités de recherche de l’université du Michigan, causant 125 000 dollars de destruction et anéantissant 32 années de données de recherches.

Dans le cadre de son soutien, on trouve bien entendu la scène vegan straight edge, au coeur de la mouvance pour la libération animale. Les deux petits labels alternatifs « Militant Records » et  ‎ »Vegan Earth Order » sortirent alors une compilation dont les bénéfices lui allaient : « Stones To Mark A Fire » (« des pierres pour démarrer un feu »).

Il est possible de le télécharger ici. On y retrouve les principaux groupes de musique de la scène vegan straight edge, d’orientation musicale très différente, mais tous dans une optique de conflit avec la vie quotidienne dominante.

Il y a ainsi Earth Crisis (avec The Order that shall be), Statement, Abnegation, Birthright, etc. (et bizarrement le groupe Hatebreed à ses débuts, leur chanson n’étant pas ici présente dans le téléchargement).

Le véganisme n’est pas né ces dernières années. Le véganisme est né dans le prolongement de l’émergence de l’ALF en Angleterre dans les années 1970 et 1980, de la scène vegan straight edge émergeant aux Etats-Unis dans les années 1990.

Le véganisme n’est pas une forme de « fuite », ce qui est appelé un « escapisme » en anglais, mais une approche de la vie quotidienne exigeant la rupture avec les valeurs dominantes.

Bien entendu, le système tente d’intégrer le véganisme, et il peut y parvenir en partie, en créant un petit secteur commercial en vivotant.

Mais il ne peut pas intégrer le besoin de se confronter de manière complète à l’exploitation animale, l’envie intelligente de combattre la destruction de la planète, la reconnaissance morale et culturelle que l’humanité n’est qu’une composante de la Nature !

Une chasse aux Pokémon à la « fête de la nature et de la chasse »

C’est une anecdote, mais elle est culturellement significative : à la « fête de la nature et de la chasse » qui se déroule à Compiègne, nous parlions hier de cette ville, il y aura des Pokémon à attraper (voir ici notre article sur Pokémon go).

Voici comment le Courrier Picard présente cela :

Des animations spécifiques pour les enfants sont prévues, ainsi que des balades à dos d’âne ou de poney.

Un chef se propose de donner des conseils culinaires, pour préparer le gibier. Sur place également une montgolfière statique.

À côté des stands dédiés aux chasseurs et à leur équipement, il y a la reconstitution d’une partie de chasse au gibier, avec une mare et une hutte.

Mais également une partie dédiée aux pêcheurs.

Les chiens de chasse sont particulièrement mis en évidence, avec les chiens d’arrêt, les chiens suiveurs, ceux qui se chargent de la recherche du gibier blessé et les équipages de vénerie.

Que ce soit la chasse à courre, avec dix équipages présents, ou la chasse sous terre, dite petite vénerie.

Mais la grande folie actuelle ne sera pas oubliée. C’est ainsi qu’une chasse aux Pokémon sera organisée pendant les deux jours.

«  Nous allons lâcher un certain nombre de leurres et il faut savoir que nous avons répertorié plus d’une vingtaine de Pokéstops dans le parc  », soutient Marc Morgan, directeur de la FDC60.

Pour qu’il y ait des Pokémon, il faut en effet des endroits précis dans le jeu, comme des endroits culturels ; sans doute les organisateurs ont-ils contacté l’entreprise pour en ajouter, renforçant le tout avec des « leurres » attirant beaucoup de Pokémon attrapables par toutes les personnes présentes autour.

C’est un plan tout à fait calculé, une opération marketing très efficace… On voit aisément que le but du jeu des organisateurs est d’emprisonner le plus de gens dans une certaine manière de voir les choses. En l’occurrence, ici, il s’agit de coincer les gens dans une vie quotidienne où l’exploitation animale est partout présente.

Alors l’utilisation de la chasse aux Pokémon est logique : le parallèle est évident, puisque la personne qui cherche des Pokémon a comme objectif de les accumuler. Le chasseur actuel est une sorte de petit capitaliste cherchant à accumuler du profit ; son loisir est de s’approprier.

En plus, dans le jeu Pokémon, la personne les chassant est en concurrence avec d’autres, elle peut en élever, les renforcer,  les faire se combattre, etc.

C’est l’esprit de concurrence le plus vil.

Et les parents qui laissent les enfants et les adolescents faire cela donnent libre cours à une logique culturelle déjà néfaste, mais imaginons ce que cela donne dans le cadre d’une « fête » où la chasse est le principal thème, le reste ne servant que de faire-valoir.

Et encore, quand on parle de chasse, il faut voir qu’on est bien au-delà, car l’endroit tourne finalement autour de la chasse à courre.

Il y a des chiens élevés pour traquer le « gibier blessé » et autour d’eux, les enfants courront en traquant des Pokémon.

C’est d’un sinistre!

Yes – Don’t Kill The Whale

Yes est un groupe de rock progressif très connu, avec une musique parfois très difficile d’accès. On ne sera guère étonné de l’approche poétique assez particulière qu’on trouve dans les paroles de cette chanson, « Don’t Kill The Whale », qu’il faut rapprocher de l’immense campagne existant alors en Angleterre afin de s’opposer à la chasse à la baleine.

Ce qui ressort, ce sont surtout les très belles phrases à la fin de la chanson, annonçant l’époque nouvelle à venir : « Si le temps le permet / Nous jugerons tous ceux qui venaient / Dans le sillage de notre nouvelle ère se positionner pour ce qui est fragile / Ne chassez pas la baleine ».

You’re first
I’m last
You’re thirst
I’m asked to justify
Killing our last heaven beast
Don’t hunt the whale
Vous êtes le premier
Je suis le dernier
Tu es soif
On me demande de justifier
Notre dernière bête du ciel
Ne chassez pas la baleine

In beauty
Vision
Do we
Offer much
If we reason with destiny, gonna lose our touch
Don’t kill the whale
Dans la beauté
Vision
Est-ce que nous
Offrons beaucoup
Si l’on raisonne avec le destin, on va perdre notre toucher
Ne chassez pas la baleine

Rejoice
They sing
They worship their own space
In a moment of love, they will die for their grace
Don’t kill the whale
Réjouissez-vous
Elles chantent
Elles célèbrent leur propre espace
Dans un moment d’amour, elles vont mourir pour leur grâce
Ne chassez pas la baleine

If time will allow
We will judge all who came
In the wake of our new age to stand for the frail
Don’t kill the whale
Si le temps le permet
Nous jugerons tous ceux qui venaient
Dans le sillage de notre nouvelle ère se positionner pour ce qui est fragile
Ne chassez pas la baleine

John Denver – Calypso

Les aventures de la Calypso, le navire océanographique du commandant Cousteau, ont fasciné toute une génération. Vu d’aujourd’hui, les pratiques ont été en réalité  parfois criminelles avec par exemple un récif de corail dynamité, des animaux massacrés… (voir Cousteau et « Le monde du silence »).

La chanson suivante, toutefois, appelle à s’inspirer d’une démarche comprise alors comme étant « au service de la vie ». Elle est chantée  en 1975 par l’américain John Denver, qui n’est pas très connu en France, alors qu’il l’est dans de nombreux autres pays, comme l’Inde.

Très engagé socialement, il l’était également dans le domaine de l’écologie, faisant la promotion du développement durable ; il a été en première ligne pour défendre le refuge faunique national Arctic en Alaska, demandant son élargissement et combattant les tentatives de forage pétrolier dans cette zone.

La polémique est encore extrêmement forte, avec des tentatives permanentes du parti républicain de forcer l’autorisation de forage.

A la suite de cette chanson, on en trouvera également une autre, bien plus connue : Sunshine On My Shoulders, où John Denver fait tout simplement l’éloge de la lumière du soleil.

Cette très belle chanson est le symbole d’une manière d’appréhender la vie, de manière simple et dans le respect de la Nature. Pour cette raison, les Simpson l’ont utilisé comme symbole lors d’une scène où un hippie chante cette chanson et se fait agresser dans un contexte de canicule.

To sail on a dream on a crystal clear ocean, to ride on the crest of the wild raging storm
To work in the service of life and the living, in search of the answers to questions unknown
To be part of the movement and part of the growing, part of beginning to understand
Naviguer sur un rêve sur un océan clair comme du cristal, monter sur la crête de la tempête qui fait rage
Pour travailler au service de la vie et du vivant, à la recherche des réponses à des questions inconnues
Pour faire partie du mouvement et une partie de ce qui croît, une partie du début à comprendre

Aye, Calypso, the place’s you’ve been to
the things that you’ve shown us, the stories you tell
Aye, Calypso, I sing to your spirit, the men who have served you so long and so well
Aye, Calypso, les endroits que tu as visité
les choses que tu nous avez montré, les histoires que tu nous racontes
Aye, Calypso, je chante à ton esprit, les hommes qui t’ont servi si longtemps et si bien

Like the dolphin who guides you, you bring us beside you
to light up the darkness and show us the way
For though we are strangers in your silent world, to live on the land we must learn from the sea
To be true as the tide and free as a wind swell, joyful and loving in letting it be
Comme le dauphin qui te guide, tu nous amènes à côté de toi
pour éclairer les ténèbres et nous montrer le chemin
Car bien que nous soyons des étrangers dans ton monde du silence, afin de vivre sur terre nous devons apprendre de la mer.
Pour être vrai comme le courant et libre comme une houle, joyeuse et aimant en laissant cela être


« Ne tourmente pas la fourmi (…), car elle vit, et la vie est chose douce »

Saadi est un poète persan du 13e siècle très connu pour ses poèmes pour les roses.  Voici un passage d’un de ses écrits, tiré de « Boustan » c’est-à-dire « Le verger ». Il s’agit d’un petit conte philosophique où il faut saisir la morale, comme chez La Fontaine.

La fourmi.

Ecoute ce beau trait de la vie des saints et que le ciel te permette de marcher sur leurs traces !

Schibli [c’est-à-dire le dévotDjafar ben Younès] portait au village un sac de froment qu’il avait acheté au marchand de grains ; il trouva dans le blé une fourmi qui courait çà et là éperdue.

La pitié l’empêcha de dormir cette nuit-là et il se hâta de reporter l’insecte à sa première demeure, en se disant qu’il serait cruel de l’en tenir éloignée.

— Console, toi aussi, les cœurs affligés, si tu veux obtenir les consolations de la fortune. Qu’elles sont belles ces paroles de l’illustre Firdausi (que la clémence divine descende sur sa tombe !)

«Ne tourmente pas la fourmi qui charrie son grain de blé, car elle vit, et la vie est chose douce. »

Il n’y a qu’un cœur inhumain et noir qui puisse nuire à une fourmi; ne fais pas peser lourde ment ta main sur la tête des faibles, dans la crainte que l’injustice ne t’écrase aussi comme une fourmi.

La bougie a été sans pitié pour le papillon, vois comme elle se consume en jetant ses feux sur l’assemblée.

Beaucoup sont plus faibles que toi, j’en conviens, mais beaucoup aussi te sont supérieurs par leur puissance.

— Sois généreux, ô mon fils; on captive la bête féroce par des chaînes de fer et l’homme par des bienfaits. Retiens ton ennemi dans les liens de la reconnaissance, ces liens que l’épée ne peut trancher; vaincu par ta généreuse bonté, il renoncera à ses projets de vengeance.

Mauvaise graine ne peut donner de bons fruits. L’ami qui a à se plaindre de toi s’enfuit avec horreur (littéralement : ne peut plus te voir en peinture) ; mais, au contraire, un ennemi à qui tu rends service finit par devenir ton ami dévoué.

Voici le passage du vers cité de Ferdowsî, le poète national perse ayant vécu à la fin du 10ème siècle, tiré du Livre de Feridoun et de Minoutchehr, Rois de Perse, d’après le Shah-Nameh :

Tour écouta toutes ces paroles, mais il n’y fit aucune attention. Il n’approuva pas ce discours, et l’esprit de paix d’Iredj ne le satisfit pas. Il se leva de son siège en colère, il lui répondit en bondissant à chaque parole.

Tout à coup il quitta la place où il avait été assis, il prit avec sa main son lourd siège d’or, et en frappa la tête du roi, maître de la cou- ronne, qui lui demanda grâce pour sa vie, en disant : « N’as-tu aucune crainte de Dieu, aucune pitié de ton père ?

Est-ce ainsi qu’est ta volonté ? Ne me tue pas, car à la fin Dieu te livrera à la torture pour prix de mon sang. Ne te fais pas assassin, car, de ce jour, tu ne verras plus trace de moi. Approuves-tu donc, et peux-tu concilier ces deux choses, que tu aies reçu la vie, et que tu l’enlèves à un autre ?

Ne fais pas de mal à une fourmi qui traîne un grain de blé ; car elle a une vie, et la douce vie est un bien. Je me contenterai d’un coin de ce monde, où je gagnerai ma vie par le travail de mes mains.

Pourquoi t’es-tu ceint pour le meurtre de ton frère ? Pourquoi veux-tu brûler le cœur de ton vieux père ? Tu as désiré la possession du monde, tu l’as obtenu ; ne verse pas de sang, ne te révolte pas contre Dieu, le maître de l’univers. »

La Perse est toujours d’une richesse incroyable en ce qui concerne le rapport historique à la Nature, les arbres ayant même des « esprits ». Au-delà du mysticisme, il y a un vrai lien avec la Nature qu’il est intéressant de découvrir.

Le film « Comme des bêtes »

Aujourd’hui sort au cinéma le film « Comme des bêtes« , avec une question servant de prétexte à tout le scénario : que font les animaux « de compagnie » quand leurs « maîtres » ne sont pas là?

Précisons tout de suite ce qu’il en est : il n’y aucune problématique vegan dans le film, absolument rien. Bien sûr, on va pouvoir trouver des éléments intéressants, car cela se veut une réflexion sur le statut d’animaux « de compagnie ».

Mais la fin consiste en un éloge absolument innommable de l’animal « de compagnie » dont la vie consisterait à attendre et à connaître le bonheur au retour du « maître ». Ce n’est pas valable que pour les chiens, mais aussi pour les chats, les poissons, les cochons d’Inde, les tortues, les oiseaux…

A cela s’ajoute une scène hallucinante où deux chiens connaissent le bonheur dans une usine à saucisses, prétexte à une perception délirante de leur part.

On a alors une scène qui vaut le coup d’oeil tellement cela en est givré et non vegan, avec des saucisses ayant des visages et se mettant à danser tous les sens dans un spectacle féerique, attendant d’être mangées. Une scène incroyable et totalement hallucinée.

Il y a, par contre, des moments très intéressants, car il y a une tentative de faire un certain portrait de la vie quotidienne. On voit l’ennui des animaux qui sont seuls à la maison et d’ailleurs le prétexte du film est une aventure incroyable où, en réalité, les animaux auraient une « vie secrète », trépidante, avec toute une organisation sociale derrière, etc.

On peut également voir comment les gens maltraitent leurs chiens, comme dans un parc où une personne ne cesse de tirer sur la laisse, alors qu’il cherche à socialiser avec d’autres chiens. Il y a aussi la jalousie, là aussi prétexte au film puisque l’arrivée d’un second chien provoque un conflit qui sert d’élément perturbateur au scénario, pour utiliser l’expression qu’affectionnent les professeurs de français.

Voici une des multiples bande-annonces du film, présentant la situation.


Ce qui est par contre très problématique et pour le coup inacceptable, c’est que le scénario se fonde sur une opposition entre les animaux « de compagnie » et les animaux sauvages, ces derniers s’avérant tourmentés, malheureux, criminels.

Ils vivent dans les égouts et veulent supprimer les humains, pour avoir été abandonnés, maltraités. Ils ne supportent pas les animaux « domestiqués ». Leur chef est un petit lapin qui, bien sûr, une fois adopté, n’a plus l’intention de tuer les humains pour se venger…

On a donc un film qui se veut purement divertissant, cherchant à accrocher naturellement en s’appuyant sur quelque chose de réel (sinon cela n’intéresserait pas).

Sauf qu’il n’a pas de contenu critique réel, qu’il se cantonne dans une vision idéalisée d’animaux « de compagnie » heureux de vivre chez des gens vivant à New York, dans un environnement feutré où tout le monde est en même temps différent (il y a les gens chics, le tatoué, l’intellectuel, la jeune active branchée, etc., chacun ayant un animal « de compagnie » qui lui est « adéquat »…).

Un réel gâchis, qui n’est pas sauvé par les efforts d’inventivité!

« Kio murgee maarai? »

Restons en Inde pour porter notre attention sur cette merveilleuse chanson relevant de la culture sikh. Celle-ci naît dans une forme de syncrétisme de l’hindouisme et de l’Islam, cherchant à les dépasser dans une perspective positive.

L’un des précurseurs de cela fut Bhagat Kabir, qui vécut juste avant la fondation du sikhisme et dont certains écrits ont été repris par elle. La chanson qu’on trouve ici reprend ses paroles faites à un cadi, qui est un juge musulman des affaires civiles et religieuses.

Le refrain est le suivant : « Tu dis que le Seigneur unique est en tout, alors pourquoi tues-tu les poulets? » et on remarquera que les images où un animal est tué sont floutées, par respect pour l’être vivant et la raison, ce qui est tout à fait appréciable.

Voici quelques extraits des paroles, avec la translittération et notons que deux choses sont à comprendre pour saisir vraiment le texte.

La défense des animaux s’exprime à l’époque par le panthéisme : tout participe à Dieu. Kabir entend donc montrer que l’univers divin est inattaquable et qu’il est vain de prétendre vraiment tuer.

L’amour pour le divin, inversement, s’exprime dans l’amour pour la vie de tout être et Kabir a même une interprétation mystique de Mahomet, au point qu’il pense que celui-ci n’a jamais mangé de « viande ».

L’autre question est celle du rapport du sikhisme aux animaux. Au sens strict, les points de la culture straight edge sont assumés par les Sikhs et il existe de nombreux éléments en faveur des animaux traversant leur religion, comme en témoigne cette chanson.

Toutefois, la défense des animaux n’est pas reconnue comme devant être obligatoire dans le sikhisme, à part par quelques courants. Théoriquement, l’utilisation des animaux comme nourriture n’est justifiable que dans des cas extrêmes (être assiégé, n’avoir rien d’autre pour survivre, devoir devenir plus fort, etc.).

En pratique, tout est accepté, du moment que l’animal ait été tué selon le mode « Jhatka », c’est-à-dire décapité, par opposition au halal qui est le mode employé par les musulmans.

Les religions ont été quelque chose de très bien… dans la mesure seulement où elles ont transporté la compassion en se rapprochant du panthéisme.

baedh kathaeb kehahu math jhoot(h)ae jhoot(h)aa jo n bichaarai
Ne dis pas que les Védas, la Bible et le Coran sont faux. Ceux qui ne les contemplent pas sont faux.

jo sabh mehi eaek khudhaae kehath ho tho kio murgee maarai
Tu dis que le Seigneur unique est en tout, alors pourquoi tues-tu les poulets?

mulaa(n) kehahu niaao khudhaaee
O Mullah, dis-moi : est-cela la justice de Dieu?

thaerae man kaa bharam n jaaee rehaao
Les doutes de ton esprit n’ont pas été dissipés.

pakar jeeo aaniaa dhaeh binaasee maattee ko bisamil keeaa
Tu saisis une créature vivante, et ensuite l’amène à la maison et tu tues son corps, tu as tué seulement l’argile.

joth saroop anaahath laagee kahu halaal kiaa keeaa
La lumière de l’esprit passe dans une autre forme. Alors dis-moi, qu’as-tu tué?

kiaa oujoo paak keeaa muhu dhhoeiaa kiaa maseeth sir laaeiaa
A quoi sont bonnes tes purifications? Pourquoi t’ennuies-tu à laver ton visage? Et pourquoi t’ennuies tu à te courber à la mosquée?

jo dhil mehi kapatt nivaaj gujaarahu kiaa haj kaabai jaaeiaa
Ton coeur est plein d’hypocrisie; à quoi bon tes prières ou ton pélerinage à la Mecque?

thoo(n) naapaak paak nehee soojhiaa this kaa maram n jaaniaa
Tu est impur, tu ne comprends pas le Seigneur pur. Tu ne connais pas Son Mystère.

kehi kabeer bhisath thae chookaa dhojak sio man maaniaa
Dit Kabir. Tu as raté le paradis, ton esprit est prêt pour l’enfer.

« Pokémon go »

Quand on aime les animaux, on n’apprécie pas ce qui les agresse, qui les transforme en objets. On n’apprécie pas cela dans les faits, mais bien entendu on n’aime pas les mentalités qui vont avec non plus.

Ces mentalités forment en effet tout un arrière-plan produisant justement ce que subissent les animaux. On n’aurait, par exemple, aucune envie que les enfants trouvent bien de pratiquer l’élevage, qu’ils veulent devenir éleveurs, etc.

Or, c’est exactement le message transmis par le jeu « Pokémon », qui a eu un incroyable succès. Prenons une variante de ce jeu dont les médias ont abondamment parlé hier.

La variante « Pokémon go », qui n’est pour l’instant disponible qu’aux Etats-Unis, marche très fort, a été téléchargée déjà 7,5 millions de fois aux États-Unis. Elle est disponible, en effet, pour les smartphones, sur les plateformes iOS et Android. Elle utilise leur GPS et place les Pokémons virtuellement à certains endroits.

Il faut alors les « capturer » sur l’écran en projetant une balle, comme le montre l’exemple ci-dessous.

On remarquera que les animaux imaginaires que sont les Pokémons sont clairement présentés comme des animaux sauvages.

On est là dans la mentalité de la personne devant capturer un animal sauvage, en évitant que celui-ci s’enfuit. Voici ce que dit le site officiel de Pokémon :

« Allez à l’extérieur pour trouver et attraper des Pokémon sauvages. Explorez les villes et les villages autour de vous et dans le monde entier pour capturer autant de Pokémon que possible.

Vous saurez que vous êtes près d’un Pokémon car votre smartphone se mettra à vibrer. Après avoir rencontré un Pokémon, visez-le avec l’écran tactile de votre smartphone et lancez une Poké Ball pour l’attraper. Soyez prudent quand vous essayez de l’attraper, car il peut s’enfuir !

Recherchez également les PokéStops situés près de certains des endroits tels que des créations artistiques publiques et des monuments historiques, où vous pouvez obtenir des Poké Balls et d’autres objets. »

Ce n’est pas tout : le principe du jeu Pokémon est qu’on fait se combattre les Pokémons entre eux (ils ne peuvent pas mourir) afin de gagner les batailles et de les collectionner…

On est ici dans la mentalité de l’aventurier du 19e siècle parcourant le monde pour former sa collection, et c’est d’ailleurs le principe de « Pokémon go », puisqu’on parcourt en fait le monde entier si l’on veut pour cela…

Voici comment le journal Le Monde présente cette aventure du « dresseur » :

Le joueur incarne un dresseur dont il aura choisi le genre et le look, et se déplace en marchant réellement, dans un décor retranscrit sous forme de plan interactif sur l’écran de son téléphone.

Il gagne des niveaux en capturant des Pokémon, cachés dans des lieux réels, en leur envoyant, avec l’écran tactile, une « pokeball », une boule magique faisant office de filet de pêche à monstres de poche.

Voici comment Wikipédia présente le principe de la bataille pour les Pokémons :

Les matchs Pokémon consistent en combats entre les Pokémon de deux dresseurs, et se terminent quand tous les Pokémon de l’un d’entre eux sont KO. La mort des Pokémon est donc évitée, et les Pokémon peuvent être soignés au Centre Pokémon, un bâtiment où les infirmières guérissent les Pokémon blessés.

Pour participer à des compétitions, les dresseurs peuvent se déplacer aux différentes Arènes Pokémon où un badge leur est offert s’ils sortent victorieux d’un match contre le champion d’arène.

Après avoir gagné tous les badges de la région, un dresseur peut partir au siège de la Ligue Pokémon pour affronter quatre dresseurs d’élite, souvent appelés le « Conseil des 4 ». Ce n’est qu’après avoir battu ces quatre dresseurs que le dresseur peut affronter le Maître de la Ligue.

Le principe va tellement loin qu’on peut même « élever » des Pokémons, en trouvant des « parents parfaits »… Voici ce qu’on lit sur le portail Millenium :

Vous jouez depuis peu à Pokémon ou êtes un fan depuis des années, mais dans les deux cas vous n’avez jamais osé vous lancer dans la stratégie et donc dans le farming massif des œufs de Pokémon ? (…)

Alors les bases de la reproduction, okay, mais pour quoi faire ?
– Pour compléter votre Pokédex à 100%, nul doute qu’il faudra passer par cette étape pour capturer les bébés

Si vous voulez jouer en stratégie avec des Pokémon survitaminés et réglés comme des horloges, il faudra impérativement passer par la pension et par le farming d’œufs. Bien que fastidieux aux premiers abords, ce système est le plus rapide pour obtenir facilement des Pokémon aux IV parfaits, possédant la bonne nature et le bon talent. Ce qui vous permettra de travailler ensuite leurs EV pour finalement commencer les combats stratégiques.

C’est vraiment une sale mentalité, qui est le reflet pur et simple de l’exploitation animale…

Pour finir, revenons sur les Pokémons go avec deux images improbables…

Sur la première photo, une personne tente de « capturer » un animal sauvage virtuel jusque devant sa femme qui va accoucher… Sur la seconde, on a Pikachu qui se trouve devant le rayon boucherie d’un magasin…

Deux exemples de totale confusion entre la réalité et le virtuel, avec l’aliénation qui en découle…

Numéro « Spécial animaux » du magazine Choc

La revue Entrevues est connu pour sa démarche racoleuse, célébrant le spectaculaire et une conception patriarcale du monde, où les femmes sont des objets.

Ce qu’on sait moins, c’est que parfois, cette revue aborde des cas de maltraitance animale, de manière engagée. On trouve cette démarche également chez Paris Match : il s’agit de combiner photos chocs et pseudo moralisme, pour donner aux lecteurs l’impression d’être « au-dessus », tout en touchant également un lectorat populaire naturellement ami des animaux.

Une telle démarche est, de notre point de vue, absolument honteux et irrationnel. En voici un exemple avec la revue sortant aujourd’hui, « Choc », appartenant au même groupe qu’Entrevues.

On est ici dans le déraisonnable, dans le racoleur. Une cause juste se voit utilisée ici de manière commerciale, réduite au spectaculaire.

S’imaginer que de telles choses font progresser la cause est absurde – et c’est pourtant le cas d’associations comme PeTA, L214, 269 life, qui cherchent toujours plus à « frapper les esprits », témoignant de leur approche existentialiste – religieuse.

On retrouve d’ailleurs PeTA dans ce numéro de « Choc » (le précédent étant consacré au « top 100 des morts stupides), dont voici le sommaire.

Le nouveau numéro du magazine Choc « Spécial animaux » est en vente ! Un numéro 100% consacré à nos amis les bêtes :

Au sommaire en juillet-août :

Maltraitance, les pires scandales
– Expérimentations animales : les expériences de la honte. 2,3 millions d’animaux sont torturés et tués chaque année dans plus de mille laboratoires de France.
– Festival de Yulin : dans l’horreur du folklore chinois ! Chaque année, pour fêter le solstice d’été fin juin, 10 000 chiens et 4000 chats sont exécutés dans des conditions atroces pour être servis ensuite en plat de résistance sur les étales des marchés.
– Japon : la baie de la honte. Tous les ans, dans la baie de Taiji des centaines de dauphins sont massacrés transformant les eaux de la baie en bain de sang…
– La face cachée de l’industrie du luxe. Des lapins dépecés vivants, des oies plumées vivantes… Si les produits de luxe sont à la mode, l’horreur des coulisses est dissimulée par les grandes marques.
– Abattoirs : Retour sur les pires scandales au Canada, en Angleterre, aux États-Unis, en France…
– Antibes : Les orques de Marineland en danger ? Le parc, accusé de maltraitance animale, est sous le feu des critiques.

Les animaux, ces héros : Quand ils en ont l’occasion, nos amis les bêtes se dévouent corps et âme pour aider l’homme, le protéger voire le sauver. Retour sur les histoires de ces animaux héroïques.

Ils reviennent de loin… Abandonnés, maltraités… Ces animaux qui ont été sauvés d’une mort certaine !

Chat penaud, chien peureux, ours à la piscine : Top 10 de vidéos qui ont ému le web !

Les animaux et la pub : Le lapin Duracell, la vache Milka, le hérisson Spontex… La mise en scène des animaux dans la publicité est devenue monnaie courante !

Ces people qui s’engagent pour la protection des animaux : Pamela Anderson, Paul McCartney, Jeff Panacloc, Zahia Dehar, Fanny Maurer… Nombreuses sont les personnalités à user de leur notoriété pour défendre nos amis les bêtes.

Découvrez l’interview exclusive d’Isabelle Goetz, chargée de la campagne Peta France !

Un tel populisme sert à vendre des papiers et à présenter le monde comme sordide. Il ne s’agit nullement d’un pas en avant vers le véganisme, vers la défense des animaux sur toute la planète.

Il s’agit d’une récupération irrationnelle et commerciale des véritables sentiments en faveur des animaux qu’on trouve chez les gens. C’est de la manipulation émotionnelle, vers une voie de garage individualiste existentialiste, en dehors de toute démarche concrète vers le véganisme, vers les refuges, vers la libération animale.

The Housemartins : « Happy hour »

Nous sommes dans les années 1980 et une vaste vague soul-rock engagé se produit en Angleterre. L’un des groupes les plus fameux, à côté des Smiths et de Style Council, fut les Housemartins.

Conformément à ce style musical, il y a un fort engagement, marqué chez ce groupe par une approche religieuse sans être religieux, empreint de gospel et surtout de textes à l’approche socialiste – leur mot d’ordre était d’ailleurs « Take Jesus – Take Marx – Take Hope », Prenez Jésus, prenez Marx, prenez l’espoir.

Voici les paroles de la chanson « Happy hour » qui, on s’en doute, n’est pas un éloge de cet appel commercial à se saouler…

C’est au contraire pour montrer comment la convivialité de l’alcool aboutit à la soumission à l’idéologie des beaufs, mise en avant par le chef de la boîte…

It’s happy hour again
I think I might be happy if I wasn’t out with them
And they’re happy it’s a lovely place to be
Happy that the fire is real the barman is a she
C’est de nouveau l’happy hour
Je pense que je serai à la limite content si je ne sortais pas avec eux
Et ils sont contents c’est un endroit adorable
Contents que le feu soit vrai que le barman est une femme

Where the haircuts smile
And the meaning of style
Is a night out with the bass
Where you win or you lose
And its them who choose
And if you don’t win then you’ve lost
Là les coupes de cheveux sourient
Et la signification du style
C’est une sortie en soirée avec le patron
Là tu gagnes ou tu perds
Et ce sont eux qui choisissent
Et si tu ne gagnes pas alors tu as perdu

What a good place to be
Don’t believe it
‘Cause they speak a different language
And it’s never really happened to me
{It’s happy hour again}
Don’t believe it
‘Cause they speak a different language
And it’s never really happened to me
{It’s happy hour again}
C’est un endroit adorable
Ne le croyez pas
Parce qu’ils parlent un langage différent
Et ça ne m’est jamais vraiment arrivé
(C’est de nouveau l’happy hour)
C’est un endroit adorable
Ne le croyez pas
Parce qu’ils parlent un langage différent
Et ça ne m’est jamais vraiment arrivé
(C’est de nouveau l’happy hour)

It’s another night out with the boss
Following in footsteps overgrown with moss
And they tell me that women grow on trees
And if you catch them right they will land upon their knees
C’est une autre soirée de sortie avec le patron
Lui emboîtant le pas à travers la mousse [de la bière]
Et ils me disent que les femmes tombent du ciel
Et que si tu sais les attraper elles atterriront sur leurs genoux

Where they open all their wallets
And they close all their minds
And they love to buy you all a drink
And then we ask all the questions
And you take all your clothes off
And go back to the kitchen sink
Là ils ouvrent leurs portefeuilles
Et ils ferment tous leurs esprits
Et ils aiment vous offrir à verre, à tous
Et ensuite nous posons tous les questions
Et vous enlevez tous vos habits
Et retournez à l’évier de la cuisine

Bruce Cockburn : « If a tree falls »

C’est une chanson classique de l’écologie, chantée par Bruce Cockburn qui est né en 1945 et qui pratique un folk-rock engagé très connu au Canada. Sa chanson, « If a tree falls », est une allusion à une phrase de l’évêque George Berkeley, au 18e siècle :

« Si un arbre tombe mais que personne ne l’entend, fait-il du bruit ? »

L’idée de Berkeley est que ce qui n’est pas perçu n’existe pas. Le chanteur prend la phrase à l’envers, dénonçant la destruction des forêts dans le monde. « If a tree falls » a également été repris par la suite comme titre d’un documentaire vidéo sur le Front de Libération de la Terre (ELF).

Rain forest
Mist and mystery
Teeming green
Green brain facing labotomy
Forêt tropicale
Brouillard et mystère
Vert pullulant
Cerveau vert faisant face à la lobotomie

Climate control centre for the world
Ancient cord of coexistence
Hacked by parasitic greedhead scam
From Sarawak to Amazonas
Costa Rica to mangy B.C. hills
Cortege rhythm of falling timber.
Centre de contrôle climatique pour le monde
Ancien cordon de coexistence
Piraté par des escrocs parasitaires à l’esprit avide
De Sarawak [en Malaisie] à l’Amazone
Du Costa Rica aux collines pelées de la Colombie Britannique
Un cortège de rythme d’arbres qui tombent.

What kind of currency grows in these new deserts,
These brand new flood plains?
Quel type de monnaie pousse dans ces nouveaux déserts,
Ces  nouvelles plaines inondables?

If a tree falls in the forest does anybody hear?
If a tree falls in the forest does anybody hear?
Anybody hear the forest fall?
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Quelqu’un entend la chute de la forêt ?

Cut and move on
Cut and move on
Take out trees
Take out wildlife at a rate of species every single day
Take out people who’ve lived with this for 100,000 years
Inject a billion burgers worth of beef
Grain eaters, methane dispensers.
Coupe et continue
Coupe et continue
Arrache les arbres
Arrache la vie sauvage au rythme d’espèces [supprimées] absolument chaque jour
Arrache les gens qui ont vécu avec cela pendant 100 000 ans
Injecte la valeur d’un milliard de burgers de bœuf
Mangeurs de grains, distributeurs de méthane.

Through thinning ozone,
Waves fall on wrinkled earth
Gravity, light, ancient refuse of stars,
Speak of a drowning
But this, this is something other.
Busy monster eats dark holes in the spirit world
Where wild things have to go
To disappear
Forever
A travers l’ozone qui s’amincit,
Des vagues tombent sur la terre ridée
La gravité, la lumière, l’ancien déchet des étoiles,
Parlent d’une noyade
Mais cela, cela est quelque chose d’autre.
Un monstre occupé mange des trous noirs dans le monde des esprits
Là où les choses sauvages doivent aller
Pour disparaître
Pour toujours

If a tree falls in the forest does anybody hear?
If a tree falls in the forest does anybody hear?
Anybody hear the forest fall?
If a tree falls in the forest does anybody hear?
If a tree falls in the forest does anybody hear?
Anybody hear the forest fall?
(If a tree falls in the forest)
(If a tree falls in the forest)
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Quelqu’un entend la chute de la forêt ?
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Si un arbre tombe dans la forêt, est-ce que quelqu’un l’entend?
Quelqu’un entend la chute de la forêt ?
(Si un arbre tombe dans la forêt)
(Si un arbre tombe dans la forêt)

« Plus ou moins bêtes : les animaux et l’éducation »

Il y a Rouen une exposition intitulée « Plus ou moins bêtes : les animaux et l’éducation » au musée national de l’éducation.

Elle se déroule jusqu’à la fin août 2016 (ou bien la mi-juillet, ou bien octobre, les informations varient).

Voici la présentation :

« Lié à la présentation d’une exposition-dossier au musée du 1er avril 2016 au 17 juillet 2016, il comporte trois réalisations :

− une exposition itinérante de huit panneaux traitant des «figures animalières » dans les manuels scolaires, pouvant être empruntée par des établissements scolaires et des structures à vocation socioculturelle;

− un dispositif d’accompagnement de cinq vitrines mobiles présentant des objets issus des collections du Musée (option destinée à des structures présentant les conditions de sécurité et d’exposition requises);

− l’exposition-dossier «Plus ou moins bêtes : les animaux et l’éducation», que vous pouvez voir dans ce lieu, étend la réflexion à d’autres domaines, relevant davantage d’une éducation informelle (notamment : jeux de société, littérature pour enfants, spécimens naturalisés d’animaux présentés dans les muséums d’histoire naturelle).

Les thèmes abordés ici rendent compte d’un certain nombre d’évolutions.

On note ainsi la prédominance de la représentation «utilitariste» et «moralisatrice» des animaux au début du xxe siècle (bonnes bêtes vs nuisibles), aujourd’hui remplacée par une approche intégrant une dimension écologique et la volonté de protéger l’environnement.

On remarque également une modification de l’esthétisme dans les manuels scolaires (remplacement des illustrations scolaires par des photographies, valorisation de certaines espèces en fonction de leur apparence) et dans d’autres produits destinés à l’enfance.

La présentation de l’homme comme un animal trônant au sommet de l’évolution, ayant entraîné des dérives racistes remises en cause après la Seconde Guerre mondiale, est également évoquée dans l’exposition. (…)

Le parcours est composé de six parties :

– Ce que l’on pouvait étudier dans les manuels anciens
– Les approches contemporaines à l’école
– Travaux d’élèves
– Les présentations d’animaux
– Les animaux dans les jeux de société
– Les animaux dans la littérature jeunesse

Stephen Stills – Ecology Song

Né en 1945, Stephen Stills est un artiste très talentueux, à la fois chanteur, compositeur, multi-instrumentiste et guitariste. Il a fait partie des fameux Crosby, Stills, Nash & Young, mais également d’autres projets de très haute qualité, comme Manassas (avec pas moins que Chris Hillman des Byrds), ainsi que Buffalo Springfield (avec notamment Neil Young).

On l’a compris : on est là dans de la musique de très haute volée, d’orientation country-rock, blues. Voici la chanson intitulée « Ecology Song », datant de 1969, faisant partie de son second album solo.

Fortunes of time making up a rhyme
How do we save tomorrow
Given a voice can you make a choice
Is it black, is it gray, is it yellow
Les destinées du temps faisant une rime
Comment allons-nous sauver demain
Donné de la voix peut vous faire prendre un choix
C’est noir, c’est gris, c’est jaune

Mother nature made it green
Prettiest place you’ve ever seen
People don’t know what they need
Mère Nature avait fait cela vert
Le plus bel endroit que tu aies jamais vu
Les gens ne savent pas ce dont ils ont besoin

Open your window
What do you see?
Do you remember
How it used to be?
Ouvre ta fenêtre
Que vois-tu ?
Te rappelles-tu
Comment c’était auparavant ?

All of this crying, while the earth is dying
It’s a shock they won’t stop because of the money
America is lost, figurin’ the cost
You can hang your head in shame, it’s disgusting
Tout cela pleure, alors que la Terre meurt
C’est un choc qu’ils ne cesseront pas à cause de l’argent
L’Amérique est perdue, se rendant compte du coût
Tu peux baisser la tête de honte, c’est dégoûtant

Mother nature made it green
Prettiest place you’ve seen
People don’t know what they need
Mère Nature avait fait cela vert
Le plus bel endroit que tu aies jamais vu
Les gens ne savent pas ce dont ils ont besoin

Open your window
What do you see?
Do you remember
How it used to be?
Ouvre ta fenêtre
Que vois-tu ?
Te rappelles-tu
Comment c’était auparavant ?

30 millions d’amis : France 3 censure Renaud

On se souvient de la manière dont la directrice de France 3 avait annoncé avec mépris et « comme en passant » la suppression de l’émission 30 millions d’amis.

France 3 a décidé de persévérer dans l’ignominie en exigeant la censure d’une partie de l’émission, la dernière, qui sera diffusée le premier juin.

En cause, ces propos pas du tout agressifs de Renaud, qui défend l’émission :

Je suis une fois de plus écœuré par le comportement des patrons de chaîne qui éliminent les animateurs parce qu’ils ne touchent pas les jeunes, parce qu’ils sont trop vieux. L’émission a assez duré, au bout de 40 ans, ils se disent « On va supprimer ça », alors que c’était une institution, cette émission.

La direction de France 3 a exigé de la production de 30 Millions d’Amis que cela soit supprimé et assume la chose entièrement, comme 20 minutes nous le relate :

« France 3 nous a harcelés au téléphone pour qu’on leur livre la bande sans cette séquence. Je leur ai dit d’assumer leurs responsabilités en me faisant un écrit et c’est ce qu’ils ont fait », a expliqué Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis et dirigeante de la société Pro-TV, qui produit l’émission.

De son côté, France 3 a déclaré « que la parole de Renaud est une critique ouverte à la décision de la chaîne et n’a pas sa place dans l’émission qui n’est pas une tribune ».

France 3 n’a peur de rien, mais il est vrai qu’avec des adversaires comme la Fondation 30 millions d’amis, elle ne risque pas grand chose. Rappelons que la revue de l’association ne l’est pas, étant indépendante et appartenant à un grand groupe de presse, que la Fondation a une ligne ouvertement institutionnelle, évitant le conflit à tout prix.

Or, la question animale est porteuse de quelque chose de très fort, allant bien au-delà d’une émission de télévision ou de quelques restaurants proposant des plats végétaliens. L’arrière-plan présente une contradiction terrible à la société.

Par conséquent, France 3 considère qu’elle s’appuie sur quelque chose de très « fort » : une modernité où l’individualisme règne en maître, où une émission sur les animaux pose trop de problèmes culturels pour l’idéologie dominante, notamment en raison de sa longue tradition.

Une émission de télévision se doit d’être sans intérêt, sans portée ; là cela risquait de ne plus être le cas…

Comment, quand on voit cela, penser que la société serait prête à accepter des « réformes » radicales en faveur des animaux ? Même une émission comme 30 millions d’amis passe par « pertes et profits » !

Les éleveurs, fanatiques au point de viser la mascotte du Tour d’Italie

Voici Wolfie, la mascotte du Giro d’Italia, c’est-à-dire le Tour d’Italie, en cyclisme, dont c’est la 99e édition, qui se déroule du 6 au 29 mai.

C’est une tradition du Giro d’avoir une mascotte sous une forme animale. Voici ci-dessous un loir gris, par exemple, bien moins splendide que l’original, bien sûr.

Voici également un bouquetin.

Pourquoi en parler ici ? Parce que le Giro va faire, pendant deux jours, un petit détour par la France, à la fin du mois.

Et comme nous vivons dans un pays où les éleveurs n’hésitent pas à assumer leur fanatisme réactionnaire, avec l’appui de l’Etat, ils n’hésitent pas… à faire de Wolfie une cible!

Les éleveurs, ces fanatiques médiévaux rêvant d’un capitalisme grandissant à l’infini, ne veulent pas entendre parler du loup, même pas en mascotte !

On nage ici en plein délire réactionnaire, sauf que c’est la normalité française…

René Laurens, président de la FDSEA 05, a ainsi expliqué que :
« Nous ne pouvons accepter que dans des territoires qui souffrent de la prédation du loup, un tel symbole soit mis en avant »

Voici une vidéo, où il parle entre autres de « nos montagnes » : ces gens n’ont peur de rien !

Les « jeunes agriculteurs » annoncent la couleur :

« Si aucune initiative n’est prise pour que cette mascotte reste en Italie, nous réagirons ! »

Menace de violence, traditionnelle chez ces gens, accompagnée comme toujours d’une complainte aux institutions, trop heureuses de les soutenir…

Un courrier a donc été envoyé aux élus, conseillers départementaux, maires et au Préfet !

Et ce dernier – un haut fonctionnaire non élu chargé de maintenir l’ordre par la force – a accepté de négocier avec les éleveurs, preuve qu’il a déjà choisi son camp : celui de la France moisie, réactionnaire…

On est là dans le réactionnaire le plus franc. Le dernier éditorial du président de ces « jeunes agriculteurs » s’appelle d’ailleurs : « Face à la spéculation, Jeunes Agriculteurs défend un modèle d’agriculture familiale ».

La prétention des éleveurs à dénoncer la « spéculation » alors que toute leur existence est fondée là-dessus en dit long sur leur hypocrisie, leur démagogie…

Voici un petit extrait, très parlant :

« Comment ne pas s’indigner en apprenant dans la presse qu’une société chinoise a racheté 1700 hectares dans le Berry ?

Cette actualité illustre que la spéculation sur les terres agricoles est une menace pour les agriculteurs, et plus particulièrement pour l’installation des jeunes.

Hier c’était les vignobles bordelais, aujourd’hui l’Indre et le grenier à blé de la France.

Les terres agricoles sont une denrée rare et convoitée par des pays comme la Chine, les Etats-Unis, le Canada ou l’Ecosse, mais aussi par des capitaux privés, hors de la logique d’agriculture familiale défendue par Jeunes Agriculteurs. »

Que ces gens soient assez fanatiques pour partir en guerre contre une mascotte en dit long. Ils ont un sentiment d’impunité, car ils savent que les Français, de droite mais aussi de gauche, soutiennent le principe que « la terre ne ment pas », le nationalisme face à la « mondialisation », le « terroir » et sa « simplicité »…

Crosby and Nash : « To The Last Whale »

Sur l’album « Wind on the Water » sorti en 1975, David Crosby and Graham Nash ont écrit en commun une très belle chanson :  » To The Last Whale. a, Critical Mass. b, Wind On The Water ».

Cet écrit « à la dernière baleine » s’ouvre par un chant acapella (« Masse critique »), avant de se voir suivi de paroles tristes au sujet de la situation des baleines, de leur utilisation par l’industrie, notamment des cosmétiques (« Vent sur l’eau »).

Une chanson magnifique d’une immense profondeur. Posons de nouveau la question : où sont nos Crosby et Nash d’aujourd’hui? Où sont les jeunes artistes vantant autre chose que leur ego?

Over the years you have been hunted
by the man who throws harpoons
And in the long run he will kill you
jus to feed the pets we raise,
put the flowers in your vase
and make the lipstick for your face.
Au fil des années, vous avez été chassées
par l’homme qui jetait des harpons
Et sur le long terme, il vous tuera
Juste pour nourrir les animaux de compagnie que nous élevons,
Mettre les fleurs dans ton vase
Et faire le rouge à lèvres pour ton visage

Over the years you swam the ocean
Following feelings of your own
Now you are washed up on the shoreline
I can see your body lie
Au fil des ans, tu as nagé dans l’océan
Suivant tes sentiments à toi
Maintenant, tu es échouée sur le rivage
Je peux voir ton corps allongé

It’s a shame you have to die
to put the shadow on our eye
Maybe we’ll go,
Maybe we’ll disappear
It’s not that we don’t know,
It’s just that we don’t want to care.
C’est une honte que tu aies à mourir
Pour mettre de l’ombre sur notre oeil
Peut-être que nous partirons,
Peut-être que nous disparaîtrons
Ce n’est pas que nous ne savons pas,
C’est juste que nous ne voulons pas nous en préoccuper.

Under the bridge
Over the foam
Wind on the water,
Carry me home.
Sous le pont
Au-dessus de la mousse,
Le vent sur l’eau,
Amène6moi à la maison.

Pierre Perret : « La cage aux oiseaux »

La chanson populaire, ou la variété plus précisément, vise à divertir de manière simpliste, que ce soit intellectuellement ou émotionnellement.

On y trouve cependant des perles poétiques reflétant le point de vue populaire profond, comme cette admirable chanson de Pierre Perret appelant à libérer les oiseaux en cage. Le texte est encore d’une précision et d’une révolte formidable, 40 ans après.

Quand on pense qu’une telle chanson se retrouve sur l’album « Le cul de Lucette », album de 1972 à la chanson éponyme (« Mon préféré c’est celui d’ Lucette / Son merveilleux p’tit cul en trompette ») !

Notons bien qu’il n’est malheureusement pas possible de libérer aussi facilement de nombreux oiseaux « exotiques », en raison des difficultés d’acclimatation au climat en France et à la difficulté de trouver une alimentation adaptée. Même si on voit effectivement parfois de tels oiseaux voler, qui ont été abandonnés ou se sont enfuis et qui tentent de survivre…

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s’envoler c’est beau
Les enfants, si vous voyez
Des p’tits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté

Un p’tit dé à coudre
Et trois gouttes d’eau dedans
Au-dessus du perchoir
Un os de seiche tout blanc
Et un petit piaf triste de vivre en prison
Ça met du soleil dans la maison
C’est c’ que vous diront
Quelques rentiers vicelards
Des vieux schnocks
Qui n’ont qu’ des trous d’air dans l’ cigare
Une fois dans votre vie,
Vous qu’ êtes pas comme eux
Faites un truc qui vous rendra heureux

Si votre concierge fait cui-cui sur son balcon
Avec ses perruches importées du Japon
Ses canaris jaunes et ses bengalis
À votre tour faites leur guili-guili
Sournoisement, exclamez-vous
« Dieu ! quel plumage !
Mais, chère Madame
On vous demande au troisième étage »
Et, dès que la brignole aura l’ dos tourné
Même si on doit pas vous l’ pardonner

« Libérez-nous » de Patrick George

Voici un petit ouvrage pour enfants, au titre évocateur, qui va sans doute s’avérer incontournable.

Voici la présentation de l’oeuvre par l’école des loisirs, qui l’a publié :

Une tête de cerf au-dessus de la cheminée ou dans les bois ? Une tortue capturée dans un filet de pêche ou qui pond ses oeufs dans le sable ?

10 000 poules sans lumière ou qui picorent près du lapin? Des chaussures de luxe ou un crocodile dans la mare ? Un dauphin qui fait le show ou qui plonge avec ses frères dans la mer ?

Le principe est simple et basé sur l’utilisation de pages transparentes, comme montré ici pour la version américaine qui a été donc traduite cette année en français.

Un charmant petit ouvrage à offrir à ses enfants ou aux enfants des autres, à conseiller et dont l’existence doit être diffusée. Il y a toute une nouvelle culture à faire partager!

Prince – When doves cry

Prince était un très grand artiste, qu’on a souvent comparé à Michael Jackson, pour les opposer. Tous deux pourtant portaient une culture très similaire, mélangeant pacifisme et universalisme, dans l’esprit de la musique soul.

Prince est même censé avoir été végétarien puis végétalien depuis une vingtaine d’années, refusant la laine, mais difficile de savoir s’il a été vegan et s’il l’a vraiment été. Peut-être qu’on en saura plus avec l’autobiographie qu’il comptait sortir avant de décéder.

Il avait composé une chanson pour le 20e anniversaire de PeTA, « Animal Kingdom », expliquant qu’il fallait laisser les poissons dans l’eau, qu’il fallait refuser le lait ; il a également été nomme végétarien le plus sexy par PeTA dans les années 2000.

En attendant d’en savoir un peu plus – même si les chansons de ses albums finalement n’abordent pas réellement la question – voici les paroles de « When doves cry », c’est-à-dire « Quand les colombes pleurent », ou encore les pigeons, puisque les termes sont en pratique finalement largement interchangeables.

Une chanson très belle, présentant de manière réaliste les rapports dans un couple, avec les colombes comme référence d’harmonie : voilà qui relève indéniablement de notre culture!


Prince – When Doves Cry (1984) par retrospective1

Dig if you will the picture
Of you and I engaged in a kiss
The sweat of your body covers me
Can you my darling
Can you picture this?
Reprends cette photo si tu veux
De toi et moi engagés dans un baiser
La sueur de mon corps me couvre
Peux-tu ma chérie
Avoir une image en tête de cela ?

Dream if you can a courtyard
An ocean of violets in bloom
Animals strike curious poses
They feel the heat
The heat between me and you
Si tu peux imagine une cour
Un océan de violettes en fleur
Les animaux prennent de curieuses poses
Ils sentent la chaleur
La chaleur entre toi et moi

How can you just leave me standing?
Alone in a world that’s so cold? (So cold)
Maybe I’m just too demanding
Maybe I’m just like my father, too bold
Maybe you’re just like my mother
She’s never satisfied (She’s never satisfied)
Why do we scream at each other
This is what it sounds like
When doves cry
Comment peux-tu simplement me laisser tomber ?
Tout seul dans un monde qui est si froid (si froid)
Peut-être que j’en demande trop
Peut-être que je suis comme mon père, trop hardi
Peut-être que tu es simplement comme ma mère
Elle n’est jamais satisfaite (elle n’est jamais satisfaite)
Pourquoi est-ce qu’on se hurle dessus l’un sur l’autre
Cela sonne comme cela
Quand les colombes pleurent

Touch if you will my stomach
Feel how it trembles inside
You’ve got the butterflies all tied up
Don’t make me chase you
Even doves have pride
Si tu veux touche mon estomac
Sens comme à l’intérieur cela tremble
Tu es totalement débordé intérieurement
Ne m’oblige pas à te pourchasser
Mêmes les colombes ont de la fierté

Don’t Cry (Don’t Cry)
When doves cry
When doves cry
When doves cry
When Doves cry (Doves cry, doves cry, doves cry)
Don’t cry
Darling don’t cry
Ne pleure pas
Quand les colombes pleurent
Quand les colombes pleurent
Quand les colombes pleurent
Quand les colombes pleurent (les colombes pleurent, les colombes pleurent, les colombes pleurent)
Ne pleure pas
Chérie ne pleure pas

Les sujets 2016 du bac philosophie de Pondichéry

L’année dernière, au bac littéraire, le sujet de philosophie était assez captivant par sa problématique :

« Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ? »

Rappelons ici que la philosophie est enseignée sur la base de la séparation radicale entre le corps et l’esprit, la nature et la culture. Impossible de répondre en allant dans le sens du véganisme dans le cadre d’une réflexion philosophique française résolument fondée sur Descartes…

Or, il est très intéressant de voir ce qui vient de tomber au bac philosophie à Pondichéry, en Inde. On a, en effet, un texte de Kant sur la cruauté envers les animaux.

Bien entendu, le point de vue est très différent du nôtre, on peut même faire difficilement plus anthropocentriste, puisque selon Kant il faut respecter les animaux, parce qu’on doit respecter les autres humains.

On peut tuer les animaux, mais il faut éviter de les faire souffrir gratuitement, car cela rend indifférent par rapport à la souffrance et on risque de nuire après aux humains! En soi, les animaux ne comptent pas…

Au moins, ceci dit, le texte affirme que la vivisection est inutile si elle consiste en simplement des expériences à l’aveugle, pour « découvrir ». Rien que cela est déjà, au moins, quelque chose, en sachant que Kant vivait au 18e siècle…

Concernant la partie des créatures qui est vivante, bien que dépourvue de raison, un traitement violent et en même temps cruel des animaux est […] intimement opposé au devoir de l’homme envers lui-même, parce qu’ainsi la sympathie à l’égard de leurs souffrances se trouve émoussée en l’homme et que cela affaiblit et peu à peu anéantit une disposition naturelle très profitable à la moralité dans la relation avec les autres hommes – quand bien même, dans ce qui est permis à l’homme, s’inscrit le fait de tuer rapidement (d’une manière qui évite deles torturer) les animaux, ou encore de les astreindre à un travail (ce à quoi, il est vrai, les hommes eux aussi doivent se soumettre), à condition simplement qu’il n’excède pas leurs forces; à l’inverse, il faut avoir en horreur les expériences physiques qui les martyrisent pour le simple bénéfice de la spéculation, alors que,même sans elles, le but pourrait être atteint.

Même la reconnaissance pour les services longtemps rendus par un vieux cheval ou un vieux chien (comme s’ils étaient des personnes de la maison) appartient indirectement aux devoirs de l’homme, à savoir au devoir conçu en considération de ces animaux, mais cette reconnaissance, envisagée directement, n’est jamais qu’un devoir de l’homme envers lui-même.

KANT,Doctrine de la vertu, 1797

On peut critiquer Kant, mais rappelons encore une fois que c’est un auteur des Lumières ; il était anthropocentriste, mais en se battant pour le progrès…

Il en va exactement de même pour le texte proposé au bac philosophie, toujours à Pondichéry, toujours cette année, en STMG.

Là encore, on a un auteur des Lumières affirmant la raison contre la barbarie, et l’anthropocentrisme va de pair avec sa vision datant d’il y a deux cent ans.

Pourquoi l’homme est-il perfectible et pourquoi l’animal ne l’est-il pas?

L’animal ne l’est pas, parce que sa raison, s’il en a une, est dominée par un sens despote qui la subjugue.

Toute l’âme du chien est au bout de son nez, et il va toujours flairant.Toute l’âme de l’aigle est dans son œil, et l’aigle va toujours regardant.

Toute l’âme de la taupe est dans son oreille, et elle va toujours écoutant.
Mais il n’en est pas ainsi de l’homme. Il est entre ses sens une telle harmonie qu’aucun ne prédomine assez sur les autres pour donner la loi à son entendement ; c’est son entendement au contraire, ou l’organe de sa raison qui est le plus fort.

C’est un juge qui n’est ni corrompu ni subjugué par aucun des témoins ; il conserve toute son autorité, et il en use pour se perfectionner : il combine toutes sortes d’idées et de sensations, parce qu’il ne sent rien fortement.

DIDEROT, Réfutation d’Helvétius(1786)

« despote » : tyran
« subjuguer » : dominer totalement
« il est » : il existe

Est-il possible qu’il y ait un hasard à ce que la question animale soit présente pas moins de deux fois au bac philosophie à Pondichéry? Absolument pas, vue la rareté de la chose. Et il est facile de comprendre que l’éducation nationale utilise le vieil anthropocentrisme pour le prétendre actuel, afin de former dans un esprit anti-végan, pseudo rationaliste…

La nécessité de changer le monde

Est-il possible d’avoir des revendications en faveur des animaux, dans une société dont l’économie s’appuie notamment sur l’exploitation animale, où les mentalités sont particulièrement rétrogrades en ce qui concerne la Nature?

A cela s’ajoute une question : qui sont les gens susceptibles de soutenir au moins en partie ces revendications?

Prenons l’exemple de la vivisection. Son abolition est au coeur de toutes les personnes aimant les animaux. Pourtant, on ne peut pas réclamer son abolition dans cette société, sans prétendre diffuser une illusion nocive aux animaux.

On le voit bien : l’Union européenne a prétendu refuser l’expérimentation animale pour les cosmétiques… Tout en organisant un projet de tests chimiques, appelé « Reach », fondé précisément sur l’expérimentation animale.

L’expérimentation animale est systématiquement présentée comme incontournable, impérativement nécessaire pour la recherche, etc. Il y a ici un véritable mur, une barrière complète. En prétextant servir le progrès, c’est en réalité la barbarie qui est défendue.

Le tout, comme on le sait, dans la plus totale opacité. Tant les institutions publiques que privées, les expérimentations sont masquées, elles se déroulent dans le secret. C’est totalement anti-démocratique et cela en dit long sur les mentalités rétrogrades de ces gens.

L’expérimentation sur les animaux est un crime organisé de manière industrielle et on ne peut pas demander à des gangsters de cesser leurs activités. On doit mener campagne contre l’expérimentation animale, mais sans avoir l’illusion qu’au sein d’une société comme la nôtre, cela puisse être aboli.

On notera d’ailleurs au passage que les institutions, tant françaises que l’Union européenne, sont très contentes des pétitions et autres revendications, qui ne font que renforcer les illusions démocratiques à leur sujet…

Il est tout de même symptomatique qu’à une époque où plus personne n’a confiance en les institutions, les réformistes de la protection animale jouent la carte du légalisme à tout prix…

Il y a pourtant des revendications qui, inversement, peuvent triompher. Aussi paradoxal que cela puisse avoir l’air, l’abolition de la chasse en est une.

La chasse ne concerne qu’une faible partie de la population, c’est une pratique méprisée par les gens tournés vers la culture, sans parler de ceux aimant les animaux. Se balader en forêt est pratiquement impossible sous la pression des chasseurs qui considèrent que c’est leur territoire.

Bien sûr, les chasseurs pratiquent la violence, le lobbying, ils jouent sur la carte du terroir, des traditions, etc. La réponse est alors simple : il faut avoir une contre-violence, jouer sur la carte du progrès, de la civilisation.

Et c’est une question de message aussi : les chasseurs ont un rapport perverti à la Nature, un certain nombre serait d’accord de troquer leur fusil contre un appareil photo. Au lieu d’un animal mort tué par un obscur chasseur un jour dans l’année, il y aurait le prestige de traverser le temps comme l’auteur d’un merveilleux portrait de la Nature…

Il suffit de feuilleter les magazines de chasse pour voir qu’à l’arrière-plan, ce qui convainc les chasseurs, c’est le rapport à la Nature, c’est le besoin de rester connecté à elle. Le discours sur le terroir est vraiment d’extrême-droite : il parle de Nature, mais pour en dévoyer le besoin…

Naturellement, la question d’une réelle application d’une éventuelle interdiction de la chasse demanderait des moyens que la société actuelle n’est pas prête à donner. Mais, dans tous les cas, on ne peut pas échapper à la nécessité de la révolution pour changer le monde…

Le collectif Belaud Argos, rouleau compresseur du Front National

Le Front National tente de se développer en donnant naissance à différents collectifs « rassembleurs » et vient justement d’en fonder un nouveau, consacré aux animaux. Regardons ce qu’il en est.

Ce qui frappe tout de suite, c’est le choix du nom du collectif : Belaud – Argos. Un tel nom ne dira rien à personne, mais c’est que là n’est pas l’objectif. En réalité, c’est un garde-fou posé dès le départ, pour bien délimiter le cadre et éviter les débordements.

Si Argos est peut-être connu des lecteurs de l’Odyssée, car c’est le vieux chien qui meurt de joie au bout de longues années alors qu’Ulysse revient enfin de son périple, Belaud ne dira rien à personne. Il s’agit en l’occurrence, du chat qui a vécu avec le poète Du Bellay, ce dernier écrivant des vers à son sujet.

Il y a ainsi une double opération : tout d’abord faire « culture occidentale » avec de l’antiquité grecque et de la Renaissance, ensuite focaliser sur les « animaux de compagnie ». On est dans l’identitaire et le familial : hors de question d’aller vers l’universel et le social.

La présentation du collectif commence sur le thème des « animaux de compagnie », constatant leur nombre en France ; on lit de plus ces importantes lignes, où le choix du mot « bête » ne doit rien au hasard:

« Amoureux des chats, amoureux des chiens, des Belaud ou des Argos, ainsi que de toutes les autres bêtes, nous nous retrouverons tous au sein de ce collectif pour préparer et porter un programme ambitieux afin de faire avancer la cause animale. »

Dans cette même logique qu’on se doute savamment élaboré, le logo du collectif montre également un chien et un chat, dans la même veine que beaucoup de logos de vétérinaires. La mini biographie des trois personnes dirigeant le collectif précise également :

« propriétaire de cinq chats, d’un lévrier whippet, d’un lapin nain et d’un lapin géant des Flandres »

« propriétaire d’une chatte âgée de 8 ans »

« propriétaire de deux chats »

On est là dans le conformisme le plus grand et on comprend le rôle et la nature du collectif. Il s’agit de coller ici à la tendance la plus à « droite » de la protection animale (L214 étant alors au « centre », tandis qu’à « gauche » on trouvera LTD, les abolitionnistes), de viser « papy » et « mamie » qui aiment les animaux et les soutiennent, mais ne généralisent jamais leur démarche (et il y a des jeunes qui sont déjà « papy » et « mamie », par conservatisme).

Il est d’ailleurs parlé de « bien-être animal » et parmi les mesures on a celle-ci résumant tout :

« L’opposition au modèle d’agriculture intensif et concentrationnaire (fermes usines avec un espace clos et une mauvaise aération) et valorisation d’un élevage responsable et plus respectueux des animaux. »

L’exploitation animale n’est pas remise en cause ; on a simplement ce culte du terroir et du « meurtre » qui serait à la fois « propre » et « traditionnel ».

A cela s’ajoute aussi toutes les revendications classiques des « réformistes » : suppression du halal et du casher, contrôle indépendant dans les abattoirs, fin (progressive…) du gavage, augmentation des recherches pour « remplacer l’expérimentation animale », interdiction des animaux sauvages dans les cirques, interdiction des fermes à fourrure.

Il s’agit ici de gages donnés au réformisme de la protection animale, de revendications de base. On remarquera par contre que manque, évidemment, l’interdiction de la corrida, cette dernière étant trop liée au « terroir ».

Autre souci : « promotion d’une chasse responsable ». Cela place le collectif comme à droite des réformistes, avec cependant un avantage : celui de prétendre au réalisme, puisque le FN entend aller au pouvoir.

On a ainsi un argument qui tente directement de profiter de la crise des refuges :

« Le soutien financier aux associations de défense des animaux dans les collectivités territoriales »

Vue la situation, c’est là un argument qui risque de faire très mal. L’aspect rouleau compresseur du collectif se trouve ici. Dans les années 1970, la protection animale anglaise a donné naissance en Angleterre au Front de Libération Animale ; dans les années 2010, le FN compte récupérer l’énergie de la protection animale française…

L’objectif est très clairement l’appel d’air, sur un mode : participez à notre « révolution » le plus tôt possible, vous avez les moyens d’y gagner quelque chose… On est ici comme dans les années 20 en Italie, où chaque corporation peut participer à la « révolution nationale »…

Le collectif ne le cache même pas, confondant document stratégique interne et propagande :

« Le bilan du travail parlementaire qui a été mené jusque-là et qui va continuer d’être mené est très bon, les élus du Rassemblement Bleu Marine commencent à être connus dans les milieux associatifs de défense animale comme étant à leur écoute et à leur service, mais ce Collectif a pour vocation de faire passer la prise en compte de ces enjeux à la vitesse supérieure.

Les travaux du collectif alimenteront les prises de positions des élus du Front National dans toutes les institutions où nous sommes présents. Nous avons pour objectif de présenter un programme détaillé et clair de la stratégie à mettre en œuvre pour le bien-être animal en cas de victoire de Marine Le Pen en 2017.

Ce travail, par ailleurs, irriguera la partie agriculture du programme de 2017, puisque de nombreux sujets s’y rattachent. Nous serons également une vigie, des lanceurs d’alerte sur toutes les situations inacceptables qui encore ont cours aujourd’hui en France, en 2016. »

Cela en tentera forcément certains et Brigitte Bardot a déjà salué la fondation de ce collectif. Sur le plan culturel, le désarroi dans les refuges est très grand et la tentation ne peut que se poser, au moins en théorie. C’est vrai aussi pour les amis et amies des animaux en général, surtout s’il y a un grand désenchantement suivant les fausses promesses de L214, à côté d’une sorte de culte du morbide qu’on retrouve dans les rassemblements « témoignages »…

De plus en plus, ce qui apparaît, c’est un choix nécessaire : ou bien le terroir avec quelques prétendues réformes de « bien-être animal » (ne servant au final qu’aux grosses entreprises pour couler les petites ne pouvant pas suivre), ou bien l’universalisme avec le rejet complet, sans compromis, de l’exploitation animale!

Public Enemy – Don’t Give Up the Fight

Public Enemy avait sorti un album en 2012, où l’on trouve cette chanson, en duo avec Ziggy Marley, en défense de mère Nature. Si les paroles sont parfois cryptiques, l’esprit est très clair et on n’a rien à voir ici avec l’apologie du meurtre, des gangs, des drogues.

I occupy
The planet earth
I testify
Its a piece of woirk
I’m gratified
J’occupe
La planète Terre
Je témoigne
C’est tout un travail
J’en suis heureux

Down to the dirt
Been around the world a few times
So I seen the hurt
Quakes hurricanes and tornados
Warning times to mans designs
Under that concrete
Yall call the street
The heart of land
You can hear the beat
Tout en bas
J’ai fait le tour du monde plusieurs fois
Donc, j’ai vu les blessures
Les tremblements de terre les ouragans et les tornades
Des avertissement aux plans des hommes
Sous ce béton
Que vous appelez la rue
Le cœur de la terre
Vous pouvez entendre le battement

Pain of all the lies
Pain in all them lives
Pain of losin homes
Pain of the unknown
Pain of what you spent
Pain of government
No matter what you say
You don’t pay
Here they come to take it away
La douleur de tous les mensonges
La douleur dans toutes les vies
La douleur de perdre les foyers
La douleur de l’inconnu
La douleur de ce que vous avez passé
La douleur du gouvernement
Peu importe ce que tu dis
Vous ne payez pas
Ici, ils viennent pour l’emporter

Don’t give up the fight
Don’t give up the fight
N’abandone pas la lutte
N’abandone pas la lutte

Foreign lands and the 7 seas
Radiation is the worlds disease
Bringing nations down to the knees
Mother nature she ain’t pleased
Trees diseased
Deep freeze
Doin us like that govt cheese
Smell that burning in the breeze
Summertime 120 degrees
Les terres étrangères et les 7 mers
Le rayonnement radioactif est la maladie des mondes
Amenant les nations à genoux
Mère nature, elle n’est pas contente
Les arbres malades
Le grand gel
Nous faisant comme le government cheese [fromage industriel issu des surplus industriels
financés par l’Etat et donné aux pauvres]
Sens cette combustion dans la brise
L’été 48 degrés [celsius]

So shut em down
In appreciation
Of the world itself
And gods creation
What good is the hood if you up to no good
Them govt gangsters would hang you on wood
Stop the tape
My minds stuck in 68
Haight asbury
Now our ass buried in hate
I paraphrase
Beyond the gaze
A haze hovers over a crowd that disobeys
Staying rich off them so called better days
Do I do a song for the masses
Besides whats moving them asses
I make stew out of the ashes
Donc fais les fermer
En appréciation
Du monde lui-même
Et de la création de Dieu
A quoi bon est la zone si tu n’es bon à rien
Les gangsters du gouvernement te pendraient
Arrête la cassette
Mon esprit est bloqué en 1968
Haight asbury [quartier de San Francisco lié aux hippies à l’époque]
Maintenant, notre cul enterré dans la haine
Je paraphrase
Au-delà du regard
Une brume plane au-dessus d’une foule qui désobéit
Rester riche hors des dits jours meilleurs
Est-ce que je fais une chanson pour les masses
En plus de ce qui fait bouger les culs
Je fais le ragoût des cendres

Interview du vaishnave Yati Swami

William Deligny, qui a pris le nom de Yati Swami, a ouvert en Normandie, à Saint-Etienne-du-Rouvray, juste à côté de Rouen. un monastère vaishnava, c’est-à-dire dédié à Krishna, après avoir fondé la Congrégation de l’Ordre Monastique Vaisnava.

Un renversement par rapport aux années 1980, où il était connu sous le nom de P’tit Willy et était adepte de l’ultra-violence dans le cadre du mouvement skinhead défrayant la chronique alors. Voici une interview.

1. Peux-tu nous présenter ta manière de vivre et ta conception du monde, et nous expliquer comment tu vois notre société actuelle ?

D’abord j’offre mon humble hommage à ceux qui vont lire cet article. Je ne suis pas ce genre de personne qui pense que la vérité n’a qu’une seule facette ou dans un seul camp.

Simplement étant engagé dans une voie avec une philosophie de vie, je vais exposer une opinion, tout en respectant celle des autres. Je ne veux donc froisser personne.

Si l’on doit prendre la parole c’est afin de répandre l’harmonie, pas le conflit. Notre but, je pense, doit être avant toute chose le développement de l’amour et la bonne compréhension de ce que nous sommes réellement. Ma vie va dans ce sens : comprendre ma vérité et quel est le but de la vie.

Dans la véritable philosophie vaisnava, on apprend la nature de l’âme. Ce qui nous permet de comprendre et de voir que les êtres ont tous la même nature.

Or, cette nature intrinsèque au contact de la matière assume différentes natures parfois opposées, comme le fait d’être recouvert et identifié à la haine, à l’envie, à l’avidité, à la folie…

Comprendre la nature de l’âme veut donc dire aller vers une vie sans jugement, aller vers la réalité des êtres et non vers ce qui les recouvre, les aider à progresser et aussi progresser avec eux.

De cette manière, on peut apprendre à tolérer même les pires affronts, pardonner, développer la compassion, et progresser toujours plus vers l’amour. Une vie où l’on ne considère plus la dualité mais la réalité, apprendre dans toutes les circonstances.

Telle est la véritable conscience de l’âme. Enfin saisir la nature de l’âme signifie comprendre celle de l’Ame Suprême et le lien qui nous unit à Elle et à tous les êtres.

Notre société actuelle vit loin de la réalité de l’âme. Elle est basée sur un mode de vie matérialiste où le plaisir des sens prime.

Or, ce genre de vie détruit tout, car les sens sont insatiables. Ils demandent toujours plus. Ils nous amènent à détruire la planète et à commettre tant de violence envers beaucoup d’êtres pour la seule satisfaction des sens. C’est pourquoi les gens seront obligés graduellement de changer de vie, car il y aura une limite qu’ils ne pourront naturellement dépasser.

2. Quelle vision as-tu de la Nature, des animaux, des êtres vivants en général ? Quelles sont tes considérations quant au véganisme ?

L’âme est en toute chose et accepte selon ses vies passées et sa conscience un type de corps particulier. Elle est dans les végétaux, dans les poissons, dans les animaux, dans les humains…

Or, pour se nourrir l’être est obligé de recourir à la violence car l’âme habite dans ces corps, et lorsque l’on tue un animal ou un végétal, on coupe le cycle de sa vie et l’on commet une action qui engendre une réaction future.

Ce qui implique que le véganisme n’est pas libre de violence. Il existe des êtres humains qui ont la conscience de la souffrance des hommes mais pas des animaux, d’autres ont la conscience des humains et des animaux, ou encore en plus des poissons, des insectes, des plantes…

Un Végan est un humain qui a conscience de la souffrance des humains, des animaux, des oiseaux, des crustacés et des poissons, et cela est une chose admirable, car l’homme ayant originellement une conscience supérieure aux autres êtres vivants sur la Terre est considéré comme leur grand frère et doit être leur protecteur.

Un frère est celui qui veut le bien de son autre frère. Or, qui est le frère ? : l’âme est le frère, et en prenant graduellement conscience de l’âme, on acceptera la protection de tous les êtres. Mais pas simplement cela, on pensera à les faire évoluer et à les libérer.

Maintenant je vais traiter d’un autre point qui est lié à la spiritualité des textes védiques comme la Bhagavad-gita, pour vous faire comprendre pourquoi je ne suis pas Vegan, mais aussi pourquoi je n’y suis pas opposé.

La vache est un animal sacré, car elle a été donnée à l’homme pour plusieurs raisons. Premièrement, elle est très chère à Dieu. Il est dit que s’occuper d’une vache avec amour permet à l’être d’atteindre la libération, et inversement que la tuer est très grave. Elle est considérait comme une de nos mères.

Deuxièmement, le lait est considéré dans ces textes comme l’aliment le plus situé dans la vertu. Il est dit qu’il contient en lui-même sous la forme liquide la compassion, l’austérité, la véracité et la pureté. C’est pour cela que les sages en Inde ont toujours bu du lait, et souvent que du lait, car il est considéré comme un aliment complet.

Troisièmement, il est dit qu’il a le pouvoir d’affiner l’intelligence pour permettre à l’être humain de comprendre les sujets spirituels.

Nous avons vu auparavant que l’âme était en tous les êtres vivants, et que pour se nourrir, l’homme ne pouvait pas faire autrement que d’enlever la vie à d’autres formes d’existence. Les textes védiques traitent également de ce sujet.

Celui qui tue une vache ou tout autre animal devra être tué de la même manière dans son existence future. La chaîne des abattoirs n’est qu’une réaction en chaîne de cette violence qui se perpétue. Dans une existence, je suis un égorgeur d’animaux, dans une prochaine vie, je serai égorgé de la même manière.

Or, les textes védiques disent que toute nourriture produit un acte de violence. Selon la conscience dont l’aliment était pourvu avant d’être dépossédé de la vie, une douleur sera ressentie en proportion, et cela apportera une réaction karmique à l’être dans sa vie future. Alors, n’y a-t-il pas de solution pour sortir de ce cycle ?

Ces textes disent qu’en offrant à Dieu ou Krsna sa nourriture, l’Absolu a le pouvoir d’enlever ces réactions karmiques, d’élever l’âme qui a été engagée dans cette offrande à une vie humaine avec une conscience spirituelle, et de rendre cette nourriture pourvue d’une substance qui relie l’âme à Dieu.

C’est pourquoi en offrant le lait on peut délivrer la vache, en offrant un fruit, l’arbre… Dieu aime tous les êtres, mais en même temps, il faut nous nourrir, c’est pourquoi Il accepte un régiment lacto-végétarien.

Or, c’est vrai que je pourrais aussi être Vegan et offrir une alimentation Vegan, mais mon choix est de libérer également les animaux. C’est pourquoi il y a des Vaisnavas Vegan et d’autres lacto-végétariens (légumes, céréales, fruits et lait).

3. Il existe un roman de l’anglais Christopher Isherwood, « Rencontre au bord du fleuve », qui relate la conversion d’un « occidental » à l’hindouisme et qui s’installe en Inde. De fait, quand on pense à l’hindouisme, on relie souvent cela à l’Inde. Pourquoi ne pas s’être installé là-bas ?

L’hindouisme est un sens large des croyances qu’il y a en Inde. Ce titre a été donné par les Anglais qui ont fait un amalgame de toutes les croyances sous le nom d’Hindouisme.

Or, il y a parfois des choses contraires dans certaines voies à la vérité de l’âme, comme le phénomène de castes qui sont des déviations propres à cet âge.

Je vais souvent en Inde car il y a là-bas des endroits très portés vers la spiritualité. J’y ai également vécu par intermittence. L’institution religieuse mondiale à laquelle j’appartiens est aussi située là-bas. Je pourrais donc facilement m’y installer, mais mon devoir aussi est d’aider les gens qui souffrent, c’est pourquoi je reste en France.

4. Au début de ta connaissance du vaishnavisme, tu as fait une expérience relativement négative avec ceux qui sont surnommés de manière populaire les « hare krishna », qui avaient alors un petit centre à côté de l’université de Jussieu. Peux-tu en parler et expliquer pourquoi tu n’as pas rejoint leur mouvement, l’ISKCON ?

Chaque institution religieuse a un charisme, une manière de comprendre et d’approcher son texte sacré, de vivre sa foi.

Je ne suis pas une personne qui peut accepter que la Vérité ne soit que dans un seul camp. La compréhension qui a mûri en moi est que Dieu aime ses enfants et qu’Il s’occupe de tous les êtres suivant leur conscience acquise.

Il y a donc une pluralité de religions, car les êtres vivants sont dotés de différentes consciences. Lorsque j’ai connu cette institution, je n’ai pas découvert cette ouverture d’esprit avec les autres institutions vaisnavas et les autres religions, et c’est l’une des raisons qui m’a fait prendre une autre route…


5. Lorsque tu as fondé l’Ordre Monastique Vaisnava, tu as tout fait pour qu’il soit reconnu de manière légale comme mouvement religieux pour l’État français. Pourquoi ce choix ?

Lorsque j’étais un skinhead, j’ai connu la haine et la violence, et ceci m’a amené à aller vers l’amour. Or, lorsque je suis allé vers Dieu, j’ai vu cette même violence et cette même haine au nom de Dieu, sous la forme du sectarisme, et cela m’a fait beaucoup souffrir.

Par cette expérience, j’ai compris que sans accepter la liberté, sans être respectueux envers toutes les pensées, on ne peut pas être proche de Dieu.

Dieu ou Krsna veut dire le bon respect de toute chose, des êtres et des lois. Or, je désirais me démarquer des mouvances sectaires et créer un temple libre de sectarisme, un endroit où l’on peut respecter les êtres, leurs idées, leur foi et leurs croyances, respecter ce qu’ils sont simplement, les aimer comme Dieu les aime, et ne pas aller vers la haine au nom de Dieu.

C’est pourquoi j’ai fait un travail avec le Gouvernement français et son acceptation de notre institution en France est pour moi un label de non-sectarisme. En effet, notre reconnaissance en tant que Congrégation est rarement attribuée. Il n’y a seulement quelques institutions bouddhistes, catholiques et protestantes qui l’ont obtenue.


6. Tu as fait partie d’un groupe de musique, Evil Skins, qui expliquait « frapper pour vivre et vivre pour frapper » ; au moment de la mort de Clément Méric, tu as expliqué, en te fondant sur ton expérience, la chose suivante : « Quand j’étais skinhead, tabasser quelqu’un jusqu’à qu’il soit à terre et ne respire plus, c’était pour moi une vraie jouissance. » Comment as-tu changé te manière de voir les choses ?

C’est vrai que j’ai été loin dans la haine, c’est pourquoi à un moment je n’ai pas pu continuer. L’être est fait pour aimer.

Or, lorsque j’étais un skinhead, j’essayais constamment de rejeter en moi l’amour et de cultiver cette haine jusqu’à mettre sur moi des emblèmes fascistes.

J’ai été très violent, mais à certains moments, c’est comme si je ne pouvais plus assurer ce rôle qui n’était pas ma vérité, et j’ai désiré changer. Mais cela ne s’est pas fait facilement.

Or, lorsque j’ai découvert la spiritualité, j’ai réalisé qu’il était très dur de purifier son cœur, de ne pas répondre par la violence et la haine, lorsque celle-ci venait me chercher.

C’est alors que j’ai réalisé à quel point j’étais faible quand je lynchais des personnes dans la rue, et lorsque mes vêtements étaient tachés de sang…

Je ne pouvais pas voir à ce moment mon problème. Je pensais qu’il était à l’extérieur, que les autres étaient le problème, mais en réalité, il était en moi. J’ai réalisé que même si on enlevait tous ces soi-disant problèmes, un autre reviendrait, puis encore un autre…

Je ne savais pas remédier à ma frustration, et je la remettais sur les autres. Mais la violence ne faisait qu’empirer les choses. J’avais besoin d’amour. J’étais comme un homme dans un désert qui courait après un mirage.

Avec ma dégaine extrême, l’environnement devenait de plus en plus hostile. Cette vie devenait comme un désert d’amour, où il n’y avait que la haine. Je ne voyais plus que des ennemis partout.

Tout était inversé. J’étais devenu un animal féroce, sans compassion, sans respect. Juste une boule de haine, intéressée au pouvoir. Je recherchais à être quelqu’un en faisant peur aux autres. Quel avenir offre une telle existence ?

Mais c’est vrai que j’ai été loin dans ce délire. Alors à un moment, j’ai senti que je ne pouvais plus me battre contre moi-même, qu’il y avait l’amour, et celui-ci a grandi jusqu’à me faire quitter cette vie.

Bien que j’aie essayé de me faire oublier, j’étais hanté par cette violence et par tous ces coups que j’avais portés à ces gens. J’ai alors senti qu’il fallait que je répare. C’est pourquoi j’ai donné ma vie à l’amour.

Je crois en l’amour, et je le vis. C’est comme la haine qui peut être vécue. L’amour dévotionnel est une vie opposée à la haine, une vie intérieure. L’amour se cultive aussi, en enlevant la haine du cœur, petit à petit.

7. Une personne historique du mouvement skinhead a dénoncé ce qui serait ton invention d’une « rédemption » par rapport à ton passé, qui serait uniquement l’expression du mysticisme et de la consommation de drogues. Peux-tu nous parler de ta vision du bien et du mal, si ces notions ont un sens ?

Dans ce monde, chacun cherche à se défendre et à préserver sa position. J’ai bien connu cette personne. On était même très proches au début des années 80, un peu comme des très bons amis.

Aussi, est-il très difficile pour quelqu’un que vous avez connu dans cet environnement skinhead d’accepter qu’une personne puisse changer à ce point. « Ceci ne doit pas être normal. C’est un fou !»

Il disait déjà cela de moi à une époque. Il faut soi-même changer pour comprendre cela. Sinon, ce n’est pas possible. C’est pourquoi il faut le comprendre et ne pas lui en vouloir. C’est une réaction normale.

Et puis, il y a pas mal d’anciens skinheads qui me contactent parce qu’ils ont parfois besoin d’aide pour changer. Ils sont fatigués de la violence et de la haine. J’étais l’un d’eux à une époque, ils ont confiance en moi. Je représente donc un certain danger pour certains, une opposition.

De plus, il y a les émissions de télé et un film dont le réalisateur s’est inspiré entre autre de ma vie… [Il s’agit du film « Un français« ] Alors quand on fait de la politique il faut contrer tout cela, c’est tout à fait normal, et il faut aussi grossir la chose pour que les gens se détournent de vous.

Mais nous nous sommes bien connus et lui-même faisait bien la fête… Il est même tombé pour avoir dealé de la drogue… Cela fait 24 ans que je n’ai pas touché à une drogue, à une cigarette, à l’alcool, et même au café et au thé, que je suis végétarien, et que je donne ma vie aux autres.

Je suis une personne qui a bien les pieds sur terre et enseigne un mode de vie en harmonie avec les autres. Toutes les personnes qui m’approchent le savent, même les membres de gang que je rencontre, lorsque je vais en moto pour apporter les valeurs de la non-violence.

Ils ont du respect pour ce que je fais. Je tiens également à rajouter que je suis en contact avec ma fille et ma famille. Je ne suis pas une personne qui se coupe du monde, mais qui essaie d’apporter quelque chose à notre société.

Dans le vaisnavisme, il est expliqué que le bien et le mal apparaissent à cause du changement de notre réelle nature. Lorsque l’on est avide d’acquérir quelque chose, nous appelons mal ce qui y fait obstacle, et nous appelons bien ce qui nous permet d’arriver à notre objectif.

C’est pourquoi on peut en conclure que cette vision est basée en relation avec notre conscience acquise. Par exemple, dans une même pièce, il pourra y avoir différentes personnes qui auront différentes opinions sur un même objet : ceci est mal, ceci est bien ou encore moyen, ou très mal…

Mais celui qui est au-delà de ces conceptions liées à l’égoïsme en rapport avec le corps, peut voir une autre réalité qui ne change pas : c’est l’âme. Celui qui voit l’âme prédominer en lui grâce à une pratique spirituelle peut alors comprendre cela. Sinon ce n’est pas possible.

C’est pourquoi cette personne qui me critique n’est pas un ennemi. Elle s’identifie simplement comme mon ennemi. Mais moi je dois l’aimer, car sa vérité est au-delà de ces apparences. L’âme n’est pas fasciste ou communiste, chrétienne ou hindouiste… Si je la critique, cette dualité viendra en moi. Je ne ferai qu’accroître le problème, et je deviendrai partial et quitterai la voie de l’amour.

C’est pourquoi l’amour est libérateur et réparateur. Dans la voie de la dévotion, il n’y a pas d’ennemis et d’amis, il y a la vérité, car considérer une personne comme son ami veut dire ne pas aimer les ennemis de cet ami… L’âme n’a ni qualités, ni défauts matériels. A l’état conditionné, elle demeure simplement recouverte par une fausse conscience acquise qui lui fait croire qu’elle est une personne avide, concupiscente, folle, pleine de haine…

C’est pourquoi je n’ai pas de haine envers quiconque aujourd’hui, même lorsque je reçois des attaques. J’apprends également aux personnes qui m’entourent à aller vers ce chemin de la paix et de l’amour.

C’est pourquoi je fais de la musique rock, j’ai créé un moto club qui s’appelle « Ahimsa Non-Violence », j’ai organisé une distribution de nourriture végétarienne et vegan pour les personnes démunies.

J’ai écrit aussi de nombreux livres comme ma biographie « Un skinhead repenti devenu swami » [le lien : « Un skinhead repenti »] et d’autres sur la philosophie vaisnava. J’organise également chaque mois un spectacle en faveur de la non-violence. Je fais des conférences. J’ai aussi fondé un monastère pour que les gens apprennent à vivre en tant que l’âme. Je reçois beaucoup de personnes en entretien qui ont besoin d’aide. Ma vie aujourd’hui est un don pour les autres.

8. Pour finir, que dirais-tu aux personnes qui, comme nous par exemple, te reprocherait de ne pas assumer l’universalisme jusqu’à la défense de chaque vie ?

Comme j’ai expliqué auparavant, il y a des êtres avec différentes consciences.

Certains sont concernés par certains humains, d’autres par tous les humains, d’autres par certains humains et certains animaux (j’ai connu plusieurs personnes auparavant qui avaient des membres de leur famille néo nazis qui étaient engagés à fond dans la cause animale. Mais le plus étonnant, c’est qu’ils ne considéraient pas le peuple juif comme des humains par exemple. Ils avaient donc de la compassion pour tous les animaux, mais pas pour le peuple juif.), d’autres tous les humains et tous les animaux, puis on peut y ajouter, les oiseaux, les poissons, les crustacés, les insectes, les arbres, les légumes.

Et puis il y a ceux qui perçoivent la vie encore au-delà, ceux qui sont concernés par l’âme, car elle est même dans l’air, dans le feu, l’eau… De la même manière que j’ai expliqué qu’il peut y avoir différentes conceptions du bien et du mal, certains pensent que ceci ou cela est la défense complète de la vie parce qu’ils voient avec leur conscience une certaine part de cette vérité. Mais ils n’ont pas conscience que l’âme est en toute chose. Alors que la vie est bien au-delà encore…

Notre vie doit aller vers la libération de l’âme qui habite toutes les espèces de vie pour être véritablement dans une démarche d’amour universel.

Cela n’est pas possible avec une philosophie matérielle, car la connaissance mondaine ne permet pas d’aller vers l’âme, ni de dépasser la conception duelle de bien et de mal, d’ami et d’ennemi, de gain et de perte, de voir un humain ou un animal, un arbre…

La religion en relation avec le corps ne le permet pas non plus. A ce stade de conscience, l’être généralement identifie l’âme à une religion, à un dogme. Il peut alors développer de la haine envers un autre croyant au nom de Dieu, ou encore simplement développer de la compassion pour les humains et non pour les animaux par exemple.

Sans comprendre la nature réelle de l’âme et comprendre ce dont elle a besoin pour sortir de la conception matérielle de l’existence, on ne peut véritablement aider l’être vivant au plus profond de lui-même. Ceci n’est pas possible. C’est comme une médecine qui ne traiterait que les effets mais pas la cause de la maladie. Les effets de la maladie matérielle sont la haine, mais la cause de cette haine est l’ignorance qui recouvre l’âme.

Un être agit de façon imparfaite parce qu’il ignore sa nature réelle et son besoin véritable. S’il en est conscient, il peut voir et agir suivant le lien universel qui l’unit à toute chose. Traiter l’effet ne suffit donc pas.

Même si tous les gens arrêtaient de manger de la viande, cela ne résoudrait pas le problème. Ceci ne traiterait qu’un effet de la cause. Or, lorsque l’on soigne simplement l’effet, la cause nous remettra sur un autre chemin mauvais, sans fin. Le problème est bien plus profond, car il concerne l’ignorance de l’âme.

Je rencontre souvent des Vegans, et parfois j’ai été surpris par le degré de violence que certains ont développé envers les hommes qui mangent de la viande. J’ai vu cela souvent, et vous savez de quoi je veux parler.

La voie de l’amour veut que l’on respecte tous les êtres sans exception. L’âme ne meurt pas, ni ne donne la mort. Elle est au-delà. Seul l’amour changera les choses avec le temps. C’est pourquoi j’enseigne la voie de l’amour dévotionnel et naturellement, lorsque les gens comprennent la nature de l’âme, ils acceptent de vivre avec une autre conscience, et se rapprochent de l’Ame Suprême et de tous les êtres.

Le monde a besoin d’harmonie, pas de guerre. Il est une bonne chose d’aller vers une vie qui génère moins de violence comme le véganisme, mais on doit prendre conscience de l’âme et de ses besoins, si on désire aller encore plus loin. De cette manière, il régnera une harmonie parfaite dans notre vie.

Je ne veux offenser personne avec mes paroles. Si c’est le cas, veuillez me pardonner. Vous m’avez posé des questions, je vous ai répondu en accord avec les principes vaisnavas. Merci beaucoup. Acceptez tout mon amour.