Le teknival « Teknivibration » de Cambrai et ses déchets

Nous avons déjà parlé des free parties (voir par exemple 13 ans après la free party à la piscine Molitor, les drogues ont tout emporté ou encore L’affaire de la free party sur la réserve naturelle de Crau).

C’est tout à fait logique: le mouvement des free parties a été vraiment populaire et porteur d’espoir d’utopie comme cela n’a pas été vu depuis très longtemps en France. Malheureusement, les drogues ont balayé l’utopie et l’envie de changer le monde… Les teufers n’étaient nullement loin des revendications écologistes – sauf qu’il aurait fallu s’ouvrir aux animaux, se discipliner par rapport aux drogues (ce qui devait aboutir à leur refus!)…

Ils ont préféré le choix de l’individualisme… collectif. Comme preuve, voici une petite piqure de rappel du site lillois l’amicale progressiste. Le teknival « teknivibration », à Cambrai, s’est déroulé en hostilité ouverte avec la Nature, comme déjà bien souvent.

Quant à l’esprit initial des teufers – on range tout, on ne laisse absolument rien traîner – l’échec est complet. Chaque année pour ce teknival semi-officiel, il y a grosso modo plus de 200 tonnes de déchets. Et là cela va être nettoyé par… Suez environnement, ainsi que l’association d’insertion Aril +…

Ce week-end a eu lieu un grand Teknival à Epinoy, entre Douai et Cambrai. Il a regroupé entre 20000 et 30000 personnes. La musique techno a une assez grande importance culturelle dans notre région.

Beaucoup de jeunes vont en effet danser depuis les années 1990 dans les boîtes de nuit ou les méga-dancing de l’autre côté de la frontière belge. A côté de cela il y a eu aussi un important mouvement de « free-parties » du début des années 1990 jusqu’à leur interdiction formelle en 2002. Les Teknivals sont leur prolongement sous une forme légale et encadrée par la préfecture.

Les free-parties consistaient non seulement en des soirées dansantes, mais surtout en un mouvement contre-culturel, une sorte de mouvement hippie radical moderne mobilisant un grand nombre de jeunes des couches populaires des villes et villages ouvriers de la région (de quelques centaines à quelques milliers selon les soirées).

Les valeurs qui y étaient au centre étaient la gratuité, la solidarité, l’investissement collectif de chacun, le respect de la nature et un certain esprit de responsabilité collective.

Le choix des lieux dans lesquels se déroulaient ces soirées était en général réfléchi et les participants comme les organisateurs nettoyaient les lieux au mieux à la fin des soirées pour laisser le moins possible de traces et d’impact de leur passage. Tout cela étant vécu dans un esprit de conflictualité avec la société capitaliste et de mise en avant d’une vie « alternative ».

Évidemment, tout cela a volé en éclat avec le processus d’interdiction/légalisation consécutif à la loi 2002. Les autorités se sont appuyés sur certains collectifs souhaitant se « professionnaliser » (en gros en faire un business) pour organiser ces Teknivals légaux et gigantesques.

La drogue dure, qui étaient déjà de plus en plus présente dans les free-parties, est devenu l’alpha et l’oméga des soirée. L’esprit de responsabilité et de solidarité a totalement disparu au profit d’une attitude consommatrice. Tout cela n’a donc plus rien d’alternatif, et il n’est donc pas étonnant que le choix du lieux et de la date du Teknival d’Épinoy ce week-end se soit fait aux dépens de la nature et des animaux sauvages comme l’explique ce communiqué du GON.

« Mauvaise date, mauvais endroit pour le Teknival à Epinoy.

Si les riverains se sont vu offrir des bouchons d’oreilles, il n’en est pas de même pour la faune sauvage qui va elle aussi être fortement perturbée dans cet habitat remarquable qu’est devenue l’ancienne base aérienne.

Le site, essentiellement constitué de grandes surfaces herbacées est très propice à accueillir des espèces inféodées à ces grands espaces comme on en rencontre de moins en moins dans notre région. De nombreuses espèces dont certaines sont protégées et patrimoniales (Hibou des marais, Busard St Martin et cendrés…) y côtoient une faune plus banale mais qui trouve là des conditions favorables alors qu’ailleurs la culture intensive détériore petit à petit ses conditions de vie.

Nous déplorons qu’un tel festival soit autorisé au moment où de nombreuses espèces animales sont en train de se reproduire dans ce site remarquable. Même si la totalité du site n’est pas occupée, il est évident que la pollution sonore tant par les fréquences que par l’intensité des sons diffusés pendant plusieurs jours nuira aux habitants des villages proches et à la faune qui fréquente le site.

Si la tenue de tels festivals se conçoit, il est anormal qu’ils aient lieu dans des milieux naturels et surtout en saison nuptiale. Pour le moins, il aurait été sage de les programmer en automne ! »

Vers l’encyclique sur l’écologie

Il est fort probable, voire carrément certain que le pape sera à Paris lors de la conférence de l’ONU sur le climat à la fin de l’année. Ce sera le point d’orgue de la campagne catholique pour happer l’écologie, ce qui ne sera guère difficile en France puisque dans notre pays on ne reconnaît pas la Nature.

Le résultat sera simple: qui ne reconnaît pas la Nature devra reconnaître Dieu…

Voici un exemple de ce qui s’orchestre, avec un article tiré de La vie, qui fait partie du groupe Le Monde – Télérama – Courier International etc. (Le Monde Diplomatique y est en partie lié).

Que peut-on attendre de l’encyclique sur l’écologie ?

Lors d’un colloque organisé par l’Académie pontificale des sciences au Vatican qui s’est ouvert mardi 28 avril sur le thème « Protéger la planète, rendre digne l’humanité », Ban Ki-moon a déclaré attendre l’encyclique sur l’écologie avec impatience et a ajouté que le Pape François lui avait confié qu’elle était déjà écrite et serait publiée en juin. Que peut-on attendre de ce texte ? Plusieurs interventions du pape sur le sujet permettent d’envisager quelques pistes.

1. Dénonciation de la culture du déchet

Depuis le début de son pontificat, le Pape ne cesse de dénoncer la mentalité commune de la « culture du rebut » ou du « déchet » qui commence par le gaspillage des choses et finit par concerner les êtres humains, pris dans la même logique. Cette culture du déchet est pour lui l’héritage direct de la société de consommation qui, en stimulant la pulsion d’achat, renforce l’individualisme du consommateur en le déresponsabilisant.

Trois mois après son élection, il déclarait dans une Audience générale : « Jadis, nos grands-parents faisaient très attention à ne rien jeter de la nourriture qui restait. Le consumérisme nous a poussés à nous habituer au superflu et au gaspillage quotidien de nourriture, à laquelle parfois nous ne sommes plus capables de donner la juste valeur, qui va bien au-delà des simples paramètres économiques », expliquait-il.

Ainsi, un monde qui raisonne en terme d’utile/inutile en vient à nier la dignité humaine en méprisant la fragilité : « La vie humaine, la personne, ne sont plus considérées comme une valeur primaire à respecter et à garder, en particulier si elle est pauvre ou handicapée, si elle ne sert pas encore — comme l’enfant à naître — ou si elle ne sert plus — comme la personne âgée. Cette culture du rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux déchets alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque partie du monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent de la faim et de la malnutrition. »

2. Rompre avec une conception du droit égoïste

Comment expliquer cette « globalisation de l’indifférence » qui se traduit par une certaine aphasie face à la culture du déchet ? Devant le Conseil de l’Europe, François l’affirme : le problème c’est le passage d’une conception du « droit humain » guidée par la recherche du « bien commun », créatrice d’une liberté responsable à une conception du « droit individualiste » autocentrée où la liberté confine à l’égoïsme : les racines d’une société, affirme le Pape, s’aliment de « la vérité », qui constitue « la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire ».

En outre, « la vérité fait appel à la conscience, qui est irréductible aux conditionnements, et pour cela est capable de connaître sa propre dignité et de s’ouvrir à l’absolu, en devenant source des choix fondamentaux guidés par la recherche du bien pour les autres et pour soi et lieu d’une liberté responsable ». Sans cette recherche de vérité, poursuit le pape, « chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste.

Cela conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme, fruit d’une conception de l’homme incapable d’accueillir la vérité et de vivre une authentique dimension sociale. » Or, conclut-il, un tel individualisme rend « humainement pauvre et culturellement stérile » : « De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel. »

Retrouver une conscience collective, voilà l’idée : « Rappelons-nous bien, cependant, que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre, à celui qui a faim ! », déclarait-il dès 2013.

3. La vocation particulière des chrétiens sur la question écologique

« Lorsque nous parlons d’environnement, de la création, ma pensée va aux premières pages de la Bible, au Livre de la Genèse, où l’on affirme que Dieu établit l’homme et la femme sur terre afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent (cf. 2, 15). Cela suscite en moi les questions suivantes : Que signifie cultiver et garder la terre ? Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et nous la négligeons ? », interrogeait François lors d’une audience générale en juin 2013.

Ainsi, les chrétiens ont une responsabilité plus grande en ce que cette question touche au plan de Dieu à travers la Création, comme il l’expliquait à des scouts italiens en novembre 2014 : « En tant que disciples du Christ, nous avons une raison de plus pour nous unir avec tous les hommes de bonne volonté pour la protection et la défense de la nature et de l’environnement. La création, en effet, est un don qui nous a été confié des mains du Créateur. Toute la nature qui nous entoure est une création comme nous, une création avec nous, et dans le destin commun elle tend à trouver en Dieu lui-même l’accomplissement et la finalité ultime — la Bible dit « des cieux nouveaux et une terre nouvelle » (cf. Is 65, 17 ; 2 P 3, 13 ; Ap 21, 1).

Cette doctrine de notre foi est pour nous une incitation encore plus forte à avoir une relation responsable et respectueuse avec la création : dans la nature inanimée, dans les plantes et dans les animaux, nous reconnaissons l’empreinte du Créateur, et dans nos semblables, son image elle-même. »

Plus que d’une responsabilité, pour les chrétiens il s’agit même d’un devoir, affirmait-il, se référant à Benoît XVI : « Nous sommes en train de perdre l’attitude de l’émerveillement, de la contemplation, de l’écoute de la création; et ainsi, nous ne sommes plus capables d’y lire ce que Benoît XVI appelle « le rythme de l’histoire d’amour de Dieu avec l’homme ». Pourquoi est-ce le cas ? Parce que nous pensons et vivons de façon horizontale, nous nous sommes éloignés de Dieu, nous ne lisons pas ses signes. »

4. L’écologie de l’environnement indissociable de l’écologie humaine

Sur ce point, l’audience générale du 5 juin 2013 fournit des indications fortes : « « Cultiver et garder », affirme François, ne comprend pas seulement le rapport entre nous et l’environnement, entre l’homme et la création, cela concerne également les relations humaines. Les Papes ont parlé d’écologie humaine, en étroite relation à l’écologie de l’environnement ». Ainsi, pour lutter contre la « culture du déchet », explique François, il est indispensable de considérer le système dans son ensemble et prendre le problème à la « racine » : défendre la vie dans ce qu’elle a de plus fragile, de « l’enfant à naître » à « la personne âgée ».

À ce sujet, il avait eu des mots très forts devant le Parlement européen, fustigeant les « styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres » et regrettant « une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique » : « L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître. »

Alors que la voix du Pape semble porter de plus en plus loin sur la scène internationale, la réflexion systémique proposée par cette encyclique qui sera publiée six mois environ avant la conférence pour le climat Cop 21 ne devrait pas passer inaperçue.

Le « Produit Marin Brut annuel »?!

Le WWF a publié un dossier intitulé « Raviver l’économie des océans » (le pdf est ici), qui témoigne d’une logique qui est précisément celle qu’il faut réfuter.

L’idée du WWF est que pour sauver les océans, il faut les valoriser symboliquement, en mettant en avant des critères sur le plan économique. C’est le coup traditionnel visant à promouvoir l’écologie en expliquant que l’environnement est utile, que la Nature est là pour fournir des ressources, qu’il serait absurde de détruire ce qui peut être utile, etc.

Comme si justement et inversement l’anthropocentrisme ne portait pas, par définition, en lui la destruction de la Nature faisant face à sa prétendue omnipotence et omniscience.

Voici un extrait de la position du WWF, qui fait un acte horrible: quantifier en termes monétaires des êtres vivants, en les présentant comme des stocks à gérer… En parlant d’un « océan bénéficiant aux individus, aux entreprises et à la nature », le WWF montre qu’il n’a rien compris: l’océan relève directement de la Nature, les entreprises il faut renverser leur démarche visant le profit, quant aux « individus » ils forment une seule humanité…

Si leur richesse place les océans au 7e rang des économies mondiales, le rapport publié aujourd’hui par le WWF n’en met pas moins en évidence leurs érosions rapides. Intitulée Raviver l’économie des océans : plaidoyer pour l’action 2015, l’étude analyse le rôle crucial joué par les océans au plan économique et expose les menaces qui les rapprochent à présent du seuil de rupture.

Conscient du fait que la science n’est pas une incitation à agir suffisante à elle seule, le WWF a décidé d’associer les preuves de la gravité de la dégradation de l’écosystème à un exposé économique en faveur d’une action urgente.

Produit conjointement avec le Global Change Institute de l’Université du Queensland et le Boston Consulting Group (BCG), le rapport est le premier du genre à se pencher aussi précisément sur la question du patrimoine océanique. Il souligne l’ampleur colossale des richesses marines, évalue les biens et des services procurés par les environnements marins et côtiers mais décrit également les agressions incessantes subies par des ressources océaniques, exposées à la surexploitation, aux mauvaises pratiques et au changement climatique.

Calculé de la même manière que le PIB national, le Produit Marin Brut annuel placerait les océans au septième rang des économies mondiales grâce à une production annuelle de biens et de services évaluée à 2 500 milliards d’US dollars. La valeur globale du patrimoine océanique est quant à elle estimée à 24 000 milliards d’US dollars, une valeur sans commune mesure avec celles des plus grands fonds souverains.

« Dans ce contexte global, la mer Méditerranée s’impose comme un patrimoine crucial pour les pays côtiers » précise Giuseppe Di Carlo, Directeur de l’Inititative Méditerranée Marine du WWF. « Le tourisme maritime et côtier représente à lui seul, plus d’un tiers de l’économie maritime en Méditerranée, génère une valeur d’environ 100 milliards d’euros et emploie 1,7 million de personnes. »

« Certes, la richesse de l’océan n’a rien à envier à celle des pays les plus riches du globe, mais nous sommes en train de la laisser sombrer et de précipiter du même coup la chute de cette économie », prévient Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. « Aucun acteur responsable ne peut raisonnablement continuer à prélever les précieux actifs océaniques sans investir dans l’avenir. »

D’après le rapport, la valeur de la production économique annuelle des océans dépend à plus des deux tiers de la santé du patrimoine océanique. Or l’effondrement des stocks de poissons, la déforestation des mangroves, la disparition des coraux et des herbiers mettent en péril le moteur économique marin dont sont tributaires la vie et les revenus de nombreux humains sur Terre.

« C’est en quantifiant la valeur annuelle produite par les océans du globe et celle du patrimoine correspondant que nous pouvons pointer du doigt les vrais enjeux aux plans économique et environnemental. Ce que nous espérons, c’est que cela amène les dirigeants d’entreprise et les décideurs politiques à prendre des décisions plus raisonnables et plus avisées pour façonner l’avenir de notre économie océanique commune », déclare Douglas Beal, Associé au Boston Consulting Group.

La croissance démographique humaine et notre dépendance à l’égard de la mer font de la restauration de l’économie maritime et des actifs océaniques une urgence planétaire.

Les océans évoluent à un rythme inédit depuis des millions d’années.

« L’océan encourt davantage de risques aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de notre histoire. Nous prélevons trop de poissons, rejetons trop de polluants, réchauffons et acidifions l’océan au point que les systèmes naturels essentiels vont tout simplement s’arrêter de fonctionner », annonce Ove Hoegh-Guldberg, auteur principal du rapport et Directeur du Global Change Institute de l’Université du Queensland (Australie).

Le changement climatique fait partie des premières causes du déclin de la santé océanique. Les études incluses dans le rapport montrent qu’au rythme de réchauffement actuel, les récifs coralliens, qui procurent alimentation et emplois à plusieurs centaines de millions de personnes et en assurent aussi la protection contre les tempêtes, auront complètement disparu en 2050. Au-delà du réchauffement des eaux, le changement climatique induit une acidification océanique dont la résorption s’étalera sur des centaines de générations humaines.

Autre cause majeure de détérioration des océans : la surexploitation, puisque 90 % des stocks mondiaux de poissons sont surexploités ou pleinement exploités. A titre d’exemple, la population de thons rouges s’est effondrée de 96 % depuis que l’espèce est pêchée.

Il n’est toutefois pas trop tard pour inverser les tendances inquiétantes à l’œuvre et garantir la bonne santé d’un océan bénéficiant aux individus, aux entreprises et à la nature.

Le rapport Raviver l’économie des océans présente pour cela un plan d’action en huit points permettant de restaurer pleinement le potentiel des ressources océaniques.

Parmi les solutions les plus urgentes présentées dans le rapport : l’incorporation de la reconstitution des actifs océaniques aux Objectifs de développement durable de l’ONU, la lutte contre le changement climatique au niveau mondial et la définition d’engagements ambitieux en faveur de la protection des zones côtières et marines.

« L’océan nous nourrit, nous donne du travail et contribue à notre santé et à notre bien-être, et pourtant, nous le laissons se dégrader sous nos yeux. Si l’actualité prouve chaque jour le délabrement de sa santé, elle ne suffit pas à faire réfléchir nos dirigeants. Peut-être une analyse économique poussée y parviendra-t-elle. Une tâche ardue nous attend pour protéger les océans, à commencer par la définition de réels engagements internationaux en faveur du climat et du développement durable », ajoute Marco Lambertini.

Baptisée Sustain Our Seas (Préservons nos océans), la campagne mondiale lancée par le WWF pour les océans s’appuie sur plusieurs décennies de travaux menés par l’organisation et ses partenaires sur le thème de la conservation marine. Le WWF collabore avec les gouvernements, les entreprises et les communautés pour encourager les dirigeants à prendre des mesures urgentes permettant de redresser l’économie des océans et de protéger la vie et les moyens d’existence de milliards d’êtres humains sur la planète.

Le « rapport des Français à la nature »

Du 20 au 24 mai a lieu la « fête de la nature », organisée depuis 2006 par le Comité français de l’union internationale de conservation de la nature (UICN) et le magazine Terre Sauvage.

Dans ce cadre a été rendu public un sondage sur le « rapport des Français à la nature », sans majuscule à ce mot. Le choix des réponses est forcément dépendant des choix proposés. Voici un graphique exposant les réponses principales.

On peut également lire le sondage intégral ici. Ce qui est frappant, c’est qu’en fait rien ne rime à rien dans les réponses.

Par exemple, à la question de savoir si la nature est « une ressource à exploiter au profit de l’être humain », 18 % ne sont pas du tout d’accord, 30 % pas d’accord.

Ce qui fait quand même 35 % plutôt d’accord, 16 % tout à fait d’accord…

Mais à la question de savoir la nature est un lieu de loisirs, 32 % sont tout à fait d’accord, 57 % plutôt d’accord !

Seulement 9 % ne sont plutôt pas d’accord, 1 % pas du tout d’accord…

Or, il est évident que si la nature est un lieu de loisirs, alors c’est une ressource exploitable, même si cela ne relève pas de la destruction comme matières premières.

La Nature en soi, avec une majuscule, n’est pas reconnue. C’est quelque chose à côté, quelque chose où l’on passe, quelque chose dont on profite, quelque chose dont on a peur aussi. Mais on ne pense pas en faire partie,  et ensuite on ne la reconnaît pas, on prend le mot fourre-tout, mêlant faune, flore, promenades, etc.

C’est toute une vision du monde qui s’expose ici, de par les choix mêmes des sondeurs également. Au mieux, il s’agit ici de préserver l’environnement. Mais l’environnement, ce n’est pas la Nature, les deux mots représentant une dimension bien différente…

L’environnement entoure un individu, la Nature est un système global, celui de la vie sur la Terre!

Au services des amphibiens: les 20 ans de la Route des Salamandres

Lorsque l’on voyage en voiture, le nombre de petits animaux écrasés sur les routes est catastrophique.

A défaut d’avoir les moyens économiques pour installer des barrages et des tunnels sur toutes les routes, l’information à son entourage et la responsabilisation des automobilistes sont les bases élémentaires pour commencer un processus de sauvegarde et de protection de la Nature et de ses habitants et habitantes.

Les amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandres) vivent dans les lieux boisés avec des points d’eau, au printemps ils migrent vers les étangs, les marais, leurs lieux de reproduction.

Seulement, pour rejoindre cet endroit, les amphibiens doivent traverser les routes, et bon nombre d’entre eux succombent sous les roues des automobilistes bien peu attentifs à la Nature qui l’entoure.

Depuis 20 ans, en Champagne-Ardennes, un dispositif est mis en place, tous les ans, au sortir de l’hiver afin d’aider les grenouilles à rejoindre leur lieu de reproduction, et à les empêcher de se faire écraser sur la route.

Cette démarche est à l’initiative du Parc naturel régional de la forêt d’Orient, un court reportage est visionnable ici.

Ceci est bien évidemment une démarche utile qui bénéficie aux amphibiens, il faudrait développer ces corridors écologiques sur toutes les routes, toute l’année et que tous les animaux soient concernés par cette protection.

De nombreux départements et associations sont sensibilisés à ce problème que rencontrent les amphibiens chaque année, il n’est jamais trop tard pour sensibiliser à cette cause ni pour aider à installer ces barrages temporaires.

Les 20 ans de la Route des Salamandres,
Installation du dispositif

Comme chaque année, les grenouilles, crapauds, salamandres et tritons entament leur course aux amours dès les premiers redoux. Pour cela, ils convergent pour regagner les mares et autres dépressions humides situées près du Lac d’Orient.

Hélas, pour accomplir cette marche nuptiale, ils devront franchir un obstacle au péril de leur vie : une route départementale.

Afin d’éviter que des centaines d’amphibiens terminent leur vie sous les roues des automobilistes un dispositif de protection de la migration des amphibiens, baptisé « Route des Salamandres » est installé chaque année depuis 20 ans.

Ce dispositif est situé sur la route départementale au lieu-dit de la Fontaine Colette (queue du Lac d’Orient) entre Mesnil-Saint-Père et la Maison du Parc.

Le 27 janvier 2015 et le 29 janvier 2015, les équipes du Parc naturel régional de la Forêt d’Orient et de la Ligue de l’Enseignement ont mis en place ce projet avec l’aide d’une classe de terminale S de la Sarthe, une classe de seconde et une de terminale du lycée agricole de Sainte Maure.

Après quelques heures avec les pioches, les pelles et divers outils, la Route des Salamandres a été mise en place. Elle est composée d’une longue bâche noire de 30 cm de haut et a été installée sur 450 mètres de chaque côté de la route.

Ainsi, les nombreux amphibiens souhaitant traverser la route, sont bloqués par ce rempart et ils tombent dans les seaux enterrés le long de la bâche pour les recueillir.

Chaque matin, de février à mai, les bénévoles se relaient pour identifier chaque individu (espèce, sexe, âge), les comptabiliser et relâcher de l’autre côté de la route chaque animal ainsi collecté.

En 2014, le nombre d’individus a été de 35 000.

Cette collaboration entre étudiants et les deux structures lors de la mise en place de ce projet est un moment d’échanges apprécié par chacun.

Les lycéens apprécient de participer à un projet d’envergure sur un site migratoire d’importance nationale et européenne. Et sont ainsi sensibilisés à la protection de la nature.

Les entreprises à l’assaut des forêts françaises

Hier, la Fédération nationale du bois a annoncé la naissance d’une nouvelle marque : « Bois français ». Voici comment c’est présenté :

« Après avoir lancé en juin dernier le slogan « Préférez le bois français », la filière bois se fédère à nouveau pour annoncer la création de la marque « Bois Français ». (…)

La marque garantit que le bois d’un produit, ou contenu dans un produit, est d’origine française, qu’il est issu de forêts gérées durablement, et que la transformation et l’assemblage du bois ont été réalisés sur le sol national. »

Un site a été créé à cette occasion : www.bois-francais.fr. Et le moment ne doit rien au hasard. Il y a une semaine en effet, la Cour des comptes a rendu public un document de novembre 2014, intitulé « Les soutiens à la filière bois », dans le cadre d’une « enquête demandée par la commission des finances du Sénat ».

Ce qui y est dit est simple : seulement la moitié des 85 millions de mètres cubes de bois produit chaque année sont récoltés, il faut faire bien « mieux », surtout qu’il y a eu 910 millions d’euros d’aides accordées entre 2006 et 2013… chaque année !

Ce qu’il faut avoir en tête ici, c’est qu’il n’y a plus de forêt sauvage en France. Tout est géré. Donc, dans une optique de profit, tout doit être géré de mieux en mieux. Voici un aperçu de la situation que fait justement la Cour des comptes :

« La forêt couvre 31 % du territoire français métropolitain, ce qui fait de la France le 4 ème pays le plus boisé d’Europe. Elle est composée à 75 % de forêts privées, détenues par 3,3 millions de propriétaires forestiers.

Les forêts publiques, appartenant à l’État et aux collectivités territoriales, sont gérées et exploitées par l’Office national des forêts. Les peuplements feuillus, au sein desquels les chênes sont prédominants, occupent les deux tiers de la forêt française. »

La première mesure qu’on devrait faire si la libération de la Terre et la libération animale prévalaient, ce serait de sanctuariser une large part de la Nature. Malheureusement, l’humanité sera encore obligée pendant longtemps d’utiliser du bois, donc de tuer des arbres, mais à terme il y aura bien des solutions de rechange.

Alors, l’exploitation de la Nature sera réellement du passé et on protégera enfin toute vie. A ce titre la libération animale n’est pas la fin d’un processus individuel, mais le début de ce qui doit être un programme collectif.

Sinon, la planète Terre aura vite fait de calmer les prétentions humaines à la toute puissance, à l’omnipotence. L’anthropocentrisme doit connaître sa fin !

Ce que propose la Cour des comptes, c’est justement le contraire. Elle demande la chose suivante :

« En conséquence, la Cour émet les recommandations suivantes :

pour l’État :

1. créer une instance interministérielle unique de réflexion et de pilotage stratégique de la politique de soutien à la filière forêt-bois ;
2. organiser une gouvernance unifiée et élaborer une stratégie pour la filière. Dans un premier temps, éviter les contradictions entre le contrat de filière issu du comité stratégique de filière « industries du bois » et le « programme national de la forêt et du bois » issu du conseil supérieur de la forêt et du bois ;
3. confier aux comités régionaux de la forêt et du bois la responsabilité de l’animation et du financement de la filière au niveau local ;
4. confier intégralement au centre national de la propriété forestière la mission de développement forestier pour les forêts privées, et en décharger les chambres d’agriculture ;

pour les professionnels de la filière :

9. fusionner France Bois Forêt, France Bois Industries Entreprises et le CODIFAB dans un organisme interprofessionnel unique, doté d’un contrat d’objectifs avec l’État et dont l’action territoriale s’articule avec celle des interprofessions régionales. »

C’est là qu’on arrive à l’initiative « bois français ». Tout a été mis en place entre novembre et avril. D’abord la Cour des comptes rend « légitime » quelque chose, puis dans les deux semaines, comme par magie, cela se réalise…

Le but, évidemment est de renforcer l’industrie du secteur. Quel est-il ? Voici ce que dit, encore une fois, la Cour des comptes :

« La filière industrielle du bois est composée d’environ 60 000 entreprises des première et deuxième transformations du bois. Ces entreprises ont un chiffre d’affaires estimé entre 35 et 40 Md€ et emploient directement près de 220 000 personnes, dont près de 71 000 salariés 9 dans le sciage et le travail du bois (charpentes, menuiserie, placages,
panneaux et emballage), segment d’activité le plus important, avant l’industrie du papier et carton. »

On comprend que la Cour des comptes propose de

« supprimer par étapes successives l’exonération applicable à la forêt privée pour le calcul
de l’impôt de solidarité sur la fortune et des droits de mutation à titre gratuit »

Il faut que les propriétaires abandonnent leurs forêts aux mains des industriels… L’État est ici directement là pour aider le capitalisme à partir à l’assaut des forêts :

« Malgré ses faiblesses, la filière forêt-bois représente une production de richesse et des emplois qu’il convient de préserver voire de développer. Elle reste un secteur économique d’avenir, pour lequel la France dispose d’un atout majeur : sa ressource forestière abondante, qui doit être davantage renouvelée et économiquement valorisée.

Cette ressource pourrait ainsi être mieux mobilisée pour relever le défi environnemental et climatique et in fine pour
répondre à une demande en bois tirée par des marchés industriels porteurs, comme celui de la construction, tout en satisfaisant les besoins en bois-énergie induits par les objectifs de la politique de développement des énergies renouvelables.

Rationaliser et organiser les soutiens publics, en visant quelques objectifs prioritaires pour la gestion et l’exploitation des forêts et pour les usages du bois, et en mettant fin au saupoudrage et aux effets d’aubaine, est désormais nécessaire.

Les modalités du soutien public à l’amont forestier devraient être profondément revues, pour encourager l’investissement forestier avant tout et mieux servir ainsi l’objectif de valorisation économique de la forêt.

Les aides à l’investissement pour le secteur-clef des scieries devraient être plus concentrées et conçues dans l’optique de restructurer le secteur et d’améliorer sa compétitivité. Les soutiens accordés aux autres industries de bois devraient venir en appui de stratégies industrielles préalablement définies, créatrices de valeur ajoutée. Le bois-construction, secteur permettant de valoriser notamment la ressource feuillue française, mérite à ce titre un appui continu.

Enfin, les soutiens au bois-énergie, pour nécessaires qu’ils soient au titre du développement des énergies renouvelables, devraient mieux prendre en compte la ressource forestière disponible afin de prévenir les conflits d’usage dommageables à la filière.

Cet effort de hiérarchisation et de définition d’une stratégie claire et partagée suppose l’instauration d’une gouvernance unifiée de la filière, associant l’ensemble des parties prenantes de l’amont à l’aval. L’État et les régions sont appelés à y jouer un rôle central, en tant que pilotes et financeurs. »

L’Etat doit aider les entreprises à partir à l’assaut des forêts françaises… Un bien triste programme, à quoi il faut s’opposer!

Chamrousse, la montagne menacée

Voici un article du site Le bruit du vent, comme toujours très bien documenté et présentant les choses sans fards aucun, avec une attention très grande portée aux mensonges des promoteurs et entrepreneurs, qui prétendent « recréer » la Nature sauvage comme ils le voudraient, selon leurs besoins…

Ah autrefois, Chamrousse devait être une belle montagne sauvage, entourée de nombreux lacs naturels, offrant un grand ciel pur, et un panorama à 360° sur des massifs immaculés. Mais depuis quelques décennies, des investisseurs ont quadrillé ce bel espace pour en faire une station de ski à la disgrâce olympique.

Difficile de trouver du charme à ce gros caillou surfréquenté, rasé par les bulldozers, recouvert de pylônes et de câbles, et surplombant la pollution légendaire de la cuvette grenobloise. Poussant le mauvais goût à son paroxysme, les financiers du ski ont étendu leur domaine jusqu’au cœur des sublimes lacs Robert.

À l’instar de nombreux « amoureux de la Nature », je peste depuis toujours contre la remontée mécanique reliant ces Lacs Robert à Chamrousse, et j’espérais naïvement qu’un de ces jours, le « bon sens » conduirait les élus à démonter cet ouvrage afin de mieux protéger ce lieu, qui est classé « zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique » de grade élevé, et qui est qualifié, par le Ministère de l’Ecologie, de « site naturel majeur » à la « flore rare et diversifiée » et au « paysage unique ».

Le biotope des lacs est déjà si lourdement impacté par la station qu’il n’était même pas imaginable qu’un élu puisse oser envisager d’étendre le saccage au Grand Van, en entourant les lacs Robert d’autres pistes et d’autres remontées… C’était sans compter sur le nouveau maire de Chamrousse, Philippe Cordon, qui aurait la ferme intention de détrôner les bouquetins de leur sommet fétiche, le Grand Van, pour les remplacer par des dameuses et de bons gros pylônes (1).

(1) Déclaration du maire lors de l’Assemblée Générale de l’Association de Défense des Habitants et de l’Environnement de Chamrousse. Information qui m’a été transmise par une source proche du dossier.

Quant aux lacs Robert, ils pourraient être utilisés pour alimenter les futurs canons à neige des futures pistes du Grand Van ; qui sait ? Et tant pis si ces canons recrachent de temps à autre un bel Omble chevalier.

Pour réaliser ce projet (qui, compte tenu du contexte climatique, n’a rien de pérenne), la station serait épaulée par la Caisse des dépôts, « groupe public au service de l’intérêt général ». Après les abattages massifs du Bargy, il n’y a donc désormais plus vraiment de doute : lutter contre les bouquetins, qui squattent des espaces sauvages, est dans « l’intérêt général ».

Le territoire de Capra ibex ne peut plus rester vierge, et doit être utilisé à des fins économiques tels que l’élevage ou le marché du ski. Myrtille sur la montagne : la zone des Lacs Robert abrite des tétras lyre, coqs sauvages menacés de disparition, qui passent l’hiver à lutter contre le froid dans des igloos, et dont le simple dérangement par un skieur peut conduire à un épuisement mortel. Outre la dégradation paysagère et l’impact de la neige artificielle, l’extension de la station augmenterait fortement la fréquentation du site, et nuirait donc à la faune.

Le comble est que cette extension serait en partie « justifiée » par le futur accès du massif de Belledonne au statut de Parc Naturel Régional, afin de faire de Chamrousse « l’entrée principale et l’emblème du futur parc naturel ».

Autrefois, à l’époque de la création du Yellowstone, les parcs naturels étaient destinés à préserver la Nature, mais les temps changent, et à l’instar d’Eurodisney, ces parcs se transforment en vitrine publicitaire, si bien que les zones les mieux préservées sont désormais souvent en dehors des parcs !

Rassurons-nous, car des mesures compensatoires seraient entreprises. En dégradant le secteur du Grand Van, partiellement (hélas !) classé Natura 2000, la station de Chamrousse pourrait être contrainte de restaurer la biodiversité d’un autre site.

Ce qui tombe à pic puisque dans le même temps et dans le même massif, le vallon de la Combe Madame est justement placé sur le marché des mesures compensatoires ! En clair, la station de Chamrousse pourrait légalement dégrader le Grand Van en finançant, en guise de compensation, la réhabilitation de la faune et de la flore d’un vallon situé quelques kilomètres plus loin.

Sauf qu’en pratique, Combe Madame est l’un des sites les plus sauvages de France, et que, dans un monde si riche en territoires ravagés, prétendre vouloir réhabiliter la biodiversité d’un vallon aussi bien préservé a tout de la farce burlesque. Peu importe : des techniciens (humoristes ?) sont déjà sur le coup, et se creusent la tête pour essayer de rendre ce vallon sauvage encore plus sauvage : ils envisagent, par exemple, d’en interdire partiellement l’accès aux randonneurs ou de créer une minuscule mare.

La perversion va encore plus loin. Le vallon de la Combe Madame appartient iniquement à EDF qui souhaitait initialement l’utiliser pour produire de l’hydro-électricité, mais l’entreprise a abandonné le projet « au profit » de la construction de l’immense et très impactant barrage de Grand-Maison sur l’autre versant de Belledonne.

Pour rentabiliser cette Combe Madame qui jusqu’ici ne lui a jamais rien rapporté, EDF a donc décidé de placer ces 1300 hectares sur le « marché des mesures compensatoires de biodiversité », et ce avec la bénédiction du Ministère de l’Ecologie (… et de l’Energie).

En clair, amis investisseurs de l’or blanc, si vous saccagez une montagne, pensez à donner un peu d’argent à EDF qui se chargera de donner un coup de peigne à deux brins d’herbe ailleurs ! Ce marché « du droit à polluer » est ridicule et abject, mais l’important, n’est-il pas qu’il soit rentable ?

Faisant son petit marketing, EDF prétend travailler avec les acteurs de la protection de l’environnement, mais pour un membre de la FRAPNA (association de défense de la Nature reconnue d’intérêt public), les compensations envisagées sur le site de la Combe Madame ne « garantissent pas de gain écologique », et EDF ferait mieux de réhabiliter une « rivière polluée » ou des « champs de nitrate ».

De son côté, la reine de l’uranium estime sans doute qu’il est plus facile de reverdir son image en dressant des procès verbaux à trois marcheurs plutôt qu’en fermant des centrales nucléaires arrivées à expiration.

Entre l’extension de l’Alpe d’Huez, les pistes de goudron de Corrençon, le projet de téléphérique de Grenoble au Vercors, et les futures remontées du Grand Van, les montagnes iséroises sont inéluctablement rongées par des stations de ski adeptes du greenwashing.

Grâce à la célèbre recette « investissement et déficit publics pour bénéfices privés », le monde sauvage disparaît à une vitesse inquiétante, et n’est déjà plus qu’un lointain souvenir dans certains massifs alpins… Seules des mesures compensatoires réelles et pertinentes pourraient contribuer à freiner la dangereuse mégalomanie de certains élus.

Face à la saturation des cimes, toute nouvelle installation de remontée mécanique ne devrait-elle pas s’accompagner du démontage d’une ancienne remontée à proximité ? Dans ces conditions, le maire de Chamrousse serait-il toujours partant pour s’attaquer aux bouquetins du Grand Van ?

Georges Pompidou en défense des arbres au bord des routes

Hier au Sénat, un rapport a été dévoilé au sujet de la « filière bois », et il critique le fait que la production soit trop faible: il faut profiter plus des forêts, par ailleurs toutes supervisées.

Car, comme on le sait bien, en France, la Nature, libre, sauvage, est méprisée: il faut que soit géré. D’ailleurs ces derniers jours les chasseurs s’opposent à l’Office National des Forêts en raison des demandes de celles-ci d’abattre d’avantage d’animaux…

Querelles d’assassins. Dans un registre différent mais avec un fond similaire, la prévention routière fait qu’il y a une tendance s’affirmant en ce moment à… couper les arbres sur les bords des routes.

Plutôt que de brider les voitures et d’éduquer les automobilistes, on préfère célébrer l’ego des automobilistes.

Voici un témoignage intéressant, celui de Georges Pompidou lorsqu’il était président, avec une lettre fameuse à l’époque en défense de ces arbres. « Les arbres, eux, n’ont, semble-t-il, d’autres défenseurs que moi-même »…

Lettre de Georges Pompidou,
Président de la République Française
à Jacques Chaban Delmas,
Premier Ministre, en date du 17 juillet 1970

Mon cher Premier Ministre,

J’ai eu, par le plus grand des hasards, communication d’une circulaire du Ministre de l’Equipement -Direction des routes et de la circulation routière- dont je vous fais parvenir photocopie.

Cette circulaire, présentée comme un projet, a en fait déjà été communiquée à de nombreux fonctionnaires chargés de son application, puisque c’est par l’un d’eux que j’en ai appris l’existence.

Elle appelle de ma part deux réflexions :

La première, c’est qu’alors que le Conseil des Ministres est parfois saisi de questions mineures telles que l’augmentation d’une indemnité versée à quelques fonctionnaires, des décisions importantes sont prises par les services centraux d’un ministère en dehors de tout contrôle gouvernemental ;

la seconde, c’est que, bien que j’ai plusieurs fois exprimé en Conseil des Ministres ma volonté de sauvegarder « partout » les arbres, cette circulaire témoigne de la plus profonde indifférence à l’égard des souhaits du Président de la République.

Il en ressort, en effet, que l’abattage des arbres le long des routes deviendra systématique sous prétexte de sécurité.

Il est à noter par contre que l’on n’envisage qu’avec beaucoup de prudence et à titre de simple étude, le déplacement des poteaux électriques ou télégraphiques.

C’est que là, il y a des administrations pour se défendre.

Les arbres, eux, n’ont, semble-t-il, d’autres défenseurs que moi-même et il apparaît que cela ne compte pas.

La France n’est pas faite uniquement pour permettre aux Français de circuler en voiture, et, quelle que soit l’importance des problèmes de sécurité routière, cela ne doit pas aboutir à défigurer son paysage.

D’ailleurs, une diminution durable des accidents de la circulation ne pourra résulter que de l’éducation des conducteurs, de l’instauration des règles simples et adaptées à la configuration de la route, alors que complication est recherchée comme à plaisir dans la signalisation sous toutes ses formes.

Elle résultera également des règles moins lâches en matière d’alcoolémie, et je regrette à cet égard que le gouvernement se soit écarté de la position initialement retenue.

La sauvegarde des arbres plantés au bord des routes -et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordées de platanes- est essentielle pour la beauté de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d’un milieu humain.

Je vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et Chaussées et de donner des instructions précises au Ministre de l’Equipement pour que, sous divers prétextes (vieillissement des arbres, demandes de municipalités circonvenues et fermées à tout souci d’esthétique, problèmes financiers que posent l’entretien des arbres et l’abattage des branches mortes), on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n’aurait été abandonné que dans le principe et pour me donner satisfaction d’apparence.

La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d’évasion, de nature et de beauté.

L’autoroute sera utilisée pour les transports qui n’ont d’autre objet que la rapidité.

La route, elle, doit redevenir pour l’automobiliste de la fin du vingtième siècle ce qu’était le chemin pour le piéton ou le cavalier : un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France.

Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté !

Georges Pompidou

« Round-Up non merci ! »

De  nombreuses initiatives se sont montées contre le pesticide Round Up. Voici des informations à ce sujet!

Le samedi 21 mars à 15h, les « cafés paysans » de Grenoble et le collectif « Roundup non merci ! » ont organisé une action « Round-Up non merci ! » dans le magasin Castorama de Saint-Martin d’Hères.

Cette action se déroulait dans le cadre de la Semaine pour des alternatives aux pesticides, et en réaction à l’étude de l’agence du cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé classant le Roundup comme un ’’cancérigène probable’’.

Seize jardiniers, paysan-ne-s et habitant-e-s de l’agglomération grenobloise ont interpellé la direction de Castorama en remplissant des caddies de Roundup marqués « Roundup non merci » à l’entrée du magasin. 500 tracts détaillant les méfaits du Roundup ont été distribués aux client-e-s et salarié-e-s du magasin.

Quelques minutes après le déclenchement de l’action, le directeur du magasin, des vigiles et une dizaine de salarié-e-s de Castorama ont entouré les manifestant-e-s. La tension était forte. Les affiches ont été arrachées et les caddies déplacés. La direction semblait quelque peu dépassée par la situation. Les menaces d’expulsion étaient viriles. Les membres du collectif « Roundup non merci ! » ont fait face et ont argumenté calmement.

Peu à peu, la tension est retombée, puis la discussion s’est engagée. « Je n’y peux rien s’il y a du Roundup à Castorama ! Ça ne dépend pas de moi ! Je ne suis qu’un salarié parmi quatorze mille ! Il faut contacter la direction nationale ! » a répété plusieurs fois le directeur du magasin. « On sait bien que ce produit pose problème. Mais tant que c’est légal et que ça se vend, on le vend » a ajouté un adjoint.

Suite à cette discussion, les manifestant-e-s ont diffusé calmement les 500 tracts à l’entrée du magasin. De nombreux clients et clientes ont exprimé leur solidarité avec notre action. Plusieurs salarié-e-s de Castorama nous ont dit : « À titre personnel je soutiens votre action, mais à titre professionnel vous nous avez foutu un sacré bordel ! On n’avait jamais vu ça ! ». Le Roundup ne semble pas avoir le vent en poupe…

En point final de l’action, le collectif a formé un ROUNDUP NON MERCI avec des lettres géantes.

Cette action s’inscrit dans la campagne nationale Round’Up non merci !

PÉTITION – Roundup : interdisons ce pesticide maintenant !

Nous relayons la pétition de l’association Agir pour l’environnement. Il est plus que temps d’interdire le Roundup et le glyphosate!
L’Organisation Mondiale de la Santé vient de classer cinq pesticides, dont le célèbre « glyphosate », substance active du Roundup, comme « cancérigène probable pour l’Homme ».

Commercialisé par la multinationale Monsanto, le Roundup est un herbicide total. Plus de 80% des organismes génétiquement modifiés sont des plantes résistantes au glyphosate. Glyphosate et OGM sont donc les deux faces d’une même pièce.

La décision de l’OMS n’est pourtant pas une surprise :

  • En effet, les études menées par le professeur Gilles-Eric Séralini ont démontré, dès 2012, les effets génotoxiques du Roundup sur des rats exposés.
  • En 1985, l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis avait déjà classé le glyphosate comme « cancérigène possible » avant de se dédire, vraisemblablement sous l’effet d’un lobbying intense des géants de l’agrochimie…

Ne doutant de rien, Monsanto commit, en 1998, une publicité présentant le Roundup comme un produit « biodégradable » et « bon pour la Terre » ; avant d’être condamné pour publicité mensongère.

  • De fait, le glyphosate est présent dans plus de 750 produits utilisés en agriculture et vendus massivement en jardinerie.
  • Chaque année, la France épand plus de 8000 tonnes de glyphosate, contaminant les eaux de surface et nappes phréatiques.

Jardiniers amateurs et agriculteurs sont les plus exposés et présentent un risque de développer des cancers du sang (lymphome non hodgkinien). Le désherbant phare de Monsanto semble également induire sur des animaux des dommages chromosomiques, des cancers de la peau ou encore des cancers du tube rénal.

Face à ces signaux d’alerte répétés, les ministres de la Santé, de l’Agriculture et de l’Ecologie doivent agir avec rapidité pour limiter l’exposition des agriculteurs, des jardiniers amateurs et des populations riveraines des espaces traités.

Sans attendre d’hypothétiques nouvelles études, le gouvernement doit interdire la commercialisation et l’épandage des pesticides incriminés par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Signez la pétition pour envoyer un message aux ministres de la santé, de l’agriculture et de l’environnement !
http://stop-roundup.agirpourlenvironnement.org/

Nations-Unies : Charte Mondiale de la Nature

Afin de bien comprendre les enjeux qu’il y a derrière le concept de « biodiversité », voici un document historique au sujet de la reconnaissance de la Nature, même si de manière très relative: la Charte Mondiale de la Nature des Nations-Unies. Le document a été rendu public le 28 octobre 1982, ayant été voté (avec 111 voix pour, 18 abstentions et une seule voix contre,celle du représentant des États-Unis).

Préambule

L’Assemblée générale, ayant examiné le rapport du Secrétaire général relatif au projet révisé de Charte mondiale de la nature,

Rappelant que, dans sa résolution 3517 du 30 octobre 1980, elle s’est déclarée persuadée que les bénéfices qui pouvaient être obtenus de la nature étaient fonction du maintien des processus naturels et de la diversité des formes de vie et que ces bénéfices étaient compromis du fait de l’exploitation excessive et de la destruction des habitats naturels,

Rappelant en outre que, dans la même résolution, elle a reconnu qu’il était nécessaire de prendre des mesures appropriées, aux niveaux national et international, pour protéger la nature et promouvoir la coopération internationale dans ce domaine,

Rappelant que, dans sa résolution 36/6 du 27 octobre 1981, elle s’est déclarée de nouveau consciente de l’importance capitale que la communauté internationale attachait à la promotion et au développement d’une coopération destinée à protéger et à sauvegarder l’équilibre et la qualité de la nature et a invité le Secrétaire général à transmettre aux États-Membres le texte de la version révisée du projet de Charte mondiale de la nature contenu dans le rapport du Groupe spécial d’experts chargé d’examiner le projet de Charte mondiale de la nature, ainsi que toutes observations ultérieures des États, en vue d’un examen approprié par l’Assemblée générale à sa trente-septième session,

Consciente de l’esprit et des termes de ses résolutions 35/7 et 36/6, dans lesquelles elle a invité solennellement les États-Membres, dans l’exercice de leur souveraineté permanente sur leurs ressources naturelles, à mener leurs activités compte tenu de l’importance suprême de la protection des systèmes naturels, du maintien de l’équilibre et de la qualité de la nature et de la conservation des ressources naturelles, dans l’intérêt des générations présentes et à venir,

Ayant examiné le rapport complémentaire du Secrétaire général

Exprimant ses remerciements au Groupe spécial d’experts qui, grâce à la tâche accomplie, a assemblé les éléments requis pour que l’Assemblée générale puisse achever l’examen du projet révisé de Charte mondiale de la nature et l’adopter à sa trente-septième session, comme elle l’avait précédemment recommandé,

Adopte et proclame solennellement la Charte mondiale de la nature qui figure en annexe à la présente résolution.

48e séance plénière ; 28 octobre 1982

CHARTE MONDIALE DE LA NATURE (Annexe)

L’Assemblée générale,

réaffirmant les buts fondamentaux de l’Organisation des Nations Unies, en particulier le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le développement des relations amicales entre les nations et la réalisation de la coopération internationale pour résoudre les problèmes internationaux dans les domaines économique, social, culturel, technique, intellectuel ou humanitaire.

Consciente que :

a) L’humanité fait partie de la nature et la vie dépend du fonctionnement ininterrompu des systèmes naturels qui sont la source d’énergie et de matières nutritives,

b) La civilisation a ses racines dans la nature, qui a modelé la culture humaine et influé sur toutes les oeuvres artistiques et scientifiques, et c’est en vivant en harmonie avec la nature que l’homme a les meilleures possibilités de développer sa créativité, de se détendre et d’occuper ses loisirs,

Convaincue que :

a) Toute forme de vie est unique et mérite d’être respectée, quelle que soit son utilité pour l’homme et, afin de reconnaître aux autres organismes vivants cette valeur intrinsèque1 l’homme doit se guider sur un code moral d’action,

b) L’homme peut, par ses actes ou par leurs conséquences, transformer la nature et épuiser ses ressources et doit, de ce fait, pleinement reconnaître qu’il est urgent de maintenir l’équilibre et la qualité de la nature et de conserver les ressources naturelles,

Persuadée que :

a) Les bienfaits durables qui peuvent être obtenus de la nature sont fonction du maintien des processus écologiques et des systèmes essentiels à la subsistance, ainsi que de la diversité des formes organiques, que l’homme compromet par une exploitation excessive ou par la destruction de l’habitat naturel,

h) La dégradation des systèmes naturels qui résulte d’une consommation excessive et de l’abus des ressources naturelles, ainsi que de l’incapacité d’instaurer parmi les peuples et les États un ordre économique approprié, conduit à l’effondrement des structures économiques, sociales et politiques de la civilisation,

u) La course aux ressources rares est génératrice de conflits tandis que la conservation de la nature et de ses ressources va dans le sens de la justice et contribue au maintien de la paix, et elle ne sera assurée que lorsque l’humanité aura appris à vivre en paix et à renoncer à la guerre et aux armements,

Réaffirmant que l’homme doit acquérir les connaissances voulues pour maintenir et développer son aptitude à utiliser les ressources naturelles tout en préservant les espèces et les écosystèmes dans l’intérêt des générations présentes et futures,

Fermement convaincue de la nécessité de mesures appropriées, aux niveaux national et international, individuel et collectif, privé et public, pour protéger la nature et promouvoir la coopération internationale dans ce domaine,

Adopte, à ces fins, la présente Charte mondiale de la nature, qui proclame les principes de conservation ci-après, au regard desquels tout acte de l’homme affectant la nature doit être guidé et jugé.

I. PRINCIPES GÉNÉRAUX
Article premier

La nature sera respectée et ses processus essentiels ne seront pas altérés.

Article deux

La viabilité génétique de la Terre ne sera pas compromise; la population de chaque espèce, sauvage ou domestique, sera maintenue au moins à un niveau suffisant pour en assurer là survie: les habitats nécessaires à cette fin seront sauvegardés.

Article trois

Ces principes de conservation seront appliqués à toute partie de la surface du globe, terre ou mer: une protection spéciale sera accordée aux parties qui sont uniques, à des échantillons représentatifs de tous les différents types d’écosystèmes et aux habitats des espèces rares ou menacées.

Article quatre

Les écosystèmes et les organismes, de même que les ressources terrestres, marines et atmosphériques qu’utilise l’homme, seront gérés de manière à assurer et maintenir leur productivité optimale et continue, mais sans compromettre pour autant l’intégrité des autres écosystèmes ou espèces avec lesquels ils coexistent.

Article cinq

La nature sera préservée des déprédations causées par la guerre ou d’autres actes d’hostilité.

II. PRINCIPES GÉNÉRAUX

Article six

Dans le processus de prise dè décision, on reconnaîtra qu’il n’est possible de satisfaire aux besoins de chacun qu’en assurant le fonctionnement adéquat des systèmes naturels et en respectant les principes énoncés dans la présente Charte.

Article sept

Dans la planification et l’exécution des activités de développement socio-économique, il sera dûment tenu compte du fait que la conservation de la nature fait partie intégrante de ces activités.

Article huit

Dans l’élaboration de plans à long terme de développement économique, d’accroissement de la population et d’amélioration des conditions de vie, il sera dûment tenu compte de la capacité qu’ont les systèmes naturels d’assurer à longue échéance la subsistance et l’établissement des populations considérées, tout en reconnaissant que cette capacité peut être développée par la science et la technique.

Article neuf

L’affectation de parties de la surface du globe à des usages déterminés sera planifiée en tenant dûment compte des limites physiques, de la productivité et de la diversité biologiques ainsi que de la beauté naturelle des sites concernés.

Article dix

Les ressources naturelles ne seront pas gaspillées, mais utilisées avec la mesure que dictent les principes énoncés dans la présente Charte et ce selon les règles suivantes :

a) Les ressources biologiques ne seront pas utilisées au-delà de leur capacité naturelle de régénération:

b) La productivité des sols sera maintenue ou améliorée par des mesures préservant leur fertilité à long terme et le processus de décomposition organique et prévenant l’érosion ainsi que toute autre forme de dégradation;

c) Les ressources qui ne sont pas consommées par l’usage, y compris l’eau, seront réutilisées ou recyclées ;

d) Les ressources non renouvelables qui sont consommées par l’usage seront exploitées avec mesure, compte tenu de leur abondance, des possibilités rationnelles de les transformer à des fins de consommation et de la compatibilité de leur exploitation avec le fonctionnement des systèmes naturels.

Article onze

Les activités pouvant avoir un impact sur la nature seront contrôlées et les meilleures techniques disponibles, susceptibles de diminuer l’importance des risques ou d’autres effets nuisibles sur la nature, seront employées ; en particulier

a) Les activités qui risquent de causer des dommages irréversibles à la nature seront évitées:

b) Les activités comportant un degré élevé de risques pour la nature seront précédées d’un examen approfondi et leurs promoteurs devront prouver que les bénéfices escomptés l’emportent sur les dommages éventuels pour la nature et, lorsque les effets nuisibles éventuels de ces activités ne sont qu’imparfaitement connus, ces dernières ne devraient pas être entreprises;

c) Les activités pouvant perturber la nature seront précédées d’une évaluation de leurs conséquences et des études concernant l’impact sur la nature des projets de développement seront menées suffisamment à l’avance; au cas où elles seraient entreprises, elles devront être planifiées et exécutées de façon à réduire au minimum les effets nuisibles qui pourraient en résulter;

d) Les pratiques relatives à l’agriculture, aux pâturages, à la sylviculture et à la pêche seront adaptées aux caractéristiques et limites naturelles des zones considérées;

e) Les zones dégradées à la suite d’activités humaines seront remises en État à des fins conformes à leur potentiel naturel, et compatibles avec le bien-être des populations affectées.

Article douze

Tout rejet de substances polluantes dans des systèmes naturels sera évité, et

a) S’il est impossible de l’éviter, ces substances seront traitées à la source en utilisant les meilleurs moyens disponibles;

b) Des précautions spéciales seront prises afin d’empêcher le rejet de déchets radioactifs ou toxiques

Article treize

Les mesures visant à prévenir, contrôler ou limiter les catastrophes naturelles, les infestations et les maladies s’adresseront spécifiquement aux causes de ces fléaux et éviteront de produire des effets secondaires nuisibles pour la nature.

III. MISE EN OEUVRE

Article quatorze

Les principes énoncés dans la présente Charte trouveront leur expression dans la législation et la pratique de chaque Etat, ainsi qu’au niveau international.

Article quinze

Les connaissances relatives à la nature seront largement diffusées par tous les moyens possibles, en particulier par l’enseignement mésologique qui fera partie intégrante de l’éducation générale.

Article seize

Toute planification comportera, parmi ses éléments essentiels, l’élaboration de stratégies de conservation de la nature, l’établissement d’inventaires portant sur les écosystèmes et l’évaluation des effets sur la nature des politiques et activités projetées : tous ces éléments seront portés à la connaissance du public par des moyens appropriés et en temps voulu pour qu’il puisse effectivement être consulté et participer aux décisions.

Article dix-sept

Les moyens financiers, les programmes et les structures administratives nécessaires pour atteindre les objectifs de la conservation de la nature seront assurés.

Article dix-huit

On s’efforcera sans cesse d’approfondir la connaissance de la nature grâce à la recherche scientifique et de diffuser les informations ainsi obtenues sans restriction d’aucune sorte.

Article dix-neuf

L’État des processus naturels, des écosystèmes et des espèces sera suivi de près pour qu’on puisse déceler le plus tôt possible toute dégradation ou menace, intervenir en temps utile et évaluer plus facilement les politiques et techniques de conservation.

Article vingt

Les activités militaires préjudiciables à la nature seront évitées.

Article vingt-et-un

Les États et, dans la mesure où ils en ont la possibilité, les autres autorités publiques, les organisations internationales, les particuliers, les associations et les entreprises :

a) Coopéreront à la conservation de la nature par des activités communes et autres actions appropriées, notamment par des échanges d’informations et par des consultations;

b) Etabliront des normes pour les produits et procédés de fabrication risquant d’avoir des effets nuisibles sur la nature, ainsi que des méthodes d’évaluation de ces effets;

c) Mettront en oeuvre les dispositions juridiques internationales applicables en vue d’assurer la conservation de la nature et la protection de l’environnement;

d) Feront en sorte que des activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommage aux systèmes naturels situés à l’intérieur d’autres États, ni dans les zones situées en dehors des limites de juridiction nationale;

e) Sauvegarderont et conserveront la nature dans les zones au-delà des limites de juridiction nationale.

Article vingt-deux

Compte tenu de la plaine souveraineté des États sur leurs ressources naturelles, chaque Etat donnera effet aux dispositions de la présente Charte par ses organes compétents et en coopération avec d’autres États.

Article vingt-trois

Toute personne aura la possibilité, en conformité avec la législation de son pays, de participer, individuellement ou avec d’autres personnes, à l’élaboration des décisions qui concernent directement son environnement et, au cas où celui-ci subirait des dommages ou des dégradations, elle aura accès à des moyens, de recours pour en obtenir réparation.

Article vingt-quatre

Il incombe à chacun d’agir en conformité avec les dispositions de la présente Charte; chaque personne, agissant individuellement, en association avec d’autres personnes ou au titre de sa participation à la vie politique, s’efforcera, d’assurer la réalisation des objectifs et autres dispositions de la présente Charte.

Canada : Libérez votre nature et gagnez 1 000 $!

Pour nos lecteurs et lectrices au Canada, voici une petite information intéressante, même si le WWF n’est pas pour la libération animale, ni pour la libération de la Terre, loin de là!

Pour nous qui sommes en France, par contre, il y aura ici un exemple intéressant d’appel à l’initiative. Ce qui fait la force du WWF ici, c’est clairement sa capacité à appeler à des initiatives simples et locales, s’adressant à tout le monde.

Pour que l’écologie se développe réellement en France, loin d’EELV, il faut des groupes locaux servant d’interfaces à toutes les initiatives !

Libérez votre nature et gagnez 1 000 $!

Le WWF-Canada lance un concours d’idées novatrices pour encourager l’action écologique

Montréal, Québec (9 mars 2015) – Ce printemps, le WWF-Canada invite les Canadiens à partager leurs bonnes idées pour amener leur communauté à s’impliquer davantage dans la conservation de la nature. Les cinq meilleures propositions recevront une micro subvention pouvant atteindre jusqu’à 1 000 $ pour aider à leur réalisation.

Du 5 mars au 15 avril, les Canadiens d’un océan à l’autre, de 7 à 77 ans, sont invités à « libérer leur nature » avec le WWF-Canada et à courir la chance de gagner, en reconnaissance et en argent. Tout ce que vous avez à faire est de soumettre une demande en ligne en nous disant ce que VOUS feriez pour rapprocher les gens de votre communauté de la nature.

«Les études montrent que les Canadiens passent trop de temps à l’intérieur et ont tendance à ignorer tout ce que la nature a à offrir, même dans leur propre cour », a fait remarquer David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada. « La nature, même en pleine ville, nous propose d’innombrables expériences et bienfaits tous les jours. Grâce à Libérez votre nature, le WWF-Canada veut non seulement révéler la présence de la nature dans la vie quotidienne de nos concitoyens, mais aussi connaître les solutions qu’ils proposent pour aider la nature à s’épanouir dans leur milieu, au sein de leur communauté. C’est la meilleure façon d’accueillir le printemps! »

Dans le cadre de sa campagne Libérez votre nature, le WWF-Canada recherche les idées les plus intéressantes et innovantes pour amener les collectivités à communier avec la nature dans leur milieu. Libérez votre nature appuiera les projets créatifs et pragmatiques adaptés à leur communauté. Les idées gagnantes pourraient être de célébrer la nature ou de trouver des solutions aux menaces qui pèsent sur elle, ou encore de former des membres de la collectivité à la surveillance des écosystèmes de l’endroit. Quelques données :

Les Canadiens passent en moyenne plus de 90 % de leur temps à l’intérieur.
8 Canadiens sur 10 vivent en zone urbaine.
85 % des Canadiens craignent que les zones naturelles dont ils profitent aujourd’hui n’existeront plus pour leurs enfants ou petits-enfants.
Près de 90 % des Canadiens reconnaissent se sentir plus heureux quand ils sont en contact avec la nature.1

Les gagnants du concours Libérez votre nature seront annoncés le 15 mai 2015.
Visitez le site www.wwf.ca/votrenature pour de plus amples renseignements tels que les critères de sélection, ainsi que le formulaire de demande.

Participez à la conversation en ligne et suivez les dernières nouvelles des projets avec leurs photos sur Twitter et Instagram sous #VotreNature.

Le WWF-Canada est la section canadienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), l’un des organismes indépendants de conservation les plus importants et les plus respectés au monde, en activité dans plus de 100 pays. Grâce à l’appui de plus de 250 000 Canadiens et fort d’une expérience de près de 50 ans, le WWF-Canada met en œuvre des recherches et connaissances scientifiques dans le cadre de projets pragmatiques sur le terrain. Le WWF propose des solutions aux plus grands défis de conservation de notre planète afin de bâtir un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature. Pour en savoir plus, visitez le site wwf.ca/fr.

On notera cette précision que fait le WWF Canada ailleurs, et là on a un exemple de non-compréhension de la Nature pour le premier exemple, alors que le second est pertinent:

Nous cherchons des idées rassembleuses qui redonneront à la nature son importance pour votre communauté et amèneront les gens à s’unir pour prendre soin de l’environnement. Qu’il s’agisse de planter des arbres, de protéger des animaux, de compter des espèces, de former des citoyens écoresponsables, de célébrer la beauté, de résoudre des problèmes, de diriger, ou d’inspirer, toutes vos idées sont bienvenues.

Voici quelques suggestions, soumises par nos collègues, qui pourraient vous inspirer:

« Pour que mes amis se sentent concernés par le bassin versant dans lequel nous vivons, j’aimerais les emmener pêcher dans la rivière Rouge, près du centre-ville de Toronto. Il y a une diversité impressionnante d’espèces de poissons indigènes dans cette rivière urbaine. Tandis que nous y serons, je leur demanderai de m’aider à prendre quelques échantillons d’eau et d’insectes qui pourrons être inclus dans le Bilan de la santé des cours d’eau du WWF! »

– James Snider, directeur par intérim du programme Eau douce, WWF-Canada

« Les gens de Vancouver sont toujours surpris d’apprendre qu’une des pires menaces qui pèsent sur les cétacés de la mer de Salish, c’est le bruit des bateaux qui y passent. J’aimerais installer des microphone sous l’eau dans l’habitat des épaulards qui sont menacés, et retransmettre les sons captés sous l’eau dans un grand établissement public. Ce qui permettrait aux gens d’enfin apprécier les vocalisent des épaulard et de comprendre l’effet de la pollution sonore sur cette espèce. Les gens seraient ainsi davantage motivée à trouver des façons d’aider les mammifères marins de la région. »

– Hussein Alidina, cadre supérieur, planification marine, WWF-Canada

« Cela risque de poser quelques problèmes aux conducteurs de véhicules »

Ce qui devait arriver arriva. Après les discours ridiculement glorieux de certaines associations sur la modification des codes juridiques, faisant que l’animal change de « statut » sans que rien ne change en pratique, voilà que les animaux « sauvages » se font expulser du droit, à l’occasion du débat sur la loi sur la biodiversité.

C’est la conséquence inévitable, dramatique, des campagnes en faveur de certains animaux et pas d’autres. Les animaux dits de compagnie et les animaux intégrés directement dans l’exploitation animale ont un « statut » afin de neutraliser leur existence juridiquement, quant aux autres… ils sont précipités dans l’enfer de la destruction.

Avec la complicité des fanatiques du « droit », prisonniers de l’esprit institutionnel, incapables de comprendre qu’il faut radicalement tout changer, non seulement les mentalités, mais également la société!

Voici le compte-rendu du débat à l’Assemblée nationale… Qui est édifiant. C’est véritablement un morceau d’histoire, entre partisans purs et durs de l’exploitation animale, et une « amie » des animaux qui reconnaît ouvertement que l’amendement en question ne changerait rien s’il était adopté, à part pour la symbolique!

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 39 rectifié et 956 rectifié, portant article additionnel après l’article 4.

La parole est à Mme Geneviève Gaillard, rapporteure, pour soutenir l’amendement no 39 rectifié.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Cet amendement vise à donner à l’animal sauvage une place dans notre droit. Dans le code de l’environnement, l’animal sauvage n’existe qu’à travers divers titres, comme la préservation, la chasse, la pêche et la destruction. Mais il n’est jamais fait référence à sa nature propre.

Alors que personne ne nie le caractère sensible de l’animal, inscrit depuis 1976 dans le code rural et de la pêche maritime, et réaffirmé récemment à l’Assemblée nationale par un amendement défendu par M. Glavany visant à l’inscrire dans le code civil, il apparaît illogique que le caractère sensible de l’animal sauvage ne soit pas inscrit dans le code de l’environnement.

Les animaux sauvages qui ne sont classés ni chassables, ni nuisibles, ni protégés, sont relégués à l’état de « biens qui n’ont pas de maître » ou de « choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous ». L’animal sauvage est ainsi doté d’un statut « res nullius ». Il peut donc être blessé, capturé, maltraité ou tué en toute impunité.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Abeille, pour soutenir l’amendement no 956 rectifié.

Mme Laurence Abeille. Effectivement, l’animal sauvage ne bénéficie à l’heure actuelle d’aucun statut. Même en cas d’actes de cruauté, il ne bénéficie pas de la même protection qu’un animal domestique. Un lièvre, par exemple, peut être torturé ; pas un lapin.

M. Gérard Bapt. Vous avez déjà essayé d’attraper un lièvre, vous ?

Mme Laurence Abeille. C’est vraiment un non-sens. L’article 4 ter de ce projet de loi, introduit en commission, vise à y remédier en partie.

Cet amendement vise à aller plus loin dans ce sens, en donnant à l’animal sauvage un statut, en reconnaissant son caractère sensible dans le code de l’environnement. L’adoption des amendements identiques que nous défendons ensemble, Geneviève Gaillard et moi-même, représenterait vraiment une avancée remarquable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Ségolène Royal, ministre. Madame la rapporteure, madame Abeille, vos amendements identiques visent notamment à introduire un nouvel article dans le code de l’environnement. Celui-ci contient des dispositions relatives à la faune et à la flore sauvage qui ont pour objectif de garantir la conservation des espèces : nous sommes bien d’accord sur ce point. Ces amendements sont bancals sur le plan juridique, car ils ne correspondent pas à ce principe : ils tendent à protéger non des espèces mais des animaux isolés.

Je comprends bien qu’il s’agit, précisément, d’assurer un support juridique aux animaux isolés, mais vous ne pouvez pas régler cette question en rattachant ces animaux à la catégorie d’espèce protégée : cela n’a rien à voir. Votre amendement est motivé par des considérations liées à la protection animale – ce qui est tout à fait respectable en soi – et non par des raisons tenant à la conservation de la nature. Il ne relève donc pas de la logique de ce texte, car il n’a rien à voir avec la question de la biodiversité.

Geneviève Gaillard est très engagée sur ce sujet : elle combat depuis des années les mauvais traitements infligés aux animaux. Mais il ne s’agit pas de cela : nous ne sommes pas du tout dans cette configuration. Il serait tout à fait légitime que l’Assemblée nationale examine un dispositif concernant la condition animale, en débatte et en vote, mais sous la forme d’une proposition de loi, pas dans le cadre de ce projet de loi relatif à la biodiversité. L’engagement, le militantisme de Mme la rapporteure sont très respectables, car la condition animale pose de vrais problèmes. Vous avez saisi l’occasion que représentait ce projet de loi pour déposer des amendements touchant à cette question. Ils sont plus précisément relatifs à la souffrance animale.

Je suis cependant obligée de les refuser, car ce projet de loi n’est pas le bon support juridique pour leurs dispositions. Vous ne pouvez pas utiliser ce projet pour faire avancer votre cause : je suis donc défavorable à ces amendements. Bien évidemment, le Gouvernement examinera par la suite avec beaucoup d’attention toute proposition de loi sur la question de la souffrance animale. Cette question est fondée, mais elle ne relève pas de ce projet de loi relatif à la biodiversité.

M. le président. La parole est à Mme la rapporteure.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. J’ai bien compris ce qu’a dit Mme la ministre. Je ne retire cependant pas cet amendement. Je souligne que beaucoup d’espèces d’animaux non classés parmi celles que j’ai énumérées sont en voie de disparition. Des études scientifiques ont montré qu’à l’avenir, les petites espèces de mustélidés risquent de disparaître, voire d’autres espèces. Or l’on sait que ces animaux ont un système nerveux : elles sont donc sensibles.

Très peu d’espèces sont classées dans le code de l’environnement : vous ne pouvez donc refuser cet amendement sur cette base.

Vous ne pouvez pas non plus le repousser au motif qu’il serait un cavalier. L’amendement de Jean Glavany, grâce auquel le code civil reconnaît tous les animaux comme sensibles, était lui aussi un cavalier ! Il s’agit donc simplement de mettre en cohérence le code civil et le code de l’environnement.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Abeille.

Mme Laurence Abeille. J’insiste, moi aussi, sur ces amendements identiques. Je ne crois pas qu’il s’agisse de cavaliers. Ce projet de loi touche à la biodiversité, à la protection de la nature ; il concerne donc nécessairement aussi la protection animale. Certes, c’est une question connexe, mais vous savez très bien qu’il est difficile de trouver le temps nécessaire pour faire aboutir une proposition de loi. Il y a eu plusieurs propositions de loi sur la question de la protection animale, sans effet. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de faire réellement avancer le droit, et de mieux reconnaître les animaux sauvages. Ceux-ci font partie intégrante de la biodiversité, et comme l’a fait remarquer Geneviève Gaillard, un certain nombre d’entre eux sont déjà protégés.

Malgré cela, de très nombreuses espèces d’animaux sauvages n’ont pas, à l’heure actuelle, de statut juridique. Nous pourrions leur en donner un ; nous devrions donc le faire : je vous invite donc à voter pour ces amendements, qui ont le soutien de la commission du développement durable. Je remercie Geneviève Gaillard, et toute la commission, de s’être emparé de ce sujet, d’en avoir débattu. Je crois que ces amendements représentent vraiment une chance pour la nature, pour les animaux. Ils nous donnent l’occasion de reconsidérer le monde autour de nous.

Cette évolution est, de plus, attendue par de très nombreuses personnes dans notre pays. Je la crois très populaire. Je maintiens donc, évidemment, mon amendement no 956 rectifié : j’espère que nous serons nombreux à le voter.

M. le président. La parole est à M. le président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire.

M. Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Je sollicite une suspension de séance de cinq minutes, monsieur le président.
Suspension et reprise de la séance

M. le président. La suspension est de droit. La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à vingt-deux heures vingt, est reprise à vingt-deux heures trente.)

M. le président. La séance est reprise.

La parole est à Mme Laurence Abeille.

Mme Laurence Abeille. Permettez-moi, pour plus de clarté avant le vote, de relire précisément le contenu de l’amendement : « I. L’article 713 du code civil est complété par deux alinéas ainsi rédigés : Les animaux domestiques, ou d’espèces sauvages apprivoisés ou tenus en captivité, trouvés errants, sont exclus du champ d’application de cet article et relèvent des dispositions spécifiques du code rural et de la pêche maritime. La faune sauvage relève du code de l’environnement.

II. Le code de l’environnement est ainsi modifié : Après l’article L. 411-1, il est inséré un article L. 411-1-1 ainsi rédigé : « Les animaux sauvages dotés de sensibilité vivant à l’état de liberté et n’appartenant pas aux espèces protégées visées par le premier alinéa du I de l’article L. 411-1 ne peuvent être intentionnellement blessés, tués, capturés, ou, qu’ils soient vivants ou morts, transportés, colportés, vendus, ou achetés, sauf lors des activités régies par les règlements propres à la chasse, aux pêches, à la recherche scientifique ainsi qu’à la protection de la santé publique ou vétérinaire et de la sécurité publique ».

Il me semble que cette lecture éclaire largement la portée de cet amendement et devrait rassurer ceux qui s’inquiétaient.

M. le président. Sur les amendements identiques nos 39 rectifié et 956 rectifié, je suis saisi par le groupe écologiste d’une demande de scrutin public.

Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

La parole est à M. Jean-Marie Sermier.

M. Jean-Marie Sermier. À mon sens, il est dommage de présenter cet amendement dans un tel texte. Il va de soi que chacun défend la cause animale et se scandalise des tortures et sévices infligés à tout animal. Notre humanité même nous fait prendre conscience de ces problèmes.

Cela étant dit, vous nous proposez un texte qui n’est pas préparé et qui est sorti de son contexte. Mme la ministre a en effet rappelé que nous examinons un texte relatif à la biodiversité : nous ne sommes pas ici pour soutenir telle ou telle cause. Sinon, il faudrait y ajouter un certain nombre de causes humaines puisque, comme cela a longuement été dit, les êtres humains font eux aussi partie du cycle du vivant. Nous n’avons donc pas à isoler le cas des animaux sauvages.

En outre, l’adoption d’un tel amendement handicaperait de nombreuses activités sans pour autant donner une dimension particulière à l’animal sauvage, dont nous ne connaissons d’ailleurs pas la définition exacte.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Si !

M. Jean-Marie Sermier. S’agit-il des vertébrés ou des invertébrés ? Quels sont les animaux concernés ? Que signifie la notion de blessure intentionnelle ?

Je suis convaincu que l’adoption de cet amendement provoquerait une multitude de contentieux juridiques. Ce n’est pas servir la cause des animaux que de présenter ainsi un amendement qui s’apparente à un cavalier.

M. le président. La parole est à M. Philippe Meunier.

M. Philippe Meunier. Compte tenu de l’importance de cet amendement, il est nécessaire de définir ce qu’est un animal sauvage. Peut-on en connaître la définition ?

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Oui, bien sûr ! Ne savez-vous pas ce que c’est ?

M. Philippe Meunier. Une mouche est-elle un animal sauvage ? Je voudrais le savoir avant de me prononcer sur ce type d’amendements.

M. le président. La parole est à M. André Chassaigne.

M. André Chassaigne. Je fais sans doute partie de ceux qui, dans cet hémicycle, sont très embêtés par cet amendement, car le vote auquel il donnera lieu, une fois analysé, pourrait laisser accroire que les uns sont très sensibles à la souffrance et à la cause animales et s’opposent à tel et tel acte de cruauté tandis que les autres, qui auraient voté contre, seraient eux-mêmes des êtres non « dotés de sensibilité ».

En somme, tout cela ne colle guère, madame la rapporteure. Nous sommes saisis d’un beau texte qui comporte des avancées pour la biodiversité, et autour duquel nous nous sommes retrouvés par-delà nos sensibilités. Il s’agit d’une étape cruciale. Ce texte peut sembler banal mais il est assez important pour contenir des avancées qui sont autant de marqueurs pour notre société en matière de biodiversité, et ce en lien avec les productions humaines et l’agriculture.

Or, voici que surgit cet amendement clivant. Chacun sait bien quelles en seraient les conséquences : il est ce que l’on retiendra pour l’essentiel et déclenchera des réactions chez certaines personnes et associations. Je l’ai lu et relu : selon moi, même si l’on exclut les « activités régies par les règlements propres à la chasse, aux pêches, à la recherche scientifique », il demeurera toujours une fenêtre ouverte pour des procédures qui risque de créer d’innombrables difficultés.

M. Jean-Marie Sermier. Bien sûr !

M. André Chassaigne. C’est pourquoi pour ma part, je dis sans être tranquille – ce n’est en effet pas une décision facile – que je suivrai l’avis de Mme la ministre car je préfère que l’on retienne de ce texte ce qui va dans le bon sens et non ce qui est susceptible de produire des clivages.

M. le président. La parole est à Mme Martine Lignières-Cassou.

Mme Martine Lignières-Cassou. Il serait bon, madame la rapporteure, que vous leviez toute crainte concernant certaines pratiques qui ont cours dans notre pays et qui font débat. Je pense aux combats de coqs et aux corridas : l’amendement porte-t-il sur ces pratiques ? Si vous éclaircissiez ce point, madame la rapporteure, nous serions nombreux à être plus à l’aise avec ce débat.

M. le président. La parole est à Mme Geneviève Gaillard, rapporteure.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Je répète que cet amendement ne vise qu’à reconnaître dans le code de l’environnement le caractère sensible des animaux qui ne sont pas actuellement classés, quelle que soit leur espèce.

Je rappelle à M. Meunier qu’un animal sauvage est un animal qui n’est pas domestique ; sans doute avez-vous appris cela à l’école.

M. Philippe Meunier. La mouche est-elle donc un animal sauvage ?

M. Jean-Marie Sermier. Et le lombric ?

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Ensuite, je rappelle à Mme Lignières-Cassou que le coq est un animal domestique, de même que le taureau.

M. Philippe Meunier. Et la mouche ?

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Oui, la mouche et l’abeille sont des animaux qui peuvent être classés sensibles. Cela vous gêne-t-il ?

M. Philippe Meunier. Cela risque de poser quelques problèmes aux conducteurs de véhicules…

M. Jean-Marie Sermier. Et aux jardiniers qui, de leur bêche, couperaient des lombrics !

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Il ne s’agit pas de tuer ou de ne pas tuer. Permettez-moi de vous rappeler pour faire avancer le débat qu’en 1976, M. Nungesser a fait adopter une loi prévoyant que l’animal domestique ou tenu en captivité – cas que nous examinerons à l’amendement suivant – est un animal sensible. Je le répète : l’animal domestique ou tenu en captivité est un animal sensible. Cela vous a-t-il pour autant empêché de manger de la viande d’agneau ou de bœuf, ou de tuer des animaux même lorsqu’ils sont reconnus sensibles ? Non. Ce n’est pas pour autant que vous pourrez tirer gloire d’arracher les ailes d’une mouche, mais passons, puisque personne ne le verra.

En tout état de cause, cet amendement ne changera rien…

M. Jean-Marie Sermier. À quoi sert-il donc ?

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. …si ce n’est qu’il fera la preuve que nous vivons dans un pays évolué, comme beaucoup d’autres, où le caractère sensible des animaux est reconnu. Cet amendement n’a rien d’épouvantable et nous pouvons parfaitement l’adopter sans qu’il ait la moindre influence ni sur la corrida, ni sur les coqs de combat.

En outre, le groupe de travail sur la protection animale s’est réuni plusieurs fois depuis trois ans, et vos collègues qui y siègent ont participé à ces travaux ; sur ces sujets, ils sont donc d’accord avec nous. Un texte en la matière nous a été promis en avril l’an passé, puis en février dernier, mais il n’est hélas pas encore en discussion. Je maintiens donc mon amendement car il n’entraîne aucune conséquence ni sur notre texte, ni sur des pratiques telles que la corrida ou autres.

M. le président. La parole est à M. Philippe Meunier.

M. Philippe Meunier. Précisons votre pensée, madame la rapporteure : une mouche est-elle un animal sauvage ?

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Bien sûr !

M. Philippe Meunier. Soit. Ainsi, lorsqu’une mouche se fracasse sur le pare-brise de mon véhicule, puis-je être accusé d’avoir intentionnellement tué un animal sauvage ?

Mme Laurence Abeille. Non, il est rare que ces choses-là se fassent intentionnellement…

M. Philippe Meunier. Je répète ma question : est-ce que je tue des animaux sauvages lorsque d’innombrables mouches viennent s’écraser sur mon pare-brise pendant l’été ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Ségolène Royal, ministre. Le sujet est certes important mais, comme le disait M. Chassaigne, il est dommage qu’il interfère avec un texte qui n’a rien à voir avec la condition animale. Le texte que nous examinons concerne la biodiversité ; il concerne des valeurs fondamentales dont nous venons de débattre à l’article premier, et il est attendu dans la perspective de la Conférence de Paris sur le climat. Il fixe des principes nouveaux et essentiels au regard des services que nous rend la nature et du développement des filières technologiques liées au génie écologique.

Je répète une fois de plus que nous comprenons parfaitement les préoccupations de Mme Gaillard, qui se bat depuis de nombreuses années en faveur du bien-être animal. Toutefois, ce n’est pas dans un texte de cette importance que nous pouvons régler les problèmes d’arbitrage internes à un groupe parlementaire qui doit décider en toute liberté d’inscrire à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée une proposition de loi tout à fait respectable et fondée sur un sujet qui, dans le présent texte, est néanmoins un cavalier législatif.

Allons plus loin et parlons vrai : je respecte les positions idéologiques défendues dans ces amendements, mais ce ne sont pas celles que défend le Gouvernement, ni la ministre de l’écologie qui a la tutelle sur les questions de chasse et de pêche. Disons donc les choses clairement : il s’agit par ces amendements de remettre en cause les activités de chasse et de pêche…

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Non !

Mme Ségolène Royal, ministre. …qui sont des activités réglementées auxquelles nous ne porterons pas atteinte au détour d’un texte législatif pour soulever des polémiques dans notre pays, alors même que le présent projet de loi relatif à la biodiversité est consensuel et attendu, et qu’il est déjà assez compliqué à élaborer.

M. Jean-Claude Buisine. Absolument !

Mme Ségolène Royal, ministre. Ce texte suscite une attente en termes de créations d’activité et emplois ; j’ai expliqué ce qu’il en était en matière de croissance verte et de croissance bleue. Autant je respecte vos préoccupations et votre point de vue, autant je ne saurais émettre un avis favorable à la remise en cause des activités de chasse et de pêche. Il va néanmoins de soi que je condamne tout autant que vous le caractère absolument odieux de la maltraitance animale, mais où celle-ci s’arrête-t-elle ? Je vous rappelle par exemple que la protection des animaux errants relève à juste titre du code rural et du code pénal, car il faut que les sanctions soient sévères en cas de maltraitance, mais elle ne relève pas du code de l’environnement qui traite de la question des animaux en tant que représentants d’une espèce constitutive de la biodiversité.

Ces amendements présentent donc deux inconvénients graves : parce qu’ils traitent des animaux errants, ils permettront demain de poursuivre ceux d’entre nous qui piégeons les ragondins pour protéger les rives du Marais poitevin. De même, les particuliers qui piègent des souris pourront eux aussi être poursuivis.

Mme Laurence Abeille. Mais non !

Mme Ségolène Royal, ministre. Mais si, puisque les souris sont des animaux sauvages errants ! Il pourra donc se produire des contentieux sur ces sujets.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Mais non !

Mme Ségolène Royal, ministre. Si, et c’est pourquoi cela ne me semble pas raisonnable. D’autre part, remettre en cause les activités de chasse – qui sont réglementées et légales – au détour d’un amendement relatif à la maltraitance animale s’apparente à une manière de faire la loi qui susciterait des polémiques et sur laquelle j’appelle l’attention de la représentation nationale : elle n’est conforme ni à la cohérence du texte, ni à l’équilibre des différents codes, qu’il s’agisse du code rural, du code pénal – lequel vise toutes les maltraitances d’animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages – ou encore du code de l’environnement, ni au débat sur la biodiversité que nous sommes en train d’avoir.

Je propose donc le retrait de ces amendements et suggère au groupe socialiste de faire inscrire une proposition de loi qui serait cohérente et répondrait aux préoccupations soulevées ici, que je respecte pleinement mais qui, je le répète, sont étrangères au texte en discussion.

M. le président. La parole est à Mme Geneviève Gaillard, rapporteure.

Mme Geneviève Gaillard, rapporteure. Il n’y a pas lieu de poursuivre ce débat. Évitons simplement de faire un amalgame entre les animaux sauvages et les animaux domestiques et de définir les activités qui seraient soi-disant impactées par un amendement de cette nature, mais reconnaissons que l’animal sauvage est un animal sensible. Tous les scientifiques le disent et les travaux ont beaucoup avancé au cours des dernières décennies. Il s’agit pour nous ni plus ni moins que de traiter les animaux sauvages dans le code de l’environnement comme Jean Glavany a traité dans le code civil, sans que cela pose problème, l’ensemble des animaux.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 39 rectifié et 956 rectifié.

(Il est procédé au scrutin.)

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 29
Nombre de suffrages exprimés 24
Majorité absolue 13
Pour l’adoption 7
contre 17

(Les amendements identiques nos 39 rectifié et 956 rectifié ne sont pas adoptés.)

« Biodiversité »: un terme ennemi de la Nature

Que signifie le terme de « biodiversité », employé par la loi qui sera votée ? C’est une question d’une importance extrême, car ce terme est par définition même quelque chose de mensonger, de réducteur, de criminel.

Regardons déjà ce que disent les dictionnaires.

Le wiktionnaire dit cela :

biodiversité /bjo.di.vɛʁ.si.te/ féminin

(Biologie) Diversité biologique, diversité des espèces vivantes.

Depuis des millénaires, en effet, les Amérindiens modifient la composition de la forêt. Ils l’ont transformée en macro-jardin, en plantant un peu partout des espèces utiles aux humains. Du coup, lorsqu’ils déforestent, les grands propriétaires terriens dévastent l’Amazonie sur plusieurs plans : ils anéantissent les conditions de vie des peuples locaux ; ils réduisent la biodiversité ; […]. — (Philippe Descola, Interview par Olivier Pascal-Moussellard, Télérama n°3392, janvier 2015)

Le Larousse donne ça :

biodiversité
nom féminin
Diversité des espèces vivantes et de leurs caractères génétiques.

La page wikipédia éclaircit un peu la définition :

La biodiversité, néologisme composé à partir des mots bio (du grec βίος / bios, « vie ») et diversité, est la diversité naturelle des organismes vivants. Elle s’apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces, et des gènes dans l’espace et dans le temps, ainsi que les interactions au sein de ces niveaux d’organisation et entre eux.

Reprenons d’ailleurs la page wikipédia pour un approfondissement particulièrement utile :

La convention sur la diversité biologique (CDB) a été adoptée à la suite du Sommet de la Terre qui s’est déroulé à Rio de Janeiro en 1992. Pour la première fois en droit international, la CDB reconnaît la préservation de la biodiversité comme « préoccupation commune à l’humanité » et fournit un cadre légal universel.

À ce jour, 168 des 193 États membres de l’ONU ont signé ce traité et les États-Unis sont le seul grand pays à ne pas l’avoir ratifié.
La convention établit trois objectifs principaux :
1. la conservation de la diversité biologique
2. l’utilisation durable de ses éléments
3. le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques

Ce que cela signifie est finalement très clair. Le terme de biodiversité est un équivalent pour « réservoir du vivant ».
Ce qui compte, ce n’est pas la vie comme valeur en soi, mais sa diversité comme relevant du possiblement utile. La biodiversité, c’est un potentiel à capitaliser.

Ce n’est pas tout ! Bien plus grave encore, si c’est possible, il y a la négation de la planète comme système vivant. On considère que la vie prend des formes multiples qui coexistent.
On ne considère pas que la Nature existe, formant un grand tout où tout est inter-relié, où aucun rapport ne peut exister de manière séparé du reste de la vie.

Ces deux conceptions ne vont pas l’un sans l’autre. Nier le tout, c’est ne considérer que les éléments « séparés », dont on peut faire ce qu’on veut. On peut vouloir exploiter ces parties, ou pas : le pseudo-véganisme de certains n’est qu’une version inversée du « spécisme » qu’ils dénoncent.

Le véganisme, pour avoir une base réellement solide et viable, ne peut se fonder que sur la vie elle-même, pas sur la « volonté » individuelle, ce qui signifie reconnaître la Terre comme système global, où chaque partie a une place, un rôle dans l’ensemble, sans avoir à prendre le « dessus » de manière par ailleurs impossible.

On voit bien que l’anthropocentrisme mène justement à la catastrophe, en massacrant la planète, la vie en général… et donc également l’humanité. L’anthropocentrisme, tant religieux que moderne « libéral », est le véritable ennemi de tout progrès dans la compréhension de la Nature ; c’est cela qui empêche l’humanité de se mettre à la place qui est la sienne : au service de la planète redevenue bleue et verte !





Vers « l’Agence nationale de la biodiversité »

Du 16 au 19 mars, l’assemblée nationale va étudier une loi sur la biodiversité, avec beaucoup de retard puisque la date prévue était la fin de l’année 2013…

L’objectif est de fonder une « Agence nationale de la biodiversité ». Hier, une conférence de presse s’est tenue, en présence des députés rapporteurs de la loi Biodiversité: Geneviève Gaillard rapporteur du projet (PS), Laurence Abeille (EELV) et Serge Grouard (UMP), mais également de Benoît Hartmann, porte-parole de FNE, Mathieu Orphelin, porte-parole de la FNH, Bernard Chevassus-au-Louis et Christophe Aubel, Président et Directeur d’Humanité & Biodiversité, et Philippe Germa, directeur général du WWF France.

On l’aura compris, il s’agit d’institutionnaliser une écologie dans une version totalement compatible avec les valeurs dominantes.

Il faudra étudier la loi quand elle sera passée, cependant en voici l’introduction, qui présente les points fondamentaux (dont les détails seront donc à étudier).

Mesdames, Messieurs,

L’état et les perspectives de conservation de la biodiversité restent préoccupants dans le monde à bien des niveaux : de l’espèce aux habitats, de la terre à la haute-mer… La France n’échappe pas à ce constat. Les derniers bilans montrent que 22 % des habitats d’intérêt communautaire en France seulement sont en bon état de conservation et que 28 % des espèces d’intérêt communautaire le sont (Rapportage à la commission européenne pour la directive habitats Faune Flore).

Les Français ont maintenant, grâce notamment aux efforts de communication menés en 2010 lors de l’année internationale de la biodiversité, une meilleure connaissance de ce qu’est la biodiversité ; d’après une étude du centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC / « Les français et la biodiversité » – Enquête CREDOC 2013), deux tiers d’entre eux déclarent ainsi savoir ce qu’est la biodiversité.

La même étude fait ressortir que nos concitoyens placent de plus en plus les questions de perte de biodiversité parmi les problèmes de dégradation de l’environnement les plus préoccupants.

Plus encore qu’une inquiétude, on note un changement perceptible dans la perception des conséquences de cette perte de biodiversité puisque plus d’un tiers des français déclarent que l’érosion de la biodiversité a déjà un impact sur leur quotidien, un chiffre en progression par rapport à 2010. Enfin, les questions de mode de production sont aussi de plus en plus citées parmi les causes de cette perte de biodiversité, invitant dès lors la puissance publique et les acteurs à questionner les modèles de production.

La biodiversité est aussi une force économique pour la France. D’une part, elle assure des services qui contribuent aux activités humaines, dit services écosystémiques. Si l’évaluation complète des services rendus et donc le coût de leur disparition ne sont pas encore connus, plusieurs études ont montré l’importance de la biodiversité en tant que capital économique extrêmement important. D’autre part, la biodiversité est une source d’innovation (biomimétisme, substances actives …) et représente dès une lors une valeur potentielle importante.

L’action publique s’est d’abord concentrée, en France, en Europe et dans le reste du monde, sur une politique de protection de la nature, marquée par la création d’espaces dédiés (création des parcs nationaux dans les années 60) ou la protection des espèces (loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, directive 2009/147/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages dite directive « Oiseaux »).

Le droit européen a été très moteur dans l’évolution de la protection de la biodiversité avec la directive habitats de 1992 qui a introduit une dimension plus large dépassant le cadre des espèces. L’action publique s’est ensuite diversifiée pour prendre en compte des aspects de plus en plus en complexes de la biodiversité tels que les continuités écologiques.

Cependant, au-delà d’un encadrement règlementaire des activités, la recherche d’une mobilisation des parties prenantes lancée par la convention sur la diversité biologique de 1992, prolongée lors de la conférence des parties de 2010 à Nagoya avec les objectifs d’Aïchi a été un tournant majeur. En France la stratégie nationale pour la biodiversité, révisée en 2011, s’inscrit complètement dans cette logique de mobilisation des acteurs avec un système d’adhésion et d’engagements volontaires (http://www. developpement-durable.gouv.fr/-Appel-a-reconnaissance-SNB-.html.)

Plus de trente ans après la loi de 1976 précitée, après de telles évolutions conceptuelles et sociales et compte-tenu de l’urgence à agir, l’action publique doit être renouvelée. C’est l’objet de cette loi entièrement consacrée à la biodiversité, prise dans son ensemble : depuis les gènes jusqu’au niveau le plus important d’organisation des écosystèmes que sont les paysages, sur terre comme en mer.

Cette loi a aussi pour ambition de s’intéresser aux différentes facettes de l’action publique : encadrement règlementaire, mais aussi organisation de l’État et des opérateurs, gouvernance…

La conférence environnementale de 2012 et les débats menés en région ont permis de retenir les axes de réforme. Ces axes forment les différents titres de la loi.

Compte-tenu des évolutions fortes rappelées précédemment, qu’elles soient scientifiques, sociales ou économiques, le titre Ier a pour ambition de renouveler la vision de la biodiversité et les principes d’action qui doivent permettre sa protection et sa restauration.

Le titre II est consacré à la gouvernance de la biodiversité, au niveau national et régional. L’objectif est de disposer d’une gouvernance claire venant en appui de l’action publique, tant sur des aspects scientifiques et technique que sociétaux. Cette gouvernance se veut ouverte sur les autres politiques sectorielles, les activités humaines contribuant largement à la gestion durable de cette biodiversité tout en étant sources de menaces sur celle-ci.

Le titre III vise à doter la France d’un grand opérateur public, l’agence française pour la biodiversité, qui permettra un regroupement et une meilleure diffusion et valorisation de la connaissance ainsi qu’un appui renforcé et unifié à la fois méthodologique et financier aux porteurs de projets en faveur de la biodiversité.

Cette agence permettra aussi d’accroître la sensibilisation de nos concitoyens et d’améliorer la formation des professionnels, aussi bien de l’État ou des collectivités, que d’autres employeurs concernés par cette politique. Elle aura vocation à appuyer la définition et le portage des positions françaises au plan international et au niveau européen et enfin à apporter son appui à la gestion des espaces naturels et à l’exercice de la police de l’eau et des milieux aquatiques.

Cette agence permettra en particulier de mobiliser les moyens nécessaires aux politiques de biodiversité et de développer les partenariats avec les collectivités, acteurs tout à fait essentiels pour la bonne mise en œuvre des politiques de biodiversité.

Les titres suivants s’intéressent à la mise en place d’outils permettant d’atteindre les objectifs fixés de reconquête de la biodiversité en mobilisant des outils innovants, comme le partage des avantages ou les obligations environnementales, en s’intéressant au milieu marin encore peu connu et peu protégé, ou en étendant des dispositifs éprouvés dans des cas particuliers à d’autres situations.

Le titre IV s’inscrit dans le contexte de l’entrée en vigueur à venir du protocole de Nagoya à la Convention sur la Diversité Biologique et de la proposition de règlement européen sur le même objet.

Il s’agit de garantir un cadre juridique clair à la recherche et développement (R&D) sur les ressources génétiques et les connaissances traditionnelles associées à ces ressources génétiques, sur le territoire français.

Ce cadre juridique s’applique à la fois aux acteurs français et internationaux.

Il prévoit des règles d’accès aux ressources génétiques et aux connaissances traditionnelles associées à ces ressources génétiques, sur le territoire français, ainsi que des modalités de partage, avec l’État ou des communautés d’habitants, des bénéfices tirés de leur exploitation économique.

Ce partage doit contribuer à mettre en œuvre un cercle vertueux sur la valorisation de la biodiversité, un enjeu particulièrement important pour la France qui est à la fois riche de sa biodiversité et en pointe sur des secteurs qui recourent à la biodiversité comme source de production et d’innovation : il s’agit notamment des secteurs agro-alimentaire, cosmétique, et pharmaceutique.

Le titre V propose une palette d’outils gradués en fonction des enjeux pour renforcer l’action en faveur de la préservation et de la reconquête de la biodiversité des acteurs publics, État ou collectivités, ou privés. Ce titre comporte dès maintenant des dispositions de simplification des outils de protection des espaces et des espèces comprenant notamment des modifications de procédures ou de schémas.

Enfin, le titre VI concrétise le changement de paradigme de la politique des paysages initiée par la loi paysages de 1993 et renforcée par la Convention européenne du paysage qui passe d’une logique de protection des paysages remarquables vers une prise en compte de tous les paysages. Il introduit en outre une réforme des sites inscrits pour renforcer l’efficience de la politique des sites.

Vasière de Méan : la honte sur les dockers de Saint-Nazaire

C’est encore un exemple terrible de comment les tendances négatives priment en France, dans la folie du chacun pour soi et de l’auto-destruction. Et c’est d’autant plus moche que cela provient de gens dont on devrait s’attendre, en toute logique, à être aux premiers rangs de la solidarité et de l’appel à changer le monde.

Mais apparemment, les dockers de Saint-Nazaire trouvent le monde où nous vivons très agréables. Ils apprécient leurs conditions de travail, leur patron, les entreprises qui les emploient. Tout leur plaît, rien n’est à redire.

Au point qu’ils sont allés pratiquer brutalités et intimidations contre quelques écologistes de Natur’Action, association qui lutte pour l’environnement à Saint-Nazaire et tout autour.

Le crime de ces écologistes: vouloir préserver la vasière de Méan d’un projet d’extension de la zone portuaire. Il s’agit d’un petit espace sauvage, par ailleurs classé à la fois Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique et Faunistique, Zone de Protection Spéciale.

Cela n’a aucun intérêt pour les grandes entreprises et les actionnaires, qui comptent s’en débarrasser pour élargir le port.

Par conséquent ceux qui sont en bas de l’échelle, mais sans morale ni conscience, se sont précipités : les dockers ont attaqué à 150 le rassemblement, lancé des gros pétards, renversé le stand de l’association et déchiré ses documents, insulté et intimidé, bousculé, brûlé des t-shirts, embarquer le micro, etc.

Voici une vidéo de la vasière, et ensuite une de l’agression.

Ce qui est d’autant plus désolant, c’est que c’est sous le drapeau ce la CGT que ces dockers ont joué les fachos. Aucun autre mot est possible, de par l’irrationalisme des attitudes et la logique d’intimidation, le tout au service des grandes entreprises.

Encore, quand des travailleurs d’un abattoir de GAD ont affronté d’autres travailleurs de GAD organisant un blocage, on peut logiquement se dire que c’est malheureusement logique de par le faible niveau de conscience et les conditions de travail abrutissantes.

Mais là, des dockers à la combativité historique, avec un syndicat qui a 120 ans et une vaste tradition, en arriver là? Car il y a quelques jours a justement été lancé le programme pour fêter ces 120 ans. Alors demandons au nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, cela est-il dans l’ordre des choses? Tout ça pour ça?

C’est sûr en tout cas qu’il est plus facile de traiter une écologiste de « Dora l’exploratrice » que de s’approprier les richesses des habitants des beaux quartiers…

Voici une petite présentation qu’a publié Nantes-Loire Vegan, qui avait par ailleurs relayé l’appel de Natur’Action.

Ce qui s’est passé samedi 7 mars 2015 lors du rassemblement pour la défense de la vasière de Méan à Saint-Nazaire est d’une grande tristesse.

Le capitalisme veux s’emparer du dernier espace relativement « naturel » qui lui échappe encore dans l’estuaire au niveau de Saint Nazaire : pour se défendre, il a trouvé non pas la police, non pas les ingénieurs-bétonneurs, mais des ouvriers organisés par la CGT.

Un centaine d’ouvriers du port sont venus empêcher physiquement le rassemblement et détruire le matériel.

Que s’imaginent ces ouvriers venus casser de l’écolo ? Qu’ils vont pouvoir sortir de la crise en soutenant la destruction de la nature ?

Un site local rapporte ces mots d’un docker qui reflètent bien l’ambiance de samedi : « Entre une vasière pourrie et des emplois, il n’y a pas à hésiter ».

Ce propos est profondément erroné, car on ne choisit pas entre la peste et le choléra. Ce projet de destruction de la vasière de Méan, ce n’est pas une question d’emploi, c’est simplement que les ingénieurs du port n’ont pas envie de se creuser les méninges pour trouver une solution plus intelligente pour l’usine d’alstom.

Pour ces ingénieurs la vasière n’est qu’un « timbre-poste » comme il disent, un grand morceau de boue sans valeur. Ce point de vue contre-nature est totalement stupide, arriéré, barbare. Il n’y a pas besoin d’une grande connaissance du fonctionnement de l’estuaire pour comprendre cela.

Il est plus que nécessaire aujourd’hui de se poser les bonnes questions : si la vasière est « pourrie » à cause de la pollution, n’est ce pas pour la même raison qui fait que la vie des ouvrières et des ouvriers est polluée par des emplois « pourris », ou pire par des licenciements ?

Cela serait pourtant logique, vu la crise, dans un bastion ouvrier comme Saint-Nazaire, de voir flotter le drapeau rouge sur la ville.

Mais au lieux de cela, il règne à Saint-Nazaire un esprit de soumission total aux valeurs dominantes. Et bien sur, il y a le Front National qui cartonne en soutenant à fond cet esprit de soumission.

« L’ordre » règne à Sivens

Circulez, y a rien à voir ! Par 43 voix contre 3, le Conseil général du département du Tarn a décidé hier de poursuivre le projet de barrage sur la zone de Sivens, maquillant ça derrière un redimensionnement (750 000 m3 au lieu du 1,5 million de m3), ainsi qu’un déplacement (de 50 ou 300 mètres, ce n’est pas précisé).

Au passage, le Conseil général a demandé à ce que « l’Etat procède sans délai à l’expulsion des occupants sans droit ni titre ».

Par conséquent, hier la quarantaine de personnes présentes sur la ZAD s’est faite expulsée de manière brutale par 300 gendarmes et deux hélicoptères, 250 CRS et la Cellule nationale d’aide à la mobilité (spécialisée dans les évacuations), 150 gendarmes restant sur la zone pour finir de tout démolir et pour bloquer la zone.

Une zone, rappelons le, encerclée depuis quelques jours par des agriculteurs, avec bien sûr l’appui des « forces de l’ordre ».

Alors, bien sûr, on peut dire que c’est typique des socialistes et que Ségolène Royal, ministre de l’écologie, a joué un rôle particulièrement nocif. C’est vrai. Et EELV cela n’a pas été mieux.

Seulement voilà, il est tout de même évident qu’en mettant en avant non pas la Nature, mais le style de vie punk dans les cabanes et la petite production, les zadistes ne risquaient pas de gagner l’opinion publique, opinion publique ne les intéressant par ailleurs pas du tout.

La même chose se déroule à Notre-Dame-des-Landes, avec le même mépris pour le reste de la société, et le même résultat à prévoir.

A Sivens, c’est d’autant plus terrible qu’un personne, Rémi Fraisse a été tuée, et que sa mort a provoqué, malgré la tentative de l’Etat de passer cela sous silence initialement, de fortes réactions.

L’Etat avait à ce moment-là totalement perdu la main sur la situation. Pourtant, encore une fois la Nature a été la grande oubliée. La mort de Rémi Fraisse a été unilatéralement assimilée à la violence policière en général, dans une petite révolte de la jeunesse qui n’aura duré qu’un temps extrêmement court, sans rien donner.

Le résultat a été que le grand syndicat agricole a pu rassembler la « France profonde » contre toute critique, que l’Etat a pu tranquillement reconquérir une hégémonie morale et institutionnelle, et que donc qu’un barrage va être construit, à moins d’un nouveau renversement qu’on voit très mal se produire dans la situation actuelle.

Surtout quand on voit le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin pavoiser en parlant de triomphe du droit, de propriété, de respect des institutions, etc., se permettant même d’expliquer, malheureusement avec raison, que les zadistes proposaient un modèle de développement, sans défendre de cause environnementale par ailleurs.

Quelle victoire facile cela a été pour l’Etat ! Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET semble d’ailleurs reconnaître aisément cela, et espère… que le conseil général change d’avis la prochaine fois !

« Nous espérons que la prochaine assemblée départementale, qui sera forcément différente de celle-ci, saura enfin écouter nos organisations, légitimées par les experts et la Commission européenne, sinon la « crise de Sivens » risque de durer malheureusement encore longtemps. »

Des mots ! Car en pratique c’est la défaite sur toute la ligne, et cela restera ainsi… à moins qu’on en revienne au cœur de la question : la défense de la Nature. A moins qu’on arrête de contourner la bataille pour l’opinion publique. A moins qu’on se donne les moyens de la continuité, du contenu et pas seulement de la forme. A moins de raisonner en termes d’utopie au lieu de jouer le sentimentalisme avec une nostalgie d’un passé idéalisé.

La planète est en train d’être assassinée, l’heure n’est certainement pas à l’apologie d’un refuge individualiste au moyen de la petite production. Les zones humides ne sont pas à défendre au nom de la « biodiversité », mais pour leur réalité naturelle en elle-même!

Lutte contre le gaz de schiste en Algérie

Depuis plus d’un mois il existe une large mobilisation populaire en Algérie contre le gaz de schiste. Difficile d’avoir des informations un peu claires jusqu’à présent, mais voici un article publié sur Indymédia Nantes qui fournit les éléments essentiels à ce sujet.

L’Algérie semble d’ailleurs être un pays où la problématique de l’écologie et des animaux a une certaine dynamique; on peut penser ici notamment à l’opposition au braconnage effectué par les émirs du Golfe, avec le soutien de l’Etat.

Depuis la veille du nouvel an 2015, contre des puits expérimentaux pour l’extraction du gaz de schiste, une mobilisation de très grande ampleur s’est mise en place à In Salah, gagnant les villes alentours : occupations, manifestations dans les villes et sur les sites de forage, arrêt des machines de forage, barrages des routes pour empêcher les convois etc … bref tous les moyens désobéissance civile sont utile à la lutte !

Mais si jusque là les actions étaient non-violentes, elles ont pris une autre tournure depuis samedi dernier. En effet, selon des sources, les extractions de gaz de schiste serait imminentes et pour empêcher cela, les manifestantEs ont du s’affronter au dispositif anti-émeute de la police et de l’armée mis en place par le gouvernement.

Le gaz de schiste c’est quoi ?

Le gaz de schiste est un gaz contenu sous la terre dans une couche d’argile compacte et imperméable. Considéré comme une alternative économique aux gazs conventionnels, il permettrait d’augmenter les apports en gazs énergétiques mondiaux à moindres coûts.

Or le gaz de schiste ne peut s’extraire qu’au prix d’une pollution sans précédant : son extraction pollue les nappes phréatiques et libère dans l’air du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus concentré et polluant que le CO2.

De plus, un forage nécessite 20 millions de litres d’eau soit environ la consommation quotidienne de 100 000 habitantEs. Dans la région désertique d’In Salah, acheminer autant d’eau alors que la population a un accès parfois difficile à l’eau potable est une aberration.

Dénoncé dans le documentaire « Gazland » en 2010, une des images choc du docu montre un habitant situé près d’un forage qui réussit à enflammer l’eau du robinet ! Tout simplement car le méthane, relâché lors de l’extraction du gaz de schiste est hautement inflammable …

Bien évidemment les gouvernements et multinationales mettent en avant les milliers d’emplois crées par ce qu’ils appellent « la révolution du gaz de schiste » alors que la facture écologique pour la nature, pour les animaux et les êtres humains est extrêmement dangereuse mais totalement passée sous silence.

L’extraction du gaz de schiste en Algérie

L’Algérie serait la 4ème ressource mondiale en gaz de schiste, autant dire une aubaine financière pour l’état et les multinationales, mais une catastrophe pour les habitantEs et les terres, surtout dans un pays où l’eau potable est rare.

Alors que le gouvernement français refuse pour le moment l’extraction de gaz de schiste en fRance à cause des conséquences de l’environnement, l’été dernier, après un séjour en Algérie, Laurent Fabius a salué l’initiative algérienne d’extraction du gaz. Entre colonialisme et intérêt économique, Laurent Fabius n’a peur de rien : en effet, une des entreprises présentes sur le site pour l’extraction du gaz n’est autre que la multinationale française Total !

La principale entreprise pétrolière du site est SONATRACH (dont le logo a été dessiné par Siné), 1ère entreprise publique d’Algérie, 1ère entreprise pétrolière d’Afrique et 12ème au niveau mondial. En 2014 elle est la première à se lancer dans l’extraction du gaz de schiste car le gouvernement autorise enfin l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels (tiens, au même moment que le passage de Fabius …). A elle seule elle réalise 30% du PIB de l’Algérie et a engrengé en 2009 un chiffre d’affaire de 77 milliards de dollars.

Mais ce n’est pas tout, depuis 2010, elle se trouve au cœur de plusieurs scandales financiers (les affaires SONATRACH 1, 2, 3 et 4) qui ont amenés les hauts dirigeants de l’entreprise à partir et à la démission du ministre de l’Energie, Chakib Khelil. En effet, une vaste affaire de corruption a été révélée dans la presse : des pots-de-vin ont été donnés pour obtenir de gros contrats avec des entreprises.

Chakib Khelil aurait notamment négocié 7 contrats à hauteur de 8 milliards d’euros pour des pots-de-vin allant jusqu’à 197 millions de dollars. Ses comptes ont été saisis ainsi que ceux de son neveu Farid Bedjaoui. Aujourd’hui Chakib Khelil, sa famille et Farid Bedjaoui sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

Mais si la SONATRACH et TOTAL sont les entreprises habilitées à l’extraction, on trouve aussi sur le site HALLIBURTON, une multinationale américaine, deuxième fournisseur mondial de services à l’industrie du pétrole et du gaz.

Présente dans 70 pays avec ses centaines de filiales, succursales et autres sociétés, elle se développe particulièrement dans le gaz de schiste. Entre 1995 et 2000 son PDG ne fut autre que Dick Cheney, vice-président américain sous le gouvernement Bush. Il fut notamment accusé de favoriser l’entreprise dans des contrats en profitant de sa situation politique.

Le président actuel, David J. Lesar, est mis en cause avec l’entreprise lors de la guerre en Irak ; accusé d’être profiteur de guerre, il aurait profité de l’occupation américaine sur le sol Irakien pour développer l’extraction pétrolière pour un salaire de 42,000,000,00 dollars ….

Main dans la main, gouvernement et multinationales n’ont que faire des dégâts écologiques du gaz de schiste, la seule issue possible est le profit qui leur arrivera dans les poches.

La résistance écologique algérienne

A environ 30km d’In Salah, dans la wilaya de Tamanrasset, au centre du Sahara algérien, le site d’extraction du gaz de schiste, est soumis depuis plus de 60 jours à une résistance sans faille.

Le 1er janvier 2015 est établi un sit-in sous forme d’occupation sur l’esplanade du siège de la daira d’In Salah, rebaptisée « place de la résistance ». Tous les jours depuis cette date, ce sont environ 1 000 personnes qui occupent cette place, le jour comme la nuit avec pour mot d’ordre : « Arrêt des forages ! ».

Des milliers de repas y sont servis tous les jours pour les occupantEs. La résistance ne faiblit pas malgré les conditions physiques difficiles (plusieurs camarades ont été hospitalisés) et lorsqu’il a été proposé d’occuper la place par roulement pour permettre plus de repos, cela a été unanimement refusé ! L’occupation reste et restera entière.

Le 15 janvier, contre ce « projet de la honte », une grande manifestation anti-gaz de schiste est organisée. Elle rassemble plus de 4000 personnes, parfois venues des villes voisines comme Tamanrasset et Aoulef. En référence au printemps arabe, les manifestantEs scandent le slogan « le peuple veut l’arrêt du projet ».

Une marche vers le site de forage est organisée. Dans les autres villes, des manifestations sont aussi présentes ; à Ouargla, la capitale du pétrole, à Tamanrasset où la ville est « entièrement paralysée » par les manifestantEs.

Le 24 janvier une autre manifestation de grande ampleur est organisée. A partir du début février, la tension monte d’un cran et les forces anti-émeute sont déployées sur le site. Le 5 février ce sont 5 000 personnes qui marchent sur le site de forage et qui font stopper les machines pour la 3ème fois, empêchant toute production et tout forage.

A partir du 9 février, la manifestation est grossi par des des lycéens et étudiants mais aussi par des femmes, venues en nombre sur le site pour faire stopper le projet et mettre à l’arrêt les machines. Elles organiseront aussi la grande marche du 16 février.

A partir du 11 février, les manifestantEs ferment les routes et « empêchent tout véhicule transportant matériel ou équipement soupçonné d’être destiné à la fracturation hydraulique de gagner sa destination finale ». Les entreprises utilisent alors des hélicoptères pour acheminer le matériel. Une délégation avertit les responsables des firmes étrangères que tout début d’extraction du gaz de schiste les obligeraient à assumer les « conséquences éventuelles » …

En face le gouvernement s’encrasse dans un discours mensonger et sans aucun renoncement officiel au projet.

Le 1er mars, alors que les extractions doivent commencer, les forces anti-émeute sont renforcées sur le site et des émeutes éclatent. Les manifestantEs forcent le barrage anti-émeute. Plusieurs blessés sont évacués. Place de la Résistance, les manifestantEs mettent le feu à la daira d’In Salah. Pour beaucoup, le gouvernement n’a fait que ce qu’il sait si bien faire depuis des années : réprimer.

La résistance écologique du peuple algérien est exemplaire. Les ennemis, le gouvernement et les multinationales, piliers du capitalisme ne feront pas plier la détermination et le combat de nos camarades. Quels que soient les moyens nécessaires à la lutte, nous affirmons notre entière solidarité !

Solidarité avec la lutte anti gaz de schiste d’In Salah !

Pour une écologie sociale et radicale !

Sources :

http://insalahsunpower.blogspot.fr/

Algérie: Non au gaz de schiste, solidarité avec les habitants d’In Salah

http://www.algerie-focus.com/blog/2015/01/manifestations-anti-gaz-du-schiste-dans-le-grand-sud-le-peuple-veut-larret-du-projet/

Picardie Nature a besoin de bénévoles

Voici un article comme la presse devrait en publier régulièrement; il est tiré du Courrier Picard et informe des besoins en bénévoles de Picardie Nature.

L’association a également besoin de bénévoles en particulier pour la surveillance estivale des phoques en baie de Somme.

Le centre de sauvegarde de la faune sauvage a besoin de bénévoles. Le but ? Recueillir, soigner et remettre en liberté des animaux en détresse. Souvent des oiseaux.

Que faire lorsque l’on trouve un oiseau avec une aile cassée dans son jardin ? Un hérisson blessé sur une route de campagne ? Ou qu’on remarque une grenouille mal au point sur le bord d’un chemin ? Il y a la première solution qui est de contacter le centre de sauvegarde de la faune sauvage de Picardie.

Un de ses membres va alors faire un bilan de l’animal par téléphone, afin de s’assurer de sa viabilité et de sa capacité à retrouver le monde sauvage en cas de soins. On peut s’arrêter là et attendre qu’un membre de l’association vienne le prendre en main. Ou choisir la deuxième solution : s’impliquer et devenir soi-même écovolontaire.

Le centre de sauvegarde, fort de 17 salariés et d’une soixantaine de bénévoles, est justement à la recherche de nouveaux aidants. Ainsi, hier, à Amiens, il organisait un atelier pour de jeunes recrues. Roger Coly, 26 ans, est adhérent de Picardie Nature depuis moins d’un an et souhaite s’investir d’avantage.

« Je suis venu du Sénégal pour suivre mes études en écologie et biodiversité et j’espère y retourner pour travailler dans une organisation non-gouvernementale, ONG, internationale, notamment pour m’impliquer dans la protection de la mangrove. En faisant cela, j’espère acquérir de nouvelles compétences et connaissances en matière d’ornithologie. »

Et ça tombe bien puisque justement, 90 % des animaux pris en charge par l’association sont des oiseaux (dont 50 % de rapaces). Pour les 10 % restants, ce sont essentiellement de petits mammifères comme des hérissons, écureuils, chauves-souris…

« Dans la région, le plus gros mammifère concerné est le phoque, sourit Stéphane Soyez, responsable du centre de sauvegarde de la faune sauvage de Picardie Nature. Plus rarement, il arrive qu’on nous amène des grenouilles ou des serpents. »

Le plus souvent, ces animaux en détresse sont confiés à ces soigneurs dans trois cas de figure : « ramassage de jeunes individus, après un choc avec une auto et en cas de tirs volontaires de destruction », détaille Stéphane Soyez.

L’objectif de l’association est donc de recruter, dans un premier temps. Et ensuite de former. Car il ne suffit pas de ramasser un animal blessé pour lui venir en aide. « Il faut savoir comment l’attraper, le conditionner, le transporter… Le tout en lui occasionnant le moins de stress possible », détaille M. Soyez.

Et puis il existe bien d’autres moyens de venir en aide au centre de sauvegarde. Par exemple en donnant de son temps pour assurer le convoyage d’un animal, de l’endroit où il a été trouvé jusqu’au centre de soins (dont l’un d’eux se situe à Hirson, dans l’Aisne. En cas de besoin, des alertes sont lancées sur internet ou par SMS afin de mobiliser les personnes nécessaires. Ou même tout simplement en donnant du matériel.

En plus de ces formations, le centre essaye d’organiser régulièrement des opérations de sensibilisation auprès du public, lorsqu’un animal est relâché.

« Qu’il y ait une personne ou 100, l’animal aura le même stress alors c’est l’occasion de montrer aux gens nos actions, souligne M. Soyez. Qu’ils comprennent que ce que nous faisons n’est pas réservé à une sorte d’élite mais que ça ne se fait pas non plus dans n’importe quelles conditions, pour le bien de l’animal. »

Le centre vient en aide à quelque 300 animaux par an. Cela va de la simple surveillance auprès d’un animal souffrant d’un traumatisme jusqu’à la chirurgie, assurée par des vétérinaires bénévoles.

Signaler un animal blessé :

03 62 72 22 59. Aider : 03 62 72 22 50

ou www.picardie-nature.org.

L’ampleur démesurée de la déforestation illégale

L’État brésilien vient d’informer de l’arrestation de Ezequiel Antonio Castanha, dans l’état du Para, au nord du pays. Il est accusé de la déforestation de 20 % de l’Amazonie ces dernières années. Son activité consistait en la déforestation de terrains, qu’il revendait ensuite aux éleveurs.

C’est une activité très lucrative, de par les besoins mondiaux en huile de palme, en soja et en « viande » (en sachant que le soja est destiné au « bétail » notamment). Les exportations liées à la déforestation illégale sont estimées à une valeur de… 61 milliards de dollars !

49 % de la déforestation est par ailleurs illégal… avec des proportions terribles pour certains pays : 79 % au Brésil, 47 % en Malaisie, 80 % en Indonésie, 90 % en Bolivie, 42 % au Paraguay… En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le chiffre est de 90 %, mais de manière « légalisée » par la corruption…

Pour reprendre la tristement célèbre comparaison avec un terrain de football pour la déforestation dans les zones tropicales, ce sont l’équivalent, en surface, de 5 terrains de football qui disparaissent chaque minute.
Mais, bien sûr, tout cela doit servir à quelque chose. Tout comme pour l’exploitation animale, l’objectif est économique. Et là où c’est encore plus terrible, c’est quand la déforestation illégale… se transforme en exportation légale.

C’est le miracle du capitalisme, en quelque sorte. 30 % de la déforestation illégale aboutit à des exportations internationales au Brésil, 86 % en Malaisie, 75 % en Indonésie, 66 % en Bolivie, 80 % au Paraguay, 100 % en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Au Vietnam, la déforestation illégale se situe entre 40 et 80 %, le taux d’exportation certainement de 90 %. Et la situation est la même au Ghana, en Tanzanie, en Côte d’Ivoire…

La logique est toujours la même : des grands propriétaires s’en mettent plein les poches localement, arrosant les responsables locaux, le tout en prétendant donner des emplois et développer le pays, et en s’insérant ainsi sur le marché international et en acquérant la légitimité qui va avec.

La corruption y étant ce qu’elle est, la déforestation illégale se développe allégrement, surtout qu’elle arrange les businessmen qui voient ici une tendance « inéluctable » se développer localement.

C’est un concept gagnant-gagnant, aux dépens de la Nature, mais aussi des gens vivant là-bas car on se doute bien de quel « développement » il peut s’agir quand un pays oriente toute son énergie dans l’exportation de soja et d’huile de palme…

Pour souligner la dimension planétaire de la déforestation illégale, notons également que sa production de CO2, est estimée à 1,47 gigatonnes annuellement, soit l’équivalent du 1/4 du Co2 émis par l’Union Européenne.

Tout cela, soulignons le encore, pour produire de l’huile de palme qu’on trouve partout dans les supermarchés, pour produire le soja pour le « bétail » : tout se rejoint, c’est un grand tout du massacre. Et tout cela exige une réponse simple: pas de compromis en défense de notre mère la Terre!

« Vous n’êtes pas une réserve, comme certains le craignent souvent »

Voici un discours de François Hollande dont chaque phrase est une infamie. Il ne faut pas blâmer ici Hollande en particulier, cela serait une erreur qui est malheureusement récurrente en France, dont le régime politique est semi-présidentiel, avec beaucoup de personnalisation.

Non, ce qu’il dit correspond à l’idéologie dominante, tout simplement. Mais, le moins que l’on puisse dire, c’est que les phrases sont bien tournées. C’est même passionnant que de lire cela pour se rassurer de savoir que l’on pense précisément le contraire!

En gros, pour expliciter la chose, François Hollande dit qu’avant on faisait des parcs régionaux pour… le divertissement, et désormais on le fait pour… l’innovation qui en découle, sur le plan technique, pour les « produits du terroir! » D’ailleurs, ce qui serait très bien selon lui, c’est que la formation des parcs régionaux…  attirent des habitants.

Car, heureusement selon le président de la République:

« Aujourd’hui, vous avez une ambition créative, c’est-à-dire que vous n’êtes pas une réserve, comme certains le craignent souvent, avec l’idée que si l’on est une commune dans le parc, on perd sa liberté. »

Un parc avec des êtres humains dedans, une industrie qui s’y développe, qui n’est pas considérée comme intouchable… Voilà la définition actuelle d’un « parc naturel régional »…

Officiellement d’ailleurs, la définition est la suivante:

un territoire à dominante rurale dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, mais dont l’équilibre est fragile.

Bref, c’est juste une zone humaine dans la Nature, cette dernière n’étant pas reconnue à part comme lieu particulier, demandant par conséquent des aménagements particuliers. Strictement rien de naturel!

Discours aux présidents des parcs naturels régionaux de France

Elysée – Mardi 17 février 2015

Monsieur le Président, cher Jean-Louis ;

Mesdames, Messieurs les Présidents des parcs régionaux ;

Mesdames, Messieurs ;

Cette manifestation avait été prévue pour accueillir le 50ème parc régional. Il a été annoncé l’année dernière, avec le Marais poitevin et le Golfe du Morbihan. Mais vous avez été encore plus vite que le protocole, puisque vous êtes maintenant 51 parcs régionaux. On en annonce, me dit-on, 20 autres. Il était donc temps que nous nous réunissions ici, à l’Elysée, parce que, bientôt, cette salle des Fêtes aurait été trop étroite.

Je veux saluer le dynamisme que vous représentez. Vous en faites la preuve sur tous les territoires en vous saisissant de l’enjeu écologique pour en faire un facteur de progrès, de cohésion et d’attractivité. Jean-Louis JOSEPH me rappelait que les parcs régionaux couvrent 15 % du territoire et rassemblent 4 millions d’habitants.

Ce dynamisme a été rendu possible par une forme de cogestion entre les régions et l’État pour prendre d’abord l’initiative d’inscrire un parc, et ensuite le labelliser. Cette coresponsabilité permet de porter, avec vous, l’excellence environnementale. C’est l’évolution des textes qui l’a rendu possible.

La loi de 1993 – Ségolène ROYAL n’est pas là, elle en parlerait mieux que moi – a permis de promouvoir encore davantage les parcs naturels régionaux, comme un chantier de mise en valeur de nos espaces.

Les parcs poursuivent trois objectifs et vous les atteignez le plus souvent.

Le premier, c’est de valoriser avec respect et intelligence le patrimoine naturel humain, paysager, culturel de notre pays.

Le deuxième objectif, c’est de développer l’activité sur les espaces dont vous avez la responsabilité, et de faire apparaitre et émerger de nouveaux acteurs économiques. Les parcs naturels régionaux sont d’ailleurs de formidables laboratoires qui transforment des exigences de conservation, qui peuvent être les ambitions de départ, en opportunités d’innovations technologiques et de diffusion à de nombreux secteurs.

Le troisième objectif, c’est d’être exemplaire par rapport aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. Justement dans l’année qui va être pour la France une année pleine de responsabilités avec l’accueil de la Conférence sur le climat.

Les parcs naturels sont aujourd’hui des modèles que l’on peut offrir à bien des pays qui cherchent comment gérer leur patrimoine, comment animer leur espace naturel et comment faire émerger des innovations. Je sais que vous avez des coopérations avec des pays du Maghreb, avec des pays d’Amérique latine et avec de nombreux pays européens.

Si l’on revient à votre création en 1967, on pouvait dire, qu’à ce moment-là, la vocation des parcs naturels régionaux était plutôt une vocation récréative : donner aux citadins l’occasion de découvrir ce qu’était l’espace rural qui commençait à perdre sa population avec le développement économique et la croissance.

Aujourd’hui, vous avez une ambition créative, c’est-à-dire que vous n’êtes pas une réserve, comme certains le craignent souvent, avec l’idée que si l’on est une commune dans le parc, on perd sa liberté.

Combien de fois a-t-on entendu un certain nombre de nos concitoyens ou d’acteurs du territoire craindre un tel classement ? Je crains qu’il y en ait encore qui soient dans cette appréhension.

Non, c’est tout le contraire qui se produit. Grâce aux parcs, il y a de nouveaux habitants qui viennent, il y a de nouvelles activités qui peuvent être conçues et il y a des besoins, qui, au départ, n’avaient pas été identifiés et qui sont satisfaits.

Vous avez également, grâce aux parcs, utilisé des ressources qui jusqu’à présent n’étaient pas nécessairement exploitées, dans le respect de la biodiversité et de l’environnement.

Enfin, il y a eu des savoir-faire qui ont été à l’œuvre dans ces parcs, avec un personnel tout à fait remarquable. Là aussi, nous avons pu, vous avez pu créer une relation économique, sociale, culturelle avec les Français, dans des sites exceptionnels et avec des paysages remarquables. C’est cette ambition-là que je voulais saluer et encourager.

Vous avez aussi le souhait que des communes qui, jusqu’à présent, n’étaient pas adhérentes au parc puissent y venir et puissent porter leur candidature. Je sais que la loi biodiversité va prévoir ce type d’inscription.

À la veille du Salon de l’agriculture, je voudrais également saluer le rôle des parcs pour promouvoir des modes de production agricole plus respectueux des milieux et pour valoriser des produits du terroir.

Je sais que vous avez même des concours que vous avez organisés à l’occasion des salons précédents et qui ont été repris par le ministre de l’Agriculture pour en faire un label national.

Les parcs sont des territoires qui permettent l’expérimentation. Lors de votre congrès d’octobre 2013, vous avez fixé l’objectif d’atteindre l’autonomie énergétique des parcs à l’horizon 2030. La ministre de l’Ecologie a lancé un appel à projets pour des « territoires à énergie positive », et 38 projets portés par des parcs ont été retenus.

Vous participez à la croissance verte qui se nourrit de nouveaux modes de production, de mobilité différente et de consommation plus sobre. Pour la Conférence sur le climat, je souhaite que les parcs soient une vitrine pour la France, une vitrine de l’excellence écologique, économique. Je souhaite également que vous représentiez une forme d’espérance : celle de pouvoir diffuser les potentiels des territoires, et d’allier une volonté de développement avec une harmonie des paysages.

Chaque parc présentera au cours de l’année 2015, dans le cadre de cette mobilisation pour l’Agenda des solutions, une initiative en faveur du climat. Je sais que vous aurez à cœur d’associer les jeunes et notamment ceux des établissements scolaires de vos territoires, en les impliquant dans la préparation de la Conférence sur le climat.

J’évoquais le projet de loi biodiversité parce qu’il va être l’occasion d’améliorer le fonctionnement des parcs, d’affirmer des exigences de qualité. Il y a aussi les contrats de plan État/régions, puisque c’est par ces contrats de plan que vous pouvez trouver les financements pour un certain nombre de vos projets, et pour les initiatives que vous lancez. Je ne doute pas que les régions et l’État feront les efforts nécessaires pour porter vos ambitions pour les prochaines années.

Ce que vous avez à relever, c’est un défi pour les territoires, celui de les hisser à un haut niveau d’excellence. C’est une chance pour la France que de vous avoir parce que vous permettez d’organiser notre territoire, de le développer, d’attirer aussi de nombreux touristes.

Dans l’attente du 100ème parc, je vous dis toutes mes félicitations pour l’action qui est la vôtre. Merci.

« Impact à grande échelle des pesticides sur les papillons et bourdons des jardins privés de France »

Le document commence de manière très intéressante:

« Des chercheurs du Centre des sciences de la conservation (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC) et de l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine de Seine-Saint-Denis démontrent pour la première fois les effets de l’emploi de pesticides par les particuliers en France. »

Problème: l’article est en anglais et… payant (36 dollars). C’est un choix, et ce n’est pas le bon : l’écologie concerne toute l’humanité, rien n’est pire que de limiter l’information à des spécialistes, qui décident alors ce qui serait bon, selon leurs critères, de manière totalement non démocratique, sans possibilité de critique…

Voici la seule chose à quoi on a doit: le communiqué de presse du CNRS.

Paris, 17 février 2015
Impact à grande échelle des pesticides sur les papillons et bourdons des jardins privés de France

Des chercheurs du Centre des sciences de la conservation (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC) et de l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine de Seine-Saint-Denis démontrent pour la première fois les effets de l’emploi de pesticides par les particuliers en France.

Les scientifiques se sont basés sur des données de sciences participatives et montrent, à l’échelle d’un pays, l’impact de l’utilisation des pesticides par les jardiniers amateurs sur les insectes floricoles (Insectes qui se nourrissent sur les fleurs). Ces effets varient selon l’environnement, peuvent être indirects et toucher des organismes non visés initialement. Ces résultats sont publiés dans la revue Biological Conservation.

En milieu urbain, les jardins privés représentent une ressource importante en termes de nourriture et
d’abri pour les espèces animales. Pourtant, l’impact des pratiques de jardinage sur ces espèces, en
particulier l’utilisation de pesticides, est très difficile à évaluer à grande échelle du fait, d’une part
de l’absence de mesures standardisées et d’autre part de la difficulté d’accès à des propriétés privées.

En milieu agricole, les modes de culture ou d’utilisation de produits phytosanitaires ont des impacts avérés sur
la biodiversité : il est donc probable que de tels effets existent également dans les jardins privés.

Les auteurs de cette publication ont évalué les effets à grande échelle des pratiques de jardinage sur
deux groupes importants d’insectes floricoles, les papillons de jour et les bourdons, à partir des données collectées dans le cadre de l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins.

Leurs analyses montrent que papillons et bourdons sont moins abondants dans les jardins traités avec des insecticides, ce qui était attendu, mais aussi dans ceux traités par des herbicides.

A l’inverse, ces insectes sont plus abondants lorsque les jardiniers utilisent de la bouillie bordelaise (Fongicide
de couleur bleue à base de sulfate de cuivre et de chaux autorisé en agriculture biologique), des fongicides et des granulés anti-limaces.

Si l’impact des insecticides sur les insectes est direct, celui des herbicides serait indirect, en limitant les ressources disponibles pour les papillons et les bourdons. Les autres pesticides étudiés auraient, eux, un impact positif indirect, favorisant des plantes plus vigoureuses qui offrent alors davantage de ressources aux insectes.

Par ailleurs, l’impact des pesticides varie selon le type de paysage : les effets négatifs des insecticides sont plus importants en milieu urbain. Cela serait dû à la difficulté de recolonisation des jardins traités dans une matrice urbaine hostile aux insectes floricoles.

Ces résultats, de dimension nationale, montrent pour la première fois que les comportements individuels, dans un cadre privé, ont un impact sur la biodiversité, même dans un paysage urbain très anthropisé. Ils prouvent également que les conséquences des traitements phytosanitaires sont complexes et ont des effets indirects sur des organismes qui ne sont pas visés directement.

En conséquence, si cette étude démontre que les papillons et les bourdons sont plus abondants dans les jardins où des fongicides ou des anti-limaces sont utilisés, cela ne signifie évidemment pas que ces pesticides sont bénéfiques pour
l’ensemble de la biodiversité.

Et notamment, l’effet sur la faune du sol ne doit pas être sous-estimé. D’autres études ont par exemple montré que les lombrics sont moins abondants dans les parcelles agricoles traitées par des herbicides, des insecticides ou des fongicides qui ne les visaient pourtant pas directement.

L’Observatoire de la Biodiversité des Jardins, qui a fourni les données utilisées dans cette étude, est un
observatoire national co-fondé par le Muséum national d’Histoire naturelle, et respectivement Noé Conservation pour le volet papillons et le Groupe Associatif Estuaire pour le volet bourdons. Il fait partie du programme de sciences participatives du Muséum, Vigie-Nature.

32ème Festival international du film d’environnement

Hier a commencé le festival international du film d’environnement, qui se déroule à Paris. Voici la présentation, faite par le site alternatif consacré à la conférence de l’ONU sur le climat à Paris, en décembre 2015.

On notera d’ailleurs au sujet de cette conférence la création d’un secrétariat général à la préparation et à l’organisation.

Demain, mardi 3 février, s’ouvrira pour une durée d’une semaine le festival international du film d’environnement, organisé par le Conseil Régional d’Ile-de-France.

Cette 32ème édition accordera évidemment une place importante à la question climatique, en vue de la conférence sur le climat Paris 2015.

Au total ce seront 101 films et 20 webdocumentaires qui seront projetés (principalement au cinéma Le Cinéaste à Paris 17ème) sur des thèmes comme le réchauffement climatique, les animaux, la santé et l’environnement, etc.

Le jeudi 5 février aura lieu une projection-débat « Les Négociations climatiques internationales » dont voici la présentation :

Et si on parlait climat ?

Après Lima en 2014, c’est au tour de Paris d’accueillir, en décembre, la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques.

D’ici là, le Festival international du film d’environnement organise, le 5 février, une projection-débat sur les négociations climatiques internationales, dont les résultats apparaissent mitigés.

Depuis la première conférence sur le climat organisée par les Nations unies en 1979, les rencontres internationales sur le réchauffement climatique se succèdent. Pour quel succès ?

C’est ce dont débattront le 5 février, au Cinéma des cinéastes à Paris (17e),  les invités du débat organisé par le Festival international du film d’environnement à l’issue de la projection du documentaire « The Climate Blueprint ».

Interviendrons à la tribune Ruth Chao et Fran Rodriguez, respectivement réalisatrice et co-scénariste du film, Corinne Ruffet, vice-présidente de la région Île-de-France chargée de l’environnement et Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace.

Alors que l’Europe, les Etats-Unis et les pays émergents se livrent bataille sur les objectifs à atteindre,

2014 a été déclarée comme étant l’année la plus chaude sur Terre depuis les premiers enregistrements des températures en 1880.

Et selon les prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le mercure n’a pas fini de grimper.

« Vu le développement continuel de nos activités industrielles et la diffusion du modèle de consommation occidental partout dans le monde, le scénario le plus communément envisagé pour 2100 est celui où la concentration en CO2 aura doublé par rapport à l’ère pré-industrielle.

La température de la Terre s’élèvera alors de 3°C en moyenne d’ici à 2100, un scénario catastrophe ».

A noter que cette projection-débat sera suivie d’une autre projection, « Climatosceptiques – La guerre du climat », investigation au cœur du lobby climato-sceptique.

Vous trouverez ici et les informations concernant les séances liés au changement climatique.

« Nature, le nouvel eldorado de la finance »

Mardi soir à 22h25, Arte diffuse un reportage intitulé « Nature, le nouvel eldorado de la finance ». Le voici mis en ligne (pour aujourd’hui et demain seulement), avec une présentation, par Télérama (qui, pour le rappeler, est un média « catho de gauche »).

Sur fond de crise écologique, la protection des ressources naturelles est devenue un secteur lucratif, qui attire de plus en plus spéculateurs et multinationales.

Jusqu’au mardi 3 février nous vous proposons en avant-première cette enquête stupéfiante au cœur de l’économie verte.

La nature serait-elle en train de devenir le nouveau terrain de chasse des grands fauves [SIC- LTD] de la finance ?

C’est le stupéfiant constat auquel aboutissent Denis Delestrac et Sandrine Feydel, au terme d’une enquête fleuve dans la jungle de la nouvelle économie verte.

Un secteur émergent où les espèces en voie de disparition sont un placement lucratif, et la protection des écosystèmes un investissement ad hoc pour des multinationales qui doivent compenser les dégâts qu’elles commettent ailleurs.

La crise écologique serait donc devenue une opportunité économique, voire un objet de spéculation, dont cette vaste enquête dévoile les appétits et les logiques avec mordant.

« Il y a trois ans, lors d’une conférence sur l’économie verte, j’ai appris qu’aux Etats-Unis, c’étaient des institutions privées, des biobanques, qui s’occupaient de la protection des espèces en voie de disparition, explique Sandrine Feydel.

En creusant un peu, j’ai découvert que des économistes commençaient à parler de financiarisation de la nature, voire à évoquer des risques d’un nouveau krach si le monde de la finance se couplait trop avec les milieux de la préservation de l’environnement. »

Comment en est-on arrivé à mettre un prix sur une forêt primaire ou une barrière de corail, à chiffrer le service de pollinisation rendu par les abeilles (200 milliards de dollars) ?

« Depuis des années, certains économistes défendent l’idée que s’il y a une dégradation aussi importante de la biodiversité, c’est parce que l’on n’a jamais attribué de valeur économique à la nature.

Et ce discours finit par s’imposer en même temps que se développent ces nouveaux marchés de la protection des espèces ou des écosystèmes, analyse la réalisatrice.

Selon la loi de l’offre et de la demande, en se raréfiant, les ressources naturelles prennent de la valeur. Comme nous l’a résumé un économiste : “La dernière forêt sur Terre, le dernier cours d’eau non pollué, le dernier endroit où respirer de l’air pur, ça vaudra plus que des diamants…” »

Plus largement, le film montre aussi comment a fait son chemin l’idée que l’économie et les marchés pouvaient résoudre la crise environnementale.

« Au sommet de Rio, en 1992, il ne venait à l’idée de personne de penser que les entreprises devaient être des acteurs de la protection de l’environnement, rappelle Sandrine Feydel.

Depuis, il y a eu un changement de paradigme, des multinationales destructrices de la nature ont réussi à faire croire qu’elles pouvaient faire partie des solutions au problème écologique. Et la crise économique a conduit à un désengagement des Etats.

Désormais, même les ONG doivent aller chercher l’argent là où il est, en nouant des partenariats avec des multinationales. Mais, à ce jeu-là, on peut se demander qui influence qui… »

Sarenne, l’Alpe d’Huez: un édifiant constat

Voici une présentation qui intéressera toutes les personnes aimant la Nature. C’est un point de vue clair, présentant les choses en détail, avec une colère juste, formulé par le site Le bruit du vent, qui se définit comme un « Blog militant et pacifiste de défense des Alpes et de la Nature ! ».

Comme beaucoup d’habitants de la ville ayant lancé une spécieuse opération marketing contre le matraquage publicitaire, chaque lundi, dans ma fichue boîte aux lettres, je trouve un numéro de l’hebdomadaire grenoblois GreNews… Je n’en veux pas de leur canard à zéro balle, mais rien à faire, j’ai beau collé des autocollants « pas de pubs » : ils me le mettent de force dans la boîte.

Ce midi, avant de balancer le numéro, j’ai jeté un œil à ce canard à zéro balle, histoire de voir comment on tente d’abrutir les grenoblois ; et je n’ai pas été déçu (comme d’hab’) en tombant sur la page 12 : « Bienvenue à Sarenne ! »

Sarenne, c’est une magnifique montagne salie par une grande station de ski : l’Alpe d’Huez. J’ai lancé deux pétitions pour préserver Sarenne, mais rien à faire, malgré quelques milliers de signatures, le fric gagne toujours.

GreNews nous explique qu’une nouvelle piste, la Sarenne, a été inaugurée la semaine dernière à l’Alpe d’Huez. La « journaliste » ne donne la parole qu’à Christian Reverbel, directeur des pistes, qui a le bonheur de nous apprendre que « l’itinéraire sauvage » d’autrefois est désormais transformer en « piste officielle de 16 km ». À l’occasion de ce « moment émouvant », il se félicite de cette « idée un peu folle, mais ô combien magnifique », de ce « pari audacieux », de l’« univers magique » de sa station.

À côté de l’entretien et des photos, dans un article très approfondi de 4 phrases, le journal reprend en cœur le refrain officiel : « la piste de Sarenne est le résultat d’une folie ». C’est « une piste mythique […], vitrine majeure d’une station, d’un massif et d’un département. »

Sur cette même page, on trouve une grande et belle publicité de… l’Alpe d’Huez !

Et… rien d’autre : pas un mot sur les conséquences écologiques de l’énorme chantier de l’été dernier (sur l’extraction de 180 000 mètres cube de roche), pas un mot sur les conséquences écologiques des tonnes de neige artificielle, pas une phrase d’un chercheur spécialisé en environnement, pas un mot les centaines de milliers de litres de carburant brûlés par la station chaque hiver…

GreNews, canard caniche, c’est le degré zéro du journalisme : pas d’information, seulement de la pub sans le moindre esprit critique. Il est regrettable d’abattre des arbres pour un chiffon pareil.

GreNews prétend être Charlie (p°15, 12/01), chacun jugera…

Voici l’édifiant article « Des canons à neige pour sauver les glaciers », réalisé par Le bruit du vent, très bien documenté, et littéralement glaçant.

Le domaine skiable de l’Alpe d’Huez vient de s’enrichir du plus haut « lac artificiel » d’Europe. Située à 2770 mètres d’altitude, la retenue de l’Herpie est un ouvrage de prestige qui vient enrichir l’espace sauvage de Sarenne. Alpes Ingé et la Société d’Aménagement Touristique de l’Alpe d’Huez (SATA) sont fières d’avoir réussi à creuser une retenue deux fois plus volumineuse que la moyenne, à une aussi haute altitude.

Selon Christian Reverbel de la SATA, cet ouvrage a un intérêt majeur pour « les amoureux de la nature ». En effet, comme le rapportent France 3 et France Inter, « ce lac s’intègre parfaitement au paysage », et permettra de profiter d’un « d’un plan d’eau dans lequel [nous pourrons contempler] le reflet des montagnes environnantes » !

Et surtout, grâce à cet immense bassin, de nombreux canons à neige vont être construits, et « l’eau fondue, retransformée en neige artificielle, permettr[a] de protéger le glacier » de Sarenne. Pour lutter contre le recul du glacier, Christian Reverbel explique s’être rapproché de l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement (CEMAGREF). Si bien que des millions d’euros ont été investis dans ce chantier qui permettra de lutter contre les effets du réchauffement climatique.

Préalablement aux travaux, le commissaire enquêteur donnait raison à Christian Reverbel, et expliquait que l’enneigement artificiel du glacier pourrait retarder sa disparition.

Le commissaire écrivait également dans son rapport que ce bassin pourrait être « un plus pour la faune et la flore », et ne comprenait pas pourquoi la fédération de pêche de l’Isère s’opposait au projet. Par la même occasion, le commissaire survolait les données hydrologiques, et omettait de signaler que le chantier devait se dérouler dans une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique, située en amont d’une zone humide protégée par un arrêté préfectoral de protection de biotope.

Cet été, période durant laquelle les animaux de haute montagne constituent leur réserve pour l’hiver, l’extraction de 180 000 m3 de roche n’aurait nullement perturbé la faune.

Les allers et retours des camions sur les pistes de terre auraient été très encadrés. L’acheminement de 61 rouleaux de 200 mètres d’une toile industrielle se serait fait par hélicoptère dans la plus grande quiétude. Christian Reverbel explique que, pour remplir le « lac », « de l’eau [sera pulvérisée] dès la prochaine saison pendant 10 heures chaque nuit », mais l’opération restera très discrète (le travail sera probablement effectué par des marmottes bénévoles transportant 165 millions d’arrosoirs d’un litre).

Le bassin, une fois rempli, fera stagner d’importants volumes d’eau, des bactéries proliféreront, mais cela ne devrait pas poser de problème, ni pour la faune, ni pour la flore, ni pour les villages en aval. Sur le plan hydrologique, l’écoulement des ruisseaux sera perturbé, mais, de l’avis général, l’importance de la microbiologie dans l’équilibre des écosystèmes serait surfaite. La neige artificielle a une densité cinq à dix fois plus importante que la vraie neige, ce qui accélère l’érosion, mais géologiquement parlant, cela reste moins impactant que la chute d’une météorite.

Après les travaux, le site de Sarenne, qui s’étage de 3300 mètres à 1500 mètres, sera nettement plus fréquenté en hiver, notamment par les pratiquants du ski avec ramassage en hélicoptère ; ce qui nuira aux chamois, bouquetins, tétras lyre, lagopèdes, etc, mais, d’un autre côté, ces ventes de forfait à la chaîne sont le seul moyen de faire en sorte que la SATA rentabilise les millions d’euros versés par… les contribuables ?

D’ailleurs, après maintes recherches, impossible de savoir qui finance le programme d’enneigement de 22 millions d’euros de la piste La Sarenne (le prix d’un stade high-tech de 20 000 places) ; mais Christian Reverbel offre des indices en précisant que « l’Etat a été naturellement associé à la démarche ». Autrement dit, les contribuables paient naturellement leurs impôts pour aider les stations de ski à recouvrir les montagnes.

Ajoutés aux 900 autres canons de la station, les nouveaux canons à neige alimentés par le bassin devraient parfaitement s’intégrer au paysage (c’est du moins ce qu’affirme France Inter). Cet argument esthétique contrebalance sans doute l’impact des dépenses énergétiques corrélées au projet (les canons à neige consomment, en France, plus du quart de la production d’un réacteur nucléaire).

Un chercheur spécialisé dans le domaine pointe que de la neige est prise sur le glacier de Sarenne pour pallier les zones sans neige, ce qui est « grave, car cela accélère le recul du glacier » (alors que la SATA prétend lutter contre ce recul !) De plus, « le glacier de Sarenne est un glacier de référence pour les Alpes depuis 1950, et si le glacier est modifié, il ne peut donc plus servir de référence internationale ».

Le scientifique interrogé ne comprend pas « comment les chercheurs du CEMAGREF peuvent être favorables à ce projet », car « ce sont ces mêmes chercheurs qui déplorent, dans leurs publications, la destruction des zones humides induite par la construction des retenues collinaires ». De sérieux doutes subsistent donc quant à la pertinence de cette référence au CEMAGREF.

De plus, « plusieurs études montrent que l’enneigement artificiel et toute infrastructure comme les téléphériques sur les glaciers augmentent le recul des glaciers. On suppose même que les glaciers reculeraient deux fois plus vite à cause de la fonte accélérée autour des infrastructures. » Lorsque des études déplaisent aux industriels du ski, des présidents d’université demandent aux chercheurs de se taire, voire de démissionner, mais ces affaires intéressent apparemment moins les médias que les brochures publicitaires.

Christian Reverbel serait, selon l’Essor, le directeur des pistes de l’Alpe d’Huez depuis 1970. Il aurait donc été un acteur central, notamment durant les sulfureuses années Cupillard, du développement d’une station qui consommerait plus d’un million de litres de gasoil par an. Mais cela n’empêche pas France 3 d’affirmer que « l’environnement est une priorité » pour Reverbel. Selon le Dauphiné Libéré, le directeur des pistes de l’Alpe est même « au chevet » du glacier, et serait sur le point de le sauver en y greffant sa station de ski. À n’en pas douter, ce nouveau « lac » de 7 millions d’euros, avec fond en plastique, s’adresse aux chercheurs et aux « amoureux de la nature » ; et Reverbel sera bientôt ministre de l’Ecologie.

Une pétition

En savoir plus : L’extension de l’Alpe d’Huez par Sarenne commence. Le côté obscur de l’or blanc. MS

Un contenu qu’il faut développer !

Les multiples salutations à Charlie Hebdo comme étant un journal à la fois écologiste et défenseur des animaux posent un souci et montrent surtout qu’il y a un véritable problème en France concernant le principe même des définitions.

Ce qui est vraiment frappant, c’est qu’être écologiste se résumerait à être contre le nucléaire, contre la société de consommation, avec une grande sympathie pour le « terroir » et une inclination certaine pour l’irrationnel c’est-à-dire de multiples recettes et produits miracles.

C’est précisément ce qu’on trouve expliqué dans les magazines gratuits dans les magasins bios, qui disséminés à des dizaines et des dizaines de milliers d’exemplaires ont eu une influence très grande comme « style de vie » prétendument « sain » et « naturel ».

Il faut dire que ce « style de vie » est relié à toute une économie, allant des chamans guérisseurs aux magasins bios en passant par divers produits miracles mis en avant pour leur dimension purificatrice, etc.
Attention, cela ne veut nullement dire qu’effectivement la Nature ne propose pas plein de choses très intéressantes, ici il n’est parlé que des choses relevant de l’escroquerie, avec des vendeurs de poudre à perlimpinpin à la fois « bio » et « dynamique », en phase avec les « ondes » etc.

En tout cas l’écologie est ici quelque chose de très limitée, et cela se lit par ailleurs quand on regarde Europe Ecologie les Verts, dont la substance est vide, à part la transition climatique productrice d’emplois.

Pareillement, lorsqu’on voit que les journalistes de Charlie Hebdo sont qualifiés ici et là de grands défenseurs des animaux alors qu’ils n’étaient même pas végans, on ne peut qu’être choqué, surtout que Charlie Hebdo se pose par définition contre tout dogme, alors que le véganisme, par définition, est un dogme puisqu’il accorde aux animaux une valeur en soi indiscutable.

Or, on retrouve ici ce vieux problème français du grand libéralisme dans les idées, avec une incapacité d’assumer la rupture au nom du débat d’idées digne du café du commerce. Tout cela empêche d’affirmer clairement ses idées, et cela a pour conséquence qu’une minorité débarque de nulle part en s’affirmant plus radicale que radicale, pour disparaître au bout de quelques temps.

Alors, quel est le garde-fou ? Le garde-fou, c’est bien sûr la Nature, le rapport avec elle, sa reconnaissance. Être écologiste, c’est reconnaître la Nature, donc non pas un paysage, non pas l’environnement, mais la Nature comme grand ensemble où tous les êtres vivants sont reliés, non pas spirituellement, mais très concrètement.

La preuve de la Nature, c’est paradoxalement l’humanité, qui provoque des troubles significatifs sur toute la planète, des perturbations de grande ampleur, détruisant une partie de plus en plus importante de la vie sur Terre, c’est-à-dire de la Nature.

C’est le paradoxe : l’humanité nie la Nature, mais en même temps elle sait qu’elle la détruit, sans voir qu’en détruisant la Nature, c’est elle même qu’elle est inexorablement conduite à détruire. L’humanité ne peut pas vivre contre la Nature, elle est une partie de la Nature, et là réside le problème de fond : l’anthropocentrisme nie la reconnaissance de la Nature, parce que ce serait remettre en cause le statut fondamental de l’humanité placée comme « au-dessus » de tout.

Il y a ici une profonde révolution des mentalités qui doit s’opérer, et qui est inévitable. On ne peut pas faire dans la demi-mesure, car se concentrer sur les problèmes uniquement humains, c’est rater qu’aucun problème n’est uniquement humain, les humains étant une composante de la Nature et donc chaque problème concernant tout le monde.

Il y a ici toute une relecture de l’histoire qui est à faire, dans la mesure où il manque des chapitres sur les livres d’histoire, traitant de la situation sur la planète. On étudie la mondialisation, mais pas les effets sur la planète par exemple, tels les transports d’animaux sur de nouveaux continents, avec des impacts évidemment importants tant pour les animaux que pour les vies végétales et animales sur le continent d’accueil.

Tout reste à faire ! La remise en cause de l’anthropocentrisme est une étape complètement nouvelle et inévitable : c’est cela qu’il faut affirmer, c’est ce contenu qu’il faut développer !

Charlie Hebdo et l’écologie

Hier, nous parlions de la considération tout à fait erronée de voir en Charlie Hebdo un journal défendant les animaux, parlons maintenant un peu d’écologie, ou plus précisément ici d’écologie dans sa version française des années 1970.

Car si Charlie Hebdo est un journal humoristique laïc, sur le plan des idées, on est tout à fait dans le profil catho de gauche – CFDT des années 1970 – Parti Socialiste Unifié des années 1970 : un peu de pacifisme, d’irrévérence face au pouvoir mais sans conséquences politique, pas de dogmatisme c’est-à-dire de prises de positions tranchées, autogestion, localisme, etc.

Voici ici un article très intéressant montrant tout cela, écrit par Olivier Nouaillas, qui travaille à l’hebdomadaire catholique La vie, qui fait partie du même groupe que Le Monde, Télérama, etc. bref toute la presse catho de gauche.

Dans le même esprit, on peut lire l’article de Reporterre, qui fait pareillement de Charlie Hebdo le premier journal écologiste. Cette vision de l’écologie est tout à fait similaire à l’approche de Grothendieck et de son groupe « Survivre et vivre », ou d’autres, c’est l’écologie non pas comme reconnaissance de la Nature, mais comme romantisme de la petite production, tout cela aboutissant à l’idéologie de la ZAD apparue il y a quelques temps.

Ce que je dois à Charlie hebdo, la Gueule Ouverte, Cabu et tous les autres…

Aussi loin que je me souvienne, l’un des premiers journaux que j’ai lu régulièrement fut « Pilote ». Nous étions à la fin des années 60 et il y avait déjà tous les héros de bandes dessinées (Astérix, Achille Talon, Lucky Luke …) et tous ceux qui allaient devenir des grands caricaturistes de l’actualité : Fred, Reiser, Gébé et surtout Cabu. Avec le grand Duduche – son personnage principal – je devais être moi aussi un peu amoureux de la fille du proviseur…

Et puis, petit à petit, moi qui n’avait pas spécialement de conscience politique, j’ai suivi, en même temps que je passais du collège au lycée, les migrations de ces dessinateurs à Charlie Hebdo.

Et j’ai découvert à travers leurs dessins, un curieux mot que je ne connaissais pas : l’écologie. Il faut dire que c’ était la grande époque des mobilisations antinucléaires, à Bugey, Creys Malville, Le Carnet …

Et chaque semaine, à travers les chroniques de Cavanna, les dessins de Cabu mais aussi les articles de Pierre Fournier (texte et dessins), j’y découvrais, en dehors d’une dénonciation des dangers du nucléaire, une critique argumentée du productivisme et des ravages destructeurs de la société de consommation.

Avec trois événements successifs qui allaient, à jamais, structurer ma propre sensibilité : la création de la Gueule Ouverte (en 1972), la sortie du film l’an 01 (en 1973) et la candidature de René Dumont (en 1974), premier candidat écologique à une élection présidentielle.

Si ce troisième événement est le plus connu, je préfère aujourd’hui m’attarder sur les deux premiers, un peu oubliés et pourtant tous les deux sortis de la matrice « Charlie Hebdo ».

En effet, c’est Charlie Hebdo qui donna naissance au premier mensuel d’écologie politique : la « Gueule Ouverte ». Son sous-titre était «Le mensuel qui annonce la fin du monde » (sic) et j’en ai conservé de précieux exemplaires dans mon grenier en Creuse. Son animateur était Pierre Fournier, pas vraiment un prophète du malheur, mais plutôt un homme révolté, un utopiste pacifiste, un adepte de la non-violence.

Et déjà on y trouvait les petits dessins de Reiser qui le premier parla de l’énergie solaire et des éoliennes et aussi les reportages de Cabu dans les communautés hippies, alternatives, antimilitaristes . Toute une époque… D’ailleurs, à la mort subite de Pierre Fournier en 1973, c’est Isabelle Monin, alors la compagne de Cabu, qui pris sa succession à la tête de la Gueule Ouverte

Et puis, aussi l’an 01. C’est dans Charlie Hebdo, que Gébé inventa et dessina les planches de ce film sous titré : « on arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste ». Il s’agissait alors de jeter les clefs, d’abolir la propriété, de rouler à vélo, de cultiver son jardin …

Tout cela, certes, paraît loin aujourd’hui, dans un monde de plus en financiarisé et violent. Mais cela donna naissance à de belles idées qui perdurent aujourd’hui, même si elles paraissent plus fragmentés et morcelées. Quelque part, on peut dire, sans trop se tromper, que « la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi, cher à la fois ce blog et à de nombreux lecteurs de La Vie, en est de ses multiples fruits.

Depuis 2010, c’est Fabrice Nicolino – un ancien journaliste de La Croix, Terre Sauvage , des Cahiers de saint Lambert et de Politis – qui avait repris le flambeau de l’écologie dans Charlie Hebdo. Il fait d’ailleurs partie des quatre blessés graves mais, heureusement, rescapés de la tuerie du 7 janvier.

Plume redoutée de ce secteur – il a écrit des livres remarquables d’investigation sur les pesticides, l’industrie de la viande ou encore les produits chimiques – il entretenait cette flamme écologique.

Certes, il y eu des choses excessives dans « Charlie Hebdo ». Certes la fin du monde annoncé par « la Gueule Ouverte » n’a pas eu lieu (ouf !!! ). Certes les idéaux de l’ an 01 paraissent bien naïfs face aux délires meurtriers de l’Etat islamique. On pouvait même être choqué par tel ou tel dessin de Charlie – cela m’est arrivé – ou trouver tel ou tel chronique outrancière.

Mais tout de même quel souffle ! Quelle inventivité ! Quel humour ! Ce qui est sûr c’est que Charlie dérangeait les pollueurs de la planète. Et qu’à ce titre aussi, il doit continuer à exister.