Exploitation animale : le miel et le lait en 2025

L’État a commandé un rapport afin de savoir à quoi ressemblerait l’agriculture en 2025. Le titre du rapport ne nous étonnera d’ailleurs pas : « Pour une agriculture compétitive au service des hommes » : on devine aisément que c’est le « business » qui dirige tout.

C’est l’organisme FranceAgriMer qui l’a fait et il vient justement de sortir. Cela nous intéresse directement bien sûr, parce que parmi les 20 filières agricoles et alimentaires présentées, il y a celles fondées sur l’exploitation animale…

Aussi, voilà en plusieurs parties une présentation de la stratégie prônée par l’Etat pour soutenir l’exploitation animale.

Car des documents tel ce rapport sont évidemment l’occasion de vérifier si notre thèse selon laquelle la situation empire est juste, ou pas. Il en va du réalisme dans la lutte. Mais c’est surtout essentiel justement à connaître pour pouvoir lutter correctement pour la libération animale.

Il serait absurde de borner le véganisme à une question individuelle : il en va de toute la société. L’exploitation animale n’est jamais passive, elle s’adapte, elle se développe, elle évolue.

On peut par exemple déjà constater que les abeilles sont considérées comme une grande cible nouvelle. Le document explique en effet que :

« Il faut faire de la France, un grand pays apicole de l’Union européenne en développant la production des produits de la ruche, en modernisant les exploitations apicoles, en garantissant la qualité aux consommateurs, en dotant la filière d’une capacité de réflexion prospective via la constitution d’une interprofession, en construisant une filière d’élevage de reines et d’essaims et en organisant la production notamment par la création de groupements de producteurs et de coopératives. »

On ne peut pas être plus clair dans l’affirmation d’une nouvelle filière de l’exploitation animale. Un exemple inverse est la question du lait. Cette production est une véritable bastion économique de l’exploitation animale, et le document le dit évidemment clairement, en en soulignant l’importance :

« Depuis plusieurs années, le marché mondial du lait de vache est dans une bonne dynamique, tiré par une demande en nette hausse, notamment en Asie et dans l’ensemble des pays émergents, ce qui a pour effet de dynamiser la production des pays exportateurs.

L’Union Européenne bénéficie de cette situation qui semble installée durablement. La France a pu jusqu’à présent tirer parti de cette dynamique ; elle est en effet le deuxième producteur européen après l’Allemagne, avec un bon potentiel de production, des entreprises qui se situent parmi les leaders mondiaux du secteur, et une qualité reconnue.

Le marché de l’Union européenne est quant à lui arrivé à maturité, et ses évolutions ont été limitées ces dernières années.

Environ 80 000 exploitations laitières françaises (70 000 en lait de vache, 5 500 en lait de chèvre et 4 500 en lait de brebis) produisent près de 25 milliards de litre de lait par an. Il faut relever que près d’un tiers des installations en agriculture se fait en production laitière.

Le lait produit est transformé par plus de 500 établissements industriels.

La France produit une très large gamme de produits de grande consommation (51 AOC, des produits biologiques, fermiers, des marques de notoriété régionale, nationale et mondiale), mais aussi industriels (fractionnement et assemblages destinés aux industries agroalimentaires).

La filière représente environ 200 000 emplois directs, pour un chiffre d’affaire de 25 milliards d’euros et un excédent commercial très important, de près de 4 milliards d’euros. »

Ce que le document préconise, c’est de faire en sorte que les exploitations conservent leur continuité, et pour cela il y a de mise en œuvre des aides au renouvellement générationnel. L’État compte également faciliter les assurances, contribuer à accorder de bonnes marges, faciliter les exportations, financer la recherche et le développement de produits à exporter, faire intervenir l’Union Européenne pour aider financièrement en cas de soucis sur les marchés, etc.

Rien que ces deux exemples du miel, appelé à devenir une grande production nouvelle, et du lait, rappelle que l’exploitation animale est portée à bout de bras, et qu’il faut être d’une grande naïveté ou d’une très grande mauvaise foi pour imaginer que des appels aux réformes changeront quoi que ce soit dans la nature de ce système.

L’exploitation animale est d’un immense enjeu économique et culturel ; refuser de s’y confronter, c’est refuser de la combattre !

Rassemblement le 15 Juin de « mon chien, ma ville »: qui on trouve derrière…

Le 15 juin aura lieu un rassemblement à Paris afin de promouvoir la place des chiens en ville, sous le mot d’ordre « mon chien, ma ville« .  Voici un article de cette initiative, résumant sa démarche et son approche. A ceci près qu’il faut auparavant savoir qui est à l’origine d’une telle initiative, en apparence « citoyenne »…

Cet article est en l’occurrence signé:

Christine d’Hauthuille, journaliste et coordinatrice du comité OKA

Ce comité OKA en question est justement à l’origine du site « mon chien, ma ville », ainsi donc que de la manifestation, le tout étant notamment soutenu par la Fondation Bardot, la SPA de Paris, etc.

Il se présente de la manière suivante sur son site:

Pourquoi OKA ?

Aux quatre coins du monde, la guerre, la misère, l’indifférence, la cupidité mettent en péril hommes, femmes et enfants… Et que dire de la faune et de la flore ? La déforestation sauvage, les pollutions à échelles industrielles obèrent chaque jour un peu plus leur avenir, donc le nôtre.

Et pourtant c’est dans les lieux les plus affligés que j’ai vraiment senti le vent du courage souffler. J’y ai vu des hommes et des femmes combattre de façon acharnée. Leur but : empêcher telle ou telle espèce de disparaître, préserver ou reconstituer un biotope, apprendre aux habitants à respecter leur environnement. Nous nous devons de rendre compte de ces désastres comme de ces batailles. Au Gabon, OKA signifie en dialecte : avance, continue !

Constitué de spécialistes, d’experts, de professionnels de l’entreprise, le comité OKA veut alerter, sensibiliser et solliciter l’opinion publique sur des actions de conservation pour qu’elles perdurent.

Sauver l’environnement en préservant la faune et la flore qui le composent est désormais un devoir civique. En sauvant notre planète, c’est nous-même que nous sauverons.

Anne Vosgien, présidente du Comité Oka

En apparence, on peut se dire: pourquoi pas? Seulement, quand on regarde les « partenaires » de ce comité OKA, on ne peut que littéralement halluciner…

Il s’agit en effet de très grandes entreprises, liées à l’exploitation animale!

On retrouveTruffaut (les jardineries également animaleries, avec 440 millions d’euros  de chiffre d’affaires), ou encore Bayer (groupe pharmaceutique avec 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec bien entendu un secteur dédié aux animaux).

On a Virbac (qui fait des produits vétérinaires, avec plus de 730 millions d’euros de chiffre d’affaires, il s’agit du  8e groupe pharmaceutique vétérinaire mondial)…

Mais on a également Pfizer (le fameux groupe pharmaceutique dont le chiffre d’affaires est de 71,13 milliards de dollars!), ainsi que Centravet (une coopérative de distribution vétérinaire des médicaments)…

On a Merial (qui produit vaccins et médicaments pour animaux et dont le chiffre d’affaires est de plus de 2,6 milliards de dollars)…

On a aussi  la FACCO, c’est-à-dire la Chambre Syndicale des Fabricants d’Aliments pour Chiens, Chats, Oiseaux et autres animaux familiers, qui selon ses propres mots « rassemble 26 sociétés nationales et est fortement représentative de l’Industrie française de production et de commercialisation des aliments pour animaux familiers »…

On a également Sony. Un hasard? Non, Sony se tourne vers le « marché » des animaux dits de compagnie, visant les « propriétaires » de ceux-ci avec casque, enceintes et  TV portable pour animaux…

C’est pratiquement incroyable de voir comment ces entreprises liées à l’exploitation animale ont réussi à porter une initiative « citoyenne » au moyen d’une « association » dont ils sont tous partenaires…

Et preuve que l’opération est rondement mené, le président de ce comité OKA a été… responsable national de la SPA lors de la période 2000-2006!

Et parmi les partenaires, on retrouve également la fondation 30 millions d’amis…

Une sacrée preuve de collusion du « réformisme » de la protection animale avec les grandes entreprises de l’exploitation animale… Et une nouvelle démonstration de la capacité de celle-ci à « façonner » l’opinion publique selon leurs besoins!

Il n’a jamais été aussi important de se mobiliser. Il est indéniable que la France n’est pas au top de sa forme mais est-ce une raison pour se complaire dans notre pessimisme ? Nous sommes réputés pour être des râleurs en tout genre, allons nous-rester les bras croisés sans réagir ou agir tout simplement ?

Si chacun d’entre nous doit affronter les épreuves de la vie, le chien lui reste un modèle pour son amour de la vie. Il ne la subit pas, il vit au jour le jour et guette chaque moment de joie et de plaisir. S’il ne se fait pas des nœuds dans la tête, pourquoi ne l’imitons-nous pas ?

Prenons-en de la graine. Le chien est joyeux par nature et s’il déprime c’est par notre contact. La vie en ville renferme tous les pièges pour nous rendre tristes et lui avec. C’est à nous de nous battre pour améliorer son quotidien et nous en sortirons tous grandis.

A Paris, il reste tout à faire. Le premier parc canin ou plutôt espace canin a ouvert ses portes grâce à la détermination sans faille de nos amis de l’association « chiens en ville ». Certes l’espace est petit, avec un grand socle de pierre qui trône au milieu, guère séduisant, mais l’ambiance qui y règne nous prouve que nous avions raison.

Toutes les générations s’y côtoient, les propriétaires échangent, sourient et les chiens peuvent enfin se dépenser et jouer entre eux. On ne peut que remercier la mairie du 14ème (après six ans quand même…) de s’être investie dans ce projet. Elle est pionnière mais soyons réalistes à l’égard d’autres villes de France, comme Issy les Moulineaux, Grenoble, Avignon, Toulouse, Lyon, il n’y a pas de quoi crier victoire.

Et on ne parle pas d’autres capitales européennes qui depuis longtemps ont intégré le chien dans la ville sans compter des capitales plus éloignées comme New-York. Ce n’est pas Serge Belais, vétérinaire et président d’OKA qui vous dira le contraire. Tout juste de retour des Etats-Unis il n’en revient toujours pas des espaces dédiés aux quatre pattes américains sans que cela ne pose de problème. Et même les chinois s’y mettent, c’est pas peut dire ! A Pékin, ils ont franchi le pas et même les chiens pékinois ont leur parc canin.

Alors qu’on le veuille ou non Paris reste à la traine. Sans compter le nombre incroyable d’espaces et de squares interdits totalement aux chiens. Il est aisé de comprendre que de nombreux propriétaires de chiens se sentent les mal aimés de la capitale. Et si Anne Hidalgo fraîchement élue se dit vouloir être la maire de tous les parisiens, les maitres eux ne souhaitent plus être les oubliés des citadins. Mais n’allez pas croire qu’Anne Hidalgo porte toute l’amertume des propriétaires sur ses épaules.

Juste après les élections municipales, nous avons adressé aux vingt maires d’arrondissement un questionnaire leur demandant leur position sur l’avenir du chien en ville. Huit questions et des cadeaux* portés directement à la mairie. Pour l’instant zéro réponse, aucun retour. Ce n’est pas une question de gauche, droite, vert ou jaune, les élus et ce n’est malheureusement pas une surprise considèrent peu les chiens et encore moins leurs propriétaires.

Que faut-il faire pour que nos élus comprennent qu’ils ont tout à gagner d’intégrer une vraie politique canine-citadine ? Dans ce monde de folie où nous passons les uns à côtés des autres, à l’heure où la solitude n’a jamais fait autant de dégât, le chien reste un vecteur de communication vivant et favorise le lien social. Benoit Gauthier d’Handi’chiens revendique ce lien si important : « il y a des regards qui vous jettent à terre mais pour les enfants je ne suis plus l’handicapé, je suis Benoît avec son chien Taz »

Alors parce qu’on aime nos chiens, parce qu’on aime notre ville, parce qu’une ville sans chien est une ville sans âme, bougeons-nous. L’année dernière vous avez été nombreux à vous déplacer pour notre premier rassemblement cani-citoyen, cette année nous devons nous mobiliser encore plus haut et plus fort. En attendant n’hésitez pas à signer et partager sur les réseaux sociaux notre pétition vive les chiens en ville.

Sans vous nous ne pouvons rien, alors le dimanche 15 Juin, bougez vos deux pattes, votre quatre pattes fera le reste !

Swissaid contre les cochons d’Inde

« Swissaid » est une association suisse proposant des aides au développement, et dont le président est aussi responsable de la branche suisse d’Amnesty International et un spécialiste des énergies renouvelables. A l’occasion de la coupe du monde de football, elle a repris le principe de « l’oracle » animal, initiative lamentable visant à utiliser un pauvre poulpe (présenté sous le nom de « Paul le poulpe »).

Elle a ainsi invité l’entraîneur de l’équipe nationale à assister à un oracle d’un cochon d’Inde, qui d’ailleurs a dû être assez traumatisé pour ne pas bouger, ce qui a amené Swissaid à en utiliser un autre…


Cette mise en scène a été diffusée largement, afin d’être repris dans les médias et « populariser » les actions de Swissaid.

Or, en l’occurrence, il s’agit de promouvoir l’exploitation animale des cochons d’Inde en Equateur! Les cochons d’Inde sont présentés comme une source d’engrais bio, et évidemment de viande…

Voici la présentation du « principe » mis en avant par Swissaid:

Les cochons d‘Inde produisent un excellent fumier que les paysannes et les paysans utilisent comme engrais dans leurs exploitations agricoles biologiques. Ils peuvent également se lancer dans l’élevage de cochons d’Inde et vendre les petits.

C’est un appel au crime… A ce titre d’ailleurs, Swissaid propose directement d’acheter des cochons d’Inde pour des paysans en Equateur, certificat en prime!

La « vente » est présentée en ces termes:

Une petite envie de bio?
Offrez à vos proches un certificat « Cochons d’Inde » qui aidera une famille paysanne d’Amérique du Sud

Les cochons d’Inde ne sont d’ailleurs pas les seuls cibles de Swissaid: il y a toute une série d’autres animaux…

Des animaux sont ici présentés comme des outils, comme des objets…

Derrière l’humanisme de façade se trouve ainsi la diffusion de l’exploitation animale, avec un mépris fondamental pour les animaux qui n’est même pas caché!

Sous couvert d’aider les gens en Équateur, Swissaid pousse au commerce et à l’esprit d’entreprise, sur le dos des animaux. Si l’intention était vraiment bienveillante, comment l’association pourrait-elle aussi simplement faire la promotion de la « vente des petits »?

« Et le père Mouque emmena les deux bêtes qui fraternisaient »

Pour changer le monde, il faut modifier tout notre regard sur l’histoire. Voici un passage absolument essentiel à ce qui devrait être l’éducation littéraire en France.

Tiré du roman Germinal d’Emile Zola, on a la description de la situation des chevaux qu’on enferme dans les mines (avec la tentative « naturaliste » de décrire les choses de l’intérieur). C’est un passage d’une terrible force, décrivant « la mélancolie de ce prisonnier de plus qui ne remonterait que mort ».

Voilà une contribution formidable au changement culturel, bien loin des « happenings » glauques s’appuyant sur l’irrationnel. C’est de culture dont nous avons besoin pour changer le monde.

En ce qui concerne l’histoire des mines, on peut également regarder l’article « L’exploitation des animaux, une tradition des mines » (publié initialement par ce qui deviendra VEAN, qui mène un travail de fond sur la culture locale dans le Nord, comme en témoignent les derniers articles sur la réserve de Clairmarais, les journées portes ouvertes de la SPA locale, les terrils de la Glissoire à Avion, le trafic illégal d’animaux passant par la région, etc.).

Comme tous trois retournaient à l’accrochage, Bébert et Jeanlin y arrivaient aussi, avec un train de berlines. Il y eut un arrêt pour la manœuvre des cages, et la jeune fille s’approcha de leur cheval, le caressa de la main, en parlant de lui à son compagnon.

C’était Bataille, le doyen de la mine, un cheval blanc qui avait dix ans de fond. Depuis dix ans, il vivait dans ce trou, occupant le même coin de l’écurie, faisant la même tâche le long des galeries noires, sans avoir jamais revu le jour.

Très gras, le poil luisant, l’air bonhomme, il semblait y couler une existence de sage, à l’abri des malheurs de là-haut.

Du reste, dans les ténèbres, il était devenu d’une grande malignité. La voie où il travaillait avait fini par lui être si familière, qu’il poussait de la tête les portes d’aérage, et qu’il se baissait, afin de ne pas se cogner, aux endroits trop bas.

Sans doute aussi il comptait ses tours, car lorsqu’il avait fait le nombre réglementaire de voyages, il refusait d’en recommencer un autre, on devait le reconduire à sa mangeoire.

Maintenant, l’âge venait, ses yeux de chat se voilaient parfois d’une mélancolie.

Peut-être revoyait-il vaguement, au fond de ses rêvasseries obscures, le moulin où il était né, près de Marchiennes, un moulin planté sur le bord de la Scarpe, entouré de larges verdures, toujours éventé par le vent.

Quelque chose brûlait en l’air, une lampe énorme, dont le souvenir exact échappait à sa mémoire de bête. Et il restait la tête basse, tremblant sur ses vieux pieds, faisant d’inutiles efforts pour se rappeler le soleil.

Cependant, les manœuvres continuaient dans le puits, le marteau des signaux avait tapé quatre coups, on descendait le cheval ; et c’était toujours une émotion, car il arrivait parfois que la bête, saisie d’une telle épouvante, débarquait morte.

En haut, lié dans un filet, il se débattait éperdument ; puis, dès qu’il sentait le sol manquer sous lui, il restait comme pétrifié, il disparaissait sans un frémissement de la peau, l’œil agrandi et fixe.

Celui-ci étant trop gros pour passer entre les guides, on avait dû, en l’accrochant au-dessous de la cage, lui rabattre et lui attacher la tête sur le flanc. La descente dura près de trois minutes, on ralentissait la machine par précaution. Aussi, en bas, l’émotion grandissait-elle.

Quoi donc ? Est-ce qu’on allait le laisser en route, pendu dans le noir ? Enfin, il parut, avec son immobilité de pierre, son œil fixe, dilaté de terreur. C’était un cheval bai, de trois ans à peine, nommé Trompette.

— Attention ! criait le père Mouque, chargé de le recevoir. Amenez-le, ne le détachez pas encore.

Bientôt, Trompette fut couché sur les dalles de fonte, comme une masse. Il ne bougeait toujours pas, il semblait dans le cauchemar de ce trou obscur, infini, de cette salle profonde, retentissante de vacarme.

On commençait à le délier, lorsque Bataille, dételé depuis un instant, s’approcha allongea le cou pour flairer ce compagnon, qui tombait ainsi de la terre.

Les ouvriers élargirent le cercle en plaisantant. Eh bien ! quelle bonne odeur lui trouvait-il ? Mais Bataille s’animait, sourd aux moqueries. Il lui trouvait sans doute la bonne odeur du grand air, l’odeur oubliée du soleil dans les herbes.

Et il éclata tout à coup d’un hennissement sonore, d’une musique d’allégresse, où il semblait y avoir l’attendrissement d’un sanglot.

C’était la bienvenue, la joie de ces choses anciennes dont une bouffée lui arrivait, la mélancolie de ce prisonnier de plus qui ne remonterait que mort.

— Ah ! cet animal de Bataille ! criaient les ouvriers, égayés par ces farces de leur favori. Le voilà qui cause avec le camarade.

Trompette, délié, ne bougeait toujours pas. Il demeurait sur le flanc, comme s’il eût continué à sentir le filet l’étreindre, garrotté par la peur.

Enfin, on le mit debout d’un coup de fouet, étourdi, les membres secoués d’un grand frisson. Et le père Mouque emmena les deux bêtes qui fraternisaient.

Manifestations autour de Mc Donald’s

Hier soir à Chicago aux Etats-Unis, une centaine d’employés de Mc Donald’s manifestant a été arrêtée par la police, dans le cadre de leur mouvement pour toucher l’équivalent de 11 euros de l’heure au lieu de 6,46 euros.

Le même jour, le journal La Voix du Nord publiait un article, « Décidés à sauver leur «McDo», les Saint-Polois descendront dans la rue ce mercredi après-midi », où on peut lire entre autres :

« Direction la déchetterie voisine du Syndicat mixte du Ternois, sans doute, ainsi que le siège de la communauté de communes. Ce sont eux qui ont intenté, il y a de cela un mois, deux recours en référé contre l’implantation d’un fast-food.

Et les potentiels consommateurs ont peu goûté la décision de justice tombée en début de semaine dernière : le tribunal administratif de Lille a donné raison aux plaignants et suspendu les travaux de construction.
McDonald’s, qui n’avait pas perdu de temps – mais n’avait pas respecté le délai de recours de deux mois –, était à deux doigts de boucler son chantier. Depuis, ce dernier est au point mort.

« Nous n’avons rien contre McDonald’s ni contre la ville de Saint-Pol, certifiait alors Marc Bridoux, le président de la communauté de communes. Mais il y a des règles d’urbanisme à respecter. »

En l’occurrence, le terrain sur lequel entendait s’enraciner la chaîne américaine, et pour lequel la ville a délivré un permis de construire en mars, avait été requalifié un an plus tôt. Pour pouvoir accueillir des activités industrielles ou artisanales, pas commerciales.

Le syndicat mixte, lui, invoque des risques futurs. Et si McDonald’s venait à se plaindre des odeurs ou du bruit de la déchetterie ? S’il contrecarrait l’émergence prochaine d’un quai de transfert, à proximité immédiate ? « On n’a pas dépensé tout cet argent pour fermer la déchetterie », s’indigne son président fraîchement réélu. Pour Michel Bézu, mieux valait prévenir que guérir.

Pour les habitants en revanche, mieux valait offrir des Big Mac et des emplois aux Ternésiens. Avec l’ouverture d’un restaurant sur l’axe de la D 916, à côté de la future déviation, trente postes d’équipiers polyvalents devaient être pourvus. Recrutement suspendu, comme les travaux. « Saint-Pol est et restera une ville morte », dénoncent aujourd’hui bon nombre d’internautes. »

Le Figaro a repris l’information, et dans son article intitulé « Pas-de-Calais : ils manifestent pour l’ouverture d’un McDonald’s », il est précisé que le taux de chômage est d’environ 15 % à Saint-Pol-sur-Ternoise, où vivent 5125 personnes.

Le décalage est très impressionnant : entre les revendications à Chicago et la position des gens de Saint-Pol-sur-Ternoise, mais également, comme le souligne le Figaro, avec le saccage du Mc Donald’s en 1999, à Millau.

En France, Mc Donald’s a gagné, et apparaît même comme le sauveur des prolétaires sans emploi ! Et tant pis si ce fast food se fonde sur la destruction de la planète, l’exploitation animale intensive, et participe au bétonnage des campagnes…. Les pauvres, incapables de prendre leur destin en main, se soumettent. Et cela, c’est une catastrophe complète !

Il y a lieu de se demander d’ailleurs ici si le score du Front National reflète cette mentalité, où si le FN est la source de ce genre d’attitudes. Il y a des deux bien sûr, mais ce qui est certain c’est que le FN ne dit pas grand chose en ce domaine, voire même rien. Et que justement comme personne ne dit rien, les gens se laissent aller, ne font aucune réflexion et sont happés par la « tradition », même si celle-ci est « moderne » comme Mc Donald’s.

C’est à la fois naïf et criminel, car il faut avoir perdu tout élan combatif pour espérer disposer de jobs à la Mc Donald’s pour se forger un avenir. Bien sûr, avec la crise économique, il y a urgence, mais il y a justement urgence de changer le monde !

D’ailleurs, hier, McDonald’s a également fait une annonce. Il a décidé de reverser entre 18 et 20 milliards de dollars à ses actionnaires sur la période 2014-2016, par l’intermédiaire du paiement de dividendes et de la mise en place de programmes de rachats d’actions.

Il y a également 1500 Mc Donald’s qui vont être « vendus » à des franchisés. Tout cela pour accélérer les profits, et les animaux seront toujours plus une variable d’ajustement. Il y avait d’ailleurs hier soir sur France 3 un reportage sur la production des « nuggets » : personne ne peut être dupe de ce que Mc Donald’s représente.

Et cela non pas parce que c’est une entreprise américaine, mais parce que c’est une entreprise dont le but est le profit, qui naît de la sueur et du sang, de la mort, des travailleurs et des animaux. Il y a ainsi un article publié avant-hier, sur un site réunionnais, intitulé « Non au Mc Do, Oui au Mc Atia ! » et où on lit :

« Depuis quelques semaines, le ballet des tractopelles a fait son apparition près du rond-point « l’Embouchure » dans les bas du quartier de Moulin Joli à La Possession. Dans six mois, les Réunionnais verront un septième Mc Donald’s ouvrir ses portes, à 3 kilomètres à peine d’un autre fast-food. Adieu rougail saucisse, carry poulet, civet canard ou autres mets boucanés, et bienvenue dans l’uniformisation alimentaire… »

Une telle position relève de la myopie. L’article critique d’ailleurs les bas salaires et la pollution, comme si l’exploitation animale, d’ailleurs oubliée, procédait différemment ailleurs… Qu’il soit petit ou grand, le capitalisme utilisant l’exploitation animale a la même substance, odieuse, criminelle, à combattre !

« Acheter un cheval en multipropriété »

Il y a la crise, mais pas pour tout le monde, et les gens qui ont de l’argent se battent pour toujours plus d’investissements fructueux. Voici un nouvel exemple concernant les animaux, et il faut bien souligner qu’avec la dimension « multipropriété », cela tape très large, renforçant d’autant plus l’exploitation animale et son idéologie…

Cet article, tiré du Journal du Dimanche, montre encore une fois que tout cela est une question d’intérêts. Ce n’est pas la « méchanceté » le moteur, mais toute une organisation très compliquée visant à satisfaire la quête de profits. Et les courses de chevaux reviennent clairement en force ces dernières années, soit pour le « prestige » avec les milliardaires, soit comme source de revenus possibles pour d’autres.

Suffira-t-il de convaincre les gens en général pour mettre un terme à l’oppression des chevaux comme ici ? Certainement pas : tout cela devra être interdit et les gens qui en profitent seront contre cette interdiction. Il ne faut pas se voiler la face : il y a ici deux camps clairement antagonistes !

Un monde virtuel pour les poulets!?

Voici un nouvel exemple de comment le « bien-être » animal a été retourné en son contraire et aide à moderniser l’exploitation animale.

Là, on est pratiquement dans l’activité ouvertement criminelle, et le jour où le monde deviendra végan, il faudra sérieusement demander des comptes à ces gens qui ont poussé la négation de la Nature jusqu’au bout.

En l’occurrence, il s’agit d’un professeur de design ayant créé le site d’une entreprise virtuelle, celle-ci proposant des « solutions » techniques relevant du futur. L’idée est de pousser à la recherche dans cette direction.

La photo ci-dessous ne reflète ainsi pas quelque chose de réel, mais une « piste » pour le futur…

Le journal Le Monde présente les choses de la manière suivante :

RÉALITÉ VIRTUELLE – L’illusion d’une vie en plein air pour les poulets de batterie

C’est une alliance étonnante entre le casque à réalité virtuelle Oculus Rift et le jeu de simulation Second Life, mais appliquée au monde des volailles. Des poulets de batterie pourraient avoir l’illusion d’être des volailles fermières élevées en plein air.

Ce n’est encore qu’un projet né du cerveau d’un professeur assistant américain de l’université de l’Iowa (États-Unis), dans la faculté de design, baptisé Second Livestock et présenté à l’occasion d’un salon sur l’art et le design à Ames, dans l’Etat de l’Iowa, en avril.

L’idée : les poulets seraient trop nombreux aux États-Unis pour tous vivre en plein air. Ils peuvent être élevés en cage de manière plus humaine si, depuis leur plus jeune âge, ils se tiennent sur une espèce de tapis de course et portent un casque à réalité virtuelle sur leur tête, un casque reproduisant un monde en 3D. Herbes, buissons, poulets virtuels…

Les poulets fermiers vivraient dans l’illusion d’une vie en plein air depuis leur espace confiné. Ce genre d’expérience les protégerait aussi des prédateurs qui menacent les volailles à l’extérieur.

Dans une interview donnée à l’Ames Tribune, le professeur a expliqué que l’objectif du projet était aussi de regarder « la façon dont nous nous traitons. Nous vivons dans ces petites cages, comme les poulets », a-t-il ajouté.

Selon Austin Stewart, le système Second Livestock pourrait être utilisé pour des traitements d’autres animaux fermiers, de même que pour les animaux de zoo, dépressifs à cause de leur vie en captivité. Mais “il serait trop coûteux de mettre en place tout le système maintenant”, dit-il. Je dois montrer que cette technologie est plausible pour que les gens y croient.”

Ceci dit, c’est tellement extrême que les futures générations demanderont des comptes rapidement. Dénaturer un être vivant au nom du « bien-être », c’est vraiment atteindre une dimension extrême dans la barbarie.

On peut relativiser en disant que ce n’est qu’un projet d’un designer, que ce n’est pas faisable, que c’est seulement une « réflexion ».

Mais ce ne serait rien comprendre à ce que consistent ces facultés de design : elles préparent en effet le futur. Si en France, ce genre de projets n’existe pas par manque de financement, aux États-Unis les grandes entreprises et l’État paient cher des « chercheurs » pour trouver des perspectives.

Ce genre de « réflexion » est ainsi un outil culturel très fort en faveur de l’exploitation animale. Et c’est une tendance de fond : déjà en 2000 un clip « ironique » abordait exactement ce thème…

Des poules « bichonnées »… pour renforcer la production

En avril, l’entreprise Sofiprotéol a acheté « Matines ». Qu’est-ce que Sofiprotéol ? C’est l’entreprise numéro un en France, avec différentes filiales dans les huiles de colza, de tournesol et de soja, mais également dans la nutrition des animaux des fermes-usines ou encore le biodiesel.

Elle est dirigée par Xavier Beulin, l’actuel président du syndicat de l’agro-industrie, la FNSEA, et son chiffre d’affaires est de plus de 5 milliards d’euros… Elle a des parts dans Hendrix Genetics, une des principales entreprises de la génétique animale, ainsi que dans Biogemma, qui s’occupe des OGM… Et elle possède le groupe de presse France Agricole.

Bref, c’est un monstre, qui a avalé « Matines »,  qui produit de son côté deux milliards d’oeufs par an. Un chiffre gigantesque ! Mais le but est le profit afin de renforcer la production. En l’occurrence, la marque « Matines » vend 318 millions d’oeufs en tant que marque propre, et elle entend doubler ce chiffre en cinq ans.

Comment ? Le Figaro nous l’explique.

Contrairement à ce que prétendent les « réformistes » de la cause animale, comme par exemple L214, l’exploitation animale ne cesse de grandir, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. On voit parfaitement ici comment la pression ne s’arrête jamais, et dans ce schéma, les animaux (tout comme les travailleurs d’ailleurs) ne sont qu’une simple variable d’ajustement…

Quant aux diverses lois, elles ne servent qu’à renforcer la production, en la modernisant, en faisant que les grands capitalistes mangent les petits, qui ne peuvent pas tenir le rythme.

C’est tout cela qu’il faut casser. Car à coups de propagande et de soutien étatique – le biodiesel est par exemple défiscalisé, assurant à Sofiprotéol des bénéfices encore plus grands – ce sont les entreprises qui décident qui mangent quoi, à part pour une petite minorité morale et osant aller à la rupture.

Tant qu’on n’a pas saisi ce tableau général de l’exploitation animale, on ne peut pas la combattre !

L’arbre au soleil et le lait de vache au Japon

L’arbre au soleil est un manga qu’on peut en quelque sorte appeler un « classique » du genre. Il a d’ailleurs comme auteur Osamu Tezuka, considéré en quelque sorte comme l’équivalent de Walt Disney au Japon, avec une oeuvre vraiment très grande.

Ce manga du début des années 1980 décrit, de manière réaliste et humoristique, le Japon du milieu du 19ème siècle, à un moment crucial pour ce pays qui s’ouvre au monde par la force, sous la pression des États-Unis qui veulent ouvrir des routes commerciales.

Dans ce climat où les « shoguns » cèdent la place aux empereurs qui vont moderniser le pays, on suit les aventures de deux jeunes : un samouraï tourné vers les valeurs traditionnelles et un étudiant en médecine qui lui est marqué par les grandes avancées européennes en ce domaine.

Ce qui est intéressant ici, c’est de voir le choc des cultures, et voici précisément une image concernant directement la question du rapport aux animaux.

Profitons en pour rappeler ici que le lait de vache a été utilisée historiquement en Europe, et que sa digestion est très difficile pour le reste de la population mondiale (qui n’a pas d’origine européenne ; voir notre article Blédina et Danone à l’assaut des populations pauvres (et d’origine asiatique))

Ce qui est frappant ici c’est de voir surtout comment la démarche de la personne européenne est considérée comme choquante. L’auteur ne sait d’ailleurs pas vraiment comment s’en sortir, alors il termine sur une sorte de blague où le samouraï fait face à la vache.

Il faut dire que la consommation de lait a été depuis très largement imposée par l’industrie, comme elle l’est actuellement en Chine. Voici ce qui s’est passé au Japon, avec une petite citation d’un article de « l’Observatoire Cniel des Habitudes Alimentaires ».

En l’apparence, l’article est sociologique et il s’agit d’un « observatoire » de simples chercheurs. Sauf que « CNIEL » est un acronyme signifiant « Centre national interprofessionnel de l’Économie Laitière ». L’organisme se présente, au détour d’une explication, de la manière suivante :

« L’OCHA est un observatoire au service de l’interprofession laitière,  un centre de ressources et de recherches partagées avec la communauté scientifique autour de l’approche par les sciences humaines et sociales de l’alimentation, des systèmes alimentaires, des relations homme / animaux et de l’évolution de la relation aux nourritures d’origine animale. »

On l’aura compris, il s’agit d’un « think tank » anti-vegan, de l’un de ces organismes d’intellectuels impulsés par l’industrie pour fournir une idéologie, des justificatifs, etc. Voici ce qu’il dit sur le Japon…

« Le troisième moment important pour la culture laitière japonaise se situe à la fin de la deuxième
guerre mondiale (1945). Avec la présence des troupes américaines, on recommande et
on encourage l’adoption d’habitudes alimentaires occidentales en remplacement de certaines pratiques traditionnelles.

On se met à manger du pain plutôt que du riz, de la viande plutôt que du poisson, et du lait plutôt que de la soupe miso dans le but d’internationaliser la cuisine japonaise. Ces recommandations résultaient de considérations culturelles, mais aussi nutritionnelles.

L’aide alimentaire fournie par les États-Unis après la guerre afin d’éviter la famine entraîne, de manière imprévue, des changements importants dans la consommation alimentaire des Japonais,
notamment celle des produits laitiers, qui explose. La consommation de fromage, par exemple, passe de 60 g par an et par personne en 1950 à 2200 g en 2007. Un changement aussi rapide des pratiques alimentaires sur une période de 60 ans a rarement été observé ailleurs. »

On devine très bien ici comment est masqué la modification par en haut des habitudes, derrière les concepts de « considérations nutritionnelles », « internationaliser la cuisine japonaise », « éviter la famine », etc.

C’est pour cela que plonger dans l’histoire est important : cela permet de comprendre comment les habitudes alimentaires ne datent en rien de la « nuit des temps », mais possèdent une histoire…

Amendement sur la sensibilité animale: une escroquerie juridique de plus

Depuis plusieurs jours, les médias relatent de manière ininterrompue l’information selon laquelle il y aurait un changement juridique du statut des animaux. Cela serait un progrès, même si relatif, il y aurait quelque chose, on aurait pu faire mieux, etc. etc.

Et ce qui est marquant, c’est que cela tombe littéralement du ciel. A priori, rien ne laissait présager ce « changement » qui, en fait et on pouvait s’en douter, n’en est pas du tout un.

Voici donc ce qui s’est passé.

A la base, il y a dans le code civil l’article 528, qui dit la chose suivante :

« Sont meubles par leur nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère. »

Or, cet article est en contradiction avec le code rural et le code pénal, qui présentent les animaux comme des êtres vivants et sensibles. Le député des Hautes-Pyrénées Jean Glavany a donc proposé une modification mardi dernier, après l’avoir rendue publique la veille seulement.

Voici comment l’amendement a été justifié par Glavany :

EXPOSÉ SOMMAIRE

Alors que le code rural et le code pénal reconnaissent, explicitement ou implicitement, les animaux comme des « êtres vivants et sensibles », ces derniers sont encore considérés par le code civil comme des « biens meubles » (art. 528) ou des « immeubles par destination » quand ils ont été placés par le propriétaire d’un fonds pour le service et l’exploitation de celui‑ci (art. 524).

Cet amendement a pour objet de consacrer l’animal, en tant que tel, dans le code civil afin de mieux concilier sa qualification juridique et sa valeur affective. Pour parvenir à un régime juridique de l’animal cohérent, dans un souci d’harmonisation de nos différents codes et de modernisation du droit, l’amendement donne une définition juridique de l’animal, être vivant et doué de sensibilité, et soumet expressément les animaux au régime juridique des biens corporels en mettant l’accent sur les lois spéciales qui les protègent.

On est donc dans un changement simplement cosmétique, une simple modernisation juridique. Il y en a eu et il y en aura d’autres, évidemment. Et c’est tellement flagrant que les personnes qui veulent changer les choses « de l’intérieur » sont absolument furieuses.

En effet, toute la vanité de leur discours saute aux yeux. Le système s’adapte, fait quelques modifications, mais rien ne change, même pas en apparence. Or, de gros investissements idéologiques et culturels ont été mis dans la fameuse pétition lancée par 30 millions d’amis, qui révèle ici tout son décalage avec la réalité. Cela ruine le prestige du réformisme.

Le communiqué de la Fondation Bardot est ici exemplaire. Il est parlé de… « l’exploitation animale », un concept extrêmement radical que cette association n’assume pas du tout, mais elle n’a pas le choix afin de sauver les apparences et ne pas se retrouver torpillée.

Cela ne l’empêche pas, en même temps, de critiquer l’élevage intensif et pas l’élevage en général, et même de saluer une harmonisation juridique qui, franchement, n’intéresse personne. Un tel niveau de contorsion révèle bien la terrible contradiction qui déchire les « réformistes » qui veulent changer les choses de l’intérieur du système de l’exploitation animale.

Que le statut de l’animal passe de « bien meuble » à « être vivant doué de sensibilité » est normal, ce qui est anormal en revanche c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt. Attention toutefois, il s’agit simplement d’harmoniser les textes, mais en aucun cas de remettre en cause l’exploitation animale.

Dans le Code rural et le droit européen l’animal est déjà considéré comme un être sensible, cela n’empêche pourtant pas le gavage, l’élevage intensif, les longs transports, l’abattage, l’expérimentation animale ou encore la captivité des animaux sauvages.

Bien sûr, nous saluons cette volonté de rendre cohérents les différents textes, nationaux et européens, mais ne nous y trompons pas, nous sommes à la veille d’une simple évolution juridique, logique, mais en aucun cas d’une révolution pour les animaux !

Christophe Marie
Porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot

Quelque chose d’assez exceptionnel aussi est l’apparition d’un « groupe d’études sur la protection animale » de l’assemblée nationale. Là, on est dans la mythomanie, la député EELV Laurence Abeille prétendant que ce groupe avait une proposition de loi bien plus ambitieuse sur le statut de l’animal et que l’intervention de Glavany était en pratique un complot pour empêcher cela.

Pure magouille que cela, afin de prétendre se préoccuper des animaux, alors que jusqu’à présent EELV ne s’en est absolument jamais préoccupée. Il suffit de regarder les archives de nos articles sur EELV, les faits sont très clairs…

Par conséquent, la tentative d’ajouter des « sous-amendements » à l’amendement Glavany relève du simple cinéma, et bien évidemment ces demandes ont été refusées… Voici un exemple d’un tel sous-amendement.

SOUS-AMENDEMENT N°73
présenté par
Mme Abeille, M. Alauzet, Mme Allain, Mme Attard, Mme Auroi, M. Baupin, Mme Bonneton, M. Cavard, M. Coronado, M. de Rugy, M. François-Michel Lambert, M. Mamère, Mme Massonneau, M. Molac, Mme Pompili, M. Roumegas et Mme Sas
à l’amendement n° 59 de M. Glavany
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APRÈS L’ARTICLE PREMIER
Compléter l’alinéa 3 par la phrase suivante :

« Ils doivent bénéficier de conditions conformes aux impératifs biologiques de leur espèce et assurant leur bientraitance. »

EXPOSÉ SOMMAIRE

Ce sous-amendement vise à préciser le nouvel article du code civil relatif aux animaux.
La distinction entre biens meubles et animaux dans le code civil était une demande ancienne de nombreux citoyens engagés dans la protection animale.

L’évolution de la société, des connaissances scientifiques et de la réflexion sur les animaux rendent nécessaire ce changement dans notre droit. Selon l’article 515-14 que propose de créer l’amendement n°59 : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels. »

Ce sous-amendement propose de préciser que les animaux « doivent bénéficier de conditions conformes aux impératifs biologiques de leur espèce et assurant leur bientraitance », afin de tirer toutes les conséquences de l’article 515-14 qui précise qu’ils sont doués de sensibilité.

« Bientraitance » : voilà encore un mot nouveau, un néologisme absurde, comme le récent « carnisme » que l’on a pu voir apparaître, ou comme le terme de « végéphobie » apparu il y a quelques années. Tout cela est terriblement confus, alors que la question est simplement celle du rapport à la Nature et du refus de l’exploitation animale.

D’ailleurs, Glavany a paradoxalement failli faire tout sauter. En effet, il est à l’origine d’un amendement qui a… été retiré vite fait avant discussion. En effet, cet amendement… formait une nouvelle catégorie juridique : les animaux !

Il y aurait les humains, les animaux et enfin les biens. Or, faire cela, c’est provoquer le chaos, car inévitablement la libération animale affirmerait qu’il faut faire pencher les animaux de notre côté, et non de celui des biens…

Alors que le Code rural et le Code pénal reconnaissent, explicitement ou implicitement, les animaux comme des « êtres vivants et sensibles », ces derniers sont encore considérés par le Code civil comme des « biens meubles » (art. 528) ou des « immeubles par destination » quand ils ont été placés par le propriétaire d’’un fonds pour le service et l’’exploitation de celui-ci (art. 524).

Cet amendement a pour objet de consacrer l’animal, en tant que tel, dans le code civil afin de mieux concilier sa qualification juridique et sa valeur affective.

Pour parvenir à un régime juridique de l’animal cohérent, dans un souci d’harmonisation de nos différents codes et de modernisation du droit, la proposition d’amendement proposée consiste à créer dans le code civil une catégorie sui generis, intermédiaire entre les personnes et les biens.
Il est ainsi proposé de donner une définition de l’animal et de soumettre expressément les animaux au régime juridique des biens corporels en mettant l’accent sur les lois spéciales qui les protègent.

Ainsi, il a fallu aux députés trouver une sorte de compromis juridique, ne faisant que moderniser la juridiction, afin de la renforcer. L’animal se voit reconnu une sensibilité… mais cela ne change rien. Et cela aide même l’exploitation animale qui peut ainsi désormais prétendre « reconnaître » les animaux.

Le président de la république s’est d’ailleurs empressé de rassurer les éleveurs, le syndicat FNSEA lui ayant écrit suite à l’amendement. Nous avons déjà parlé tant des mesures massives de soutien financier aux éleveurs que de la position de François Hollande contre un changement de la loi (voir Sommet de l’élevage : un milliard d’euros par an en soutien aux éleveurs et Interview de François Hollande par les industriels de l’exploitation animale).

Voici comment « La France agricole » a, suite à l’amendement, interrogé l’Elysée, avec la réponse si parlante…

L’amendement « 59 », adopté le 15 avril 2014, dans le cadre du projet de loi de modernisation et de simplification du droit, et qui reconnait aux animaux « la qualité d’êtres vivants doués de sensibilité », a suscité de nombreuses réactions.

Interrogé par nos soins, dans la mesure où François Hollande s’était exprimé sur le statut de l’animal dans les colonnes de La France Agricole (du 21 février 2014), l’Elysée précise que « la reconnaissance de cette qualité ne modifie pas le régime applicable aux animaux », conformément à ce qu’avait déclaré le président de la République.

« En revanche, cet amendement permet de faire figurer dans le code civil les dispositions relatives au statut de l’animal introduites dans le code rural en 2001 et dans le code pénal en 2006. 

Les devoirs des opérateurs économiques, ainsi que la fonction économique des animaux de rente ne sont pas remis en cause ; aucun droit nouveau n’est créé pour les animaux, qui demeurent protégés par les dispositions du code rural et du code pénal interdisant les mauvais traitements et assurant leur bien-être. »

Tout cela est donc très clair : cela fait beaucoup de bruit pour rien, et est destiné à contrer la cause animale, au moyen de la confusion, d’une amélioration de l’idéologie dominante. C’est la pratique de l’adage traditionnel: « pour que rien ne change, tout doit changer »: les apparences sont modifiées, pas la substance.

Faut-il discuter véganisme avec les éleveurs?

L’article suivant est extrêmement problématique. Il est tiré de La France agricole, média professionnel destiné aux éleveurs.

Or, il y parle du véganisme. Est-ce une bonne chose? Pas à nos yeux. Il ne faut pas informer l’ennemi de nos conceptions. Sinon cela aide l’ennemi. C’est ainsi qu’il prend des initiatives, comme tout récemment boeuf lovers, « Le premier site de rencontre pour les amoureux du boeuf ».

Cette campagne vise à organiser des « rencontres » justement autour de la viande, à mobiliser des gens en faveur de l’exploitation animale:

Vous aimez croquer la vie à pleines dents ? Les Bœuf Dates sont pour vous. Ce sont des sessions de rencontres et de dégustations que vous avez la possibilité d’organiser dans votre région par l’intermédiaire du site. Dans votre salon ou au restaurant, comme il vous plaira. C’est l’occasion de faire véritablement connaissance avec vos contacts et partager un délicieux moment de convivialité autour de la viande de bœuf. Bref, joindre l’agréable… à l’agréable !

L’exploitation animale, c’est une économie et une idéologie, capable d’initiatives. Il n’est donc pas juste de l’aider à comprendre nos propres positions, par définition révolutionnaires. On ne peut pas s’attendre ni à ce que ces gens comprennent, ni à ce qu’ils acceptent (voilà pourquoi LTD a refusé d’innombrables demandes d’interview, tant de médias que d’étudiants dans diverses branches).

Il y a deux camps, et les frontières doivent être les plus nettes, l’ennemi affaibli, en rien aidé!

Manger de la viande devient une question philosophique (débat de l’Afja)

L’Afja (Association française des journalistes agricoles) a organisé jeudi un débat entre les deux auteurs du livre controverse « Faut-il arrêter de manger de la viande ». Une controverse qui pourrait sembler vaine si elle ne reflétait pas un débat qui se développe aujourd’hui dans la société sous l’influence des associations de défense animale et des tenants du « véganisme ».

« 3 % des Français seraient végétariens », selon Elodie Vieille Blanchard présidente de l’association végétarienne de France. Végétarienne (1) de longue date, elle a franchi le pas vers le véganisme (2), c’est-à-dire l’absence de consommation de tout produit d’origine animale.

Face à René Laporte, ingénieur agronome, elle a doctement expliqué comment son choix personnel est vite devenu un choix éthique. Sa démarche est basée sur « le refus de la souffrance animale, la découverte des abattoirs mais aussi les conséquences de l’élevage sur l’environnement ». « Il est plus facile de remettre en cause les transports en voiture que l’élevage », souligne-t-elle, déçue que les écologistes français et la Confédération paysanne n’aillent pas plus loin dans la dénonciation de l’élevage, en particulier de l’élevage dit « industriel ».

« Notre objectif est de lever les obstacles que rencontrent les végétariens dans la vie de tous les jours », a-t-elle souligné au début du débat. « Le carnisme est une philosophie tout comme le végétarisme. »

Taxé de « carniste » (3) car il mange de la viande, René Laporte a rappelé qu’il n’avait rien contre ceux qui voulaient devenir végétariens. « Je ne milite pas non plus pour que tout le monde mange de la viande. Mais faut-il au nom de votre philosophie que l’on arrête de tuer des animaux ? », s’est-il s’interrogé. « Le carnisme est un état de fait, pas une philosophie. Quant aux gaz à effet de serre, ils y en a aussi dans les productions végétales. »

Elodie Vieille Blanchard a poursuivi : « Nous n’avons pas de position sur le bien-être animal. Modifier le statut actuel de l’animal ne nous semble pas non plus la bonne voie. » Mais cette position n’est pas une position de conciliation envers les éleveurs « de moins en moins nombreux ». « Nous voulons mobiliser les consciences. Il y a de plus en plus de “végans” qui s’appuient sur les nouveaux moyens de communication pour échanger. Ils ne supportent pas la séparation de la vache et de son veau, l’élevage des veaux, le sexage des poussins. Nous savons que l’abolition de l’élevage n’est pas pour tout de suite. Mais c’est un cap philosophique », a-t-elle indiqué.

Etienne Gangneron, éleveur bio et vice-président de la FNSEA, a souligné le mépris contenu dans ces propos pour les éleveurs qui ont fait l’effort de passer en bio. « La moitié des agriculteurs bio sont des éleveurs. Sans élevage, le bio passe moins bien. Même les fermes de céréales bio achètent des effluents aux fermes bio. »

« D’autres modes expérimentaux se mettent en place avec des engrais verts », a conclu Elodie Vieille Blanchard, jamais à court d’arguments. La controverse est loin d’être épuisée.

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(1) Un vegétarien ne consomme aucune viande. Un végétalien ne consomme ni viande, ni sous-produits d’animaux terrestres ou marins, ni œufs, ni lait, ni miel.

(2) Vegan : terme anglo-saxon. Un vegan, en plus d’être végétalien, n’utilise aucun produit d’origine animale dans toutes les facettes de sa vie. Il n’utilise donc ni cuir, ni laine, ni fourrure, ni cire d’abeille, ni produits testés sur les animaux, etc. Il n’accepte d’utiliser dans sa vie, que des produits non-issus de la souffrance d’un animal.

(3) Carniste : désigne chez les végétariens l’idéologie de la consommation de viande.

Jocelyne Porcher et l’apologie de l’exploitation animale

Décidément, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ne fait pas que travailler sur le plan technique pour renforcer l’exploitation animale. Elle produit également des intellectuels visant à mettre en avant l’idéologie du « bien-être animal ».

On connaissait Florence Burgat, mais il y a en fait Jocelyne Porcher. La perspective est la même : c’est la défense du « bien-être » animal au nom de la petite exploitation qui serait soi-disant si humaine et sympathique !

Mais attention, le texte publié ici est d’une extrême importance. Publié sur le Huffington post, il a comme titre ironique « Guerre aux éleveurs, guerre aux animaux d’élevage! », car l’auteur accuse le grand capitalisme de tuer le petit. Cela n’a rien de nouveau, c’est quelque chose de tout à fait traditionnel.

C’est la seconde partie de l’article qui est capitale. En effet, Jocelyne Porcher constate que  c’est historiquement en même temps  que la grande industrie et les végans dénoncent l’exploitation animale traditionnelle. Et que donc les deux au final veulent la même chose, en quelque sorte: dépasser la situation présente.

C’est, en fait, tout à fait juste. Bien sûr pour cela, les vegans devront prendre le contrôle de la grande industrie… Car contrairement à ce que dit Jocelyne Porcher, le grand capitalisme ne compte nullement abandonner l’exploitation animale, qui rapporte tant.

Par contre, elle a raison : le véganisme peut s’approprier les grandes entreprises, pour faire en sorte que le véganisme devienne un mode de vie praticable partout, facilement…

Après dix millénaires de vie commune avec les animaux, nous arrivons à un point de rupture anthropologique et politique majeur dont l’enjeu est de rompre avec les animaux domestiques, en tout premier lieu avec les animaux d’élevage, et d’achever le processus d’industrialisation de la production alimentaire, c’est-à-dire de la soustraire définitivement des mains des éleveurs et des paysans pour la confier aux multinationales et aux investisseurs.

La guerre de l’industrie contre les paysans a commencé au 18e siècle en Europe avec le développement de la société industrielle et l’établissement d’un rapport à la nature médié par la science et la technique, fondé sur le profit, et uniquement sur lui.

L’élevage a été transformé en  » productions animales » et les animaux sont devenus des machines ou des produits. Les paysans, tout comme les luddites, ont résisté à la machinisation de leur relation à la nature et aux animaux. Ils ont résisté au 18e siècle, au 19e siècle, au 20e siècle, et ils résistent encore au 21e siècle. Ils résistent en France, mais plus largement dans la majorité des pays industrialisés.

Fight for food freedom (combat pour la liberté alimentaire)

L’agro-industrie, qui concentre pourtant déjà l’essentiel de la production et de la distribution, tient absolument à réduire à néant les paysans qui persistent à élever leurs vaches ou leurs cochons à l’herbe et aux champs, à les respecter, à les aimer et à leur donner une vie aussi bonne que possible.

Et qui tiennent également à offrir aux consommateurs des produits sains, bons, porteurs de sens et de vie. Et qui s’obstinent à revendiquer une dignité et un sens moral dans le travail. Guerre contre ces éleveurs! Ils doivent lutter pied à pied contre l’agro-industrie et les pouvoirs publics pour élever leurs animaux en accord avec leur sensibilité, maîtriser la sélection de leur troupeau, identifier leurs animaux plutôt que de les « électroniser », les nourrir sans OGM, contrôler leur abattage en leur évitant l’abattoir industriel, transformer leurs produits à la ferme, produire et vendre du lait cru (aux US), …

« Tout ce que je veux faire est illégal », écrit Joël Salatin , et effectivement, on ne peut que le constater, tout ce que les éleveurs veulent faire de bien est illégal. Tout ce qu’ils veulent faire de bien les conduit devant un tribunal. Et aux Etats-Unis, comme le souligne l’auteure du film Farmageddon, l’état, la police, mènent une guerre invisible mais très dure contre les petits paysans.

Voici la seconde partie de l’article, très intéressante malgré son opposition lamentable à l’exploitation animale, au nom des animaux eux-mêmes (ridicule!), elle a compris les potentialités de l’époque qui s’ouvre.

Une agriculture sans élevage

Mais ce n’est pas tout. Outre l’agro-industrie, les éleveurs doivent aussi lutter contre les auto-proclamés défenseurs des animaux, qui revendiquent une agriculture sans élevage. Pourquoi ? Parce que ces derniers considèrent que les éleveurs exploitent leurs animaux -et cela depuis les débuts de la domestication- et que, par souci de justice et de morale, il faudrait les libérer sans plus tarder (et sans rembourser la dette que nous avons à leur égard d’ailleurs). Haro sur le baudet est aussi la clameur que poussent certains environnementalistes au nom de la planète et, confondant élevage et productions animales, accusent l’élevage d’être responsable de l’effet de serre, de la pollution des eaux, de la réduction de la biodiversité. N’en jetez plus!

Par un opportun concours de circonstances, cette revendication d’agriculture sans élevage coïncide avec le développement de produits industriels bio-tech alternatifs aux produits animaux. Multinationales et fonds d’investissement se sont avisés -tout comme leurs prédécesseurs au 18e et 19e siècle- que la production agricole était plus rentable entre leurs mains qu’entre celles des paysans.

Ainsi que l’affirme Joshua Tetrick, directeur de Hampton Creek Food, start-up soutenue par la fondation Bill Gates: « Le monde de l’alimentation ne fonctionne plus. Il n’est pas durable, il est malsain et dangereux. (…) Nous voulons créer un nouveau modèle qui rendrait le précédent obsolète . »

Rendre l’élevage obsolète. Voilà à quoi s’affairent les start-up alimentaires et les prétendus défenseurs des animaux, prosélytes de l’alimentation vegan. Plutôt que des poulets élevés en libre parcours par un éleveur passionné par ses volatiles, achetez du chicken-free chicken à Hampton Creek food; plutôt que du fromage au lait cru acheté sur le marché à un paysan de votre région, achetez du Lygomme ACD Optimum, breveté par Cargill; plutôt que du cochon gascon élevé par un éleveur admiratif de ses cochons et qui tient absolument à vous les faire rencontrer, achetez bientôt du muscle de cochon in vitro -presque bio.

La charge destructrice des multinationales, alliée à la puissance publique et à la consternante naïveté des « défenseurs » des animaux, sonne comme un hallali. Les éleveurs et leurs animaux ne peuvent résister seuls. La relation aux animaux domestiques qu’ils défendent, c’est notre vie tout entière avec les animaux. Après l’exclusion de la vache, viendra celle de votre chien, remplacé par un robot supposé tout aussi capable d’exprimer des émotions et de ressentir les vôtres. Après l’exclusion de la vache et du chien, viendra la nôtre. Et cette exclusion-là est également déjà bien avancée.

Formidable, que ce bricolage en conclusion : l’exploitation animale permettrait aux humains de rester naturels! Quel n’importe quoi!

Un n’importe quoi au service de l’élevage, bien sûr. Et pourtant… Les éleveurs sont condamnés, car leur démarche est incompatible tant avec la morale qu’avec la réalité naturelle de notre planète : trop de pollution, trop de consommation d’eau, trop de déforestation nécessaire, trop de territoires agricoles confisqués pour l’exploitation animale !

Les gens comme Jocelyne Porcher tentent de sauver les éleveurs, coûte que coûte… mais ils sont condamnés d’avance !

Des poules comme programme électoral?!

Gilbert Meyer (UMP) a été réélu maire de Colmar. Il avait entre autres eu une étrange promesse électorale, comme en témoigne cet article du Nouvel Observateur…

Les dernières lignes de l’article font frémir. On est dans un utilitarisme des plus sordides.

Elles témoignent aussi, nous en parlons régulièrement, de l’engouement pour la petite production, pour le petit capitalisme où l’exploitation animale joue un rôle essentiel et même incontournable (au sujet des poules, on peut consulter les articles « Elever des poules en ville, c’est écolo et de plus en plus cool », ainsi que  Prendre les oeufs des poules relève de l’exploitation animale).

Ce que propose d’ailleurs ici Gilbert Meyer membre de l’UMP, c’est en fait exactement ce que veulent de leur côté les « décroissants » (eux aussi veulent des poules, comme le montre l’image résumant leur conception). C’est le refus de l’universalisme, le refus d’une humanité mondiale unifiée, et assumant le véganisme en profitant d’une économie organisée à grande échelle pour justement éviter l’exploitation animale.

Avec la crise, malheureusement, l’idéologie du repli est puissant, nombreux sont les gens qui veulent leur maison – leur lopin de terre – leur autonomie alimentaire. On peut comprendre le désir de protection face à la crise, mais il serait absurde de ne pas voir ici qu’une telle orientation relève du retour en arrière, de l’individualisme.

D’ailleurs, et c’est le paradoxe : c’est Truffaut, et là on est dans le grand capitalisme, qui fournit les moyens à la petite exploitation animale d’exister !

C’est dire, si c’était encore nécessaire, que le « réformisme » en faveur des animaux a tort. Il n’y a pas d’améliorations, il y a au contraire une toujours plus grande modernisation et diffusion de l’exploitation animale, à l’échelle locale comme à l’échelle mondiale.

L’animal comme marchandise et la jurisprudence sur les « vices cachés »

Voici une actualité juridique très importante. Non pas que nous pensions qu’il faille attendre quelque chose du « droit », bien au contraire. En fait, c’est justement une vérification de ce que nous disons: dans une société où les animaux sont des marchandises, il n’y a pas de place pour un processus de « réformes » menant à la libération animale. Les réformes ne font qu’aménager une situation dont les fondements mêmes sont l’exploitation animale.

En l’occurrence, il s’agit de réguler les rapports entre les vendeurs et les acheteurs. Un vendeur doit garantir l’absence de…. « vices cachés ». L’animal étant une marchandise, et celle-ci ne devant pas avoir de « vices cachés », la loi s’applique comme à toute marchandise…

Jurisprudence
Achat d’un animal domestique à un professionnel : le code de la consommation s’applique
Publié le 12.03.2014 – Direction de l’information légale et administrative (Premier ministre)

Le code de la consommation et la garantie légale de conformité qu’il prévoit sont applicables aux ventes d’animaux conclues entre un vendeur professionnel et un consommateur. C’est ce que vient de rappeler la Cour de cassation.

Un particulier avait acheté un chiot à un éleveur professionnel. L’animal s’était révélé atteint d’une maladie grave et avait dû être euthanasié deux mois après l’achat. L’acheteur avait saisi la justice, sur le fondement de la garantie légale contre les vices cachés, pour obtenir le remboursement du prix de la vente et des frais médicaux engagés.

Sa demande avait été rejetée au motif que la maladie à l’origine de la mort de l’animal n’était pas dans la liste des maladies prévues par le code rural pouvant justifier l’annulation de la vente.

La décision est cassée par la Cour de cassation. Pour la Cour, les garanties offertes à l’acheteur par le code de la consommation, notamment liées aux vices cachés, ne peuvent en aucun cas être écartées au profit des dispositions du code rural régissant les ventes d’animaux.

En effet, il convient de rappeler que les dispositions du code de la consommation sont d’ordre public, c’est-à-dire que les contractants ne peuvent convenir de les écarter, et que le juge doit les appliquer même si elles ne sont pas invoquées par les parties.

Certains diront que c’est très bien, car cela mettra les animaleries au pied du mur. La santé des animaux devra être « préservée ». Seulement c’est absurde. Cela coûtera toujours moins cher aux entreprises de risquer de vendre un animal aux « vices cachés » que de prendre soin de tout le monde. C’est une question de profit. A la limite, cela ne posera problème qu’au petit capitalisme, certainement pas aux grands.

Cela pousse en fait ici à moderniser la vente d’animaux, cela renforce encore plus  leur statut de marchandises.

La décision de la cour de cassation s’appuie non pas tant sur la question animale, d’ailleurs, que sur les droits des consommateurs. Il est même parlé de « l’usage » qu’on est, en tant que consommateur, en droit d’attendre de l’animal de compagnie…

Voici un extrait parlant:

ALORS, D’UNE PART, QUE les dispositions d’ordre public qui régissent la garantie légale de conformité sont applicables aux ventes d’animaux domestiques conclues entre un vendeur agissant au titre de son activité professionnelle ou commerciale et un acheteur agissant en qualité de consommateur, l’action résultant du défaut de conformité se prescrivant par deux ans à compter de la délivrance de l’animal ; qu’en rejetant les demandes indemnitaires de Madame X…, formulées à l’encontre de Madame Anna Y…, quand il résultait pourtant de ses propres constatations que la vente avait été passée entre un éleveur professionnel et une consommatrice, que l’action avait été introduite dans un délai inférieur à deux ans à compter de la délivrance du chiot, et que celui-ci était impropre à l’usage habituellement attendu d’un animal de compagnie, dès lors que, atteint d’hémophilie, il avait dû être euthanasié deux mois seulement après son acquisition, le juge de proximité, qui devait faire application, au besoin d’office, des règles d’ordre public relatives à la garantie légale de conformité, a violé l’article L. 213-1 du code rural et de la pêche maritime, ensemble les articles L. 211-1 à L. 211-17 du code de la consommation,

ALORS, D’AUTRE PART, QU’en matière de vente d’animaux domestiques, entre un vendeur agissant au titre de son activité professionnelle ou commerciale et un acheteur agissant en qualité de consommateur, les conventions qui écartent ou limitent directement ou indirectement les droits reconnus par les dispositions relatives à la garantie légale de conformité, avant que l’acheteur n’ait formulé de réclamations, sont réputées non écrites ; qu’en se fondant sur la circonstance qu’il n’existait dans l’acte de vente signé entre les parties aucune stipulation qui énonçait qu’elles avaient convenu de déroger aux dispositions du code rural, mais qu’au contraire il était expressément stipulé que « l’acheteur convient avoir été informé et accepter que la présente vente soit soumise à l’ensemble des dispositions du Code Rural » (jugement, p. 2), pour écarter la demande indemnitaire de Madame X…, quand cet acte écartait indirectement les droits reconnus par les dispositions d’ordre public relatives à la garantie légale de conformité, le juge de proximité a violé les articles L 213-1 du code rural et de la pêche maritime et L 211-17 du code de la consommation.

C’est on ne peut plus clair! Et cela démontre bien que le droit n’existe pas de manière abstraite, mais qu’il se fonde sur des valeurs bien précises. L’exploitation animale et le droit à la propriété sont ici les bases de cette « jurisprudence » qui ne fait que moderniser la terrible situation des animaux.

L’origine de la fourrure comme « mode »

Voici – « enfin! » pourrait-on dire – une explication solide du processus qui a fait que la fourrure est devenue à la mode.

Le processus est ici décrit de manière minutieuse par Honoré de Balzac, dans son roman historique « Sur Catherine de Médicis ».

L’écrivain raconte comment les riches commerçants se sont appropriés les symboles sociaux de la plus haute noblesse. Avec le développement du capitalisme, l’objet s’est relativement « démocratisé »… Avec, en arrière-plan, toujours cette dimension « chic ».

Aux quinzième et seizième siècles, le commerce de la pelleterie formait une des plus florissantes industries.

La difficulté de se procurer les fourrures, qui tirées du Nord exigeaient de longs et périlleux voyages, donnait un prix excessif aux produits de la pelleterie.

Alors comme à présent, le prix excessif provoquait la consommation, car la vanité ne connaît pas d’obstacles.

En France et dans les autres royaumes, non-seulement des ordonnances réservaient le port des fourrures à la noblesse, ce qu’atteste le rôle de l’hermine dans les vieux blasons, mais encore certaines fourrures rares, comme le vair, qui sans aucun doute était la zibeline impériale, ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs revêtus de certaines charges.

On distinguait le grand et le menu vair. Ce mot, depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre.

Dernièrement, un de nos poètes les plus distingués, était obligé de rétablir la véritable orthographe de ce mot pour l’instruction de ses confrères les feuilletonnistes en rendant compte de la Cenerentola, où la pantoufle symbolique est remplacée par un anneau qui signifie peu de chose.

Naturellement, les ordonnances sur le port de la fourrure étaient perpétuellement enfreintes au grand plaisir des pelletiers. Le haut prix des étoffes et celui des pelleteries faisaient alors d’un vêtement une de ces choses durables, appropriées aux meubles, aux armures, aux détails de la forte vie du quinzième siècle.

Une femme noble, un seigneur, tout homme riche, comme tout bourgeois, possédaient au plus deux vêtements par saison, lesquels duraient leur vie et au delà.

Ces habits se léguaient aux enfants. Aussi, la clause relative aux armes et aux vêtements dans les contrats de mariage, aujourd’hui presque inutile à cause du peu de valeur des garde-robes incessamment renouvelées, était-elle dans ce temps d’un immense intérêt. Le haut prix avait amené la solidité.

La toilette d’une femme constituait un capital énorme, compté dans la maison, serré dans ces immenses bahuts qui menacent les plafonds de nos appartements modernes. La parure d’une femme de 1840 eût été le déshabillé d’une grande dame de 1540.

Aujourd’hui, la découverte de l’Amérique, la facilité des transports, la ruine des distinctions sociales qui a préparé la ruine des distinctions apparentes, tout a réduit la pelleterie où elle en est, à presque rien. L’objet qu’un pelletier vend aujourd’hui, comme autrefois, vingt livres, a suivi l’abaissement de l’argent ; autrefois, la livre valait plus de vingt francs d’aujourd’hui.

Aujourd’hui la petite bourgeoise, la courtisane qui bordent de martre leurs pèlerines, ignorent qu’en 1440 un sergent de ville malveillant les eût incontinent arrêtées et menées par devant le juge du Châtelet.

Les Anglaises, si folles de l’hermine, ne savent pas que jadis les reines, les duchesses et les chanceliers de France pouvaient seuls porter cette royale fourrure. Il existe aujourd’hui plusieurs maisons anoblies, dont le nom véritable est Pelletier ou Lepelletier, et dont évidemment l’origine est due à quelque riche comptoir de pelleteries, car la plupart des noms bourgeois ont commencé par être des surnoms.

L’industrie agroalimentaire trouve dans l’industrie de l’alimentation animale un débouché inespéré…

Continuons sur la question de la généralisation de l’exploitation animale, notamment à travers la question des « déchets » des fermes-usines et celle de la nourriture pour les animaux domestiques dont nous parlions hier.

Rappelons brièvement la question de l’alimentation des animaux adoptés : si le véganisme est une valeur devant être universelle, est-il juste d’obliger un animal adopté à suivre un régime végétalien ? Et surtout, avant même de pouvoir poser la question, est-ce possible ?

Car l’exploitation animale dénature tout, de manière forcenée…

Voici un extrait à ce sujet du livre « Un vétérinaire en colère », qui est un « essai sur la condition animale » d’une personne absolument non végane, mais constatant des simples vérités à travers son métier.

L’industrie agroalimentaire qui produit des denrées destinées à la consommation humaine trouve dans l’industrie de l’alimentation animale un débouché inespéré pour ses restes. C’est un peu normal, alors que la nourriture de qualité se fait rare même pour les humains. Après tout, les chiens, des éboueurs, des détritivores, des coprophages et des nécrophages par nature, consomment volontiers des cadavres, des détritus et des excréments.

Dans certains pays du tiers-monde où les conditions sanitaires laissent à désirer, les chiens mangent ce qu’ils peuvent pour survivre… Par ailleurs, la plupart des chiens abandonnés qui retournent à l’état sauvage survivent en mangeant ce qu’ils trouvent dans les dépotoirs municipaux. En sachant cela, il est beaucoup plus facile de lire les pages qui suivent.

Les équarrisseurs recueillent dans les fermes, les abattoirs, les fourrières, les zoos, les restaurants, les grandes surfaces, chez les vétérinaires, au bord des routes, etc. tous les sous-produits de l’industrie agricole et les animaux morts, peu importe ce qui a causé la mort. Tout ce qui est impropre à la consommation humaine est recyclé par les équarrisseurs pour être resservi aux bêtes ou transformé en engrais agricoles.

Or, indirectement, ces sous-produits reviennent dans notre assiette, car nous mangeons non seulement la viande des animaux nourris de ces déchets, mais aussi des légumes, des céréales et des fruits (même biologiques) fertilisés avec des engrais d’origine animale (poudre d’os, farine de sang, de viande, de poisson, etc.).

En outre, une grande variété de sous-produits des animaux de boucherie servent à fabriquer une multitude de produits de consommation.

Il est exceptionnel de trouver un aliment destiné à la consommation humaine qui ne soit pas fabriqué, sous une forme ou une autre, avec des produits qui viennent d’animaux nourris de farines protéinées composées des déchets de l’industrie agroalimentaire. La chaîne alimentaire tout entière peut être contaminée par les toxines, les produits chimiques tels que les pesticides, les insecticides et les fongicides, et par les microbes que ces déchets peuvent contenir.

Non seulement le lait, les oeufs et le beurre, mais encore le saindoux et la gélatine qui sert à fabriquer les bonbons des enfants, les guimauves, les biscuits, les sirops peuvent être contaminés. Même les cosmétiques (le rouge à lèvres, par exemple), le tabac (les toxines contenues dans les engrais fabriqués à partir des sous-produits animaux peuvent être absorbées par les plantes), les aliments biologiques (engrais de sou-produit animal) peuvent être contaminés.

Dans le domaine médical, de tels sous-produits entrent, directement ou indirectement, dans la fabrication de nombreux vaccins, du catgut des chirurgiens, des hormones de croissance, de l’insuline, des gonadotrophines, etc. Les études sur les greffes d’organes de cochons (xénogreffes) modifiés génétiquement pour réduire les risques de rejet laissent entrevoir la possibilité imminente de remplacer les organes défectueux des humains, mais également le danger de contamination. À long terme, la boucle se ferme par la contamination de la terre et de l’eau potable.

Non seulement les abats, les pattes, les articulations, le contenu intestinal, le poil, les plumes, les têtes, les glandes mammaires, les foetus riches en ostrogènes, les nageoires, les arêtes et les viscères de poissons sont recyclés, mais aussi les viandes et les poissons avariés et pourris et toutes les autres denrées comestibles dont la date de péremption est dépassée (y compris leur emballage en plastique), les graisses rances et détériorées des restaurants, les parties cancéreuses, les abcès découpés et les quartiers de viande rejetés par les inspecteurs des abattoirs, les animaux morts pendant le transport et les autres trop faibles pour atteindre l’abattoir, les cadavres d’animaux de ferme morts à la suite d’une maladie, d’un empoisonnement, d’un accident, les animaux sauvages et domestiques écrasés par les voitures, et même les corps en putréfaction.

Selon Deborah Lynn Dadd, auteure du livre The Non-toxic Home of Office, aux États-Unis, 116 000 mammifères et 15 millions de volailles sont condamnés avant l’abattage. Après l’abattage, 325 000 carcasses et plus de 5,5 millions de parties malades sont refusées pour la consommation humaine. 140 000 tonnes de volailles sont retirées de la chaîne alimentaire pour cancer. Tous les animaux impropres à la consommation humaine sont utilisés dans la fabrication des aliments pour bêtes. (…)

Certaines marques annoncent «nutrition complète et équilibrée à 100 %», alors que personne ne connaît les besoins alimentaires exacts des animaux, non plus d’ailleurs que ceux des êtres humains. À l’heure actuelle, même après un siècle de recherches intensives portant sur les espèces les plus connues, les poules et les rats, on n’a pas encore réussi à déterminer complètement leurs besoins alimentaires.

Il existe des données sur la croissance, mais aucune sur la longévité et la santé optimale des animaux de compagnie . On trouve peu de données concernant les animaux exotiques. Par ailleurs, chaque individu, selon son patrimoine génétique, sa race, son activité et son interaction avec l’environnement, a des besoins individuels bien précis qu’aucun régime alimentaire ne peut combler.

Ces besoins ne peuvent être évalués qu’approximativement. Même les fabricants des marques de commerce les plus réputées ne les connaissent pas très bien. Il y a quelques années, ils ont dû rappeler tous leurs produits pour chats à cause d’une carence en taurine (acide aminé) qui se manifestait par des problèmes cardiaques et oculaires très graves.

Cet acide aminé se trouve principalement dans la viande de qualité et, malheureusement, les sous-produits de catégorie inférieure que les fabricants utilisent en contiennent très peu. Du reste, la cuisson et la transformation industrielle détruisent le peu de taurine qu’ils renferment. Le besoin d’en ajouter est en soi une indication de la mauvaise qualité des ingrédients de base.

Il y a en outre des interactions entre les aliments frais que les aliments industriels archi-transformés par la cuisson à haute température sont incapables de reproduire. Cette cuisson, comme l’a montré Pottenger, détruit les principes nutritifs des aliments. Les minéraux, par exemple, se trouvent dans les aliments frais sous forme organique et non sous forme inerte, comme c’est le cas dans la nourriture pour animaux.

Les fabricants de nourriture haut de gamme soumettent leurs produits à des tests de qualité (selon les méthodes de l’AFFCO) en les servant à quelques animaux (souvent des beagles) pendant une période variable pouvant aller jusqu’à six mois. Ces tests ne permettent de déceler que les insuffisances les plus grossières de la diète, les conséquences des autres, plus subtiles, pouvant parfois mettre des années avant de se manifester.

Tous ceux qui travaillent avec les animaux exotiques, comme les oiseaux, par exemple, ou avec les animaux de ferme, comme les vaches laitières ou les truies nourricières, savent très bien qu’il faut un an, sinon deux, avant que des maladies par carence apparaissent, notamment des infections chroniques, des problèmes de plumage, des problèmes de reproduction et de performance, ou encore un manque de vigueur généralisé parfois difficile à associer à une alimentation mal équilibrée. Les animaux de boucherie n’ont pas le temps de développer des maladies de carence, car nous les mangeons bien avant.

Chiens, chats et croquettes comme terrain pour l’exploitation animale

Le journal Le Monde, à l’occasion du salon de l’agriculture qui se terminait hier, a publié un article intitulé « Le marché en or des croquettes pour animaux ».

En voici un extrait, concernant la situation économique, car si l’article commence par parler du marketing lors du salon de l’agriculture, avec les campagnes ciblant les « maîtres », on a ensuite un véritable panorama de la situation du « pet food ».

La question de savoir si nos amis chiens et chats peuvent et doivent avoir une alimentation végatalienne est un débat compliqué. Cependant, ce qu’il faut prendre en compte dans tous les cas, c’est qu’on a ici un élargissement de l’exploitation animale, encore une fois…

Partout, à tout le monde, l’exploitation animale tente de généraliser la « viande »…

Larges gammes de produits de plus en plus segmentés, circuits de distribution spécialisés comme les animaleries ou les vétérinaires, gages de prix très rémunérateurs, la machine du pet food tourne à plein. Selon la société d’études Euromonitor, le marché mondial de la nourriture pour animaux de compagnie a pesé 74,5 milliards de dollars (54 milliards d’euros) en 2013. Elle estime qu’il devrait continuer à progresser, au rythme de plus de 6 % par an, et dépasser les 100 milliards de dollars dans cinq ans.

Il est vrai que, quand le consommateur se serre la ceinture et choisit parfois de rogner sur son budget alimentaire, il rechigne à faire de même pour son animal favori. Les ventes de pet food sont donc moins sensibles aux aléas économiques. Pour le grand bonheur des fabricants. Autre intérêt pour eux : les maîtres sont à l’écoute de tout ce qui peut, selon eux, apporter plaisir et bien-être à leur chat ou à leur chien.

Pas étonnant alors que cette mine d’or aiguise les appétits. Deux grands groupes se taillent la part du lion. Selon Euromonitor, l’américain Mars, connu pour ses marques Pedigree, Whiskas, Royal Canin ou Sheba, dépassait d’une courte tête son grand rival, Nestlé, en 2012, avec des parts de marché mondial respectives de 23,4 % et 23,1 %. La troisième marche du podium est occupée par un autre américain, Colgate-Palmolive et sa marque Hill’s Science Diet, très largement distancé par les deux poids lourds, puisqu’il ne revendique que 5,3 % de part de marché. Vient ensuite le leader des biens de consommation, l’américain Procter & Gamble (4,7 %). Une bataille de géants.

Pour le leader mondial de l’agroalimentaire, Nestlé, les marques Friskies et Purina figurent en bonne place aux côtés de ses labels fétiches comme Nespresso, Nescafé ou Maggi. Les ventes de croquettes ou de pâtées ont été le plus fort moteur du groupe en 2013, avec une hausse de 6,8 %, pour atteindre 11,2 milliards de francs suisses (9,2 milliards d’euros). Quant à la marge, même si elle a souffert d’un retrait aux Etats-Unis d’un produit de snacking de viande soupçonné de contenir des résidus d’antibiotiques, elle affiche la deuxième meilleure performance, à 19,2 %. (…)

Le marché français du pet food poursuit sa croissance. Selon Euromonitor, il pesait 4,1 milliards d’euros en 2013, avec une croissance moyenne annuelle de 2,7 % sur cinq ans. En cause, l’augmentation régulière du budget que le maître accorde à son animal, même si sa taille ne cesse de rétrécir. « Il est passé en cinq ans de 125 à 145 euros par an », affirme Mme Cohen-Welgryn.

Les marques montent en gamme avec des produits dont le prix au kilo ne cesse d’augmenter. Ainsi, bâtonnets ou biscuits de snacking, un segment en plein développement, coûtent plus de 5 euros le kilo, contre une moyenne de 1,5 euro le kilo.

Mais les industriels sont confrontés à quelques défis majeurs. La baisse des ventes de pâtées au profit des croquettes déstabilise certains acteurs. De même que la pression sur les prix des grandes enseignes sur les fabricants qui produisent pour les marques de distributeurs (MDD). Sachant qu’elles ne pèsent que 27 % du marché. Les difficultés de Continentale Nutrition, spécialiste de la MDD en redressement judiciaire depuis mai 2013, le prouvent. Les 360 salariés de l’usine de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), qui fabrique de la nourriture « humide », des pâtées donc, sont tout particulièrement inquiets pour leur avenir.

La vache comme « placement juteux »

Voici un article du Figaro qui reflète parfaitement le fond de la tendance actuelle. L’exploitation animale à grande échelle se maintient et n’a que faire des critiques du type réformiste. Par contre, le petit capitalisme en pleine expansion en profite largement, au nom du « localisme », de l’industrie à petite échelle, etc.

Voici donc une démarche de plus à dénoncer et combattre: la conception de la vache comme investissement personnel… comme placement, comme… action!

Investir dans une vache est devenu un placement juteux

Placer son argent dans un cheptel rapporte. Avec une vache qui coûte 1630 euros et un rendement moyen de 4 à 5%, l’investisseur peut doubler son cheptel en 20 ans.

Avec un rendement moyen de 4 à 5% par an, l’investissement dans un cheptel est plus rentable que le livret A à 1,25%. Le principe que propose l’Association Française d’Investissement en Cheptel (AFIC) est simple.

Un particulier choisit d’acheter une ou plusieurs vaches laitières. L’AFIC, qui regroupe les investisseurs, confie les dossiers à un intermédiaire: la société Élevage et Patrimoine, en charge de la régie financière des dossiers.

Cette dernière loue les cheptels à des éleveurs, qui sont en charge d’assurer les soins et l’entretien du troupeau.

Elle compte 18.000 têtes de bétail en location, 30.000 au total avec les génisses, partagées entre 1000 propriétaires et 800 éleveurs. La France comptait 3678 milliers de têtes de bétail en 2011, selon France Agrimer. La société Gestel gère quant à elle la régie technique.

Pour l’investisseur, c’est un moyen de diversifier ses revenus, explique Pierre Marguerit, président de la société Élevage et Patrimoine. Jean-Claude Janes a commencé à investir dans un cheptel en 1982, par l’achat de quelques vaches.

«J’habitais en province, je suis tombé sur une page de publicité qui vantait ce système», explique-t-il. «Au début, on fait ça pour avoir un complément de ressources à la retraite.

Puis, peu à peu, on se dit qu’on pourrait le léguer. Je suis très heureux de cet investissement», ajoute-t-il.
Un placement peu risqué

Pierre Marguerit et Jean-Claude Janes se rejoignent sur un point: c’est un placement peu volatil. Une vache coûte 1630 euros.

«Il n’y a pas de risque. Les vaches laitières sont des produits alimentaires de base.On aura toujours besoin de lait, ou de viande», précise Jean-Claude Janes.

De plus, l’éleveur a l’obligation de prendre une assurance en cas de perte d’une vache. Pour la payer, il utilise la vente des mâles du cheptel.

Si l’animal meurt, l’assurance la remplace. Le système étant mutualisé, les investisseurs ne voient pas leurs vaches: «Vos vaches sont des actions, on ne sait pas où elles sont.»

Deux options s’offrent chaque année à l’investisseur. L’option «produit annuel» consiste à mettre en vente chaque année les bêtes devenues adultes.

L’option «croissance du troupeau» correspond elle à conserver les génisses supplémentaires. De cette manière, l’investissement ajoute des bêtes à son cheptel. Concrètement, avec un achat de départ de 10 bêtes, le cheptel aura doublé en 21 ans. L’éleveur peut toutefois choisir de passer à la première option dès qu’il le souhaite.

Du côté éleveur, ce système permet d’accroître rapidement son cheptel à moindre coût. Ses investissements sont réduits car il ne finance pas l’achat de bêtes. Il garde également le lait et les mâles.

La descendance femelle est partagée entre l’éleveur et l’investisseur. Enfin, selon Pierre Marguerit, il y gagnerait aussi sur le plan fiscal.

Les logos « viandes de France »

Les « viandes » de France ont donc désormais leur logo, afin de mobiliser les « consommateurs » dans le sens d’une consommation nationaliste, de les rassurer sur la nature de leur « produit ». Cela vaut le coup de jeter un oeil précis sur les logos, pour tenter de voir quelle est la démarche entreprise par l’exploitation animale.

Produire un logo, pour une entreprise, coûte une fortune. Rien n’est laissé au hasard, vue l’importance du marché. Une toute petite entreprise paiera un logo à peu près 1000 euros, une PME autour de 3000, une plus grande paiera encore plus et un organisme comme une région paiera 70 000 euros environ.

Si on ne connaît pas le prix de ces logos, on peut largement penser qu’on est dans cet ordre là, parce qu’on est plus seulement dans les logos, mais dans un « code de marques », les logos étant tous réalisés dans le même esprit.

Le fait de rassurer est, comme le dit le slogan, au centre des préoccupations. Dans l’hexagone, on a les couleurs nationales, et on a à chaque fois une tête d’animal à la forme très arrondie.

Si l’on regarde le veau, la vache et le mouton, on peut voir que leurs traits sont extrêmement proches, très arrondis. A cela s’ajoute que la partie haute du corps est la même, s’appuyant le bleu du drapeau français.

Ce n’est pas tout: on peut voir que la tête semble relativement grosse par rapport au corps. C’est là une tactique afin de faire « mignon »,  de faire tête de bébé, afin de rassurer.



Il y a cependant trois exceptions, où le logo est totalement différent, et c’est très significatif. Il y a d’abord le cochon. Là, c’est cash, on a le « porc français », dans une sorte d’image se voulant sympa et proche du consommateur.

La raison est la suivante: en terme de prix, ce n’est pas le même marché qui est visé. On est ici dans la consommation la plus large possible, donc il faut un côté qui se veut « accessible », il faut être « proche du client ».

Un logo différent du côté arrondi est enfin celui désignant les poulets. Ici l’écueil était simple: il ne fallait tout de même pas mettre un coq « gaulois » sur une hexagone aux couleurs nationales… Cela risquerait de faire bizarre au client de manger son propre symbole, cela ressemblerait trop au logo de l’équipe nationale de football, etc.

Pour le lapin, il n’y a aucun animal de montré. Pourquoi cela, mystère! A moins que le lapin étant trop familier aux yeux des gens, il fallait éviter au maximum de le représenter et d’en faire un symbole sympa, qui pourrait être récupéré par des gens s’opposant à l’exploitation animale…

En tout cas, ces logos montrent une chose: l’exploitation animale sait mettre les formes quand il le faut… et mobiliser en sa faveur, de la manière la plus populiste nécessaire, si besoin est! Rien n’arrête leur soif de profit…

« Viande : opération séduction »

Voici un article du Journal du Dimanche, sur un sujet très important: le nouveau logo dit « Viandes de France » et ce qui va avec.

En l’absence en effet d’offensive ouverte pour la libération animale, l’exploitation animale profite de tous les efforts de réforme afin de se moderniser, d’encore plus apparaître comme incontournable, rationnel, etc. Les critiques des incohérences juridiques, du non-respect des applications, sont retournées en leur contraire, en base pour moderniser, pour impulser de nouvelles formes…

Comme ici, avec l’exploitation animale en mode local et nationaliste.

Viande : opération séduction

Éleveurs, commerçants, consommateurs et ministres dévoilent leurs recettes pour en finir avec les scandales.

Une carte de France stylisée en quelques coups de plume. Le mufle d’un bovin, la tête d’un cheval, la silhouette d’une poule dessinés sous une bannière tricolore…

Le logo Viandes de France présenté aujourd’hui au Salon de l’agriculture à Paris est plus qu’un cocorico. Pour la première fois, sept filières d’éleveurs garantissent aux consommateurs que l’animal est né, a été élevé, et abattu dans l’Hexagone.

La signature est déjà visible dans quelques boucheries comme en grande distribution (Intermarché, Carrefour…). Le cahier des charges respecte la législation française concernant les normes sanitaires, le respect des droits sociaux et de l’environnement.

Cette opération séduction est née après le scandale Spanghero. Il y a un an, les pouvoirs publics ont révélé que la PME revendait de la viande de cheval en la faisant passer pour du bœuf. Si la tromperie n’a pas été meurtrière, elle a ébranlé une fois de plus la confiance du consommateur.

Toute fraude menace l’avenir d’un secteur économique de poids avec un cheptel de 19 millions de têtes. Les 210.000 exploitations agricoles souffrent de la baisse de la consommation (– 2,1% pour le bœuf en 2013).

Et l’avenir s’annonce sombre. Les éleveurs redoutent la concurrence des produits carnés importés à bas prix du Canada et des États-Unis. « L’Union européenne risque de céder aux exigences nord-américaines dans le cadre du nouvel accord sur le libre-échange.

Ces viandes seraient certes bon marché, mais hormonées », s’inquiète Christian Drouin, de la Confédération paysanne, qui craint des dérapages sanitaires.

Pourtant, des solutions existent. Les éleveurs ouvrent leurs portes aux consommateurs. Ils signent des contrats à long terme avec la grande distribution. De son côté, l’État renforce les contrôles sanitaires.

L’éleveur vend en direct

Une fois par mois, Christian Drouin, installé aux Essarts (Vendée), montre son troupeau de blondes d’Aquitaine à ses clients. Et leur vend des colis composés de tournedos, de rôtis ou d’entrecôtes : « J’explique qu’il vaut mieux acheter des aliments simples. La fraude est plus difficile sur une escalope, que sur des lasagnes. »

Et ça marche. Le dernier sondage Crédit agricole-Ipsos confirme la tendance : 83 % des Français pensent que la vente directe (rendez-vous à la ferme, marché forain, Internet…) a de l’avenir, 74% sont prêts à se déplacer pour acheter de la qualité.

Les hypers s’engagent à long terme

La vente à la ferme inquiète- t-elle les géants du commerce? Cette semaine, Système U et Intermarché ont signé des contrats de 3 ou 5 ans avec les producteurs. Ils leur garantissent un carnet de commandes.

En échange, l’éleveur, plus serein, s’engage à améliorer la nutrition et l’hygiène de l’animal. L’accord entre Système U et la coopérative Terrena prévoit que « les porcs mangent du lin et du colza riches en oméga 3 ». Il comporte aussi un défi technique : donner moins d’antibiotiques en cas de maladie.

L’État renforce les contrôles

Le rapport 2014 de la Cour des comptes est sans appel. Mi-février, les juges ont dénoncé « des contrôles peu nombreux sur les produits alimentaires », et « des non-conformités rarement sanctionnées ». En dix ans, la Répression des fraudes a perdu 15% de ses effectifs.

Ses syndicats regrettent que le service soit désorganisé depuis 2008. Des accusations qui font bondir Benoît Hamon, ministre délégué en charge de la Consommation : « Dès mon arrivée à Bercy, j’ai mis fin à la saignée des effectifs. Pour 2014, il y aura des créations de postes. » Sa loi sur la consommation a également renforcé les sanctions financières et pénales à l’égard des fraudeurs.

Reste un autre dossier à haut risque. La France réclame depuis plusieurs mois à Bruxelles que la provenance des viandes soit indiquée sur les plats cuisinés. Or, il faudra encore du temps pour convaincre l’Europe. Et inquiéter les tricheurs.

Interview de François Hollande par les industriels de l’exploitation animale

Hier, nous parlions du droit, et nous remarquions qu’il n’y a pas d’effet « Oscar ». Voyons maintenant ce qu’il en est de l’économie de l’exploitation animale.

Là encore, nous n’avons aucune illusion, mais la pétition en faveur de la modification du statut des animaux, lancée par 30 millions d’amis, avait fait grand bruit dans les médias (voir « Manifeste » sur le statut juridique des animaux en France).

De notre côté, nous avions remarqué les aides massives à l’industrie de l’exploitation animale, cela forçait au réalisme (voir Sommet de l’élevage : un milliard d’euros par an en soutien aux éleveurs).

Et de ce fait, on peut constater qu’hier, soit la veille de l’ouverture du salon de l’agriculture, le site « France agricole » a publié une interview du président François Hollande. Bien entendu, celui-ci se positionne totalement au service de l’exploitation animale….

Voici par exemple une question – réponse, celle en tout dernier.

Vous n’envisagez donc pas d’abandonner la consommation de viande ?

Je mange de la viande régulièrement et avec plaisir ! Beaucoup de Français voudraient sans doute pouvoir en manger davantage. Il faut savoir expliquer aux enfants l’origine de ce que nous mangeons. C’est notre devoir de parents et d’éducateurs.

C’est lamentable, mais en définitif simplement « politique », car ce qui compte ce n’est pas François Hollande, mais une tendance historique, qui concerne l’industrie de l’exploitation animale des prochaines années, que personne ne veut remettre en cause.

Voici par exemple une réponse du président, qui synthétise la stratégie d’élargissement mondial de l’exploitation animale.

Rappelons ici que de notre côté à LTD, nous ne pensons pas du tout que les choses s’améliorent et que la protection animale se développe, mais qu’au contraire il y a l’expansion mondiale de l’exploitation animale.  La production mondiale de « viande » va par exemple doubler d’ici 2050…

Cette tendance est très clairement visible dans la manière dont est ici expliqué la ligne de l’industrie de l’exploitation animale française :

« J’ai agi pour que le marché de la charcuterie chinois soit désormais ouvert aux entreprises françaises, il s’agit d’une avancée majeure. Je suis également attentif à la procédure chinoise sur les vins européens qui nous concerne directement. Le potentiel est gigantesque.

La Chine doit nourrir une population de plusieurs centaines de millions de consommateurs dont les exigences en termes de diversité et de qualité se rapprochent de plus en plus des nôtres.

Ensuite, il y a la question des investissements chinois que l’on doit regarder avec attention mais aussi intérêt. Si j’ observe ce qui s’est fait pour le lait, c’est une bonne nouvelle pour la Bretagne de savoir que cette entreprise chinoise créera d’ici à deux ans, 300 emplois, en alliance avec un grand groupe coopératif français. L’essentiel de la production sera destiné au marché chinois.

Permettez-moi de citer un autre pays : l’Arabie Saoudite. Grâce aux bons rapports que nous entretenons avec elle, nous avons favorisé l’apport de capitaux à la reprise de Doux avec des conséquences favorables pour l’emploi. De plus en plus de marchés s’ouvrent à nos producteurs. Je pense à la Turquie pour la filière bovine. »

Ce qui est dit ici est on ne peut plus clair. Le modèle « à la française », bref celui des pays « industrialisés » en général, doit se généraliser. Cela signifie encore plus de viande, encore plus de lait… Encore plus d’exploitation animale.

Nous avons déjà parlé de l’intensification de cette exploitation. A ce titre, l’exploitation des cochons va même être facilitée…
François Hollande résume cela ainsi :

« le ministre de l’Agriculture a décidé, avec son collègue de l’Environnement, d’introduire un régime plus simple pour accélérer les décisions de modernisation de certaines d’exploitations.

Il a commencé par le plus difficile : l’élevage porcin où les projets d’investissement vont relever d’une procédure d’enregistrement et non plus d’un mécanisme d’autorisation. »

Dans un même ordre d’idées, lorsqu’on l’interroge sur le « projet des 1.000 vaches », en Picardie, qui est un élevage de vaches géant, avec un méthaniseur de puissance industrielle, François Hollande refuse bien entendu d’opposer petite exploitation et grande exploitation.

Ici il se positionne entre le petit et le grand capitalisme, ce qui montre bien que de toutes façons le petit capitalisme n’est pas substantiellement différent du grand. On notera que dans la réponse, il en profite pour faire l’apologie de la « production animale »…

« Jusqu’à récemment quand j’entendais « mille vaches » je pensais à un plateau de mille vaches dans le Limousin, une région magnifique et dont la production animale fait la fierté. Ce dont vous parlez n’a rien à voir. Il s’agit d’une usine. Non pas que nous n’ayons pas besoin de structures économiques importantes. Mais à ce niveau-là se posent nécessairement des problèmes pour l’environnement et pour le voisinage.

Des décisions ont d’ailleurs été prises par l’autorité préfectorale pour faire respecter le droit. Dans le même temps, je me refuse à opposer les agricultures entre elles car notre modèle repose sur leur diversité et la complémentarité. »

Enfin, pour finir, le président de la république aborde la question du statut juridique des animaux.

Et là, aussi odieuse soit sa réponse, elle a le mérite du réalisme. Les animaux sont, à ses yeux, en quelque sorte « fabriqués » pour être tués. Alors pourquoi toucher à cette question ? L’animal n’est qu’une « marchandise » comme il l’explique ouvertement, et quel capitaliste a intérêt à abîmer sa marchandise ?

« Notre pays a le don d’ouvrir des débats pour nous opposer fébrilement… et je ne parle pas que des animaux ! Nous sommes en fait unis sur un certain nombre de principes et de valeurs.

En France, nous aimons les animaux. Et les premiers qui les aiment ce sont ceux les éleveurs qui les soignent. Un agriculteur qui maltraiterait son cheptel détruirait son propre patrimoine.

A juste raison beaucoup d’efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu’il soit nécessaire de le traduire par une loi. Dans le code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible.

Pourquoi ajouter d’autres considérations ? Car, pour appeler les choses par leur nom, l’élevage aboutit à un moment à ce que l’animal soit abattu. Aussi, nous devons veiller à faire respecter des conditions qui ne le fassent pas souffrir. »

Tout cela est la preuve que, à moins de tout changer, rien ne changera…

De nouveau sur l’exploitation extrême des animaux

Voici un nouvel article sur la récupération d’animaux morts par l’industrie (voir « Sous-produits » et « co-produits » de la « viande »).

L’article est tiré du Figaro, et plus précisément de sa section « économie>conjoncture »…

La seconde vie économique des animaux morts

Recyclés en aliments du bétail jusqu’à la crise de la vache folle en 1996, ou utilisés comme combustible dans les cimenteries, les animaux trouvés morts dans les fermes (ATM) ont longtemps été considérés comme un sous-produit dont il fallait se débarrasser à tout prix.

Mais ils viennent depuis peu de trouver un nouveau débouché industriel: leurs graisses sont en effet valorisées comme biocarburant pour les véhicules à moteur Diesel.

Le tout, comme l’explique Jacques Surles, ex-dirigeant d’Akiolis, une société française d’équarrissage, «grâce à une nouvelle disposition fiscale qui permet de doubler le taux d’incorporation de biocarburants non issus d’huile végétale dans le gazole».

Depuis la privatisation de cette activité en 2009, «quatre acteurs principaux se répartissent la collecte des ATM», indique Yves Bergé, directeur général d’Interbev, l’Association nationale du bétail et des viandes.

Cette dernière évalue le marché à «120 millions d’euros pour 420 000 tonnes collectées annuellement». Deux sociétés, Saria et Atemax (groupe Akiolis), en détiennent, à elles seules, 80 % tandis que Monnard et Sopa, deux ­sociétés plus modestes, se répartissent les 20 % restants.

«Aujourd’hui après un raffinage, destiné à ôter les impuretés, on incorpore ces graisses animales dans du biodiesel d’origine végétale. C’est un très bon complément énergétique», souligne Michel Boucly, directeur général adjoint de Sofiproteol, leader français du biodiesel issu d’huile de colza dont il détient 85 % du marché.

L’entreprise présidée par Xavier Beulin, également président de la FNSEA, s’est rapprochée d’Atemax pour construire une nouvelle unité de production à Compiègne (Oise) d’une capacité de 70 000 tonnes, qui sera opérationnelle fin 2014.

Cette nouvelle activité en plein essor se heurte toutefois à la baisse de la consommation de viande en France et, donc, à la diminution du nombre de cadavres.

Du coup, la compétition fait rage entre les industriels qui utilisent traditionnellement les ATM comme combus­tible et ceux qui veulent les transformer en biocarburants.

Dans ce contexte très porteur pour elles, les sociétés d’équarrissage sont donc doublement gagnantes.

Non seulement les éleveurs s’acquittent d’un forfait annuel (entre 200 et 250 euros en moyenne) pour qu’elles viennent chercher leurs ATM, mais elles touchent également le produit de la vente des carcasses.

Les agriculteurs ne sont pas en reste. «Nous avons baissé de 10 à 20 % nos tarifs d’enlèvement», résume Jacques Surles qui a participé aux négociations.

Et, depuis le 1er octobre, le tarif est le même quelle que soit la position géographique des éleveurs, via un sys­tème de péréquation, afin de ne pas pénaliser ceux qui sont les plus isolés.

Enfin, la valorisation des graisses animales a relancé celle des autres rebuts.

«Les cuirs, notamment ceux des veaux de huit mois, sont très recherchés par les grands maroquiniers», constate Yves Berger. Pour preuve, ils valent désormais plus cher qu’un kilo de viande!

La situation de l’exploitation animale des oeufs bios

Puisque nous en sommes beaucoup à parler de l’économie de l’exploitation animale, jetons un oeil sur les oeufs bios.

Depuis plusieurs mois, en effet, les personnes végétariennes ont pris d’assaut la question animale, au nom du réformisme soi-disant réaliste, et l’un de leurs grands thèmes consiste en les œufs bios. L’association L214 est à la pointe de ces campagnes qui, par définition, s’opposent à la libération animale.

Jetons un oeil sur les faits, et rien que les faits, qui contredisent absolument que les oeufs bios seraient une forme de « transition ».

Voyons déjà quelle est l’évolution de la production d’oeufs dans le monde. Celle-ci est-elle stable, voire en train de régresser? Pas du tout: l’exploitation animale amenant des bénéfices élevés, il y a bien sûr une hausse continue et mondiale.

 

 

Précisons ici à quoi cela ressemble pour l’Union européenne. Il y a oscillation de la production – il y a « surproduction » récemment (voir La grande crise des œufs) – mais au final cela grimpe toujours.

 

 

Ces simples statistiques montrent déjà que la question des oeufs bios est faussée si l’on pense qu’il y a remplacement de la consommation d’oeufs non bios par les oeufs bios.

La tendance aux oeufs bios vient, en quelque sorte, se surajouter et vise un public particulier capable de payer le prix.

Parlons ici un peu de ce qu’est l’économie capitaliste des œufs bios. La production d’oeufs bios relève en effet du même système industriel que la production non bio ; il ne s’agit pas d’un capitalisme différent.

Constatons par exemple qu’il y a 1,7 million de poules « pondeuses » bios en France (hors élevages familiaux). C’est un chiffre énorme.

Et est-il difficile de deviner ce que deviennent ces poules une fois leur niveau production ayant baissé ? Il serait naïf en effet de penser que l’industrie capitaliste du bio laisse vivre 1,7 million de raisons de se faire de l’argent facilement, ce qui reste leur but unique.

Cela signifie ainsi que faire la promotion des œufs bios, c’est faire indirectement la promotion de l’exploitation animale de la « viande » issu du meurtre des poules.

Ces poules sont, également, « sélectionnées » de manière génétique afin de produire davantage, de faire en sorte par exemple qu’elles « préfèrent » manger des aliments difficiles à digérer, comme les céréales (pour qu’elles grossissent plus vite).

Ces poules « modifiées » génétiquement sont bien « créés » par des grands industriels, de manière particulièrement surveillée et de manière totalement enfermée. Là aussi, rien ne change dans l’organisation économique de la production.

De la même manière, la concentration est forte : près de 40 % de ces poules « pondeuses » sont en Bretagne.

Et bien sûr, tout est fait pour renforcer la productivité. Voici des chiffres pour les oeufs bios:

 

Si l’on regarde d’ailleurs le tableau suivant, on peut voir que les bénéfices sont plus importants dans les oeufs bios que les oeufs dits traditionnels…

 

En volume il y a un certain rapport entre les types d’oeufs, mais en valeur – l’argent – on voit que les chiffres changent.

Voici un tableau montrant ce que signifie les différents types de production, donné par volaillesoeufsbio.com qui est le syndicat de ce secteur économique.

 

 

On l’aura compris, le résultat de cela est qu’il y a toujours plus de poules pondeuses « bios », comme le montrent les chiffres ci-dessous.

 

 

Et qu’en est-il de la prétendue « transition » affirmée par certains? Les chiffres parlent encore une fois d’eux-mêmes. Il y a toujours plus de poules pondeuses, le bio n’étant pas un substitut, mais un complément de l’augmentation de l’exploitation animale…

 

 

Et, il faut le mentionner, les poules pondeuses bios vont malheureusement évidemment de pair avec les « poulets » destinés directement à l’abattoir « bio », dans une évolution parallèle…

 

 

Que dire? L’exploitation animale grandit: c’est un fait. La théorie comme quoi il y a une transition en cours vers le bio – et hypothétiquement vers l’abolition – ne tient pas.

Ce n’est même pas que le réformisme a tort, c’est juste qu’il n’existe tout simplement pas.

La lutte contre l’exploitation animale ne peut donc s’attaquer qu’au système tout entier et ne pas faire de compromis avec le végétarisme, qui est devenu un allié objectif de certains secteurs de l’exploitation animale justement en expansion dans tous les secteurs possibles.

« Sous-produits » et « co-produits » de la « viande »

C’est une information tirée du quotidien Libération, qui est intéressante de par ce qu’on y apprend, mais également de par le ton employé, très froid, très « factuel ».

Ils se disputent la collecte d’animaux morts dans les fermes

Que faire des animaux morts en élevage ? Engrais, combustibles et même biocarburants, les débouchés sont nombreux et les équarrisseurs se disputent un marché devenu désormais juteux, sous l’œil inquiet des éleveurs.

Longtemps les carcasses de bovins, moutons et autres animaux trouvés morts en élevage (ATM) n’ont plus eu de débouchés. La faute à l’ESB, encéphalopathie spongiforme bovine ou vache folle, qui a réduit pendant longtemps les possibilités de recyclage et conduit à l’interdiction progressive des farines animales pour nourrir les animaux.

Pire, les collecteurs devaient payer pour s’en débarrasser, notamment les cimenteries pour qu’elles acceptent de les incinérer, raconte Yves Berger, directeur général de l’Interprofession de la viande et du bétail (Interbev).

Aujourd’hui, la situation a bien changé: les stocks sont vides et la réglementation s’est lentement assouplie, permettant par exemple l’utilisation des protéines animales, riches en azote, dans la fabrication d’engrais.

Et même les cimenteries se mettent maintenant à acheter les farines animales pour leurs propriétés combustibles, poursuit Yves Berger.

«Maintenant, on gagne de l’argent: le kilo de cuir se vend même plus cher que le kilo de viande», selon lui.

Les équarrisseurs disposent en outre d’une nouvelle piste à explorer: les biocarburants. Le numéro un du biodiesel en Europe, Sofiprotéol, s’est ainsi allié à l’équarrisseur Atemax (groupe Akiolis) pour lancer une activité de production de gazole à partir de graisses animales d’ici 2015.

Et l’équarrisseur concurrent Sifdda (groupe Saria) a fait de même avec Intermarché pour créer Estener, dont la première usine a été inaugurée en novembre dernier au Havre.

Ces biocarburants ont d’autant plus de valeur qu’ils devraient compter double dans le taux d’incorporation des carburants, l’Union européenne privilégiant l’usage de matières non destinées à l’alimentation comme ces graisses animales tirées de cadavres qui ne peuvent pas être réintroduites dans la chaîne alimentaire.

120 emplois menacés ?

En moins de 20 ans, le marché est donc passé d’une situation où l’on détruisait les ATM à une situation où ils sont valorisés et vendus. Et les collecteurs (équarrisseurs) qui transforment ces produits sont gagnants deux fois: à la collecte des animaux, puisque les éleveurs paient pour qu’on vienne ramasser leurs bêtes mortes, et à la revente des produits tirés de ces carcasses.

D’où le glissement sémantique: dans la profession on ne parle plus de «sous-produits» de la viande, mais de «co-produits».

Dans ce contexte, les quatre acteurs (Saria, Atemax, Monnard et Sopa) se disputent la collecte dans les fermes.

Depuis que le marché a été privatisé en 2009, ce sont des associations de filières (ATM porc, ATM ruminants…) qui décident de la répartition du marché.

Et ils viennent de décider de l’attribution de la collecte pour la période 2013-2015, en rééquilibrant les parts de marché. Ainsi Saria qui pouvait collecter dans 57 départements (56% du marché), se voit réduire son terrain de collecte à 49% du marché, au profit d’Atemax qui devrait maintenant détenir 45% du marché, contre 38% précédemment.

Mais Saria conteste cette nouvelle répartition commerciale et traîne le groupement des ATM devant le tribunal de grande instance de Paris. Une audience doit avoir lieu lundi, pour une décision attendue en février.

Pour Saria, la perte de neuf départements de collecte représenterait un manque à gagner de 10 millions d’euros (sur un chiffre d’affaires de 60 millions) et entraînerait la fermeture d’une usine dans le Morbihan et de trois centres de collecte en Mayenne, Dordogne et Saône-et-Loire, employant 120 personnes au total, détaille le porte-parole de l’entreprise.

En attendant la décision de justice, Saria continue d’aller collecter les cadavres dans les départements qui lui ont pourtant été retirés.

Les éleveurs, qui payent pour ce service, sont furieux et inquiets car la collecte est avant tout pour eux une nécessité sanitaire, surtout quand il s’agit de maîtriser une épizootie. Et puis, «quand on refuse de baisser les prix, c’est normal qu’on perde un département», s’insurge-t-on dans le groupement des ATM.

On atteint ici un degré extrême d’ignominie, mais également de brutalité. Non seulement des êtres vivants subissent la torture et la mort, mais qui plus on va récupérer la moindre chose possible.

La vie permet l’exploitation animale, et la mort elle-même devient un business!

Notons ici qu’il y a une faille énorme, en raison de l’inexistence d’une culture véritable des animaux décédés en France, même chez les animaux dits « de compagnie ». Il n’y a pratiquement pas d’incinérations possibles, ou alors vraiment très cher, et tout le monde ne dispose pas d’un bout de jardin pour un enterrement qui soit digne.

Ainsi, non seulement les animaux enfermés dans les élevages et les abattoirs ne sont pas visibles vivants, mais leur mort elle-même disparaît. Évidemment, tout cela fait penser à Auschwitz.

C’est une preuve, s’il en fallait une, que l’exploitation animale n’est nullement statique ou en train de reculer, mais bien en train d’avancer!