« Chaque chose s’efforce de persévérer dans son être »

Hier, lorsque nous avons parlé des huîtres, nous avons expliqué que ce n’était pas la « sensibilité » qui devait être l’argument moral principal, non pas parce que la sensibilité n’a pas aucune importance, mais parce que ce serait oublier le cadre naturel.

Car il n’y a pas de sensibilité sans Nature, on le voit bien assez dans les sociétés humaines, qui sont toujours davantage insensibles, justement parce que coupées de la Nature.

Et justement, il serait injuste de ne pas mentionner une notion « philosophique » qui exprime justement cela : le « conatus » de Spinoza.

Spinoza est connu pour parler de Dieu, mais ce Dieu est justement la Nature. Quand il appelle à célébrer Dieu (et non pas la religion), c’est parce qu’en fait il est un mot pour parler de la Nature.

Et à l’intérieur de la Nature, les êtres vivants sont caractérisés par le « conatus », dont la définition est la suivante :

« Chaque chose s’efforce de persévérer dans son être. »

Voilà une définition qui est vraiment très bonne, qui permet d’éviter la question de la simple sensibilité.

Il y aura en effet toujours un esprit plus ou moins tordu pour nier la sensibilité de tel ou tel être, ou pour la relativiser, etc.

Mais personne ne peut nier que les êtres vivants veulent… vivre.

Depuis la mouche jusqu’à l’arbre, depuis l’être humain jusqu’au dauphin, tous les êtres vivants veulent vivre, et cela est bien.

Mais alors, pourra-t-on dire, pourquoi manger des végétaux ? Et certains animaux n’en mangent-ils pas d’autres, après les avoir tué ?

C’est là justement que le véganisme n’est pas la « fin » de l’histoire humaine, mais son début. Car le véganisme devra, immanquablement à l’avenir, s’élargir le plus possible à tous les êtres vivants possibles.

On ne peut pas être une personne écologiste sincère et ne pas espérer que dans un avenir (relativement lointain encore bien sûr) on aura plus besoin de couper les arbres, par exemple.

C’est finalement ce que disent les primitivistes, sauf que les primitivistes veulent que les humains disparaissent de la planète, ou bien plus exactement n’existent plus que comme petits groupes peu nombreux de chasseurs-cueilleurs.

C’est un refus juste de l’anthropocentrisme, mais ce n’est pas humaniste, et il y a une contradiction qui plus est : c’est une idée exprimée par des humains… Ce qui montre bien qu’en fait, le refus de l’anthropocentrisme pourrait être assumé par toutes les personnes humaines.

Alors, il semble parfaitement juste d’être vegan totalement, et de demain se poser la question : n’y aurait-il pas les moyens de se passer des végétaux ?

C’est une utopie absolument complète aujourd’hui, en incohérence complète avec les besoins alimentaires des humains, qui souffrent dans de très nombreuses parties du monde de la malnutrition.

Mais cela fait inévitablement partie d’une réflexion sur l’humanité sur la planète Terre, si on pense sur une période très longue… A condition que l’humanité arrive à trouver son chemin, car pour l’instant l’humanité est partie en guerre contre Gaïa, dans une tentative délirante de la réduire à un gros caillou à exploiter.

Le film « Avatar » n’était pas sérieux, mais cette idée de fond est facile à comprendre : nous sommes à la fois les destructeurs et les extra-terrestres bleus aimant leur planète.

Voilà pourquoi nous appelons à célébrer la Nature, car refuser l’anthropocentrisme c’est aussi célébrer l’humanité dans ce qu’elle est : quelque chose de naturel.

Et cela n’a rien de religieux, comme déjà dit, bien au contraire, il n’y a rien de plus joyeux. Aussi finissons avec une citation de Spinoza, difficile à comprendre, mais qui élargit l’esprit et fournit de riches perspectives intellectuelles !

« Le rire, comme aussi la plaisanterie, est une pure joie et, par suite, pourvu qu’il soit sans excès, il est bon par lui-même .

Seule assurément une farouche et triste superstition interdit de prendre des plaisirs. En quoi, en effet, convient-il mieux d’apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ?

Telle est ma règle, telle ma conviction. Aucune divinité, nul autre qu’un envieux, ne prend plaisir à mon impuissance et à ma peine, nul autre ne tient pour vertu nos larmes, nos sanglots, notre crainte et autres marques d’impuissance intérieure ; au contraire, plus grande est la Joie dont nous sommes affectés, plus grande la perfection à laquelle nous passons, plus il est nécessaire que nous participions de la nature divine.

Il est donc d’un homme sage d’user des choses et d’y prendre plaisir autant qu’on le peut (sans aller jusqu’au dégoût, ce qui n’est plus prendre plaisir).

Il est d’un homme sage, dis-je, de faire servir à sa réfection et à la réparation de ses forces des aliments et des boissons agréables pris en quantité modérée, comme aussi les parfums, l’agrément des plantes verdoyantes, la parure, la musique, les jeux exerçant le Corps, les spectacles et d’autres choses de même sorte dont chacun peut user sans aucun dommage pour autrui.

Le Corps humain en effet est composé d’un très grand nombre de parties de nature différente qui ont continuellement besoin d’une alimentation nouvelle et variée, pour que le Corps entier soit également apte à tout ce qui peut suivre de sa nature et que l’Ame soit également apte à comprendre à la fois plusieurs choses.

Cette façon d’ordonner la vie s’accorde ainsi très bien et avec nos principes et avec la pratique en usage ; nulle règle de vie donc n’est meilleure et plus recommandable à tous égards, et il n’est pas nécessaire ici de traiter ce point plus clairement ni plus amplement. »

Aïd-el-Kébir, Eid al-Adha et sacrifice

Il est impossible d’aimer les animaux et d’adhérer à une religion comme le judaïsme, le catholicisme, l’Islam.

Ce n’est pas impossible parce que nous, nous le dirions, ou parce que nous ne le voudrions pas, mais c’est tout simplement impossible pour des raisons juridiques.

Quand on pense à une religion, on pense parfois à la spiritualité ou la culture. Ce n’est pas vrai : toute religion a des fondements et un clergé. Toute religion a un code juridique très strict, et quand nous disons juridique nous ne disons pas « éthique » mais juridique : toute infraction amène l’exclusion automatique et sans discussion de la communauté religieuse.

Si nous rappelons cela, c’est parce que Droit des Animaux – que nous avions critiqué pour avoir soutenu Charlie Hebdo au nom de la « liberté d’expression » – a tenté un retournement à 180°.

Désormais, il serait « islamophobe » de considérer que « l’Islam serait définitivement incompatible avec les droits des animaux », alors que c’est pourtant une évidence, tout comme pour le judaïsme et le christianisme…

Sacrifice du mouton lors de l’Aïd-el-Kébir : un massacre inutile et anachronique

News du 06/11/2011

Suite à la fête de l’Aïd-el-Kébir, il n’est pas inutile de visionner l’intervention du Professeur Abdelwahab Meddeb sur France Culture en 2009. L’auteur de Sortir de la malédiction : L’islam entre civilisation et barbarie (Seuil, 2008) fait preuve d’un certain courage et d’une intelligence qu’il convient de saluer. Loin des préjugés islamophobes selon lesquels l’Islam serait définitivement incompatible avec les droits des animaux (ou les droits humains), il prouve que cette religion, comme les autres, peut s’adapter aux réalités contemporaines. Nous espérons que les musulmans qui ne souhaitent plus participer au massacre pourront à l’avenir s’en inspirer.

Rappelons que le sacrifice du mouton n’est nullement nécessaire à célébration de la fête de l’Aïd-el-Kébir : voir le dépliant Islam et droits des animaux.

Il y a là une tentative de « mise en boîte » pas du tout sérieuse. Le sacrifice d’un mouton n’est pas obligatoire uniquement quand il n’est pas possible de le mettre en œuvre…

Cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas obligatoire en général. Il y a là une escroquerie. Que les responsables religieux musulmans tentent de « moderniser » ou bien de faire passer la pilule d’un tel abattage, on peut le comprendre. Il s’agit de faire avancer leurs pions dans la société, comme toutes les religions le font.

Mais que la protection animale fantasme sur les possibilités d’une religion à se nier elle-même, là on est dans l’incohérence.

Regardons donc les faits, sans racisme ni préjugés aucun sur les apports des cultures où l’Islam s’est développé. Regardons seulement la religion dans ce qu’elle est – une pratique, dont les commandements sont écrits, codifiés, et là avec le Coran en l’occurrence les paroles sont elles-mêmes divines, donc sacrées et non discutables dans l’Islam.

Déjà, il est erroné de parler de l’Aïd-el-Kébir, qui signifie « la grande fête » au Maghreb ; la véritable expression est « Eid al-Adha », qui signifie la fête du sacrifice.

Rappelons l’histoire, déjà pas vegan pour un sou : Dieu demande à Abraham de sacrifier son enfant Ismaïl, Abraham se soumet bien sûr, mais au dernier moment l’archange Gabriel envoie un mouton pour se faire sacrifier à la place de l’enfant. Il s’agissait seulement pour Dieu de vérifier la soumission d’Abraham.

Est-ce là une morale vegane ? Évidemment pas !

Maintenant, est-il possible de remplacer l’animal par un don symbolique ?

Vue l’importance de l’histoire à l’origine de la fête du sacrifice, on voit bien que c’est impossible… Dans l’histoire originelle, c’était un animal…  Dans le Coran, comme dans la Bible, c’est bien un animal qui est sacrifié.

Voici justement la Sourate 37 du Coran, qui raconte cette histoire qu’on trouve également dans la Bible (« ancien testament ») donc :

102. Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit: «Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses». (Ismaël) dit: «Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé: tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants».

103. Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front,

104. voilà que Nous l’appelâmes «Abraham!

105. Tu as confirmé la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants».

106. C’était là certes, l’épreuve manifeste.

107. Et Nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse.

Par « immolation généreuse » on entend ici un animal. D’ailleurs, lors du pèlerinage à la Mecque, on a le même principe.

Voici ce que dit la Sourate 22, Al-Hajj, Le pèlerinage, versets 27 et 28 :

 « Lance parmi les hommes l’appel au pèlerinage : ils viendront à toi à pied ou sur quelque bête amaigrie, affluant de tout profond défilé § pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom de Dieu, en des jours bien déterminés, sur Notre attribution, sous la forme d’une bête de troupeau : Mangez-en et nourrissez-en le malheureux indigent »

Et voici ce que dit la Sourate 22, Al-Hajj, Le pèlerinage, verset 34 :

« A chaque communauté, Nous avons assigné un rite sacrificiel, afin qu’ils prononcent le nom d’Allah sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée. Votre Dieu est certes un Dieu unique. Soumettez-vous donc à Lui. Et fais bonne annonce à ceux qui s’humilient, »

Nous avons ici quelque chose d’évident : même si on peut tordre le bâton abstraitement, la question de l’abattage rituel lors de la fête du sacrifice – en pratiquant un sacrifice « symbolique » – on ne le peut nullement lors du pèlerinage.

Vue l’importance du pèlerinage, vue l’importance de l’épisode d’Abraham, on voit bien qu’on est loin de la philosophie végane.

D’ailleurs, la question du sacrifice revient souvent dans l’Islam, tel que défini par la Sourate 108, Al-Kawthar, L’abondance, versets 1 à 3 :

« Nous t’avons certes, accordé l’Abondance. § Accomplis donc la prière pour ton Seigneur et sacrifie. § C’est certes celui qui te hait qui est sans postérité »

Il faut sacrifier. Et la présence de l’animal est inévitable. D’ailleurs, l’Islam accorde une grande importance aux hadiths, les témoignages censés raconter que le prophète a dit ou fait dans telle ou telle stuation.

En voici un, par Ahmad et Al-Bazzâr:

« Lors de la fête d’Al-Adhâ, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — achetait deux gros boucs cornus et majoritairement blancs. Après qu’il eut prié et prêché, il amenait l’un des deux boucs sur son lieu de prière et l’immolait lui-même avec un couteau, disant : “Ô Allâh, ceci est de la part de ma communauté toute entière, de la part de toute personne (de ma communauté) ayant témoigné de Ton Unicité et témoigné que j’ai transmis (le Message).”

Puis, on lui apportait le second bouc qu’il immolait lui-même disant : “Ceci est de la part de Muhammad et de la famille de Muhammad.” Ensuite, il distribuait leur viande aux pauvres et en mangeait lui et sa famille.

De nombreuses années passèrent sans que nous ayions vu un homme des Banû Hâshim offrir de sacrifice, car Allâh, par le geste de Son Messager, les avait exemptés — paix et bénédictions sur lui — et dispensés de cette dépense. »

Il existe de nombreux autres hadiths, bien entendu, notamment concernant l’animal (il ne doit pas être borgne, ni émacié, ni malade, etc.), dont la désignation est « Al-Udhiyah. »

Tout cela pour dire finalement que prétendre qu’une religion pourrait s’adapter à ce qu’on appelle la modernité, c’est ne rien comprendre au caractère obscurantiste et dépassé de la religion aujourd’hui. La religion a été un vecteur de culture face à la barbarie passée, elle transporte des espoirs souvent. Mais imaginer qu’une religion pourrait se conformer au véganisme, c’est de l’escroquerie intellectuelle.

Wim Delvoye expose à Nice sa folie religieuse, dans la veine barbare d’Hermann Nitsch et d’Adel Abdessemed

Depuis ce samedi 13 février, le Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice expose des « oeuvres » de « l’artiste » Wim Delvoye.

Wim Delvoye avait déjà réalisé « Cloaca », qui est une machine à produire des excréments: une machine de 12 mètres de long, 2,8 mètres de large et 2 mètres de haut, avec six cloches en verre, contenant différents sucs pancréatiques, bactéries et enzymes, acides.

On met la nourriture d’un côté (parfois ce sont de « grands chefs » qui la préparent), il en ressort des excréments de l’autre (comme dans une vraie digestion) qui sont emballés et vendus environ 1.000 dollars.

Un gâchis lamentable, et certainement pas vegan comme on peut s’en douter. Mais les oeuvres exposées à Nice témoignent d’une barbarie bien plus grande.

Wim Delvoye « expose » en effet des peaux de cochons tatoués. Cet « artiste » dispose d’une ferme en Chine, sans nul doute pour éviter d’avoir à affronter des protestations dans des pays où la cause animale est plus forte.

Un pays où le capitalisme est le roi absolu et où il est donc facile de trouver ce que l’on cherche du moment qu’on paie, et on sait bien à quel point la haute bourgeoisie adore l’art contemporain.

Voilà comment il présente lui-même cette activité:

« J’ai donc réalisé mon désir de m’installer en Chine. Là-bas, j’ai trouvé des gens bosseurs et ouverts à tout, et ma ferme s’est construite en trois mois (…)

Quand j’ai une idée, je fais un dessin et je le faxe. Les tatoueurs ne travaillent que deux heures par semaine sur un cochon pour ne pas le traumatiser (…).

On tatoue le cochon quand il pèse 35 kilos et un saigneur belge vient le tuer quand il atteint 200 kilos. Puis il faut nettoyer la peau, la congeler et la ramener en Belgique, où elle est tannée par un spécialiste. Enfin, elle peut être présentée, selon sa qualité, comme un trophée de chasse ou tendue sur un cadre comme une toile. Parfois, je fais empailler l’animal. »

A l’exposition niçoise, ce sont sept cochons tatoués et naturalisés qui sont présentés. Il y a évidemment et bien heureusement eu des protestations, amenant le Musée lui-même a publier un communiqué, que voici (attention il faut s’accrocher, c’est nous qui soulignons):

Communiqué

Dans une ferme située en Chine près de Pékin, Wim Delvoye élève des cochons tatoués sous l’œil bienveillant de vétérinaires. Sauvés de l’industrie agro-alimentaire, les porcelets sont anesthésiés pour être tatoués.

De leur vivant, les bêtes sont choyées, traitées comme des stars, libres de leur mouvement et filmées en continu. Une fois mortes, elles sont naturalisées.

Bien que la démarche de l’artiste puisse être perçue comme dérangeante voire provocatrice , elle sert néanmoins à poser le débat sur la question de l’exploitation animale. La notion d’élevage industriel est abordée sans hypocrisie à la fois dans sa banalité et son aspect mortifère jusqu’à l’exploitation du produit.

En effet, Wim Delvoye ne fait que reproduire à son échelle le processus économique de production pour la consommation. L’exposition du Mamac présente une image apaisée et sereine de l’animal loin du fétichisme habituel des collectionneurs de trophées ; bien au contraire les cochons sont présentés dans leur intégrité physique et leur identité originelle. Le musée propose sept cochons tatoués et naturalisés en regard des dessins préparatoires.

Incroyable, le Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice affirme qu’une telle barbarie pose le problème de l’exploitation animale!

En masquant cette barbarie derrière un simple démarche « dérangeante voire provocatrice »!

Incroyable… mais pas tant que cela dans le délire on ne peut plus bourgeois de l’art contemporain. Car c’est une excellente occasion de rappeler quelque chose de très proche: la « peinture » de Hermann Nitsch.

En effet, ce qu’on retrouve au fond, et dans les deux cas, c’est le christianisme.

Le Musée de Nice dit dans sa présentation de l’oeuvre de Wim Delvoye:

« L’œuvre toute entière de Wim Delvoye est imprégnée de culture catholique. Cette thématique traverse l’ensemble de son travail. Elle en est la source et la cible. Wim Delvoye met en scène nos tabous et les interdits religieux ; non pour choquer mais pour révéler leurs paradoxes.

Il ne faudrait pas voir dans le travail provocateur de Wim Delvoye un acte ironique de profanation, pas plus qu’une restauration du spirituel, mais bien une volonté de saisir les contradictions de notre société. »

C’est très exactement ce qui est dit pour le « travail » de Hermann Nitsch.

Dans l’exposition niçoise, Wim Delvoye expose également des « engins de chantier ou nautiles élevés au rang d’édifices gothiques, cathédrales métalliques à l’imagerie subversive, crucifix torsadés. »

Nitsch est dans la même démarche en mélangeant des corps d’animaux morts et leur sang à des figures de croix, en alliant des éléments liturgiques dans des sortes de happenings formant des « rituels. »

Les animaux sont la cible de ces personnes à l’esprit torturé et qui, au lieu d’aller dans le camp de la libération animale, sacralise la barbarie parce que leur pensée est finalement religieuse.

Et la haute bourgeoisie adore et distribue son argent sans compter. Un tel idéalisme, bien loin de la libération animale et de sa violence, mais avec toute l’horreur qu’on peut transformer en « chic », voilà l’idéal pour elle.

C’est on ne peut plus « tendance » et d’ailleurs, à Delvoye et à Nitsch, il faut ajouter Adel Abdessemed, qui est l’une des grandes étoiles de l’art contemporain.

Cet « artiste » montre des vidéos d’animaux en train d’être tué (dans un abattoir à la masse, ou bien des chiens s’entretuant,  etc.)

Les six vidéos montrant un cochon, une chèvre, une brebis, un faon, une vache et un cheval attachés le long d’un mur et se faire massacrer à coups de masse a été favorablement accueilli par le quotidien Le Monde en mars 2009, sous le titre « Cruel mais pas forcément bête. »

C’est dire!

Évidemment l’artiste se défausse devant toute critique, en prétendant vouloir montrer la réalité, il se justifie en expliquant qu’il vient d’Algérie où les islamistes ont assassiné nombre de personnes, etc.

Une horreur pour en justifier une autre? Car les animaux ont leur dignité et Adel Abdessemed ne les sert pas: il fait ses bénéfices sur l’horreur qu’ils endurent, en se prétendant lui-même « artiste » alors que c’est vegan qu’il faut être.

On peut voir sur cette page une longue présentation (favorable) de son travail, et on notera les commentaires ultra hostiles à ceux et celles défendant les animaux de la part des responsables de la  Fondation Sandretto Re Rebaudengo, à Turin en Italie, où avait lieu une exposition.

Avant d’en citer quelques unes, voici selon le communiqué de la fondation ce qu’on y trouvait notamment:

« Dans Les ailes de dieu I et Les ailes de dieu II (toutes deux réalisées en 2009), Abdessemed a demandé à deux personnes handicapées, l’une dépourvue de bras, l’autre de jambes, de se mettre dans une même position, de faire face à leurs embarras et limites, pour essayer de s’exprimer eux-mêmes en dépit de tout.

Une nouvelle oeuvre encore, Usine (2009) est une vidéo illustrant une scène de combat dans le règne animal. On y voit des animaux domestiques, des chiens, des coqs ou des rats, aussi bien que des animaux sauvages, des serpents, des scorpions ou des araignées mortelles, se battre dans une arène.

Des moments de vigilance et de tension alternent avec des explosions d’agression et de violence. Comme suggéré dans le titre de la vidéo – Usine – les scènes reflètent la réflexion de l’artiste sur la situation de l’homme dans le monde actuel, les problèmes courants et la montée de la violence sur l’échelle mondiale. »

Et voici donc les remarques des responsables de la Fondation, qui relèvent carrément de la pure guerre psychologique anti vegan et anti libération animale:

« La responsable de la presse à la fondation, Helen Weawer, est encore sous le choc après la réflexion d’un des écologistes : “Il a dit qu’il préférait voir six femmes violées que six animaux abattus…” (…)

Le New York Times fait aussi état d’une action d’éclat des écologistes italiens qui ont attaqué une réserve ornithologique, au mois de février, à coups de cocktails Molotov. Patrizia Sandretto Re Rebaudengo confirme, en ajoutant : “Ils ne se sont pas demandé s’il y avait des gens dedans avant d’incendier les bâtiments.” »

Voilà de la pure propagande absolument typique et totalement ignobles. Mais à quoi s’attendre d’autre de la part de gens de la haute bourgeoisie ou de leurs serviteurs?

Ce qui les intéresse c’est la barbarie et la décadence, et ils ne savent rien voir d’autres que la pourriture. Voilà qui montre bien la nature de ces pseudos artistes, qui se posent des questions « sociales » à la manière des bobos.

L’oeuvre d’Adel Abdessemed montre des animaux se faire assassiner pour faire « réfléchir » sur les « contradictions » de la société, sans aucunement bien entendu ne serait-ce que pouvoir imaginer que l’on peut devenir vegan et rejoindre le camp de la libération animale…

Le festival de Gadhimai: massacres de 500 000 animaux en quelques jours

Le festival hindou de Gadhimai vient d’avoir lieu au Népal. Il s’agit d’une « tradition » à la fois étrange et barbare, sur lequel il y a sérieusement matière à réflexion.

Dans les faits, le festival consiste en des massacres de masse: entre à peu près 500 000 animaux se font tués de manière artisanale et à la chaîne, en quelques jours. Une vidéo propose des photos ici (il y a une petite vidéo là, et deux longues vidéos plus anciennes ici et ).

Après les massacres, la viande, les os et les peaux des animaux sacrifiés sont vendus à des entreprises de transformation et de tannerie en Inde et au Népal.

Ce festival, qui se tient à  environ 160 km au sud de la capitale népalaise Katmandou, a lieu tous les 5 ans, et a rassemblé cette fois 5 millions de personnes, venues en grande partie du nord de l’Inde, pays voisin. La région du festival est en effet liée culturellement aux Etats du nord de l’Inde, par l’intermédiaire de la population parlant le bhojpuri (soit entre 30 et 70 millions de personnes en Inde).

Cela donne un alibi culturel à ce festival, le gouvernement népalais expliquant par exemple qu’il ne peut pas « interférer dans des traditions populaires vieilles de plusieurs centaines d’années », ce qui ne l’a pas empêché d’enjoindre les éleveurs à vendre en masse des boucs et des chèvres, craignant une pénurie pour le festival.

On notera également la présentation du festival sur wikipédia en français, qui au sujet du déroulement des massacres constate uniquement:

A déplorer

Le décès de trois très jeunes enfants de pèlerins venus observer la fête de Gadhimai sont morts à cause du grand froid[6]. Six personnes sont mortes après avoir bu de l’alcool frelaté[3].

A l’inverse de cette position justifiant les massacres, on remarquera aussi la pseudo campagne lancée par la Fondation Brigitte Bardot, avec une lettre type à envoyer à l’ambassade du Népal.

On peut y lire par exemple

Ce « festival » entache l’image de paix qui émane de votre merveilleux pays et pour cette raison je me refuse à visiter le Népal tant que de telles traditions perdurent.

Ce qui est assez cocasse quand on sait que le Népal est un pays féodal traversé depuis une quinzaine d’années par une guerre civile, la chute du roi, une grande instabilité politique, etc.

Mais regardons justement les faits: d’où vient ce festival?

Ce festival n’est pas du tout « traditionnel », il est même totalement récent. C’est ce qui explique qu’il soit hindou mais se déroule en massacrant des animaux.

Normalement en effet, depuis la période du Bouddha et de Mahavira (fondateur du jaïnisme) qui se développaient comme religions populaires concurrentes, l’hindouisme prône plus ou moins le végétarisme.

De plus, Gadhimai est une déesse: pourquoi y aurait-il des massacres, formes typiquement patriarcales et guerrières, pour une déesse?

L’hindouisme connaissait justement les sacrifices dans sa forme antérieure, le védisme, qui était la religion des envahisseurs « aryens ». Mais comment expliquer ce retour en arrière?

Eh bien il provient de la domination d’un seigneur féodal, Bhagwan Chaudhary. Emprisonné au 18ème siècle au fort de Makwanpur, il se mit dans la tête que ses problèmes seraient résolus s’il faisait un sacrifice à Gandhimai.

A sa sortie il alla voir un sorcier, et un descendant de ce dernier commença à diffuser cette pratique, qui se généralisa de manière superstitieuse.

Un parallèle peut être fait avec les sacrifices se maintenant dans certaines régions de l’Inde, notamment à la périphérie comme le Bengale ou encore l’Assam (voir des photos difficiles ici), à l’occasion de la célébration de la déesse Durga. De tels sacrifices pour Durga ont également lieu au Népal pour la fête de Dashain.

Il n’y a donc rien de traditionnel dans ce sacrifice, qui n’a pas non plus de lien avec Gadhimai. Cette dernière a été, comme Durga, récupérée par la religion des envahisseurs, et intégrée dans son système religieux.

Cela peut se voir très clairement dans les conceptions religieuses des aborigènes de l’Inde de la partie sud de l’Inde, où la compassion pour les animaux part du respect pour la déesse-mère. Au nord il ne reste quasiment plus de telles structures, exceptées surtout les Bishnoïs (voir notre article ici).

Pour les personnes intéressées par cette problématique, il y a justement un topic « Communisme primitif et matriarcat » sur le forum antifasciste (et si ce topic est compliqué, il est toujours intéressant de le lire et cela sans mauvaise conscience écologiste, puisque « Le serveur hébergeant le forum fonctionne à l’énergie solaire; tout ce qui est lui est relié tourne aux énergies renouvelables (énergie solaire, éoliennes, etc.) et toute production de Co2 est compensée. »).