Les dernières nouvelles de la terrifiante situation des éléphants en Afrique

L’écocide en Afrique avance chaque jour de manière plus rapide. Les éléphants, animaux parmi les plus connus et les plus appréciés de tous les humains, sont victimes d’une véritable campagne d’anéantissement. On a là un symbole terrible, sanglant, de la réalité et de la honteuse passivité de ceux et celles qui ont conscience de ce qui se passe.

La tendance est tellement terrifiante que même les locaux protégés sont attaqués. En mai, 26 défenses ont été volé au Botswana, dans le « stock » de l’Etat de la ville frontière de Kasane. Au début de la semaine, une chambre forte du quartier général de la ZAWA (Zambia Wildlife Authority) a été attaquée en Zambie, et trois tonnes de défenses volées.

Dans le dernier cas, ce sont des éclaireurs de la ZAWA, qui s’occupe de la défense de la faune, qui ont été corrompus… Car le profit est important et par conséquent des réseaux se montent : un kilo d’ivoire vaut de 2.000 à 2.500 dollars sur le marché noir en Asie.

Voici une carte, très parlante, montrant l’évolution de la présence des éléphants en Afrique.

La situation est tellement terrible que les pays d’Afrique centrale jouent en ce moment le tout pour le tout, tentant de coordonner des campagnes de répression, malgré la corruption gigantesque.

La semaine dernière, l’opération « Worthy » s’est déroulée simultanément en Éthiopie, au Botswana, au Ghana, au Guinée Conakry, au Kenya, au Libéria, au Mozambique, au Namibie, au Nigeria, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe.

Ont été arrêté plus de 200 personnes; on a retrouvé près de deux tonnes d’ivoire d’éléphant, plus de 20 kilos de cornes de rhinocéros, des peaux de lions, de léopards, de guépards, de crocodiles et de pythons, des oiseaux tropicaux vivants, des tortues, ainsi que d’autres espèces protégées…

Et le Gabon vient de justement, le 27 juin, procéder à l’incinération de 4.825 kilogrammes d’ivoire, dont 1.293 pièces brutes majoritairement composées de défenses et 17.730 sculptures en ivoire.

Le Gabon ne pouvait pas être en reste par rapport à l’opération « Worthy », car c’est un pays clef pour les éléphants. 50 000 éléphants y vivent, soit 50% des éléphants de forêt.

Éléphants de forêt dont le nombre, en 20 ans, a chuté de 80%…

Par conséquent, au Gabon depuis mars dernier, l’éléphant est une espèce « intégralement protégée » ; en mars, le président Gabonais a également annoncé la naissance d’une unité militaire pour contrer les braconniers. Le Cameroun va faire de même avec 2000 rangers chargés de protéger les éléphants.

La motivation est bien entendu économique, pour le tourisme. Voici ce qu’a dit le chef de l’Etat gabonais lors de l’incinération d’il y a trois jours :

« L’éléphant vivant vous rapporte plus que mort. En termes économiques, le développement du tourisme, qui va être important au Gabon, demande que nous puissions préserver notre faune et notre flore. »

« Ce que nous sommes en train de faire, en dehors de la valeur symbolique, a une réelle valeur de préservation économique. Il faut traduire le capital naturel en termes de revenus et le transmettre à nos futures générations. »

Cela peut sembler intéressant comme initiative, mais il ne faut pas perdre de vue que la pression de l’opinion publique est énorme.

Le jour où les éléphants auront disparu de la planète, quelle sera la légitimité des dominants ? C’est de cela qu’ils ont peur ! Le sort des éléphants, en soi, ne les intéresse pas. Ils n’accordent aucune valeur en soi aux éléphants.

Et c’est pourtant là la question de fond. Il faut reconnaître une valeur en soi à Gaïa !

La RATP ridiculise le comportement d’animaux

Pour tenter de lutter contre l’incivilité dans le métro parisien, la RATP vient de lancer une campagne d’affichage. A cette occasion, une fois de plus ce sont les animaux qui sont pris pour cible et sont montrés comme des êtres asociaux…

Ces affreux montages montrent à quel point les animaux sont inconnus, incompris, méprisés. Et sont considérés inférieurs aux êtres humains, qui eux, auraient la capacité de vivre en groupe et de « se tenir », d’avoir de la culture…

Regardons cette campagne de plus près.

Le paresseux est un mammifère d’Amérique tropicale. Contrairement à ce que son nom indique, le paresseux n’est pas « paresseux » !!

Son métabolisme très lent est son meilleur camouflage, car ce petit et très vulnérable mammifère vit perché dans les arbres et ne descend au sol uniquement pour faire ses besoins, une fois par semaine.

Utiliser l’image de ces animaux pour pointer du doigt des usagers de transport en commun qui ne se lèvent pas de leurs sièges, sous-entendu par fainéantise, comme soit disant le paresseux serait « paresseux », est une aberration et un manque de culture animale terrifiant !!

Le lama est un mammifère d’Amérique du Sud, qui ne crache pas sur tout ce qui bouge, comme les fausses idées tendent à le faire croire. Le lama crache uniquement s’il se sent en danger. Et si il crache pour se défendre, c’est sur ses congénères…

Le lama n’est pas un être malpropre qui crache à tout va rien que pour le plaisir de salir….

Qualifier une personne masculine d’être un « boeuf » est très péjoratif, et une fois de plus, dégradant pour l’animal. Quand on ne connaît, ni ne comprend le mode de vie des autres animaux, ce qui intrigue, choque ou semble bizarre est tout de suite mis en avant de manière condescendante et prétendument supérieure.

Les buffles ne sont pas des brutes, comme voudrait le faire croire l’image. En Afrique, ils font partie des herbivores (et donc, des « proies » des « prédateurs ») courant le moins vite. Les carnivores chassent en priorité les buffles faibles/âgés/les nouveaux nés.

Les buffles sont connus pour faire face aux carnivores et les charger pour défendre les membres de leur troupe. Avec cette affiche, c’est le courage du buffle qui est ridiculisé, et mis sur le même plan que l’égoïsme et la brutalité de certains humains.

Tout le monde connaît la poule, un animal terriblement victime de l’industrie du meurtre. Elle est considérée comme « idiote », et elle est ici mis sur le même plan que la « cruche », la femme « superficielle et idiote » qui se croit toute seule et parle très fort avec son téléphone portable.

On a ici un niveau de mépris des femmes et un niveau de stupidité assez aberrant, encore une fois!

La grenouille est connue malheureusement surtout pour ses sauts et ses croassements, ce qui est réducteur. Pas étonnant que l’affiche de la RATP joue sur ces stéréotypes typiques de la non-culture humaine par rapport aux animaux.

Quel rapport avec sauter un tourniquet? Même les chaussures du personnage sont en vert… Affligeant!

Le manque de culture sur les autres animaux, associé à un déni volontaire de leur reconnaître une vie sociale et une intelligence à part entière, fait partie des habitudes dont il faut se débarrasser au plus vite.

Tout comme en témoigne ces horribles expressions du quotidien : « une cervelle de moineau », « manger comme un porc », « tếtu comme une tête de mule », « avoir le cafard » etc. etc.

Le goût, les expressions, la morale, la vie sociale… Cela en fait des choses à changer et c’est justement changer le monde!

La supercherie du sommet de Cancún

A Cancún, au Mexique, vient donc de se terminer une conférence internationale sur le réchauffement climatique, organisée sous l’égide de l’ONU et avec la participation de presque 200 pays.

Cette conférence a consisté en 12 jours de négociations, et finalement l’adoption d’un texte final, salué comme une « réussite. »

Pour son contenu ? Non ! Simplement… parce qu’il existe. C’est cela les résultats concrets dont parlent les personnes suivantes:

« L’accord obtenu comporte des avancées concrètes notamment en matière de lutte contre la déforestation, de transfert de technologies et de financement. Il lance une vraie dynamique en vue de la conférence de Durban l’année prochaine. »
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie

« Après l’échec retentissant de Copenhague, les négociations onusiennes ont prouvé qu’elles pouvaient aboutir à des résultats concrets, notamment sur la protection des forêts, l’aide financière aux pays en développement ou la vérification des promesses. »
Yannick Jadot, eurodéputé EELV

« Je crois que c’est une chose positive de voir un accord mondial, incluant toutes les grandes économies. »
Todd Stern, représentant américain au sommet

Prenons par exemple le « Fonds vert. » Il s’agit d’un fonds destiné à aider les pays « en développement » à affronter les changements climatiques et à essayer de les ralentir.

Premier point : il ne s’agit pas de stopper le réchauffement climatique, mais ici de l’accompagner, de le freiner plus ou moins.

Second point : les pays riches ont promis 75 milliards d’euros, mais il n’y a aucun plan de financement.

Troisième point : le système de compensations pour lutter contre la déforestation est purement théorique, il n’y aucun chiffre, rien n’a été décidé.

Quatrième point : ce « Fonds vert » sera mis en place en… 2020.

On peut donc être certain que, d’ici 2020, tout aura été chamboulé…

Prenons un second exemple, avec le protocole de Kyoto, qui doit expirer en 2012. Rappelons juste ici que selon ce protocole, les pays riches doivent réduire leurs émissions de 5,2%.

Rappelons aussi que ce protocole n’a pas été signé par les USA, qui se justifie en disant que la Chine (qui est l’usine des pays riches) ne doit pas réduire ses émissions ; il y a quelques années le Canada avait qualifié les objectifs du protocole de «irréalistes et inaccessibles » ; l’année dernière à Copenhague 85 pays ont promis de réduire ou freiner leurs émissions, mais sans aucun accord contraignant, etc.

Et là, qu’est-ce qui a été décidé à Cancun ? Strictement rien !

Il a simplement… été promis de discuter de cela, lors de la conférence de Durban, en Afrique du Sud, l’année prochaine !

On comprend quand on voit cela que la ministre de l’écologie explique au sujet de ce sommet de Cancun:

« Il confirme l’objectif de limiter l’augmentation de la température de plus de 2 C et va au-delà en ouvrant la perspective d’un objectif mondial et partagé de réduction des émissions à l’horizon 2050. »

Horizon 2050 ! Et oui, voilà comment les gens qui ne respectent pas la planète voient les choses.

Mais cela est logique : pour ces gens, il y a le temps. La destruction des vies animales et de la nature n’est, pour eux, pas un drame auquel il faut mettre fin. Cela ne les marque pas, cela ne les frappe pas.

A peine s’ils peuvent le remarquer, parce que cela menace l’équiblibre du monde, sa gestion. Pour ces gens-là, il s’agit bien seulement de gérer. La nature, en soi, ne les intéresse pas, à part comme paysage, à part en arrière-plan.

Comme l’a expliqué Yannick Jadot d’Europe écologie avant le sommet, la question centrale n’est pour eux pas la nature, mais la gestion:

« Les négociations risquent d’être difficiles, pourtant l’issue de cette conférence sera déterminante: si nous obtenons un bon résultat sur la déforestation, les transferts de technologie et un fond de soutien aux pays du Sud – même sans accord global – alors cela signifiera que le processus onusien n’est pas complètement vain. Pour cela, il faut que les pays du Nord tiennent leur promesse. »

Processus onusien, « bon résultat »… voilà le discours de la gestion, un discours qui est le contraire de la sensibilité dont on a besoin. Nous avons besoin de gens qui voient le film Green, qui sont meurtris ne serait-ce que par l’idée d’une route dans le parc du Serengeti, qui ressentent des émotions et veulent protéger Gaïa, pas de gens dénaturés pratiquant la « gestion »!

La seule gestion valable, c’est celle qui assume l’appartenance de l’être humain à Gaïa: la planète doit redevenir bleue et verte!

Festival international du film d’environnement / Jane Goodall

Le Festival international du film d’environnement tient sa nouvelle édition, du 24 au 30 novembre, malheureusement uniquement à Paris. On pourra y trouver 141 films de 38 pays, et ce en libre-accès (mais dans la mesure des places disponibles). On peut trouver le programme ici.

On notera que le 24 novembre aura lieu l’avant-première du film Jane’s Journey, qui retrace la vie de Jane Goodall, qui sera là à cette occasion (une réservation est nécessaire pour le coup ici: evenement@janegoodall.fr).

Jane Goodall, qui est cette année « messager des Nations unies pour la paix », a mené pendant 50 ans une activité incessante en faveur des grands singes, en ayant notamment fondé un institut appuyant des sanctuaires en Afrique (voir ici le site de sa section française).

Jane Goodall est une humaniste faisant confiance aux institutions, elle est végétarienne et espère que les choses vont aller en s’améliorant. Un point de vue selon nous inconséquent (voir notre article La machine de guerre contre les chimpanzés et l’explosion de la « viande de brousse »), même si pétri de véritables bonnes intentions.

Voici un exemple avec le point de vue de Jane Goodall concernant la nécessité de protéger les forêts:

Pour lutter contre le réchauffement de la planète, il faut protéger les dernières forêts qui subsistent. Par Dr. Jane Goodall

L’IPCC (International Panel on Climat Change) a publié un rapport dans lequel est fait état du nombre alarmant des effets néfastes du changement climatique à travers le monde, parmi lesquels : la sècheresse, les inondations, la diminution des récoltes, les risques de famines et l’acidification des océans. Aucun être vivant de ce monde dont nous faisons partie n’est épargné par le changement climatique.

En tant que primatologue, je suis particulièrement préoccupée par la prévision selon laquelle 20 à 30% des espèces font face à un risque accru d’extinction.

Nous savons que la plupart des espèces vit dans les forêts tropicales humides, des espèces phares telles que les éléphants, les tigres et les chimpanzés, jusqu’aux plus petites espèces telles que les insectes et les algues. Certaines d’entre elles jouent un rôle dans la guérison des maladies, ou pourront le jouer à l’avenir.

Ces forêts sont menacées à la fois par leur exploitation à grande échelle et par le nombre croissant des populations pauvres qui les détruisent pour fabriquer du charbon ou les défrichent pour une agriculture de subsistance. Quelques-uns des impacts du changement climatique envisagé par l’IPCC, comme la sécheresse ou la famine, ne feront qu’exacerber l’enlisement de ces populations.

Un danger relativement nouveau pour ces forêts est l’engouement croissant pour les carburants bios. En Afrique, Asie et Amérique Latine, des zones forestières autrefois réservées pour la conservation ou pour une exploitation maîtrisée, sont désormais converties en plantations de canne à sucre et de palme, dont la production sera utilisée comme fiouls pour l’éthanol-carburant ou les biofiouls.

Ces forêts stockent une proportion significative des réserves mondiales de CO². Si ces arbres qui contiennent du carbone sont abattus et brûlés – que ce soit comme bois de chauffage ou pour le défrichement – l’oxydation du carbone qui en résultera libèrera quelques milliards de tonne supplémentaires de dioxyde de carbone. Les forêts tropicales humides d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie sont particulièrement importantes à cet égard.

La déforestation des forêts tropicales ajoute annuellement deux milliards de tonnes de dioxyde de carbone supplémentaires dans l’atmosphère, en comparaison avec six milliards de tonnes provenant des énergies fossiles. Sauvegarder ces forêts permettrait non seulement d’éviter de libérer le carbone qu’elles renferment, mais devrait aussi leur permettre de continuer à absorber le gaz carbonique à l’avenir.

Alors que les pressions humaines ne peuvent être rapidement inversées, ni les exploitations forestières et minières enrayées, nous pouvons faire beaucoup pour sauver ces forêts. Le cœur d’une stratégie réussie implique de travailler non seulement avec les leaders nationaux, mais aussi, et avant tout, avec les populations locales afin de rehausser leur niveau de vie, surtout dans les zones proches des réserves forestières.

En apportant une assistance technique aux fermiers afin d’augmenter leurs revenus, une éducation aux jeunes, des soins médicaux aux familles, et des investissements économiques dans l’écotourisme, ces communautés rurales peuvent devenir les gardiens de ces forêts, et non pas leurs « destructeurs ».

Ces stratégies apportent également d’autres avantages : elles encouragent la stabilité régionale et la sécurité. La prospérité rurale, l’éducation, et un système de santé publique efficace servent de défenses naturelles contre les épidémies pandémiques, les guerres, le terrorisme et l’instabilité politique. En oeuvrant avec les populations locales pour sauver les forêts, nous aidons à créer de communautés stables qui amélioreront certainement la sécurité mondiale.

Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, l’Europe et d’autres pays développés ont une part de responsabilité privilégiée pour promouvoir ces programmes. Les pays occidentaux sont les plus grands consommateurs de pétrole, bois et autres industries générant du gaz carbonique, ils ont la responsabilité d’aider les pays en voie de développement à préserver leur patrimoine naturel par la promotion de programmes de développement durable. Une augmentation relativement faible sous forme d’aide destinée au développement des communautés rurales, particulièrement grâce aux microcrédits, peut avoir un impact extraordinaire pour la sauvegarde des zones sauvages, forêts comprises, et de l’ensemble des formes de vie qu’elles alimentent.

En quelques siècles seulement, les pays aujourd’hui développés d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord ont détruit leurs forêts dans leur inexorable ruée vers la richesse. Aujourd’hui seuls quelques vestiges de ces forêts subsistent sur ces continents.

Les pays développés ont la possibilité de permettre aux nations en voie de développement d’éviter de commettre les mêmes erreurs. En investissant massivement dans le développement durable, nous pouvons sauvegarder de précieuses espèces, aider à empêcher l’intensification du réchauffement climatique, et augmenter la sécurité planétaire.

Aider la préservation des forêts des nations en voie de développement doit se faire dans l’intérêt de tous.

Les termites architectes et agriculteurs

Les termites appelés « Macrotermitinae » par les scientifiques sont des architectes et des agriculteurs. Des architectes, cela est assez connu, de par ces « cathédrales » de plusieurs mètres de haut, abritant parfois plusieurs millions de termites, que l’on retrouve dans le sud de l’Afrique, mais aussi au Sénégal ou au Cameroun.

Mais voici à quoi ressemble l’intérieur de la termitière. Sa construction est extrêmement planifiée, avec une circulation d’air précise, une humidité précise… Le cône sert en effet surtout à ventiler, les termites se trouvant principalement en dessous.

Comme on le voit en effet, il y a des alvéoles à champignon. Les termites « Macrotermitinae » – ou macrotermes en français – pratiquent en effet l’agriculture. Ils ne digèrent pas la cellulose ni la lignine (qui sont des composants du bois), alors ils les découpent, utilisant leur estomac comme boîte de transport.

Puis ils apportent cela à des champignons dans la termitière. Les termites déposent en effet leurs boulettes d’excréments, et les champignons pré-digèrent les restes de végétaux (lignine et parfois cellulose).

Les termites mangent alors les champignons (il y a 40 kilos de champignons par termitière), qui sont de la sorte Termitomyces. Ces champignons grandissent en effet lentement, donc ils laissent le temps aux termites de s’en occuper. Normalement les champignons sont en effet des parasites ennemis des termites, et ceux-ci font en sorte que dans la termitière, le taux de Co2 ne permettent qu’aux Termitomyces de pousser…

Toutefois, de récentes études pensent qu’il n’y a pas qu’une seule sorte de champignon que ces termites font pousser.

Les termites ont également une division sociale très poussée ; la reine et les soldats, ainsi que les jeunes termites, se voient amener directement les produits de cette agriculture (la nourriture étant donnée de bouche à bouche, ou d’anus à anus).

La termitière, en terre mâchée, est ainsi extrêmement ramifiée. Les images suivantes montrent une coupe de termitière, puis des photos des couloirs d’une termitière.

Pour ce faire, les couloirs ont été bétonnés, d’où les sortes de ramifications blanches sur les photos ci-dessous. Si les termitières sont parfois abandonnées, il faut souligner que les termites sont pratiquement inconnus de la science, comme d’ailleurs bon nombre d’animaux, en fait tous ceux qui n’apparaissent pas comme « utiles. »

Pourtant, il est évident que si la science regardait, avec respect, les termites, elle comprendrait que l’être humain n’est nullement « à part » ou « unique. » Tous les êtres vivants sont reliés à la nature, et il y a interaction.

L’architecture et l’agriculture des termites macrotermes sont des exemples très parlant.

Les chiens bergers d’Anatolie au service des agriculteurs africains

La situation des guépards en Afrique est terrible.  De 100 000 au 20ème siècle le nombre a chuté à 12 000 au début du 21ème.

Leur territoire ne cesse de se réduire au profit de routes, de champs et/ou de pâturages pour les fermiers. Leur territoire en Namibie, qui regroupe le plus de guépards, a vu sa superficie réduite de 47% entre 1900 et 2010.

Ce qui fait que maintenant le guépard partage ses terres avec les éleveurs… Parmi les autres conséquences de cette diminution de territoire, il se trouve que les femelles sont trop souvent sollicitées, voire harcelées par les mâles. Il n’est pas rare que plusieurs mâles courtisent et fécondent une même femelle, ce qui a pour conséquence un stress facilement imaginable pour la femelle guépard mais surtout une stérilité momentanée.

Par ailleurs il est connu que les guépards sont presque tous et toutes consanguinEs. La consanguinité devrait normalement amener une extinction de l’espèce touchée, au lieu de cela, les guépards ont développé cette aptitude incroyable de pouvoir faire des pointes de plus de 100km/h. Leur donnant ainsi une plus grande chance de pouvoir chasser vite et manger vite avant que les plus forts (lions, hyènes…) ne viennent leur chaparder leurs proies, en les blessant par la même occasion.

Mais cette consanguinité, qui s’étale sur plusieurs années, a fini par appauvrir le sperme des guépards. Environ 70% de leur sperme n’est pas viable.

Les diverses solutions apportées par les scientifiques consacrant leurs recherches sur le félin consistent surtout en l’éducation auprès des paysans africains qui ne voient dans les guépards que des prédateurs venant tuer le « gibier » (car proie facile pour les prédateurs affamés).

L’éducation et la sensibilisation sont 2 aspects primordiaux et indispensables pour faire changer les mentalités. A côté de cette éducation se trouvent beaucoup de centres de sauvegarde.

Laurie Marker qui a créé le Cheetah Conservation Fund en 1990, a décidé, pour convaincre les fermiers que les guépards ne tueraient plus les ovins et pour, avant tout, protéger les guépards, de mettre les troupeaux sous la responsabilité du chien berger d’Anatolie qui est « utilisé » depuis bien longtemps comme gardien de troupeaux. En effet, de par sa carure imposante le berger d’Anatolie fait fuir les guépards des fermes.

A l’origine, les bergers turques des hauts plateaux « utilisaient » ce chien, de type molosse, pour protéger leurs troupeaux des loups, des ours et autres animaux chasseurs. Ce chien de carrure imposante est capable de supporter des chaleurs et des froids extrêmes.

Le but de Laurie Marker est donc de faire de la reproduction par insémination artificielle afin d’offrir un berger d’Anatolie à chaque éleveur. Considéré depuis des temps immémoriaux comme très bon gardien et non agressif, ce chien aura pour « mission » de dissuader les guépards d’approcher les moutons et chèvres.

Que la situation des guépards soit catastrophique et terrifiante est un fait terriblement réel. Qu’il faille trouver des solutions urgentes et concrètes sur le long terme pour sa survie est aussi un fait réel. L’engagement de Laurie Marker est indéniable, et vouloir trouver des solutions pour sauver des guépards en situation conflictuelle avec la population n’est certes pas aisé. Surtout que les guépards frôlent l’extinction.

Mais que pour sauver les guépards il faille exploiter d’autres animaux – les bergers d’Anatolie – est absurde et contre productif. On ne tente pas de protéger l’un au profit de l’autre, on ne protège pas l’un en exploitant l’autre.

Les chiens sont suffisamments exploités et manipulés, que ce soit dans l’armée ou dans la police, ou avec la zoothérapie. Sans oublier leur rôle en tant qu’animaux de « compagnie »…  Et rappelons que c’est aux êtres humains d’être solidaires, comme par exemple avec les personnes handicapées sur le plan visuel.

La machine de guerre contre les chimpanzés et l’explosion de la « viande de brousse »

Hier, nous parlions du monde en 2050 : à quoi ressemblera-t-il ? Nous y parlions de la destruction des espèces végétales et animales, et nous voulons souligner à quel point les deux sont liés. On ne peut pas comprendre le sens de la libération animale sans comprendre le sens de la libération de la Terre, et inversement.

Si l’on prend l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, la chose est claire : la guerre, la déforestation et les exploitations minières refaçonnent toute la région (avec des petites villes, des routes, etc.), la source de protéines est animale et provient directement de la forêt. Depuis les chimpanzés jusqu’aux éléphants.

Dans cette région, le braconnage est un marché valant… un milliard de dollars.

Oui, un milliard de dollars, dans une zone géographique complètement bouleversée par le colonialisme, et où aujourd’hui encore les grandes puissances bataillent pour le contrôle des ressources, employant des seigneurs de la guerre. La déforestation et les exploitations minières vont de pair avec le braconnage, afin de fournir en « viandes » les travailleurs.

Pour comprendre l’ampleur de la guerre, on peut prendre l’exemple d’une horreur récente: dans l’est du Congo (RDC) fin août, 170 femmes et jeunes filles ont été violées collectivement, devant le reste de la population, dans la zone minière de Luvungi. On pense que le viol a été organisé par… trois milices, contre une quatrième !

L’ONU considère le Congo (RDC) comme la « capitale mondiale du viol » alors que se généralisent les tueries et les viols (des femmes, des enfants devant leur père, du chef de famille devant la famille, etc.).

Ainsi, si l’on veut défendre les chimpanzés, comme tous les grands singes dont les gorilles, comme tous les animaux et la nature, et si l’on veut réellement aider les peuples là-bas à sortir du cycle infernal imposé par les grandes puissances avides des richesses locales, il est clair qu’il faut partir du point de vue globale, celui de Gaïa.

Le massacre des animaux a lieu parce qu’il y a déforestation, et celle-ci a lieu car les pays riches veulent les richesses minières et le bois. Les populations locales sont utilisées comme main d’oeuvre, et dans cette folie l’unique moyen de survivre est de tout saccager.

Les grands singes deviennent donc une alimentation « normale » dans cette zone. 27 des 44 zones d’études et de conservation sont frappées par le braconnage de grand singes. Au Congo (RDC), 18 mois d’enquête viennent ainsi de montrer qu’il y a une énorme vague de braconnage afin de s’approvisionner en « viande » de chimpanzés (on peut voir ici des photos et des explications d’un reportage en anglais à ce sujet).

Les rares limites à cette tendance s’effondrent : l’Etat central est corrompu, impuissant et de toutes manières de mèche avec telle ou telle faction. Quant aux traditions locales, opposées aux meurtres des grands singes, elles sont balayées par les modes de vie propre à la généralisation de la guerre et des exploitations minières, qui brise les communautés locales.

Il faut souligner ici également l’influence de la religion, notamment celle du courant religieux pentecôtiste du prêcheur William Branham, qui contribuant à la destruction des traditions proches de la nature, amène la « permission » de consommer de la « viande de brousse. »

Sur les marchés, on trouve ainsi la « viande » de chimpanzés, mais également des orphelins vivants, vendus comme animaux de compagnie (comme sur la photo juste en bas). Pour un orphelin vendu, on considère que 10 autres ont été tués. Les orphelins se voient parfois mutiler les dents, au couteau chauffé à blanc, pour ne pas mordre les braconniers.

Cette pratique est tellement grande qu’elle génère une résistance chez certains grands singes eux-mêmes. De toutes aussi récentes études japonaises montrent qu’en Guinée les chimpanzés ont appris à repérer et saboter les collets (une boucle faite avec un fil métallique). Voici une photo d’un de ces chimpanzés, un exemple de résistance!

Bien entendu, l’étude ne parvient pas à savoir dans quelle mesure l’apprentissage de ce sabotage s’est généralisé, et malheureusement cette pratique de sabotage reste pour l’instant cantonnée à la Guinée. Mais en tout cas il existe, et il montre bien que les animaux ne sont pas des « machines. » Les animaux résistent à l’oppression, et il y a lieu de les appuyer!

En attendant malheureusement, dans les régions autres que la Guinée les collets blessent terriblement les chimpanzés, les rapports montrant que des parties significatives de la population sont blessées durement, à vie.

Et cette résistance ne peut pas faire face à la machine de guerre humaine. Une machine qui va du Congo à nos pays riches : en ce tout début septembre, il a été annoncé aux USA que 200 chimpanzés passeront en 2011 des laboratoires de la Alamogordo Primate Facility (Nouveau Mexique), pour aller dans des laboratoires à San Antonio, au Texas, subir la vivisection pour des recherches infectieuses…

C’est donc à nous, personnes humaines qui ne voulons pas participer à cette machine de guerre, d’intervenir et de contre-attaquer, de faire vivre la libération animale et la libération de la Terre, de faire triompher ces valeurs à l’échelle de la France, à l’échelle mondiale. Il en va de Gaïa.

Rappelons quelques chiffres : de plusieurs millions d’individus, la population de chimpanzés est passée à 2 millions au début du 20ème siècle.

En 1960, cette population est passée à 1 million.

Le chiffre est de 300.000 dans les années 1980.

Il était de 150.000 dans les années 2000.

Au Gabon, zone la moins pauvre de la région et recouverte à 80% par la forêt, la population des grands singes a décru de 56% ces 17 dernières années…

Le chiffre de 2050 sera de notre responsabilité!

Des chimpanzés aux gorilles, des forêts aux lacs: pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre!

L’Afrique et le véganisme: une question d’avenir

A LTD, nous comprenons le véganisme comme une question mondiale, à l’heure où l’humanité généralise un mode de vie destructeur.

Il y a donc tout lieu de s’intéresser au développement du véganisme dans les autres pays, et plus particulièrement aux pays qui ces vingt dernières années connaissent une industrialisation accélérée en raison de l’agro-business.

Cela est vrai en Amérique latine, d’où la vague en faveur de la libération animale et de la libération de la Terre. Mais cela est vrai aussi en Afrique. Voici une interview d’un afro-américain – on utilise le terme d’afrikan en anglais pour souligner la dimension politique et culturelle – qui se consacre justement à comprendre la situation du véganisme en Afrique.

Son blog s’appelle Afrikan Raw Talk, et l’interview, avec ses réponses à nos questions, peut être lue en anglais sur son site.

1.De quoi parle ton site?

« Afrikan Raw Vegan Talk »[Discussion vegan crudivore afrikaine] tente de montrer qu’il existe des vegans noirs, y compris et en particulier des vegans crudivores noirs, qu’ils deviennent visibles, et ont des expériences et des succès pertinents en tant que vegans dans le monde africain, tant sur le continent que dans la diaspora.

Le site cherche aussi à rendre concret et à documenter le fait qu’être africain et vegan est une composante critique et progressiste de notre lutte pour la libération et du désir d’humaniser notre existence tout en chérissant notre planète unique et délicate.

2.Comment en es-tu arrivé à faire ce site?

Je suis vegan depuis onze années désormais, et quand j’ai commencé à faire ce site au début de 2008, je voulais voir davantage de présence vegan noire, davantage de commentaires vegans noirs sur Internet, et plus particulièrement à partir de la perspective de vegans de couleurs expérimentés sur le long terme, sûr d’eux-mêmes et déterminés.

Pas seulement des journaux intimes sous forme de blog de vegans de 30 jours à l’essai, en train d’essayer de perdre du poids, même si cela peut être important aussi.

Ce blog représente une perspective anti-impérialiste, anti-capitaliste, anti-suprématie blanche, humaniste, activiste, radicalement pour l’environnement, pan-africaine, afro-centée et tiers-mondiste, qui est hardcore, straight edge et présent dans la scène depuis longtemps.

C’est un véganisme tiers-mondiste qui est très engagé dans la société selon la perspective comme quoi la révolution est nécessaire, et comme quoi le véganisme est une composante, libératrice et donnant de la force, de la transformation humaine nécessaire pour la survie et pour le progrès des espèces primates.


3.Comment vois-tu la culture qui s’est développée en Afrique noire comme étant liée au véganisme?

Je ne suis pas en pratique un archéologue ou un anthropologue spécialisé en ce domaine, mais beaucoup de preuves historiques et d’anecdotes présentent une partie des Kemet, également connus comme les anciens Egyptiens, comme végétariens.

En général, les diètes de l’époque pré-coloniale se fondaient sur les aliments complets, qu’il y ait ou non de la viande. Et les modes de vie pré-coloniaux de nombreuses zones de l’Afrique noire étaient considérées par les anthropologues occidentaux de l’époque (le milieu du 19ème siècle) comme parmi les meilleurs pour la santé de par le monde.

Maintenant, notre espérance de vie et notre qualité de vie sont les plus courtes et les plus misérables, largement en raison du néo-colonialisme, du néo-libéralisme et de la domination par des gouvernements criminels.

Nous sommes dépendants de l’aide, et le régime foncier en Afrique est dans un état de crise perpétuelle, alors que l’agro-business choisit en priorité le cacao, le café et les fleurs, au lieu de la nourriture.

Nous vendons même d’immenses hectares de terre à des pays étrangers, afin qu’ils produisent de la nourriture pour leurs propres populations !

Le pastoralisme animal est un autre problème, détruisant la végétation sur de vastes zones de terre, accélérant la désertification. Si sur toute cette terre poussaient des fruits et des légumes, beaucoup de nos problèmes de sécurité alimentaires et nutritionnels pourraient commencer à être résolus.

Et toutes ces tendances exacerbent grandement les inégalités de genre alors que les femmes luttent pour organiser des jardins pour la cuisine, afin de nourrir les familles, et tendent ainsi à en rester au travail crucial mais totalement impayé de reproduire la force de travail.

Alors que les hommes, eux, tendent à se focaliser sur les cultures servant le profit, et reçoivent pour aller en ce sens, de manière préférentielle, de l’outillage et des fonds des gouvernements, des multinationales et de certaines ONG.

Dans l’ensemble, la transition vers le véganisme en Afrique diminuera la malnutrition, augmentera les niveaux de production, élèvera le niveau d’auto-suffisance et, je pense, réduira les tendances au conflit et à l’agression inutile.

En termes de politique alimentaire, nous pouvons faire pousser tellement de nos propres fruits et légumes frais, de manière biologique et durable, si nous nous concentrons sur ce but aux niveaux continental et local.

En termes de revenus pour la société, je pense que le véganisme améliore la tolérance sociale, le bien-être physique, qu’il réduit le stress, fait que le cerveau fonctionne de manière plus efficace, améliore l’immunité et réduit les maladies, réduit les niveaux de cancer, etc.

Enfin, dans une société végane, les gens deviendront davantage coopératifs et conscients de l’intendance correcte de la terre, et de la responsabilité au niveau de la société, et de la cohésion.

Le véganisme en Afrique sera probablement encore bien plus révolutionnaire que cela.


4.En France, nous avons des gens d’origine africaine, et ils sont d’une manière ou d’une autre liés culturellement à l’Afrique.
Mais si les plus âgés ont souvent un point de vue très sage, un point de vue très critique, qui souligne que la justice prévaudra nécessairement même s’il faut du temps pour cela, les jeunes sont relativement éloignés du véganisme et d’un point de vue critique par rapport à ce qu’on peut appeler Babylone. Que penses-tu de cela?

J’ai foi en la jeunesse. J’ai 26 ans. Je suis encore considéré comme jeune. Je dirais presque que j’ai davantage foi dans la jeunesse que dans la vieille génération, qui sur beaucoup de points a échoué et nous a déçu, échouant à réaliser les promesses du panafricanisme ou les droits civiques.

Ce sont les jeunes qui deviennent végans, qui deviennent des penseurs critiques, qui remettent en question les anciennes conceptions, et disposent de manière correcte des traditions inutiles qui n’ont pas de valeurs ni de sens.

Je n’ai pas un respect inné pour la tradition, personnellement je dis qu’il faut choisir la raison plutôt que les conventions.

Babylone ce n’est pas que la société suprémaciste blanche et capitaliste, c’est aussi des traditions et des tendances anti-humaines, qui divisent, anti-intellectuelles, réactionnaires, autoritaires, homophobes, misogynes et stupides, en Afrique et dans le monde noir.

Beaucoup de jeunes noirs sont perdus, beaucoup de jeunes ont perdu l’espoir, en raison des échecs de la société qui les amènent à rechercher ce dont ils ont besoin sur le dos des autres. La haine de soi, l’ignorance et la pauvreté à la base des vies des jeunes amène à beaucoup de pauvres résultats, qui ne sont que trop visibles.

Moins visible est la jeunesse visionnaire, la jeunesse révolutionnaire, la jeunesse organisée qui construit l’art, qui construit des armées de sagesse et de changement.

Mais je pense que la jeunesse visionnaire tient les rênes du futur et se confrontera courageusement aux immenses défis du présent et du futur proche, qui sont surtout donnés à nous par nos parents et grand-parents souvent avides, obstinés et inconscients.

5.En France, lorsque nous pensons à la position afrikaine [afro-américaine] révolutionnaire en Amérique du Nord, nous pensons à Move ou Dead Prez. Néanmoins, nous avons une critique : il semble que la perspective d’une vie sans poison est l’aspect central, pas vraiment la nature, les animaux, la Terre. Que répondrais-tu à cela?

Pour les Africains, il y a peu de temps pour se focaliser sur la libération animale seulement. Cela n’a pas de sens, quand les humains sont dans une telle misère.

Quelqu’un comme moi ne pourrait jamais se placer dans la scène blanche pour la libération animale, parce qu’ils agissent comme si c’était le problème central de l’injustice dans le monde, ce qui est dans ma perspective à la fois absurde et ridicule.

Les gens opprimés commencent à partir de la perspective de leur propre oppression. Bien entendu, tout le reste est inclus lorsque nous considérons les épouvantables tendances humaines qui amènent à toutes sortes d’exploitation.

L’agression, l’avidité, l’ignorance, la violence, la domination… s’appliquent à créer des hiérarchies et l’exploitation parmi les humains et entre les humains et les animaux.

Mais quelqu’un comme moi et je pense Dead Prez ou l’organisation MOVE considère comme une urgence de se focaliser sur les problèmes humains, et ne peuvent pas, avec bonne conscience, se focaliser sur la libération animale seulement.

Seule une personne très privilégiée peut se permettre de se focaliser sur la libération animale seulement, et ainsi pour beaucoup de gens de la position africaine révolutionnaire en Amérique du Nord, ce genre de chose reste extérieur, et cela me semble juste.

Nous n’avons pas le luxe de pouvoir nous focaliser sur une seule question, en particulier une qui est tangente pour notre propre souffrance et notre propre oppression en tant qu’êtres vivants noirs. Tout doit être inclus – libération humaine, libération de la Terre, libération non-humaine.

6.Tu soulignes l’importance de la nourriture crue. Peux-tu nous en parler?

L’alimentation végane crue est pour moi ce qu’il faut pour la santé. Dans une large mesure, cela libère une personne d’avoir à faire face aux maladies, à l’inquiétude concernant sa santé. Je n’ai pas été ne serait-ce que légèrement malade en de nombreuses années.

Aux USA, en particulier parmi les gens africains, la maladie est pratiquement un thème central dans la vie, que ce soit l’obésité, le cancer, le diabète, la congestion cérébrale, les infarctus, l’impotence, le stress, etc.

Le véganisme crudivore, en particulier le véganisme crudivore faible en gras qui consiste surtout en des fruits frais et en des légumes verts, est pratiquable, aisé sur le plan matériel en termes financier, et créatif.

Et il exige de la discipline et de la cohérence, des tendances dont nous avons besoin en tant que personnes se considérant comme révolutionnaires.

Le véganisme crudivore est à la fois extrêmement bon pour la santé, et amène également les gens à devenir plus hardcore et plus sérieux quant à la vie et le travail. Le véganisme crudivore c’est une santé vigoureuse et une mentalité sans compromis.

7.L’Afrique est un continent en attente de la révolution. Penses-tu que le véganisme est la clef pour cela?

Oui. Le véganisme est partout potentiellement une composante importante de la révolution, et nous avons besoin de la révolution partout dans le monde.

Nous avons besoin d’esprits guerriers vegans qui ont une vue globale au sujet de comment les humains coexistent dans le monde avec les autres êtres vivants, tout en corrigeant les contradictions sociales dans la société humaine.

Une société plus humaine émergera avec le véganisme en arrière-plan, dans et après la révolution. Et également une société avec une santé meilleure, plus juste, et durable.

Le nucléaire français et l’Afrique

Voici un appel du réseau Sortir du nucléaire qui est très intéressant, et qui montre bien sur quoi s’appuie la gestion de l’écologie en France: tout dépend du business, et partant de là aussi du pillage des « anciennes » colonies d’Afrique, dont les gouvernements sont constitués sur la base de leur allégeance à la France.

Le nucléaire, c’est comme l’industrie de l’exploitation animale: c’est toute une logique de profit. Etre vegan, ce n’est jamais rester passif, et bien être réaliste par rapport au monde où nous vivons. Pas de défaitisme: les responsables sont faciles à trouver!

Le Réseau « Sortir du nucléaire » attire l’attention de l’opinion publique sur la gravité de la situation au Congo et au Niger où les autorités politiques bafouent les droits de l’Homme et les règles démocratiques sur fond de coopération avec la multinationale nucléaire Areva.

– Au Congo (ex-Zaïre), Golden Misabiko, qui est président d’une ONG de défense des droits de l’Homme, a été arrêté vendredi 24 juillet après la publication d’un rapport dénonçant l’exploitation illégale de la mine d’uranium de Shinkolobwe (Katanga), concédée à Areva depuis le 26 mars dernier : lors de la visite express du Président français Nicolas Sarkozy, Areva s’est vu octroyer l’exploration et l’exploitation de l’uranium sur l’ensemble du sol congolais.

– Au Niger, où Areva exploite des mines d’uranium depuis 45 ans et a récemment obtenu du Président Mamadou Tandja l’autorisation d’ouvrir une mine géante à Imouraren, les atteintes à la démocratie sont tout aussi graves : contrairement à ce que prévoit la constitution, M Tanja va se présenter pour un troisième mandat présidentiel et, pour arriver à ses fins, n’a pas hésité à dissoudre la Cour Constitutionnelle et à organiser un référendum illégal prévu pour le 4 août.

Ce n’est pas parce que la supposée « indépendance énergétique de la France » n’est qu’un mythe, et que le fonctionnement des réacteurs nucléaires français est assuré à 100% par les importations d’uranium, en particulier d’Afrique, que la France doit tolérer ou même collaborer aux atteintes aux droits de l’Homme.

Lors de sa campagne présidentielle, et suite à son élection, M Sarkozy a promis que la politique française serait « exemplaire » concernant les Droits de l’Homme. L’accord nucléaire signé le 25 juillet 2007 à Tripoli entre M Sarkozy et le dictateur libyen Kadhafi avait déjà largement écorné ces promesses, de même que les accords nucléaires signés lors des visites de M Sarkozy dans des pays fort peu démocratiques comme au Maghreb, au Moyen-Orient ou en Chine.

De toute évidence, le militantisme pronucléaire de M Sarkozy et son soutien sans faille à la multinationale Areva le poussent à s’accommoder ou même à soutenir les atteintes aux Droits de l’Homme, en l’occurrence au Congo et au Niger. C’est le « volet radioactif » du système de la Françafrique ».

Il est nécessaire de mettre en lumière la complaisance d’Areva avec ces agissements antidémocratiques. Dans l’immédiat, les autorités françaises doivent se reprendre et exiger la libération immédiate de Golden Misabiko au Congo et l’annulation du référendum anticonstitutionnel prévu le 4 août au Niger.