Ours polaires, Ours bruns, Grolars et Pizllys

Au début du mois au Canada, le 8 avril 2010, un ours a été tué par un chasseur Inuit, de la tribu Inuvialuit.

Cet ours avait un pelage blanc comme les ours polaires, mais ses jambes et ses pattes étaient bruns, comme les ours bruns.

Une analyse ADN a montré que cet ours était un grolar, appelé parfois également pizzly. Ces deux termes anglais sont en fait la combinaison des mots « polar bear » (ours polaire) et grizzly, et désignent un ours ayant un père et une mère de ces deux espèces différentes (le nom de l’espèce du père étant mis en premier, le nom de l’espèce de la mère en second).

Or, normalement dans la nature, ces deux espèces s’évitent. Leurs niches écologiques sont également différentes.

Plus important encore, l’ours abattu est plus précisément un grolar de la seconde génération, un cas jamais vu encore par les scientifiques. Cet ours avait comme mère un ours « hybride » de type grolar et son père était un grizzly.

Cela est une preuve d’un phénomène déjà constaté : en raison du réchauffement climatique, les deux espèces se rencontrent de plus en plus. Ces dernières années, on avait déjà découvert des grolars et des pizzlys.

Et il y a évidemment déjà un business : 10.000 Euro pour une peau de ces hybrides ! Terrible constat de comment le profit utilise même la destruction de la planète.

Car en raison du réchauffement climatique, les glaces arctiques ont reculé de 30%, réduisant l’environnement des ours polaires. Il est déjà prévu que 50% des ours polaires mâles meurent dans la baie occidentale de l’Hudson, alors que ces dernières vingt années leur population globale a déjà baissé de 22%.

Les 2/3 des ours polaires vivent au Canada (une grande partie du 1/3 restant vivant en Alaska), et si c’est dans ce pays qu’il est le mieux étudié, les études sur la conservation de cette espèce ne prennent pourtant guère en compte le réchauffement climatique dans leur prévision : l’ours blanc n’est pas une priorité.

Les scientifiques sont par contre bien plus informés de quand il y aura un passage maritime d’ouvert dans l’océan arctique – autour de 2019!

Voici des images montrant la fonte de la banquise de l’océan arctique. Le premier schéma montre le déclin de la surface (en millions de km²), le second consiste en une carte montrant à quel point la banquise recule.

Rappelons que la banquise reflétait une partie de la lumière du soleil: plus la banquise fond, plus c’est l’océan qui est frappé par les rayons du soleil, se réchauffant et ajoutant au réchauffement climatique, faisant fondre la banquise qui donc absorbe moins la chaleur, laissant la place à l’océan en absorbant davantage, etc.

C’est une véritable réaction en chaîne qui se joue dans l’Arctique, mais les puissants, raisonnant en termes « nationaux », ne pensent qu’à leurs intérêts matériels, « géopolitiques », et sont tout heureux d’avoir des perspectives de forage du pétrole par exemple.

Comme nous le disions tout récemment, imaginons que la catastrophe dans le Golfe du Mexique se passe dans l’océan arctique, et ses conditions terriblement dures… Un mois après la catastrophe dans le Golfe du Mexique, la fuite n’est toujours pas colmatée, alors que se passerait-il dans cette zone!

Et quelle triste ironie que le terme « arctique » vienne du grec ancien ἄρκτος (árktos), qui signifie… ours, en référence aux ours polaires de cette partie du monde, alors que ceux-ci sont en voie d’être anéantis d’ici 50 ans…

A moins que le mouvement pour la libération de la Terre renverse du tout au tout les choix dominants actuellement dans l’humanité!

La catastrophe de l’Exxon Valdez

Nous avons plusieurs fois mentionné la catastrophe de l’Exxon Valdez ces dernières semaines, en raison de la sinistre actualité dans le Golfe du Mexique. Voici une petite présentation de cette catastrophe, après celle-faite de l’Ixtoc-1.

L’Exxon Valdez était un pétrolier récent, âgé de deux ans, il n’avait fait que 28 voyages. Valdez est une ville de quelques milliers d’habitants en Alaska, mais surtout un port.

Le pétrolier est parti de ce port le soir du 23 mars 1989, avec à son bord 163 000 tonnes de pétrole brut extrait du gisement de Prudhoe Bay.

On notera au sujet de ce gisement que BP a constaté en 2006 une fuite sur un oléoduc de transit… entre 700 000 et 1 000 000 de litres de pétrole se sont officiellement échappés…

L’origine de la catastrophe est incertaine, on considère que plusieurs facteurs ont joué.

On pense que le responsable de la manoeuvre, un lieutenant, était trop fatigué et seul au lieu d’être accompagné d’un officier…

Car le commandant de bord a quitté la passerelle pour une raison toujours inexpliqué (mais on pense à l’alcoolisme) tout en lançant le pilotage automatique et en augmentant la vitesse, alors que le centre de contrôle du trafic maritime n’a pas remarqué l’erreur de parcours…

En fait, il n’y avait personne à bord prêt à prendre le quart après s’être reposé selon la réglementation…

Le résultat a été que le 24 mars juste après-minuit, le navire s’est échoué sur des récifs, avec une déchirure de la coque sur toute sa longueur.

11 des 13 citernes du pétrolier furent endommagés : 40 000 tonnes de pétrole brut se déversèrent, formant 7 000 km² de nappes.

En terme de marée noire, celle de l’Exxon Valdez ne fait pas partie des plus grandes (pour comparer, cela fait 17 piscines olympiques, et n’est déjà plus dans la liste des 50 plus grandes marées noires).

Mais son impact a été dévastateur.

800 km de côtes (2 000 km avec tous les îlots et échancrures) furent touchés par la marée noire, alors qu’une mobilisation fut lancée pour tenter de l’enrayer, au moyen de 1 400 navires, 85 hélicoptères et 11 000 personnes.

Entre 250.000 et 500.000 oiseaux ont été tués, ainsi qu’au moins 1.000 loutres, 300 phoques, 250 pygargues à tête blanche, 22 orques et un milliard d’oeufs de saumons et de harengs.

Les dégâts sur la faune et la flore ne sont pas quantifiables, bien entendu, mais il y a eu des analyses pour savoir combien coûteraient les activités pour contrer les effets de la marée noire.

Le coût fut alors estimé à 8 milliards de dollars, mais Exxon ne paya que 900 millions de dollars.

De la même manière, les habitants humains touchés par la marée noire firent un procès à Exxon : si le premier jury leur accorda 5 milliards de dollars, 20 années de procès plus tard, la Cour Suprême des USA rabaissa cette somme à 500 millions de dollars.

Des milliers d’êtres humains ont souffert et sont morts des conséquences de la marée noire (commençant par des nausées et des vomissements et pouvant finir en de multiples cancers, des lésions au cerveau, etc.) sans pour autant qu’Exxon n’ait reconnu cela, bien entendu.

La zone de la marée noire est bien entendu encore polluée. Il en sera ainsi non pas pour des années, mais sans nul doute des décennies, selon les dernières études.