Comme nous l’expliquons malheureusement souvent sur LTD, l’exploitation animale ne recule pas, bien au contraire son expansion est toujours plus forte. Dans le monde, mais également en France même.
Constater cela est important pour comprendre le caractère illusoire de ceux et celles qui espèrent changer les lois au sein d’une telle société, au fonctionnement fondé sur le profit.
Dernière preuve de cela, un amendement prévoyant… que le seuil d’autorisation administrative pour les porcheries serait relevé de 450 à 2.000 places.
Cet amendement a été adopté mercredi dernier par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, et cette dernière doit la valider le 30 juin prochain.
Ce que signifie cet amendement, proposé par le député UMP Marc Le Fur, est très clair: c’est une aide énorme sur le plan administratif au développement de l’exploitation animale.
Jacques Le Guen, député UMP du Finistère, en rajoute justement une couche histoire d’être bien clair: « On s’aligne ainsi sur la réglementation européenne. Pourquoi les éleveurs français seraient-ils pénalisés par rapport à leurs concurrents allemands ou danois ? »
En situation de crise, il faut trouver des débouchés, et les animaux sont comme on le voit des victimes, tant à petite échelle avec la brutalité grandissante, qu’à grande échelle avec les fermes-usines toujours plus grandes.
Cet amendement est une contribution à la généralisation de la « viande »… Comme le constate bien Jacques Jaouen, président de la Chambre d’agriculture en Bretagne, de surenchérir: « On simplifie les procédures administratives. On va pouvoir se moderniser. On a pris des engagements pour l’environnement. On s’y tiendra. »
Remarquons ici justement que l’une des inquiétudes très importantes des gens en Bretagne est la pollution causée par les exploitations d’animaux. Voici à ce sujet le communiqué de l’association Eau et rivières de Bretagne.
Mais rappelons ici une chose essentielle: défendre l’environnement sans se fonder sur le véganisme est absurde. Si la planète est saccagée, c’est en raison du profit, et l’exploitation animale est une composante essentielle de cette quête de profit.
Le communiqué de l’association est donc terriblement limité, par le fait de ne pas arriver à élargir sa critique, à comprendre la véritable nature de l’exploitation animale en Bretagne.
Vouloir protéger la nature… Sans protéger en même temps les animaux, est totalement faux, c’est un point de vue formel et dénaturé!
Porcheries industrielles : un amendement déplorable voté en catimini par les députés
L’adoption par la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, de l’amendement de plusieurs députés bretons, visant à relever le seuil d’autorisation pour les porcheries de 450 à 2000 places (!) est une véritable déclaration de guerre à la politique environnementale. Il a été voté hier soir mercredi 16 juin, en catimini, à l’occasion de l’examen du projet de loi sur la modernisation agricole.
Le prétexte d’une harmonisation européenne ne tient pas : aucune disposition européenne n’impose à la France de relever ce seuil. Par contre, comme chacun sait, la France a déjà été condamnée (captages eau potable) et se trouve toujours sous la menace de nouvelles condamnations européennes (directive nitrates), faute d’avoir suffisamment restauré la qualité de ses eaux. « Ce n’est pas cet amendement qui va nous y aider » a indiqué Jo HERVE, le Président d’Eau & Rivières de Bretagne.
Pour tous les projets de créations ou d’extensions jusqu’à 2000 places de cochons, (soit 5000 porcs produits par an), ce relèvement aurait comme conséquence immédiate :
- de les dispenser de la réalisation d’une étude d’impact sur l’environnement ;
- de supprimer toute enquête publique et tout avis des conseils municipaux concernés ;
- d’éviter l’examen des projets par les conseils départementaux de l’environnement, des risques sanitaires et technologiques.
S’il devait être confirmé en séance plénière par l‘Assemblée Nationale, cet amendement conduirait à priver l’Etat de toute capacité à réguler la pression polluante, puisque les préfets ne peuvent juridiquement s’opposer à la simple déclaration à laquelle seraient soumises les porcheries industrielles.
L’Etat vient d’engager un plan de lutte contre les marées vertes en Bretagne qui va mobiliser 120 millions d’euros ; il est toujours sous la menace d’importantes sanctions financières dans le cadre du contentieux européen sur les nitrates.
Le vote de cet amendement aberrant rendra encore plus difficile la lutte contre les pollutions par les nitrates et ces marées vertes. Il va aggraver un peu plus le fossé entre la société et le monde agricole.
Eau & Rivières saisit ce jour les parlementaires bretons pour leur demander de revenir sur cet amendement déplorable à l’occasion de l’examen en séance plénière prévu le 30 juin prochain.
En lien avec France Nature Environnement, l’association alerte le Ministre d’Etat, Ministre de l’Ecologie, pour qu’il fasse revenir la majorité parlementaire à la raison.
Dans l’attente de l’examen du texte en séance plénière, Eau & Rivières de Bretagne suspend immédiatement toute participation aux instances environnementales consultatives auxquelles elle est associée.