La question des « espèces invasives »

L’île de Portland se situe tout au sud de l’Angleterre ; on y trouve un peu plus de 12.000 personnes qui y habitent, et elle est reliée à l’Angleterre par un étonnant « tombolo » de galets, appelé Chesil Beach.

Mais cette petite île a une autre particularité : une grande superstition par rapport aux lapins. Le mot « rabbit » n’est jamais prononcé ; à la place on parle sur l’île des « choses poilues aux longues oreilles » (Long-Eared Furry Things) ou bien des « moutons souterrains » (Underground Mutton).

Cette superstition provient vraisemblablement du travail dans les carrières, les lapins s’enfuyant avant qu’il y ait un effondrement, ils étaient ainsi accusés d’en être à l’origine ou, en tout cas donc, au moins de porter malheur.

Lorsqu’en 2005 est sorti le film « Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou », le titre du film a été changé (il faut dire qu’en anglais c’était « The Curse of the Were-Rabbit » soit « La malédiction du lapin-garou »!). A la place du vrai titre, on avait « Something bunny is going on » (en gros, « il se passe quelque chose de pinpin »).

Si nous parlons de cela ici, c’est qu’en Grande-Bretagne a été publié une étude sur l’impact des « espèces invasives », disponible ici au format PDF. Les activités humaines ont en effet amené des espèces à se retrouver loin de leur écosystème, et il y a des conséquences.

Qu’est-ce qu’une « espèce invasive » ? Voici une définition d’une « Direction Régionale de l’Environnement »:

On entend par « Espèce Invasive » ou « Espèce Exotique Envahissante », une espèce (animale ou végétale) exotique (allochtone, non indigène) dont l’introduction par l’homme (volontaire ou fortuite) sur un territoire menace les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques, économiques ou sanitaires négatives.

Ces espèces peuvent devenir dangereuses pour les écosystèmes originels lorsqu’elles accaparent une part trop importante des ressources ou de l’espace dont les espèces indigènes ont besoin pour survivre, qu’elles se nourrissent directement des espèces indigènes, ou qu’elles modifient la structure même de l’écosystème.

Les espèces exotiques envahissantes sont à présent reconnues comme la deuxième cause de perte de diversité biologique dans le monde, après la destruction directe des habitats.

Ici, les lapins ont été amenés par les romains en Grande-Bretagne. Dans l’étude, ils sont présentés comme un exemple majeur « d’invasion » et évidemment, cette étude part uniquement de l’angle économique.

En fait, l’idéologie dominante fait qu’on ne « découvre » la nature que lorsqu’elle est utilisable. En l’occurrence, on « découvre » ces « espèces invasives » parce qu’elles coûteraient 308 millions d’euros par an à l’économie de la Grande-Bretagne.

Dans un même genre, les rats sont accusés de coûter 72 millions d’euros, et la renouée du Japon, 116 millions d’euros.

A côté du lapin, cette plante est d’ailleurs considérée en Grande-Bretagne comme l’espèce invasive la plus « nocive. » Historiquement, elle a été introduite en Europe au 19ème siècle, comme plante ornementale des jardins, et aujourd’hui elle fait partie du « top 100 » des espèces invasives dans le monde.

On peut voir ici un site consacrée à ce « top 100. »

La question des « espèces invasives » est une question très importante, et très difficile.

En effet, d’un côté on doit considérer que ces espèces nuisent aux autres espèces, et donc qu’elles sont « coupables. » Sauf que cela est abstrait, car c’est l’humanité qui est responsable d’avoir semé le chaos dans les écosystèmes…

A cela s’ajoute, en arrière-plan, une question essentielle. Car on peut facilement deviner que l’extrême-droite peut arriver ici en disant : voyez, le monde est composé d’écosystèmes et il ne faut pas « d’invasions. »

Sauf que cela est une vision totalement anti-écologiste. Quand on connaît la nature, on sait très bien qu’elle est en mouvement. C’est justement le principe de « Gaïa » : la Terre est un lieu de vie, elle est un tout en mouvement.

En Gaïa, les choses n’existent pas indépendamment les unes des autres. Au sens strict, il n’y a pas d’invasion, mais un mouvement de fond, tendant vers la vie. D’ailleurs, qui pourrait sérieusement dire aujourd’hui que le chat venu de Mésopotamie est un « immigré », un « envahisseur » ?

Nous reviendrons sur cette question des espèces invasives, qui posent la question des dangers provoqués par l’humanité pour la nature et ses équilibres, comme de savoir comment et jusqu’à quel point intervenir pour « rattraper nos conneries. »

Inévitablement, cela sera une question très importante de ce 21ème siècle.

Condamnation d’activistes de SHAC

6 personnes ont été condamnées en Angleterre pour leurs activités au sein de la campagne de SHAC (voir l’article Qu’est-ce que SHAC?).

Il s’agit de Sarah Whitehead, Nicole Vosper, Thomas Harris, Jason Mullan, Nicola Tapping et Alfie Fitzpatrick (sur les photos: dans l’ordre, en commençant en haut à gauche et en finissant en bas à droite).

Sarah a été condamné à six années de prison, Nicole à trois années et demi de prison, Thomas à quatre années de prison, Jason à trois années de prison, Nicola à 15 mois de prison, Alfie à 12 mois suspendus pour deux ans.

Leurs adresses:

Sarah Whitehead VM7684
HMP Bronzefield
Woodthorpe Road
Ashford
Middx
TW15 3JZ
England / Angleterre

Nicole Vosper VM9385
HMP Bronzefield
Woodthorpe Road
Ashford
Middx
TW15 3JZ
England / Angleterre

Thomas Harris
HMP Winchester
Romsey Road
Winchester
Hampshire
SO22 5DF
England / Angleterre

Jason Mullen
HMP Winchester
Romsey Road
Winchester
Hampshire
SO22 5DF
England / Angleterre

Nicola Tapping
HMP Bronzefield
Woodthorpe Road
Ashford
Middx
TW15 3JZ
England / Angleterre

L’empereur d’Exmoor a été décapité

En Angleterre, l’empereur d’Exmoor a été tué. Derrière cette expression féodale d’empereur se cache en fait l’admiration pour un cerf élaphe, considéré comme le plus grand animal sauvage de ce pays. Il faisait 2,75 mètres de haut (bois compris), pesait environ 135 kilos et avait douze ans.

Le parc national d’Exmoor se situe dans le sud-ouest de l’Angleterre, et fait presque 700 kilomètres carré, longeant la côté sur 55 kilomètres. Son « empereur » a été tué, mais également décapité, bien évidemment pour en faire un trophée.

En France également, évidemment, la situation des cerfs élaphes est bien difficile. Les cervidés sont présentés comme « nuisibles » et incompatibles avec… la nature. Il faudrait donc les réguler, les tuer, etc. Voici une présentation à ce sujet du Rassemblement Anti-Chasse:

Les cervidés, occasionneraient-ils des dégâts aux forêts ?

Il arrive parfois que les chasseurs, afin de tenter de se justifier, reprochent aux cervidés d’occasionner des dégâts aux arbres. Ils doivent vraiment être à court d’arguments pour sortir des reproches aussi grotesques.

On n’a bien évidemment jamais vu des populations de cervidés, mangeant quelques feuilles ou écorces, mettre en péril l’avenir d’une forêt ! Ces dégâts sont en réalité très minimes, tout à fait naturels, facilement évitables lorsqu’il s’agit d’arbustes (moyens simples de protection), et sans aucun danger pour la faune ou les milieux. D’autre part, des études ont prouvé que les dégâts des cervidés sont proportionnels à leur stress. Alors, avec des dégâts actuellement extrêmement faibles, peut-être qu’interdire la chasse les rendraient quasi-inexistants…

Les scandaleuses chasses à l’approche organisées par l’ONF

A partir du 1er septembre, l’ONF organise des chasses à l’approche aux cervidés dans ses forêts.

Cette pratique est lamentable, car ils profitent que ces animaux soient en pleine période de reproduction, donc vulnérables, pour les tuer.

Ainsi, à l’aube ou au crépuscule, des chasseurs munis de carabines à lunettes tirent à quelques dizaines de mètres des mâles en rut très peu farouches.

Bien sûr, peu de personnes (à l’exception des chasseurs) sont au courant de cette pratique que l’ONF garde discrète. Quant aux tarifs qu’elle propose, cela vous permettra de comprendre pourquoi cet organisme ne s’en vante pas…

Voici les chiffres qu’un de nos adhérents, de Haute-Normandie, nous a fournis après avoir téléphoné au bureau de l’ONF de son département :

-Pour un brocard de quatre pointes :

licence guidée 160 €, plus taxe d’abattage de 200 €, plus 25 € de bracelet : total 385 €

-Pour un brocard de six pointes :

licence guidée 160 €, plus taxe d’abattage de 320 €, plus 25 € de bracelet : total 505 €

-Pour un daguet :

licence guidée 160 €, plus taxe d’abattage 470 €, plus 190 € de bracelet : total 820 €

-Pour un cerf de six cors :

licence guidée 160 €, plus taxe d’abattage 600 €, plus 200 € de bracelet : total 960 €

-Pour un cerf de dix cors :

licence guidée 160 €, plus taxe d’abattage 1000 €, plus 200 € de bracelet : total 1360 €

-Pour les autres cerfs :

c’est selon leur cotation, et comme ils disent, « c’est le trophée qui fait le prix ». La licence guidée est de 160 € et le bracelet à 200€.

La taxe d’abattage varie de 1500 € à 6000€. Cela revient donc au total, à des chiffres commençant à 1860 € et allant jusqu’à 6360 €.

Nous ignorons si ces chiffres varient suivant les départements ou les années, ils ne sont donc donnés qu’à titre indicatif.

Ils se passent de commentaires…

Les animaux ne sont pas des objets, il est inadmissible que l’ONF récupère tant d’argent en donnant l’autorisation de les tuer.

Mais sinon, les chasseurs gèrent la faune… Ils ne chassent que pour réguler, jamais pour le plaisir ou le trophée…

Témoignage de cette actualité destructrice, le plus grand comptage de cerfs a eu lieu en ce début de mois d’octobre 2010, en Haute-Loire.

Margeride : 600 chasseurs sachant compter sur la trace des cerfs

6 h 40. La nuit berce encore la vallée de « La Cronce », près de Pinols. Mais le réveille-matin sonne déjà : c’est un cri rauque et sourd qui résonne dans la vallée. Le brame du cerf.

Dans le gigantesque massif forestier de Combeneyre et de la Margeride, à cheval sur la Haute-Loire et le Cantal, il en est ainsi depuis 1965. Depuis que cinq cervidés (deux cerfs et trois femelles en provenance du parc de Chambord) ont été réintroduits.

Ce week-end, et pour la deuxième fois en cinq ans, une vaste opération interdépartementale de comptage des cerfs était organisée sur ce massif. L’objectif : cerner l’évolution des effectifs et de leur implantation géographique.

Pour cela, six cents personnes étaient mobilisées. Essentiellement des chasseurs venus de Haute-Loire et du Cantal, mais également des non-chasseurs, des agriculteurs et des étudiants. Certains sont même venus de loin, de Corrèze ou de la Loire.

Parce qu’ils savent qu’aux travers de cette opération (la plus vaste jamais réalisée en France), ils pourront aussi être au contact direct du cerf, considéré comme le plus grand animal sauvage en France.

Au total, ce sont 90 000 hectares répartis sur cinquante-quatre communes (dont une quarantaine de Haute-Loire) qui auront été prospectés cette année, autour de Lavoûte-Chilhac, Langeac et Pinols. En revanche, les résultats de l’opération ne seront connus qu’à la fin du mois.

« Il est important que nous ayons le temps d’analyser et de consolider les observations du terrain effectuées ce week-end, et que nous puissions également effectuer les comparaisons avec les données du précédent comptage réalisé en 2005 », a détaillé Hugues Giraud, technicien à la fédération départementale de chasse de Haute-Loire. « Il faut, aussi, prendre en compte que le périmètre de comptage s’élargit.

Les données ne seront donc pas vraiment comparables en l’état. » Il y a cinq ans, près de trois cents cervidés avaient été observés en Combeneyre-Margeride, réunis à plus de 70 % sur Ferrussac, Arlet et Aubazat. Dans l’ensemble, la population ne semble pas avoir « explosé » par son nombre.

Quant aux cervidés, après avoir observé des chasseurs sans fusil ce week-end, ils seront à nouveau chassés à compter du 23 octobre. Près de 500 individus devront être abattus sur toute la Haute-Loire, selon les directives établies dans le plan de chasse.

L’importance d’avoir des boîtes de transport

Les situations « exceptionnelles » d’animaux se retrouvant perdus dans les villes ne sont pas si exceptionnelles que cela, car les villes empiètent de plus en plus sur la nature. Le monde se bétonne.

Au Japon, 400 ours ont été tués depuis le début de l’année rien que dans l’île de Hokkaido. Dans la région de Fukushima, ce sont plus de 150 ours qui ont été tués !

Hier dans la ville de Hokkaido c’est une ourse et son ourson qui ont été tués. Non pas endormis, et ramenés dans la forêt, mais tués.

Il y a bien eu tentative de les repousser vers la forêt, mais comme on le voit les efforts d’une civilisation bétonnée sont très limités, et l’on ne perd pas son temps.

On se souvient également qu’il y a quelques temps il y avait eu une vidéo circulant sur internet, où l’on voyait une femme de 40 ans jeter une chatte dans une poubelle (en prenant bien soin de refermer le couvercle derrière elle).

Cela se passait en Angleterre et elle a été condamnée il y a quelques jours à… 284 euros d’amende, se justifiant en disant : « C’est juste une chatte », « J’ai voulu faire une blague » et ne comprenant pas « pourquoi cela faisait tant de bruit. »

La chatte a heureusement été sauvé, mais elle a passé une quinzaine d’heures enfermée… On peut se douter de comment la pauvre a été traumatisée.

Sur la vidéo, on peut voir que la pauvre chatte a fait confiance à la femme et que celle-ci feignait de la caresser… Le comble de l’ignominie. On notera d’ailleurs que cette femme a été placée sous la protection de la police en raison des menaces contre elle (c’est également cela qui justifie pour le juge que l’amende ne soit pas trop élevée).

Ce qui nous amène à ce que nous voulons souligner ici : les personnes véganes ne doivent pas seulement adopter, elles doivent disposer de boîtes de transports.

En effet, vouloir la libération animale va de pair avec la défense de la planète comme lieu de vie des êtres vivants. Partant de là il faut être capable d’intervenir contre la situation faite aux animaux, également sur le plan individuel et quotidien.

Si l’on prend l’exemple de la chatte mise dans la poubelle : être végane signifie être prêtE à faire face à ce genre de situation, en sachant comment prendre le chat et en profitant d’une boîte de transport.

Bien entendu cela signifie ici qu’il faille ne pas être loin de chez soi, cela demande en plus de faire vite, etc. Il y a ici beaucoup de paramètres, et ces situations sont toujours difficiles et stressantes pour tout le monde…

Mais il faut construire ici une culture de la compassion, à l’opposé de l’indifférence. Plus du monde a des boîtes de transport, plus on avancera en ce sens.

Il faut également penser, par exemple si on trouve un pigeon – ou un autre oiseau, qu’on peut envelopper celui-ci dans son pull, son blouson ou un foulard etc. Mais dans tous les cas, lorsqu’on trouve un animal en détresse, l’idéal est de disposer de boîtes de transport afin d’organiser un hébergement temporaire et un transport vers une famille d’accueil ou un refuge.

Internet est ici très pratique pour passer le mot : rappelons l’existence de forums comme Rescue, qui est d’une valeur inestimable.

Il ne faut pas hésiter à apprendre les connaissances de base, comme par exemple que pour attraper un chat, ce qui est difficile par ailleurs, il faut le prendre délicatement par la nuque ou plus précisément la peau du cou, tout en soutenant les fesses (sinon avec le poids du chat, on risque de lui déchirer la peau du cou).

Dans tous les cas d’ailleurs, il faut soutenir les fesses de tout animal quand on le prend, afin de ne pas casser sa colonne vertébrale.

Il faut également savoir certaines choses comme le fait que le cochon d’Inde ne synthétise pas la vitamine C et qu’il faut donc lui en proposer systématiquement sous forme de légumes frais, mais aussi par exemple, que le pigeon est exclusivement granivore et qu’il est davantage rassuré quand il fait sombre (d’où la qualité de la photo suivante où un pigeon trouvé blessé se repose dans une boite de transport pour chat).

Toute une culture est à construire, et on peut commencer tout de suite. Il s’agit d’apprendre, d’avoir une pratique conforme à la culture de la libération animale!

Enlèvement au Niger : le vrai coût du nucléaire

Les médias parlent beaucoup de l’enlèvement de membres du personnel d’AREVA au Niger. Une « publicité » dont le nucléaire se serait bien passé, puisqu’elle montre à l’opinion publique quel est le sens de ses démarches.

Voici une petite explication par un communiqué du Réseau Sortir du Nucléaire:

Otages du Niger : le vrai prix de l’électricité nucléaire

Communiqué de presse du Réseau « Sortir du nucléaire » du 21 septembre 2010
Depuis le 16 septembre, aucune nouvelle des salariés enlevés au Niger. On parle d’AQMI, d’Al Quaïda, mais pas un mot sur les revendications des habitants du désert. Jamais n’est évoqué le contexte géographique, économique et humain d’une région qui produit l’uranium utilisé dans le tiers des centrales nucléaires françaises.
Les ressources mondiales en uranium sont limitées, réparties entre une dizaine de pays, dont le Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde. Selon l’ONU et la FAO, 47% des Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire (dont 86% des agriculteurs).
Cet uranium profite à AREVA, mais il nuit aux Nigériens : en quelques années, deux mines d’uranium et 130 permis de recherche minière ont spolié les habitants et les terres agro-pastorales voisines. À cause de l’extraction de l’uranium, on assiste à une destruction de la flore et la faune, à une contamination de l’air par les poussières et les gaz radioactifs, et à une très importante contamination de l’eau, accompagnée de l’épuisement de deux grandes nappes fossiles, à hauteur de 70% de leurs réserves.

Les mineurs nigériens travaillent dans des conditions épouvantables pour leur santé. La population locale est malade de la radioactivité. Voilà le vrai prix de l’électricité nucléaire, payé ici par les seuls Nigériens.
La facilité avec laquelle s’est opéré l’enlèvement des salariés d’AREVA et de Vinci pose de nombreuses questions… La France envoie sur place une importante assistance militaire, alors que d’autres enlèvements dans la région, sans liens avec AREVA, avaient laissé le gouvernement français quasiment indifférent.
Cet événement dramatique, qui plonge des familles dans l’angoisse, doit aussi nous rappeler la dépendance énergétique de la France. La production d’EDF SA nécessite de l’uranium en provenance de pays instables et dangereux comme le Niger. Cet épisode met en lumière le néocolonialisme français, cette « Françafrique » qui génère de nouveaux conflits, pille les ressources naturelles, détruit l’environnement, met en péril les populations autochtones, mais aussi les employés d’entreprises comme AREVA ou Vinci.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » demande à la France de prendre en compte la crise humanitaire et écologique liée aux mines d’uranium, au Niger et ailleurs. S’il fallait répercuter le coût de cette crise sur le prix du Kilowattheure, ce serait la fin du mythe de l’électricité nucléaire « bon marché ». L’avenir n’est pas au nucléaire, mais aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables.

L’article est très contradictoire (et est d’ailleurs grosso modo l’équivalent de la position du NPA d’Olivier Besancenot). En effet, quel intérêt de dire que « La facilité avec laquelle s’est opéré l’enlèvement des salariés d’AREVA et de Vinci pose de nombreuses questions… », sans dire lesquelles?

A côté de ce sous-entendu (incompréhensible, ou bien complotiste), il est parlé de manière tout aussi étrange de « la dépendance énergétique de la France » et du risque que représente pour la France l’instabilité du Niger…

C’est un peu comme si toute la critique d’AREVA servait finalement plus à prôner une « autre » politique qu’à lutter pour la planète. Ne nous leurrons pas ici, c’est au moins en (grande) partie le cas.

Normalement, quand on critique le nucléaire on critique la position de la France en général, et toute l’idéologie pro-nucléaire qui va avec. Là, et de manière aussi franche c’est un phénomène nouveau (les élections approchant), il est demandé que la France prenne une autre option.

Au lieu de dire que la France est par définition pro-nucléaire et donc qu’il faut remettre en cause toutes ses traditions, on a ici l’idée nouvelle (et fausse) comme quoi le nucléaire n’existerait qu’en raison d’un lobby, lobby que l’on pourrait contrer par une activité de lobbying inverse.

Ainsi, ici la position anti-nucléaire est plus un moyen de faire pression contre un camp (qui lui utilise le nucléaire) qu’autre chose. La critique du nucléaire passe totalement au second plan, sans même parler d’une vision écologiste ou de la libération de la Terre!

De manière un peu plus simple alors, constatons plutôt des données (fournies par le comité Areva ne fera pas sa loi au Niger):

Les 40 années d’exploitation minière de Cogema/ Areva, à Arlit et Akokan, ont eu pour premières conséquences:

  • La spoliation des terres agro-pastorales autour des deux sites, situés dans la région d’Agadez.
  • Des bénéfices énormes réalisés par Areva sans retombées pour les populations : un véritable partenariat « gagnant-perdant » !
  • La destruction de la faune et de la flore aux alentours des mines.
  • La contamination de l’air par des poussières et des gaz radioactifs.
  • La contamination radiologique des ressources en eau.
  • L’épuisement d’une des deux grandes nappes fossiles (Tarat), à hauteur de 2/3 de ses réserves et, à moyen terme, le tarissement irréversible de la seconde nappe, avec le dénoyage de la partie ouest de l’aquifère (grès d’Agadez) en 40 ans.
  • Des pollutions annexes innombrables, essentiellement dues aux activités périphériques.

Enfin, on trouvera ici des rapports datant de mai 2010 quant à l’impact des mines d’uranium au Niger. Et notons au passage que ces rapports sont le fruit d’une collaboration scientifique Greenpeace international / CRIIRAD, et qu’il faut ici souligner le fait que Greenpeace est très lié à l’Angleterre (d’où par exemple son quasi silence au sujet de la marée noire causée par BP).

Car ce qui est vrai au sein d’un pays est vrai sur le plan international. Et tout cela témoigne que sans compréhension de l’importance de la libération de la Terre, on est tiré dans un sens ou dans un autre, mais que rien de cela ne profite à la Terre…

Le seul moyen d’avoir des critères écologistes précis et fiables, c’est la libération de la Terre…

La situation du procès en Autriche (deuxième compte-rendu)

Le procès contre les activistes en Autriche a donc commencé (voir ici notre article concernant son ouverture) et vise pour l’instant à formuler de manière précise l’accusation. L’objectif est de mettre la pression dès le départ, afin de mettre les personnes accusées « dans les cordes. »

Et dans cet objectif de « casser » la défense, la juge a ainsi refusé aux personnes accusées d’utiliser un ordinateur portable pour consulter les… 200.000 pages d’actes divers et variés formant la matière première du procès. Elle n’a autorisé… qu’à les imprimer!

Les accusations précises ont été fixées très récemment, et il était évident que le début du procès viserait à « inventer » au fur et à mesure une structure illégale qui aurait servi de passerelle entre les réseaux légaux et les organisations illégales comme l’ALF.

Le responsable principal de l’association VGT, Martin Balluch, a ainsi pour l’instant dû témoigner 22 heures depuis le début du procès il y a quelques jours.

La juge l’a questionné de manière très agressive au sujet de ses points de vue, de ses activités, ses connaissances d’individus liés à la libération animale, mais également au sujet des emails qu’il a envoyé. Tout est considéré comme étant à charge.

Martin Balluch a répondu aux questions au fur et à mesure; sa ligne de défense n’est pas de chercher l’affrontement. Elle est de rester sur le terrain juridique et de tenter de faire en sorte que l’accusation se contredise, tout en mettant en avant les droits démocratiques à la « protestation » et la désobéissance civile.

D’un côté la juge et le procureur veulent assimiler la désobéissance civile prônée par Martin Balluch à une anti-chambre de l’ALF, et de l’autre Martin Balluch, lui, essaie de sauver cette ligne de désobéissance civile.

Ainsi, le procureur a mis un moment en avant la question de SHAC et de l’ALF, en citant les noms de différents activistes et en demandant quels étaient les liens de Martin Balluch avec eux.

La ligne de défense de Martin Balluch a été de rejeter toute implication à des projets d’actions illégales, et même à SHAC. Il a mis en avant le fait que l’association VGT pose un programme pragmatique de réformes visant à l’abolition des tests sur les animaux (ce qu’on appelle le « wellfarisme » ou encore la « protection animale », par opposition aux positions soit de l’abolitionnisme soit de la libération animale).

Il a affirmé cependant ne pas avoir prôné la stratégie de l’ALF, mais seulement de réformes poussées par la désobéissance civile. En ce sens, Martin Balluch se dissocie clairement des stratégies de l’ALF et de l’ELF, ce dont il n’a pas le choix puisqu’il prône un réformisme au sein de la société, et non pas une ligne « révolutionnaire. »

Sa position est resté néanmoins précaire, puisqu’il ne pouvait pas non plus nier l’importance de tels mouvements dans la formulation de la cause animale.

Interrogé par exemple au sujet de l’Angleterre où il a manqué de se faire expulser en 1994 en raison de son activisme, il a expliqué que dans ce pays le combat pour les droits des animaux était né dans la classe ouvrière et était encore aujourd’hui porté par elle. Il y a donc bien plus d’actions, et bien moins de discussions académiques ou universitaires qu’en Autriche.

On voit déjà que l’issue du procès se décidera ici: soit Martin Balluch recule davantage, accepte de rejeter clairement et ouvertement l’ALF. Son procès aura une issue plus ou moins « douce », mais sa ligne de la « protection animale » radicalisée sera torpillée.

Soit il refuse la dissociation. Mais il ne resterait alors qu’à transformer le procès en procès politique, seule manière de s’en sortir car il y aurait alors une nouvelle dimension d’ouverte. Et cela il ne le veut pas.

Nous ferons bien entendu des compte-rendus de la suite du procès.