Le festival de Gadhimai: massacres de 500 000 animaux en quelques jours

Le festival hindou de Gadhimai vient d’avoir lieu au Népal. Il s’agit d’une « tradition » à la fois étrange et barbare, sur lequel il y a sérieusement matière à réflexion.

Dans les faits, le festival consiste en des massacres de masse: entre à peu près 500 000 animaux se font tués de manière artisanale et à la chaîne, en quelques jours. Une vidéo propose des photos ici (il y a une petite vidéo là, et deux longues vidéos plus anciennes ici et ).

Après les massacres, la viande, les os et les peaux des animaux sacrifiés sont vendus à des entreprises de transformation et de tannerie en Inde et au Népal.

Ce festival, qui se tient à  environ 160 km au sud de la capitale népalaise Katmandou, a lieu tous les 5 ans, et a rassemblé cette fois 5 millions de personnes, venues en grande partie du nord de l’Inde, pays voisin. La région du festival est en effet liée culturellement aux Etats du nord de l’Inde, par l’intermédiaire de la population parlant le bhojpuri (soit entre 30 et 70 millions de personnes en Inde).

Cela donne un alibi culturel à ce festival, le gouvernement népalais expliquant par exemple qu’il ne peut pas « interférer dans des traditions populaires vieilles de plusieurs centaines d’années », ce qui ne l’a pas empêché d’enjoindre les éleveurs à vendre en masse des boucs et des chèvres, craignant une pénurie pour le festival.

On notera également la présentation du festival sur wikipédia en français, qui au sujet du déroulement des massacres constate uniquement:

A déplorer

Le décès de trois très jeunes enfants de pèlerins venus observer la fête de Gadhimai sont morts à cause du grand froid[6]. Six personnes sont mortes après avoir bu de l’alcool frelaté[3].

A l’inverse de cette position justifiant les massacres, on remarquera aussi la pseudo campagne lancée par la Fondation Brigitte Bardot, avec une lettre type à envoyer à l’ambassade du Népal.

On peut y lire par exemple

Ce « festival » entache l’image de paix qui émane de votre merveilleux pays et pour cette raison je me refuse à visiter le Népal tant que de telles traditions perdurent.

Ce qui est assez cocasse quand on sait que le Népal est un pays féodal traversé depuis une quinzaine d’années par une guerre civile, la chute du roi, une grande instabilité politique, etc.

Mais regardons justement les faits: d’où vient ce festival?

Ce festival n’est pas du tout « traditionnel », il est même totalement récent. C’est ce qui explique qu’il soit hindou mais se déroule en massacrant des animaux.

Normalement en effet, depuis la période du Bouddha et de Mahavira (fondateur du jaïnisme) qui se développaient comme religions populaires concurrentes, l’hindouisme prône plus ou moins le végétarisme.

De plus, Gadhimai est une déesse: pourquoi y aurait-il des massacres, formes typiquement patriarcales et guerrières, pour une déesse?

L’hindouisme connaissait justement les sacrifices dans sa forme antérieure, le védisme, qui était la religion des envahisseurs « aryens ». Mais comment expliquer ce retour en arrière?

Eh bien il provient de la domination d’un seigneur féodal, Bhagwan Chaudhary. Emprisonné au 18ème siècle au fort de Makwanpur, il se mit dans la tête que ses problèmes seraient résolus s’il faisait un sacrifice à Gandhimai.

A sa sortie il alla voir un sorcier, et un descendant de ce dernier commença à diffuser cette pratique, qui se généralisa de manière superstitieuse.

Un parallèle peut être fait avec les sacrifices se maintenant dans certaines régions de l’Inde, notamment à la périphérie comme le Bengale ou encore l’Assam (voir des photos difficiles ici), à l’occasion de la célébration de la déesse Durga. De tels sacrifices pour Durga ont également lieu au Népal pour la fête de Dashain.

Il n’y a donc rien de traditionnel dans ce sacrifice, qui n’a pas non plus de lien avec Gadhimai. Cette dernière a été, comme Durga, récupérée par la religion des envahisseurs, et intégrée dans son système religieux.

Cela peut se voir très clairement dans les conceptions religieuses des aborigènes de l’Inde de la partie sud de l’Inde, où la compassion pour les animaux part du respect pour la déesse-mère. Au nord il ne reste quasiment plus de telles structures, exceptées surtout les Bishnoïs (voir notre article ici).

Pour les personnes intéressées par cette problématique, il y a justement un topic « Communisme primitif et matriarcat » sur le forum antifasciste (et si ce topic est compliqué, il est toujours intéressant de le lire et cela sans mauvaise conscience écologiste, puisque « Le serveur hébergeant le forum fonctionne à l’énergie solaire; tout ce qui est lui est relié tourne aux énergies renouvelables (énergie solaire, éoliennes, etc.) et toute production de Co2 est compensée. »).