Campement contre une mine de charbon à ciel ouvert en Écosse

Demain et pour quatre jours aura lieu une conférence en Écosse, en résistance à l’industrie du charbon. Dans ce pays s’est organisé en effet à la mi-septembre un campement dans une forêt, afin de s’opposer à un projet de l’industrie du charbon, et une conférence de soutien se tiendra là-bas, pour une réunion de quatre jours.

Celle-ci entend établir une mine à ciel ouvert aux dépens de la forêt, tout en installant à côté un centre commercial, un grand hôtel, des bureaux, etc. Il y a déjà 12 mines à ciel ouvert dans la région, et l’Écosse s’oriente de manière importante dans la consommation du charbon comme source d’énergie.

L’initiative Coal Action Scotland – Action Charbon Écosse – est à l’origine du campement. A ses yeux, « les intérêts des entrepreneurs dans l’extraction de l’énergie fossile dans la quête de profits continue d’exploiter, de marginaliser et de détruire les travailleurs, les communautés, et l’environnement, au niveau international.

Les industries de l’extraction et les entreprises derrière elles sont responsables du déplacement des communautés indigènes, et la répression, l’emprisonnement, la torture et le meurtre de ceux qui défient le système dans le monde entier. »

Pour l’instant, le campement s’organise bien, même s’il y a deux jours le responsable de la « National Eviction Team » est passé dans la zone concernée. Il s’agit d’une équipe spécialisée dans l’évacuation des personnes, notamment des travellers et des campements de protestation, ou encore des squatts (comme par exemple la rue de St Agnes dans le sud de Londres, squattée pendant 30 ans et de culture rastafari).

L’esprit de la lutte est celui de la mobilisation populaire. Voici un extrait d’un document de la Coal Action Scotland :

« Cible les patrons, pas les ouvriers – Une transition juste

Les communautés de mineurs ont une longue histoire marqué par la mise de côté et les privations.

Le démantèlement des industries hautes en émission de CO2 doit se dérouler dans un processus de transition juste, afin d’assurer que les changements dans l’emploi et les activités soient équitables et non pas aux dépens de la santé, de la richesse ou des biens des ouvriers ou des communautés.

Un changement durable et significatif à ces industries polluantes ne peut venir que des gens menant campagne et des ouvriers, unis pour stopper ensemble le changement climatique et les dégradations environnementales.

Ce sont les ouvriers, pas les patrons, qui seront frappés le plus par les effets du changement climatique. Et ce sont les ouvriers qui devront payer pour les effets désastreux, par des salaires plus bas, des conditions de travail encore plus mauvaises, des prix plus hauts, et des taxes régressives.

Le travail organisé est en bonne position pour prévenir un désastre climatique, avec le pouvoir de prendre le contrôle des lieux de travail, par la grève, et en stoppant la production.

Nous devons faire en sorte que notre économie s’éloigne des énergies fossiles – mais nous devons le faire d’une manière équitable et juste. »

Voici quelques questions posées à un représentant de la Coal Action Scotland:

1.Un campement a été établi dans la forêt de Happendon, le 12 septembre 2010. En quoi consiste-t-il, et pourquoi a-t-il lieu?

Nous avons établi le campement de la forêt de Happendon pour de nombreuses raisons. La forêt de Happendon se situe dans le sud du Lanarkshire, dans une zone avec déjà de très nombreuses mines.

Coal Action Scotland avait déjà occupé un terrain pour résister à une mine, à seulement un kilomètre de Happendon, à Mainshill. Nous avons construit des liens solides avec la communauté là-bas et avons réussi à tenir le site et à stopper la mine pour sept mois.

Depuis cela, nous avons tenu un week-end d’atelier, afin de partager les aptitudes que nous avons acquises avec des activistes de tout le Royaume-Uni. Nous avons également organisé des initiatives communautaires.

Lors d’une de ces initiatives, dans le sud du Lanarkshire, il y avait quelqu’un habitant juste à côté de la forêt de Happendon et qui nous alerté quant à ce projet. Après cela, nous nous sommes impliqués dans une campagne, et avons décidé que nous devions occuper le site.

Ce site n’est pas seulement occupé pour stopper cette mine-là, mais également pour mener une action contre l’infrastructure du charbon dans la zone, et de s’engager avec la communauté, d’où le nom.

2.Qui a mobilisé pour organiser le campement, et qu’est-ce que la Coal Action Scotland?

Coal Action Scotland est passé par de nombreuses étapes. Cela a été formé comme une sorte de réseau à la fin de 2008 et consistait surtout en de la recherche et d’une action dans un terminal charbonnier. Certaines personnes participantes ont décidé d’occuper les bois de Mainshill.

Nous avons été là-bas pendant sept mois et il y a plus de trente actions, avant que nous soyons évacués par la force. Depuis cela, nous nous impliquons dans les initiatives communautaires et organisons un atelier pour aider les autres activistes qui veulent occuper un terrain.

Coal Action Scotland a également fait en sorte de préparer à l’occupation de cette forêt pour un certain temps.

3.Quelle est la situation de l’environnement en Ecosse, et quel est votre but ? Quelles sont les valeurs que vous mettez en avant?

Les gens dans la Coal Action Scotland ont différents buts et différentes valeurs. Bien entendu, nous nous sentons tous concernés par l’environnement, et nous croyons également en l’auto-détermination communautaire. C’est une injustice massive que ces mines puissent continuer à exister, et il n’y a pas une seule chose que la communauté peut faire pour les stopper.


4.Que répondriez-vous à des gens qui diraient que le charbon est une question d’intérêt « national », et un moyen d’avoir des emplois ?

Il est vraiment clair que les seules personnes profitant de cela, les seules personnes ayant un intérêt à cela, ce sont les patrons, les politiciens corrompus et les classes aisées.

Le propriétaire de la forêt de Mainshill, qui se fait des millions grâce à la mine, est le président de la banque Coutts, la banque utilisée par la famille royale.

Il est le fils d’un ancien premier ministre et a eu certains des princes venant chasser sur ses terres. L’argument des emplois est évoqué, mais les mines amènent une perte en terme d’emplois, comme les autres industries souffrent.

La forêt de Lappersfort en Belgique a été assassinée

En ce début mars 2010, le campement de Lappersfort en Belgique a malheureusement été évacué par la police, après 16 mois d’occupation, à la suite de la décision du tribunal de Bruges le 31 décembre 2009 de la validité de l’arrêt d’expulsion de 2002.

L’existence de la forêt n’était en effet pas considérée comme conforme au plan de secteur (Ruimtelijk Structuurplan Vlaanderen). De fait, plus de quarante mille hectares de forêts flamandes ne sont pas désignés comme tels sur les plans d’aménagement du territoire, soit plus d’un quart de la superficie boisée en Flandre. Ce sont dix mille hectares, soit près de quatre millions d’arbres, qui sont menacés!

Les activistes voulant sauver cette forêt près de Bruges (à 2 kilomètres du centre) s’étaient accrochéEs aux arbres et également installéEs dans les arbres, dans des petites maisons construites au sommet. D’autres étaient installéEs dans des tunnels de blocage.

Cette forêt de 3,2 hectares s’est développée sur les ruines d’une usine de munitions, sur un terrain appartenant à Fabricom, une entreprise travaillant dans l’automobile et la métallurgie et qui est une filiale de GDF Suez, entreprise française qui est le troisième leader mondial de l’énergie.

En lieu et place de la forêt doivent être construit des usines, des bureaux et des parkings, un cinéma et une liaison à l’autoroute. Et cela alors qu’en Flandres, 30% des terrains industriels sont vides et qu’à Bruges 65 bâtiments industriels sont inoccupés!

25 personnes ont été arrêtées par les forces spéciales de la police; devant le refus de donner leur papiers il y eut un « contrôle d’immigration », amenant un activiste en prison, les autres étant finalement libérés au bout de 12 heures.

Les opérations de destruction des arbres ont commencé dès l’évacuation, 80% de la zone ayant été massacrée dans les heures qui suivirent.

Le mouvement pour sauver la forêt a commencé en 2001 avec un groupe dénommé Axiegroep Zuidelijke Ontsluiting. Ce dernier a organisé divers initiatives: un tour en vélo avec 300 personnes, un barbecue vegan, un atelier d’escalade, une marche d’initiation à la botanique, des concerts, des rassemblements et manifestations, un théâtre politique, un campement…

La première occupation s’est faite violemment expulsée le 14 octobre 2002, entraînant une manifestation de soutien de 5.000 personnes. La répression fut toutefois forte: treize personnes risquaient alors 50.000 euros d’amendes en cas de nouvelle intrusion sur le terrain du campement.

D’autres personnes prirent le relais pour maintenir le mouvement, le tout rentrant dans le cadre des actions de groenfront (« front vert ») qui est la section néerlandophone d’Earth First!, et plus exactement de la section de Bruges.

La forêt était située près d’un canal et s’est donc reconstituée relativement rapidement, reprenant la zone abandonnée par les humains, avec des riches faunes et flores.

Il y a sur internet de nombreuses vidéos au sujet de la forêt et du mouvement qui a tenté de la sauver: notamment ici, , encore ici et encore . Et également ici sur le site consacré à ce mouvement.